Prostitution

Re: Prostitution

Messagede Béatrice le Lun 13 Oct 2014 12:02

Abolition de la prostitution : 200 élus interpellent les sénateurs.

Les partisans de l'abolition de la prostitution se mobilisent. Dans une tribune publiée dans le «Journal du Dimanche», deux cents élus interpellent ce dimanche les sénateurs pour que ces derniers n'enterrent pas une proposition de loi, déjà votée à l'Assemblée nationale, qui vise notamment à pénaliser les clients.
Cet appel coïncide avec l'arrivée à Paris de Rosen Hicher, ancienne prostituée, qui a entrepris une marche de 800 kilomètres à travers la France pour dire stop à «l'esclavage sexuel».

http://www.leparisien.fr/societe/deux-c ... 207027.php


La longue marche de Rosen contre la prostitution :
http://www.leparisien.fr/societe/la-lon ... 207073.php
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Béatrice
 
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Re: Prostitution

Messagede pit le Sam 8 Nov 2014 12:57

Puritaines ? Vraiment ?

PROSTITUTION : QUI SONT VRAIMENT LES PURITAINS ?

Il est pratiquement impossible de trouver un article défendant la prostitution où ne figure pas le qualificatif de « puritaines » employé pour désigner les abolitionnistes.

Bien sûr, la plupart de ceux qui lancent ce mot dans le débat n’ont pas la moindre idée de ce qu’était le puritanisme historique et semblent croire que ce mot est synonyme de répression sexuelle et de croisade contre la prostitution.

Dans le contexte actuel où le vote de la loi Olivier a exacerbé ces accusations de puritanisme, il est important d’examiner la relation entre puritanisme et prostitution et en particulier de déterminer si les Puritains étaient aussi opposés à la prostitution et aussi « réprimés sexuellement » que semblent le croire les anti-abolitionnistes.

QUI ETAIENT LES PURITAINS, BREF RAPPEL HISTORIQUE

En Grande-Bretagne, l’ère victorienne — qui consacre le triomphe des valeurs familiales bourgeoises en réaction aux « mœurs licencieuses » de l’aristocratie sous la Régence- est considérée comme l’ère puritaine par excellence.

Il est alors prescrit aux femmes « bien » de se consacrer entièrement à leurs devoirs de mère et d’épouse : renvoyées à la sphère domestique, elles n’ont pas d’existence civile, sont totalement dépendantes de leurs maris et leur assujettissement conjugal a rarement été aussi complet. Les biens de la femme deviennent propriété du mari lors du mariage et le restent même si elle quitte le domicile commun pour échapper à ses violences, et dans ce cas il a le droit de la kidnapper pour la récupérer et de la séquestrer.

Ces épouses bourgeoises peuvent d’autant mieux se consacrer à leur vocation d’« anges du foyer » qu’elles sont censées ne pas ressentir de désir sexuel, ou peu : « the majority of women are not much troubled by sexual feelings of any kind” écrit le vénérologue William Acton ( “The Functions and Disorders of the Reproductive Organs”). Qui ajoute: « l’amour du foyer, des enfants et des devoirs domestiques sont les seules passions qu’elles ressentent ».

C’est une idée communément admise alors que « les femmes sont pures mais pas les hommes » car elles ne sont pas soumises à la tyrannie des instincts sexuels (William Makepeace Thackeray, auteur du roman qui a inspiré le film « Barry Lyndon », »Pendennis”). De ce fait, elles sont assignées au rôle de gardiennes de la morale—c’est elles qui doivent purifier les hommes et les garder sur le droit chemin, notamment par les liens sacrés du mariage. Et c’est justement parce qu’elles sont pures que le Premier ministre Gladstone affirme qu’elles ne doivent pas voter : la brutalité des joutes politiques offusquerait leur délicate sensibilité. Cette notion de la femme sans libido est un apport du puritanisme victorien et n’était pas généralement admise au XVIIIème siècle.

Si les épouses sont tenues à la fidélité conjugale, les époux continuent par contre d’avoir toute liberté de pratiquer tous types d’ébats sexuels avec des femmes autres que la leur, et la loi sur le divorce (passée en 1858) qui ne reconnaît pas l’adultère de l’homme comme motif de divorce–contrairement à celui de la femme–sanctionne cette liberté.

Des autorités religieuses de l’époque peuvent bien porter une condamnation morale contre la prostitution mais aucun victorien ne songe sérieusement à s’y opposer : elle est jugée regrettable mais inévitable, « un mal nécessaire pour protéger la pureté des filles et des femmes et la sainteté du mariage », écrit encore Acton. S. Kent précise que ce mal nécessaire « protège les femmes pures qui sinon pourraient involontairement provoquer le mâle à les violer » (Susan Kent, “Sex and Suffrage in Britain”).

Le même auteur ajoute qu’elle est absolument indispensable parce qu’elle sert une finalité biologique : elle répond à « l’urgence des pulsions masculines et à la nécessité de les soulager ».

Dans ce discours victorien, les pulsions sexuelles masculines sont à la fois impératives et fondamentalement dangereuses : les hommes sont « par nature » sexuellement agressifs, aucune femme n’est à l’abri, et si cette agression sexuelle tous azimuths n’était pas canalisée, les femmes respectables elles-mêmes pourraient en être la cible.

Cet argument de la prostitution qui protégerait les femmes contre le viol figure toujours en vedette dans l’argumentaire des défenseurs actuels de la prostitution. Et selon eux, ce risque de viol proviendrait identiquement des « pulsions masculines incontrôlables ». Dans la version moderne, les hommes seraient esclaves de leur testostérone (ou de la nécessité physiologique de vider leurs testicules), régis par des déterminismes biologiques qui les poussent à commettre des violences sexuelles et qu’ils seraient impuissants à maîtriser.

Evidemment, le postulat des pulsions sexuelles, même dangereuses, qui ne doivent pas être réprimées ne concerne ni les femmes, ni les homosexuels ni les hommes de couleur.

Dans une telle situation où tout homme pourrait violer n’importe quelle femme, le droit de propriété exclusif des maris sur leurs épouses ne serait plus garanti, ce qui déchaînerait des affrontements pour la possession des femmes : la solidarité masculine serait rompue.

Pour concilier préservation du pacte patriarcal et soulagement pulsionnel masculin, le discours victorien préconise que celui-ci soit dirigé vers certaines catégories de femmes dont le viol est jugé sans conséquence : celles qui appartiennent aux classes inférieures qui—ça tombe bien—sont considérées à l’époque comme hypersexuées, donc faites pour ça.

Dans cette logique, une catégorie de femmes –les putains—est désignée comme cible légitime des agressions sexuelles masculines et doit être sacrifiée pour préserver l’autre—les épouses ; cette nécessité de « faire la part du feu » en définissant deux types de femmes, celles que l’on peut violer et celles que l’on ne peut pas violer, est clairement exprimée dans des textes de l’époque qui constatent que, regrettablement, le « sacrifice des femmes pauvres à la lubricité masculine » est inévitable.

C’est le fait même que le puritanisme victorien fétichise la pureté des femmes tout en légitimant le libertinage des époux qui rend indispensable l’existence d’une classe de prostituées censées servir d’abcès de fixation aux pulsions masculines. Loin de s’opposer à la prostitution, les victoriens la considèrent donc comme absolument indispensable à la protection de la chasteté féminine, de la famille et de l’ordre moral.

Dans la vision puritaine de la prostitution, celle-ci n’est pas un simple privilège masculin, elle est une institution d’utilité publique (4 On trouve originellement cette conception de la prostitution comme mal nécessaire pour le bien commun dans des écrits chrétiens comme ceux de Saint Augustin et Saint Thomas d’Aquin..)

Si cette question de la prostitution préoccupe beaucoup les victoriens, ce n’est pas parce qu’ils veulent la réduire mais au contraire l’organiser et la réglementer. C’est ce qui est fait avec les « Contagious Diseases Acts » dès 1864, passés dans le but d’augmenter le contrôle social sur les prostituées, vues comme dangereuses à cause des maladies vénériennes qu’elles sont censées propager et de la criminalité qui se développe autour de leur commerce.

La seule prostitution que les législateurs veulent faire disparaître, c’est la prostitution de rue qui crée des désordres et dont la vue les choque : ils veulent la rendre invisible en obligeant les prostituées à exercer dans des lieux clos. Ils veulent aussi que disparaisse la prostitution « sauvage » et pour cela, les filles devront être enregistrées auprès des services de police. D’après les historiens, ces réformes n’auront guère pour résultat que d’augmenter le pouvoir des proxénètes sur les « filles publiques ».

Bien sûr, si l’Angleterre et la France (dont s’inspirent les Anglais) sont prises alors d’une véritable frénésie règlementariste, ce n’est pas pour protéger les prostituées. Ce qui motive l’approche règlementariste, c’est la protection des hommes, en particulier de leur santé en tant que clients susceptibles d’être infectés par des MST : des informations alarmantes circulent sur le taux de contamination de la population masculine, en particulier des soldats : 1 sur 3 serait affecté, la syphilis saperait l’aptitude au combat de l’armée britannique et produirait des individus dégénérés. Suite aux Contagious Diseases Acts, les prostituées enregistrées ayant pour clients des soldats ou des marins sont désormais soumises à des visites médicales régulières et la police peut contraindre à un examen médical et à un séjour prolongé en hospice toute femme prostituée ou suspectée de l’être. Examen qui ne concerne évidemment pas les clients responsables de leur contamination.

Cette idée que la prostitution est socialement utile mais doit être encadrée par des règlements stricts pour réduire ses nuisances (comme le racolage dans les quartiers bourgeois) est toujours soutenue par les anti-abolitionnistes. Bien que le règlementarisme historique n’ait pas davantage réussi à faire disparaître la prostitution sauvage qu’à réduire la propagation des maladies vénériennes, un mouvement néo-règlementariste a fait sa réapparition il y a une vingtaine d’années et ses positions ont obtenu gain de cause dans plusieurs pays.

Ceux qui sont revenus au règlementarisme malgré l’échec de celui-ci au XIXème siècle ont connu les mêmes résultats : une explosion de la prostitution, légale mais surtout illégale, accompagnée d’un développement exponentiel des réseaux de trafic et de proxénétisme et de la criminalité qui en découle. Et les Eros Centers installés dans les centres urbains n’ont pas davantage amélioré la condition des personnes prostituées que les bordels d’autrefois .

STIGMATISATION

Dans l’Angleterre victorienne, les prostituées sont plus que jamais méprisées—les termes utilisés pour les désigner sont « femme tombée », « pariah », « dépravée », « perverse » et « lépreuse »–elles sont vues comme des tentatrices qui piègent les mâles innocents ou au mieux comme des pécheresses à ramener dans le droit chemin.

Leurs clients, en revanche, bénéficient d’une complète indulgence sociale : « on ne peut faire de comparaison entre les prostituées et les hommes qui les fréquentent : pour l’un des sexes, l’offense est commise pour l’appât du gain, pour l’autre, c’est une faiblesse due à une pulsion naturelle » écrivent les auteurs du rapport de la Commission Royale sur la prostitution en 1871.

Ce discours qui excuse les clients et accable les prostituées comme seules causes de l’existence de la prostitution parait contradictoire puisqu’il identifie sexualité masculine et agression sexuelle. Mais lorsque des hommes commettent des actes sexuels « immoraux », y compris avec des enfants, ils sont exonérés de toute responsabilité et l’immoralité est le fait des victimes puisque l’opinion reçue est qu’ils ont été séduits et provoqués.

Au 21ème siècle, non seulement ce sont toujours les femmes économiquement vulnérables qui fournissent les gros bataillons de la prostitution mais le discours qui excuse les acheteurs de rapports sexuels tarifés et stigmatise les prostituées qui les vendent est toujours en place, avec peu de changements.

Ceux qui soutiennent que la prostitution est « un métier comme un autre » considèrent en fait que la prostitution est surtout « un métier pour les autres » : pour les pauvres et les immigrées, pas pour les femmes de leur famille ou de leur classe sociale. A Pascal Bruckner, tenant de la thèse « un métier comme un autre », un écrivain connu avait répondu que « dans ce cas-là sa fille pourrait le faire ». Bruckner a fait un procès à l’auteur et au magazine qui l’avait publié et l’a gagné.

De même que persiste le discours qui innocente les agresseurs sexuels en invoquant la provocation de la part de celles qui en sont victimes.

DOUBLE STANDARD

Deux poids deux mesures: le puritanisme victorien incarne une version exacerbée du double standard. Aux femmes destinées à être des épouses, la sexualité conjugale reproductrice « vanille », toute autre forme d’expression sexuelle leur vaut d’être socialement ostracisées, voire excisées : l’ablation du clitoris était pratiquée par certains médecins victoriens pour « guérir » des femmes diagnostiquées comme hystériques, masturbatrices ou nymphomanes.

Seules les prostituées et les femmes des classes inférieures sont vues comme possédant ces «bas instincts» sexuels ; hypersexuées, elles sont considérées comme physiologiquement différentes des femmes honnêtes.

Fantasmes dont il reste quelque chose chez des avocats actuels de la prostitution qui prétendent que si certaines femmes se prostituent, c’est parce qu’elles « aiment ça ».

RÉPRESSION SEXUELLE DES FEMMES

Le puritanisme n’est donc pas du tout une répression tous azimuths de la sexualité ; en fait, seule la sexualité féminine est réprimée :

- réprimée chez les bourgeoises que le discours victorien prétend dénuées de libido, tout en affirmant contradictoirement qu’elles doivent être sévèrement punies si elles persistent à en avoir une.

- réprimée chez les prostituées dont la sexualité n’est reconnue que dans la mesure où celle-ci se limite à satisfaire les exigences sexuelles de leurs clients.

Dans les deux cas, la possibilité que la sexualité féminine puisse être autodéterminée et autocentrée est impensable ; dans l’idéologie victorienne, seule la libération des pulsions masculines est licite et les femmes n’en sont que le réceptacle.

ÉROTISATION DE LA SUBORDINATION

Pour le victorien, c’est le fait même que les prostituées sont dégradées—par leur activité, par leur sexe, leur classe sociale—qui les rend sexuellement excitantes : le désir éprouvé pour une femme est directement proportionnel à son infériorisation.

Freud, victorien typique, a parlé à ce sujet du besoin masculin d’un « objet sexuel rabaissé » : l’homme ne peut ressentir d’excitation sexuelle que s’il méprise sa partenaire, la subordination est non seulement érotisée, elle est la condition même de l’érotisation.

En conséquence, la sexualité victorienne radicalise l’opposition maman/putain , le puritain-type veut que sa femme soit pure et irréprochable et que sa « pute » (diraient les 343 salauds) soit dépravée et lubrique ; c’est l’homme respectable qui va au bordel le samedi soir et le dimanche matin au temple : Dr Jekyll et Mr Hyde. Ce n’est pas un hasard si le personnage à deux faces de Robert Louis Stevenson a été inventé en pleine ère victorienne.

Le revers de toutes les sociétés puritaines proposant un idéal de moralité inaccessible est évidemment l’hypocrisie : « les hommes aiment une classe de femmes, leurs épouses, mais ils ont recours à des prostituées pour le sexe, tout en prêchant la pureté pour leurs femmes ». remarque W. R. Greg (5. W.R Greg, “Prostitution”, The Westminster Review, 1850). Tel avocat de la pureté des épouses comme Patmore, qui célèbre dans ses écrits la figure de l’épouse « ange du foyer » avait une très importante bibliothèque pornographique : beaucoup de victoriens violaient secrètement le code moral qu’ils préconisaient. Ce qui est condamné socialement, ce n’est pas tant le vice—tant qu’il reste caché–, que sa révélation, qui provoque le scandale.

Même si la distinction entre ces deux catégories maman/putain est un peu brouillée de nos jours, de nombreux de clients modernes de la prostitution arguent qu’ils ont certains fantasmes qu’ils n’osent pas ou ne veulent pas demander à leur compagne de réaliser, précisément parce qu’ils la respectent. Ou ils confient qu’ils ne désirent plus leur femme , trop convenable pour être excitante, d’où leur recours à des prostituées.

Dans les deux cas, ils laissent entendre qu’ils ne peuvent atteindre une excitation sexuelle intense qu’avec une femme de statut social et moral dégradé : c’est l’existence d’un différentiel hiérarchique entre eux et leur partenaire qui conditionne leur érection, à la différence de genre venant s’ajouter celles de classe et –suite à la globalisation– de « race ».

Pour ces hommes, la sexualité sert toujours à acter leur statut de dominant, tout rapport sexuel fonctionne ainsi implicitement ou explicitement sur un schéma SM, et la jouissance sexuelle est surtout la jouissance du sentiment de pouvoir que leur procure le rapport sexuel.

Bien plus, pour nombre de clients de la prostitution moderne, le recours aux prostituées est recherché comme donnant accès au seul espace (avec le porno) encore non contaminé par les principes d’égalité des sexes, où ils peuvent retrouver le degré de soumission féminine qui existait dans les sociétés du XIXème siècle et dont ils regrettent amèrement la disparition.

PEUR D’UNE SEXUALITÉ FÉMININE AUTONOME

Entre frigide et insatiable, clairement, la sexualité féminine est anxiogène pour les victoriens; dans leur vision, la femme enjôleuse et tentatrice laissée libre d’utiliser son pouvoir sexuel à sa guise peut faire tomber l’homme dans ses filets, le manipuler comme un pantin et l’évincer de sa position de dominant.

Les images de femmes fatales, dominatrices et « castratrices » abondent dans la peinture de l’époque : Messaline, Salomé, Dalilah, etc. Ces figures maléfiques expriment la « panique morale » masculine devant tout possibilité d’autonomie sexuelle féminine, hypothèse absolument terrifiante dans les sociétés puritaines–chrétiennes comme musulmanes.

Que le corps et la sexualité des femmes puissent échapper au contrôle des hommes, non seulement c’est une menace pour l’autorité et l’ordre rationnel masculins mais cela met en péril la virilité même : face à des femmes sexuellement non soumises, les hommes ont peur de ne plus avoir d’érections–l’égalité des sexes empêcherait de bander.

Evidemment, dans cette conception où le rapport sexuel présuppose et confirme l’inégalité des partenaires, la sexualité est complètement phagocytée par le politique : il ne s’agit pas tant de jouir sensuellement du corps de l’autre que d’affirmer son pouvoir sur lui.

Ces peurs et ces fantasmes sous-tendent encore l’argumentation des rétrogrades qui défendent la prostitution au 21ème siècle :

- désir de contrôler le corps des femmes—la loi espagnole interdisant l’avortement témoigne que ce désir n’a pas disparu et ne demande que des circonstances favorables pour s’exprimer.

- désir de contrôler la sexualité des femmes : dans la prostitution, en payant ; dans les rapports hétérosexuels, en imposant comme « sexualité » une sexualité masculine centrée sur la pénétration.

- désir de continuer à disposer d’une catégorie de femmes vouées à les servir sexuellement.

- revendication de l’inégalité comme indispensable au désir, peur d’être dévirilisé par la montée en puissance des femmes , toute manifestation d’indépendance féminine conjure un fantasme d’impuissance sexuelle, qui signifie perte de pouvoir tout court : des hommes devenus impuissants perdraient nécessairement toute autorité sur les femmes.

NO LIMITS NO LAWS

Dans la gestion de la sexualité puritaine, à la répression obsessionnelle de la sexualité féminine répond la libération encouragée et organisée des pulsions masculines, posées comme non négociables. Hormis le droit de propriété des autres hommes sur leurs femmes, certains soucis d’hygiène et d’ordre public et le respect des convenances, non seulement rien ne doit en entraver ou restreindre l’expression mais tout doit être fait pour qu’elles puissent être assouvies partout et toujours.

Aux hommes, une large gamme d’options sexuelles est offerte, pourvu qu’ils puissent payer. Malgré –ou à cause—de la réprobation exprimée par les autorités morales et religieuses, la prostitution prospère: la seule ville de Londres, selon la revue médicale ‘The Lancet’, aurait compté environ 80 000 prostituées (pour 2,3 millions d’habitants) en 1887, soit deux fois plus que le nombre actuel de prostituées estimé par l’OCRTEH pour toute la France.

A l’apogée du puritanisme victorien correspond donc une apogée de la prostitution, les années 1850 ont été nommées « the golden years of prostitution » par des historiens.

La prostitution est omniprésente dans les rues des grandes villes anglaises : les salaires de misère payés aux jeunes ouvrières les obligent pratiquement à se prostituer pour survivre.

Contre argent, toutes les perversions peuvent être satisfaites, il existe des bordels pour tous les goûts : SM, homosexuels, petites filles ou petits garçons, etc. L’âge requis pour le consentement était 13 ans, et la plupart des prostituées entraient dans le métier vers 11/12 ans.

L’apparition de la photographie entraîne aussi une production considérable de matériel pornographique déclinant pareillement toute la gamme des fantasmes masculins : SM, inceste, viol, pédophilie, orgies. Des « bottins » sont publiés régulièrement listant des centaines de prostituées, avec leurs photos, leurs spécialités et leurs tarifs : l’ère victorienne est aussi un âge d’or de la pornographie.

Les hommes respectables osent les pires violences sur les enfants et les femmes pauvres sans encourir de réprobation ou de sanction sociale : la courtisane Cora Pearl raconte dans ses mémoires comment à l’âge de 13 ans, ayant été abordée dans la rue par un bourgeois qui lui offrit d’aller manger des gâteaux dans un café, elle perdit connaissance après avoir bu une limonade et se retrouva quelques heures après dans un lit avec du sang entre les jambes.

L’auteur inconnu de « My Secret Life », journal de sa vie sexuelle tenu par un riche bourgeois dont l’identité n’a pas été élucidée, raconte sans aucun embarras comment, contre argent comptant, il peut régulièrement violer des petites filles de 10 ans (6. My Secret Life (1888), Walter http://en.wikipedia.org/wiki/My_Secret_Life_(erotica)). Rien n’est fait pour réprimer de tels comportements, la loi reste en dehors de la sphère privée, les conduites masculines les plus abjectes sont sanctuarisées par le pouvoir de ceux qui s’y livrent, et les victimes se taisent.

Ce n’est que vers les années 1880 qu’une vraie mise en cause de la prostitution des enfants se fait jour dans l’opinion, suite en particulier à une série d’articles écrits par le journaliste W.T. Stead intitulés « The Maiden Tribute of Modern Babylon » (7. W.T. Stead, “The Maiden Tribute of Modern Babylon”, Pall Mall Gazette, juillet 1885). Celui-ci avait été écoeuré de découvrir à quel point ces pratiques pédophiles étaient répandues, et surtout que les autorités en étaient pleinement informées mais fermaient les yeux eu égard au rang social des pédophiles. Ses évocations des « chambres capitonnées où des débauchés des classes supérieures pouvaient …se délecter des cris d’un enfant en bas âge » font l’effet d’un électrochoc sur l’opinion, les législateurs réagissent et cette campagne aboutira au passage de la « Criminal Law Amendment Act » de 1885.

Suggérer comme le font les pro-prostitution actuels que puritanisme = abolitionnisme et répression sexuelle est donc un contresens total : en fait, le puritanisme est un fondamentalisme patriarcal, la pureté sexuelle chère aux puritains n’est réellement exigée que des femmes et cette injonction de pureté permet de maximiser le contrôle masculin et la répression sexuelle dont elles font l’objet. Andrea Dworkin a très bien compris que le puritanisme n’était qu’une ruse patriarcale, une « stratégie masculine pour garder le pénis caché, tabou et sacré ».

Corrélativement, si la prostitution fait l’objet d’une condamnation hypocrite dans les sociétés dites puritaines, elle y bénéficie en réalité d’un large soutien social et institutionnel.

Epouses plus ou moins asexuées pour le service domestique et reproductif et « filles publiques » hypersexuées pour le service sexuel : « le code victorien est fondé sur le partenariat prostitution/mariage ».

J’ai pris pour exemple le puritanisme victorien mais des systèmes de prescriptions et d’interdits similaires axés sur la même obsession de la pureté féminine encadrent les femmes dans toutes les sociétés puritaines, aux Etats-Unis à la période coloniale comme dans des cultures non occidentales. On sait par des exemples récents que les bordels et la prostitution de rue ne disparaissent pas dans les pays où des régimes fondamentalistes ultra-religieux mettant en oeuvre un contrôle très strict des femmes arrivent au pouvoir : la prostitution (par exemple sous la forme coranique du mariage temporaire) n’a pas disparu en Afghanistan au temps des talibans et pas davantage en Egypte sous le gouvernement Morsi. En Turquie, les fondamentalistes religieux de l’AKP (le parti d’Erdogan) loin de chercher à abolir la prostitution, l’ont réglementée : les sociétés puritaines, patriarcales et misogynes, s’accommodent fort bien de l’institution patriarcale et misogyne qu’est la prostitution.

QUI SONT VRAIMENT LES PURITAINS ?

Et donc, face aux accusations de puritanisme lancées par les pro-prostitution contre les féministes abolitionnistes, on doit poser la question : qui sont vraiment les puritains ?

Les anti-abolitionnistes prétendent présenter comme un choix libérateur, moderne et porteur d’empowerment une institution patriarcale plurimillénaire qui, avec le mariage traditionnel, organise la domination des hommes sur les femmes depuis des siècles.

Leur défense de la prostitution repose, avec peu de changements, sur les mêmes archétypes ancestraux et est calquée— parfois mot pour mot—sur celle des puritains victoriens.

Ils se prétendent pro-sexe mais considèrent que leur satisfaction sexuelle exige la destruction de la sexualité des prostituées et la restriction de celle des autres femmes, uniquement autorisées à jouir d’être dominées (cf. Fifty Shades of Grey).

Inversion patriarcale caractérisée : alors que le puritanisme a pour conséquence de renforcer le contrôle masculin sur la sexualité féminine, ils accusent de puritanisme les féministes qui veulent au contraire libérer les femmes de ce contrôle.

ANTISEXE OU ANTI-AGRESSIONS SEXUELLES ?

Qui accuse les féministes d’être puritaines et antisexe ?

Avant Antoine, Elisabeth Lévy, Caubère & co, les défenseurs de DSK ont crié au « retour du puritanisme » quand leur héros a été inculpé pour tentative de viol. Parmi eux, de grands démocrates et hommes de gauche comme Jean-François Kahn et Jack Lang ont montré en quel mépris ils tenaient les femmes et les lois républicaines punissant le viol dès lors que solidarité masculine et copinages politiques étaient en jeu.

A cette occasion, les medias ont repassé en boucle les inusables clichés de comptoir sur le puritanisme des Américains qui— violence inouie —ont osé arrêter un suspect de viol présidentiable.

Les mêmes accusations de puritanisme ont été lancées par les supporters de Roman Polanski (qui sont à peu près les mêmes que ceux de DSK): comment—disaient-ils– pouvait-on tenir rigueur à ce grand artiste de quelques lointaines incartades ?

Pour eux, le scandale n’était pas qu’un homme ayant violé une gamine de 13 ans ait échappé si longtemps à la justice américaine mais que celle-ci ait considéré qu’un artiste riche et célèbre n’était pas pour autant au-dessus des lois : anathème en France, où au contraire le fait de faire partie de l’élite est censé vous conférer protections et passe-droits.

Et tout récemment on retrouve ces accusations sous la plume de Gabriel Matzneff et de ses fans, indignés qu’une pétition ait été lancée contre l’attribution du Prix Renaudot à cet avocat enthousiaste de la pédophilie qui déplorait dans un de ses livres que la bourgeoisie ait érigé un «mur de protection moralisatrice puritaine autour des adolescents ».

Ces accusations de puritanisme ont toujours accompagné le féminisme : les suffragettes étaient déjà traitées de prudes quand elles dénonçaient incestes et viols d’enfants et voulaient faire relever l’âge du consentement à 16 ans.

Et donc :

Dès que les féministes prétendent dénoncer le harcèlement sexuel, le viol et la pédocriminalité et demander que les lois censées les punir soient vraiment appliquées, le chœur des prédateurs sexuels et de leurs admirateurs donne de la voix et hurle au puritanisme.

Que soit dénié aux hommes le droit de violer et de violenter impunément est présenté comme une atteinte insupportable à leur liberté.

Que soit mis en cause leur droit inconditionnel à disposer d’une sous-classe de femmes sexuellement à leur service est vécu comme un déni de justice.

Que certaines osent simplement suggérer que non, les femmes ne sont pas obligées d’avoir des rapports sexuels à la demande ou d’accepter des pratiques pornos dégradantes constitue pour eux une « attaque contre la sexualité masculine ».

Est ainsi qualifiée de puritaine (ou coincée, ou frigide, ou prude), toute femme qui refuse ou pose des limites aux exigences sexuelles masculines. Dans cette stratégie d’intimidation très efficace, toute femme qui ne se soumet pas est désignée comme « anti-sexe », toute dénonciation des violences sexuelles est qualifiée de «retour à l’ordre moral».

Dénoncer les violences sexuelles masculines n’est pas être anti-sexe. Si certains hommes voudraient nous le faire croire, c’est justement parce qu’ils confondent sexualité masculine et agression sexuelle.

Pour ces hommes, même s’ils font mine de les accepter publiquement, les principes d’égalité des sexes ne sont que des mots vides de sens et les lois punissant les violeurs et les pédocriminels des chiffons de papier qu’il n’a jamais été question d’appliquer vraiment ; la seule loi qui compte à leurs yeux, celle qui prime sur toutes les autres, c’est le droit patriarcal intangible d’accès sexuel au corps des femmes.

Sporenda

http://www.isabelle-alonso.com/puritaines-vraiment/
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Re: Prostitution

Messagede pit le Mer 12 Nov 2014 15:09

« La prostitution c’est l’ennemi de la libération sexuelle »

La prostitution c’est, en réalité, très simple. C’est du sexe entre deux personnes – entre une qui en veut et une qui n’en veut pas. Et comme le désir est absent, le paiement le remplace. Cette inégalité de désir est la base de toute forme de prostitution, qu’il s’agisse de « services d’escorte pour VIP » ou de l’esclavage moderne de la traite. C’est toujours la même chose : une personne veut avoir des relations sexuelles, l’autre non. L’argent peut permettre à l’acheteur d’obtenir un « consentement » et même un semblant de plaisir durant l’acte, mais cela souligne d’autant plus le fait que l’autre partie a un rapport sexuel même si elle ou il ne le veut pas vraiment. Peu importe tout ce qui est dit ou fait pour masquer ce fait, s’il y avait désir mutuel, il n’y aurait pas de paiement – et nous le savons très bien. La prostitution est donc un ennemi de la libération sexuelle, du désir, et du libre arbitre. Ce n’est, bien sûr, qu’un des problèmes associés à la prostitution. Il y a aussi la violence, la pauvreté, le taux élevé de mortalité, les proxénètes – qu’il s’agisse de la mafia ou de l’État – et toute l’industrie qui se nourrit de cette inégalité de désir. Le commerce du sexe est un phénomène hautement genré. Il concerne principalement des femmes et des filles vendues à des hommes : 98% des personnes dont les vies sont vendues dans la traite sont des femmes et des filles. Une minorité sont des hommes et des garçons dont les vies sont vendues à d’autres hommes.

... http://ressourcesprostitution.wordpress ... -sexuelle/
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Re: Prostitution

Messagede pit le Dim 28 Déc 2014 03:29

« Chaque fois que nous prenons la parole, les féministes « pro sexe » font de leur mieux pour nous faire taire »

Rachel Moran

« Voici le texte de mon allocution à la conférence FemiFest 2014, pour toute personne intéressée:

J’aimerais tout d’abord vous parler un peu de ce que le féminisme radical signifie pour moi dans le cadre de mon travail de militante abolitionniste, et aussi au sens affectif, à titre de survivante de l’industrie du sexe. Il y a trois ans, quand j’ai commencé à écrire anonymement des articles de journal et des blogs sous le nom de plume FreeIrishWoman, j’ai remarqué assez vite que mes paroles étaient partagées et diffusées par un groupe particulier de féministes: les féministes radicales. Comme les souvenirs que je décrivais étaient les expériences d’une adolescente de quinze ans, sans abri, socialement désavouée et prostituée, je m’attendais naturellement au soutien de la communauté féministe. En même temps, je n’étais pas complètement ignorante des divisions politiques entre celles qui se décrivent comme féministes, sinon ç’aurait été un choc pour moi de découvrir que, si mes paroles et expériences étaient honorées et partagées par les féministes radicales, elles étaient aussi largement ridiculisées et voyaient leur authenticité contestée sans relâche par certaines de celles qui se faisaient appeler féministes libérales.

Le féminisme libéral – qui soutient que tout ce que fait une femme peut être autonomisant (empowering) du moment qu’elle ne le fait pas avec une arme à feu pointée sur la tempe – m’avait toujours semblé merdique de toute façon; je ne peux donc pas dire que j’ai été terriblement déçue. Mais je me suis sentie blessée et, par-dessus tout, irritée. Il était à la fois blessant et irritant pour moi de savoir qu’il existait une armée entière de jeunes femmes blanches dans la vingtaine, socialement privilégiées, qui parlaient de la prostitution comme le summum de l’autonomisation des femmes. Pour moi, cette évaluation d’une expérience qu’elles n’avaient jamais eue et qu’elles décrétaient inoffensive, malgré le tsunami de preuves attestant de sa nocivité, tout en ayant passé des années à être éduquées dans l’effort de se tenir à l’écart de la classe sociale des femmes qui sont les plus nombreuses à devoir vivre cette expérience, constituait la plus répugnante des formes d’hypocrisie.

Nous qui disons la vérité sur l’industrie mondiale du sexe nous trouvons parfois à deux doigts du désespoir, écrasées sous le poids du préjugé populaire en vigueur, ancré qu’il est dans l’ignorance, à la fois volontaire et maligne, et dans l’inconscience, parfois innocente et, quand elle l’est, d’autant plus frustrante. Nous savons que le patriarcat tire bénéfice de l’existence même de l’industrie mondiale du sexe et de l’anéantissement de la vie d’innombrables femmes. Il est donc exaspérant pour nous toutes d’entendre des féministes libérales régurgiter le discours patriarcal qu’elles ont personnellement acheté et qu’elles essaient de nous vendre, celui selon lequel le noir est le blanc, le haut est le bas, et l’emprisonnement est libérateur. Assimiler le consentement à une libération est le fait des gens qui ignorent que l’oppression ne peut fonctionner sans lui. Mais le consentement à l’oppression, le consentement sous la contrainte, n’a rien d’un consentement véritable. La contrainte transforme le consentement en autre chose, l’éloignant de sa vraie nature. Un véritable consentement sexuel cesse alors d’être possible. Ce consentement sexuel se situe à mille lieues des lois du commerce; il est au-delà de la vente et au-delà de l’achat. La violence sexuelle, par contre, s’accompagne souvent d’un prix et, quand c’est le cas, nous parlons de prostitution.

Je suis fatiguée de l’ignorance des femmes qui ne comprennent pas cela, mais peut-on s’étonner vraiment que la plupart de ces femmes sont, comme je l’ai dit, jeunes, blanches et privilégiées? Je doute qu’aucune des femmes réunies ici aujourd’hui ne s’en étonne, parce que la distance qui sépare les personnes socialement privilégiées des réalités des personnes désavantagées est un phénomène familier aux yeux de toute femme ayant le moindre brin de bon sens politique.

Mais oui, je suis prête à reconnaître que nous sommes fatiguées et frustrées et énervées, et avec raison. Chaque fois que nous prenons la parole, les libérales font de leur mieux pour nous faire taire. Nous en avons vu des exemples au cours des dernières semaines, comme nous le faisons toutes les semaines. Au moment même où je vous parle, des imbéciles diffusent d’Édimbourg à Brighton des pétitions contre cette conférence. Le conseil le plus distingué que je pourrais donner à ces femmes serait de consulter leurs dictionnaires et d’y chercher le mot « féministe ». Bien sûr, malheureusement, je devrais aussi les informer également, d’ignorer dans bien des cas ce qu’elles y trouveront, puisque tant de dictionnaires définissent le féminisme comme une question d’égalité des sexes, ce qui équivaut à mettre la charrue devant les bœufs. Une femme qui croit en l’égalité sociale, économique et politique des sexes n’est pas une féministe, mais une fantaisiste. Nous ne vivons pas dans ce monde; nous n’avons pas l’égalité, et, comme le savent les féministes radicales, une condition préalable de l’égalité est le démantèlement de la suprématie masculine. Nous devons d’abord nous en libérer. Alors, et seulement alors, pourrons-nous peut-être vivre nos vies en égales.

La pure et simple cruauté de la position féministe libérale est aussi quelque chose qui, apparemment, leur échappe. Leur posture nous dit, à nous survivantes de l’industrie du sexe, que chaque viol que nous avons enduré n’avait pas d’importance, que les agressions sexuelles de toutes sortes que nous avons vécues de toutes les manières étaient tout simplement des risques du métier, et que nos viols collectifs n’auraient pas été des viols collectifs si une loi avait simplement forcé ces hommes à nous utiliser un à la fois. Eh bien, j’ai des nouvelles pour elles: les bordels forfaitaires et les « tournantes » organisées sont le dernier cri en Allemagne aujourd’hui. Pour quiconque n’est pas au fait de ces expressions, un bordel forfaitaire est la réponse du système prostitutionnel aux restaurants de type buffet. Les hommes paient un tarif unique, un « forfait » et, pour ce prix, ils peuvent utiliser le ou les corps de femmes pour aussi longtemps qu’ils en sont capables, éjaculant autant de fois qu’ils le souhaitent ou le peuvent. Ces offres sont parfois combinées avec des forfaits de « tournante », qui permettent à cinq ou six ou sept hommes d’arriver au bordel ensemble, de payer leur « forfait » et d’utiliser ensemble le corps d’une femme jusqu’à ce qu’elle puisse à peine tenir debout. On m’a transmis des photographies d’une telle scène dans un bordel allemand. La jeune fille utilisé par une demi-douzaine d’hommes avait dix-neuf ans et était enceinte de sept mois. Voilà le vrai visage de l’industrie réglementée du sexe pour laquelle se battent les féministes libérales.

On a prétendu, dans le milieu des campagnes menées contre cette conférence, que je mettais en danger la vie des femmes qui sont dans la prostitution. De telles accusations révèlent la profondeur de leur aveuglément. Il n’y a jamais eu qu’un groupe de personnes responsables de la mise en danger de ma survie quand j’étais dans la prostitution, et ce n’étaient certainement pas des abolitionnistes; C’étaient les acheteurs de sexe; les mêmes acheteurs de sexe dont les bites ne seront jamais sucées par les féministes libérales qui défendent et proclament le droit de ces hommes à voir leurs bites sucées par d’autres femmes : les femmes économiquement défavorisés, désavantagées au plan éducatif, carencées au plan social et racialement marginalisées.

Alors, où allons-nous, avec nos frustrations? Et que faisons-nous de la colère qui est si inévitable ici, une réaction humaine aussi intrinsèque à l’injustice d’être traitée de menteuse quand on dit la vérité? La première chose que je voudrais vous dire, c’est Courage! Cette situation ne durera pas éternellement. C’est précisément l’hypocrisie de la position féministe libérale qui sera sa perte. La doctrine qui prétend qu’il y a « une autonomisation à tirer de ces expériences (que nous allons tout faire pour nous éviter personnellement) » a une durée de vie limitée. Ce genre d’absurdités possède une date de péremption. Aussi populaire soit-elle et aussi longtemps qu’elle le soit, une telle doctrine est vouée à être discréditée – comme dans la fable des nouveaux vêtements de l’empereur.

J’ai été profondément réconfortée ces dernières années (et surtout au cours des dix-huit derniers mois, depuis la publication de mon autobiographie, Paid For), non seulement par les vérités que j’ai réussi à transmettre, mais par les vérités qui ont été dites par tant d’autres femmes, dont la plupart n’avaient pas eu à vivre ces réalités pour les reconnaître. J’ai été réconfortée de voir, pays après pays, des mouvements abolitionnistes surgir là où il n’en existait pas auparavant, ou reprendre des forces là où ils s’épuisaient. Et partout où j’ai constaté ce renforcement de l’abolitionnisme, j’ai observé une cause commune du mouvement abolitionniste et du mouvement féministe radical, ou, à tout le moins, une forte adhésion des abolitionnistes aux idées-forces du féminisme radical.

La réalité est que l’histoire donne raison aux féministes radicales dans ce dossier : elles sont les seules à bien saisir la conjoncture et les raisons qui l’expliquent. Les féministes socialistes ont mon respect, mais leur portrait de la prostitution n’est pas complet. Celle-ci n’existe pas comme une simple conséquence de la privation de droits économiques pour les femmes. La pauvreté est un facteur propice, mais pas une raison. Les facteurs propices ne sont pas des raisons. Ce sont simplement des facteurs propices. La prostitution existe pour une seule raison, et cette raison est la demande masculine. Aucune quantité de pauvreté n’arriverait à créer la prostitution si ce n’était de la demande masculine.

Je suis venue ici aujourd’hui pour faire appel au soutien de chacune des femmes de cette salle dans la lutte contre ce fléau qui pèse presque exclusivement sur les filles et les femmes. Nous devons lutter contre lui, pas en arrachant les feuilles, ni en en taillant les branches, ni même en le coupant au niveau du tronc; nous devons arracher cet arbre avec ses racines. Aussi difficile que semble cette tâche, nous avons déjà les outils pour le faire. Nous ne sommes, heureusement, ni aussi mystifiées que les libérales, ni aussi entravées dans notre compréhension que les socialistes. Nous savons que la prostitution est à la fois une conséquence et une excellente preuve de la subordination des femmes, et c’est à partir de ce savoir que nous pouvons la démanteler. Il est très important que nous ne reculions jamais d’un pouce dans cette lutte. Nous ne devons jamais céder aux tactiques du lobby pro-prostitution, dont la première est de prétendre que la prostitution n’est pas une question morale. Permettez-moi de le dire devant vous et à la face du : Vous pouvez être sacrément sûre que la prostitution est une question morale, comme les droits humains le sont toujours.

Le lobby pro-prostitution prétend que les abolitionnistes se livrent à une «croisade morale» pour débarrasser le monde de la prostitution. Croisade est ici un terme péjoratif, et il est associé à la morale pour entacher celle-ci de sa dérision méprisante. La morale, nous dit-on, est négative, mal fondée et, au fond, mal. L’idiotie évidente de qualifier de mal le discernement entre le bien et le mal échappe apparemment à certaines personnes.

Je suis fatiguée d’entendre les gens faire précéder des arguments abolitionnistes de la phrase « je ne suis pas moraliste, mais… » Nous sommes toutes et tous des moralistes, à moins d’être des psychopathes, et depuis quand la morale est-elle un mot répréhensible? Voici la réponse : la morale est devenue répréhensible lorsque certaines personnes ont trouvé profitable que nous détournions le regard de leurs activités et faisions comme si la morale était ici nulle et non avenue. D’ailleurs, vous constaterez qu’à maintes reprises, les gens qui épousent cette position défendent quelque chose de manifestement incorrect, d’où leur insistance à interdire que la morale ait voix au chapitre.

On assiste aussi à la prétention absurde que les personnes qui s’opposent à la prostitution le font nécessairement d’un point de vue religieux, comme s’il y avait quelque pénurie d’athées éthiques dans le monde. Les principes moraux qui régissent ou influencent nos actes n’ont souvent aucune autre base que notre propre sentiment inné de ce qui est ou non un comportement humain nuisible. La prostitution nuit à la psyché humaine à tous les niveaux imaginables; c’est précisément son caractère nuisible et dégradant qui donne instantanément lieu à un sentiment de répulsion quand nous imaginons la prostitution au centre de la vie des femmes que nous aimons.

Donc, demeurons fermes sur ces points: que la prostitution existe en raison de la demande masculine, et que nous savons très bien et ne cèderons pas dans notre affirmation qu’elle est carrément mauvaise. Il y a une raison pour laquelle on nous combat aussi constamment sur ces points; c’est que nos adversaires savent que nous pouvons les vaincre.

Laissez-moi vous répéter que je suis venue ici aujourd’hui pour demander le soutien de toutes les femmes de cette salle dans la lutte contre la prostitution. Veuillez entendre cela comme un appel à l’action. Partout en Europe, nos politiciens et politiciennes commencent à discuter de la prostitution plus fréquemment. En février dernier, le Parlement européen a voté à une écrasante majorité l’adoption du rapport Honeyball, qui appelle à l’adoption du modèle nordique dans toute l’Europe. Lorsque vos politicien.ne.s prennent la parole en ce sens, veuillez les appuyer par des lettres à la fois publiques et privées. Quand ils et elles ne le font pas, veuillez les encourager à le faire. Quand vous voyez des campagnes abolitionnistes émerger – et vous en verrez plusieurs; le mouvement abolitionniste progresse – veuillez lui prêter votre temps et votre énergie et votre voix.

Je collabore à un groupe appelé SPACE International. SPACE est l’acronyme de ‘Survivors of Prostitution-Abuse Calling for Enlightenment’ (Survivantes des violences de la prostitution appelant à une prise de conscience). Nos membres proviennent déjà de sept pays et nous avons toutes fait le douloureux sacrifice de parler publiquement de la violence que nous avons vécue dans l’industrie du sexe. Nous avons des ami.e.s et des allié.e.s dans plusieurs organisations internationales et nous gagnons du terrain, mais nous ne pouvons réussir sans le soutien des femmes du grand public. Je vous encourage à rejoindre RadFemUK et d’autres organisations comme elles, et à soutenir leurs actions en partageant et en diffusant leurs campagnes et leurs documents. Nous avons besoin d’un raz-de-marée d’appuis de la part des femmes, mais il se peut que, pour que cela se produise, nous devions rappeler aux femmes que le corps de leurs filles serait aussi tout aussi accueilli dans les bordels et les quartiers chauds que les nôtres l’ont été, si les circonstances de leur vie devaient les amener là. »

Rachel Moran

Copyright : Rachel Moran, December 2014.

Original : http://www.facebook.com/rachel.moran.52 ... nref=story

http://forum.anarchiste-revolutionnaire ... 65#p189125
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Re: Prostitution

Messagede Béatrice le Dim 8 Fév 2015 21:30

" DSK Carlton: des élus savaient et protègent la prostitution "

( article de Patric Jean, porte-parole de ZEROMACHO )

http://blogs.mediapart.fr/blog/patricje ... ostitution
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Re: Prostitution

Messagede Béatrice le Jeu 12 Fév 2015 18:38

La loi d’abolition de la prostitution amarre enfin au Sénat !

Communiqué de presse des efFRONTé-e-s du 11 février 2015 :

Victoire d’étape !
La loi d’abolition de la prostitution amarre enfin au Sénat,
14 mois après son départ de l’Assemblée


Les efFRONTé-e-s se réjouissent que la proposition de loi luttant contre le système prostitutionnel soit ENFIN inscrite à l’ordre du jour du Sénat, les 30 et 31 mars 2015, quatorze mois après son vote à l’Assemblée Nationale.

Hier matin, nous avons co-organisé une action en présence de Rosen Hicher, ancienne personne prostituée, près du Sénat et avons été reçues par la Présidence du Sénat. Rosen Hicher et la délégation qui l’accompagnait ont pu plaider pour que la proposition de loi soit enfin débattue démocratiquement, et ont déposé la pétition de 30 000 signatures.

Les efFRONTé-e-s suivent aussi le procès du Carlton, mettant en cause ces hommes puissants qui auraient profité de leurs privilèges pour dominer et maltraiter celles qui sont parmi les plus vulnérables, des femmes, des jeunes, des pauvres, des migrantes en situation de prostitution.

Comme nous le révèlent les éléments médiatisés du procès, ces clients ne traitaient pas ces femmes de « travailleuses du sexe », mais de « dossiers », de « matériel », de « marchandise », de « cheptel ».

Nous espérons que les préjugés et fantasmes sur le système prostitueur commenceront à chanceler. Certains ont essayé de nous faire croire qu’il y avait deux prostitutions, une prostitution de rue liée à la traite, sale, violente et condamnable, et une prostitution propre, souhaitable, qui relève du travail du sexe et non de la violence patriarcale. La lumière crue qui éclaire l’affaire du Carlton, et la parole publique des principales intéressées, ébranlent cette propagande. Ces femmes se disent tout autant humiliées, maltraitées, dominées et en souffrance que celles qui sont sur le trottoir. La réalité de la prostitution est enfin nue ! Les rapports sexuels tarifés, non désirés par l’ensemble des partenaires, sont bien des violences.

Les efFRONTé-e-s saluent le courage de ces femmes qui ont décidé de se porter partie civile dans le procès, pour que la honte change de camp. Beaucoup de procès historiques ont transformé la société grâce au courage de celles et ceux qui le portaient, pour le droit à l’avortement, contre le viol, contre les violences. Elles sont à nos yeux ces mêmes héroïnes, dont le courage va faire avancer d’un pas toute la société vers la prise de conscience.

Les efFRONTé-e-s militeront à présent pour que soit votée une loi complète, efficace, appliquée et dotée de moyens.

Contact: Fatima Benomar – 06 75 86 61 31


https://effrontees.wordpress.com/2015/02/11/3658/
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Re: Prostitution

Messagede Béatrice le Sam 14 Fév 2015 20:12

La proposition de loi « renforçant la lutte contre le système prostitutionnel » sera finalement examinée en première lecture au Sénat les 30 et 31 mars, soit plus d’un an après son adoption par l’Assemblée nationale.

http://www.politis.fr/La-proposition-de ... 30084.html
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Re: Prostitution

Messagede Béatrice le Mer 1 Avr 2015 01:15

Le Sénat, a supprimé dans la nuit de lundi à mardi la pénalisation des clients et rétabli le délit de racolage.

Prostitution, après le vote indigne du Sénat, les hommes de Zéromacho continuent

http://www.humanite.fr/prostitution-apr ... ent-570059
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Re: Prostitution

Messagede pit le Sam 11 Avr 2015 13:07

Prostitution. À l’ombre des alcôves patriarcales

Le Sénat criminalise les prostituées et déresponsabilise les clients

Une tribune de Fatima Benomar et Aude Le Révérend, militantes des Effronté-e-s.

Nous, militantes féministes, sommes écœurées qu’au terme de tant de travaux qui devaient renforcer la lutte contre le système prostitueur, le Sénat ait adopté un texte qui criminalise encore et toujours les personnes prostituées, et déresponsabilise totalement les clients. En France, 90 % des personnes prostituées sont contraintes. Leur taux de mortalité est six fois supérieur à la moyenne. 97 % sont étrangères, dont beaucoup de sans-papiers. L’âge d’entrée moyen dans le système prostitueur est de 14 ans. Enfin, et c’est loin d’être anodin, 85 % sont des femmes, contre 99 % de clients hommes. Ces chiffres nous rappellent qu’au-delà du fard dont on ne cesse de la saupoudrer, la prostitution reste un phénomène extrêmement violent, radicalement sexué, qui repose sur des rapports de domination de genre et de classe. Le volet qui responsabilisait les clients en tant qu’acteurs du système a été tout bonnement enterré, quelques semaines après l’affaire du Carlton qui a jeté sur eux une lumière particulièrement crue. Il ne s’agissait pourtant que d’une amende et d’un stage de sensibilisation. Ces clients sont en effet, neuf fois sur dix, coupables d’un crime sur une personne contrainte, souvent issue de réseaux criminels. Dans tous les cas, ils sont conscients qu’ils soumettent une personne à des pratiques sexuelles qu’elle ne désire pas. Ils savent que leur argent rémunère les réseaux. Pourquoi ne devraient-ils être, à aucun moment, ni sanctionnés, ni interpellés sur leur part de responsabilité ? Certains sénateurs ont agité les cas des 10 % qui se revendiquent libres. Ces mêmes défenseurs du choix de se prostituer seraient les premiers à pâlir s’ils voyaient concernées leurs filles, leurs sœurs. Quel est ce métier prétendument libre qu’on ne souhaiterait jamais pour les nôtres ? Qui admettrait que la prostitution devienne un métier banal, enseigné ? Comment se passeraient les visites d’un inspecteur du travail ? Oui, le droit à disposer de son corps connaît des limites légales, il est interdit de commercialiser ses organes, de faire une GPA en France. Les modèles réglementaristes, eux, ont fait de leurs pays une destination privilégiée pour les réseaux puisque la demande y est légale. Lors de la Coupe du monde en Allemagne, des personnes prostituées arrivaient par bus entiers ! Le délit de « racolage passif », étrange oxymore, sous prétexte qu’il permet d’interroger les prostituées jetées en garde à vue, est une honte. Statutairement parlant, celles dont on ne cesse de rappeler qu’elles sont des victimes seront considérées comme des délinquantes, passibles de deux mois de prison ! Nous ne sommes pas dupes. Nos opposants veulent que la place des personnes prostituées reste à l’ombre des alcôves patriarcales prévues à cet effet, loin des trottoirs de la République, afin de protéger le plus vieux privilège des hommes dont le bon droit a tremblé. Nous nous battrons pour que soit votée à l’Assemblée nationale, au plus vite, une loi ambitieuse qui renforce la lutte contre les réseaux, dédie les moyens nécessaires pour financer les parcours de sortie de la prostitution, et responsabilise l’un des acteurs et des financeurs incontournables de ce fléau : le client.

http://www.humanite.fr/prostitution-lom ... les-570272
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Re: Prostitution

Messagede de passage le Sam 11 Avr 2015 14:41

Faut dire que les petits vieux du senat n'ont pas intérêt à valider un texte qui irait contre leurs petits plaisir ! :gerbe:
Pris sur http://blogs.rue89.nouvelobs.com/chez-s ... age-234429

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Re: Prostitution

Messagede pit le Dim 3 Mai 2015 18:19

Contre l’Assistance sexuelle pour les personnes handicapées :
Nous ne sommes pas des « indésirables »


Récemment, à l’occasion de la mise en place de la première formation d’assistant sexuel en France par l’association l’APPAS et de la sortie du film « Indésirables », le débat sur l’Assistance Sexuelle a été relancé, suscitant l’intérêt des médias.

S’il ne fait aucun doute que la vie affective et sexuelle des personnes handicapées est un sujet important, toutes les personnes concernées par le handicap sont loin d’être convaincues que l’assistance sexuelle est la meilleure réponse à leurs difficultés.

Au contraire, certains, comme nous, sont fondamentalement opposés à la mise en place d’un tel système auquel semblent pourtant souscrire beaucoup d’associations de personnes handicapées


I – Vie affective et sexuelle des personnes handicapées : des difficultés réelles et multiples

Il est vrai que de nombreuses personnes handicapées rencontrent des difficultés pour accéder à une vie affective et sexuelle du fait de certaines limites physiques et/ou psychiques.

Toutefois, il serait réducteur de croire que ces limitations fonctionnelles suffisent à elles seules à expliquer les obstacles rencontrés. En effet, les multiples barrières sociales qui nous mettent à l’écart de la cité jouent un rôle majeur dans ces difficultés.

Ainsi, il faut rappeler, d’une part, que la plupart des lieux potentiels de rencontre classiques, (bars, universités, restaurants, les lieux de loisirs) sont trop souvent impossibles à fréquenter car inaccessibles et/ou inadaptés.

D’autre part, que de nombreuses personnes handicapées vivent encore dans un milieu institutionnel qui restreint leurs libertés et leurs possibilités de rencontres.

A cette exclusion spatiale et sociale s’ajoutent des représentations stigmatisantes, notamment s’agissant de notre vie affective et sexuelle.

D’une façon générale, les personnes handicapées sont associées à tout ce que notre société abhorre et attache au malheur : la laideur, la dépendance, la maladie (voire dans le pire des cas la contagion).

Sur le plan sexuel, elles sont souvent envisagées comme asexuées ou impuissantes et, en tout état de cause, incapables de donner du plaisir, de vivre ou de partager une sexualité réussie ou épanouissante.

Les personnes handicapées vivent donc dans une société qui leur renvoie une image profondément dégradée d’elles mêmes et qui refuse de les envisager comme des partenaires sexuels potentiels et banals, et ce, tout handicap confondu.

De plus, leur vie affective et sexuelle est peu ou mal représentée dans les médias. Les couples de personnes handicapées ou mixtes sont, par exemple, quasiment absents et quand ils sont visibles, c’est le plus souvent pour les présenter comme des phénomènes rares ou incompréhensibles.

En plus de ces préjugés propres au handicap, les personnes handicapées subissent les stéréotypes d’ordre général sur la sexualité et les clichés liés à la féminité et à la virilité.

De cette façon, il est communément admis que le sexe est essentiel à l’épanouissement et que l’épanouissement sexuel est lié au physique ou à la santé.

Il est également convenu que la « virginité » est honteuse, qu’une personne belle, selon les critères esthétiques dominants, est considérée comme forcément performante sexuellement, que pour être beau et désirable, il faut répondre aux critères de beauté édictés par les médias qui raisonnent en termes d’âge, poids, taille, proportions idéales, mais aussi que le sexe est une performance qui s’analyse en termes de durée, de fréquence, de nombre d’orgasmes, et qu’il signifie forcément pénétration.

Autant de présupposés normalisants systématiquement véhiculés par les médias, la publicité, la pornographie qui ont des répercussions directes sur les personnes handicapées dont la sexualité ne peut trouver de place dans un cadre aussi étriqué.

Considérés comme repoussants ou désagréables, la seule réponse possible à nos difficultés serait selon certains l’assistant sexuel…


II – L’assistance sexuelle : une mauvaise réponse fondée sur des idées erronées

1- A titre préalable, il est assez surprenant de relever qu’à ce jour, l’assistance sexuelle demeure une proposition assez floue de la part des défenseurs quant à ses modalités pratiques de mise en œuvre.

En effet, de nombreuses questions se posent sans vraiment trouver de réponse.

Tout d’abord, en admettant qu’un tel système voit légalement le jour, qui en seraient les bénéficiaires ? Uniquement les personnes ayant un handicap physique ? Seulement ceux qui ne peuvent pas accéder à leur corps ou d’autres ? Quels seraient les critères ?

Si l’assistance sexuelle est ouverte à toute personne handicapée qui en fait la demande, y compris celles qui peuvent accéder à leur corps et se masturber seules, qu’est-ce qui justifierait qu’elle ne soit pas ouverte à d’autres personnes en souffrance sur le plan sexuel pour d’autres raisons que le handicap ?

L’insatisfaction sexuelle n’est pas réservée aux personnes handicapées et beaucoup de personnes dites valides pourraient, pour des raisons diverses, revendiquer une telle assistance.

Ensuite, jusqu’où iraient les assistants sexuels ? Peau à peau, massages, caresses, stimulation manuelle, utilisation de sex-toys ou pénétration ? Serait-ce une prestation sexuelle ou juste une forme d’érotisme tarifé ?

Enfin, les assistants sexuels prendront-ils en compte toutes les orientations et pratiques sexuelles des personnes handicapées bénéficiaires ?

2- Tout aussi problématique, l’assistance sexuelle semble supposer que les personnes handicapées seraient un groupe homogène avec une sexualité spécifique auquel elle serait la plus apte à répondre.

Or, il est plutôt douteux de parler « d’une sexualité des personnes handicapées » puisque, à l’instar des personnes valides, nous sommes tous différents et nos attentes sexuelles sont aussi diverses que variées.

3- L’assistance sexuelle est de surcroît amplement associée aux soins dont elle serait une sorte de prolongement.

Cette présentation des plus contestable sous-entend que la relation sexuelle avec une personne handicapée serait presque aseptisée et clinique. Elle s’inscrit dans une approche médicale et passéiste de la personne handicapée, occultant la dimension sociale qui fait obstacle à l’accès des personnes handicapées à une vie sexuelle.

Elle prétend également que les personnes valides, candidates à l’assistance sexuelle, doivent être formées spécialement pour avoir des rapports sexuels avec une personne handicapée, ce qui n’a absolument aucun sens.

Les gestes nécessaires au positionnement ou au déshabillage pour avoir des relations sexuelles n’ont rien de spécifique et de différent de ceux pratiqués par la plupart des auxiliaires de vie de personnes handicapées. Ils pourraient donc parfaitement relever de l’aide humaine classique pour ceux qui en auraient besoin et non pas de l’assistance sexuelle.

Qui plus est, la plupart des personnes handicapées physiques peuvent expliquer ces gestes à leur partenaire.

4- Par ailleurs, les liens entre assistance et sexuelle et prostitution sont évidents et soulèvent aussi de nombreuses interrogations.

De deux choses l’une :

– Soit l’assistance sexuelle serait payante et dans ce cas, elle ne serait qu’une « spécialité » au sein d’une « activité » qui existe déjà : la prostitution.


Il s’agirait en fait d’une prostitution adaptée, et même valorisante, presque rédemptrice car s’adressant à un public considéré comme particulièrement « indésirable », « intouchable », totalement rejeté sans cette solution.

Tout comme la prostitution, le système s’adresserait d’abord et avant tout aux hommes. Si nous ne nions pas qu’une demande féminine existerait probablement, elle serait résiduelle, comme pour la prostitution.

Les hommes handicapés qui appellent à l’instauration de l’assistance sexuelle font d’ailleurs le même raisonnement que les clients de prostitués : leurs (supposés) besoins sont irrépressibles et vitaux. Il doit y avoir un système leur permettant d’utiliser des femmes ou des hommes pour satisfaire ce besoin.

La plupart des femmes ou des hommes qui seront amenés à pratiquer l’assistance sexuelle le feront aussi pour les mêmes raisons que dans la prostitution classique, à savoir la contrainte économique.

Les bénéficiaires, majoritairement des hommes handicapés, auront donc « accès » aux femmes et aux hommes les plus précaires.

L’assistance sexuelle serait dès lors un système misogyne et archaïque de marchandisation du corps supplémentaire, mais considéré comme acceptable, qui demanderait de surcroît à être reconnu légalement et à titre exceptionnel.

Sur ce point, il faut noter que les défenseurs de l’assistance sexuelle envisageraient de demander qu’elle soit financée au titre de la prestation destinée à compenser les difficultés liées au handicap (PCH).

Nous ne pouvons souscrire à une telle idée car si le sexe est un désir, une liberté, ce n’est pas un droit. S’il venait un jour à être reconnu, il vaudrait pour tout le monde et pas seulement pour les personnes handicapées.

– Soit l’assistance sexuelle serait gratuite, ou rémunérée à titre symbolique, ce qui équivaudrait à une quasi gratuité.

Dans ce cas, il s’agirait d’un acte de charité, de bienfaisance. Les volontaires seraient persuadés de faire une bonne action qui les grandirait. Ils seraient prêts au « sacrifice suprême ».

Se poserait alors la question de la sélection et de la motivation des volontaires : si ce n’est pas pour gagner de l’argent, comment éviter que des personnes qui s’engageraient dans une formation d’assistant sexuel ne le fassent dans le seul but d’utiliser des personnes handicapées comme objets de leurs fantasmes sexuels ?

Certaines personnes mal dans leur propre sexualité pourraient chercher à se rassurer à travers nous. Ce qui n’a rien de valorisant et pourrait s’avérer dangereux…

Compte-tenu de tous ces éléments, nous considérons que nous sommes légitimes à nous inquiéter de la mise en place d’un tel système. S’il venait à s’imposer, il aurait de toute évidence un impact qui irait bien au delà de ses « usagers » ou « clients ».

Il est, en effet, à craindre que toutes les personnes handicapées qui évoqueront le désir de trouver un partenaire soient renvoyées vers l’assistance sexuelle, devenue la voie d’accès « adaptée. »

L’assistance sexuelle confortera inévitablement l’idée qu’un rapport affectif ou sexuel entre valides et personnes handicapées n’est pas « normal ».

Une fois de plus, il s’agira donc d’une réponse stigmatisante aux difficultés des personnes handicapées, qui ne fera qu’aggraver leur exclusion.

Elle ne permettra pas aux personnes concernées de reprendre confiance en elles mais les enfermera dans une sexualité de seconde zone, les renverra encore à la marge et à l’étrangeté, comme le font déjà les sites spécialisés et les agences de rencontres existants, réservés aux personnes handicapées ou à ceux qui veulent rencontrer exclusivement des personnes handicapées.


Conclusion

L’assistance sexuelle ne constitue pas une véritable réponse aux problèmes posés. Elle ne propose qu’une solution simpliste et conformiste qui permet de ne pas remettre en question le système de valeurs et les représentations en vigueur au sein de notre société, qui limite les possibilités d’avoir accès à une véritable sexualité.

L’assistance sexuelle ne va ni dans le sens de l’émancipation et de l’autonomie des personnes handicapées ni de leur libération sur un plan sexuel.

Si elle prétend proposer une vision avant-gardiste de la personne handicapée, force est de constater qu’elle s’inscrit à la fois dans la logique économique libérale qui fait de la sexualité un service commercial, dont elle nous propose d’être consommateurs, et dans une vision judéo-chrétienne qui place encore une fois la personne handicapée en objet de charité.

Elle place aussi l’accompagnant dans une situation à mi-chemin entre le prostitué et le bienfaiteur.

La sexualité devrait pourtant être libre et non marchande, impliquer de la réciprocité dans le désir et un échange égalitaire. Une réciprocité qui ne peut exister ni dans le rapport marchand ni dans le rapport caritatif.

A ceux qui soutiendraient que, faute de mieux, l’assistance sexuelle pourrait être mise en place comme une solution provisoire, nous répondons que le risque est trop grand qu’elle ne devienne la seule et unique réponse aux éventuelles difficultés des personnes handicapées.

A notre sens, pour améliorer les choses efficacement et durablement, mieux vaudrait :

Abolir la ségrégation sociale et spatiale que subissent les personnes handicapées, en s’engageant notamment dans la désinstitutionnalisation.

Favoriser l’éducation sexuelle sans tabou dès le plus jeune âge, notamment pour les personnes handicapées elles-mêmes afin qu’elles puissent reprendre confiance en elles et se concevoir comme des partenaires à part entière.

Déconstruire et réinventer les représentations du sexe, du handicap, des femmes et des hommes.

Développer les solutions techniques existantes qui pourraient aider les personnes handicapées dans leur sexualité.

Pour finir, nous affirmons avec force qu’il n’y a rien d’humaniste à entretenir une relation affective ou sexuelle avec l’un d’entre nous. Nous sommes désirables, nous sommes des partenaires potentiels à part entière, au même titre que les autres.

Elena CHAMORRO, enseignante, Mathilde FUCHS, militante associative, Lény MARQUES, blogueur, Elisa ROJAS, avocate.

https://auxmarchesdupalais.wordpress.co ... esirables/
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Re: Prostitution

Messagede Béatrice le Mar 19 Mai 2015 22:48

Wall Street va bien, la prostitution aussi

La prostitution peut-elle servir à mesurer l'économie ? En juin 2014, l'Insee avait refusé d'intégrer la prostitution dans le calcul de la richesse nationale française. Mais l'indicateur est peut-être pertinent pour mesurer la santé économique de Wall Street, selon le site de la chaîne de télévision américaine CNBC.

http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2015/ ... ion-aussi/
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Re: Prostitution

Messagede Béatrice le Lun 25 Mai 2015 20:06

« Et je suis écœurée de vous, les partisans de la prostitution ! » Huschke Mau, survivante.

Lettre ouverte aux partisans de la prostitution : « Vous m’écœurez

Après avoir lu une interview de la lobbyiste pro-prostitution Stephanie Klee, Huschke Mau, une femme sortie de la prostitution, en a eu assez et répondu ce qui suit : « Je suis l’une de ces prostituées volontaires si souvent vantées », écrit-elle. « Et je suis écœurée de vous, les partisans de la prostitution. »

https://ressourcesprostitution.wordpres ... urvivante/
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Re: Prostitution

Messagede pit le Sam 13 Juin 2015 18:31

Loi prostitution: les députés ne veulent pas céder sur la pénalisation du client

L'Assemblée nationale a une nouvelle fois voté vendredi pour la pénalisation des clients de prostituées, en adoptant en deuxième lecture la proposition de loi renforçant la lutte contre la prostitution. Ce texte, qui doit repartir au Sénat, supprime par ailleurs le délit de racolage passif, institué en 2003 par Nicolas Sarkozy et dénoncé par toutes les associations sur le terrain.

... http://www.huffingtonpost.fr/2015/06/12 ... 60300.html
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Re: Prostitution

Messagede pit le Dim 14 Juin 2015 19:42

La loi sur l’abolition votée à l’Assemblée nationale, communiqué de presse du Collectif National pour les Droits des Femmes

L’Assemblée Nationale a adopté ce matin vendredi 12 juin en seconde lecture la proposition de loi renforçant la lutte contre le système prostitutionnel. Elle a réintroduit dans le texte l’abrogation du délit de racolage et la responsabilisation-pénalisation du client que le Sénat avait retirées en mars dernier après avoir attendu un an et demi pour inscrire le texte à l’ordre du jour.
Le Collectif National pour les Droits des Femmes se félicite du vote de ces mesures fortes qui vont, espérons le enfin, concrétiser le positionnement abolitionniste de la France depuis des décennies.

Il s’élève en revanche contre le fait que les autorisations provisoires de séjour accordées aux personnes étrangères engagées dans un parcours de sortie de la prostitution ne soient que de 6 mois, à la discrétion du préfet, au lieu d’un an comme le texte de la commission le stipulait . Pouvoir reconstruire sa vie en France lorsqu’on est étrangère et qu’on sort de la traite et de la prostitution nécessite bien un an. Les vociférations du Front National sur l’immigration ne doivent pas entraver l’insertion de ces personnes en France.
Maintenant la proposition de loi doit retourner au Sénat. Nous saurons maintenir la mobilisation pour que l’inscription à l’ordre du jour soit rapide et que le Sénat ne remette pas en cause le travail effectué par l’Assemblée Nationale.

Collectif National pour les Droits des Femmes

http://www.collectifdroitsdesfemmes.org ... article437
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Re: Prostitution

Messagede Seven Dwarfs le Mar 30 Juin 2015 13:37

J'ai parcouru le bois de Vincennes* en long, en large et en travers tant à pieds qu'en VTT. Lorsque le champ de course fonctionne c'est blindé de prostituées en camionettes, j'ai vu de près la pauvre humanité qui fréquente ces deux lieux successivement pour rentabiliser le déplacement.

Je suis stupéfait du nombre de salons de massage chinois ou thaï qui ouvrent à Paris, plus de la moitié seraient des lieux de prostitutions.






*Le grand bois contigu à l'est de Paris, on y accède en métro et en bus
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Re: Prostitution

Messagede Béatrice le Ven 17 Juil 2015 20:11

Les revenus de la prostitution bientôt intégrés dans le calcul de la richesse nationale
viewtopic.php?f=10&t=1550&st=0&sk=t&sd=a&start=140#p103628

suite : ( avec un léger retard :confus: )

La prostitution pourrait doper la croissance d'un pays

Quand un client dépense de l'argent auprès d'une prostituée, il crée de la richesse. La Commission européenne encourage alors les pays à emprunter cette voie et à l'inclure dans le calcul de leur PIB.
:gerbe:

Cela a aussi des inconvénients. C'est l'aventure qui est arrivée l'hiver dernier à David Cameron. Il est sorti d'un conseil européen fou de colère. Vu que le PIB britannique a gonflé avec la prostitution prise en compte dans son calcul, il a dû donner plus d'argent au budget européen. Car on contribue à l'effort européen proportionnellement à ses revenus.


...

http://www.rtl.fr/actu/economie/la-pros ... 7778867533
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Re: Prostitution

Messagede pit le Mer 12 Aoû 2015 20:08

Amnesty International…Le nouveau meilleur ami de l’industrie du sexe
« Le Projet de politique sur le travail du sexe récemment publié par Amnesty International, pour considération de la 32e Réunion du Conseil International (RCI) de l’organisation à Dublin, du 7 au 11 août de cette année, est une farce au plan des droits de la personne.
... https://ressourcesprostitution.wordpres ... e-du-sexe/

Nouveau carton jaune à Amnesty International
LETTRE OUVERTE AU SECRETARIAT INTERNATIONAL D’AMNESTY
Cette lettre ouverte est adressée à Salil Shetty, Secrétaire général, Amnesty International, à Steven W. Hawkins, directeur exécutif, Amnesty International USA, et au conseil d’administration d’Amnesty International par Me Harriet Wistrich, avocate en droits de la personne, au Royaume-Uni
... https://ressourcesprostitution.wordpres ... rnational/

Lettre collective d’associations au Secrétaire Général d’Amnesty International
http://www.reseau-feministe-ruptures.or ... article997
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Re: Prostitution

Messagede Béatrice le Mar 18 Aoû 2015 19:03

Déclaration des survivantes de SPACE international contre la résolution d’Amnesty International

SPACE international s’oppose à la résolution d’Amnesty International visant à dépénaliser proxénètes et prostitueurs

https://ressourcesprostitution.wordpres ... rnational/

https://translate.google.fr/translate?h ... rev=search
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Re: Prostitution

Messagede Béatrice le Mer 19 Aoû 2015 22:01

Lettre ouverte des survivantes du CAFES ( Collectif d’aide aux femmes exploitées sexuellement ) à Amnesty International :
« Nous avons cru en votre volonté de faire de ce monde un monde meilleur »

" Écrit par Marie-Josée Michaud et Rose Sullivan, survivantes ayant « choisi » la prostitution, milité pour sa décriminalisation complète et changé d’idée devant l’évidence et l’horreur. "

https://ressourcesprostitution.wordpres ... -meilleur/
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