Brésil

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Messagede robin le Dim 13 Oct 2013 14:28

URGENT : Nouveau raid policier contre les locaux de la FAG.


Le Gouvernement Parti des travailleurs (PT - Partido dos Trabalhadores) du Rio Grande del Sul (Bresil) mène une chasse aux sorcières et s'en prend aux domiciles et aux locaux publics d'organisations gauchistes et de mouvements sociaux.
Dans l'après midi du mardi 1er octovre 2013, l' Ateneu Libertário A Batalha da Várzea, qui est utilisé à des fins politiques et sociales par la Federação Anarquista Gaúcha (FAG) a été attaqué pour la seconde fois par les forces répressives du gouvenement PT de Tarso Genro. La porte des locaux a été fracassée et l'intérieur et les équipements ont été retournés.
Sur une table un message a été laissé qui disait « je suis passé par là et la porte était ouverte. Je voudrais participer à la FAG »
La journée de mardi a débuté par une forte répression déchaînée par le gouvernement et la justice de l'Etat contre des activistes du Bloco de Lutas (Bloc de lutte) et d'organisations gauchistes. Des perquisitions dans des domiciles, des locaux publics gauchistes, et les locaux de campagnes d'autres camarades ont été menées tout au long de la journée.
Il est question au total de plus de 70 mandats de perquisitions devant être exécutés. Le jeudi précédent, pendant la dispersion d'une manifestation publique du Bloco de Lutas, 5 camarades ont été arrêtés et inculpés. Le Gouvernement Tarso veut faire taire les protestations sociales échappant à son contrôle : ne soyez pas trompéEs par ses manipulations rhérotiques, ne soyez pas intimidéEs par les mesures répressives.



NE SOYEZ PAS INTIMIDE-E-S, NE VOUS DEMOBILISEZ PAS : SOLIDARITE AVEC CELLES ET CEUX QUI LUTTENT

Communiqué de la FAG sur la Chasse aux sorcières du 1er Octobre 2013 à Porto Allegre, Rio Grande do Sul


L'opération de grande ampleur que la Police Civile a lancé hier, touchant différents camarades et des organisations gauchistes qui mènent campagne avec le Bloco de Lutas mettent en évidence la nécessité urgente de mettre en œuvre la solidarité.
A ce stade, nous devons faire face dans l'urgence au problème en tenant compte du contexte. Ce n'était pas une répression dirigée spécifiquement contre une organisation, mais un coup dirigé contre touTEs les militantEs gauchistes. Il est temps de faire preuve de solidarité envers l'ensemble des camarades et des organisations touchées, comme un devoir qui se place au dessus de tout lien idéologique ou organisationnel, et il ne faut pas tomber dans le travers de conditionner la solidarité à des préférences politiques.

Après toute cette opération sordide, Tarso a eu le culot et le cynisme de rendre public un communiqué dans lequel il a défendu de manière acharnée la méga-opération, affirmant qu'elle réspectait les cadres d'un « Etat démocratique ». Il a omis toute une liste de perquisitions de domiciles et dans des locaux tels le centre social libertaire Moinho Negro, le mouvement autonome Utopia e Luta et l'Ateneu Libertário, attaqué pour la seconde fois en moins de 4 mois. Tarso a cité le cas des camarades du Parti Socialisme et Liberté [PSOL - Partido Socialismo e Liberdade] et du Parti Socialiste des Travailleurs Unifiés [PSTU - Partido Socialista dos Trabalhadores Unificado] et à invité les leaders des partis à une entrevue pour évoquer l'incident.

L'invitation de Tarso a toutes les caractéristiques d'une masquarade, parce que la réalité est qu'il cherche à déterminer, sans l'accord du mouvement populaire, qui est en mesure de lui parler, et de faire pression pour qu'ils collaborent. Cela devient clair quand, tout en négligeant le reste de l'opération, il déclare qu'il ne croit pas que des « actes criminels » sont mis en œuvre par des « activistes politiques », après en avoir fait payer les frais à un nombre aussi large d'autres camarades et organisations touchées. Cela n'a rien de nouveau. En Juin, lorsque nos locaux ont été attaqués sur la base d'un subterfuge illégal (même aujourd'hui nous n'avons pas connaissance d'une quelconque réquisition du tribunal) ; le même Tarso a utilisé la presse pour nous qualifier de fasciste et a prétendu que ces partis remettaient en cause leur politique d'alliance au sein des mouvements sociaux.

Enfin, nous attirons l'attention sur le cas préoccupant de 3 camarades enseignants qui ont été arrêtés arbitrairement au cours de la dernière manifestation du Bloco de Lutas, qui ont été mis en examen aujourd'hui. Ces Trois camarades ont été conduits dans un bus qui appartient à la Brigade militaire (une force de sécurité d'Etat) et arrêtés peu de temps après alors qu'ils se dirigeaient vers un snack bar dans la zone de Cidade Baixa après la manifestation. Le prétexte utilisé pour les approcher c'était que l'un de ces camarades portait un drapeau du CPERS-sindicato.

L'arrestation de ces camarades a rapidement mis en évidence une opération de police soigneusement préparée dont l'intention était de prendre en chasse des manifestantEs choisiEs au hasard à la fin de la manifestation, de manière à effectuer des arrestations et à fabriquer des éléments de preuve « d'illégalité flagrante » visant à les présenter comme des boucs émissaires pour les déprédations.

Sans aucune preuve, et sur la seule base de témoignages anonymes d'officiers de Brigade, les camarades ont été inculpés de vandalisme sur une propriété publique, de délit de dégradation pour des graffitis sur des bâtiments protégés, et d'agression contre des officiers de Brigade. Le but principal de l'opération était d'envoyer les camarades à la prison centrale, comme le montre le montant exorbitant de l'amende/du racket qui leur a été appliqué (4000 Réal- environ 1300 euros) chacunEs en espèce.

En ce qui concerne la Police civile respectant « l'Etat de droit démocratique » en envahissant le domiciles de camarades et les locaux d'organisations, c'est le Chef de la Police Paulo César Jardim, en charge de « l'enquète » et des emprisonnements qui ont suivi la dernière manifestation , qui a mené à bien sa « noble » tâche.

Il est étrange que le même Jardim soit aussi le délégué responsable de l'enquête sur des groupes néo-nazis qui opèrent librement dans l'état entier, plus particulièrement à Porto Allegre et dans la Serra Gaùcha, menant de nombreuses attaques, particulièrement de type raciste et homophobe.

On a jamais vu un tel empressement de sa part dans l'enquête menée par ce « grand enquêteur » sur ces criminels avérés ; ni aucune mesure effective mise en œuvre par le gouvernement Tarso/PT contre [les néo-nazis].

Il est temps de nous serrer les coudes en solidarité avec touTEs les hommes et les femmes qui luttent afin que la protestation sociale ne plie par devant le pouvoir et puisse résister au matraquage réactionnaire des monopoles médiatiques. Il est temps de mobiliser un front commun de toutes celles et ceux qui cherchent l'indépendance de la classe, de briser l'encerclement répressif et de stopper la criminalisation des mouvements sociaux.


Contre la peur et la répression, lutte et organisation !

Celles et ceux qui luttent ne meurent pas. Parce que seule l'action directe rend un peuple fort..


Federação Anarquista Gaúcha

Traduction : Relations Internationales de la Coordination des Groupes Anarchistes


Related Link: http://batalhadavarzea.blogspot.com


Source : http://www.anarkismo.net/article/26294
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Re: Brésil

Messagede denis le Dim 27 Oct 2013 22:20

Le black-bloc se développe dans les manifestations au Brésil

http://actualutte.com/le-black-bloc-se- ... au-bresil/
Qu'y'en a pas un sur cent et qu'pourtant ils existent, Et qu'ils se tiennent bien bras dessus bras dessous, Joyeux, et c'est pour ça qu'ils sont toujours debout !

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Re: Brésil

Messagede denis le Dim 24 Nov 2013 21:58

Brésil : des SDF assassinés pour « assainir » les rues avant le mondial


En savoir plus sur http://www.letribunaldunet.fr/actualite ... ndial.html


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Re: Brésil

Messagede pit le Mar 17 Déc 2013 13:53

Non à la coopération policière ! Vive la solidarité internationale !

Fin novembre 2013, la police française, les CRS (Compagnie Républicaine de Sécurité), est allée entraîner les policiers du « Bataillon de choc » (Batalhão de Choque – BPCHq) de la police militaire de Rio de Janeiro suite aux manifestations qui ont eu lieu au Brésil, ces derniers mois.

Le but de l’échange entre les deux forces de police était d’échanger des informations sur la façon d’agir dans les émeutes, actes de vandalisme, de contrôler des groupes violents, et d’autres déprédations enregistrées en vue des événements lors de la Coupe du Monde de Foot et des Jeux Olympiques de 2016.

La police française est, paraît-il, spécialisée dans la gestion des mouvements de protestation et dans le contrôle des foules. Le gouvernement français a déjà prouvé par le passé sa célérité à apporter une aide répressive et militaire :
- Lors de « l’opération Condor », qui a consisté à une contre-révolution préventive de la part des dictatures d’Amérique du Sud, dans les années 1970, conduisant à la mort et à la disparition des milliers d’opposants politiques. La police française a apporté son « savoir faire » (torture, techniques de contre-guérilla, quadrillage des quartiers) hérité de la guerre d’Algérie. Cela s’est traduit, notamment, par les actions des « escadrons de la mort ».
- Plus récemment, le gouvernement français proposait ses services pour intervenir en Tunisie, au début de la révolution, pour aider le régime en place à réprimer les mouvements de contestation. La France a, par ailleurs, envoyé du matériel policier à Ben Ali.
- En 2010, la police française est intervenue en Égypte auprès d’officiers des services d’ordre public et de la sécurité d’État, pour leur enseigner « la gestion des foules et des grands événements ».
- sans parler des interventions armées en Afrique et ailleurs...

Les États policiers mettront tout en place pour étouffer et réprimer les mouvements de contestations au Brésil, au Mexique, au Maghreb et ailleurs. Au Brésil, les sommes engagées dans les projets pharaoniques de Coupe du monde se heurtent à la réalité d’une population qui lutte pour ces droits, pour une plus grande égalité et justice sociale.

Notre réponse doit être la construction de solidarité concrète face à la répression policière, face à la misère et à l’exploitation.

Nous condamnons avec la plus grande fermeté ces politiques répressives et invitons l’ensemble des organisations libertaires à se joindre à ces mouvements afin de leur apporter aide et soutien logistique et technique, de diffuser leurs actions et de mettre en place des réseaux de solidarité face à la répression policière.

Décembre 2013.

Signatures : Fédération Anarchiste (francophone), Biblioteca Terra Livre (Brésil, Sao Paulo)

Nouveaux signataires : International des Fédérations Anarchistes (IFA), ...

http://federation-anarchiste.org/spip.php?article1221
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Re: Brésil

Messagede pit le Ven 2 Mai 2014 13:38

Affrontements entre des sans-abri et la police à Sao Paulo

Un millier de sans-abri ont affronté mardi 29 avril à Sao Paulo des forces de police avec des jets de pierres et des barricades. Les manifestants protestaient contre le retard dans la discussion du plan d’urbanisme censé réguler l’expansion de la ville. Un millier de manifestants, selon la police, se sont rassemblés devant la mairie, où les conseillers municipaux devaient discuter du plan régissant notamment les zones réservées au logement.

... http://juralib.noblogs.org/2014/04/30/l ... sao-paulo/
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Messagede de passage le Mar 10 Juin 2014 20:41


Quand des stars du foot risquaient leur carrière, voire leur vie, pour la démocratie et la justice



Ils ont marqué l’histoire du football, et pas seulement par leur jeu. Socrates au Brésil, Carlos Caszely au Chili, Robbie Fowler au Royaume-Uni : ces joueurs se sont engagés à leur manière en faveur des opprimés. Les deux premiers contre les dictatures latino-américaines, le troisième en faveur des dockers en grève de Liverpool. A l’heure où le foot est totalement dominé par l’argent et une logique économique malsaine, ces trois portraits nous rappellent qu’une autre conception du football est possible. En partenariat avec Fakir Éditions à l’occasion de la sortie du livre « Comment ils nous ont volé le football ».
Lire la suite sur http://www.bastamag.net/Quand-des-stars-du-foot-risquaient
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Re: Brésil

Messagede pit le Ven 13 Juin 2014 01:09

Communiqué d'Alternative libertaire

Mondial de foot : Carton rouge pour l’État brésilien !

Depuis le 5 juin, les salarié-es du Métro de São Paulo sont en grève reconductible. Cette grève s’insère dans de puissants mouvements sociaux qui touchent tout le Brésil depuis des mois.

Les énormes sommes d’argent dépensées par les pouvoirs publics brésiliens pour satisfaire les demandes de la FIFA et des multinationales qui s’en mettent plein les poches à l’occasion de la Coupe du monde de football tranchent avec la pauvreté, la précarité, l’exclusion, qui demeure le lot quotidien de millions d’habitant-es de ce pays.

Bien d’autres grèves touchent de nombreux secteurs au Brésil : Éducation, Industrie, Transports, Fonction publique… Toutes et tous manifestent leur rejet de la politique du gouvernement du Parti des Travailleurs qui se met au service des capitalistes et, soit se tait sur certaines exactions, soit les organise à travers des lois liberticides : expulsions et déplacements de populations pour construire et rénover des stades et les quartiers proches, arrestations de militant-es syndicaux, politiques et associatifs parce qu’ils et elles organisent la résistance, interdictions des manifestations, campagnes antigrèves, etc.

A travers l’exemple brésilien, c’est la réalité du pouvoir étatique, fût-il exercé au nom des travailleurs, qui est posé ; c’est aussi l’illustration de l’utilisation des forces répressives que sont l’armée, la police, l’institution judiciaire ; c’est l’inéluctable actualité de la lutte des classes !

Alternative Libertaire est membre du collectif « La Coupe est pleine » qui, en France, relaie l’information sur les mouvements sociaux brésiliens, organise un rassemblement le 12 juin devant l’ambassade du Brésil, et diverses initiatives publiques en solidarité avec la population brésilienne en lutte.

Alternative Libertaire apporte toute sa solidarité aux travailleurs et travailleuses du Brésil actuellement en lutte, et notamment aux salarié-es du Métro de Sao Paulo. Le pouvoir brésilien, les capitalistes, et la « justice » menacent le syndicat d’une amende de plusieurs dizaines de milliers d’euros par jour de grève, prétendant que la grève de nos camarades du Métro de São Paulo est « illégale » : nous affirmons qu’elle est totalement légitime, que la grève a été décidée par les travailleurs-ses eux-mêmes et que ce n’est pas aux institutions étatiques d’en décider la réalité !

Aux côtés des organisations communistes libertaires membres du réseau international Anarkismo, Alternative Libertaire réaffirme la nécessité de la solidarité internationale et du combat commun aux mouvements sociaux, par-delà les frontières ! Là-bas, ici ou ailleurs, c’est la même lutte !

Dans ce cadre, Alternative Libertaire appelle à se joindre aux initiatives du collectif La Coupe est Pleine :
- Rassemblement devant l’ambassade du Brésil à Paris le 12 juin à 18h 34, Cours Albert Ier, Paris 8e, M°Alma-Marceau
- Réunion publique le 23 juin à la Bourse du Travail de Paris à 19h 3, rue du Château d’Eau, Paris 10e, M° République


Ainsi qu’à toutes les initiatives dans les différentes villes de France et du monde.

Alternative libertaire, le 9 juin 2014




Tract collectif "La coupe est pleine " 4 pages couleur


Image


PDF format A4 : http://www.solidaires.org/IMG/pdf/2014_ ... pleine.pdf

PDF format A3 : http://www.solidaires.org/IMG/pdf/2014_ ... ine_A3.pdf

http://www.solidaires.org/article48145.html
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Re: Brésil

Messagede Antigone le Ven 13 Juin 2014 23:43

Paroles de l'hymne national brésilien:
Les rives calmes de l'Ipiranga ont entendu/ L'appel retentissant d'un peuple héroïque/ Et le soleil de la liberté, de ses rayons fulgurants/ brilla dans le ciel de la Patrie en cet instant/
Si le garant de cette égalité/ Nous l'avons conquis par la force de nos bras/ En ton sein, ô Liberté/ Notre courage défiera même la mort !
Ô, Patrie bien-aimée/ Adorée/ Salut, Salut !

Brésil, un rêve intense, un rayon vivifiant/ D'amour et d'espérance descend sur la terre/ Si dans ton ciel splendide, souriant et limpide/ L'image de la Croix du Sud resplendit/
Géant par ta propre nature/ Tu es beau, tu es fort, intrépide colosse/ Et ton avenir reflète cette grandeur/
Terre adorée/ Entre milles autres/ Tu es Brésil/ Ô, Patrie bien-aimée !
Des enfants de ce sol, la mère bienveillante/ Patrie bien-aimée/ Brésil !



C'est vraiment incroyable de voir des foules fanatisées chanter des paroles aussi niaises. Les valeurs patriotiques sont assimilées dès le plus jeune âge parce qu'elles relèvent de l'imagerie des contes pour enfants. On y exalte la grandeur, la gloire, l'héroïsme, la force des garçons; la beauté, le sourire, la bienveillance, l'amour maternel des filles. Les paroles sont de 1909. Mais... qu'est ce qui se passait au Brésil en 1909 ?
Pour resituer tout ça, voici une petite histoire du Brésil:


On apprend à l'école que l'Amérique a été découverte par Christophe Colomb en 1492. Il croyait avoir découvert la route des Indes. L'Histoire commence là. On nous fait croire qu'avant, il n'y avait rien.

En 1494, le traité de Tordesillas partage les terres à découvrir entre l'Espagne et le Portugal, les deux puissances dont les prétentions maritimes étaient en concurrence. Le pape fixe la ligne de séparation sur un méridien à 370 lieues (~ 2.000 km) à l'ouest des îles du Cap-Vert (au large de l'Afrique). Toute nouvelle terre découverte à l'ouest de cette ligne appartiendrait à l'Espagne, celles à l'est revenant au Portugal. En théorie, en se basant sur les connaissances de l'époque, les terres du Nouveau monde sont espagnoles. Mais en 1500, un navigateur portugais, Pedro Alvares Cabral, découvre des terres avancées dans l'hémisphère sud, à l'est du méridien de Tordesillas, et qui reviennent par conséquent au Portugal.

Dès la découverte de Cabral, Amerigo Vespucci, un aventurier, navigateur, entrepreneur, très en vue auprès des rois d'Espagne et du Portugal, organise expédition sur expédition à destination des "Indes". Son influence est telle que son prénom est donné par le cartographe qui réalise la planisphère de 1507 au continent qui vient d'être découvert: Amerigo > America.

Comme on ramène de ces terres lointaines un bois de construction très recherché, de couleur de braise, on appelle ce pays: "Brasil". Très vite, les colonisateurs portugais y font le commerce du sucre. Ils ont commencé par exploiter les Indiens, puis comme ça ne suffisait pas, ils ont fait venir la main d'œuvre d'Afrique, de leurs possessions de Guinée Bissau, plus tard d'Angola. Heu comme esclaves, j'avais oublié de préciser !... Ainsi 5,5 millions d'Africains ont été déportés jusqu'au milieu du XIXe siècle. Pendant plusieurs siècles, cet immense territoire a suscité des convoitises. Français, Britanniques, Néerlandais et trafiquants de tout poil, ont bien tenté d'y prendre pied (ils y ont quand même laissé une trace en Guyane), mais chaque fois les Portugais les en ont chassés.

En 1807, l'invasion du Portugal par les armées napoléoniennes pousse le roi Jean VI de Bragance à fuir au Brésil et à s'installer à Rio de Janeiro. Il est rappelé au Portugal en 1821, mais il laisse son fils Pedro (Pierre). Celui-ci, dès l'année suivante, s'émancipe de la tutelle paternelle en se proclamant empereur. Il s'en suit une guerre, des tentatives sécessionnistes du Nordeste et du futur Uruguay (soutenu par l'Argentine) et enfin l'indépendance en 1825. L'empereur abdique en 1831 à la suite d'une affaire de cul avec une courtisane...; et c'est un enfant, Pierre II, qui monte sur le trône. Il va y rester quasiment jusqu'à la fin de sa vie. Le Brésil devient une monarchie constitutionnelle et l'esclavage est aboli... par étape.

En 1889, un coup d'Etat militaire renverse Pierre II. Une "république" est instaurée... dirigée par un dictateur au service des riches propriétaires terriens. C'est la période du "colonelisme" et de la "république café au lait" (café com leite). Il y a bien un président qui est, à tour de rôle, le gouverneur des deux Etats les plus riches, ceux de Sao Paulo (les paulistes) et de Minas Gerais (les mineiros) dont la principale ville est Belo Horizonte, mais en réalité, ce sont les militaires qui ont le pouvoir.

En mars 1930, une élection présidentielle (truquée) donne la victoire au candidat conservateur, Prestes, celui du système, contre l'opposant libéral, Getulio Vargas, soutenu par un mouvement de jeunes officiers (les "lieutenants"). Vargas représente une vision plus moderne de l'Etat (droit de vote aux femmes, vote à bulletin secret pour empêcher les fraudes, etc.) partagée par une fraction importante de la bourgeoisie et des milieux industriels. En octobre, les "lieutenants" constitués en junte destituent l'ancien président sans attendre l'investiture de Prestes, et ils transmettent le pouvoir à Vargas. Jusqu'en 1933 les paulistes et les mineiros ont contesté le nouveau pouvoir mais tout a fini par rentrer dans l'ordre. Le "getulisme" l'a emporté.

Getulio Vargas instaure donc une deuxième république. Elu en 1934, il voudrait se faire élire et réélire... mais, pour une histoire de Constitution, il ne peut pas se présenter pour un 3e mandat à l'élection de janvier 1938. Alors, en octobre 1937, son gouvernement, avec l'aide imaginative des militaires, invente un complot communiste. L'état d'urgence est déclaré suivi d'un coup d'Etat. Vargas renverse Vargas et met en place "L'Estado Novo" (l'Etat nouveau) en s'inspirant des régimes fascistes européens.

Il promulgue une nouvelle Constitution qui lui attribue tous les pouvoirs. Les partis sont dissous. Les drapeaux des Etats fédéraux sont brûlés et interdits. Tout ce qui est important est centralisé, notamment l'industrie du pétrole. De nombreuses compagnies d'Etat sont créées, ainsi qu'une nouvelle monnaie: le cruzeiro. Un salaire minimum est institué, accompagné de diverses mesures sociales assurant la stabilité de l'emploi. Pendant la guerre, le Brésil demeure sur une position de neutralité jusqu'à ce qu'en 1942 plusieurs de ses navires soient coulés par des sous-marins allemands.

En 1945, Vargas rétablit les libertés de la presse et d'association et décrète une amnistie générale. Tout ceci est un peu rapide pour les militaires. Les lieutenants de 1930 sont devenus colonels. Vargas est destitué par son ministre de la guerre mais, faisant allégeance, il reste dans la vie politique. Il est toutefois réélu en 1950, soutenu par le clan pauliste contre le candidat mineiro. Des relations orageuses avec les militaires et un attentat contre l'un d'eux auraient poussé Vargas au suicide, une balle dans le cœur, en 1954.

Les années 1950 sont celles d'une relative stabilité. La rivalité entre Sao Paulo, Rio et Minas Gerais se résout temporairement avec la décision du président Kubitschek, élu en 1956, de déplacer les centres du pouvoir loin des côtes et de créer de toute pièce une nouvelle capitale, une ville futuriste: Brasilia. Le projet est confié à Oscar Niemeyer.

La ville est inaugurée en 1960, mais son implantation en plein milieu des terres fait ressortir la misère ambiante, les inégalités criantes, déstabilise les équilibres entre les autres Etats, réveille les conflits avec propriétaires fonciers. Des mouvements sociaux se développent en 1963 pendant que Fidel Castro consolide son pouvoir à La Havane. Le président Goulard, vilipendé pour sa mollesse, n'est pas jugé à la hauteur de la situation. La bourgeoisie prend peur.

Le 31 mars 1964, une junte militaire conduite par les maréchaux Castelo Branco et Arthur da Costa prend le pouvoir, appuyée par la CIA. Une répression sauvage est alors menée contre le mouvement ouvrier et les organisations influencées par le guévarisme. L'économie est à l'abandon, livrée aux intérêts privés et à la spéculation. La crise financière poussera finalement les militaires à céder le pouvoir.

Des élections sont organisées en 1985. Tancredo Neves, mineiro et ancien ministre de Vargas, est élu; mais il décède juste avant d'être investi. C'est son colistier, José Sarney, qui exercera le pouvoir. Lui et ses successeurs pratiqueront par la suite la même politique économique libérale préconisée par le FMI, sans que le Brésil décolle économiquement. En 1994, le real redevient la monnaie nationale afin d'enrayer une inflation qui s'emballe à plus de 50 %.

En 2003, après trois tentatives infructueuses, Lula, l'ancien dirigeant syndical, est élu à la présidence. Entre temps, le Brésil est devenu 5 fois champion du monde de foot et la 7e puissance économique mondiale. La suite, on la connaît...
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Re: Brésil

Messagede Béatrice le Dim 15 Juin 2014 18:17

Mondial: des prostituées jouent au foot pour défendre leurs droits

Belo Horizonte (Brésil) - Un groupe de prostituées a disputé un match de football samedi dans un quartier populaire de Belo Horizonte aux côtés de joueuses d'une association chrétienne évangélique pour réclamer le respect de leurs droits.

http://www.lexpress.fr/actualites/1/sty ... 51304.html
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Re: Brésil

Messagede pit le Mar 17 Juin 2014 02:38

Brésil : la Coupe est pleine !
Hier a eu lieu un rassemblement contre la coupe immmmmonde au abords de l’ambassade du Brésil. C’est quelques centaines de personnes qui se sont réunies. On a pu entendre des slogans en brésilien (notament la coupe n’aura pas lieu : Não Vai Ter Copa) et des FIFA MAFIA !, Déballonons la FIFA, FIFA dégage la coupe on en veux pas, etc. C’était la première étape de la mobilisation "la coupe est pleine" qui se poursuivra le 23 juin.
... http://paris-luttes.info/bresil-la-coupe-est-pleine


Brésil: Des manifs contre la Coupe du Monde… tous les jours !
Depuis jeudi dernier, jour du match d’ouverture de la Coupe du Monde, des manifestations plus ou moins importantes et offensives contre la Coupe du monde de la FIFA et du gouvernement brésilien ont lieu en marge de presque tous les matches du Mondial. La mobilisation continue!
... http://fr.squat.net/2014/06/16/bresil-d ... les-jours/
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Re: Brésil

Messagede de passage le Jeu 19 Juin 2014 21:05

Besançon : Tract diffusé en solidarité avec les insurgé-es au Brésil


Samedi 14 juin 2014 avait lieu le carnaval revendicatif et festif à Besançon (on peut y lire un compte-rendu complet de la déambulation et de la fête sauvage qui a suivi sur fragment de manif). Ça tombait à pic avec l’une des merdes planétaires du moment : la coupe du monde de foot au Brésil. On a donc saisi l’occasion de diffuser un tract en solidarité avec la révolte là-bas…Depuis plus d’un an, des révoltes éclatent partout au Brésil, notamment dans les villes qui sont prévues pour accueillir le mondial telles que Rio de Janeiro, Sao Paulo, Porto Alegre ou Belo Horizonte. Lors de mobilisations de masse (de travailleurs, chômeurs, sans-abris, indigènes, étudiant-es..), des manifestants attaquent directement la coupe du monde et ce qui va avec, c’est-à-dire les banques, les flics, les commerces, les transports, les cérémonies de la FIFA, organisatrice de ce sinistre « spectacle ». Sans oublier les médias officiels, chargés d’en faire la promotion planétaire et de dissimuler tout acte de révolte contre ces diverses infrastructures et institutions nécessaires à son bon déroulement.
Lire la suite sur http://www.non-fides.fr/?Besancon-Tract-diffuse-en
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Re: Brésil

Messagede pit le Ven 19 Déc 2014 11:22

Rio de Janeiro (Brésil): appel international à la solidarité avec les prisonnier.es de la Coupe du monde 2014. Les procès commencent le 16 décembre

Le 12 juillet 2014, à la veille de la finale de la Coupe du Monde, la police de Rio de Janeiro a arrêté 19 activistes, visant à désarticuler la grande manifestation prévue contre le match de la finale, sous la justification que toutes ces personnes auraient participé à des actes «violents» dans les révoltes de l’année dernière et qui envisageaient d’autres actions lors de la manifestation contre la finale de la Coupe du Monde. Au total, environ 23 mandats de perquisitions, arrestations et détentions temporaires ont été menés contre des personnes accusées d’avoir participé à des mouvements sociaux. Les mandats étaient de 5 jours de détention provisoire, 4 personnes ont réussi à échapper aux enlèvements de la police.

Les activistes ont été emmené-es à la « Cité de la Police » de la ville de Rio de Janeiro, un grand complexe de commissariats construit pour tenir compte de la répression liée aux protestations contre les méga-événements et la logique de la ville marchande. Dans cette grande enceinte se trouve la DRCI, le commissariat de police de répression des crimes informatiques, qui joue aujourd’hui le même rôle que l’historique commissariat à l’ordre politique et social, l’infâme “DOPS” (Delegacia de Ordem Política e Social) créée en 1924 pour réprimer les anarchistes, principalement utilisée durant l’Estado Novo* et plus tard lors du Régime Militaire en 1964, et qui avait pour objectif de contrôler et de réprimer les mouvements politiques et sociaux qui s’opposaient au régime alors au pouvoir. Peu après, les personnes arrêté.es ont tout.es été transféré-es au complexe pénitentiaire de Bangu.

Quelques jours plus tard, la libération de 18 activistes a été obtenue par le biais d’une décision appelée Habeas Corpus**. Peu de temps après, la justice a de nouveau ordonné l’arrestation de ces 18 personnes qui ont réussi à s’échapper et sont restés dans la clandestinité. Camila, Igor D’Icarahy et Elisa (Sininho) ont été détenu.es pour environ 10 jours, quand tout.es ont été libéré.es sous caution, sauf Caio et Fabio, détenus depuis janvier et accusés d’homicide. Les activistes vivent un moment difficile de criminalisation et de persécution, même si illes attendent le jugement en liberté. Illes sont interdit de quitter la ville et de participer à des manifestations et à des réunions publiques. Pendant le mois de décembre, Igor Mendes a été à nouveau arrêté et deux autres copains/copines sont aujourd’hui dans la clandestinité. Illes sont accusé.es d’avoir participé à une manifestation “pacifique” le 15 octobre, ce qui constitue une menace à l’ordre public au regard de la justice. D’autres arrestations peuvent survenir à n’importe quel moment, et les jugements – qui commencent le 16 décembre et continuent dans le mois de janvier – peuvent encore amener à des condamnations. La police a déclaré que les arrestations sont fondées sur des enquêtes judiciaires qui ont eu lieu secrètement depuis septembre 2013 contre le Front Populaire Indépendant (FIP), les black blocs et d’autres groupes militants, accusés de complot. La méthodologie de la police est la surveillance, la violation de la confidentialité et de la vie privée des individus. Les 23 activistes ont une liste exhaustive et absurde d’accusations qui comprend : associations de malfaiteurs et détention d’armes, détention d’explosifs, dégradation des biens d’autrui, résistance à l’arrestation et agression occasionnant des lésion corporelles, et corruption de mineurs.

L’État qui détient toujours plus de prisonnier.es à Rio pour qu’un match de football ait lieu est le même État qui ferme des écoles, qui tue dans les favelas et qui organise une Coupe du monde. Avec ces arrestations, l’État brésilien a écrit un nouveau chapitre de son histoire, le jour durant lequel tous les masques sont tombés, pas seulement pour l’État mais aussi pour tous les partis et groupes qui veulent participer à cette démocratie telle qu’elle est, à cette représentativité parlementaire. En ce jour l’État a dit en toutes lettres « GUERRE A LA POPULATION », pas de façon subliminale, mais à qui veut l’entendre. Dans les favelas les gens le savent déjà depuis bien longtemps, les émeutes de juin-juillet 2013 ont également essayé d’avertir, mais cette fois, c’était en prime time et en toutes les lettres. Où toute la population a vu que les mêmes lois instituées par l’État sont brisées quand il le veut, comme il l’a toujours fait avec la population pauvre et noire pendant toute l’histoire du génocide mené par l’État brésilien.

Nous vous invitons toutes et tous à organiser des actions dans votre ville en solidarité avec les prisonnier.es de la Coupe du monde. Nous ne pouvons pas rester silencieux face au terrorisme d’État du gouvernement brésilien et de la dictature de la FIFA. Tout le monde connaît l’importance des soulèvements de masse qui ont eu lieu au Brésil depuis juin 2013 jusqu’à maintenant, qui ont marqué une étape dans l’histoire de ce peuple, un moment de rupture avec les structures existantes, un cri pour dire Stop! aux nombreuses oppressions et violences historiques contre le peuple. Les forces de répression veulent à tout prix contenir la colère de la population en effrayant les activistes par la persécution, veulent reprendre le contrôle et conformer les gens à accepter la misère de la vie quotidienne. Ils sont prêts à jeter en prison tout.es celles et ceux qui n’abdiquent pas dans ce combat. Nos compagnon.nes ont besoin d’un soutien entier pour gagner cette lutte et rester dans les rues, dans les assemblées et dans la mobilisation populaire.

Aucun pas en arrière ! Personne ne sera laissé de côté ! Pour la fin immédiate des persécutions !

Liste des accusé.es :
– Elisa Sanzi (Sininho), Luiz Carlos Rendeiro Junior, Gabriel Marinho, Karlayne Pinheiro (Moa), Eloisa Samy, Igor Mendes, Camila Jourdan, Igor D’Iicarahy, Drean Moraes, Shirlene Feitoza, Andressa Feitoza, Leonardo Baroni, Emerson da Fonseca, Rafael Caruso, Filipe Proença, Pedro Freire, Felipe Frieb, Pedro Brandão, Bruno Machado, André Basseres, Joseane Freitas, Rebeca Martins, Fabio Raposo e Caio Silva Rangel.

Décembre 2014,
Croix Noire Anarchiste Rio de Janeiro


Notes des traductrices et traducteurs :
* Estado Novo, qui signifie « Etat nouveau », est le nom donné à la dictature instaurée par Vargas au Brésil depuis le coup d’Etat du 10 novembre 1937 jusqu’au 29 octobre 1945 et la destitution de Vargas par les militaires. Cette dictature est calquée aux conceptions du pouvoir des États fascistes européens durant la même période: culte du chef et paternalisme (Vargas se faisait appeler « Pères des Pauvres »), centralisation du pouvoir et interventionnisme total de l’État, etc.
La junte militaire a ensuite été au pouvoir pendant deux décennies, de 1964 à 1986, et s’est maintenue à plusieurs reprises par des bains de sang.
** L’ordonnance, bref ou mandat d’habeas corpus (en anglais writ of habeas corpus), plus exactement habeas corpus ad subjiciendum et recipiendum, énonce une liberté fondamentale, celle de ne pas être emprisonné sans jugement (contraire de l’arbitraire qui permet d’arrêter n’importe qui sans raison valable). En vertu de ce principe, toute personne arrêtée a le droit de savoir pourquoi elle est arrêtée et de quoi elle est accusée. Ensuite, elle peut être libérée sous caution, puis amenée après devant un juge.

Version originale en portugais : ABC Rio de Janeiro.
Traduit initialement par : Le Chat Noir émeutier.
Mise à jour et nouvelle traduction par : ABC Rio de Janeiro.

http://fr.squat.net/2014/12/15/rio-de-j ... -decembre/
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Re: Brésil

Messagede pit le Dim 4 Jan 2015 02:33

Rio de Janeiro (Brésil) : récit de la première audience du procès des accusé.es de la Coupe du Monde

Le mardi 16 décembre 2014, les accusé.es de la Coupe du Monde sont passé.es en procès. C’était la première audience parmi les sept qui sont prévues. 21 des 23 personnes accusées étaient présentes. Les deux personnes qui n’ont pas participé à l’audience ont perdu récemment le droit d’être en liberté en attente du verdict, et sont aujourd’hui recherchées par la police. Parmi les 21 personnes qui se sont présentées au tribunal, 3 sont en prison actuellement. Ils sont arrivés avec des menottes et ont salué les autres avec les poings en l’air et en criant No Pasarán. Les dates du procès vont jusqu’à fin janvier.

Une des 23 accusé.es nous fait un récit de cette première audience du procès :

Ce que je ressens aujourd’hui, j’avoue, c’est de l’impuissance. De l’impuissance parce qu’une audience de 12 heures, seulement avec les plaidoiries des avocats de l’accusation, a montré que des déclarations explicitement non-respectueuses envers les avocats de la défense seront tolérées et même défendues par le juge, qui culpabilise la défense par son « manque d’objectivité ». L’emploi de l’expression « vous tenez un discours frivole » par un des témoins a été toléré. Le juge a affirmé qu’aucune des personnes présentes ne connaissait exactement la définition de ce mot, qui peut être interprété de plusieurs manières, alors il n’était pas question de lui donner un avertissement. De l’impuissance car à aucun moment l’État n’admet qu’un crime a été commis, mais il soutien que nous sommes, tout de même, des criminel.les car nous avions l’intention… Vive la « boule de cristal » des commissaires, des enquêteurs et de leurs indics. De l’impuissance parce que même s’il manque beaucoup d’éléments dans le dossier d’accusation, ces erreurs sont totalement déconsidérées. De l’impuissance car les témoins inventent des faux récits, sont en contradiction entre eux/elles, sont démenti.es par d’autres témoins, fondent leurs récits sur des histoires entendues par des personnes qui n’existent pas, mais malgré tout, il.les sont défendu.es par le magistrat. De l’impuissance car il.les ne considèrent pas le caractère POLITIQUE des manifestations, car il.les ne considèrent pas le caractère SOLIDAIRE entre les personnes, car au final, il.les vont nous juger et probablement nous condamner sans même se soucier de notre version de cette histoire.

Il.les ont expulsé nos familles du tribunal, en même temps qu’ils affirmaient que les grands médias avaient le droit de participer à l’audience alors que nous ne voulions pas signer le droit de l’utilisation de notre image. Il.les ont expulsé l’un des accusés car il avait rigolé. Il.les ont averti un autre accusé car il était « assis incorrectement » alors qu’il était minuit (le procès avait commencé à 13h). Nos poings en l’air en soutien aux prisonnier.es ont été considérés comme du désordre. Le juge a toléré qu’une des témoins de l’accusation regarde son portable, en disant que c’était de sa faute (au juge) car il avait mal éteint le téléphone au début de l’audience. Et parmi les arguments : la séduction était une des armes des femmes pour « corrompre les hommes à commettre des crimes ». A la fin, des compagnons ont pris le chemin de la maison d’arrêt avec des menottes. Crevés, tristes, mais sûrs de que beaucoup sont à leurs côtés. Un soutien entier à Caio, Fabio, Rafael[*] et Igor, les prisonniers politiques de la démocratie des « bravehearts »[**].

A la fin de cette longue journée, le corps crevé. Sans réussir à me détendre, je réfléchissais sur comment le modus operandi de l’ordre dépasse de manière identique, avec des mécanismes identiques, absolument toutes les institutions de l’État. L’école, le tribunal et la prison me semblaient les mêmes choses en couleurs, personnes et idées, et ça m’a beaucoup perturbée. Je me rendais compte à quel point essayer d’améliorer nos vies est un tâche difficile, qui sera toujours limitée par la répression de l’État, avec son arme la plus efficace, celle qui tue peu à peu : la législation bourgeoise. Et je me demandais à quel point la peur éloigne des personnes de la cohérence avec leurs propres revendications, et à quel point elle les éloigne de notre défense. Je me rendais compte à quel point la société du spectacle ignore des histoires et des vies, sans AUCUNE CULPABILITE ; jeter des gens aux lions de la taule, en laisser d’autres en marge, sur le bitume dur et chaud. Et à quel point se trompent ceux-celles qui pensent qu’il.les n’ont jamais été devant un tribunal. On est tou.tes jugé.es et exclu.es en permanence pour les crimes de la famine, des salaires de misère, du travail précarisé, de loyers chers, de notre couleur de peau, et du genre qu’on a choisi.

Oui, je suis fatiguée de cette « fatigue résistante ». Mais tout ce processus me montre de façon encore plus claire comment je ne peux plus espérer de la justice venant de ceux qui vivent de l’injustice. Et comment seul le peuple organisé est capable de faire face à son bourreau. Essayez de tuer nos corps, vous n’arriverez jamais à nous tuer ! C’est comme ça depuis toujours, et nous résistons depuis toujours. Bon courage compagnon.nes (parce qu’être un.e compagnon.ne n’est pas un crime) ! Notre lutte continue, pour nous, ou pour l’indignation de celle-celui qui souffre. Celle-celui qui est la majorité.


Notes des traductrices.eurs :
[*] Rafael Braga Vieira a été arrêté pendant les émeutes de 2013 à Rio de Janeiro. Il est la seule personne arrêtée pendant les révoltes de juin 2013 qui est encore en prison. Il a été condamné à 5 ans de prison ferme pour « port d’explosifs ». Il s’est fait arrêter pendant une manifestation avec des produits d’entretien dans son sac : deux bouteilles en plastique, une d’eau de javel et une de détergeant. Sa condamnation montre le caractère de classe et raciste du système judiciaire. Rafael est noir et SDF. A l’époque, il ramassait des canettes en aluminium dans les rues de Rio pour survivre.
[**] « Braveheart » (ou Cœur Vaillant en français) est une référence au film de Mel Gibson qui raconte de manière romancée la vie de William Wallace, héros et symbole de l’indépendance écossaise. La référence au film serait une métaphore de personnes qui luttent « seules », ayant seulement du courage et des « cœurs vaillants » face à tout un système.

http://fr.squat.net/2015/01/02/rio-de-j ... more-31087
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Re: Brésil

Messagede pit le Mer 11 Fév 2015 17:54

Ne pas se faire intimider, ne pas démobiliser !
Toute notre solidarité avec le compagnon Vicente !


Janvier 2015, à la veille de la reprise de la lutte contre l'augmentation du passage [1] et en défense d'un transport 100 % public à Porto Alegre, nous recevons la nouvelle de la condamnation de notre compagnon Vicente, militant de la FAG et militant social du Bloc de Lutte pour le Transport Public de Porto Alegre. Vicente est condamné à un an et demi de prison pour dommages à la propriété publique et crime « environnemental » [2], « crimes » qu'il aurait commis en avril 2013 durant une manifestation du Bloc de Lutte en face de la Mairie de Porto Alegre. Il est question de la première condamnation à Porto Alegre et pour nous c'est une tentative claire d'intimider et de faire peur à l'ensemble des personnes qui luttent et des organisations qui sont en train de ré-articuler les luttes en ce début de 2015. Une pratique politique et historique commune utilisée par les secteurs dominants de notre ville et du monde entier : l'enfermement de celles et ceux qui résistent. Nous n'allons pas nous démobiliser et notre solidarité sera militante et dans la rue !!!

Et la criminalisation continue…

Le fait que cette condamnation soit communiquée à peine une semaine avant la première manifestation de l'année du Bloc de Lutte pour le Transport Public et tout sauf une question de hasard ou d'un processus régulier du pouvoir judiciaire. L'année commence et dans le même temps recommencent à bouger les mêmes procès qui ont mis en route depuis 2013 : en ajoutant des noms à certains, de nouveaux crimes à d'autres. Dans ce contexte, le procès cherche à avoir le même effet qu'une balle en caoutchouc ou qu'une bombe paralysante : une tentative d'intimider et de freiner les luttes dans la rue qui osent remettre en question les bénéfices des entrepreneurs et les intrigues déjà évidentes des entreprises avec les pouvoirs publics.

La situation est loin d'être seulement une situation locale : à celles et ceux qui pensaient que la conjoncture de criminalisation allait s'épuiser en raison du reflux des mobilisations de rue après la Coupe du Monde en 2014, le mouvement récent des gouvernements et des appareils répressifs indiquent le contraire. A São Paulo, Rio de Janeiro et plusieurs autres villes du Brésil qui ont commencé l'année avec des mobilisations contre l'augmentation du tarif des bus la répression à usé des mêmes pratiques contre les manifestations : gaz lacrymogènes, balles en caoutchouc et détentions arbitraires. Le Carioca [3] Rafael Braga Vieira, qui était auparavant le seul condamné des manifestation de juin 2013 est toujours détenu, et à Porto Alegre les procès sont à nouveaux mobilisés, des nouveaux noms sont ajoutés et maintenant la première condamnation est tombée, sans aucune preuve. C'est la vieille justice bourgeoise qui prend position dans une lutte entre oppresseurs et opprimé-e-s qui est loin d'être terminée.

Cependant, la lutte et l'organisation de celles et ceux d'en bas n'a pas commencé aujourd'hui et va également continuer. Les jeunes, les travailleurs/euses, les sans-toits et les communautés de la périphérie se mobilisent. Les mobilisations de rue de 2013 ont ouvert de nouvelles possibilités dans la gestation d'expériences organisationnelles et de luttes que l'ensemble de la gauche combative et anti-capitaliste doit aider à fortifier et impulser, en rejetant les vieilles pratiques avant-gardistes, sectaires et d'imposition qui malheureusement imprègnent encore les discours et pratiques de nombreuses organisations. Nous pensons que c'est la seule manière de créer de la force sociale qui depuis la base va générer des mécanismes d'auto-organisation et planter dans son horizon la nécessite de transformation sociale de l'ensemble de la société. Un véritable front des opprimé-e-s solidaires envers chaque compagnon et compagne prisonnier/ère, torturé-e, assassiné-e et disparu-e.

2015 : avancer dans l'organisation, entourer d'encore plus de solidarité celles et ceux qui luttent !

La sélectivité du système pénal devient également évidente dans ce cas. Tout au long de ce procès qui a commencé avec plus d'une dizaine d'accusé-e-s pour des dommages occasionnés dans une manifestation de plus de mille personnes, nous avons vu se suspendre un à un les cas de tous les suspect-e-s, pour donner la responsabilité au seul jeune noir d'idéologie anarchiste qui figuraient parmi les accusé-e-s et maintenant c'est au tour d'un autre militant noir du Pstu. Nous savons que la motivation centrale de cette condamnation est d'ordre politico-idéologique mais nous ne pouvons pas omettre le fait que la couleur de peau noire des accusés et un facteur important.

Les derniers procès ont mis en évidence la criminalisation contre les collectifs et mouvements anarchistes. En 2013, nous avons vu nos espaces publics envahis et nos livres confisqués, nous sommes passé-e-s par de lourds processus d'investigation où ce qui était évalué était notre position en relation à des thèmes comme l'autorité, le gouvernement, les forces de police et d'autre thèmes chers à l'idéologie anarchiste. Des tracts, des affiches et de la littérature ont été confisqués durant ces procès, comme si c'étaient des preuves circonstancielles qui démontraient un quelconque rôle de mentor intellectuel de note idéologie pour les dégâts occasionnés durant les manifestations 2013 qui comptèrent avec plus de 50'000 personnes à Porto Alegre.

Le compagnon Vicente, tout comme d'autres militant-e-s d'autres organisations, collectifs et idéologies, n'est pas le premier et ne sera pas le dernier jeune noir et anarchiste à être condamné dans ce Brésil raciste. Ce sont des milliers d'hommes et de femmes noir-e-s et pauvres exterminé-e-s et condamné-e-s quotidiennement par la police militaire et par la justice bourgeoise et raciste. C'est vers elles et eux que notre solidarité est dirigée et c'est ensemble avec chaque travailleur/euse que nous serrerons nos poings. Nous ne nous ferons pas intimider et dans chaque manifestation de rue, piquet, grève, occupation nous serons épaule contre épaule avec toutes celles et tous ceux qui luttent !

Solidarité avec toutes et tous les compagnes et compagnons persécuté-e-s parce qu'ils/elles luttent !

Pour la fin de la police militaire !

Notre idéologie anarchiste ne se prête pas aux caricatures !!!

Fédération Anarchiste Gaucha - FAG
Traduction Collectif Communiste Libertaire Bienne – CCLBienne


Notes:
1. Il est question ici du prix du ticket de bus. NTD
2. Le crime « environnemental » ne couvre pas seulement des dégradations de nature écologiques. Par exemple, un graffiti est un crime contre l'environnement de la ville. NTD
3. Un carioca est un originaire de la ville de Rio de Janeiro. NTD

Related Link: http://www.federacaoanarquistagaucha.org

http://www.anarkismo.net/article/27862
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Re: Brésil

Messagede pit le Lun 1 Juin 2015 00:37

Brazil, Un an plus vers la construction d'une organisation anarchiste à Bahia par Forum Anarchiste especifista

Il ya environ un an divulgávamos la déclaration sur la construction de la FAE. A cette époque, nous soulignons les intentions de construction d'une organisation anarchiste especifista travers un forum devrait être un lieu de débat et de l'articulation de ce militantisme libertaire qui l'écoute avec le même point de vue de l'anarchisme. Nous voulions consolider alors le militantisme anarchiste et discussions matures (traitant des questions théoriques et programmatiques) pour atteindre une stabilisation politique. ---- Dans cette courte promenade, plusieurs étaient mésaventures et les réalisations que nous avons adoptées à la poursuite de la construction d'un anarchisme organisé à Bahia et ce processus, en plus de terminer, est constamment maturation et de réflexion. Nous sommes passés par une phase délicate d'établir des discussions controversées au sein de l'anarchiste et la tradition libertaire, en motivant la décision loin des gens, le temps qu'ils approché autre. Comme prévu, le forum avait des moments d'essai et d'erreur, cependant, lors de l'évaluation de notre histoire, nous nous sentons maintenant plus motivad @ avec une plus grande expérience. Certes, ces / AS qui ont décidé de continuer, fouleront manière plus cohérente à partir de maintenant.

Nous mettons en place un nouveau calendrier pour l'année à venir: nous continuons à consolider notre performance sociale (qui, pour nous, est la principale tâche d @ militante), cette fois avec une plus grande coordination entre les villes qui sont présents forum et le fronts qui opèrent dans chacun et jamais le renforcement de la dialectique et de relation de complémentarité entre le niveau social et politique.

Face à tant de questions lancées le chemin, un assuré nous est concret: la conviction que l'organisation est une partie essentielle du processus révolutionnaire et que nous nous dirigeons vers l'horizon de l'anarchie. Ceux / que maintenant construire le forum efficace envisager spécifisme la voie à suivre pour consolider l'organisation que nous voulons construire à Bahia.

La publication de notre charte sont les perspectives dans la lutte qui nous lie.

Le renforcement de la coordination brésilienne anarchiste!

Vers une organisation fédérale et especifista internationaux!

Especifista Forum anarchistes de Bahia

https://faebahia.wordpress.com/2015/05/29/81/

http://www.ainfos.ca/fr/ainfos12287.html
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Re: Brésil

Messagede Zoom le Jeu 28 Jan 2016 18:47

Au Brésil l’anarchisme s’enracine avec la Fédération anarchiste Gaucha depuis vingt ans

Les 21 et 22 novembre s’est tenu l’anniversaire de la Fédération anarchiste Gaucha (FAG) à Porto Alegre. Deux jours d’échanges et de discussions autour des pratiques de cette organisation et de l’anarchisme au Brésil. L’occasion de revenir sur le courant de l’« especifismo » en Amérique du Sud.

Au milieu d’un petit parc du centre de Porto Alegre se dresse une banderole rouge et noir, où est tracée en lettres blanches l’inscription « Feria Libertária, FAG-CAB 20 anos ». C’est ici que la Fédération anarchiste Gaucha a installé son salon du livre et ses ateliers auxquels participent le milieu militant de Porto Alegre et de nombreuses organisations brésiliennes et d’autres pays. Livres, brochures, affiches, T-shirts imprimés de tout le continent s’étalent sur les stands de fortune. Sous une tente, des gens s’assoient en cercle pour écouter et débattre avec les militants et militantes anarchistes venu-e-s présenter leurs réflexions, activités ou encore la situation de leurs pays respectifs.

Ce sont deux jours d’ateliers et de réunions (plénières syndicales, de femmes et internationale) intenses qui ont culminé lors de la soirée des 20 ans où se sont succédé des orateurs et oratrices de la Fédération anarchiste uruguayenne (FAU), de la Fédération anarchiste de Rosario (FAR), de la Coordination anarchiste brésilienne (CAB) et bien sûr de la FAG. Celles et ceux-ci ont su habilement analyser la conjoncture brésilienne, latino-américaine et mondiale, donnant à voir les défis, les positionnements et stratégies du courant anarchiste issu de l’« especifismo » [1]. La force des discours, l’émotion et l’exaltation suscitée par les « arriba los que luchan » repris en chœur par l’assemblée a laissé place en fin de soirée à une joyeuse fête, des échanges cordiaux et animés entre militantes et militants, qui ne se fatiguent jamais de débattre de la société actuelle et du monde nouveau dont ils et elles rêvent.

Une insertion sociale sur différents fronts de lutte

La FAG naît en 1995 à Porto Alegre, dans l’État de Rio Grande do Sul, et est une des premières organisations spécifistes du Brésil. Elle s’inspire de sa grande sœur la FAU, organisation fondatrice du courant spécifiste. Aujourd’hui, elle est présente dans quatre régions de ­l’État et est investie sur différents fronts de lutte. Le plus important est le front de lutte communautaire ou territorial, c’est-à-dire le travail au niveau des quartiers et des populations les plus précaires. Pour cela, la FAG dispose notamment d’un athénée libertaire où s’organisent différentes activités : éducation populaire, conscientisation, formation (par exemple avec la bibliothèque libertaire La Conquête du pain), cours d’autodéfense, ateliers de couture, mais aussi l’accès à des produits de l’agriculture paysanne, cultivés et distribués par un « assentamento [2] » du Mouvement des sans-terre (MST)… en effet de nombreux militants et militants de la FAG sont aussi investi-e-s dans les luttes rurales et de récupération des terres.

L’athénée est aussi un espace de coordination des solidarités et des luttes : ici se retrouvent des collectifs, tels que ceux pour la lutte du peuple noir, des collectifs féministes ou encore de soutien à la révolution kurde… là se retrouvent les militants et militantes pour mener des luttes de quartiers, axe d’insertion sociale central pour la FAG, dont les premières luttes ont été notamment d’organiser les « recycleurs et recycleuses [3] » de Porto Alegre.

Par ailleurs la FAG s’investit aussi sur les fronts étudiant et syndical. En effet, ces dernières années, le Brésil a vécu une radicalisation des bases syndicales qui ont mené de nombreuses grèves échappant au contrôle des directions bureaucratiques et parfois mafieuses. Autour de la FAG se retrouvent sympathisants et militants des différents fronts de lutte dans une « tendance » appelée résistance populaire, véritable outil de la stratégie spécifiste où convergent les luttes des différents secteurs.

Un effort de convergence qui a permis par le passé de transformer des luttes syndicales en véritables luttes de quartier, comme dans le secteur de l’éducation par exemple. Ces vingt ans de construction de la FAG se sont accompagnés du développement d’autres organisations au niveau national et ont donné naissance à la Coordination anarchiste brésilienne (CAB) en 2012. Sur un territoire grand comme seize fois la France, développer le fédéralisme n’est cependant pas une mince affaire. La CAB marque un processus de construction d’une ligne théorique et pratique commune, en renforçant les organisations à la base notamment par l’accompagnement de nouveaux groupes et le soutien mutuel. Une pratique de soutien d’ailleurs courante entre organisations latino-américaines, dans l’optique de développer le courant spécifiste sur le continent.

La stratégie du spécifisme

Le spécifisme est un courant anarchiste propre à l’Amérique du Sud. Développé dans les années 1960 par la FAU, il puise principalement ses origines théoriques dans les écrits de Bakounine et de Malatesta (ce dernier s’étant exilé en Argentine). Deux axes centraux fondent ce courant : l’organisation spécifique des anarchistes et la pratique/l’insertion sociale [4].

Le premier axe insiste sur la nécessité de s’organiser au niveau politique comme un groupe cohérent, pour pouvoir agir dans le mouvement social avec une expression, une pratique et une éthique libertaire. Le concept d’insertion sociale, quant à lui, renvoie à l’histoire particulière du Brésil qui connut, dans les années 1930, un repli du mouvement anarchiste dans des « cercles culturels et intellectuels », au détriment de l’activité dans le mouvement social et syndical.

Il s’agit donc d’un retour dans la lutte des classes des anarchistes organisé-e-s et non pas ­d’une forme d’entrisme, comme peuvent le pratiquer certaines organisations de la gauche autoritaire.

L’organisation doit être un petit moteur des luttes sociales, afin d’accompagner la création d’un pouvoir populaire : les spécifistes font alors le pari d’un peuple fort plutôt que d’une organisation forte. Le pouvoir populaire se construit depuis la base, à travers ce que les spécifistes appellent le front des classes opprimées, reconnaissant ainsi l’existence de différentes formes d’oppressions, qu’elles soient économique, de genre, de race ou encore en fonction de la catégorie sociale (la paysannerie, les chômeurs et chômeuses, les travailleurs et les travailleuses, etc.). Ceci se traduit par un investissement des militants et militantes par front de lutte avec des revendications propres (exemples : de quartier, étudiante, syndicale, rurale…) où ils et elles participent à l’émergence d’espaces où se construisent les solidarités et les convergences des différents fronts de lutte. « Peuple dans la rue pour résister et pour lutter, peuple qui avance pour le pouvoir populaire. »

Caminando Las Luchas


[1] Ce qui signifie l’organisation spécifique des anarchistes, terme que nous traduisons approximativement par « spécifisme ».

[2] Territoire récupéré par le MST.

[3] Personnes en très grande précarité qui ramassent les déchets recyclables dans la rue pour les revendre.

[4] Pour approfondir la compréhension du courant spécifiste, voir : FARJ, Anarchisme social et organisation, éditions Brasero Social, 2013.

http://www.alternativelibertaire.org/?A ... s-enracine


Brésil : Contre la criminalisation de l’avortement, légalisation !

Fin 2015, le Brésil a connu un important mouvement féministe suite à une proposition de loi visant à restreindre encore plus le recours à l’avortement et à la contraception d’urgence. Face aux attaques des conservateurs et de leurs Églises, les Brésiliennes ont démontré qu’elles n’entendent pas les laisser décider.

La question de l’avortement au Brésil est depuis très longtemps discutée, tant par les mouvements féministes que par la frange conservatrice du pays. En effet, l’avortement est encore largement perçu par la majorité des brésiliennes et brésiliens comme un crime, ce que confirme le code pénal qui stipule que « toute personne se faisant avorter par ses propres moyens ou autorisant une autre personne à l’aider est susceptible de recevoir une peine de détention de trois ans ». Toutefois, l’avortement au Brésil était jusque-là légal lorsqu’il était pratiqué par un médecin dans les trois situations suivantes : si la grossesse comporte un risque pour la vie de la mère, lorsque la grossesse est le résultat d’un viol et lorsque le fœtus est porteur de l’anencéphalie (absence partielle ou complète du cerveau, du crâne et du cuir chevelu). C’est uniquement dans ces cas que le gouvernement brésilien offre gratuitement ce service via le SUS – système unique de santé.

D’autre part, l’avortement n’est pas criminalisé lorsqu’il est réalisé en dehors du territoire national. Il est aussi possible d’avoir recours à un avortement dans des cliniques privées, mais là aussi pouvoir choisir a un prix : environ cinq salaires minimum. Autant dire que seules les femmes riches peuvent se payer le luxe d’avorter sans risquer leur vie. Un projet de loi (1135) avait bien été proposé en 1991 par deux député-e-s du Parti des travailleurs (PT, le parti au pouvoir) et visait à légaliser l’avortement. Celui-ci n’a pourtant été voté qu’en mai 2008 par la Chambre des députés ! Avant d’être rejeté par la commission de citoyenneté et justice qui s’est prononcée à 57 votes contre et 4 pour.

La question de la légalisation de l’avortement est depuis passée aux oubliettes… Pourtant, en 2013, ce sont environ 865 000 femmes qui ont eu recours illégalement à l’avortement au Brésil, dans des conditions plus que précaires, dont les conséquences sur leur santé sont irrémédiables. En effet, environ 205 000 d’entre elles ont du se faire hospitaliser du fait de complications postavortement. Pour d’autres c’est la mort : une B­résilienne meurt tous les deux jours suite à un avortement clandestin. D’autre part, la déscolarisation d’une grande partie de la population ainsi que le manque d’information et d’accès aux méthodes contraceptives augmente considérablement le nombre de grossesses non désirées. Ici encore ce sont les femmes les plus pauvres, dont la majorité sont des femmes noires, qui pâtissent de ce manque d’accès à la contraception et doivent donc avoir recours à l’avortement clandestin, en mettant leurs vies en danger pour ne pas avoir des enfants qu’elles n’ont pas les moyens d’élever.

Poussée réactionnaire

Le rôle des Églises et des différents courants religieux présents au Brésil, en particulier les néopentecôtistes n’est pas à négliger. En effet, ceux-ci sont très présents sur l’ensemble du territoire, y compris dans les quartiers populaires et déversent leur nauséabonde propagande antiavortement et antiféministe. L’avortement est ainsi vu principalement comme un débat religieux au sein de la société. Récemment renforcés par les manifestations de l’opposition de droite et conservatrice contre le gouvernement de Dilma Rousseff, lui-même embourbé dans des scandales de corruption et des conflits sociaux, certains députés réactionnaires ont décidé de porter un grand coup à la législation sur l’avortement.

En effet, le président de la Chambre des députés, Eduardo Cunha, un évangélique appartenant à une église pentecôtiste, vient de faire passer une loi (5069) qui vise d’une part à limiter l’avortement en cas de viol, notamment en demandant aux femmes de prouver qu’elles ont été violées en portant plainte et en se soumettant à un examen médical, susceptible d’apporter « la preuve » du viol… autant dire qu’il s’agit d’interdire tout bonnement l’avortement en cas de viol, puisque combien de femmes feront cette démarche ? Qu’en est-il des viols conjugaux ? Combien de femmes seront considérées comme effectivement violées par des médecins dont beaucoup sont contre l’avortement ? Selon l’Institut de bioéthique, droits de l’homme et genre, 36 % des femmes qui ont recours à l’avortement légal sont des enfants et des jeunes filles qui ont subi des violences sexuelles, souvent dans leur entourage proche, comme c’est généralement le cas pour les viols.

Comme si cela ne suffisait pas, la loi antiavortement prévoit également de relever les peines concernant le recours et l’aide à l’avortement (entre 4 et 8 ans et pour les professionnel-le-s 5 à 10 ans de prison, peines qui peuvent être augmentées d’un tiers si la femme qui avorte est mineure) ainsi que d’interdire la pilule du lendemain. De quoi les femmes doivent-elles donc se justifier ? D’avoir le droit de décider ? Que leur corps leur appartient ?

Printemps féministe

C’est avec colère et rage que les Brésiliennes sont sorties dans la rue pour protester contre une énième attaque qui leur est faite. En fin d’année dernière, elles ont été des centaines à marcher aux côté des groupes féministes, des associations et organisations du mouvement social, dans les grandes villes telles que Rio de Janeiro, Sao Paulo, Belo Horizonte, ainsi que dans vingt États du pays. Elles demandent la légalisation de l’avortement et que l’on arrête de légiférer sur leur utérus. Qu’elles aient été violées ou non, elles ont le droit de choisir si elles veulent être mères ou pas. Aux cris de « Dehors Cunha », ou de « Legalize ! O corpo é nosso ! É nossa escolha ! É pela vida das mulheres ! », les Brésiliennes ont su démontrer au fil des marches et des actions qu’elles ne se laisseraient pas faire. À tel point que certains journaux n’ont pas hésité à surnommer le mouvement le Printemps féministe. Il faut dire que depuis l’énorme mouvement de 2013 contre la hausse du prix des transports et contre le nettoyage social engendré par la Coupe du monde, le mouvement social brésilien a peiné à retrouver une dynamique digne de ce nom.

Ces manifestations féministes montrent un retour de la combativité, même si les réacs sont durs à cuire… La loi de Cunha est passée, mais le combat féministe ne s’arrête pas là et la résistance s’organise au quotidien, pour que les femmes continuent d’avoir le choix, en prenant le minimum de risques.

Des militantes anarchistes de Rio de Janeiro et de la commission internationale d’AL

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