"Panos Kammenos est profondément patriote, et amoureux des nations, sans être nationaliste au mauvais sens du terme", dit de lui le député français Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France, l'équivalent hexagonal d'ANEL. "Il n'est pas anti-européen, il est anti-UE, telle qu'elle fonctionne. C'est différent."
Le Premier ministre Alexis Tsipras a demandé dans un communiqué transmis par son bureau "du temps pour respirer", et a assuré "ne pas chercher le conflit". Comme il l'avait dit pendant sa campagne, le chef du parti de gauche radicale Syriza a promis de ne prendre aucune décision "unilatérale" concernant le sujet très épineux de la dette de son pays.
Même chose pour son ministre des Finances qui dans un entretien à paraître dimanche dans To Vima, adoucit son propos et dit ne pas vouloir "faire perdre son temps à la troïka, parce qu'elle n'est pas habilitée à discuter du fond et de la logique" du dispositif d'aide de 240 milliards d'euros mis en place à partir de 2010 pour la Grèce. Yanis Varoufakis sera en France dimanche, il doit rencontrer Michel Sapin et Emmanuel Macron. Aucune visite n'est prévue à Berlin.
http://alternativelibertaire.org/?Europ ... -de-veriteEurope : Syriza à l’heure de vérité
Depuis la victoire de Syriza aux élections législatives du 25 janvier 2015, les projecteurs médiatiques sont braqués sur la Grèce et son gouvernement de gauche radicale. Mais l’état de grâce aura été de courte durée. Le résultat des négociations menées avec les créanciers de l’État grec fait déjà grincer des dents au sein même de Syriza.
Dès l’annonce des résultats des élections législatives grecques, les commentaires ont fleuri à la « gauche de la gauche » pour saluer une victoire historique et reconnaître dans Syriza un modèle pour une alternative politique au libéralisme dominant.
Ce succès électoral a immédiatement donné des ailes à des formations réformistes plus ou moins proches de Syriza qui espéraient voir rejaillir sur elles l’aura populaire de Tsípras. Pourtant, l’exercice du pouvoir s’avère d’ores et déjà beaucoup plus décevant que prévu et la vague Syriza sur laquelle comptaient surfer Podemos en Espagne, le Front de gauche en France ou l’Alliance anti-austérité en Irlande semble dès à présent endigué.
Une zone de turbulences en Europe
L’arrivée au pouvoir de la gauche radicale a indéniablement provoqué une zone de turbulences dans une Europe gouvernée par des partis adeptes du libéralisme. Alors que le dogme de l’austérité n’est quasiment pas remis en cause, l’accession de Tsípras au poste de Premier ministre avait de quoi faire frémir au sein des institutions européennes.
En faisant ainsi de la renégociation de la dette grecque et de la remise en cause des mémorandums conclus avec la troïka son cheval de bataille, le nouveau gouvernement grec entendait répondre aux aspirations populaires qui avaient porté ce parti au pouvoir et marquer la rupture avec les gouvernements précédents.
Les premières annonces du gouvernement Tsípras allaient dans ce sens : arrêt de la privatisation du port du Pirée et des grandes entreprises publiques (en particulier l’opérateur d’électricité DEI), programme d’urgence pour répondre à la crise humanitaire, réintégration de milliers de fonctionnaires, hausse du salaire minimum, relèvement des pensions pour les retraités les plus pauvres, etc.
Mais les premières annonces de Tsípras faisant suite aux négociations avec l’Eurogroupe ne vont clairement pas dans le bon sens et toute la question est désormais de savoir comment va agir l’aile gauche de Syriza, mais aussi et surtout dans quelle mesure le prolétariat organisé va mettre le gouvernement sous pression.
D’autant que le programme de Syriza, ambitieux par certains aspects, n’est en effet pas anticapitaliste en soi et aucune transformation sociale d’ampleur ne pourra être espérée si le mouvement social demeure attentiste.
Les limites d’un programme réformiste
La dernière mouture du programme de Syriza avait été présentée par Tsípras lors de la Foire internationale de Thessalonique en septembre 2014. Ce « programme de Thessalonique », qui doit être financé par la lutte contre la fraude fiscale et par un recours à divers fonds européens, prévoit un ensemble de mesures destinées à apporter une solution d’urgence à la crise humanitaire, à soutenir la relance économique (notamment par le relèvement du seuil de l’impôt sur le revenu et la création d’une banque d’investissement), à réformer la gouvernance et à endiguer le chômage en créant 300.000 emplois dans le secteur public et le secteur privé. Bref, un programme d’aides sociales mâtiné de mesures d’inspiration keynésienne.
C’est sur ce programme, beaucoup moins ambitieux que les revendications portées jusqu’alors par Syriza, que le parti de Tsípras est parvenu à remporter la majorité relative des sièges au Vouli, le Parlement grec.
On peut dès lors se demander quels sont les objectifs du nouveau gouvernement : apporter une réponse immédiate à la misère et tâcher simplement de faire revenir la Grèce à sa situation d’avant 2008 ou s’appuyer sur ces premières mesures populaires pour consolider un bloc majoritaire dans la population et mener ensuite des transformations sociales plus radicales ?
Dans tous les cas, c’est en premier lieu au mouvement populaire grec que nous devons apporter notre soutien. C’est au sein de ce mouvement que doivent continuer à se développer des forces anticapitalistes et autogestionnaires à même de peser de manière significative sur la situation politique pour porter un projet de transformation sociale autonome qui ne se limite pas à un traitement symptomatique de l’austérité.
Le fait que les manifestantes et manifestants grecs adoptent le slogan « Pas un pas en arrière » laisse penser que des ouvertures existent et que l’expérience gouvernementale ne constitue pas un horizon borné.
Les contradictions du pouvoir
Dès la fin du mois de janvier, le nouveau gouvernement Tsípras, fruit d’une alliance de circonstance entre Syriza et le parti de droite souverainiste des Grecs indépendants, a entamé des négociations en vue d’aménager le remboursement de la dette grecque et d’obtenir de nouveaux financements.
Mais Yánis Varoufákis, nouveau ministère des Finances, se heurte d’ores et déjà à l’inflexibilité de l’Eurogroupe (regroupant les ministres des Finances de la zone euro, la BCE et le FMI) qui pose comme condition à toute négociation la prolongation du mémorandum. Et les annonces du gouvernement grec montrent que le tiède compromis a été préféré à l’affrontement direct avec les institutions européennes.
En effet, selon les termes de l’accord, même si l’initiative des réformes revient au gouvernement grec, celles-ci devront être validées par les créanciers de l’État grec avant de pouvoir être mises en œuvre.
C’est ce compromis au rabais qui a conduit le vétéran Manolis Glézos, figure emblématique de la résistance grecque à l’occupation nazie, à dénoncer la capitulation du gouvernement Tsípras et, dans une lettre ouverte, à demander « au Peuple Grec de [lui] pardonner d’avoir contribué à cette illusion » [1].
Dans le même temps, le relèvement immédiat du salaire minimum à 751 € a été repoussé à 2016 tandis que l’arrêt de la privatisation du Pirée ne semble plus être défendu avec autant de force.
Développer des contre-pouvoirs avant de prendre le pouvoir
L’arrivée au pouvoir de Tsípras va sans nul doute conduire, dans un premier temps, à une amélioration substantielle du sort des plus précaires et peut même être propice à un développement des forces révolutionnaires.
Pour autant, l’aventure gouvernementale de Syriza présente deux risques majeurs :
1. brider les aspirations populaires au changement en leur opposant un discours gestionnaire ;
2. nourrir, par son échec, les idées réactionnaires et précipiter un brutal retour à l’ordre.
Ces deux risques sont liés au rapport utilitariste qui est entretenu avec le mouvement social : dans une période de reflux des luttes après 2012, la stratégie de Syriza a ainsi été d’offrir un « débouché politique » au mouvement social plutôt que de tâcher de renforcer, en son sein, les perspectives de contestation et d’élaboration d’un projet de transformation sociale autonome.
Le Front de gauche qui, en France, se donne Syriza pour modèle et prétend appuyer le mouvement social en lui proposant un débouché électoral, risque, de même, de brider des organisations syndicales et des associations de lutte déjà affaiblies en leur faisant perdre de vue toute perspective politique autonome.
Au-delà de cela, faire de la recomposition électorale à gauche et de la recherche d’un accord programmatique une priorité pour contester la politique libérale du gouvernement revient à nourrir des illusions et à faire oublier que c’est la construction patiente d’un rapport de force en faveur des classes populaires qui sera déterminante pour saper les fondements du pouvoir capitaliste et commencer à bâtir, par en bas, une autre société.
Benjamin (AL Paris Nord Est)
[1] L’intégralité de sa lettre ouverte est disponible sur le site Alencontre.org
http://alencontre.org/europe/grece-les- ... romis.html
http://alternativelibertaire.org/?Point ... taire-grecPoint de vue d’un libertaire grec : L’heure de la solidarité internationale
Le premier tour des négociations de l’Eurogroupe sur la dette grecque s’est achevé fin février à Bruxelles. Le gouvernement Syriza-Grecs indépendants, récemment élu avec mandat de renégocier et supprimer une bonne partie de la dette grecque en accord avec les partenaires européens, s’est finalement plié aux pressions allemandes, en demandant la prolongation du programme d’austérité, en prenant en retour quatre mois de liquidité et un assouplissement des objectifs fiscaux.
Où en est-on réellement un mois après la victoire triomphale de Syriza aux élection et les premiers jours d’enthousiasme où la cote de popularité du gouvernement a atteint 80% de l’opinion ? La fin peu glorieuse de ce tour de négociations a montré les limites de ce processus imperméable aux pressions du mouvement populaire.
Dans un premier temps, ce résultat ne permet même pas au gouvernement de répondre à la « crise humanitaire », c’est-à-dire d’appliquer les mesures immédiates pour le soulagement des couches des plus faibles des classes populaires. L’économie du pays continue d’être sous la tutelle de l’union sacrée de l’oligarchie financière.
Approfondir la brèche
Dans les temps à venir, la base de légitimation du gouvernement sera la tentative de freiner l’attaque contre les acquis fondamentaux des mouvements ouvriers. Sans grande marge de manœuvre, le nouveau gouvernement grec a su internationaliser la question de sa dette et gagner un peu de temps. Si ce temps sera retrouvé ou reperdu ne dépend pas tant du gouvernement que de la mobilisation de classe. Autrement dit, le résultat électoral a pu ouvrir une brèche dans l’uniformité de la pensée unique, mais si les classes laborieuses n’occupent pas la place publique, cette brèche sera vite refermée et digérée.
L’échec à changer l’agenda et la retraite tant attendue du gouvernement grec prouvent que la ligne d’« unité » et de « réconciliation nationale » ne mène pas loin les revendications et les aspirations des travailleurs. Cela ne regarde pas que les discours mais aussi les gestes politiques majeurs du gouvernement, comme lorsqu’il a confié le rôle du président de la République à un ancien ministre de l’Intérieur de la droite républicaine.
Gestion médiatique
L’heure est maintenant à une gestion médiatique de ces manœuvres douteuses : bien entendu cela peut produire des résultats tant que le gouvernement reste capable de persuader la population qu’il est capable d’appliquer sa politique. L’espoir est revenu, selon le slogan électoral de Syriza, mais la peur règne toujours. La majorité de la population continue de craindre qu’un conflit avec le FMI et les institutions européennes ou un Grexit amène le pays au bord de l’abysse.
L’heure n’est plus à regarder de loin et à analyser, comme si nos actions ne pesaient pas dans le rapport de forces à l’échelle internationale et européenne. Si les prochains mois se déroulent dans un paysage de faible mobilisation populaire, il est certain que tant Syriza que les autres nouveaux partis radicaux, comme celui de Podemos en Espagne, se trouveront obligés de capituler ou de se transformer en social-démocratie néolibérale des années 1990.
L’heure est maintenant à la solidarité internationale, pour l’élaboration pratique de revendications communes et l’organisation des luttes à l’échelle européenne.
Yannis (Initiative anarcho-syndicaliste Rocinante, Athènes) http://rocinante.gr/
http://paris-luttes.info/athenes-texte- ... ation-2896TEXTE DE L’OCCUPATION "KOKKINO 105,5” ("ROUGE 105,5") :
Jusqu’à ce jour, le 23 mars 2015, des dizaines de détenus politiques ont procédé à une grève de la faim depuis le 2 mars, en revendiquant : l’abolition de la législation "anti-terroriste" spéciale et plus particulièrement les lois concernant les organisations terroristes et criminelles (lois 187A et 187), la suppression des lois réprimantes spéciales (la "loi de cagoule"), l’abolition des prisons de "type C" qui constituent l’achèvement d’un statut d’exception par rapport aux prisonniers politiques, la délimitation de l’utilisation et de l’ingénierie de l’ADN comme élément de preuve, la libération sans délais de Savvas Xiros (un prisonnier qui malgré un taux de 98% d’invalidité, il est en train d’être acharné systématiquement depuis treize ans par l’état) et la libération sans délais des membres des Cellules du Complot du Feu.
En supportant les revendications des grévistes de la faim, un groupe des camarades solidaires du milieu anarchiste, nous avons procédé à l’occupation de la station radio "Kokkino 105,5" ("Rouge 105,5"). Le choix de cette station radio est évidente : Le "Rouge" est une radio bourgeois mais depuis peu, une radio gouvernemental aussi. On dirait presque, le haut-parleur du gouvernement de Syriza- Grecs Indépendants...
Le "Kokkino", tout comme la majorité écrasante de la racaille médiatique, détournent le cadre général de la lutte des grévistes de la faim mais aussi des actions de solidarité avec eux. Cette occupation constitue donc une action qui est originaire du mouvement de solidarité élargi avec les détenus, lesquels ils donnent une lutte qui nous concerne tous.
Nous, de la part d’occupation de "Kokkino 105,5", nous prenons entre nos mains ce média et on rend l’information alternative notre arme ! Cette action fait partie ce mouvement de solidarité avec les prisonniers politiques & grévistes de faim qui reste multiforme et élargi.
Vive la lutte des grévistes de la faim !
Jusqu’à la démolition de toute prison
“Occupation du Kokkino 105,5”
P.-S.
(link : https://athens.indymedia.org/post/1541615/)
http://fr.contrainfo.espiv.net/2015/03/ ... niers-dak/A present, les prisonniers anarchistes du Réseau des Combattants Prisonniers (DAK) Antonis Stamboulos, Tasos Theofilou, Giorgos Karagianidis, Dimitris Politis, Fivos Harisis, Argyris Ntalios, Andreas-Dimitris Bourzoukos, Grigoris Sarafoudis et Giannis Michailidis, les membres de Lutte Revolutionaire Nikos Maziotis et Kostas Gournas, le membre de 17 Novembre Dimitris Koufontinas, les turques prisonniers politiques et les prisonniers Giorgos Sofianidis et Mohamed-Said Elchibah, nous sommes en grève de la faim, luttant contre le régime législatif et répressif d’ exception, qui est instauré par l’état grec depuis le début des années 2000.
Depuis le 2 mars nous avons commencé, avec les compagnons à l’exterieur, une lutte pour l’abolition des prisons de haute sécurité de type C, l’abolition de la legislation anti-terroriste, l’abolition de la loi de la cagoule, le changement radical de la methodologie de prélevement et d’identification de l’ADN, la liberation du membre de 17 Novembre Savvas Xiros qui a des multiples problèmes de santé.
La lutte pour la satisfaction de ces revendications est une lutte contre le noyau de l’état d’urgence. C’est une lutte contre le noyau du nouveau totalitarisme instauré les derniers quinze ans, aussi bien en Grèce que sur un niveau international.
Reconnaisant le fait que les ramifications de l’autorité depassent les strictes frontières géographiques des états, nous invitons tous les compagnonNEs dans le monde à soutenir notre lutte.
Nous invitons tous les combattantEs à agir le 1er avril, envoyant de cette manière un message d’unité révolutionnaire.
VICTOIRE A LA LUTTE DES GREVISTES DE LA FAIM
SATISFACTION DE TOUTES LES REVENDICATIONS
POUR LA DESTRUCTION DE L’ETAT ET DU CAPITAL
Réseau des Combattants Prisonniers (DAK)
http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article1659Grèce : espoir et illusions d’une « Gauche » au pouvoir.
Les médecins de la troïka européenne se sont penchés au chevet de la Grèce avec pour tout remède « la saignée ». La saignée administrée est profonde, le malade est à bout de force et la maladie gagne du terrain. Les « diafoirus » du libéralisme avaient-ils l’intention de la guérir ou de seulement en faire un cobaye ?
Bilan de la saignée.
Résultat de la thérapie appliquée par la troïka européenne. Baisse des investissements de 60%, de la productivité de 10%, de la Construction 80%, des salaires entre 20 et 40% et des retraites de 45%. Un chômage multiplié par trois dont 50% chez les jeunes. Des Baisses de l’indemnité de chômage (300 euros) de 22% sachant que seuls 10% y ont droit. Au début était la dette publique : 140 % du PIB grec. Effacée de moitié début 2012, elle est aujourd’hui autour des 175%. Les effets de cette thérapie de choc ont aussi été dénoncé par la ligue internationale des droits de l’homme qui y voit une atteinte aux droits humains fondamentaux : logement, santé, travail, éducation ... La théorie du choc appliquée au prétexte de réduire la dette a plongé dans la misère la population, mais bien nourrit les préteurs, les banquiers européens. Elle avalisait l’attaque et la destruction de tout le code du travail et des lois de protection sociales et cassait ce qui était « l’état de droit ». Les « mémorandums » de L’U.E, imposés à la Grèce contrevenaient à la constitution grecque elle-même. Notons que les mesures d’austérités de ce pays, n’ont pas commencé avec la crise mais ont été accélérées avec sa mise en tutelle par la troïka. Loin d’être abattu, le corps social, le peuple grec a réagit et combattu le diagnostic et la thérapie imposée. Une résistance avec la montée des luttes sociales auto organisées et le mouvement « d’occupation des places ». En 2011 : grève générale et révoltes populaires comme lors de la fête nationale accompagnée d’affrontements violents contre les forces de répression étatiques mais aussi contre les agressions de l’extrême droite d’Aube Dorée. Après cinq années d’austérité dévastatrice et quoi que l’on pense de l’outil (électoral) utilisé, ce 25 janvier marque un tournant pour le peuple grec. Certes c’est la victoire de Syriza, mais par ces élections, l’Europe des Hollande, des Merkel and Co a été défiée et humiliée. Les partis politiques responsables de la saignée de la Grèce via la dénommée Troïka (Union européenne, Banque centrale européenne - BCE, Fonds monétaire international - FMI) ont eux aussi subi cette défaite. Dans le pays, le Pasok, (Parti socialiste grec) chute de 44 % des voix en 2009, à 4,68 %. Le parti dissident de G.Papandreou, (ex-premier ministre du Pasok) qui a introduit les programmes d’austérité, n’a recueilli que 2,46 % des voix. Nouvelle Démocratie (opposition de droite) atteint les 27,81 %, mais 9 % de moins que Syriza. La montée électorale des fascistes d’Aube Dorée a été contrée à 6,28%, bien qu’ils aient conservé, des députés. Ceux-ci étaient combattus dans la rue par le mouvement populaire de gauche ce qui démontre que les luttes sociales contre des mesures gouvernementales impopulaires ne font pas le jeu des populistes. Il est vrai que le parti Syriza y participait aussi. Par ailleurs, suite aux agressions violentes (assassinat) contre des immigrants et militants de gauche, la bourgeoisie au pouvoir qui couvrait ses exactions a rejeté Aube Dorée est mis ses leader en prison.
Syriza.
Dans la décomposition politique des partis au pouvoir et l’irruption sociale du peuple, c’est sans surprise, pourrait-on dire, que Syriza a gagné les élections et que son leader Tsipras est devienu chef du gouvernement. Est-il surprenant que les dénigrements pré électoraux de la gente politique européenne deviennent, après cette victoire du 25 janvier, d’hypocrites lauriers tressés par nombre de chefs de gouvernements ? Pas étonnant non plus cette standing ovation française de l’extrême droite à l’extrême gauche. Pas de méprise. La clameur des uns ou des autres se différencie selon leurs objectifs politiques et le socle idéologique auquel ils se référent. Syriza était avant tout un rassemblement social, écolo, associatif, allant du centre droit avec des transfuges du Pasok à l’extrême gauche dont des anciens du KKE : le parti communiste. N’ayant pas obtenu la majorité parlementaire dont il avait besoin, Syriza a formé un gouvernement avec le Parti des Grecs Indépendants (AN-EL). Mélange de populisme et de valeurs traditionnelles de droite, en liens avec des fractions de la bourgeoisie d’affaire et l’Église grecque. Eux aussi ont toujours été opposés à l’austérité depuis qu’ils ont quitté Nouvelle Démocratie. Les Grecs Indépendants ne sont pas anti-Union européenne ni anti-euro. N’oublions pas que le mouvement de résistance sociale qui animait le peuple grec, se nourrissait aussi de nationalisme, de fierté identitaire, de souverainisme national y compris dans ses représentations de gauche. Si l’on prend en compte le tournant « réaliste » des dirigeants de Syriza, la coalition devrait fonctionner, en tout cas au début. La direction de l’actuel gouvernement se présente, pour le peuple grec comme une coalition nationale anti-austérité, et pour l’Europe,internationalement, comme un gouvernement de gauche pragmatique et responsable. Syriza est situé à gauche du parti Socialiste grec : Pasok qui s’est partagé le pouvoir en intermittence avec la droite depuis la chute des colonels. D’agglomérat de petits partis coalisés en 2004 (1), après maints soubresauts, « Syriza » devient le parti en 2013. Par ses discours et positions il capte vers lui les ouvriers et les couches intermédiaires que la crise va déclasser et paupériser. Ouvrier, populaire et réformiste (à ses début du moins) Syriza prend corps électoralement dans le contexte des luttes de résistances sociales. Luttes qu’il saura canaliser, vider pour s’en nourrir et se renforcer. Il n’est en rien d’extrême gauche, ni radical, ni socialiste de par son programme. Ce parti n’est donc pas la gauche radicale que les éditocrâtes et autres formateurs d’opinions voulaient nous faire croire. Du moins en France. Ou alors, si radicalité il y a, (ce qui en soi ne veut rien dire) ce ne peut être qu’en comparaison du vide politique laissé par les partis grecs institutionnels : dits socialistes puis sociaux démocrates, désertés puis désavoués par leur propre adhérents et électorats. Partis soumis et dévoués au capitalisme libéral. Dans ce vide, Syriza peut être une illusion de radicalité par les quelques promesses et mesures sociales annoncées avant son accession au pouvoir mais n’est en aucun cas anticapitaliste. Il ne présente aucun programme réformiste de transformation sociale basé sur des conquêtes de pouvoir aux moyens des élections. Ce n’est qu’un parti qui s’oppose aux dérives libérales du capitalisme, pour en corriger les excès et le rendre de nouveau humain. Il porte plus les espoirs de la bourgeoisie sociale et de la petite bourgeoisie déclassée et paupérisée qui lutte pour sa survie que ceux des travailleurs saignés par la crise imposée. En absence de perspectives révolutionaires et d’une prise de conscience collective de classe, il est logique que certains parmi le peuple y aient cru, y aient vu une solution à leurs problèmes. Alors que la victoire de Syriza n’est portée que par 36,34 % des 9, 8 millions d’électeurs, il serait intéressant avec plus d’infos de comprendre le taux de 36,13% d’abstentionnistes, dans ce pays où le droit de vote est théoriquement obligatoire. Chacun peut apprécier Syriza pour ce qu’il y trouve, pour notre part nous saluons la claque que le peuple grec assène aux affameurs. Notre profonde solidarité, sympathie revient au peuple grec, celui de la rue, celui des luttes sociales auto gérées. Il s’agit, certes par délégation électorale, de la revanche d’une société qui a souffert et qui a lutté contre les responsables de ces souffrances.
De l’opposition au pouvoir.
La principale initiative de la politique de SYRIZA, une fois au pouvoir, se devait d’être, d’après leurs déclarations d’avant les élections l’application du programme de Salonique : la création d’une sorte de « filet de sécurité sociale » en augmentant le salaire minimum à son ancien niveau de 751 euros, en réinstaurant les droits élémentaires de négociation collective, en mettant un terme à la diminution du nombre de fonctionnaires, en apportant une aide immédiate aux 300 000 familles qui vivent sous le seuil de pauvreté, en créant des emplois, et en augmentant les pensions de retraite. Il ne fait aucun doute que ces mesures répondaient à une urgence populaire. Mais à mesure que l’échéance électorale se rapprochait, Syriza s’en éloignait. Ses dirigeants abandonnaient leur revendication d’une abrogation immédiate du mémorandum (les conditions imposées et liées aux accords de prêt), qui était un argument majeur de leur campagne de 2012. Ils se sont délestés du : « pas de sacrifice pour l’euro » et de La nationalisation du système bancaire. Etc. Dans les faits à l’approche d’un pouvoir assuré, SYRIZA s’est affirmé pour ce qu’il est : mettre fin à l’austérité tout en restant dans le cadre institutionnel, monétaire et financier de l’Euro-zone et de l’Union européenne. Quelle marge de négociations avec l’Union européenne, en sachant que celle-ci maintiendra sa pression pour la poursuite des politiques d’austérité sinon elle renierait son dogme, son message : que personne ne peut se soustraire à la norme libérale fixée pour l’UE. A l’opposé, pour maintenir sa politique progressiste, Syriza devra abroger les réformes néolibérales imposées à la Grèce dans les dernières années. N’ayons pas d’illusions. De telles démarches des uns contre les autres, mèneront inévitablement à la confrontation. N’oublions pas que la Grèce ne représente que 2% du PIB européen. Elle est un petit pays face aux pays impérialistes infra européens que sont la France et l’Allemagne.
Espoirs et désillusions
La pression populaire pourra-t-elle contraindre SYRIZA à tenir ses propositions ? La crise sociale et politique en Grèce, offre aussi cette possibilité ? Le sujet qui nous interroge n’est pas Syriza et ses stratégies mais où en est le mouvement social ? Que reste –t-il de ses expériences alternatives basées sur l’auto-organisation, que reste –t-il des liens horizontaux, et démocratiques acquis dans ces luttes passées et récentes ? Que reste-t-il du désir collectif des gens qui ont mené ces luttes de résistance contre la troïka européenne et l’ex gouvernement ? N’oublions pas le Parti Communiste : KKE, (5,47%des voix), certes sectaire, mais décrivant et dénonçant Syriza comme une alternative pour le système. Le premier geste du Premier ministre A.Tsipras après avoir prêté serment n’a-t-il pas été de se rendre dans un lieu où 200 communistes furent exécutés le 1er mai 1944. La gauche radicale anti-Union européenne, anticapitaliste est aussi représentée par Antarsya-Mars (0,64 % des voix). Autres réalités, autres échos au sein des mouvements sociaux. Syriza n’est que la représentation politique et électorale, du moment lié aux bouleversements qui ont fait suite non seulement à la crise, mais aussi au long cycle de luttes contre l’austérité. Ces années de luttes ont-elles fait immerger de nouvelles identités, forgées de nouvelles formes d’appartenance ? Syriza en est- il la fin, l’essoufflement politique ? Ce mouvement populaire avec ses différentes composantes aura-t-il la capacité, la possibilité d’imposer une politique plus radicale, non pas en simple lobby de gauche extra institutionnelle mais en acteur direct imposant par ses dynamiques de luttes ses propres solutions ? Sans une unité populaire autonome, de classe, engagée dans la lutte, dans des pratiques collectives de résistance et de transformation, le risque est grand de voir l’espoir suscité dériver alors vers les replis identitaires, nationalistes qu’attendent et cultivent l’extrême droite d’Aube Dorée. Il semble que c’est aussi ce mouvement populaire grec de résistance sociale qui envoie le message politique d’une possibilité de changement à l’ensemble de l’Europe ! Lors des prochaines élections en Espagne « PODEMOS » sera t-il une autre réponse ? Oublions Syriza et combattons les icônes qu’utilise et fabrique la bourgeoisie comme seules incarnations d’avenir. La victoire de Syriza a pu être une bonne nouvelle avant les désillusions prochaines que ce parti ne manquera pas de susciter. L’espoir ne réside pas dans l’élection de « sauveurs » mais dans la volonté des peuples à poursuivre la lutte pour leur émancipation.
MZ Caen le 10 02 2015
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