Travail social et travailleurs sociaux

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Messagede Nico37 le Dim 14 Fév 2010 21:58

"Ouvrir une école, c'est fermer une prison!"

"De l'argent pour l'éducation, pas pour la répression!"


Ces slogans sont tout simplement dégueulasses. Ils sont l'expression d'ordures qui défendent leur métier avant tout, et qui cherchent ainsi à défendre leurs parts de marché face aux flics, aux juges, aux psychiatres et aux matons.

Ils sont pourtant repris par les petits bourgeois syndicalistes qui rêvent de concilier paix sociale et capitalisme.

Bien sûr, mais ils ne les assument pas et se présentent comme "révolutionnaires" ou "progressistes" pour les moins grands imposteurs.

C'est à dire que ces agents disent vouloir "aider ceux qui sont dans la merde" alors qu'ils ne font que les remettre dans le bon chemin voulu par l'Etat bourgeois comme le démontre leurs slogans.

Pourquoi agissent-ils ainsi?

Les travailleurs sociaux savent qu'ils n'ont pas le choix s'ils ne veulent pas prendre le risque de perdre leur boulot.

Ils ont donc le choix?

Ils ont le choix si, et uniquement si, ils sont prêts à perdre leur statut social, à se retrouver à travailler avec les prolétaires qu'ils "forment" ou "reforment".

En général, ils ne sont pas prêts à le faire financièrement car ils ne veulent pas perdre leur petit confort égoïste. D'ailleurs, un éducateur qui enfreint les ordres de la bourgeoisie est vite éjecté.

D'où vient ce petit confort?

Les fonctionnaires vivent bien (même si de moins en moins) et s'ils vivent bien, c'est en grande partie parce que les prolétaires et les peuples du monde sont exploités. Ils vivent en fait de la plus value extorquée aux prolétaires de France ainsi qu'à ceux des colonies.

Il y a pourtant des travailleurs sociaux qui galèrent financièrement...

Oui! dans cette profession, on trouve aussi beaucoup de précaires, mais ceux qui sont en place et notamment les syndicalistes font tout pour que les travailleurs sociaux ayant des statuts précaires les suivent dans des luttes corporatistes plutôt que de les laisser joindre leurs luttes à celles des prolétaires que sont leurs clients.

Les travailleurs sociaux sont donc en général hostiles à lutter au côté des prolétaires pour des raisons économiques?

C'est un fait, mais il faut savoir que c'est renforcé par le côté culturel. En effet, la grande majorité des travailleurs sociaux n'est pas prête à mettre en jeu son emploi parce que les travailleurs sociaux ont souvent des parents profs, petits fonctionnaires ou appartenant à l'aristocratie ouvrière, qu'il sont suivis longtemps les cours des profs et que tous ceux-ci leur ont inculqué la pseudo supériorité du travail "intellectuel" sur le travail "manuel".

N'existe-t-il pas pour autant des mouvements de travailleurs sociaux qui aient lutté aux côtés de leurs clients?

Si, ce fut notamment le cas avec le GTIS mais ce ne fut pas sans risque et nous ne savons pas si, après autant d'années de corporatisme et la crise économique actuelle, des travailleurs sociaux sont prêts aujourd'hui à relancer un mouvement de la sorte. Si c'est le cas, ils pourront s'appuyer sur ce texte du GTIS.
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Re: Travail social et travailleurs sociaux

Messagede sebiseb le Dim 14 Fév 2010 22:41

Quand l'anti-corporatiste défend le corporatisme :roll:
Tu l'as déniché où ce texte complètement débile ?
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Re: Travail social et travailleurs sociaux

Messagede Polack le Lun 15 Fév 2010 00:03

Ben je ne le trouve pas totalement débile ce texte... et je suis travailleur social. Il tape à plusieurs reprises là où ça fait mal, les travailleurs sociaux sont des agents du système au même titre que les profs, les flics, les psy, les juges et les contrôleurs SNCF. Par contre là où il frise le ridicule c'est dans son côté caricatural. En fait il me fait l'impression d'un truc écrit trop vite sous le coup d'une sorte de colère, sans que le ou les auteurs se soient donné le temps d'argumenter et de donner à voir plus qu'un constat... constat balancé à l'arrache.
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Re: Travail social et travailleurs sociaux

Messagede sebiseb le Lun 15 Fév 2010 00:31

"Ouvrir une école, c'est fermer une prison!"
"De l'argent pour l'éducation, pas pour la répression!"

Ces slogans sont tout simplement dégueulasses. Ils sont l'expression d'ordures qui défendent leur métier avant tout, et qui cherchent ainsi à défendre leurs parts de marché face aux flics, aux juges, aux psychiatres et aux matons.

Introduire son texte en reprochant aux prof's, fussent-ils petits bourgeois, de vouloir ouvrir des écoles pour fermer des prisons - Puis, les traiter d'ordures, c'est pas simplement ridicule, c'est stupide ! Parce que ce genre de texte ne peut se fixer comme horizon que le microcosme anarcho-libertaire.

De plus, opposer prof's et travailleurs sociaux qui font un travail si ce n'est similaire, au moins complémentaire relève du manichéisme le plus simpliste - Et utilise les mêmes mécanismes de divisions de la société que les gouvernements le font pour asseoir leur pouvoir !
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Re: Travail social et travailleurs sociaux

Messagede Polack le Lun 15 Fév 2010 13:40

et au fait nico c'est quoi la source de ce texte ?
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Re: Travail social et travailleurs sociaux

Messagede Nico37 le Lun 15 Fév 2010 20:22

Je n'ai hélas pas la source originale (copié collé d'un forum), et c'est sûr que le texte n'est pas bien fin. Pour continuer (et enrichir) le débat :

Construire une école c'est construire une prison

« Qu'est ce que tu veux faire plus tard ? » Question récurrente que l'on entend partout, pendant ses études depuis la maternelle au supérieur. C'est une des premières informations que l'on nous demande après le nom/prénom: « tu fais quoi dans la vie, ça mène a quoi? » Comme si pour connaître quelqu'un il suffisait de savoir quelle place il occupe dans l'appareil productif. Si jamais tu ne sais pas ce que tu veux faire, tu est un sujet déviant « c'est pas grave tu as le temps, mais pense y c'est important... ».
Le travail représente un but, le sens que l'on donne à notre vie dans un monde ou tout ce qui pouvait encore nous permettre d'orienter notre vie a été systématiquement effacé. Ce que l'on nous a fait oublier, c'est que le travail n'est pas une fin en soi mais simplement le moyen de subvenir à ses besoins, de produire ce qui manque, de plier la nature à notre confort... Il perd toute sa valeur s'il n'a plus de but visible. Le travail a été érigé en religion pour les masses, pour des individus qui ne peuvent se construire et se définir qu'autour d'une activité professionnelle. On dresse les gens des le plus jeune age ne les habituant à des horaires de bureau, en occupant leur temps de manière structurée grâce à un emploi du temps, en sanctionnant les retards, les absences et le manque d'effort. Tandis que sont valorisé les connaissances « utiles », le zèle , la docilité.

Maternelle-École-Collège-Lycée-Faculté-Entreprise

Tout le système éducatif n'est qu'un dressage minutieux de l'individu pour le rendre productif.
L'éducation nationale n'est là depuis ses début, que pour embrigader et formater les enfants en vue d'en faire des citoyens dociles. Est-ce un hasard si les études furent rendue obligatoires 10 ans après la commune de Paris, dans une période où l'éducation populaire croissait en importance et permettait au peuple de construire ses propres savoirs et sa culture.
Est-ce un hasard si au collège comme au lycée, la première chose qui est demandée à l'élève en début d'année, c'est de signer le règlement intérieur? est-ce un hasard si tout manquement à la conduite de l'élève modèle est stigmatisée comme primo-délinquance? Entrainant tout un tas de mesures répressives qui préfigurent celles de la société. Des heures de colles à la prison, des calmants que l'on donne aux enfants hyperactifs ( notion assez vague où l'on classe tout enfant qui ne peux/veux pas rester assis toute la journée derrière son bureau à se faire chier ) aux antidépresseurs qui permettent aux adultes de voir la vie en rose, de l'exclusion d'un établissement scolaire à celui de la société ce n'est qu'une question d'age. Cette école qui évalue et surveille en permanence les élèves, qui les note en permanence les mettant en compétition comme sur le marché du travail, si t'as pas une bonne moyenne tu finiras dans l'enseignement technique... Si tu n'est pas sage ou que tu as des mauvaises notes c'est noté dans ton dossier et ça nuira a ton parcours scolaire.
L'école détruit l'enfant qui est en nous pour reconstruire un pseudo-sujet avec ses désirs formaté et son amour du conformisme. Cela en vue de fournir des salariés conformes aux attentes du marché du travail.


Le savoir est une arme!

Ce n'est pas un hasard si le gouvernement actuel envisage de supprimer l'histoire-géographie du cursus du lycée. Cette matière étant déjà enseignée d'une manière fortement orienté, en vue d'une présentation unilatérale du monde, où le capitalisme est source de tout les bienfait et la solution à tout les maux, et où l'histoire ne montre qu'un monde dont le capitalisme est la conclusion nécessaire et de loin la plus préférable. L'histoire n'est pas seulement un regard sur le passé, c'est aussi un regard sur le présent. Elle permet de replacer, de comparer le monde d'aujourd'hui avec ce qu'il a pu être, d'en comprendre les bouleversement parfois radicaux, et rend possible la projection dans l'avenir d'un monde différent.
Cette destruction du savoir, c'est aussi celle des savoir techniques, une uniformisation des connaissance et des fonctions dans l'entreprise en vue de rendre les ouvriers interchangeables et donc plus malléables. Là ou celui qui possédait une expertise technique gagnait en sécurité et pouvait faire valoir ses compétence face à son employeur, aujourd'hui le système éducatif a pour but de façonner des travailleurs-employés standards pour qu'ils maitrisent vaguement l'anglais et soient dotés de quelques connaissances « utiles » en informatique. Pourquoi certaines langues ont l'usage serait « inutile » ne ont plus enseignées alors que l'anglais est devenu quasi incontournable dans le parcours scolaire. Pourquoi apprendre aux élèves à se servir d'un traitement de texte et d'un tableur sous windows mais pas la programmation ou l'utilisation d'un système d'exploitation libre comme Linux, connaissances moins utiles d'un point de vue économique mais ô combien plus émancipatrices.




Nous voulons une éducation qui permette aux individus de se construire librement et selon leur besoins, et mettent en valeur le développement personnel plutôt que leur futur emploi. L'école telle qu'elle existe aujourd'hui en France aliène les individus, abrutit les masses et ne permet pas de se construire. Elle est organisée comme une prison ou une entreprise, et est-ce un hasard si dans certains établissements « sensibles » les élèves sont de plus en plus considérés comme une population qui abrite des éléments hostiles, entrainant la mise en place de dispositifs de contrôle (vidéo-surveillance, détecteurs de métaux...) et la présence de flics ( en dehors de l'équipe éducative bien sur...) dans et autours des établissements scolaires. L'école est a l'image de la société elle pue la merde, CPE=FLIC;PION=MATON;PROF=JUGE.
De la même manière qu'il faut détruire cette société pour bâtir sur ses ruines , notre monde. Il faudra détruire l'éducation nationale et reconstruire une éducation qui privilégie le développement personnel et ne laisse personne sur le carreau, une école basée sur la solidarité et la recherche du bonheur plutôt que sur la compétition et l'insertion professionnelle.

DE LA MATERNELLE A L'UNIVERSITE FAISONS RENDRE GORGE AUX FLICS DE L'EDUCATION !
PROFS ET ELEVES UNIS CONTRE LA SOCIETE DISCIPLINAIRE !

ET VIVE LE FEU...
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Re: Travail social et travailleurs sociaux

Messagede sebiseb le Lun 15 Fév 2010 20:44

L'article relève des points classiques dans la critique du système éducatif. Même si certaines annotations - comme l'utilisation de linux - agrémentent intelligemment l'argumentation.
Nico, j'apprécie pas mal les articles que tu nous balance sur le forum, mais ce serait bien que tu donnes systématiquement les sources (le lien).
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Re: Travail social et travailleurs sociaux

Messagede willio le Lun 15 Fév 2010 20:46

sebiseb a écrit:Nico, j'apprécie pas mal les articles que tu nous balance sur le forum, mais ce serait bien que tu donnes systématiquement les sources (le lien).


Ainsi que ton avis sur ce que tu postes, parce qu'on ne sait jamais si t'es pour, contre ou indifférent... :wink:
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Re: Travail social et travailleurs sociaux

Messagede fabou le Lun 15 Fév 2010 20:49

Ces articles sont sympa car ils soulèvent un point souvent inabordé chez les libertaire : le systême éducatif.

Quel est son rôle ? Inculquer la soumission à l'autorité (incarnée par le prof/surveillant) et faire ingérer le savoir indispensable pour "s'intégrer" au systême marchand (savoir compter son argent, écrire son CV, vendre, acheter, cultiver des ogm, fabriquer des voitures ... etc).
Bref, je ne vais pas m'étendre sur ce sujet que j'ai déjà pas mal développé ici.

Je trouve le texte de nico37 super !
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Re: Travail social et travailleurs sociaux

Messagede Nico37 le Lun 15 Fév 2010 20:51

Le 1er texte est hélas hors contexte car il n'y a rien sur son "contexte de production".
Le 2ème texte est déjà paru sur ce forum, donc j'ai voulu gagner du temps : http://groupeelectronlibre.blogspot.com ... chive.html
Enfin, ce que j'en pense n'a pas grand intérêt, c'est un forum anarchiste ou pas :?: Y a besoin de moi pour débattre :?: Ppfff ...
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Re: Travail social et travailleurs sociaux

Messagede sebiseb le Lun 15 Fév 2010 20:54

fabou89 a écrit:Ces articles sont sympa car ils soulèvent un point souvent inabordé chez les libertaire : le systême éducatif.

Tu débarques d'où :shock: ? C'est probablement un des point les plus abordé !
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Re: Travail social et travailleurs sociaux

Messagede willio le Lun 15 Fév 2010 21:08

Nico37 a écrit:Enfin, ce que j'en pense n'a pas grand intérêt, c'est un forum anarchiste ou pas :?: Y a besoin de moi pour débattre :?: Ppfff ...

C'est pas parce que c'est un forum anarchiste qu'on a tou-te-s le même avis sur tout, ça se saurait. :lol:
Ya pas besoin de toi ni de personne en particulier pour débattre, c'est juste une invitation à donner ton avis, pas la peine de s'énerver. D'ailleurs si tu postes un truc c'est bien pour dire quelque chose. Tant qu'à faire, autant que ton message soit clair et bien compris, d'où l'intérêt de préciser ce qu'on pense de ce qu'on cite. :wink:

Fabou, comme le dit sebiseb, ce thème est loin d'être oublié chez les anars (ya des trucs dans les tréfonds du forum d'ailleurs). Je trouve ce texte, comme certains autres qu'on a pu lire sur ce forum, bien trop manichéen ou en tout cas ne précisant pas assez de quoi il parle en mettant tous les profs/travailleurs sociaux dans le même sac. Vu de l'extérieur du milieu anar (et même dedans dans une moindre mesure), ce genre de trucs est à mon avis totalement compris de travers.
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Re: Travail social et travailleurs sociaux

Messagede georges le Ven 26 Mar 2010 22:41

willio a écrit:(...)Je trouve ce texte, comme certains autres qu'on a pu lire sur ce forum, bien trop manichéen ou en tout cas ne précisant pas assez de quoi il parle en mettant tous les profs/travailleurs sociaux dans le même sac. (...)


L'Etat et ses annexes (CCAS, CAF, Pôle Emploi, associations délégataires...) comptent sur toutes les petites mains plus ou moins zélées des assistants-es et travailleurs sociaux-les, agents-es Pôle Emploi pas encore suicidés-ées, employés-ées CAF flanqués-ées de leurs vigiles (et quand cela ne suffit pas ils appellent les flics)...et autres salariés-ées payés-ées pour gérer la vie des précaires, pour appliquer les dernières crapuleries du contrôle social.
De mon côté, ce sera toujours chômeur plutôt que contrôleur !

Sortir de sa misère... c’est d’abord s’attaquer à ceux qui la gèrent

Dans cette société, celui qui ne travaille pas (que ce soit un choix ou non) doit comprendre qu’il n’est rien, et que même la possibilité de s’occuper de sa misère matérielle et morale lui est retirée.


Pour que le système fonctionne, c’est à dire pour que la minorité d’ordures qui en profite continue à s’engraisser en exploitant tranquillement, il faut bien que les exploités n’aient ni le désir ni le temps de se révolter. Il faut bien que chacune de leurs journées soit encadrée, contrôlée, qu’ils reçoivent leur lot quotidien d’humiliations, de tracasseries et d’insultes, afin que le soir ils se sentent suffisamment minables et impuissants pour ne pas penser un seul instant à se venger et à sortir du cauchemar dans lequel les capitalistes nous plongent en permanence.

Le salariat permet à nos dirigeants d’amener à bon compte la majorité de ceux qui y sont astreints à cet état de désespoir passif. Pour les autres — ceux qui n’ont pas de patrons qui leur crachent à la figure toute la semaine — l’Etat et sa cohorte de valets font un excellent substitut.

Ainsi, si tu ne vas pas te faire humilier au boulot, on viendra chez toi te faire comprendre que tu n’es pour eux qu’une larve tout juste bonne à fermer sa gueule, à obéir et à mendier. Quand ce n’est pas l’assistante sociale de la CAF qui vient te réveiller, histoire de vérifier que tu ne te sois pas payé une Ferrari avec ton RSA, c’est un enfoiré d’huissier qui vient t’annoncer qu’une table et un frigo, plus la montre de ton grand-père, c’est encore trop de luxe. Après ce genre de réveil, il faudra affronter la mesquinerie et le sadisme de mille autres collaborateurs du pouvoir : du regard glacé du contrôleur au mépris des travailleurs sociaux, du paternalisme de l’Armée du Salut à la gifle du vigile du supermarché.

Jusqu’à quand ?

Car au fond, leur machine de soumission et de mort ne paraît invincible que tant qu’on a rien fait contre elle. Mais si on commence à s’attaquer même à ses rouages les plus infimes, on se rend compte que toutes ces petites pièces prises séparément sont vulnérables, que le grand monstre intouchable est en réalité fait de mille petites bêtes (fonctions, structures, bâtiments) à notre portée !

L’huissier qui t’as pris tes meubles peut se retrouver bien seul dans son cabinet avec ses piles de dossiers... un vigile un peu trop zélé n’est rien si tu décides d’aller chercher de quoi manger avec une dizaine de potes ! Bref, il suffit de réfléchir un peu, de s’organiser collectivement, de prendre quelques précautions, afin d’agir efficacement pour faire payer ceux qui nous pourrissent la vie ou leur arracher quelques richesses qu’ils nous ont volées.

Bien sûr, le système économique et social ne va pas changer du jour au lendemain parce que toi et quelques autres êtes passés à l’offensive. C’est en liant nos forces et nos luttes que nous nous donnerons les moyens de vaincre ce système dans sa globalité.

Qu’avons-nous de mieux à faire que détruire ce monde de merde et prendre notre revanche ?

Si ne plus courber la tête n’est qu’un petit geste, c’est le premier à faire pour cesser de ramper et se réapproprier un peu de sa vie...

CONTRE LES BOURGEOIS QUI S'ENGRAISSENT SUR NOS CÔTES

CONTRE LEURS VALETS QUI NOUS EMMERDENT CHAQUE JOUR...

ACTION DIRECTE ET COLLECTIVE
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Re: Travail social et travailleurs sociaux

Messagede Nico37 le Lun 3 Jan 2011 21:56

Change de taf !

Près de 2500 salariés de Pôle Emploi venus de toute la France ont manifesté mardi 9 novembre 2010 devant le siège de leur direction générale qui se trouve à la Porte des Lilas. Ils protestaient officiellement contre la suppression de 1800 postes avant fin 2011 (principalement des CDD et des départs non renouvelés) et la dégradation de leurs conditions de travail. Il s'agit de la plus forte mobilisation depuis la fusion ANPE-Assedic.
Autant dire que les suppressions de poste et les problèmes d'argent des salariés de cette véritable machine à humilier, à mettre les individus en concurrence, à punir les réfractaires au turbin, à gérer et à contrôler la misère, on en a rien à péter. Vous crèverez la gueule ouverte avant de susciter la sympathie de ceux sur qui vous vous livrez au chantage du travail et devant qui aujourd'hui, vous n'assumez pas vos responsabilités. Quoi de plus plaisant d'ailleurs, que lorsqu'une CAF, une agence de Pôle Emploi ou d'intérim se fait défoncer ses vitres, que lorsque ses agents se font démolir par des allocataires à bout de nerfs?

Pôle Emploi n'est qu'une boite dont l'utilité réside à la fois dans le contrôle des chômeurs et la pérennisation d'un chômage sous contrôle. Alors vos conditions de travail? Comment ne pas rire...

Changez de taf, ou arrêtez définitivement de travailler, après on pourra discuter.

Texte paru dans LUCIOLES n°1 http://luciolesdanslanuit.blogspot.com


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Re: Travail social et travailleurs sociaux

Messagede pit le Mer 17 Déc 2014 03:26

Travailleur social ou gestionnaire de flux ?

Au milieu du 19e siècle, à la montée du paupérisme, de cette misère extrême frappant les classes populaires, la bourgeoisie opposait la charité chrétienne, cette empathie des bien lotis pour les malheureux méritants.
A la fin du 19e siècle, la bourgeoisie éclairé comprit enfin qu'elle devait faire prendre en charge par l’État ceux qui trouvaient difficilement leur place au banquet du monde. Certes, des libéraux très ultra fustigèrent aussitôt un Etat envahissant et trop compatissant, refusant de voir émerger une fiscalité inévitablement inquisitoriale et confiscatoire mais leurs voix furent de peu de poids face aux risques que leur cynisme et insensibilité faisaient courir au capitalisme. Car c'est bien la peur du « rouge », de la Révolution, de la subversion qui poussa nombre d’États à soulager les maux provoqués par le capitalisme lui-même.

Au cours du 20e siècle, et surtout après 1945, le travail social se professionnalisa tout en s'émancipant idéologiquement du paternalisme autoritaire et du christianisme sermonneur. On comprit par exemple que s'occuper de jeunes en délicatesse avec la justice ou en rupture familiale imposait autre chose que la maîtrise de la matraque. L'éducateur spécialisé cessa d'être un garde-chiourme, et l'assistante sociale une dame-patronesse laïque...
Bref, depuis des décennies maintenant, des jeunes hommes et des jeunes femmes se forment aux différents métiers de l'intervention sociale à travers des cursus mêlant cours théoriques, pratiques et longs stages en immersion. La formation dure trois ans. C'est long, trois ans. C'est long mais nécessaire disent les formateurs qui considèrent que l'étudiant a besoin de ce temps, de ces expériences en milieu professionnel pour apprendre le métier, assimiler les mille-et-un dispositifs étatiques disponibles pour gérer la misère, mais aussi comprendre le monde tel qu'il est.
C'est trop long pensent certains technocrates pour qui le temps c'est de l'argent, et le pauvre, un élément d'une colonne de chiffres, une statistique. Du coup, ils ont cogité et ont pondu un projet qui en dit long sur leur vision de l'intervention sociale dans l'Europe libérale du 21e siècle. En étant évidemment schématique, je pourrais résumer leur position comme suit : un cursus de deux ans est suffisant pour former des exécutants des politiques publiques ; un cursus de trois ans est nécessaire pour produire des cadres, aptes à coordonner des équipes d'exécutants et à monter des dossiers de demandes de subvention, car l'intervention sociale est devenu un business comme un autre.
Que nous dit cette réforme ? Elle nous dit en somme que les travailleurs sociaux sont globalement trop formés pour les missions qu'on entend leur donner ; d'autant plus que ces missions sont à revoir puisqu'il ne s'agit plus d'aider ou de mettre sur les voies de l'émancipation les personnes vulnérables mais de les responsabiliser, autrement dit, dans le langage néolibéral, de les surveiller de près et de les punir s'il le faut.
Que nous dit cette réforme ? Que la logique comptable et technicienne est comme la gangrène : elle envahit tout ; que les travailleurs sociaux doivent être avant tout des gestionnaires de flux : flux de pauvres, flux de personnes vulnérables, flux de jeunes en déshérence, flux de surnuméraires à caser, corseter, normaliser. Si certains travailleurs sociaux s'épanouissent pleinement dans leur rôle de « socio-flics », la grande majorité refuse de voir leur métier disparaître ou plutôt de voir le patronat le transformer en simples compétences ; car le patronat se méfie de la notion de métier, qui renvoie à une grille de classification qui renvoie elle-même à une fiche de poste et à une convention collective à partir de laquelle un salarié peut connaître le montant de son salaire éventuel. Le patronat lui préfère la notion de « compétence », beaucoup plus floue.


Les travailleurs sociaux en poste qui pensent que cette réforme ne les concernera pas sont dans l'erreur. Ils s'en apercevront quand, pour un même emploi, ils seront mis en concurrence avec un « exécutant » formé en deux ans et payable of course au salaire minimum.
Le milieu du travail social a déjà beaucoup subi depuis une décennie. On lui reproche de coûter cher, de ne pas être rentable, de ne pas avoir fait encore sa mue idéologique, de ne pas avoir troqué son humanisme pour le rationalisme froid de celui qui pense que tout peut s'acheter et se vendre. La refonte des formations en travail social est une nouvelle étape de ce combat entre l'être humain et la techno-bureaucratie libérale.

A noter
Pour se tenir au courant des réflexions et des actions en cours, une adresse : http://avenireducs.canalblog.com/

http://patsy.blog.free.fr/index.php?pos ... re-de-flux
"Tu peux voter, pétitionner, débattre à la télé, ou gamberger sans te bouger, mais...C’est dans la rue qu'çà s'passe"
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Re: Travail social et travailleurs sociaux

Messagede pit le Dim 13 Sep 2015 13:24

Les travailleurs sociaux : entre bonne conscience et action politique

Dans les pratiques d’éducation populaire, on trouve du bon et du moins bon. A tel point qu’on peut parfois s’interroger sur les motivations de certaines et certains  : briller  ? se faire mousser  ? se croire au-dessus de la mêlée  ? Au risque de déplaire, il faut le rappeler ici  : l’éducation populaire c’est agir en égaux, avec humilité, et faire progresser notre conscience de classe.

Que l’on soit travailleur social ou enseignant, avoir un regard politique sur ce qu’on fait – et ce que l’on nous fait faire – est fondamental. Beaucoup de jeunes en formation d’éducateur imaginent vaguement qu’ils vont faire un travail altruiste, qui va contribuer à rendre la société meilleure.

Or, une fois l’enthousiasme initial retombé, les tensions et pressions subies te rendent vulnérable. D’une part, les groupes sociaux auxquels tu es confronté-e te considèrent, à juste titre, comme un collaborateur du système. Beaucoup cherchent la faille pour te faire craquer. D’autre part, la hiérarchie de ta structure, appendice de l’État, t’utilise comme pare-feu. Une fois ton énergie épuisée, le risque augmente de sombrer dans la résignation, le j’m’en-foutisme, l’opportunisme pour « sauver sa peau » voire la dépression.

Dans l’après-Mai 68, nombre de militantes et de militants se sont impliqué-es dans la création d’associations de quartier revendicatives et actives. Mais après 1981, la gauche institutionnelle au pouvoir a professionnalisé l’intervention sociale à coups de subventions. Elle se créait ainsi une petite armée de « médiateurs » censés défendre la paix sociale, tandis qu’en parallèle le néolibéralisme commençait à faire des ravages en termes de chômage et de misère.

Agir en parallèle, et en toute autonomie

Avoir une vision politique te permet de comprendre cela et de prendre du recul. Tu en arrives alors vite à la conclusion que – à de rares exceptions près –, ce n’est pas avec la structure dont tu es salarié-e que tu vas changer le monde, alors que sa mission première est de réguler les tensions sociales...

Il est en revanche possible d’utiliser son expérience pour développer en parallèle, et en toute autonomie, une action politique à l’échelle du quartier. Évidement, ce n’est pas facile. D’une part ta hiérarchie exige un devoir de réserve ; d’autre part les populations concernées peuvent, pendant un temps, ne plus très bien savoir où te situer…

Comment caractériser ces travailleuses et travailleurs sociaux qui n’ont pas renoncé à agir politiquement, de leur propre chef ? On peut les rattacher à la « gauche sociale », cette catégorie théorisée par Alternative libertaire il y a une vingtaine d’année pour l’opposer à la « gauche gouvernementale ». La gauche sociale, ce sont toutes et tous ces militantes et militants de terrain – syndica­listes, antiracistes, féministes, antifascistes… – porté-es sur la logique revendicative, la parole citoyenne et le contre-pouvoir. Les enjeux électoraux ne structurent pas leur activité, même si parfois ils ou elles peuvent encore nourrir des illusions sur les bienfaits d’un gouvernement de gauche.

La «  gauche sociale  » des quartiers

Où peut agir cette gauche sociale ? Une foule d’associations opèrent sur les territoires urbains mais, leurs buts et leurs missions sont variés, voire parfois... antagoniques. On peut en distinguer quatre types :
• les lobbys. Commerçants, amicales sportives, culturelles, de personnes âgées... Souvent apo­litiques – ou considérées comme telles par les élu-es –, leurs associations défendent leurs intérêts propres.
• les organismes caritatifs et humanitaires. Secours catholique, Secours populaire, Restos du cœur, etc. offrent avant tout des produits et des aides de première urgence.
• les associations du lien social. L’économie sociale et solidaire, les entreprises d’insertion, les régies de quartier, les associations d’éducation populaire ou de formation font partie de cette catégorie. Elles ont investi les domaines culturel, économique ou social.
• les contre pouvoirs militants. Groupes féministes, syndicats, associations de locataires, comités de quartier, organisations politiques, antiracistes ou antifascistes… Montées sur des dynamiques militantes, ils sont indépendants des institutions, sauf ceux qui sont inféodés à des partis gouvernementaux ou qui sont subventionnés.

Les militantes et les militants de la gauche sociale évoluent surtout dans les deux dernières catégories. Si le contre-pouvoir laisse toute liberté d’action, il n’en est pas de même pour l’association du lien social que sa dépendance aux subventions oblige à la réserve.

Rassembler un réseau militant

A la frontière du professionnel et du politique, l’activisme peut devenir un véritable parcours du combattant, et l’équilibre entre vie militante et vie privée un exercice compliqué. L’énergie et le temps dépensés vont souvent bien au-delà des heures ouvrables. Beaucoup s’épuisent devant l’ampleur d’une tâche militante peu gratifiante.

Pour ne pas rester isolé-e, il est vital de rassembler un réseau militant en capacité d’impulser des dynamiques collectives. Il faut regarder autour de soi afin de débusquer cette « gauche sociale » dans le quartier, et essayer d’y agréger les personnes qui se sentent concernées. Aussi ténu soit-il, ce réseau sera une ressource essentielle lors des mobilisations qui peuvent surgir – contre les violences policières, pour la défense d’un service public menacé. La grande difficulté sera alors d’initier des dynamiques collectives de la façon la plus autogestionnaire possible : sans accaparer la parole, ni la prise de décision.

Cependant, il n’y a pas qu’aux habitantes et aux habitants du quartier qu’il faut s’adresser, loin de là. Parmi les gens à conscientiser, il y a aussi… ses propres collègues. Beaucoup n’ont aucune conscience politique, tout juste une conception humanitaire de leur travail, avec la satisfaction du devoir accompli envers « les pauvres ». En cas de mouvement populaire sur le quartier, au lieu de s’en solidariser, ils et elles peuvent s’en tenir à l’écart par méfiance ou par incompréhension. La peur de se faire taper sur les doigts par la hiérarchie, liée aux pouvoirs publics entre aussi en ligne de compte. Bref, on se rend vite compte qu’il faut aussi œuvrer à l’organisation syndicale, pour élever le niveau de conscience et de solidarité parmi les collègues.

Dans les quartiers populaires, il est une autre catégorie de travailleurs et travailleuses qui ont une posture bien à eux : les enseignantes et enseignants. Les écoles maternelles et primaires sont souvent implantées à proximité ou au cœur des quartiers. Le hic est que les enseignants et enseignantes ont du mal à « sortir » de l’école, dont la centralité est au fondement de leur engagement. A quelques exceptions près, lorsqu’ils s’ouvrent sur le quartier, c’est avant tout en lien avec l’école.

Entre autonomie et dialogue avec l’État

Au sein de la gauche sociale, l’institutionnalisation crée un malaise récurrent, que le gouvernement soit de droite ou de gauche. Aux avant-postes pour constater les conséquences humaines des politiques néolibérales, les professionnel-les du secteur social sont souvent au minimum défiants vis-à-vis du fonctionnement étatique et, pour certains, radicalement critiques. Les pouvoirs publics en ont conscience, et redoutent quelque peu la confrontation avec ces militantes et ces militants qui ont une solide connaissance du terrain, et peuvent à l’occasion leur dire leurs quatre vérités.

Cette dichotomie induit des aspirations démocratiques diver­gentes. La gauche sociale peut être un appui pour les pratiques de démocratie directe, parce qu’au-delà de sa diversité, elle est attachée à l’idée qu’il faut redonner la parole aux habitantes et aux habitants, et la faire circuler. La libération de la parole, même si elle reste encore loin de l’élaboration et de la prise de décision collective, constitue une première étape vers la démocratie directe. Et rien que cela, souvent, tétanise les élu-es qui craignent pour leurs prérogatives.

Biquet (AL Toulouse)

http://www.alternativelibertaire.org/?L ... iaux-entre
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Re: Travail social et travailleurs sociaux

Messagede pit le Jeu 18 Aoû 2016 20:31

Illusions et désillusions de la participation des publics

L’objectif de la participation des usagers, des individus et des publics est durablement inscrit dans la culture institutionnelle et professionnelle des acteurs sociaux aujourd’hui. Pour autant, au fur et à mesure que cette institutionnalisation s’est « installée », nous avons remarqué une forme de désamour et une forme de désillusion par rapport à cet objectif vertueux.

Qui aujourd’hui semble croire encore que la participation des usagers pourra transformer réellement les réalités sociales vécues par les personnes et les groupes ? Et pour autant, comment pourrait on soutenir le contraire ?

Comprendre une désillusion suppose de s’intéresser à la genèse des choses et à ce qui dès le départ, pouvait clocher. En matière de « participation des publics », ce thème véhiculait dès le départ trois défauts originels, que l’on peut décliner ainsi :

Qui demande la participation ? En général ce sont curieusement les institutions et les commanditaires , voire les politiciens eux mêmes qui demandent une participation dont ils attendent un regain de légitimité et une plus value démocratique pour leurs propres actions. Cela pose évidemment problème et entache véritablement tout ce qui pourrait en découler. Quand la participation est « prescrite », peut-on en attendre autre chose que ce qui était déjà prévu ?
Dans le terme, « participation », il y a « partiel ». Le terme même de participation suppose l’inachèvement de ce que l’on se propose de mettre en œuvre. On ne participe jamais à la totalité d’une chose ; la participation concerne souvent des petites parties d’action, des volets préalables, des étapes antérieures ; en bref, … des restes.

Qui pilote la participation ? Enfin, le terme de participation suppose un guidage extérieur qu’on ne voit pas, qui n’est pas forcément dit ou clair.En bref, il y a toujours un pilote caché derrière tout processus dit de participation, un magicien d’Oz, un démiurge, en bref quelqu’un qui tire les ficelles. N’est ce pas contradictoire avec l’idéal démocratique que ce concept véhicule ?

En Pédagogie sociale, on pourrait facilement se faire accuser de n’être guère « participatifs » . En effet, comme chacun sait nos actions sont stables, régulières , organisées, assurées en quelque sorte que les gens y participent ou non. Nos ateliers de rue ne nécessitent aucune participation particulière ; ils sont au contraire la base sur laquelle toute participation devient possible.

En réalité, la Pédagogie Sociale envisage tout autrement la question de la participation ; celle ci ne peut en rester à l’état décrit plus haut. Ce qu’il s’agit de mettre en œuvre, ce n’est pas de la participation, mais de l’implication .

Et cette implication, qui n’est jamais assurée, devient possible par certaines caractéristiques de nos modes de travail et d’intervention.

Il s’agit , en particulier des principes suivants :

1/ La « clarté cognitive ». Toute participation qui serait véritable, qui permettrait une réelle implication, présuppose qu’on ait instauré une véritable clarté concernant non seulement l’action menée, mais aussi ses objectifs, ses raisons et ses moyens. On ne peut participer réellement qu’à quelque chose dont on comprend à la fois les buts et les processus ; cela suppose également que l’activité à laquelle on participe soit de même nature que le but poursuivi. C’est ce que l’on appelle « lsomorphisme » en pédagogie Freinet, c’est à dire la conformité des moyens vis à vis de fins poursuivies. C’est quelque chose de très simple, qui revient à reconnaître qu’on ne peut apprendre à être autonome qu’en étant déjà libre ici et maintenant ; il s’agit, en toute chose, de préférer une action directe, sans préalables, sans projets, sans plan, sans programme, sans pré-requis ( c’est ce que nous décrivons également comme un principe « d’inconditionnalité »).

2/ La pratique , le travail sont antérieurs à toute participation. On ne peut participer qu’à une pratique ; ce qui suppose que la participation portera toujours sur un travail effectif et concret ; il s’agit soit d’enrichir (produire) , soit de transformer (créer) son environnement. Or, que remarquons nous dans le domaine des pratiques sociales en usage, Les pratiques de participation sont le plus souvent limitées à des exercices verbaux , des réunions déliées de toute réalisation, des recueils d’avis ou de réflexions sur des abstractions.

3/ Le groupe, la communauté sont également antérieurs à toute forme de participation. Enfin la participation nécessite l’appartenance à une communauté, et d’abord il s’agit de le créer ; pour cela il faudra développer une identité collective (par le travail, la conscientisation, l’expression et la durée).Ce groupe en lui même nécessite de la stabilité (qui repose sur une asymétrie initiale des implications) et une discipline . La discipline doit pouvoir être construite et appréciée comme ce qui permet au groupe de se réaliser lui même.

L’erreur est que nous avons souvent l’image d’une forme de participation qui supposerait que tout travail collectif serait déjà réalisé avant même de le commencer. C’est une illusion positive. On conçoit le système pour des individus autonomes et fictifs, déliés entre eux et déjà déterminés , autonomes et convaincus.

Or le véritable travail social nécessite de partir de la réalité qui est en général aux antipodes pour justement , la transformer.

http://www.questionsdeclasses.org/?Illu ... es-publics
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Re: Travail social et travailleurs sociaux

Messagede pit le Lun 24 Oct 2016 12:12

Droits des réfugiés : la mauvaise foi des services de l’État

Entretien avec une travailleuse sociale

Dans la plupart des discours politiques, les migrants sont présentés comme des clandestins voire des délinquants ne respectant pas l’intégrité du territoire français. Entrés sans droit, ils n’auraient pas de droits. L’usage du terme « jungle » pour qualifier les campements de migrants signifie bien qu’ils ne sauraient être traités comme des humains. Évidemment, cette vision oublie volontairement les conditions de leur arrivée en France : guerres conduites par les États occidentaux, pauvreté, faim et répression politique. Elle fait également l’impasse sur les droits que, malgré tout, les migrants et notamment les demandeurs d’asile peuvent faire valoir. Car ils ont des droits. Loin des caméras et des gesticulations politiques, les réfugiés ont alors affaire avec une réalité méconnue et pourtant bien souvent aussi inhumaine : les services de l’État. Dans l’entretien qui suit, Alice, travailleuse sociale dans une association parisienne accueillant les familles réfugiées, décrit les conditions d’accueil et de prise en charge des réfugiés. Plongée dans un dédale administratif où la pauvreté des moyens n’a d’égale que le peu d’empressement à faire appliquer et respecter le droit des migrants.

... http://terrainsdeluttes.ouvaton.org/?p=6032
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Re: Travail social et travailleurs sociaux

Messagede pit le Mar 17 Jan 2017 01:10

Jeudi 19 janvier 2017 à Paris

Débat avec Laurent Ott « La rage du social. »

Rencontre et débat avec Laurent Ott pour son livre La rage du social (Editions du monde Libertaire)

19h30, Publico, librairie du Monde libertaire, 145 rue Amelot, Paris 11e

Le travail social est aujourd'hui en crise comme tous les secteurs et toutes les institutions. C'est en dehors des institutions, des structures, et des pratiques traditionnelles que s'invente, ou s'inaugure jour après jour, le travail social de demain.

Celui-ci expérimente d'autres modalités d'intervention : le travail hors cadre et hors institutions au plus près des publics et des groupes marginalisés. Bien que minoritaires et précarisées, ces expériences existent et se répandent. Elles appellent l'ensemble des acteurs éducatifs et sociaux, au delà des cloisonnements (professionnels / usagers), ou par secteur (l'Ecole, l'Education populaire, l'Education spécialisée) à s'approprier leurs pratiques, leurs terrains et l'ingénierie de leur intervention.

Les textes réunis dans ce recueil sont directement liées aux pratiques concrètes qui les inspirent. Ils sont écrits par un seul auteur mais s'inspirent d'une expérience plurielle et collective. Ils traitent des questions vives de l'intervention sociale et éducative dans une perspective engagée.

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