Violence policière - violence d'Etat

Violence policière - violence d'Etat

Messagede Zoom le Mer 22 Oct 2014 11:20

Conférence/débat contre les crimes policiers

Alternative libertaire et le collectif Angles morts coorganisent une réunion publique autour du livre Permis de tuer : chronique de l’impunité policière (Syllepse, 2014).

Cet ouvrage revient sur les mobilisations de ces dernières années contre les crimes racistes et sécuritaires. Y témoignent des militants du MIB, des proches des victimes, Mathieu Rigouste, Mogniss Abdallah etc.

Jeudi 23 octobre à 19h à la librairie Libre Ère, 111 boulevard de Ménilmontant, Paris 11e.

Outre Alternative libertaire et Angles morts, interviendront Amal Bentounsi (d’Urgence notre police assassine, sœur d’Amine Bentounsi tué à Noisy-le-Sec en 2012), Farid El Yamni (frère de Wissam el Yamni, tué à Clermont-Ferrand en janvier 2012) et Mogniss Abdallah (Agence Im’média, collectif pour Akim Ajimi).


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Re: Violence policière - violence d'Etat

Messagede pit le Dim 23 Nov 2014 16:40

Violence et mensonges

Face à un gouvernement qui utilise la violence et le mensonge pour administrer le désastre, des êtres refusent la passivité : offensifs sans être agressifs, ils utilisent leurs droits à la légitime défense contre l’oppression.

« Du mensonge à la violence »… à la violence du mensonge.

« Il est décédé, le mec ! Là, c’est vachement grave… Faut pas qu’ils le sachent ! » Les récits des auditions des gendarmes laissent penser qu’il s’agit d’un état de guerre. Une guerre entre des militaires et des manifestants armés de pierres. En trois heures, ce sont 237 grenades lacrymogènes, 38 grenades GLI F4 [1], 23 grenades offensives F1, 41 balles de défense avec lanceur de 40 × 46 mm, qui ont été lancés vers les manifestants. David contre Goliath. Rémi contre l’Etat.

La mort d’un militant écologiste qui s’opposait au projet de barrage du Testet a suscité bien des commentaires et des enquêtes pendant deux semaines. Le président de la république dans son show télévisé a pu éluder toutes les vraies questions en évacuant celle sur la mort de Rémi Fraisse dès le commencement de son émission. Belle manœuvre. Sur le lieu du barrage, alors que la préfecture avait promis que ce rassemblement se déroulerait sans présence des forces de l’ordre, elles étaient là et elles furent violentes. C’est corroboré en partie par ce témoignage : « Je tiens à préciser que le préfet du Tarn, par l’intermédiaire du commandant de groupement, nous avait demandé de faire preuve d’une extrême fermeté vis-à-vis des opposants par rapport à toutes formes de violences envers les forces de l’ordre », rappelle le lieutenant-colonel L. On a caché la mort de Rémi, on a masqué l’origine de sa mort pour contenir une réaction trop forte. On sait qu’avec le temps…

A l’ORTF, rien n’avait été dit, sauf que la contestation serait condamnée dès qu’elle s’avérait violente. On allait la rendre visiblement violente. Ce ne fut pas difficile. On parla de black blocks, de casseurs, comme au temps de Pasqua pour Malik Oussekine. A ceci près qu’en 1986, des millions de jeunes défiaient le pouvoir. Devaquet démissionnait. Pasqua restait. Le pouvoir comme à son habitude séparait les bons des mauvais manifestants, les casseurs des rues dont certains étaient des flics apparaissaient comme des barbares, et la masse effrayée restait chez elle rongeant son frein, adoptant la vision d’en haut pour ne pas se dédire.

On ne parla pas des grands projets inutiles ou de la raison d’être d’un Center Parc en Isère, on n’évoqua pas l’utilité d’un barrage, de ce qu’il nie et qui ne reviendra plus. On parla zones franches sur un ton badin, entrepreneuriat, petites ficèles que chacun tire dans son coin pour le plus grand soulagement du chacun pour soi. Badinguet continuait son numéro avec une nouvelle tête plus carrée et un visage de robot.

Aujourd’hui, si on n’a pas encore peur de descendre dans la rue pour protester, on reçoit avec la bénédiction des médias son hostie en lacrymogène. Rester au bas de sa tour dans une cité peut vous conduire droit au cimetière ; en prison si vous étiez grimés dans un carnaval à Marseille, à l’hôpital avec une perte d’un œil si vous étiez en manifestation à Montreuil ou à Nantes. Encore à Blois la semaine passée. Et être arabe à Clermont-Ferrand vous envoyait direct à la morgue. La mort fait peur et la police sert à ça. Faire peur et faire en sorte que la population se solidarise avec le plus fort. On dirait que cette manie a déjà porté ses fruits. Nous dissuader d’aller dans la rue, et se payer sur nos corps. On peut avoir peur mais on ne peut être lâche. Il faut donc trouver les moyens de rester ensemble.

Contenir l’émotion populaire

Et voilà l’affaire Jouyet qui nous arrive dès lundi matin avec l’habituelle ronde des petits cochons qui se tiennent la queue, de BFM à Libé. L’affaire Jouyet c’est à peu près rien sur l’échelle de l’Histoire, tout au plus une embrouille entre deux clans du pouvoir. Mais ça tombe bien pour changer l’air chargé de souffre, ce petit courant d’air qui permet à tout le monde de regarder ailleurs. L’affaire Nabilla n’avait pas suffit. La rubrique criminelle était déjà pleine. François Bayrou demande la démission de Jouyet. Il n’y a aucune raison de demander celle de Cazeneuve. On reste entre amis.

Le gouvernement est de plus en plus illégitime. Ce n’est pas l’effondrement des sondages qui nous le dit mais ce sont les parents d’élèves de Marseille ou de Seine Saint Denis, les postiers des Hauts-de-Seine ou Serge Reynaud à Marseille jugé pour refus d’obéissance, les lycéens de partout, les administrés de Champagne ou de Bretagne, les licenciés de Continental ou les Moulins Maurel, ceux de Picardie ou d’Aquitaine. Et ce sont encore les occupants de Notre-dame-des-Landes et les refuseurs de la ferme des Mille-Vaches. Partout et toujours des résistants, c’est-à-dire des êtres refusant la passivité, offensifs sans être agressifs, qui utilisent leurs droits à la légitime défense contre l’oppression.

Combien de Carcenac ?

Excusez-nous, mais ce qui nous préoccupe ici, c’est non seulement, que nous ne voulons plus qu’il soit possible qu’on nous arrache un œil parce que nous allons dans la rue, qui restera au peuple tant qu’il saura y demeurer, parce que nous voulons qu’on cesse de nous imposer des projets porteurs de mort et d’esclavage, de la ferme des Mille-Vaches au Testet, de Notre-dame-des-Landes au Val de Suza, et parce que nous voulons que les dirigeants paient quand ils trichent, quand ils mentent, quand ils commandent la mort : Cahuzac est démasqué mais libre, Carcenac est démasqué mais libre, Ayrault et d’autres dont la litanie nous exaspère, sont libres. Les nôtres sont blessés ou morts. D’autres comme Marco Camenisch crèvent en prison.

Résistance

Des assemblées populaires naissent dans tout le pays face à cette absence de démocratie. Elles sont des lieux de dialogue face à la force des pouvoirs constitués. Si elles existent c’est que des gens pris dans l’étau des nouvelles formes managériales exigés dans leur travail, ne supportent plus cette existence, c’est que des chômeurs rejetés par les mêmes formes ne savent plus où exprimer leur mécontentement, c’est que des usagers prennent peur quand les guichets de la CAF ou de l’Hôpital sont fermés, quand l’école disparaît faute d’enseignants. Ce sont évidemment toutes des mamies Khmers Verts qui veulent conserver un bout de quartier, une once de verdure, ce sont ces djihadistes de 60 balais qui n’ont pas envie que ce qui reste de terre soit bitumé ou qu’on rallume l’éclairage public dans des petites villes entièrement mortes. C’est Fred, l’ex-militaire et ex-boulanger dont le renversement est complet : « Les politiques ont peur de nous, et ils ont raison, car on les remet en cause dans leur pratique du pouvoir. » Pacôme Thiellement se demande qui écrira le Poème du Management et de la Mort : « On meurt dans la langue aplatie des ministres et des hommes d’affaires, des technocrates et des chroniqueurs télévisuels. Une langue que tout le monde parle, mais que personne n’écoute. »

En 2012, Gilbert Bordes signait un roman nommé Barrage où il raconte un projet de barrage en Corrèze qui date de 1911. Dialogue :

« — Et les écologistes ? Il paraît qu’ils prévoient une manifestation dimanche prochain ?

— Des emmerdeurs dit Belmas. (…) On va les mettre au pas eux aussi. »

Pas un département où des citoyens de toutes obédiences, des retraités paisibles ou des familles tranquilles ne contestent des projets faits sans eux. Souvent contre eux. Pas une région du monde où l’on ne s’oppose pas à une multinationale. A Marseille, c’est un parc qu’on supprime pour ériger des immeubles, à Lussat dans la Creuse, on rouvre une carrière pour extraire de l’or, des lignes de TGV sont contestées au moins dans trois régions, les incinérateurs de Clermont-Ferrand et de Fos-sur-Mer empoisonnent l’atmosphère de milliers de rurbains, une autoroute à la Réunion plongera l’économie de l’île non seulement dans le rouge mais dans la mer. A Bure on enterre des déchets nucléaires. Décharges, autoroutes, barrages, mines, supermarchés, le béton est partout et l’humanité étouffe. On lui envoie des lacrymogènes pour respirer. Même quand on est « écolo », on se retrouve à se battre contre des gares ou des trains tant les infrastructures semblent étudiées dans le seul but de passer des marchés avec le BTP ou le nucléaire.

Internationale du béton

L’urgence climatique c’est l’urgence d’en finir avec un capitalisme qui détruit tout avec la complicité des mêmes appareils, des appareils aussi infime que le conseil général du Tarn où tout se décide en famille depuis trop longtemps, et sans contestation. Des appareils comme Vinci, Alcan, Cominor. Des trusts et des multinationales puissantes. Elles travaillent contre nous, qui ne sommes même pas une Internationale et avons contre nous une encyclopédie de nuisances. Ces nuisances se répondent mais ne nous unissent que lorsque nous faisons entendre une même voie pour les désavouer.

Christophe Goby

P.-S.
Dans le livre de Bordes, un des protestataires chassés par les CRS a cette phrase : « Nous n’abandonnerons jamais ! Ne l’oubliez pas ! »

Notes
[1] Les grenades GLI (Grenade Lacrymogène Instantanée) est une grenade offensive, ne pas la confondre avec l’OF F1, désormais temporairement interdite suite à la mort de Rémi Fraisse.. Pour plus d’informations sur l’armement de la police et de la gendarmerie, voici un document récapitulatif.

http://larotative.info/violence-et-mensonges-688.html
"Tu peux voter, pétitionner, débattre à la télé, ou gamberger sans te bouger, mais...C’est dans la rue qu'çà s'passe"
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Re: Violence policière - violence d'Etat

Messagede robin le Dim 23 Nov 2014 19:35

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Contre la violence de l’Etat : s’organiser, et contre-attaquer !

Le 25 octobre, Rémi Fraisse, opposant au projet de barrage dans le Tarn, a été abattu par l’un des bras armés de l’État français. Comme dans les luttes contre le Grand Paris ou l’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, il s’agit de lutter contre des grands projets, impulsés de concert par l’État et les grandes entreprises qui y voient une manne financière juteuse. La résistance inattendue et exemplaire qui est menée fait paniquer l’État, qui réplique en augmentant le niveau de répression.

Des quartiers aux manifs, maintenir l’ordre social

La mort de Rémi est la conséquence logique et inévitable des méthodes de « maintien de l’ordre » (l’ordre social) qui sont développées contre les mouvements populaires. Dans une période où nos conditions d’existence s’aggravent toujours plus, contenir les révoltes populaires devient une nécessité pour l’État, quel qu’en soit le prix à payer. La violence d’État contre la rue s’assume de mieux en mieux et la semaine qui a suivi la mort de Rémi en est la preuve : un œil crevé (un de plus) à Blois, un nez arraché à Nantes, des coups de pression aux organisateur-ice-s de manifestations, un dispositif militaire et des centaines d’arrestations arbitraires à Paris.

Ces techniques de maintien de l’ordre sont expérimentées depuis plus longtemps déjà dans les quartiers populaires, là où se concentrent ceux qui n’ont pas la bonne couleur de peau et/ou les bons noms et/ou les bons papiers, la bonne langue pour eux. Les révoltes de 2005 et de 2007, notamment, ont été l’occasion de perfectionner les armes de la police et de l’armée. Et les noms des nombreux morts par la police expriment bien le caractère profondément raciste du système policier.

Le meurtre de Rémi est une étape supplémentaire, qui rappelle l’assassinat de Vital Michalon en 1977 ou celui de Malik Oussekine en 1986. C’est l’ordre républicain qui s’exprime dans ces actes réguliers, rien de plus ni moins.

L’État est notre ennemi

Dans les ghettos de la République comme dans les manifestations, l’État est notre ennemi. Quand nous n’avons pas la bonne couleur de peau comme quand nous nous opposons à ses sinistres projets, l’État est notre ennemi. Sa police, sa justice, ses lois travaillent contre nous. Et cela ne pourrait jamais changer.
La seule chose a espérer dans l’immédiat, ce sont des aménagements partiels gagnés en imposant un rapport de force suffisant, dans la rue notamment. Mais il nous faut garder en tête que le désarmement de la police ou la démission du ministre de l’Intérieur et du gouvernement ne sont que des mesures provisoires. La seule façon de faire cesser les violences de l’État, c’est de le détruire et de le remplacer par la libre association d’assemblées de quartiers, de villes, de régions et la mise en commun des moyens de production et d’échange.

Comment s’organiser contre l’État ?

Il nous faut développer l’autodéfense populaire. Pas seulement en s’équipant pour affronter les forces répressives, mais aussi en organisant la solidarité de classe là on y vit, habite ou travaille. En rencontrant les gens autour de nous, en s’organisant contre nos problèmes (et nos ennemis) communs, que ce soit pour les papiers, le logement, le travail (salaires et conditions), contre le contrôle (de la RATP, de la CAF, de Pôle Emploi, du patron, des flics…). Ensemble, on est plus fort-e-s !

Paix à toutes les victimes du fascisme et de l’État !
Contre l’État sous toutes ses formes, construisons l’autodéfense populaire et la solidarité de classe !

Violences fascistes

La montée des violences policières coïncide avec la montée du fascisme et de l’extrême-droite. Coïncide ? A vrai dire, c’est plus qu’une coïncidence. Le fascisme imprègne largement et de plus en plus les forces de police et de gendarmerie. Et il n’est pas rare que les groupes fascistes qui violent, battent ou tirent sur les militant-e-s soient (en lien avec) des flics. Raison de plus pour ne pas se faire d’illusions à leur sujet !
Leurs grossières tentatives d’infiltrer la lutte du Testet ne doit pas non plus nous induire en erreur : le fascisme est à combattre, partout et quelque soit la couleur de son uniforme !

Violences patriarcales

La violence de l’État s’exprime aussi de façon particulière sur les femmes. En particulier, les difficultés à porter plainte en cas harcèlement, d’agression sexuelle et de viol protègent les hommes violents et doivent donc être considérées comme des violences d’État contre les femmes. N’oublions pas non plus que les policiers ne sont pas les derniers à agresser et violer des femmes. Les femmes prostituées et/ou trans et/ou non-blanches sont parmi les plus touchées par ces violences d’État.
Le 25 novembre, journée contre les violences faites aux femmes, sera l’occasion de manifester notre colère contre ces violences d’État.



http://cgalyon.ouvaton.org/spip.php?article68
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Re: Violence policière - violence d'Etat

Messagede Zoom le Mer 3 Déc 2014 04:15

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Re: Violence policière - violence d'Etat

Messagede Zoom le Ven 5 Déc 2014 02:08

Rémi Fraisse, un crime d’État

Le meurtre de Remi Fraisse est un crime d’Etat qui s’inscrit dans une gestion terroriste de la contestation. Retour sur la situation à Toulouse.

Qualifier ce meurtre de crime d’État ne renvoie pas seulement aux conditions dans lesquelles celui-ci a été commis. Il est question aussi de son traitement politique. On sait que le gouvernement a menti  [1] : les gendarmes ont su tout de suite qu’une grenade avait tué Rémi Fraisse. Ce qui n’a pas empêché la préfecture puis le ministère de l’intérieure d’évoquer un « corps découvert » comme si les raisons de la mort n’étaient pas évidentes. Espéraient-ils pouvoir masquer les causes du décès  ? Certainement. La phase suivante consistait donc à légitimer ce meurtre. Cazeneuve déclarait ainsi que «  sans les casseurs Rémi Fraisse ne serait pas mort  ». Négation des faits, négation des responsabilités et désignation des victimes de la répression comme auteures de celle-ci : tous les ingrédients du crime d’État sont réunis.

Briser la contestation

Ce meurtre suscite la colère et des manifestations sont organisées. Que fait le gouvernement ? Il réprime. Mais au-delà, il s’agit de maintenir l’ordre dans un contexte de politiques d’austérité et d’éviter à tout prix une extension de la contestation. A Toulouse une manifestation est organisée le 1er Novembre. Des contrôles de police ciblés ont lieu dans le métro, un hélicoptère survole le centre-ville et un impressionnant dispositif policier est mis en place. Inévitablement, en empêchant les gens de manifester, la police fait dégénérer les choses : gazage, matraquage, arrestations. La même tactique est mise en place le 8 novembre mais cette fois avec une «  préparation psychologique  » la police passe dans les commerces pour dire que «  ça va être chaud  », le métro est fermé, la préfecture interdit la manifestation en évoquant des «  caches d’armes  ». La stratégie de la police et du gouvernement est claire  : étouffer la contestation en faisant peur et couper les contestataires de la population à travers une propagande, abondamment relayée par la presse, stigmatisant les «  casseurs  » en opposition aux «  bons manifestants  ».

Refuser la division policière

Cette stratégie connaît son apogée lorsque le 22 novembre la préfecture réussit à imposer un parcours de manifestation le matin, distinct du rassemblement prévu initialement à 15h par le collectif Zad31. Un collectif d’organisation tombe dans le piège (Front de Gauche, NPA, FSU, Solidaires, etc.). Cette division permet une légitimation de la répression du rassemblement de 15h. Ce dernier qui a regroupé près de 1 500 personnes contre 400 le matin a été une nouvelle fois violemment réprimé. Espérons que les « organisations du matin » retiennent la leçon pour les prochaines fois et comprennent une bonne fois pour toute que la division «  casseurs  » / «  gentils  » est une stratégie qui obéit à des fins policières.

Tristan (AL Toulouse)

[1] Voir l’article d’Alexandre Pouchard et Delphine Roucaute « Mort de Rémi : une communication officielle parcellaire », Le Monde du 14/11/2014.

http://www.alternativelibertaire.org/?R ... ime-d-Etat
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Re: Violence policière - violence d'Etat

Messagede pit le Lun 2 Fév 2015 13:30

Stratégies de peur et de mort pour imposer le projet libéral

L’assassinat de Rémi Fraisse, on le sait, s’est produit au terme de 8 semaines d’un conflit direct et violent entre les opposants et les autorités, le Conseil général du Tarn et la chaîne de pouvoir du maintien de l’ordre (préfet, procureur, ministère de l’intérieur). Une présence policière quotidienne massive a été instaurée à partir du 1er septembre pour protéger le chantier de déboisement et de destruction de la zone humide. De ce jour, les violences policières n’ont cessé de se déchaîner à chaque fois que les caméras de télévision avaient quitté les lieux : flash ball, grenades lacrymos à tirs tendus, interpellations musclées… mais aussi destruction des tentes et des cabanes, incendie à l’essence des affaires personnelles des zadistes. A ce jour, plus d’une vingtaine de plaintes ont été déposées contre les forces de police.

Face à cette volonté de casser physiquement la résistance au barrage, face à l’avancée rapide des travaux, face à un rapport de force « militaire » inégal sur le terrain, les opposants décident plusieurs semaines à l’avance d’appeler à un rassemblement sur un week-end entier, avec débats, pièces de théâtre, ateliers, spectacles… Celui-ci rassemble environ 6000 personnes venues pour l’essentiel du grand sud-ouest mais avec pas mal de monde de tout l’Hexagone voire au-delà, et beaucoup de jeunes.

La police devait être absente de la vallée, du point de rassemblement jusqu’à la limite aval du chantier, distante de 2 km environ. Or c’est là que l’État a concentré des forces de Gendarmerie mobile, officiellement pour protéger… une remise de type Algéco incendiée la veille et un grillag La veille du rassemblement, les engins de chantier avaient été déménagés du site et seul un groupe électrogène laissé sur place a été incendié le vendredi soir. (sur la situation de la lutte, voir article « Le Testet, chronique d’une mort annoncée »)

La construction du discours de l’État.

A la suite de la mort de Rémi Fraisse, l’actions répressive a été légitimée par un discours fait de mensonges et d’omissions. Cela se passe en trois temps. D’abord, en essayant de cacher ce qui était arrivé, puis en essayant de criminaliser la victime, ensuite en tentant de faire passer cette mort comme purement accidentelle.

- Les conditions de la mort ont été escamotées. Pendant les première 24 heures, la communication des autorités (procureur et ministre de l’Intérieur) parle d’un corps retrouvé dans la forêt. On laisse entendre qu’il a été trouvé dans les bois, presque par hasard, au milieu de la nuit. Rien ne révèle que la mort est survenue aux cours des affrontements, encore moins à cause des forces de l’ordre, la cause est inconnue, l’hypothèse d’une overdose est même évoquée. Les conditions de la mort de Rémi – pourtant déjà parfaitement connues des gendarmes et des autorités en temps réel, dans les minutes qui ont suivi le décés – sont délibérément cachées.

- La victime est désignée comme coupable. Le lendemain, les premiers éléments révélés de l’autopsie parlent d’une explosion dans le dos et donc révèlent que Rémi se trouvait dans la zone des combats. A partir de là, la figure de la victime se construit : il ne peut qu’être responsable de sa propre mort. Simultanément, le procureur déclare que cette mort est incompréhensible car les forces de l’ordre ayant utilisées des armes ne pouvant par tuer, ne peuvent être responsables de la mort. On parle alors du sac à dos de Rémi qui aurait pu contenir des substances – fumigènes, bombe aérosol, cartouche de gaz – susceptibles de provoquer l’explosion mortelle. Alors qu’émerge la figure de la victime responsable de ce qui lui est arrivé, la presse relayant les propos des autorités se lancent alors dans le scénario habituel des inévitables « Black Blocs » composés de 100 à 150 anarchistes cagoulés et fortement armés, venus au Testet exclusivement pour en découdre avec les forces de police. Le jour suivant, la personnalité de Rémi commence à être connue. Étudiant en botanique de 21 ans, sans casier judiciaire ni fichage policier, amoureux de la nature, bénévole dans une association de protection de l’environnement, connu pour avoir des convictions fortes mais qui en aucun cas n’est venu au rassemblement de Sivens pour s’affronter avec la police. Bref, une personne qui ne cadre pas avec le prototype du « méchant ». Cette non-coïncidence ne sera pas relevée par les médias et les commentateurs. Ceux-ci sont incapables de concevoir qu’un amoureux de la nature, plutôt pacifiste, se soit retrouvé au milieu des affrontements. Ils sont incapables d’admettre la complexité des dynamiques qui caractérisent les mouvements sociaux, les moments de révoltes, de solidarité et de radicalisation à l’œuvre, de comprendre que dans ce cadre, occuper un terrain illégalement, refuser de se disperser, refuser de plier à la menace et à la violence des flics, leur faire face courageusement, se défendre de leurs armes meurtrières, ne fait pas de vous un ‟casseur” mais un-e résistant-e assumant – à ses risques et périls – un certain degré de confrontation dans le cadre d’un objectif jugé légitime, ici la défense d’une zone humide, c’est-à-dire le refus de perpétuer et d’étendre le modèle capitaliste-productiviste du complexe agro-industriel.

- Enfin, la fable de l’accident fatal. Avec la révélation de la découverte de TNT dans la plaie située dans le dos de Rémi, sa famille dépose plainte pour homicide volontaire. L’autopsie révèle que la mort a été instantanée, qu’il n’y avait pas de traces de brûlures, ni de particule métallique ou plastique. Exit donc la fausse piste des substances gazeuses ou pyrotechniques dans le sac à dos de Rémi. Deux jours après le décès, le lundi 27 octobre, le procureur d’Albi lâche qu’une grenade a pu provoquer la mort. C’est alors que se met en place le troisième épisode. La mort de Rémi devient un tragique accident. Tandis que le terme de « compassion » se répand chez les responsables politiques, Valls déclare aussitôt qu’il ne peut pas croire à une erreur de la police et Cazeneuve n’hésite pas à affirmer la même chose, à savoir que la mort de Rémi « n’est pas une bavure ». Le 28 octobre, à l’assemblée nationale, Valls en rajoute une couche : « Je n’accepte pas et je n’accepterai pas les mises en cause, les accusations qui ont été portées en dehors de l’hémicycle à l’encontre du ministre de l’Intérieur. […] Je n’accepterai pas la mise en cause des policiers et des gendarmes qui ont compté de nombreux blessés dans leurs rangs ».

Les gentils, les méchants et la défense de l’action répressive

La ligne du gouvernement et du PS ne variera pas, rappelant sans cesse, aidé en cela par les syndicats de police, que les policiers ont été attaqués, qu’ils ont eu des blessés, qu’ils sont les victimes, qu’ils n’ont fait que se défendre, qu’il y a une montée intolérable de la violence de la part de groupes de « casseurs », etc., Cazeneuve prenant comme exemple de ces « violences », une série de dégradations dans la ville de Gaillac, mettant sur le même plan deux tags sur le monument aux morts et une vitrine fendue avec la mort d’un manifestant. La ligne « anticasseurs » de défense de l’action répressive à Sivens et ailleurs du gouvernement va servir à mettre en place un régime de terreur et d’intimidation.

Dans la semaine qui a suivi le meurtre de Rémi, des rassemblements ont été spontanément appelés dans une cinquantaine de ville en France, mais aussi à Genève, Bruxelles, Lausanne, Barcelone, Turin, Milan, Londres. Une semaine après le week-end fatal, le dimanche 2 novembre, environ 4000 personnes se rassemblent à Sivens, sur les lieux même où la vie de Rémi lui a été arrachée par la raison d’État. Ce dimanche, des centaines de personnes viennent dans la vallée du Tescou pour la première fois, posent des questions, se renseignent, témoignent de leur solidarité avec les opposants. Depuis le meurtre de Rémi, de nouveaux occupants affluent, s’installent pour trois jours ou trois semaines, construisent des cabanes, dressent de nouveaux campements, en particulier dans la zone du chantier où Rémi a été tué.

La ZAD n’a jamais été aussi vivante, avec tous les jours des visiteurs, des curieux, des personnes solidaires qui apportent du matériel de construction... Du coup, si les flics ont bel et bien disparus du site lui-même, les contrôles sur les routes qui y conduisent se multiplient : contrôles d’identité, des véhicules avec arrêtés préfectoraux autorisant la fouille des véhicules, contraventions et intimidations… Si la plupart des rassemblements ne donnent pas lieu à des déploiements gigantesques de forces de l’ordre, c’est dans quatre villes que se concentreront les comportements policiers visant à interdire et étouffer les mobilisations : Nantes, Rennes, Toulouse et Paris.

Pour le gouvernement, mais aussi une partie des opposants (EELV, certains membres des composantes associatives et institutionnelles dans les mouvements d’opposition aux projets du barrage de Sivens et de l’aéroport de Notre-Dame des Landes notamment) qui appellent « au calme » dans un remarquable concert de lamentations pour un peu de matériel urbain esquinté, il s’agit, sous couvert de maintien de l’ordre, d’accentuer le clivage latent entre ‟modérés” et ”radicaux”, d’y superposer durablement un autre, entre « non-violents » et « violents », entre protestation digne, responsable, mesurée et compassionnelle et scènes d’émeutes, de guérilla, de débordements organisées par des « casseurs » extrémistes, anarchistes et autonomes (Mélenchon a vu lui, l’extrême droite sous les cagoules de ceux qui l’ont aspergé de yaourt).

Chaque jour, de nouvelles révélations issues de plusieurs enquêtes journalistiques indiquent clairement que le pouvoir, et singulièrement la chaîne de commandement des forces de l’ordre qui remonte jusqu’au sommet du gouvernement, savaient depuis la nuit du 25 au 26 octobre que Rémi avait été tué par une grenade offensive des gendarmes, que des consignes de fermeté avaient été données explicitement aux forces de l’ordre pour qu’ils « tiennent » à tous prix un petit carré grillagé, symbole de la volonté indéfectible du Conseil général PS d’imposer son projet et de l’État de le soutenir. La présence des gendarmes mobiles dans le périmètre du rassemblement, c’est-à-dire de la zone humide, du chantier et de la ZAD (c’est la même chose), n’avait d’autre but que de marquer la présence de l’État sur le territoire et provoquer des affrontements après 8 semaines ininterrompues de violences policières et de harcèlements. Le gouvernement semble avoir réussi le tour de force d’imposer les termes du débat et de retourner la violence d’État qui a provoqué la mort de Rémi comme celle de manifestants « violents » et « incontrôlés ».

Cette capacité, qui s’appuie certes sur un consensus politique établi et des relais dans les moyens de persuasion de masse, est aussi redevable à quelques insuffisances et incapacités dans « notre camp » au sens large. Ce tour de force renvoie aussi à des faiblesses dans les ripostes et les dénonciations de la violence de l’État.

Une répression policière croissante

Les forces de l’ordre n’ont cessé de durcir leur action ces dernières années – la liste des blessé-e-s et mutilé-e-s par tirs de flashball et autres armes « non létales » serait trop longue à reproduire –, et cette accentuation de la coercition n’est pas le fruit du hasard. Elle répond à la volonté réfléchie de l’État de faire appliquer des mesures qui visent toujours plus à soumettre l’ensemble de la société aux intérêts du patronat (hyperflexibilité du marché du travail, attaques contre la protection sociale et le niveau de vie, démantèlement de services publics, grands projets inutiles…). La police a toujours pour mission de maintenir l’ordre, mais elle doit aujourd’hui le faire avec une brutalité croissante et une logistique nouvelle afin que sautent les obstacles qui se dressent face à une orientation économique ultralibérale. Il s’agit de terroriser quiconque s’insurge et entre en lutte, de convaincre que manifester étant dangereux, mieux vaut rester chez soi en subissant, de contenir toute opposition dans des formes « civiles » et légales, donc respectueuses des procédures d’acceptabilité et compatibles avec la société existante (commissions d’enquête, médiations institutionnelles…).

L’État s’est donné les moyens de cette intensification de la répression, et cela pas qu’en France. On a vu l’introduction de moyens de fichage nouveaux (notamment ADN), de formes de collaboration des forces de maintien de l’ordre à l’échelle européenne, notamment lors de contre-sommets, le blocage de manifestants en dehors des zones de rassemblements, les expulsions du territoire de manifestants pourtant « européens » mais devenus pour l’occasion principalement des « étrangers »… Croissance aussi des équipements, armes utilisées, vidéo-surveillance… On a vu aussi l’introduction et la généralisation de nouvelles armes comme les flash ball (ou LBD, Lanceur de balle de défense) ou les grenades contenant des matières explosives dites de « désencerclement » ou offensive (OF-F1) , nouvelles armes dites « non-létales » selon la terminologie officielle, mais qui blessent, mutilent et peuvent tuer, soit dans le cas des LDB par l’objet lui-même (la balle en caoutchouc), soit dans le cas des grenades, par les éclats de matières (métal et plastique dur), soit par l’effet de souffle de l’explosion (cas de Rémi Fraisse et de Vital Michalon à Malville en 1977)[1]. D’autres armes « non létales » peuvent tuer, mutiler ou blesser grièvement comme les coups de crosse de fusil lance grenade et de matraques sur la tête (Malek Oussekine en novembre 1986 à Paris), les grenades lacrymogènes lancées à tir tendu, dans le visage notamment (Richard Deshayes en 1971)[2].

Une répression au service d’un ordre social

La colère contre les violences policières, nécessaire et légitime, ne saurait suffire. « Flics, porcs, assassins » est un slogan qui exprime une révolte brute contre les bandes armées des corps répressifs de l’État mais apparaît comme bien faible face à la situation imposée par l’État, par la violence de cette institution et par celle qu’il met en œuvre pour imposer ses mesures et ses choix. Car cette croissance de la répression n’est pas le résultat d’un gonflement spontané. Elle résulte d’une politique délibérée de contrôle de certaines catégories sociales, dans certains quartiers déterminé et de manière générale de contention de manifestation de rue ou hors les villes et de n’importe quel type de mouvements de lutte sociale dès lors que ceux-ci menacent l’ordre social.

La gestion de la mort de Rémi Fraisse par l’État et les principaux médias consiste à isoler les faits, à les séparer à la fois du contexte des luttes et des manifestations de ces dernières années, mais aussi de la violence institutionnelle diffuse et constante qui constituent le quotidien ‟banal” et ordinaire des quartiers périphériques et des enclaves populaires des zones urbaines. Le rappel d’assassinats plus anciens, Vital Michalon, Malek Oussekine, Sébastien Briat où, déjà, les mensonges et les silences des autorités politiques avaient prévalu, notamment, est effacé.

Ainsi, le lundi 27 octobre est le 9ème anniversaire de la mort de Zied et Bouna à Villiers-le-Bel, ainsi le 30 octobre, 5 jours à peine après le décès de Rémi Fraisse, un jeune de 20 ans des quartiers nord de Blois a perdu l’usage d’un œil suite à un tir de flash ball, ainsi, le 17 octobre, à peine une semaine avant la mort de Rémi Fraisse, c’est un autre jeune, Thimothée Lake, qui a été tué par la BAC dans le quartier St-Cyprien de Toulouse, dans une supérette et dans l’indifférence quasi-générale : tout est fait pour occulter des rapprochements possibles et évidents. A part quelques communiqués et appels à manifester, le lien n’a pourtant pas été établi ni dans la presse, ni de la part de ceux qui se veulent les « opposants officiels » comme EELV ou le Front de gauche… Comme le dit Matthieu Rigouste dans une interview récente, « face aux ZAD et à leurs formes de reterritorialisations des luttes urbaines et rurales, les polices occidentales expérimentent aussi de nouveaux dispositifs de contre-insurrection hybrides et modulables, c’est-à-dire où la dimension militaro-policière du quadrillage, de l’enfermement et de la provocation est centrée sur un théâtre d’opération rural et forestier mais est aussi capable de passer rapidement voire simultanément en mode « Azur » (action en zone urbaine). Capable de passer instantanément du « maintien de l’ordre » au « contrôle des foules », de la répression policière à la guerre de basse intensité »[3].

Depuis l’année 2000, les chiffres officiels comptent 130 morts du fait de la police. Tous les ans, entre 10 et 15 personnes, la plupart habitant des quartiers populaires, sont tuées par la police, sans parler des blessés et des mutilés à vie. Avec le couple justice-prison, c’est clairement une violence de classe qui s’affiche le plus officiellement qui soit afin d’exercer une domination sans fard, une mise à distance hors les murs, une ségrégation spatiale, un bannissement collectif et une pression disciplinaire doublée d’une surveillance constante avec une présence faite de contrôles incessants des identités et des activités… C’est une lutte incessante contre les « classes dangereuses » et leurs pratiques de débrouille, de réappropriations et de l’économie souterraine de survie et de substitution.

La violence du capital et de l’État

Au-delà des violences « policières, de la militarisation des forces de police, (plus précisément « d’hybridation entre le policier et le militaire »[4], au-delà de la confusion entretenue entre maintien de l’ordre, lutte anti-terroriste, lutte contre le crime organisé et stratégies contre-insurrectionnelles, il convient de sortir des piège linguistiques : le terme de « violence » sert à la fois à désigner le bris d’un distributeur de billets de banque, voire un simple tag sur un bâtiment officiel, et… des vagues de bombardements aériens sur des zones habitées, la torture, les assassinats de masse, un attentat-suicide faisant des centaines de morts…

Par contre, la quotidienneté violente du capitalisme n’est jamais évoquée : les guerres coloniales, la misère et la rareté organisée, et plus concrètement encore pour des millions de personnes ici, la violence des familles jetées à la rue suite aux expulsions locatives et de logements squattés (plus de 10.000 par an avec présence de la police), la violence des boulots de merde, pénibles et dangereux payés moins de 800 euros par mois, la violence de l’intérim, du chantage à l’emploi pour accepter les baisses de salaires, l’allongement du temps de travail, le renoncement « volontaire » au droit de grève et le travail en 4 x 8 en continu (7 jours sur 7) qui bousille un peu plus la santé, la violence de l’amiante, des pollutions chimiques, de la radioactivité, des accidents du travail et des maladies professionnelles (qui plus est, non reconnues pour la plupart), la violence de l’espérance de vie en bonne santé inférieure de 10 ans pour un ouvrier comparée à celle d’un cadre, la violence des files d’attente qui s’allongent chaque année un peu plus aux Restaus du Cœur, de la hausse de 44% du nombre de SDF en 11 ans, des travailleurs de plus en plus nombreux qui dorment dans leur voiture ou dans une caravane…

Combattre la marginalisation des mobilisations

Disons-le tout net, l’ensemble des mobilisations consécutives à l’assassinat de Rémi Fraisse ont été en dessous de ce que ce meurtre d’État aurait mérité. La quasi-absence de forces « de gauche » fait évidemment partie de ce tableau. A ce sujet, il ne fait aucun doute que si Sarkozy ou un autre leader de la droite avait été au pouvoir, on aurait assisté à une déferlante de condamnations et de protestations de la part de partis, de syndicats, d’association, d’organisations démocratiques (comme la LDH)… Des intellectuels et des personnalités se seraient indignés dans des appels publics, des « réunion unitaires » auraient été organisées dans toutes les villes de France, appelant à autant de manifestations et à des meetings à Paris, à Toulouse... La « gauche » au pouvoir – et cela même si une partie grandissante de ses électeurs se rend compte qu’il s’agit d’une « deuxième droite »[5] – a pour effet de neutraliser les mobilisations, de les verrouiller dans des marges, de les bâillonner, d’empêcher que se constituent des pôles d’opposition et de contestation sociale.

Ceci étant, on ne peut pas passer sous silence la démobilisation générale à laquelle on a assisté, malgré les dizaines d’initiatives un peu partout, malgré les mouvements et blocages lycéens à Paris et dans le 93, à Rouen et à Limoges, malgré les AG et manifestations étudiantes de Rennes et de Toulouse. Si bien sûr les interdictions de manifester ont fait leur effet, si les invraisemblables déploiements policiers en ont intimidé plus d’une-e, il aura manqué une capacité politique de mobiliser qui s’en affranchisse, qui occupe l’espace vacant laissé par une gauche absente, qui permette de fédérer des indignations et des colères face à la mort de Rémi et à la banalisation des violences policières, à la systématisation de la violence d’État.

L’arrivée de Valls comme chef de l’exécutif marque une inflexion dans le quinquennat calamiteux de Hollande. Une fois de plus, c’est un ex-ministre de la police qui se retrouve à l’une des deux têtes de l’appareil gouvernemental pour y appliquer une ligne « libérale » et policière/autoritaire. Il mène une politique répondant aux exigences capitalistes de l’heure et s’appuie sur une vague réactionnaire aux relents familialistes, déclinistes, néo-pétainistes qui mobilise une partie de la société (manif pour tous, homophobie, xénophobie, affirmation identitaire, défense d’un ordre encore plus hiérarchique et autoritaire, tolérance zéro pour les délinquants, les paresseux, les assistés, défense d’un modèle productiviste et haine de tout ce qui se réfère à l’écologie…), des courants de protestations disparates mais qui affirment tous ouvertement porter le combat en faveur de l’inégalité sociale et politique – une inégalité des droits – selon des critères les plus divers : religieux, pseudo-naturalistes, culturalistes, raciaux, colonialistes, de mérite social ou d’appartenance à une communauté imaginaire (nationale, européenne, judéo-chrétienne, blanche…) normative et excluante.

Sans développer ici les jeux politiciens auxquels se livre la gauche au pouvoir actuellement, il est clair que, plus encore qu’avant, le gouvernement tente de prendre la droite à revers électoralement, en appliquant une politique qu’elle réclame et qui lui convient : casser les luttes et les freins à la réalisation des profits, opérer des transferts d’argent public conséquents vers les marges des entreprises, attaquer les ‟rigidités” du marché du travail et les quelques garanties offertes encore par le contrat de travail et le droit social, réduire les coûts de la reproduction sociale (les services publics), fliquer les chômeurs et les allocataires de la protection sociale et des minimas sociaux selon le vieux principe républicain consistant à conjurer l’égalité des principes démocratiques en renversant la préséance des droits sur les devoirs, c’est-à-dire à briser l’inconditionnalité des droits sociaux et recréer par là une relation de pouvoir et d’assujettissement d’ancien régime – un régime de tutelle et de protection en échange d’obligations, de corvées, de devoirs.

Ainsi, le projet de barrage de Sivens n’est pas annulé mais maintenu,quitte à le modifier un peu ; ainsi Valls a réaffirmé qu’il était favorable à l’aéroport de Notre-Dame des Landes, mais en ajoutant qu’il jouera la carte « légaliste » d’attendre l’épuisement des recours pour prendre une décision ; ainsi Hollande en visite au Canada, s’empresse de se rendre, accompagné par une nuée de patrons et de scientifiques, dans la région de l’Alberta où sont massivement exploités les schistes bitumineux.

Combattre le maintien de l’ordre social

Même en se limitant aux manifestations et à leur répression violente, il n’a pas été suffisamment dit que les « violences policières » n’étaient pas seulement policières et qu’elles correspondaient à une violence d’État qui s’accroît dans le cadre d’un « maintien de l’ordre » de plus en plus brutal, et que c’est bien cet ordre social violemment défendu qu’il faut viser.

En 2007 à Nantes, un lycéen de 17 ans grièvement blessé suite à un tir de flash ball lors d’une manifestation. La même année, une étudiante en médecine perd un œil ainsi que le gout et l’odorat à Grenoble après avoir reçu dans la figure une grenade de désencerclement lors d’une manif anti-Sarkozy. En 2009, à Toulouse, un étudiant de 25 ans est grièvement blessé à l’œil par un tir de flash ball lors d’une action collective de réappropriation dans un supermarché. La même année, Joachim Gatti, documentariste, est mutilé à l’œil par un ‟mini” flash ball (un pistolet appelé ‟gomme-cogne”) lors d’une manif protestant contre l’expulsion d’un squat à Montreuil (93). L’année suivante, dans cette même commune, un autre lycéen est atteint en pleine tête par une balle en caoutchouc lors d’un blocage de son lycée dans la cadre des mobilisations contre la réforme des retraites. En 2012 également, une manifestante est grièvement blessée par 15 éclats de métal d’une grenade lors d’un rassemblement contre la construction de lignes de Très Haute Tension dans la commune du Chefresne (Manche). En février 2013, un jeune intérimaire belge de 25 ans perd un œil après avoir été touché par un tir de flash ball lors d’une manifestation à Strasbourg. A Nantes et sur la ZAD, on ne compte plus les dizaines de tirs de flash ball et leurs victimes depuis le début du mouvement d’opposition à l’aéroport et dont le sommet dans le déchaînement de violence (et aussi dans les poursuites pénales et les incarcérations) a été atteint lors de la manifestation du 22 février dernier : au moins trois manifestants ont été blessés à l’œil.
Cette liste loin d’être exhaustive indique bien que c’est un ensemble de mouvements sociaux, de résistances, qui se heurtent à la violence d’État et aux armes dites non-létales qui blessent, mutilent et tuent.

C’est cette absence de prise en compte de la globalité des enjeux que l’on doit souligner pour essayer de sortir du cas par cas, de telle lutte plutôt que telle autre et de la seule dénonciation des « flics, porcs, assassins ». En outre, les difficultés à socialiser les expériences de lutte sur les violences policières et institutionnelles qui frappent les habitants des quartiers populaire au quotidien sont aussi une aubaine pour l’État et les artisans du maintien de l’ordre social et policier dans les métropoles. Avec les interdictions de manifester – pour Gaza cet été, contre les violences policières cet automne – l’État et le gouvernement Hollande-Valls ont haussé un peu plus le niveau de la coercition et de la confrontation contre ceux et celles qui combattent sa politique.

En guise de conclusion

Les semaines à venir diront s’il est possible de sortir de l’attitude purement défensive et émotionnelle, encore une fois justifiée et légitime, pour imaginer des formes de ripostes qui ne se prêtent pas aux manipulations et instrumentalisations sécuritaires de l’Etat. Il faudrait arriver à déjouer les stratégies de marginalisation de la contestation, à attaquer les pratiques continues de l’état de division entre « bons manifestants » et « casseurs » afin d’imposer violemment sa politique. Les semaines à venir diront s’il est possible d’impulser des mobilisations qui n’entendent pas céder devant les injonctions et les interdictions, qui parviennent à défendre les espaces formels et substantiels de lutte, d’expression et de manifestation, qui articulent le combat sur le terrain juridique (en menant à bien des contre-enquêtes par exemple[6]) avec un travail de recontextualisation dans un combat global que dessine déjà l’ensemble des luttes et résistances en butte aux violences policières, des initiatives qui expriment le droit non négociable de manifester dans la rue contre la politique répressive d’un gouvernement et l’ordre social qu’il défend par la terreur et la violence armée, par sa justice et ses prisons, mais pas seulement. Cet ordre social est maintenu aussi en organisant le découpage et le maillage territorial, avec ses zones de relégation, ses murs invisibles, avec sa surveillance, ses contrôles, ses patrouilles et ses check points, ses couvre-feux et son occupation policière incessante des quartiers populaires, c’est-à-dire des espaces publics de la vie sociale, de circulation et de rassemblement, les espaces d’une autonomie populaire possible sur des territoires urbains que l’État combat pied à pied.

Ces mesures de contre-insurrection préventive font partie de l’arsenal de la guerre sociale en cours visant à ‟résoudre” violemment la crise de la reproduction capitaliste (et ses instabilités financières) au profit du capital globalisé et de ses grands blocs de pouvoir (politique et militaire) et de puissance (financière et économique) qui se battent pour le partage du monde, – sans certitude d’y parvenir – et sans lever l’hypothèque de la crise écologique, voire ‟civilisationnelle” qui caractérise la période. Il ne s’agit pas ici de dire cela pour le plaisir de tracer des perspectives inatteignables à court terme mais simplement de proposer une orientation générale qui détermine à la fois les raisons de la politique de l’État et les contenus des résistances sociales qu’elle fait naître – et de trouver à ces dernières des raisons communes et suffisantes de lutter ensemble.

Fin novembre 2014

Martin Paul

___

Notes
[1] Lors de la manifestation contre le Surgénérateur de Creys-Malville du 31 juillet 1977, les grenades offensives ont aussi mutilé : un manifestant a eu le pied arraché (Michel Grandjean), un autre la main arrachée (Manfred Schultz). Un policier a aussi perdu une main pour avoir tardé à lancer sa grenade offensive.
[2] La liste des mutilés par grenades offensives et balles en caoutchouc de flash ball est trop longue pour la faire figurer ici.
[3] « La mort de Rémi n’est pas une bavure, c’est un meurtre d’État », aparté.com.
[4] « Le maintien de l’ordre », Tant qu’il y aura de l’argent (http://www.tantquil.net/ ).
[5] Pour reprendre le titre d’un livre de Jean-Pierre Garnier et Louis Janover, publié en 1986 et traitant de l’époque de Mitterrand. La deuxième droite, réédité chez Agone en 2013.
[6] Comme l’a initié la Ligue des droits de l’homme (Toulouse) en relation avec la défense et la famille de Rémi Fraisse

http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article1618
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Re: Violence policière - violence d'Etat

Messagede pit le Dim 5 Avr 2015 16:03

Toujours plus de lois antiterroristes... pour un recul continu des libertés publiques

Les attentats début janvier ont poussé le gouvernement à franchir un nouveau cap en matière de surveillance et de répression, via une procédure accélérée. Une première ? Pas vraiment. Depuis trente ans, quinze lois antiterroristes ont été adoptées, qui enfreignent peu à peu les libertés publiques.

... http://www.reporterre.net/Toujours-plus-de-lois
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Re: Violence policière - violence d'Etat

Messagede pit le Ven 24 Avr 2015 11:53

Tir de flashball sur Yann : sa plainte classée sans suite

Il y a 1an, lors de l’expulsion de deux maisons réquisitionnées par la CREA, quatre camarades étaient arrêtés et Yann prenait un tir de flashball en pleine tête. Il subira en tout 4 opérations. Il y a quelques jours le procureur décidait de classer la plainte, comme pour la majorité des plaintes des autres mutilé-e-s ...

https://iaata.info/Tir-de-flashball-sur ... a-673.html
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Re: Violence policière - violence d'Etat

Messagede pit le Sam 6 Juin 2015 14:36

"Maintien de l'ordre" : communiqué de blessés et proches suite au rapport Popelin
De la mort de Rémi Fraisse à l'interdiction de manifester ?
le cynisme des députés est sans limite ?


Automne 2014 : Rémi Fraisse est tué par une grenade lancée par la gendarmerie à Sivens. Suite à ce drame, les manifestations organisées contre les violences policières sont férocement réprimées à Nantes, Toulouse ou Paris. Une commission d'enquête parlementaire concernant les « modalités du maintien de l'ordre » est lancée à l'initiative des écologistes.

Nous, blessés par la police et leurs proches, avons demandé à être auditionnés par cette commission. Nous y sommes allés sans illusion, le 19 mars, constatant que la grande majorité des auditions se concentrait sur les revendications de la police et de sa hiérarchie, et non sur celle des victimes de violences policières.

Pendant des semaines, les forces de l'ordre ont été entendues, sans aucune contradiction, à l'Assemblée Nationale par des députés bienveillants.

Pourtant cette commission était lancée suite à la mort d'un manifestant. Ce sont bien les manifestants, les supporters, les habitants des quartiers qui perdent des yeux ou la vie, dans le cadre d'opération de « maintien de l'ordre ». ??Ce 28 mai, la commission rend son rapport. Plutôt que de limiter les pouvoirs de la police, ces députés proposent de renforcer plus encore l'arsenal sécuritaire.

L'interdiction de manifester pour les individus considérés "suspects" dans la continuité directe de la loi de renseignement est à l'ordre du jour. Sur le terrain, les morts et mutilations risquent de se multiplier car les policiers seront amenés non seulement a faire des arrestations préventives d'individus jugés suspects, mais aussi à empêcher par la force les rassemblements interdits. Les dispositifs d'exception mis en place à Nantes ou Toulouse deviendraient la norme...

Par ailleurs, le rapport prétend « limiter strictement » l'usage du flashball superpro.

Bonne nouvelle ? Non, car cette ancienne génération de flashball peu précise est remplacée depuis 2007 par les Lanceurs de Balles de Défense – LBD40 – plus précis et plus puissants. Les LBD sont classés armes de catégorie A – arme à feu à usage militaire. Ces armes ont notamment mutilé 4 manifestants à Nantes ces dernières années. L'Etat ne restreint pas cet armement de la police, il le confirme, le renforce et le généralise !

La situation est très grave. Non seulement la police n'est pas désarmée ni punie mais des élus utilisent désormais la mort d'un manifestant pour tenter de légitimer encore davantage un dispositif policier militarisé. Cela est sans précédent.

Nous revendiquons plus que jamais l'interdiction des armes de guerre – type LBD et grenades.

Nous appelons celles et ceux qui refusent de vivre dans un État qui réduit les droits et les libertés, qui mutile et tue, à s'organiser et lutter ensemble contre les graves dérives actuelles.

Des blessés nantais et leurs proches ayant participé à la commission d'enquête parlementaire

https://nantes.indymedia.org/articles/31606



La Gendarmerie veut brouiller les réseaux sociaux dans les ZAD et les manifs
Le Général Devis Favier, Directeur général de la Gendarmerie nationale, souhaite que les forces de l'ordre puissent obtenir le brouillage des réseaux sociaux et le droit d'intercepter les SMS, lors de manifestations qui dégénèrent. "L'idée peut choquer", convient-il.
L'Assemblée nationale a publié le rapport (.pdf) réalisé par la commission d'enquête chargée de tirer les conséquences de la mort de Rémi Fraisse, tué par un tir de grenade de la gendarmerie sur la "Zone à Défendre" (ZAD) créée par des opposants au barrage de Sivens. Les députés y ont examiné plus largement les modalités que devaient prendre le maintien de l'ordre face aux manifestations improvisées et au phénomène des ZAD, "dans un contexte de respect des libertés publiques et du droit de manifestation, ainsi que de protection des personnes et des biens".
... http://www.numerama.com/magazine/33266- ... anifs.html
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Re: Violence policière - violence d'Etat

Messagede pit le Jeu 11 Juin 2015 00:44

RETOUR AVEC L’ASSEMBLÉE DES BLESSES SUR LA COMMISSION POPELLIN
L’assemblée des blessées, collectif réuni autour de la question des violences et des mutilations policières, a été entendue dans le cadre de la commission Popellin sur le maintien de l’ordre, établie suite à la mort de Rémi Fraisse. L’actualité des luttes s’est entretenu avec deux participants de l’assemblée autour de deux recommandations rendues par la commission : le "remplacement" des flashballs par les LBD 40 (Lanceur de balles de défense) une arme plus performante et l’interdiction administrative de manifester.
à écouter sur SONS EN LUTTES : http://www.sonsenluttes.net/spip.php?article827
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Re: Violence policière - violence d'Etat

Messagede pit le Jeu 23 Juil 2015 15:58

Samedi 25 juillet à Argenteuil

Rassemblement contre les violences policières !

Dans la nuit du 14 au 15 Juillet à côté de la dalle d’Argenteuil, Amine Mansouri à reçut un tir de lanceur de balles de défense (LBD40) dans les testicule.

Un rassemblement contre les violences policières est appelé samedi 25 juillet à 14H00, Place de la Commune de Paris, Dalle du Val d’Argenteuil

Dans la nuit du 14 au 15 Juillet à côté de la dalle d’Argenteuil, Amine Mansouri à reçut un tir de lanceur de balles de défense (LBD40) dans les testicule.

La même dalle où en octobre 2005 Nicolas Sarkozy expliquait qu’il allait la nettoyer de la racaille ...

Pourtant Amine était simplement en train de jouer dans sont quartier ...

Il a d’ailleurs souhaité être photographié et interviewé avec son père et ses amis pour bien montrer qu’il était juste un jeune comme un autre (voir ici http://www.oureyeislife.com/?p=587)

Suite à cette bavure, le défenseur de droit Jacques Toubon à rendu un rapport le 16 juillet demandant l’interdiction du Flash-Ball lors des manifestations et demande un moratoire général sur son usage, quel qu’en soit le contexte, au vu de la « gravité des lésions » qu’il peut causer (moratoire refusé par le ministère de l’Intérieur qui estime qu’il serait "contre-productif").

Un rassemblement contre les violences policières est appelé samedi 25 juillet à 14H00, Place de la Commune de Paris, Dalle du Val d’Argenteuil

Nos Quartiers ne sont pas des stands de Tir !!

http://paris-luttes.info/rassemblement- ... vures-3624

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Re: Violence policière - violence d'Etat

Messagede pit le Dim 20 Sep 2015 15:03

Week-end « Face aux violences d'État »

Du 25 au 27 septembre aura lieu à la Parole Errante, à Montreuil, un week-end autour de la question de l'enfermement dans et hors les murs, avec des discussions et des concerts.

La réalité de l'enfermement se manifeste à travers une diversité d'institutions et de pratiques : la prison, la prise en charge psychiatrique, les centre de rétention administrative, la police... Bien que la gestion de l'enfermement ne se réduise pas à ses structures, elles illustrent néanmoins de quelle manière l'ensemble de la société évalue les individus selon des normes qui servent un projet politique national dans une perspective capitaliste, libérale et productiviste.

La violence physique et morale qui en sort touche clairement des catégories sociales déjà définies comme marginales et problématiques : les « délinquants », les « fous », les « étrangers », les « pauvres » … La production de ces cases permet de tracer les frontières de la normalité, de sanctionner et de soigner toute personne considérée comme « inapte », « improductive ».

Et lorsqu'on se retrouve, soi ou un proche, face à l'une ou à l'autre de ces situations, s'y ajoute la solitude, l'isolement et un sentiment d'impuissance !
A travers ce week-end, nous voudrions ouvrir un espace de rencontre et de discussion qui permettrait à la fois d'aborder les différentes spécificités de la prison, de la psychiatrie, de la police et des centre de rétention administrative mais aussi de parler de leur source commune : « la violence d'état ». Il nous semble important de faire des liens entre ces différentes formes d'enfermement et les luttes qui s'y opposent.

Selon comment le week-end prendra corps, nous espérons qu'il sera l'occasion d'aborder ces questions dans une perspective de résistances et de luttes afin de rompre avec un sentiment d'impuissance permament.

Il s'articulera autour d'une diversité d'ateliers de discussions et de moment de partage plus informels (repas, concerts, projections) qui permettront, en multipliant les prises et les modes de parole de favoriser l'échange.

Il nous semble nécessaire que ce week-end prenne une forme où chaque personne ou collectif ait la place de prendre part aux propositions d'atelier, de discussion, sans experts ni spécialistes.
Nous vous invitons donc vivement à venir participer et nourrir les débats de vos pratiques, expériences, histoires vécues, pour refuser l'isolement qu'on nous impose, dedans comme dehors.


Image


Vendredi 25 septembre
• 18h - Présentation et discussion sur le week-end
• 19h30 - Repas
• 21h - Théâtre « On Cale vers »
• 22h - Concert - percussions brésiliennes

Samedi 26 septembre
• 10h - Accueil
• 11h - Discussions en petits groupes autour des thèmes de la prison, la psychiatrisation, la rétention administrative, les violences policières
• 13h - Repas
• 14h30 - Discussions en petits groupes autour des thèmes de la prison, la psychiatrisation, la rétention administrative, les violences policières
• 19h - repas
• 20h - Concerts Hip-Hop

Dimanche 27 septembre
• 12h - Accueil
• 13h - Projection du film: JP, ARchi et les autres fauteurs de troubles
• 14h30 - Retour sur les discussion du samedi et prespectives de luttes
• 19h - Repas

https://paris-luttes.info/week-end-face ... -etat-3731
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Re: Violence policière - violence d'Etat

Messagede pit le Ven 16 Oct 2015 00:13

17 heures de radio contre les violences d'Etat

Samedi 17 octobre, la Chapelle, 36 rue Danielle Casanova, à Toulouse

Le 17 octobre 1961, une manifestation d'Algériens à Paris était réprimée dans le sang. Il y a 10 ans, des meurtres policiers déclanchaient une révolte d'une ampleur sans précédent. Il y a un an, un jeune homme était assassiné par la police sur la zone du Testet, ajoutant son nom à une liste déjà longue…

Le 17 octobre 2015, nous réaliserons 17 heures de radio non-stop. 17 heures, c'est excessif, comme le sont les violences d'État. La violence d'une police sur-armée, bien sûr, mais aussi celle de l'administration qui contrôle chômeurs et allocataires de la CAF, la violence de l'armée, celle de la libre circulation des marchandises quand des personnes meurent aux frontières, la violence d'une société nucléarisée, etc.

17 heures de radio alternant plateaux en direct, enregistrements et musique live diffusées en public depuis Toulouse et qui seront rediffusés sur d'autres antennes.

Ce sera aussi l'occasion de nous retrouver après une année où la répression s'est terriblement accrue sur la ville.


Image

http://iaata.info/17-heures-de-radio-co ... t-828.html
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Re: Violence policière - violence d'Etat

Messagede pit le Mer 4 Nov 2015 14:52

Des familles inquiètes du permis de tuer exigé par certains syndicats de police

Face à l’appel des syndicats de police à une remise en cause du cadre légal de la légitime défense ce mercredi 14 octobre, le collectif de familles de personnes décédées dans le cadre d’une intervention policière « Urgence Notre Police Assassine » met en garde contre la délivrance d’un permis de tuer à des policiers qui bénéficient déjà d’une impunité hors du commun dans des affaires ayant entraîné la mort d’une personne. Impunité qui a d’ailleurs déjà fait l’objet de deux rapports d’Amnesty International, l’un en 2009, et l’autre en 2012[1].

... http://larotative.info/des-familles-inq ... -1219.html
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Re: Violence policière - violence d'Etat

Messagede pit le Mar 17 Nov 2015 03:20

Pont-de-Buis, le 23, 24 et 25 octobre 2015 : Commémoration de la mort de Rémi Fraisse, tentatives de blocages, tentatives de manifestations contre l'usine d'armement NOBEL SPORT.

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Re: Violence policière - violence d'Etat

Messagede Béatrice le Jeu 3 Déc 2015 17:06

vendredi 4 décembre 2015 à MARSEILLE

09 h Faculté St Charles <> Ctre social Agora - la Busserine

Journée d’info // solidarité contre les violences policières
La Classe dangereuse / Collectif et Bibliothèque autogérés

Image

En 2005, à Clichy sous Bois, deux adolescents trouvaient la mort pour avoir pris la fuite, effrayés par la police. S’en sont suivis, dans les quartiers populaires, plusieurs semaines de révolte que l’on évoque souvent comme « les émeutes de 2005 ».
Ces révoltes, aussi spontanées fussent-elles, étaient résolument politiques. Elles furent un acte de refus et d’accusation qui pointait du doigt l’occupation policière dans les quartiers populaires. Les agissement d’une police et d’un Etat racistes et anti-pauvres étaient alors mis en lumière par l’embrasement des banlieues.
Dix ans après, nous ne pouvons que reconnaitre le caractère historique de ces révoltes. D’autant plus lorsqu’on dresse le constat qu’en réalité, rien n’a vraiment changé.
La police élit toujours domicile dans les quartiers populaires avec toujours plus de justifications officielles.
Les morts qu’elle perpétue s’enchaînent en silence et les appareils policiers et judiciaires s’acharnent sans vergogne sur les familles de victimes, pour les décourager. Les politiques sécuritaires se durcissent et réduisent le champ de toutes les libertés. Et le citoyen lambda est sommé de ne rien voir et de se taire.

Nous, la Classe Dangereuse, sommes un collectif d’étudiants basé sur la Faculté Saint-Charles, et dont les consciences politiques ont été marquées par certains aspects de ces réalités.
A l’occasion des dix ans des révoltes des quartiers populaires, nous vous invitons le vendredi 4 Décembre à participer à une Journée d’information et de mobilisation contre l’appareil d’État qui maintient en place l’impunité policière.
Des intervenants nous aideront à faire le point sur les méthodes d’organisation mises en place pour lutter contre lui.

Déroulé de la journée :


9 heures du matin à la Fac Saint Charles
Avec tables d’information

marche silencieuse dans l’université.

À Midi : un rassemblement sonore est prévu avec prises de paroles, musique et déjeuner.

14 heures

projections vidéos

Et pour conclure, nous serons à L’Agora, centre social de la Busserine dès 18 heures pour une discussion et une rencontre entre les familles, les collectifs et les participants de la journée

L’objectif de cette rencontre est de créer, à terme, un réseau d’entraide local pouvant faire poids et vers lequel peuvent se tourner les victimes de violences policières.

NE LAISSONS PLUS NOS VIES ENTRE LEURS MAINS
RDV LE VENDREDI 4 DÉCEMBRE
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Re: Violence policière - violence d'Etat

Messagede Béatrice le Mar 1 Mar 2016 20:15

vendredi 4 mars 2016
MARSEILLE
18 h

L’Agora, 34 rue de la Busserine, 13014

Agissons contre les violences policières
4 ateliers-discussion-formation : juridique, témoignages, autodéfense et scandale
La Classe Dangereuse

Image

ATELIERS DISCUSSION-FORMATION CONTRE LES VIOLENCES POLICIERES.
AU CENTRE SOCIAL L’AGORA, QUARTIER LA BUSSERINE.
VENDREDI 4 MARS, 18h-21H

Le collectif "La Classe Dangereuse" vous invite à participer à des ateliers discussion-formation sur les violences policières à Marseille et en France.

RDV VENDREDI 4 MARS à partir de 18h au centre social l’Agora, quartier La Busserine. (venez quand vous voulez jusque 21h). Entrée libre et conviviale.

Nous vous proposons 4 ateliers-discussion-formation :

N’hésitez pas à vous inscrire aux ateliers qui vous intéressent en envoyant un mail (laclassedangereuse chez riseup.net). Les inscriptions restent ouverte jusqu’au jour même.

- JURIDIQUE :
Etat d’Urgence et nouvelle loi d’extension des droits de la police. Où en sommes-nous des quelques droits qui nous restent en cas d’interpellation ou de perquisition de la police ? Venez poser vos questions ou contribuer avec vos connaissances et expériences sur le sujet. Et repartez avec quelques idées claires et des outils.

- TEMOIGNAGES : Les violences policières, y-en a pas en France, ni à Marseille !! Ah bon ?? Venez en parler librement ou écouter des personnes qui ont malheureusement du faire face à des violences policières.

- AUTODEFENSE :
En cas de violence policière, quels sont les bons réflexes à avoir (avant-pendant-après) ? Des exemples de confrontations avec la police seront montrées, projection vidéo. on tentera de discuter autour de la question suivante : Comment réussir à ne pas se laisser humilier et à repousser la police sans être poursuivi pour "incitation à l’émeute" ? (contact : capitainebartolo13 chez gmail.com)

- SCANDALE :
Dénoncer les violences policières et créer du scandale, venez échanger et proposer des idées sur les meilleurs supports et canaux de diffusions à utiliser.
Chaque atelier-discussion formation a été préparé et sera animé par deux ou trois personnes du collectif et sera ouvert à tous. Un temps de restitution général est prévu après les ateliers avec une discussion globale pour définir, après ce temps de discussion, des actions concrètes à mettre en place contre les violences policières sur Marseille.

Venez nombreux pour écouter, témoigner ou s’organiser collectivement.

La Classe Dangereuse
laclassedangereuse chez riseup.net
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Re: Violence policière - violence d'Etat

Messagede pit le Dim 6 Mar 2016 15:46

17 millions d’armes de guerre pour les policiers

Police
Les brigades anti-criminalité désormais équipées de fusils d’assaut

Bernard Cazeneuve affirme que ces moyens permettront de répliquer à des criminels qui «n’hésitent plus désormais à faire usage d’armes lourdes, de véritables armes de guerre».

... http://www.liberation.fr/france/2016/02 ... ut_1436518
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Re: Violence policière - violence d'Etat

Messagede pit le Jeu 10 Mar 2016 21:27

Le Planning familial a 60 ans, et France Inter lui consacre une émission

est une conversation téléphonique presque clinique, où il est question de prise de cachets, de saignements, du processus abortif. C'est un autre récit, bref et désespéré, celui d'une grossesse non désirée dans une vie sans papiers. C'est une militante qui lâche « ça nous soûle » de constater, encore et toujours, que les femmes « s'excusent de devoir appliquer ce droit » à l'avortement obtenu il y a plus de quarante ans. A l'écoute d'Interception, ce dimanche (France Inter, 9h10, puis en podcast), la détermination monte, farouche : pas tou­che au planning familial. Soixante ans après sa création, son existence est toujours aussi primordiale.

Ce reportage de Véronique Julia n'est pas le premier à raconter la lutte pour l'IVG et la contraception, les droits des femmes et les violences qui leur sont faites, la solitude des malades du VIH. Mais ici, ces mots sont des faits bruts, réels, vécus par Patricia, Sarah, Louise, Nathalie ou Marie ; l'urgence qui les inspire, palpable, leur confère une force solennelle. Et réactive la colère contre ceux qui voudraient anéantir le Planning.

A écouter : http://www.telerama.fr/radio/le-plannin ... 1457098720
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Re: Violence policière - violence d'Etat

Messagede pit le Lun 21 Mar 2016 03:21

Meurtre de Rémi Fraisse : un pas de plus vers l’impunité

Le gendarme qui avait assassiné Rémi Fraisse le 25 octobre 2014 à la ZAD du Testet vient d’obtenir le statut de "témoin assisté".

Annoncé la veille publiquement, certainement pour éviter toute contestation devant les lieux de pouvoir, le gendarme était convoqué le vendredi 18 mars devant les juges d’instruction.

A l’issue de ce rendez-vous, il ressort une fois de plus blanchi. Il aurait pu être mis en examen et donc passer devant les juges, mais il obtient le statut intermédiaire de "témoin assisté". De même, l’information judiciaire ouverte fin octobre 2014 pour "violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner" est requalifiée en « homicide involontaire ». Pour la justice, il n’est pas considéré comme responsable direct du meurtre, bref, la vérité est sûrement ailleurs, allons fouiner dans une autre direction !

L’avocate de la défense semble croire que ce changement de statut mènera à une enquête sur les "vrais responsables", à savoir une enquête plus poussée sur la hiérarchie et donc le système policier. Peut-on y croire, à la vue de la longue tradition d’impunité des meurtres policiers, noyés sous des années de procédures ?

Une chose est sûre, face à la police le terrain juridique est encore plus hostile, et il est insuffisant dans son strict cadre légaliste et technique (a-t-on ou pas respecté toutes les consignes de sécurité ? A-t-on ou pas effectué correctement les sommations ? etc). Face à la police, c’est à nous qui subissons leurs attaques de nous organiser pour nous défendre et riposter, dans les manifs, dans la rue, dans les quartiers.

https://iaata.info/Meurtre-de-remi-frai ... -1073.html
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