Le titre serait plutôt "comment marchent les religions chrétiennes". En effet, il existe déjà 3 grandes familles : les cathos, les protestants et les orthodoxes. En effet, comme les anars ou les trotskos, les chrétins arrivent à se brouiller sur la façon de couper les cheveux de Samson en 4.
De plus les chrétiens africains ou sud-américains peuvent avoir des pratiques ou des croyances totalement étonnantes. Voire les chrétiens animistes d'Afrique de l'Ouest ou les cultes chrétino-vaudous d'Amérique qui ne sont d'ailleurs pas si éloignés.
Bref parler de religion chrétienne unique est complètement casse-gueule.
Un catho de Neuilly avec ses 9 gamins et ses stocks-options aura une lecture de la Bible totalement différente d'un prêtre-ouvrier au Brésil, quand bien même ils seraient tous les 2 cathos.
Alors entre un Bushiste évangéliste du Texas et un "anarchiste-chrétien" écoutant Keny Arkana j'te raconte même pas... bref
La religion chrétienne dominante par-ici étant le catholicisme je pars du principe que tu parles de religion catholique.
worldpeace a écrit:Nous créons notre monde subjectif et nous pouvons influencer les autres. De là, on peut avoir l'illusion de créer tout ce qui se passe dans le monde. Cette illusion est renforcée par l'opposition spontanée face à l'ordre de rester humble. Or nous constatons plein de choses horribles, alors on culpabilise d'avoir créé ces choses. Pourtant, la seule chose que nous créons c'est notre perception.
Le catholicisme joue en effet sur la culpabilité, mais de manière beaucoup plus active. Il y a chez les cathos avant la 1ère communion un rite très important qui est la 1ère confession. Face à un cureton censé représenté djizeusse lui-même le néophyte doit lui déballer son sac. C'est la 1ère fois où le croyant va rentrer activement dans le processus de culpabilisation-absolution. Il y a en effet à ce stade une création de la culpabilisation par rapport à la perception de nos actes. Mais pour moi cela ne repose pas sur l'illusion de créer tout ce qu'il se passe dans le monde, mais plutôt sur le dogme judéo-chrétien de séparation entre l'âme, pure, pouvant être sauvée et le corps, sale, possédé par le démon, nous poussant au péché. Nous devons dompter dominer ce corps, pour atteindre le royaume des cieux. D'ailleurs de là découle le fait que la nature doit être dominée par l'homme - être semblable à dieu - thèse reprise par tout le monde, des ultra-libéraux aux marxistes orthodoxes.
worldpeace a écrit:Alors, pour éviter la punition, nous utilisons le principe de la réparation. Il s'agit de donner, de faire des choses pour les autres pour annuler notre culpabilité. Plus nous nous sentons coupables, plus nous serons avides d'être généreux.
Pour les cathos, c'est la punition qui est salvatrice ; les intégristes flagellent leurs corps pendant les reconstitutions de la passion, surtout dans les pays latins. La confession est aussi une forme de punition, une humiliation volontaire pour s'absoudre de ces actes démoniaques que notre sale corps nous pousse à faire.
Les actes généreux (les BA) se situent à un autre niveau : une fois que le catho a annulé ses péchés par la confession et la punition qui en découle (vous me ferez 15 pater noster et 10 ave maria), il se doit de gagner le royaume des cieux, sinon c'est l'enfer assuré. Il le fait en donnant de l'argent ou du temps aux pauvres directement ou en passant par le secours catho ou autres.
worldpeace a écrit:Sinon, quand nous nous sentons coupables, avec le principe de punition des fautes, nous avons le sentiment que nous allons nous faire lyncher. On recherche alors à se sauver. Jésus-Christ est proposé comme sauveur universel, ce qui alors nous y attire.
Une fois que le croyant a fait sienne cette séparation entre bien et mal, âme et corps, il lui faut se sauver. Ce qui attire autour de cette figure c'est son mystère. Il est homme, mais il est aussi dieu, il est né de femme mais sans la salissure coïtale. Il est mort mais pas vraiment, il est revenu puis est reparti. Il appartient à la trinité (père-fils-saint esprit) mais sans que l'on sache très bien où commence l'un et où finit l'autre. Il est en fait tellement flou que chacun peut y voir un peu ce qu'il veut. D'ailleurs le nouveau testament est un livre très particulier avec 4 fois la même histoire de façon parfois très contradictoires. C'est là la force de cette religion, elle est restée complètement floue, ce qui lui a permis de pouvoir s'adapter aux époques en laissant toute la place à la lecture théologique des textes.
worldpeace a écrit:Nous nous retrouvons en tant que groupe autour de ce personnage, qui reflète la souffrance qu'on pourrait subir si on était punis. On peut avoir alors l'illusion qu'il prend pour nous. Il y a alors la culpabilisation collective avec "Jésus est mort pour nos péchés". Jésus serait le bouc émissaire universel.
Pour la culpabilisation collective, ça a réellement débuter dans l'ancien testament avec Adam et Eve, et ça continue avec nombre d'athées de nos jours. Combien de fois entend-on que l'homme est mauvais par nature ? Dirait-on ça sans la genèse ? Jésus est venu pour racheter en quelque sorte Adam (Eve c'est plus compliqué c'est un femme). D'ailleurs Jésus n'est pas un bouc, c'est l'agneau qui enlève le péché du monde. C'est dieu qui sacrifie son fils, ce qu'il a de plus chair. Là je suis d'accord que ça renforce le sentiment de culpabilité collective car il est censé être venu pour annoncer un royaume nouveau et repartir sur de nouvelles bases. Vu que ce royaume objectivement n'arrive pas c'est que l'homme est fautif. D'ailleurs vu que le temps d'Anarchie n'arrive toujours pas, je me demande s'il ne faudrait pas qu'on s'auto-flagelle de temps en temps
worldpeace a écrit:Avec la culpabilité de groupe, on craint cette fois une punition mais groupale. Or qui aurait ce pouvoir, ce serait Dieu, qui est d'autant plus fâché que Jésus est censé être son fils. Nous avons alors peur que Dieu nous punisse tous. Nous voulons alors qu'il nous épargne et demandons sa miséricorde.

Dieu n'ayant besoin de rien, nous ne pouvons pas nous racheter en lui donnant quelque chose. Alors, pour lui plaire, nous nous soumettons aux injonctions de la Bible qui auraient été écrites par lui et nous nous humilions avec "Seigneur je ne suis pas digne de te recevoir, mais prononce une seule parole et je serai guéri". Nous serions alors malade. Mais la seule maladie ici est cette psychose venant de la culpabilisation.

Rectification, personne ne prétend que la bible a été écrite par Dieu, elle a été écrite pas des hommes censés être inspirés par Dieu.
D'ailleurs des théologues officiels reconnaissent que les évangiles on été écrites par des groupes de personnes. Mais là encore, "les voies du seigneur étant impénétrables", peu importe les moyens qu'il a employés pour se faire entendre, une fois le dogme établi du sacré des textes, tout s'éclaire.
Tu le dis très bien le catholocisme est cette maladie psychotique appelée culpabilisation.
Pour répondre à conan je pense que cette culpabilisation a survécu de manière très large encore aujourd'hui. Les gens ne sont pas coupables de manière spontanée, mais les structures mentales qui nous entourent sont encore clairement judéo-chrétiennes, même chez les athées. Nous ne sommes plus des sujets de Dieu, nous sommes des sujets de Marianne. Nous sommes culpabilisés si nous ne votons pas, on nous met dessus toutes les misères du monde. De la même manière que ceux qui ne priaient pas ni n'allaient pas à la messe étaient responsables des maux qui touchaient la communauté. Nous avons des droits et des devoirs en tant que citoyens, croyant en un transcendance étatique et nationale venue remplacée une transcendance divine. Le code civil est venu remplacer les 10 commandements. Mais le mécanisme de soumission joue tout autant sur la culpabilisation. On nous dit enfants que la place que nous allons occuper dans la société dépend de notre travail scolaire. La fainéantise est restée un péché capital, celui qui ne se soumet pas par son travail culpabilise.
Avec les problèmes environnementaux nous voyons pleinement cette culpabilité maladive à l'oeuvre. Au lieu de remettre en cause le système économique, social et politique responsable du saccage de l'environnement, tout est ramené au niveau individuel du citoyen consom'acteur. Le but étant de lui donner bonne conscience pour que surtout il ne change rien. On lui file une prime s'il achète une bagnole neuve. cette prime, donnée d'en haut par la bienfaisante transcendance est la preuve que sa conduite est juste. Le citoyen aura bonne conscience d'avoir acheté une bagnole neuve, c'est bon pour l'environnement.
La taxe carbone va aussi dans ce sens, le citoyen va payer pour ses mauvaises actions, comme le croyant achetait à l'église des actions de grâce pour espérer sauver son âme.