http://www.oclibertaire.lautre.net/spip.php?article1801Etat d’urgence, Air France, Goodyear, Notre-Dame-des-Landes... Une justice de classe au service de l’État et du patronat
L’état d’urgence n’est en rien une verrue sur un corps sain que serait le système dans lequel nous vivons. Ce n’est pas une tumeur maligne que l’on pourrait gratter à coups d’appels à la démocratie afin de rendre présentable le système de merde qui nous gère : le capitalisme.
L’état d’urgence fait intrinsèquement partie de nos systèmes politique et économique. Il en est un élément essentiel pour assurer l’ordre et la domination dès que ceux-ci sont remis en cause.
Nous sommes en guerre, disent-ils. Oui, depuis des années ! Avec les guerres coloniales, celles du Golfe et d’Afghanistan, les interventions militaires en Afrique, ayant pour seul but d’assurer la domination des puissances impérialistes et le contrôle des ressources, surtout pétrolière.
Gageons que si cessaient les interventions militaires aux quatre coins du monde, que si les forces israéliennes quittaient les territoires occupés et que si les forces policières cessaient leurs interventions racistes dans les « quartiers », le terrorisme en prendrait un coup dans l’aile. Mais ne rêvons pas. La guerre menée par la bourgeoisie avec l’aide de l’état d’urgence, elle est aussi intérieure, contre nous, contre les salariés et les chômeurs, les syndicalistes, les zadistes et autres empêcheurs potentiels ou réels d’exploiter en rond.
Il y a les 2 900 suppressions de postes, mais, face à cela, la réaction légitime des travailleurs et deux chemises déchirées. Il y a les 1 173 suppressions de postes, mais aussi, en face, une action ouvrière classique et deux cadres qui repartent comme ils sont venus.
Il y a la confiscation de terres au profit de quelques groupes capitalistes, mais également, en face, d’importantes manifestations de paysans, d’habitants et de nombreuses actions collectives.
Air France, Goodyear, Notre-Dame-des-Landes : qu’ils soient salariés du service public ou du privé, de l’industrie ou des services, qu’ils soient paysans ou porteurs d’une autre façon de vivre et de travailler, c’est au prix fort que l’État et ses alliés du CAC 40 entendent leur faire payer leur résistance à l’exploitation, aux expulsions, à la confiscation de leurs moyens d’existence. La stratégie est bien rodée : les patrons appellent le préfet qui envoie sa police. S’ensuivent les interpellations et les assignations en justice, les réquisitoires diffamants et la criminalisation de la lutte. A ce moment précis, l’« Etat de droit » tombe le masque. Il se donne à voir pour ce qu’il est en réalité c’est-à-dire le droit de l’Etat à briser quiconque entraverait la bonne marche des affaires du patronat. Et si d’aventure la cour se révèle trop « faible » dans sa condamnation, le parquet fait appel, et réclame la tête des rebelles.
Ces manières de faire ne sont qu’un rappel à l’ordre politique. Elles cherchent à tuer l’espoir chez celles et ceux qui auraient l’envie de relever la tête, dans une période où le ras-le-bol social est profond et les réactions qu’il pourrait engendrer relativement imprévisibles. Car si les médias prennent soin de ne surtout pas en parler, de très nombreuses luttes se déroulent partout sur le territoire. Des luttes souvent isolées et encore parcellaires, mais qui pour certaines durent et gagnent ! Les massacres survenus dernièrement à Paris ont offert l’opportunité à des politiciens charognards d’accroître jusqu’au délire l’arsenal sécuritaire, bien moins dans l’espoir d’attraper le terroriste que dans le but de criminaliser toute contestation sociale, comme ce fut le cas dès la tenue de la « COP 21 ». C’est maintenant le tour des ouvriers de Goodyear d’en faire la douloureuse expérience. Dans ce contexte, on ne peut que se demander : qui seront les prochains sur la liste ?
En période d’esbroufe institutionnelle, de destruction du droit du travail, d’osmose décomplexée entre capital et pouvoir politique, d’alliance objective entre « démocraties » et dictatures sur fond de discours guerrier, il est urgent de se solidariser avec toutes celles et tous ceux qui osent s’engager dans la seule voie possible : celle du conflit social. Si nous sommes solidaires des travailleurs d’Air France, de Goodyear et d’ailleurs, si nous le sommes également des paysans et des habitants de Notre-Dame-des-Landes, nous savons par ailleurs que c’est le capitalisme, avec son cortège de désastres sociaux et écologiques, qui est la seule cause des maux qui les accablent, qui nous accablent tous et toutes.
Et, contrairement à ce que les politiciens de tous bords affirment, il y a bien une alternative à la barbarie qui chaque jour nous rattrape. Elle se construit et se construira uniquement par la lutte et la solidarité de classe, sur nos lieux de travail, nos lieux de vie, dans la rue et nulle part ailleurs. Repeindre le capitalisme et la démocratie parlementaire en rose ou en vert, non merci !
Organisation communiste libertaire - Poitou
ocl-poitou chez orange.fr
Le propre du socialiste au pouvoir est de salir tout ce qu’il touche
Le Parti Socialiste est magique. On a beau ne rien en espérer, il parvient encore et toujours à décevoir ! A chaque petite phrase retorse, énième projet de loi ou nouvelle proposition de réforme, nous restons cois devant tant de bassesse. De félonie. De renoncement. Franchement, cela confine au grand art ! Mais ils sont payés pour ça : faire avaler les mesures scélérates que la droite n'osait pas dégainer par crainte de la rue. Eux peuvent se le permettre, puisque dans leur blaze il y a « social ».
Dans notre numéro post-élections présidentielles de 2012 , nous fustigions l'arrivée à l'Élysée du PS et de sa clique, déjà convaincus qu'il n'y avait pas grand-chose à en attendre. « Un éléphant, ça trompe énormément ! », affirmions-nous en une, estimant que l'espace entre la « droite décomplexée » de Nicolas Sarkozy et la « gauche normale » de François Hollande avait l'épaisseur d'un bulletin de vote passé à la machine. Mais, à nous relire aujourd'hui, on découvre avec consternation que nos prédictions étaient bien en deçà du cynisme déployé depuis par leur offensive antisociale.
Et pourtant, c'était tellement prévisible. La gauche de gouvernement est toujours victime du syndrome Daladier. Vous savez, ce radical, ministre de la Défense du Front populaire, qui arrive au pouvoir en 1938 et décide d'« aménager » - pour ne pas dire détruire - la semaine des 40 heures. La société des loisirs et des bains de mer se réveilla de bonne heure au son de « Il faut remettre la France au travail ! ». À minuit moins dix dans le siècle, cette voix chevrotante s'accompagna d'un énième décret-loi visant les étrangers indésirables. Des camps de concentration s'érigèrent pour accueillir républicains espagnols, antinazis allemands ou autrichiens - souvent juifs - que l'on s'apprêtait à expulser dans « leurs pays ». Sur fond de montée des fascismes, Edouard Daladier fit de sa gestion droitière le paradigme d'une gauche perdue, sans valeur, et qui finira écrasée - ou absorbée - par l'État français du maréchal Pétain.
Ça, c'est la manifestation originale du syndrome Daladier. Aujourd'hui, son symptôme manifeste est à rechercher dans le projet de loi de réforme du Code du travail défendu par le ministère de Myriam El Khomri, et qui sied à nombre de députés de droite. À bien y regarder, ce projet est une synthèse de différentes études concoctées dans les think tanks libéraux. « Aménagement » de la semaine des 35 heures, plafonnement des indemnités prud'homales, facilitation des licenciements, priorité donnée à la négociation d'entreprise, accords dit « offensifs » en faveur de l'emploi - les accords collectifs ne sont plus là pour « défendre » les salariés, mais pour permettre une meilleure compétitivité des entreprises. Ces propositions, d'ordinaire avancées par les syndicats patronaux et leurs députés de droite, sont en passe de devenir l'étendard gouvernemental de la sacro-sainte liberté d'entreprendre contre tous les « conservatismes ».
Pragmatiques, les socialistes ? Ils le sont moins quand ils occupent les bancs de l'opposition : François Hollande, le 21 février 2006, apostrophait ainsi le gouvernement de Dominique de Villepin après le recours au 49-3 qui fera passer l'éphémère Contrat première embauche (CPE) : « Vous avez fait du code du travail le bouc émissaire de votre incapacité à créer de l'emploi et fait de son démantèlement l'objet même de votre politique. » Retour à l'envoyeur.
Le coup de l'opposition, c'est au tour de Martine Aubry de nous le servir. Rompue à la chose politique, la briscarde sait qu'un parti doit toujours proposer une alternative en son sein. En compagnie de lieutenants frondeurs, elle se délecte de l'opportunité offerte par la casse du droit du travail fomentée par ses collègues. « Trop, c'est trop ! » lancent les socialos contrariés qui ne se reconnaissent pas dans la gestion des affaires courantes par le gouvernement. Sans vergogne, cette ancienne directrice adjointe de Péchiney - boîte de l'industriel Jean Gandois, président du CNPF, ancêtre du Medef, de 1994 à 1997 - n'hésite pas, dans la tribune cosignée dans Le Monde [1], à mobiliser la mémoire du mouvement ouvrier. Celui-là même que son parti, depuis sa création en 1969, s'est évertué à ne jamais représenter. Comment dire cela... ? Martine, nous n'y croyons pas deux minutes.
Car, après avoir décortiqué la politique du PS en matière d'économie (page 10), de social (page 11), d'urbanisme (pages 12 et 13), de migration (page 14), de sécurité (page 15) et d'environnement (page 16), nous sommes arrivés à cette conclusion : elle salit tout. Peut-être parce que le propre des socialistes au pouvoir sera toujours de nous mettre une sale droite.
Momo Brücke & Jean-Baptiste Legars
[1] « Sortir de l'impasse », Le Monde, 24 février 2016.
Retourner vers Politique générale
Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 1 invité