Affaire Dieudonné/Valls : antisémitisme ou xénophobie ?

Débats politiques, confrontation avec d'autres idéologies politiques...

Affaire Dieudonné/Valls : antisémitisme ou xénophobie ?

Messagede fabou le Mer 1 Jan 2014 18:10

Affaire Dieudonné/Valls : antisémitisme télévisé ou xénophobie d’État, faut-il vraiment choisir ?

Communiqué du réseau No Pasaran - 1er janvier 2014.

La « quenelle », un geste « anti-système » ?

Depuis quelques années, nous assistons à l’apparition d’un nouveau phénomène sur le web : des centaines d’anonymes se photographient en exécutant le geste de la « quenelle », signifiant littéralement « dans ton cul jusque-là », et désormais étiqueté « anti-système ». Considérer comme subversif le fait de poster sur Facebook des photos de soi-même en train de tendre un bras peut faire sourire. Mais les initiateurs de ce geste donne plutôt envie de vomir. Le plus connu, Dieudonné, à l’origine humoriste plutôt de gauche, est progressivement devenu un triste pantin fréquentant des négationnistes et des responsables d’extrême droite. Il a encore récemment fait la une des médias avec une énième provocation antisémite, le 19 décembre, en regrettant qu’il n’y ait plus de chambres à gaz pour le journaliste de France Inter, Patrick Cohen. Un autre promoteur de la « quenelle », plus politique et proche de Dieudonné, est Alain Soral, dont les déclarations vaseuses oscillent entre homophobie, antiféminisme, soutien à des dictatures (Libye de Kadhafi, Iran, Syrie), dénonciation d’un prétendu « complot-juif » et paranoïa aiguë. La lutte contre toutes les formes de colonialisme, plus que jamais nécessaire, en Palestine comme ailleurs, ne peut se résumer à cette grotesque caricature…

Car c’est bien d’une vaste caricature qu’il s’agit. En effet, qu’y a t’il de vraiment « anti-système » dans ce geste repris partout et par tous, quelle que soit la classe sociale ? Le footballeur Nicolas Anelka, exécuteur d’une « quenelle » le 28 décembre, et qui a signé il y a un an pour un salaire de 1,2 millions d’euros, est-il vraiment « anti-système » ? Le gourou Rael, fondateur de la secte du même nom, et adepte lui-aussi de ce geste, est-il vraiment « anti-système » ?

Pour le réseau No Pasaran, l’exécution d’un simple geste, aux origines douteuses et à l’utilisation très aléatoire, ne pourra jamais se substituer à la lutte contre toutes les formes de dominations. Pire, cette « quenelle », en se présentant comme « anti-système », fait clairement le jeu de ce dernier en occultant les véritables combats à mener, contre l’impérialisme, le fascisme, le capitalisme et le productivisme.

Manuel Valls, ou quand la xénophobie d’État se déguise en antiracisme républicain.

En annonçant vouloir interdire les spectacles de Dieudonné, Manuel Valls tente de se draper dans les haillons d’un antiracisme de façade, alors qu’il s’assume par ailleurs comme le digne continuateur des politiques libérales, sécuritaires et xénophobes menées par les gouvernements précédents. Pour le réseau No Pasaran, ce n’est pas simplement la dénonciation de tel ou tel avatar d’extrême-droite qui importe le plus, mais avant tout la lutte contre ce qui la nourrit. Les politiques néo-libérales menées au travers de la construction européenne sont l’élément central et moteur dans la poussée populiste qui envahit le continent. En France l’UMP et le PS sont les exécutants de cette politique et sont donc responsables de l’état de décomposition sociale et économique de la société où les plus pauvres et les plus démunis -à l’instar des Roms, des immigrés ou des personnes d’origines maghrébines- sont stigmatisés et vus comme des populations dangereuses.

La lutte anti-fasciste ne peut en aucun cas se résoudre à étendre l’arsenal sécuritaire et répressif de l’État, qui mène par ailleurs une politique ouvertement xénophobe. Comme nous le disions dans les années 90, la lutte contre l’extrême droite doit se penser en terme d’un autre projet de société. A vous, à nous de faire vivre nos alternatives, nos espoirs et nos colères, dans de multiples luttes quotidiennes et locales.


-> http://nopasaran.samizdat.net/spip.php?article2080

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Re: Affaire Dieudonné/Valls : antisémitisme ou xénophobie ?

Messagede robin le Dim 5 Jan 2014 16:48

Il ne fait plus de doute que Dieudonné n'est pas vraiment un comique, non seulement parce que ce qu'il véhicule rejoint le pire de l'extrème droite mais aussi parce que cela ne sert plus que de prétexte aus pires des discours. Mais nous ne devons pas être dupes du jeu de Valls en terme d'image alors que celui-ci se prète au pire dans les actes. Le dernier communiqué de la CGA fait le point sur la question.

La CGA contre le racisme d’Etat !

Au plus haut sommet de l’Etat français1, les politiques suivies se caractérisent par leur apparente similitude. Que se soit la gauche ou la droite qui se retrouve aux affaires, les gouvernants gèrent de manière identique la question des flux migratoires. Les marchandises peuvent allègrement franchir les frontières hexagonales, mais les êtres humains ne bénéficient pas de la même mansuétude. Bien au contraire.

Les populations qui souffrent dans leurs pays d’origine et qui tentent de fuir les conditions de précarité, de misère sociale et même très souvent les risques inhérents aux brutalités criminelles de leurs gouvernant-e-s, ces populations voient tout naturellement dans les pays européens une solution à leurs maux.

Les décisions des "Politiques" en la circonstance tournent autour de deux aspects pourtant contradictoires. D’une part, la gestion humaine (humanitaire) des différents cas rencontrés et d’autre part les discours en provenance des ministères, fleurant bon le racisme, en l’occurrence le racisme d’Etat.

Le cas de la jeune « Léonarda » et de sa famille est extrêmement révélateur. Le 9 octobre cette jeune Rom Kosovare était expulsée vers son pays d’origine.

Le Ministre de l’intérieur communiquait sur l’impossibilité des Rroms à s’intégrer, relayant les discours racialistes des officines d’extrême droite ou de droite…

Le Parti de gauche a déclaré à cet effet que « la lepénisation des esprits a décidément pris ses quartiers place Beauvau ». Mémoire défaillante, quand on sait que le patron de ce parti, alors Ministre délégué à l’enseignement professionnel couvrait les pratiques dilatoires des pensionnaires de la place Beauvau de l’époque : Chevènement du 30/12/1998 au 29/08/2000, suivi de M. Vaillant du 29/08/2000 au 07/05/2002. Des ministres Communistes et des ministres Verts faisaient du reste de même.

La lepénisation des esprits trouvait alors l’occasion de se manifester vis-à-vis des milliers de Maghrébin-e-s expulsé-e-s à grand renfort politique qui perdura après 2002 sous la houlette d’un certain N. Sarkozy.

Les dérives racistes en provenance des sommets de l’Etat tentent de se légitimer dans le recours aux sondages qui attribuent des satisfécits aux politiques menées contre les ressortissant-e-s étranger-e-s.

L’objectif principal du gouvernement, en stigmatisant les populations vouées à l’exclusion est de masquer sa soumission aux nantis et aux patrons et de conforter les politiques antisociales qui vont avec.

Aujourd’hui le PS et ses allié-e-s, hier l’UMP et les centristes, en toile de fond le FN et les groupes fascistes radicaux, tout ce monde s’adonne à la surenchère raciste et déroule des discours d’exclusion à quelques nuances de violence près...

Il est vrai que pour les politiciens aux affaires et pour celles et ceux qui aspirent à y parvenir, il est plus aisé de s’attaquer à celles et ceux qui souffrent le plus de la violence économique et sociale du capitalisme que de s’atteler à régler les problèmes auxquels sont confronté-e-s des millions de salariée-s, retraité-e-s, chômeurs et chômeuses de ce pays.

Il est une vérité immuable : Ce ne sont ni les immigré-e-s, ni les Roms qui licencient, qui réduisent les salaires, qui cassent les retraites ou qui augmentent tous les prix, dont ceux des loyers, mais ce sont bien les capitalistes, les propriétaires, les étatistes et leurs fidèles allié-e-s politiques.

Du miel pour les nantis, des privations et des vexations pour les plus faibles, telle est la devise du gouvernement actuel et de tous ceux qui l’ont précédé.

Aujourd’hui, nous devons montrer notre détermination à lutter contre ces politiques iniques et refuser en bloc tout ce qui fait le terreau de l’extrême droite!

Dès maintenant, nous nous devons d’assurer la mobilisation la plus large, pour qu’enfin nous puissions stopper l’acharnement contre les Immigré-e-s, les Sans Papiers, aujourd’hui les Rroms et les dérives à caractère raciste.

Aucun Être humain n’est illégal ! Régularisation de toutes et tous les sans-papiers !



Perpignan le 21 décembre 2013

L’équipe des Relations Extérieures de la CGA


1) Ceci est valable pour l’essentiel des Etats européens

Source : http://www.c-g-a.org/content/la-cga-con ... isme-detat
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Re: Affaire Dieudonné/Valls : antisémitisme ou xénophobie ?

Messagede Zoom le Mer 15 Jan 2014 01:43

Dieudonné-Valls : ni peste ni choléra !
http://www.alternativelibertaire.org/?D ... i-peste-ni
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Re: Affaire Dieudonné/Valls : antisémitisme ou xénophobie ?

Messagede Zoom le Mer 5 Mar 2014 02:03

Tiré du mensuel Alternative Libertaire de février

Dieudonné, néo-naze

Le buzz déclenché par l’« affaire Dieudonné » a le mérite de rendre manifeste que le pseudo-comique est maintenant à 100 % un propagandiste d’extrême droite. Raciste comme le gouvernement, fraudeur du fisc comme les capitalistes, il n’a rien d’anti-système, mais demeure dangereux de par le succès qu’il rencontre.

Au premier abord, les discours de Dieudonné ont l’apparence de la démence. Ainsi quand, il y a deux ans, il estimait dans une interview à la télévision iranienne que, le sionisme, c’était « la perversion, le vice, le mensonge », qui veut « à la fois fois exister en souterrain et au grand jour », et que « en dessous, c’est toute la planète qui est touchée et infiltrée par cette maladie ».

Pourtant, Dieudonné est parfaitement lucide et conscient de ce qu’il fait. Il manie la provocation avec habileté pour se poser en victime et renforcer la croyance de ses supporters en un grand complot des « sionistes » (entendre les juifs), qui tireraient les ficelles au coeur du système.

Le mois de janvier aura été une illustration de ce phénomène. À l’origine, une remarque au cours d’un « sketch » sur le journaliste Patrick Cohen, regrettant que ce dernier n’ait pas fini en chambre à gaz, entraîne une indignation plutôt compréhensible. Quelques quenelles plus tard, Valls rebondit sur la polémique en appelant les préfets à annuler les spectacles de l’antisémite.

Antisémitisme sans ambiguïté

À Nantes, le 9 janvier, l’arrêté de la préfecture de Loire-Atlantique interdisant le spectacle qui devait se tenir le soir même est d’abord suspendu par le tribunal administratif de Nantes, mais la décision est elle-même annulée par le Conseil d’État quelques heures plus tard. Une telle rapidité de jugement, exceptionnelle de la part de la plus haute autorité administrative de l’État, ne pouvait que laisser penser à des esprits qui, comme celui des dieudonnistes, ont déjà des penchants conspis, que des pressions au plus haut niveau avaient eu lieu. Peut-être n’ont-ils d’ailleurs, pour une fois, pas tout à fait tort.

Certes, Dieudonné sort de l’épisode doté d’une réputation d’antisémitisme sans ambiguïté pour beaucoup de gens. Mais pour une minorité trop dépolitisée pour voir à travers les grosses ficelles de la stratégie Dieudonné, il est maintenant auréolé du prestige du résistant, de celui contre qui « tout le monde » au sein du « système » est.

Pourtant, Dieudonné n’a rien d’anti-système. Son antisémitisme, sans doute sincère, est aussi un fonds de commerce, qui lui permet de remplir ses salles et de vendre des billets plusieurs dizaines d’euros, en substituant des provocations racistes monomaniaques à un humour en panne.

Dieudonné est aussi, comme bien des capitalistes français, un fraudeur fiscal : en octobre 2012, une partie de ses biens avait été saisie pour permettre au fisc de recouvrer 887 000 euros d’impôts impayés. Le commerce de la haine est manifestement lucratif.

Dieudonné est également visé par une enquête pour blanchiment et « organisation frauduleuse d’insolvabilité », pour échapper aux amendes, d’un montant total d’environ 65 000 euros, infligées notamment pour ses propos antisémites.

Amalgame

Dieudonné n’est pas non plus antisioniste, si on entend par là le mouvement de solidarité avec le peuple palestinien en lutte pour ses droits. Jamais, en effet, il n’a apporté un quelconque soutien concret à ce mouvement. Pire, il n’a fait que rejoindre la droite pro-israélienne dans l’amalgame juif/sioniste que des organisations comme le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) s’efforce d’effectuer afin de pouvoir assimiler tout mouvement de solidarité avec les Palestiniens à une forme d’antisémitisme – alors même. On l’a vu encore récemment avec la campagne menée contre la campagne Boycott-Désinvestissement-Sanction (BDS), menée à l’appel de la société civile palestinienne pour mettre en place, pacifiquement, une pression économique sur Israël. Des militantes et militants de BDS ont ainsi pu être poursuivis et parfois condamnés ces dernières années.

Dieudonné, par l’amalgame qu’il favorise entre l’antisionisme dont il se réclame, par exemple avec la liste présentée aux européennes de 2009 avec Alain Soral, et l’antisémitisme qu’il propage effectivement, fait ainsi cause commune avec les ennemis du peuple palestinien.

Par son antisémitisme, Dieudonné se fait aussi l’alter ego de toutes celles et ceux qui, jusqu’au sommet de l’État, s’efforcent de profiter de l’angoisse suscitée par la crise pour stigmatiser une population. Comme Manuel Valls, spécialiste des propos racistes contre les Roms et les musulmans.

Propagandiste dangereux

Mais si le racisme semble être, malheureusement, l’une des choses les mieux partagées en France aujourd’hui, on peut toutefois noter que les sorties de Dieudonné font couler plus d’encre que d’autres, pourtant du même acabit. Ainsi, Gilles Bourdouleix, député-maire de Cholet (Maine-et-Loire), avait déclaré à propos des Roms : « Comme quoi, Hitler n’en a peut-être pas tué assez ». À propos d’une population qui faisait, comme les juifs, l’objet d’un projet d’extermination de la part des nazis, les propos n’ont pas grand chose à envier à ceux de Dieudonné sur Patrick Cohen. S’il a dû démissionner de l’Union des démocrates et indépendants (UDI), l’homme politique a conservé ses mandats sans susciter le quart de l’indignation actuelle. Mais comment en serait-il autrement quand le ministre de l’Intérieur lui-même affirme que les Roms n’ont pas vocation à s’intégrer en France, et encourage les expulsions ?

Dieudonné n’en est pas moins un propagandiste dangereux car couronné de succès depuis un bon moment. Outre ses spectacles, pour lesquels il était parvenu à vendre parfois dans les 5 000 billets, comme à Nantes, ses vidéos diffusées sur YouTube ont cumulé 40 millions de vues depuis mars 2011 sur sa chaîne « iamdieudo », et il est suivi par 260 000 abonnés. Sachant qu’il se montre régulièrement avec des personnalités d’extrême droite, comme le négationniste Robert Faurisson, ou tout récemment avec Serge Ayoub, à qui il a offert une tribune pour que le leader d’extrême droite puisse diffuser sa désinformation sur le meurtre de Clément Méric, assassiné par ses ouailles. Dieudonné fait planer le risque d’une popularisation des idées d’extrême droite, racistes et conspirationnistes. Il est à prendre au sérieux. Si le gouvernement vient seulement de se rendre compte du danger, nous le combattons depuis des années, et nous continuerons.

Vincent (AL Paris-Sud)

http://alternativelibertaire.org/?Antif ... e-neo-naze


Dieudonné-Soral : À nous de les faire taire !

L’interdiction des spectacles de Dieudonné pose la question de la légitimité de l’État à régenter et encadrer les esprits. Plutôt que par la répression étatique, c’est bien par l’action directe des exploité-e-s que l’on viendra à bout des idées et discours racistes et fascistes.

Entre deux remarques racistes sur les Roms ou les musulmans, Manuel Valls a subitement annoncé que contre les blagues antisémites de Dieudonné, il fallait sévir, et interdire ses spectacles. Vœux exaucé le 9 janvier pour le spectacle de Nantes, sur décision du Conseil d’État.

Anne Hidalgo, candidate PS à la mairie de Paris, veut quant à elle faire fermer la Main d’Or, le théâtre du pseudo-comique. Enfin, le député UDI Meyer Habib souhaite déposer un projet de loi pour interdire la quenelle...

Outre que ces propositions ne font que renforcer Dieudonné dans son statut de victime du « système », on ne peut pas souscrire, en tant que libertaires, à l’idée que l’État puisse légitimement déterminer ce qui est idéologiquement ou historiquement vrai ou pas, et interdire ce qui va en sens inverse.

Car, lorsqu’on voit la libération de la parole raciste dans les plus hautes sphères gouvernementales, les opinions farfelues sur les immigré-e-s mais aussi sur l’esclavage, la Première Guerre mondiale, la guerre d’Algérie ou Mai 68 exprimées par certains hommes politiques, on a des sueurs froides à l’idée de leur laisser imposer arbitrairement leur vision de l’histoire ou de la société.

La question de soutenir des lois, des décrets visant à interdire quelque opinion, discours, geste ou organisation que ce soit ne se pose donc pas. On ne pourrait pas non plus soutenir l’interdiction de telle ou telle organisation d’extrême droite sans reconnaître implicitement la légitimité de l’État à avoir droit de vie et de mort sur les organisations politiques, y compris d’extrême gauche, et donc son droit à nous dissoudre si tel était son bon plaisir. Même si on n’irait pas manifester contre l’interdiction du Front national ou de telle ou telle organisation néo-nazie...

Action directe

Cela ne signifie pas pour autant que toutes les opinions se valent, qu’elles doivent pouvoir être indifféremment déversées dans l’espace public, que les milices d’extrême droite ont toute leur place en démocratie, ou que le négationnisme doive être enseigné dans les écoles au même titre que la vraie histoire de l’Holocauste – parce qu’ainsi « chacun pourra se faire son opinion »... Ces propos, ces idées, ces organisations doivent être combattus et anéantis, mais pas en gémissant auprès de l’État pour qu’il envoie les forces de répression faire le sale boulot. C’est aux exploité-e-s de s’en charger par l’action directe. Cette action directe, c’est d’abord un combat d’idées à mener contre les fascistes, à travers un travail de contre-propagande dans les entreprises et les quartiers où l’idéologie dieudonnesque pousse.

C’est aussi un travail de perturbation des activités des fachos de tout poil sur le terrain. Ainsi, lorsque des grenouilles de bénitier viennent prier devant les centres IVG pour l’âme des avortons, comme récemment devant l’hôpital Tenon à Paris, il n’y a pas lieu d’en appeler à la préfecture pour qu’elle interdise cette prière de rue. Il faut par contre mobiliser pour que le plus grand nombre de militantes et militants féministes et progressistes viennent les déloger.

Il faut faire pareil devant les spectacles de Dieudonné. Les empêcher de se tenir plutôt que de prier pour qu’ils soient interdits. Déjà lorsque la liste « antisioniste » de Soral et Dieudonné était venue parader, en mai 2009, sur un marché populaire parisien, il était du devoir des antiracistes de venir lui signifier fermement leur désaccord, ce qui avait amené à la garde à vue de plusieurs d’entre eux. Quatre ans et demi plus tard, l’État se dit que finalement, c’est vrai que Dieudonné est un peu antisémite, et qu’il faudrait faire quelque chose. Et si, pour commencer, il arrêtait de réprimer celles et ceux qui se mobilisent sur le terrain contre le racisme et le fascisme ?

Vincent (AL Paris-Sud)

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Re: Affaire Dieudonné/Valls : antisémitisme ou xénophobie ?

Messagede pit le Ven 18 Avr 2014 01:51

À quoi sert Dieudonné ? Et qui en profite ?

Antisémitisme, sionisme, humoriste, liberté d’expression, antisystème… , tout se mélange. Si on essayait d’y voir clair ?

Ils disent la même chose.

Commençons par une anecdote. La veille du jour de l’an, je rentre de Gaza, la tête pleine des horreurs des effets du blocus. Je suis dans la voiture qui me ramène de l’aéroport et le téléphone sonne. C’est France-Bleu-Provence qui veut m’interviewer … sur Dieudonné, pas sur Gaza. « L’affaire » ayant fait du bruit jusqu’au Caire, je suis vaguement au courant. Sans trop réfléchir, je leur dis : « Ecoutez, je ne sais pas si Dieudonné est un agent du Mossad, mais s’il ne l’est pas, c’est que le Mossad est devenu franchement très con, ce à quoi je ne crois pas ». Je sens un grand blanc chez mon interlocutrice. J’embraye : « Car enfin, Dieudonné et les partisans inconditionnels d’Israël disent la même chose : que juif = sioniste ou que les partisans d’Israël sont propriétaires du génocide nazi ». « Et puis, Valls qui affirme que les Roms n’ont pas vocation à vivre en France est-il qualifié pour nous donner des leçons d’antiracisme ? »

Il m’est parfois arrivé de passer sur les médias. Mais cette fois-ci, mon refus de choisir entre Dieudonné et Valls ne correspondait pas à ce que les médias souhaitent. Et mon interview n’a pas été diffusée.

Le rôle historique de l’antisémitisme

Les Juifs, pour reprendre les termes de Hannah Arendt, ont été les parias de l’Europe, considérés comme des « Asiatiques inassimilables ». Il y a eu un consensus antisémite en Europe contre les Juifs, considérés comme un obstacle aux rêves fous de pureté « ethnique » ou « raciale ».

Le sionisme a transformé les Juifs en en faisant des colonisateurs européens au service de l’Occident. Les Juifs européens d’aujourd’hui ne sont plus des parias ou des dominés. L’islamophobie a remplacé l’antisémitisme comme dénominateur commun de toutes les idéologies de haine et d’exclusion. L’extrême droite est aujourd’hui plutôt pro-israélienne à l’image de ces dirigeants (le Flamand Dewinter, le Néerlandais Wijlders ou l’Autrichien Strache) partis à Jérusalem visiter la Knesset et le musée Yad Vashem à l’invitation de leur « collègue » Lieberman.

Il est piquant de voir le n° 2 du CRIF (William Goldnadel) devenu l’avocat de l’ancien rédacteur en chef du journal « Minute » (Patrick Buisson) comme si les antisémites traditionnels étaient devenus fréquentables.

L’antisémitisme n’a bien sûr pas disparu, mais il n’est plus l’instrument des dominants pour écraser les dominés. Quelqu’un comme Valls qui proclame tous les jours son « philosémitisme » (« par ma femme, je suis lié de manière éternelle à la communauté juive et à Israël ») pense en même temps que « les Roms ont vocation à retourner en Roumanie ou en Bulgarie ».

Dieudonné est-il antisémite ?

La question peut paraître stupide, mais de nombreuses personnes, surtout dans les quartiers populaires, nient cette évidence. Ils affirment que c’est de l’humour et/ou de la provocation et que c’est parfaitement licite.

Humour, l’affirmation vieille de plus de 10 ans où Dieudonné expliquait que « la traite des Noirs a été financée par des banquiers juifs ».

Humour raffiné, la composition de la « liste antisioniste » présentée aux élections de 2009. Pour éviter les poursuites judiciaires, je laisse aux lecteurs/trices le soin d’aller voir la biographie des grandEs humoristes/humanistes que sont Yahia Gouasmi, Alain Soral, Ginette Skandrani, Maria Poumier, Pierre Panet ou Christian Cotten. Pierre Panet est décidément un grand humoriste. Présent sur la liste du FN dans le XIIème arrondissement de Paris, il a indisposé les dirigeants de ce noble parti stupéfaits de découvrir un négationniste sur leurs listes.

Humour encore le fait d’intégrer Faurisson à son spectacle ou de manifester son amitié pour Serge Thion.

La bonne question n’est pas : « est-il antisémite ? » mais « comment et pourquoi l’est-il devenu ? ». Je pense qu’au départ, c’est « la concurrence des victimes », l’idée juste qu’on a minimisé un crime aussi long et épouvantable que l’esclavage et la traite des Noirs alors que la Shoah (je préfère le terme « génocide nazi ») est devenue quelque chose qu’on doit célébrer, parfois sans prendre le recul pour en comprendre les ressorts. Dieudonné est devenu monomaniaque de la dénonciation de l’esclavage. Les sionistes sont devenus monomaniaques de la Shoah au point de nier les autres génocides. Là aussi, des formes de pensée parallèles, la concurrence des victimes c’est dangereux.

L’antisémitisme de Dieudonné est devenu obsessionnel et il a repris un certain nombre de stéréotypes classiques (« Les Juifs maîtres du monde », « Les Juifs et l’argent », « Les Juifs et les médias »).

Un formidable cadeau au sionisme.

L’Etat d’Israël a été déclaré coupable du crime d’apartheid par le Tribunal Russell sur la Palestine. Aux yeux d’un nombre croissant de citoyenNEs du monde entier, Israël aujourd’hui, c’est l’Afrique du Sud d’autrefois et il faut boycotter ce pays colonialiste qui pratique des crimes de guerre. La dernière défense des partisans de la politique israélienne, c’est de brandir l’antisémitisme, c’est de dire que critiquer Israël, c’est de l’antisémitisme, c’est de s’approprier le génocide nazi et de l’utiliser pour empêcher toute critique.

En Israël même, ce qui maintient le « consensus » dans la société pour écraser les PalestinienNEs, c’est le complexe de Massada, ce sentiment collectif que les victimes ont été, sont et seront toujours les Juifs, que personne ne les aime et qu’ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes pour se défendre.

La guerre israélo-palestinienne n’est ni raciale, ni religieuse, ni communautaire. Elle porte sur des questions universelles fondamentales : le refus du colonialisme et l’égalité des droits. Qui dit le contraire ? les sionistes et les amis de Dieudonné. Pour les sionistes, les Juifs ont vécu en exil, ont fait leur retour dans leur pays et les Palestiniens n’existent pas ou sont des intrus. Pour Dieudonné, le mal que les sionistes infligent aux Palestiniens est intimement lié à la nature perverse des Juifs. Les sionistes disent : « c’est parce que tout le monde nous persécute qu’il nous faut un pays dominant ses voisins » ; Dieudonné leur répond : « c’est parce que les Juifs dominent le monde qu’ils persécutent les Palestiniens ».

Discours parallèles et complémentaires pour que le choix n’existe qu’entre deux formes de barbarie et de racisme.

Nous savons que l’instrumentalisation du génocide nazi par les sionistes est une escroquerie. Les sionistes n’ont joué qu’un très faible rôle dans la résistance juive au nazisme. Certains de leurs dirigeants se sont fortement compromis avec le nazisme. Et les millions de victimes de l’extermination n’avaient rien à voir avec le projet colonial qui a détruit la Palestine. Comme Dieudonné pense que juif et sioniste, c’est pareil, il multiplie les allusions obscènes sur le génocide et fréquente allègrement les négationnistes. Cela sert qui ?

Si Dieudonné n’existait pas, les sionistes l’auraient inventé. Il n’est hélas pas le seul. On trouve un tout petit nombre d’individus qui affirment que « Les Juifs sionistes et antisionistes sont les deux faces d’un même problème » ou que « la cause palestinienne est mal défendue là où la parole antisémite est brimée alors qu’elle est bien défendue là où cette parole est libre ».

Deux discours voisins

Nous vivons une période de racialisation des conflits. L’Occident est en plein dedans avec « La guerre du Bien contre le Mal » et le « choc des civilisations ». Le mal, ce sont les Arabes, les Musulmans, les bronzés, les quartiers, les pauvres. Et la Bible vient au secours de ce mode de pensée avec les Chrétiens sionistes pour qui les Arabes, c’est Armageddon et il faut les expulser.

Israël est l’élève modèle de ce discours. Mais la France aussi qui discrimine et ostracise touTEs les descendantEs de l’immigration post-coloniale.

Dieudonné fait comme les sionistes. Il essentialise les gens selon leur origine ou leur identité supposée. Il répond à la haine et la discrimination par la connerie raciste. Il ne connaît rien à la Palestine. Là-bas, celles et ceux qui soufrent savent que juif et sioniste, ce n’est pas pareil. Ils ont connu ou entendu parler de Michel Warschawski, d’Amira Hass, de Gideon Lévy ou de Juifs non Israéliens comme Stéphane Hessel ou Noam Chomski.

Antisystème, quelle blague !

La popularité de Dieudonné vient d’un sentiment diffus. Il est perçu comme un mode de rupture, comme quelqu’un « d’antisystème ».

En vérité Dieudonné occupe un créneau précis : capter une partie du vote des « quartiers » au profit du Front National.

La rupture avec le système, c’est la lutte contre les ravages du capitalisme, c’est renouer avec la lutte des classes, c’est réinventer une véritable égalité sociale et l’égalité des droits.

L’idéologue qui inspire Dieudonné (Alain Soral) a beau avoir appelé son mouvement « Egalité et Réconciliation », il ne prône ni l’un ni l’autre. Il s’inspire clairement de ce qui a fait la force du fascisme : transformer la colère sociale en colère raciste, briser le mouvement ouvrier et faire disparaître les traces de son histoire.

Historiquement, Le Pen c’est l’Algérie Française, la torture, la stigmatisation permanente de « l’immigré » et de ses symboles supposés (les mosquées, le voile …). Que la violence de la crise pousse des gens dans les quartiers à entendre ce discours n’a qu’une seule source : la volonté d’une rupture avec le système.

Il est tragique que la « gauche » qui a historiquement incarné cette soif de changement soit à ce point devenue inaudible. Elle est jugée responsable du chômage, de l’abandon, des discriminations, de la désagrégation du tissu social et de la montée du racisme.

Interdire Dieudonné n’a pas de sens. Surtout quand c’est Valls qui s’en mêle et qui prétend combattre Dieudonné au nom des « valeurs républicaines ». Quelles valeurs ? Celles de la république française héritière des guerres coloniales ? Celles qui en organisant la destruction des acquis sociaux a transformé des territoires entiers en zones sans présent ni avenir ? Il faut combattre Dieudonné idéologiquement. Il n’est pas une victime. Il est la face complémentaire de l’idéologie dominante.

Pierre Stambul

http://www.ujfp.org/spip.php?article3146
"Tu peux voter, pétitionner, débattre à la télé, ou gamberger sans te bouger, mais...C’est dans la rue qu'çà s'passe"
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pit
 
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Re: Affaire Dieudonné/Valls : antisémitisme ou xénophobie ?

Messagede jeannetperz le Ven 18 Avr 2014 16:35

voici une bonne lecture a plus
jeannetperz
 
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