jean a écrit:Communiqué du Ministère de la Régularisation de Tous les Sans papiers!
Nous Collectifs des sans papiers de France en occupation depuis le mois de Juin 2009 au 14 rue Baudélique 75018 Paris, organisons une Manifestation pour « la Régularisation de Tous les sans papiers » le 9 Janvier 2010 à Paris concernant la situation dramatique et inacceptable celle des sans papiers en France.
Notre Manifestation a pour objectif de se dirigé vers l’autorité suprême le Président de la République afin de l’interpeller en tant que premier responsable de ce pays sur ce dossier autant épineux.
Le slogan de cette manifestation est le suivant:
« Les Sans papiers à l’Elysée »
Nous Collectifs des sans papiers de France adressons une invitation à l'ensemble du mouvement National solidaire de notre lutte afin de participer avec nous à cette notre Manifestation du:
« Samedi 9 Janvier 2010 départ à 14h
RDV : 14 Rue Baudélique 75018 Paris. »
II -CONFERENCE DE PRESSE :
**Par ailleurs, une Conférence de Presse est mise en place à la même adresse :
le Vendredi 8 Janvier 2010 à 12 h 14 rue Baudélique 75018 Paris,
Nous serons heureux d'inscrire les Responsables des partis politiques, des Associations, des Syndicats, des Organisations et l'ensemble du Mouvement des Sans papiers en tant que participants à notre conférence de presse.
En espérons vous voir parmi nous le vendredi 8 janvier et le samedi 9 janvier 2010,
Recevez nos meilleurs "Voeux de Lutte pour l'Année *** 2010 ***
et que la Lutte continue
Fait à Paris le 4 Janvier 2010
Les Collectifs des sans papiers de France
Contacts :
1 – Mr Cissoko Anzoumane 06 26 77 04 02
2- Mr Guitoun Saddok 06 61 85 80 29
3- Mr Diallo Coundénécoun 06 99 01 81 59
4- Mr Mady Gassama 06 22 47 64 15
jean a écrit:GRAND FROID ET INDIFFERENCE POLITIQUE EN FRANCE
HEBERGEMENT POUR LES MIGRANTS ET SANS ABRIS
Une nouvelle fois, la France connaît une vague de grand froid. Une nouvelle
fois, des personnes meurent en France. Une nouvelle fois des vies sont menacées
en France du fait du manquement de l’Etat à ses devoirs les plus élémentaires et
son absence de réponse aux nécessités premières : porter assistance aux
populations les plus stigmatisées, défavorisées, délaissées. Offrir un
hébergement d’urgence.
Alors que le plan grand froid est déclenché, et qu’aucun gymnase n’a été
réquisitionné pour elles, des centaines de personnes, majeures et mineures
d’origines afghanes, kurdes, irakiennes… errent dans les rues de Paris à la
recherche d’un refuge, d’un abri, d’un lieu. Et c’est par la « force des choses
», loin des regards et donc si proche - comme en écho aux nouveaux camps qui se
pérennisent dans les bois de Vincennes ou de Versailles, aux abords des
périphériques des villes de France… – sous les ponts, quai de Jemmapes, quai de
Valmy, que des campements de fortune ont été créés, des tentes installées, que
des feux sont, jours après jours, allumés. Non seulement pour se réchauffer et
se protéger du vent, de la neige, de la pluie, et du froid à pierre fendre, mais
aussi pour lutter contre l’indifférence, le cynisme, le mépris de l’Etat. A cœur
fendre.
Car cette froideur climatique ne peut que renvoyer à la « froideur »
intolérable, insupportable du climat politique actuel. Plus encore, elle désigne
l’irresponsabilité absolue des pouvoirs publics, l’inanité, la schizophrénie et
les conséquences ubuesques et pathétiques sur le terrain des politiques
publiques misent en place aujourd’hui (immigration, logement…) : 115 qui amène
des personnes sans abris dans le local ouvert pour cause de grand froid à Calais
(A rappeler : grève du 115 le 21 janvier 2010 pour protester contre le manque de
moyens); police des frontières qui demande à l’association Salam d’héberger dans
le lieu d’accueil d’urgence situé à Bailleul, des dizaines de mineurs afghans
dont elle ne sait que faire, faisant courir par là-même le risque à celle-ci de
passer sous le coup de la loi et du délit de solidarité…
Nous appelons à ce que les pouvoirs publics fassent preuve de responsabilité
politique et fournissent immédiatement un lieu où les migrants puissent trouver
refuge et s’abriter du froid.
Nous appelons à ce que des gymnases, salles polyvalentes etc. soient ouverts
dans les délais les plus brefs, de jour comme de nuit (Loi DALO !!!), partout où
c’est nécessaire, de façon à ce que soient mis hors de danger les personnes
exposées à une mort certaine.
Nous nous réservons le droit d’user de tous les moyens à notre disposition pour
faire aboutir ces demandes légitimes et obtenir des rendez-vous auprès de la
DDASS et institutions concernées.
Nous appelons toutes les associations, collectifs, citoyens à nous rejoindre
rapidement, afin de nous aider à construire cette mobilisation aussi urgente que
nécessaire.
Arrêt des rafles, chasses à l’Homme et expulsions.
Respect du droit d’asile.
Hébergement pour tous.
RASSEMBLEMENT LUNDI 11 JANVIER 2010
Paris : 17h30 Sur le pont. Entre le quai de Valmy et le quai de Jemmapes. Près
du métro Jaurès.
Calais : 19h00 devant le BCMO, Place de Norvège à Calais.
Premiers signataires : 9ème Collectif des sans-papiers, Association Salam
(Calais et Dunkerque), CDSL, DAL, Collectif Les Morts de la rue…
Le Jura libertaire - 13 dec 2009 (ça devient d'actualité)
Brûlons les frontières !
procès des inculpés de l'incendie du centre de rétention de Vincennes:
lundi 25 janvier 2010 à 13h30
Les 25, 26 et 27 janvier 2010 aura lieu, au TGI de Paris (13h30, 16e chambre, métro Cité) le procès de la révolte qui a mis le feu au centre de rétention de Vincennes en 2008.
La révolte qui a conduit à l’incendie de la plus grande prison pour étrangers de France est une réponse concrète et historique à l’existence des centres de rétention et à l’ensemble de la politique de contrôle des flux migratoires.
Les 25, 26 et 27 janvier 2010 au TGI de Paris (métro Cité) 10 personnes vont être jugées pour cette révolte.
Notre solidarité doit être à la hauteur de l’enjeu : la relaxe des inculpés et au-delà la liberté de circulation et d’installation.
Le 22 juin 2008 le plus grand centre de rétention de France a brûlé.
Entre juin 2008 et juin 2009, une dizaine d'anciens retenus sont arrêtés et incarcérés – pour la plupart pendant près d’un an – en détention préventive. Ils sont inculpés de dégradation, destruction des bâtiments du centre de rétention administrative de Vincennes, et/ou de violence à agent des forces de police.
Pendant les six mois précédant cet incendie, le centre de rétention de Vincennes est le lieu d’incessants mouvements de protestation de la part des sans-papiers enfermés. Grèves de la faim, départs de feu, refus de comptage, altercations avec la police, oppositions individuelles ou collectives, se sont succédés à l’intérieur du centre tout au long de cette période. A l’extérieur, manifestations et actions dénoncent l’existence même de ces centres et soutiennent ces révoltes.
Le 21 juin 2008, Salem Souli décède dans sa chambre après avoir réclamé en vain des soins médicaux. Le lendemain, une marche organisée par les retenus en mémoire de cet homme est violemment réprimée. Une révolte collective éclate alors et le centre de rétention part en fumée.
Un procès pour l’exemple
Pour empêcher que ce type de révolte ne se répande, l'Etat doit frapper fort, il lui faut trouver des responsables. Ces dix personnes ont été arrêtées pour servir d’exemple. Qu’elles soient « coupables » ou « innocentes » cela ne nous importe pas. L’Etat, en punissant ces personnes, souhaite voir disparaître la contestation, l’insoumission, les actes de résistance de ceux qui se trouvent ou se trouveront un jour entre les murs de ces centres.
La révolte de Vincennes n’est pas isolée. Partout où se trouvent des centres de rétention, éclatent des révoltes, ont lieu des départs de feux, des évasions, des grèves de la faim, des mutineries, des destructions. Ce fut le cas en France (Nantes, Bordeaux, Toulouse où des centres ont brûlé) et dans de nombreux pays d’Europe (Italie, Belgique, Pays-Bas, Grande-Bretagne) ou dans des pays où le contrôle aux frontières est externalisé comme la Turquie et la Libye.
L’incendie du centre de rétention de Vincennes n’est pas seulement symbolique : la disparition des 280 places de ce centre a eu pour conséquence immédiate une importante diminution des rafles et des expulsions, dans la région parisienne, pendant la période qui a suivi. Concrètement plusieurs milliers d’arrestations ont été évitées. Par cet acte, les retenus ont enrayé pour un temps le fonctionnement de la machine à expulser.
Prison pour étrangers : enfermer, expulser, dissuader d’immigrer
Les centres de rétention sont une des étapes entre l'arrestation et l’expulsion. Ils servent à enfermer les étrangers le temps de rassembler les conditions nécessaires aux expulsions, c’est-à-dire un passeport ou un laissez-passer délivré par un consulat et une place dans un avion ou un bateau.
Plus un Etat veut expulser, plus il construit de centres de rétention. Partout, leur nombre ne cesse d'augmenter. En Europe, la tendance est à l'allongement du temps d'enfermement qui, non seulement permet d'expulser plus, mais aussi de dissuader d'immigrer.
De fait, ces lieux d'enfermement sont des lieux punitifs. Ainsi, ils sont construits de plus en plus sur un modèle carcéral : vidéosurveillance, petites unités, cellules d'isolement... Par exemple, en France le plus grand centre de rétention en construction au Mesnil-Amelot (240 places), et qui ouvrira dans quelques semaines, est conçu sur ce modèle. En Hollande, où les suicides et les décès « inexpliqués » sont fréquents dans les centres, la rétention dure 18 mois et peut être renouvelée immédiatement après la libération; l'enfermement se fait en cellules individuelles très petites, parfois sur des bateaux-prisons, avec très peu d'accès à l'air extérieur.
Les sans-papiers : de la main d’œuvre sur mesure…
Les centres de rétention font partie de la politique de « gestion des flux migratoires » élaborée elle-même selon les critères de « l’immigration choisie », c’est-à-dire en fonction des besoins en main d’œuvre des pays d’Europe. Il n’est pas nouveau que les patrons des pays riches aient recours aux travailleurs immigrés pour accroître leurs profits. Que ce soit de manière légale comme dans le cas de l’intérim, de l’ex « contrat OMI » (qui permet d’aligner le droit de présence sur le territoire sur le temps de travail saisonnier) ou du travail au noir, les étrangers occupent le plus souvent des emplois dans les secteurs les plus pénibles (BTP, restauration, nettoyage, travaux saisonniers…). Ces secteurs demandent une main d’œuvre flexible, adaptable aux besoins immédiats de la production.
En plus de l’absence de droits liée à leur statut, par exemple en cas d’accident, la menace permanente de l’arrestation et de l’expulsion qui plane sur les sans-papiers permet évidemment aux patrons de les sous-payer, voire de ne pas les payer du tout (ce qui n’est pas rare). Ce nivellement par le bas des salaires et des conditions de travail permet au patronat de renforcer l’exploitation de tous. Les grèves répétées de sans-papiers montrent à quel point les patrons français et l’Etat ont besoin de cette main d’œuvre, mais aussi comment, en s’organisant collectivement, les sans-papiers peuvent parfois leur tenir tête et obtenir des régularisations.
… au bouc émissaire idéal
La politique migratoire, dont les centres de rétention sont un rouage, sert aussi à stigmatiser les sans papiers. L’Etat en fait les boucs émissaires des difficultés que connaît la population de la France. L’utilisation spectaculaire des expulsions par l'Etat participe à montrer à la fois l’ampleur du « danger » que l’immigration irrégulière représenterait pour la France et l’Europe, et l'efficacité d'un Etat qui protégerait ses concitoyens face à ce danger.
L’Etat utilise des artifices comme lesdites « menaces de l’immigration clandestine », de la « racaille des banlieues », des « femmes voilées », ou comme la campagne sur l’identité nationale, pour faire ressortir les pires relents xénophobes et racistes et tenter de créer un consensus autour du pouvoir et du monde qu’il produit.
Des frontières partout
Les centres de rétention sont un élément indispensable à l’application d’une politique européenne de contrôle des flux migratoires qui, prétendant abolir les frontières à l’intérieur de l’espace Schengen, les renforce à l’extérieur notamment avec le dispositif Frontex.
Ainsi, le contrôle s’externalise aux portes de l’Europe, en accord avec des pays tels que la Libye, la Mauritanie, la Turquie ou l’Ukraine, où sont financés des camps pour enfermer des étrangers décrétés indésirables, avant même qu'ils n'aient réussi à pénétrer en Europe.
En même temps à l’intérieur de ce territoire, les frontières se disséminent, deviennent mobiles et par là même, omniprésentes : chaque contrôle d’identité peut conduire à l’expulsion. Car la frontière n’est pas qu’une ligne délimitant le territoire, mais surtout un point de contrôle, de pression et de tri. Ainsi, la rue, les transports, les administrations, les banques, les agences d’intérim, font déjà office de frontières.
Les centres de rétention, comme tous les camps pour migrants, sont des bouts des frontières assassines de l’Europe de Schengen. Ce sont des lieux où l’on attend, enfermé, parfois indéfiniment et sans jugement, où l’on meurt faute de soin, où l’on se donne la mort plutôt que d’être expulsé. Il faut en finir avec les frontières !
Pour toutes ces raisons, et parce qu'il n'y a pas de « bonne » gestion des flux migratoires,
parce que chacun doit pouvoir décider où il veut vivre,
nous sommes solidaires des inculpés de la révolte et de l’incendie du centre de rétention de Vincennes !
•RELAXE DE TOUS LES INCULPÉS !
•LIBERTÉ DE CIRCULATION ET D’INSTALLATION !
•FERMETURE DES CENTRES DE RÉTENTION !
•PLUS DE PAPIERS DU TOUT !
SEMAINE DE SOLIDARITÉ DU 16 AU 24 JANVIER 2010.
1er rendez-vous le 16 janvier 2010 : Projection, Débat, Infos
à 19h au CICP (21 ter rue Voltaire, Paris 11ème)
collectif de solidarité avec les inculpés de Vincennes
SEMAINE DE SOLIDARITE AVEC LES INCULPES DE L'INCENDIE DE VINCENNES
Le centre de rétention administrative de Vincennes était la plus grande
prison pour sans-papiers de France. le 21 juin 2008, un retenu qui
avait réclamé en vain ses médicaments y est mort. Le lendemain, le 22
juin, au cours d'une révolte collective, le centre est parti en fumée.
10 personnes sont inculpées pour cette révolte.
Etre solidaire des inculpés de l'incendie de Vincennes, c'est être
solidaire de toutes
celles et ceux qui, d'une manière ou d'une autre, se révoltent contre
un monde où des millions de vies sont suspendues à des bouts de papiers.
Quelques initiatives prévues à Paris pour la semaine de solidarité:
* SAMEDI 16 à 15h. Porte des Lilas.
Balade solidaire autour des piquets de grève de sans-papiers.
* SAMEDI 16 à 19h, au CICP (21ter rue Voltaire, M° Rue des Boulets):
Réunion publique autour de la révolte de Vincennes et du procès
Infos, débat, projection
* SAMEDI 23 à 14h, République (angle de la rue du temple/place de la
République)
Balade contre la machine à expulser
* SAMEDI 23 à 19h, au bar des Lauriers (98, rue des Couronnes, M°
Couronnes /Jourdain)
Projo - discussion sur les luttes des sans-papiers
* DIMANCHE 24 à 15h, à la CIP (14, quai de Charente, M° Corentin Cariou)
Projection, discussion sur les luttes à l'intérieur et à l'extérieur
des centres de rétention en Europe et ailleurs.
* PROCES les 25, 26 et 27 JANVIER au TGI de Paris, 13h30, 16e chambre.
Et sur les ondes :
* Samedi 16 à 13h30 sur Radio Libertaire (89,4 FM), Chroniques rebelles
* Mardi 19 à 19h sur FPP (106.3FM), Au fond près du radiateur
* Jeudi 21 à 12h30, FPP, Actualité des luttes
* Vendredi 22 à 19h, FPP, L'envolée
Le courageux combat des sans-papiers vitriots
Je refuse d’être esclave en 2010, je veux plus de ça ! »
Le 19 octobre 2009, les sans-papiers de Vitry-sur-Seine réunis en collectif en ont eu marre d’attendre une régularisation toujours à venir : ils ont occupé le centre des impôts. Évacués le soir même sur ordre du préfet, ils sont restés sur le trottoir. Les policiers sont finalement repartis ; eux n’ont pas bougé. Depuis, ils tiennent le trottoir jour et nuit, décidés à ne pas le quitter d’eux-mêmes sans avoir obtenu une régularisation pour tous, sans conditions.
Les conditions requises pour obtenir une régularisation sont très restrictives. Aussi, après plus de deux mois, subissant froid, pressions et autres difficultés, ils restent déterminés. Une délégation a été reçue à la préfecture et des dossiers de demandes de régularisations sont en préparation, avec l’aide des militants de leur comité de soutien ; mais ils savent qu’ils n’en ont pas encore fini : s’ils ont tenu jusqu’à maintenant, c’est pour qu’on ne leur dénie plus le droit de vivre ici.
Ils savent leur combat juste, et ils entendent le mener eux-mêmes. Ils ont choisi de se regrouper dans leur ville et de s’attaquer à l’État, qui encaisse leurs impôts et cotisations mais les fait pourchasser. Ils ont entraîné de nombreux habitants de Vitry à les soutenir. Ceux qui passent les voir, cinq minutes ou une nuit, les bras vides ou chargés, sont reçus avec chaleur et simplicité.
Ils dénoncent aussi les patrons qui profitent de leur situation, réclament la liberté de circuler, et se disent même pour l’abolition des frontières. Quelques-uns d’entre eux n’ont pas hésité à aller encourager et conseiller des sans-papiers marseillais à surmonter la crainte d’une arrestation et s’organiser, à l’exemple des milliers de sans-papiers en grève.
« Fraternité, liberté, égalité » : ces mots que les républiques n’utilisent que comme un slogan et qui sont censés représenter les valeurs d’une répugnante « identité nationale », signifient bien autre chose pour eux : ils les ont écrits au-dessus de leurs tentes pour nous appeler toutes et tous à les rejoindre dans la lutte. Puissent-ils tenir jusque là...
Nicolas, groupe libertaire d’Ivry
in Le Monde libertaire # 1578
Piquet de grève du Collectif des travailleurs sans-papiers de Vitry
81 rue Camille Groult
94400 Vitry-sur-Seine
06 01 19 69 71 / 06 29 82 52 96
http://soyouz.ua.free.fr/
Prochaine réunion du comité de soutien vendredi 8 janvier 2010 à 18 h., salle du château, 6 rue de Montebello, à Vitry.
vroum a écrit:SEMAINE DE SOLIDARITE AVEC LES INCULPES DE L'INCENDIE DE VINCENNES
Le centre de rétention administrative de Vincennes était la plus grande
prison pour sans-papiers de France. le 21 juin 2008, un retenu qui
avait réclamé en vain ses médicaments y est mort. Le lendemain, le 22
juin, au cours d'une révolte collective, le centre est parti en fumée.
10 personnes sont inculpées pour cette révolte.
Etre solidaire des inculpés de l'incendie de Vincennes, c'est être
solidaire de toutes
celles et ceux qui, d'une manière ou d'une autre, se révoltent contre
un monde où des millions de vies sont suspendues à des bouts de papiers.
Quelques initiatives prévues à Paris pour la semaine de solidarité:
* SAMEDI 16 à 15h. Porte des Lilas.
Balade solidaire autour des piquets de grève de sans-papiers.
* SAMEDI 16 à 19h, au CICP (21ter rue Voltaire, M° Rue des Boulets):
Réunion publique autour de la révolte de Vincennes et du procès
Infos, débat, projection
* SAMEDI 23 à 14h, République (angle de la rue du temple/place de la
République)
Balade contre la machine à expulser
* SAMEDI 23 à 19h, au bar des Lauriers (98, rue des Couronnes, M°
Couronnes /Jourdain)
Projo - discussion sur les luttes des sans-papiers
* DIMANCHE 24 à 15h, à la CIP (14, quai de Charente, M° Corentin Cariou)
Projection, discussion sur les luttes à l'intérieur et à l'extérieur
des centres de rétention en Europe et ailleurs.
* PROCES les 25, 26 et 27 JANVIER au TGI de Paris, 13h30, 16e chambre.
Et sur les ondes :
* Samedi 16 à 13h30 sur Radio Libertaire (89,4 FM), Chroniques rebelles
* Mardi 19 à 19h sur FPP (106.3FM), Au fond près du radiateur
* Jeudi 21 à 12h30, FPP, Actualité des luttes
* Vendredi 22 à 19h, FPP, L'envolée
jean a écrit:"la protection des personnes prime sur le pointillisme procédural"
Communiqué du GDALE-CGA sur l'expulsion du Hangar Kronstadt à Calais et sa réouverture
12 février 2010
Dimanche 7 février 2010, la police a expulsé violemment le Hangar Kronstadt suite à sa première soirée d'ouverture et après avoir assiégé et bloqué son accès pendant presque 24 heures. Elle a également saisi et détruit une grande partie de ce qui se trouvait à l'intérieur. La porte vitrée a été explosée par les CRS pendant l'expulsion[1], puis le volet roulant descendu et rivé au sol.
Cet évènement faisait suite directement à l'invasion policière[2] de juin 2009 lors du camp NoBorder à Calais. En effet le Hangar Kronstadt est une nouvelle initiative NoBorder[3] de lutte contre les politiques migratoires européennes et plus particulièrement la fermeture de la frontière France/Grande-Bretagne : un lieu ouvert à tou-te-s, pour contrer la logique des frontières et la xénophobie des États, et pour lutter contre la présence et les violences policières[4].
Pour l'État ce hangar devait donc être puni, il a commis l'horrible crime de protéger de la météo - en plein mois de février - une centaine de migrants démunis de tout logement[5], et surtout de les avoir protégés du harcèlement policier permanent dont ils font l'objet[6].
Il devait également être puni pour servir d'exemple aux associations calaisiennes d'aide aux migrant-e-s. En effet la particularité du mode d'action du réseau NoBorder est qu'il met en avant ses positions politiques. Les associations quant à elle ont subi depuis la fermeture du camp de Sangatte en 2002[7] une politique cynique de l'État visant à les faire taire politiquement de deux manières. D'une part en les épuisant à faire le travail de sous-traitance humanitaire des conditions abominables que l'État crée en fermant les frontières et en laissant dans le plus complet dénuement les dizaines de milliers de migrant-e-s
qui continuent et continueront d'arriver à Calais. D'autre part en attaquant sans relâche en justice[8] et par des gardes-à-vue inutiles les actions et dénonciations publiques contre les agissements criminels ,des policiers. Le résultat est tristement prévisible : affaiblissement des forces militantes, conduisant à des querelles démoralisantes, crainte - justifiée ! - de la violence de l'État. Les pouvoirs locaux - mairie et préfecture - les entrainent ensuite dans des négociations/tractactions strictement matérielles où elles obtiennent si peu[9].
La réouverture du Hangar Kronstadt à Calais le 10 février 2010 doit permettre de renverser ce rapport de force défavorable avec l'État et ses représentant-e-s, et de repositionner le problème des politiques migratoires européennes au centre des luttes calaisiennes de soutien aux migrants. Le soutien des associations à NoBorder et au Hangar Kronstadt est déjà un succès.
Pour toutes ces raisons, le GDALE condamne l'expulsion du Hangar Kronstadt à Calais et soutient sa réouverture. Le groupe continuera de participer au réseau NoBorder pour la liberté de circulation et d'installation !
Groupe D'Anarchiste de Lille et Environs - http://lille.cybertaria.org/gdale
CGA – Coordination des groupes anarchistes - http://www.c-g-a.org
Notes :
[1] Par plaisir de détruire apparemment, en tout cas à l'abri du regard des journalistes qui ont été auparavant repoussés, violemment pour certains.
[2] La vie d'un-e migrant-e à Calais est rythmée à toute heure du jour et de la nuit par les poursuites policières dans les rues et les buissons, le réveil au gaz lacrymogène, et, les heures de marche depuis le centre de rétention lorsqu'illes se font arrêter... puis relâcher... puis arrêter... etc.
[3] Le gymnase BCMO obtenu finalement par les associations et par crainte des morts de froid n'est ouvert que la température descend sous -5ºC ! Tous les "habitats" des migrant-e-s sont systématiquement détruits dès qu'ils sont repérés par la police. Parmi les témoignages : 15 CRS pour démonter 2 tentes vides, 1 voiture de policiers pour aller voler une tente repliée cachée derrière un téléphone public. Les squats insalubres - entrepôts amiantés, bâtisses croulantes ouvertes à tous vents - font régulièrement l'objet de raids policiers qui font fuir ou arrêtent les habitant-e-s, détruisent leurs affaires et mobilier,
brisent les fenêtres et les portes, et pour finir les remplissent de gaz lacrymogène.
[4] Plus de 2500 policier-e-s, plusieurs hélicoptères, pour quelques centaines de personnes présentes sur le camp, 2000 pour la manifestation.
[5] Ce hangar de 600 m2, équipé de douches et toilette, a été loué par SôS Soutien aux Sans-Papiers avec un bail de 2 mois pour cette initiative NoBorder.
[6] Quiconque passe quelques heures dans les rues de Calais sera immédiatement frappé-e par l'omniprésence policière : un camion de CRS à
chaque coin de rue, parfois accompagné d'un bus pour transporter les migrant-e-s arrêté-e-s.
[7] Le "camp de Sangatte" était géré par la Croix-Rouge et hébergeait, nourrissait, habillait, les migrants dans la région de Calais. En 2002, sous la pression de la Grande-Bretagne et également pour des raisons électoralistes Sarkozy - alors ministre de l'intérieur - avait fermé le camp et déclaré le problème clos. Évidemment rien n'est résolu.
[8] Cf. les procès contre Lenoir, Indymedia, Zetkin, et les nombreuses gardes-à-vue.
[9] Des blocs de douches ont attendu pendant des mois avant d'être installés, les lieux de distribution de repas sont ouverts à tous les vents. À comparer avec les centaines de millions d'euros dépensés, les milliers de CRS mobilisé-e-s chaque années pour rendre la vie impossible aux migrant-e-s et aux personnes qui les soutiennent.
Futur rouge - 11 mar 2010
Témoignages
Prison pour étrangers de Vincennes. 10 mars 2010
Centre de rétention de Vincennes, mercredi 10 mars 2010.
Première personne
« je suis retenu ici depuis 5 jours. Je ne vais pas mentir, on est nourrit ici. Moi pour l’instant j’ai pas eu de problème. Mais il y a des cas d’expulsions aberrants, j’ai vu quelqu’un qui a un père et qui s’est fait expulsé.
Les policiers rentrent dans les chambres, ils nous violent notre intimité. Il y a un retenu qui avait redécoré sa chambre pour essayer de rendre son lieu de vie plaisant. Les policiers sont venus une nuit sans prévenir et ont arraché les posters. C’est pour nous mettre un coup sur le moral.
Il y a quelques jours, ils ont mis un médicament dans la bouche d’un détenu qui s’était embrouillé avec quelqu’un. Il a dormi 48h. On est pas des bêtes, on a pas à nous filer des médicaments sans nous prévenir.
Il faut qu’à l’extérieur les gens sachent. »
Deuxième personne :
« C’est la merde, c’est le sbeul, il y a pas d’hygiène.
Les médicaments qu’ils nous donnent sont super forts, ça fait dormir 48 heures.
Il y a tout le temps des bagarres, ça va cramer ici, il y a des gens qui sont ici pour rien. Moi par exemple , on m’a souvent posé la question pourquoi je suis ici alors que je parle le français sans accent. Je suis ici depuis dix jours.
Ils mettent les médicaments dans les barquettes de bouffe et ils savent à qui ils veulent les donner.
Par exemple, il y a un retenu que je n’avais pas vu depuis 48 heures, je lui ai posé la question où il était, il m’a répondu qu’il avait dormi pendant tout ce temps. Ils donnent ça pour adoucir les mœurs, pour pas que les gens parlent avant qu’ils prennent l’avion, ils droguent les gens gratuitement, les médicaments ont des noms et des couleurs bizarres, et lorsque les retenus se réveillent, ils ont faim mais ils ont passé l’heure des repas et il faut attendre le lendemain pour manger.
Là en ce moment je suis dans une salle en haut et ça gueule en bas.
95 % des retenus sont drogués aux cachetons. C’est normal ça ?
Il y a un retenu pour le calmer, ils ont mis dans sa barquette un médicament, il a échangé sa barquette avec un autre retenu parce qu’il a capté qu’on voulait l’endormir. L’autre gars, il a fait que dormir. Le lendemain les flics l’ont vu debout et lui ont demandé pourquoi tu ne dors pas ? Les flics voulaient faire ça parce qu’il a un vol le lendemain. Comme ça il aurait pas de force pour faire du bruit ou refuser, il prendrai l’avion avec douceur.
95% des gens sont comme des zombis. c’est normal ça ?
Quand tu vas à l’infirmerie parce que tu as mal à l’ongle, l’infirmière te donne un somnifère. Je suis allé pour un rhume, le comprimé qu’on m’a donné, il rend mou, tu baves, tu as la bouche pâteuse. Je sais pas si c’est de la morphine ou quoi.
Pour nous endormir, y’a même des playstation avec des jeux, juste avant de te renvoyer au pays !
On en libère trois, y’en a 20 qui arrivent, il y a des dames de GEPSA en ce moment qui passent dernière moi, elles font le tour des chambres pour savoir s’il y a de la place, les gens mettent des matelas par terre pour dormir. »
Le retenu s’absente une seconde pour aller voir un employé de gepsa et demander combien ils sont dans le centre.
» Ah non ! ça il a pas le droit de me le dire ! A cet étage il y a 24 chambres, sur la gauche ce sont des chambres de 4, et sur la droite ce sont des chambres de 2 mais il y a toujours un matelas en plus par terre. On peut aller voir les autres retenus dans l’autre bâtiment. Ce sont des bâtiments provisoires, pas en béton, parce que en fait le centre a brûlé. Il y a un chantier à côté pour un troisième bâtiment en construction .
En bas ça s’embrouille avec les flics. On est pas des criminels, on est juste en situation irrégulière. Même un ballon de foot ils veulent pas, alors on l’a fabriqué nous même. Y’a des tables de ping pong mais y’a pas de raquette.
La police est venue arracher un poster de basket dans ma chambre, même ça c’est interdit. On veut décorer la chambre où on vit pour rendre l’endroit plus personnel et ben même ça c’est interdit , soit disant les posters ça prend feu, alors que leur matelas là … Les nouveaux matelas c’est de la pacotille, sur les couvertures y’a marqué pénitentiaire et elles sont dégueulasses, je suis rentré sans boutons et maintenant j’en ai plein sur le visage.
L’ASFAM, ils sont bêtes comme leurs pieds, ils sont payés à rien foutre, ça vous enfonce parce qu’ils vous donnent des faux espoirs en étant là, mais en fait, ils font rien pour nous. On parle à peine 5 minutes avec la fille et après elle a l’air saoulée, fatiguée. Elle est censée arriver à 9h30 mais elle vient à midi. Les astuces qu’elle donne c’est pour préparer la valise ou qu’on nous rapporte de l’argent, mais elle nous donne pas d’astuces pour sortir d’ici.
Au niveau juridique, elle sert à rien, elle peut juste faxer des lettres aux avocats. Quand on lui demande pour faire les appels elle dit toujours que c’est trop tard, qu’il fallait le faire au commissariat. Elle nous garde 5 minutes en faisant signe qu’il y a la queue derrière. On essaie de prendre des conseils entre nous, on prend des cartes téléphoniques, on appelle nous même, puisque l’asfam sert à rien, son boulot c’est d’enfoncer les gens, de nous faire perdre l’espoir.
Quand tu es nouvel arrivant elle est censée t’appeler, mais si j’étais pas allée la voir elle ne m’aurait jamais appelé. Elle dit qu’elle a beaucoup de dossiers, je lui ai demandé d’appeler l’avocat, elle m’a dit qu’elle le ferai, je lui ai demandé de le faire devant moi, c’est normal non ? elle l’a pris comme une insulte.
Il n’y a qu’une seule association et une dame à qui on donne de l’argent pour qu’elle nous fasse des courses.
En fait, la police, l’ASFAM, tous, ils ont le même objectif c’est de nous faire couler. C’est un cercle vicieux. En fait ils s’entendent tous, on peut compter sur personne. ».
Vendredi 12, une bonne journée du côté de Turin
- Huits immigrants d'origine magrébienne se sont enfui du centre fermé de Turin. Après avoir escaladé les barrières, ils se sont enfuis au travers de la "zone".
- Vendredi le tribunal de turin a statué sur la libération avant procés des trois inculpés anti raciste et anti fascistes. Celle ci a été reconnu par le tribunal .Nous venons d'apprendre que les trois anarchistes Andrea, Fabio et Luca ont été libérés aujourd'hui, et placés sous contrôle judiciaire (à l'italienne) en attente d'un procés.
Bon retour à la maison.
SOYONS NOMBREUX AU DELIBERE DU PROCES DE LA REVOLTE DE VINCENNES !
Le procès mené par la juge Nathalie Dutartre et ses deux assesseurs a été à l’image de l’instruction, mené exclusivement à charge par le magistrat instructeur, Mr Alain N’guyen The.
La quasi totalité des demandes de la défense a été rejetée. Seule a été acceptée la demande de visionnage des 32 heures de vidéosurveillance, mais en audience, ce qui rendait impossible toute contestation de version de l’accusation. Cette décision qui apparaissait comme une concession a en fait porté atteinte aux droits de la défense en imposant, sans concertation et du jour au lendemain, aux avocats et aux prévenus trois semaines d’audiences consécutives.
Les inculpés et leurs avocats ont quitté le procès, ces derniers affirmant ne pas avoir les moyens de la défense et ne voulant pas être « la caution de cette comédie ». Le procès s’est donc déroulé entre personnes de connivence : les juges, le procureur Gilbert Flam, les avocats des parties civiles, à savoir l’Etat et les policiers plaignants. Cela a aussi eu comme conséquence, par exemple, que la juge a reporté de nombreux autres procès, maintenant le plus souvent les gens concernés en détention dite provisoire le temps de ce report.
Les centres de rétention sont un rouage essentiel de la machine à expulser et donc des politiques de contrôle des flux migratoires. Quand le plus grand de ces centres est entièrement détruit par une révolte collective, l’Etat cherche à faire des exemples : il traque, emprisonne et punit. Gilbert Flam, en soldat de l’Etat, a requis à l’encontre des présumés incendiaires, entre 6 mois et 3 ans d’emprisonnement. La juge suivra sans doute la direction tracée par le proc, la justice n’étant là que pour appliquer les desseins de l’Etat. Dans ce procès emblématique, mais aussi dans son quotidien, la justice exerce sa violence de machine à punir contre tous ceux, celles qui s’opposent aux règles établies par la classe dominante. Parce qu’il faut bien s’assurer que des coupables payent, il est plus que probable que la juge ordonne des mandats d’arrêt.
Enfermés dans ces prisons pour étrangers en attente de leur expulsion, n’ayant d’autres alternatives à la résignation que la révolte, la solidarité avec ceux choisis au hasard suite à l’incendie du centre de rétention de Vincennes, ne doit pas retomber. D’autres procès pour d’autres révoltes (Bordeaux, Toulouse) suivront.
Au moment où les personnes qui luttent avec les sans papiers et plus largement pour la liberté de circulation et d’installation font l’objet de diverses procédures (gardes à vue, mises en examen, procès...), il est plus qu’évident qu’il faut montrer que nous ne céderons pas aux intimidations, notamment en continuant à manifester notre solidarité aux inculpés de Vincennes et plus largement à toutes celles et ceux qui, avec ou sans-papiers, expriment leur révolte contre la violence quotidienne de la machine à expulser.
Nous vous donnons tous rendez-vous pour le délibéré au tribunal le 17 mars, nous ne pouvons accepter que les 10 bouc-émisssaires de vincennes retournent en prison !
Le 17 mars à partir de 13H30, TGI de Paris, M° Cité, 16e chambre
RELAXE DES INCULPES DE VINCENNES !
LIBERTE DE CIRCULATION ET D’INSTALLATION !
IndyMédia Nantes, rapporté par Le Laboratoire - 15 mar 2010
La Croix Rouge enferme
En Italie comme en France, l’Etat tente d’arrêter la lutte qui s’est déroulée dedans comme dehors contre les centres de rétention. A Turin, Rovereto, Mantova, Cuneo le 23 février 2010, la police a perquisitionné des dizaines de domiciles et enfermé 6 compagnons. Les accusations visent plusieurs années de luttes : rassemblements devant les centres, occupations et attaques (Croix-Rouge, sièges de partis de droite comme de gauche, irruption dans un restau de luxe,…).
La Croix Rouge italienne aide la justice à construire les dossiers contre eux, vu qu’elle est impliquée dans la machine à expulser : elle gère direction les camps de rétention de Turin, Milan et Rome, couvrant les viols et les tabassages des sans-papiers, les bourrant de drogues et témoignant contre eux dans les procès des révoltes à l’intérieur.
Quand on était petit, on nous a appris que la Croix-Rouge faisait partie, comme ses consœurs, de ces institutions au grand cœur. Et que même si elles ne changeaient fondamentalement rien au fonctionnement de ce monde dominé par l’exploitation, la guerre, la misère et l’oppression, elles essayaient au moins d’en soigner les blessures et d’en atténuer les souffrances, comme ils disent dans leur langage profondément religieux. Pourtant le secours neutre n’existe pas. Et dans le cas de la Croix-Rouge, ce n’est pas bien compliqué à voir...
Tandis que la faim, les désastres, la guerre et l’oppression font fuir chaque année des millions de gens dans l’espoir de pouvoir reconstruire ailleurs une vie un peu meilleure, ce qui les attend ici en Europe c’est le racisme, les rafles, une exploitation sans limites et, au bout de compte, les centres de rétention et les déportations.
En Italie ou en Espagne, la Croix-Rouge Internationale gère directement les centres de rétention d’où l’Etat déporte les sans-papiers en fin de procédure. Des centres de rétention avec leurs gardiens, leurs cellules d’isolement, leurs passages à tabac, leurs abus et tout simplement la privation de liberté. C’est là que la Croix-Rouge montre encore plus clairement ce qu’elle est vraiment : l’aile humanitaire de la domination. En Belgique, ce sont les infirmiers de la Croix-Rouge qui, quand les indésirables se mutinent dans ces centres, soignent les blessures sans faire entendre la moindre critique et les bourrent de tranquillisants.
A Roissy, la Croix-Rouge cogère avec la police la zone d’attente pour sans-papiers qui débarquent à l’aéroport, et sert aussi de caution aux méthodes de la police des frontières (menottes, coups, baîllon, drogues) lors des expulsions forcées par avion qui s’en suivent.
Le 17 août 2006 lors d’une gigantesque rafle, 508 personnes d’Afrique et d’Europe de l’Est sont chassées du domicile qu’elles occupaient à Cachan depuis 2003. Chaque bus préfectoral qui repartait avec les expulsés pour aller les recracher toujours plus loin en banlieue était escorté d’uniformes bleus à l’extérieur et deux membres de la Croix-Rouge à l’intérieur. De septembre 1999 à 2002, ce sous-traitant de tous les États s’est aussi vu confier la gestion du hangar de Sangatte, près de Calais. Là, elle va isoler près de 1800 réfugiés avec la complicité des CRS qui surveillent le camp, pour laisser à l’Etat le temps de construire un centre de rétention juste à côté, à Coquelles. A partir de novembre 2002, elle va ainsi ficher tous les réfugiés, préparant le démantèlement du camp et la chasse à l’homme qui suivront peu après.
La Croix-Rouge entretient aussi des liens étroits avec l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), cet organisme qui cherche à soumettre les flux migratoires aux besoins du capitalisme et du contrôle social. Ce même organisme se sert d’une multitude d’organisations humanitaires et d’ONG pour réaliser son chantage avec ses primes de retour. La Croix Rouge est ainsi souvent présente lorsque les flics rasent les camps de Rroms à coups de pelleteuse pour les faire monter dans les cars, direction « retour à la case départ » (Roumanie, Bulgarie,…).
Et tout cela, ça s’appelle choisir son camp.
Mais il n’y a pas que sur les plages espagnoles et italiennes ou dans les ports et aéroports européens que les sans-papiers débarquent : il y a aussi ces millions de réfugiés au Moyen-Orient et en Afrique qui ont été chassés de chez eux par les guerres, la misère ou les désastres écologiques pour ensuite être accueillis dans d’énormes camps de concentration. Ceux-ci sont souvent gérés par la Croix-Rouge et pas seulement avec ses médecins, mais aussi avec ses agents de sécurité. Ainsi la Croix-Rouge ne fait que renforcer l’ordre actuel composé d’oppresseurs et d’opprimés – et tandis qu’elle soigne ces derniers, elle tente aussi de calmer la révolte qui, elle seule, pourrait réellement changer quelque chose.
Dans ses interventions, elle cherche à intégrer la politique européenne de contrôle des flux migratoires dans les manœuvres militaires des forces de l’ONU. Chacun sait (et pas mal d’employés dissidents de la Croix-Rouge l’ont quitté parce qu’ils ne supportaient plus cette neutralité odieuse) qu’il est impossible de rester neutre en temps de guerre. Rester neutre signifie choisir le camp du plus fort – même quand on soigne le plus faible. La conduite des guerres actuelles serait “ humanitaire ”, mais quel être sensé pourrait jamais croire qu’il y a quelque chose d’humanitaire dans les bombardements, les corps déchirés, les blessés, les viols ? En prétendant rester neutre, la Croix-Rouge ne fait que renforcer le pouvoir en place. En Irak, en Afghanistan, en Haïti comme ailleurs.
L’histoire en apparence sans fin de l’exploitation et de l’oppression a toujours eu besoin d’un corps de collaborateurs qui se cachent volontiers derrière un “ je ne savais pas ”. La gestion démocratique du capitalisme et de l’oppression a tout intérêt à étendre le plus possible ce que quelqu’un a appelé à l’époque des camps d’extermination nazis “ la zone grise de la collaboration ”. Refuser de collaborer avec un système qui organise la déportation systématique pour préserver les profits économiques et le pouvoir de quelques uns, c’est ouvrir la possibilité d’une critique réelle du monde dans lequel on est forcé de vivre.
AFP - 17 mars 2010
Incendie du centre de rétention de Vincennes: peines de prison ferme
PARIS - Le tribunal correctionnel de Paris a prononcé mercredi des peines de prison ferme allant de 8 mois à 3 ans à l'encontre des dix prévenus au procès de l'incendie en 2008 du centre de rétention administrative (CRA) de Vincennes.
"C'est un jugement très politique, qui suit les réquisitions à peu près à la lettre, nous allons faire appel", a immédiatement déclaré à la presse Me Irène Terrel, une des avocates des prévenus, dont aucun ne s'était présenté à la lecture du délibéré.
A l'extérieur s'étaient regroupés plusieurs dizaines de militants d'associations d'aide aux sans-papiers, qui ont manifesté bruyamment leur hostilité aux centres de rétention.
A l'image de l'ensemble du procès, qui s'était déroulé du 25 janvier au 9 février et avait été émaillé de divers incidents, la lecture du jugement par la présidente, Nathalie Dutartre, n'a démarré qu'après deux suspensions, dues à des incidents d'audience.
Dix étrangers en situation irrégulière --trois Maliens, deux Marocains, deux Palestiniens, un Turc, un Egyptien et un Tunisien-- étaient jugés pour l'incendie et/ou les violences survenus le 22 juin 2008 au "CRA" de Vincennes, le plus grand de France à l'époque, au lendemain du décès dans des circonstances obscures d'un Tunisien qui y séjournait.
Ont été prononcées à leur encontre une peine de 3 ans ferme, deux peines de 2 ans et demi, trois de 2 ans, deux de 1 an et deux de 8 mois.
Retourner vers Luttes actuelles et manifestations
Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 3 invités