[Eco]Le capitalisme en soins intensifs

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Messagede Antigone le Sam 31 Oct 2009 18:20

Ce topic [Eco] est réservé à tout ce qui touche au capitalisme financier (système bancaire, bourse, krach, fonctionnement du capitalisme,)

Il existe un autre topic [Eco]Pétrole + Dette = Boum ! réservé au commerce


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Un topic a été ouvert après la faillite de Leyman Brothers en septembre 2008, Krach économique en vue ?; viewtopic.php?f=9&t=574&start=280
Celui-ci prend la suite.

Je sais, les anarchistes sont des billes en économie.
Je n'ai pas l'ambition de venir ici rélever significativement le niveau, mais en tant qu'ancien marxiste qui déteste l'économie mais qui en a tellement bouffé, je vais essayer de pointer quelques axes de réflexion à partir de l'actualité éco... Et si jamais dans quelques mois, l'économie vous parait un peu moins compliquée, ce sera déjà ça de gagné.
Le capitalisme est notre ennemi; et en apprenant comment il fonctionne, comment il réagit par le biais de ses mécanismes, on se donne des armes pour le combattre.

Cela faisait un moment que j'avais envie d'ouvrir une rubrique économique. Je choisis le jour où l'on annonce que la croissance pour le 3e trimestre aux Etats Unis serait repassée au vert (+3%) pour le faire.
Il se trouve que c'est aussi le jour où l'on annonce (mais pas trop fort) 9 faillites bancaires pour la même journée. Preuve que le pontage à coups de centaines de milliards insufflés dans les circuits, n'a pas permis au capitalisme de retrouver la santé.

Challenges - 31 oct 2009

Neuf banques mises en faillite en une journée aux Etats-Unis

LOS ANGELES (Reuters) - Les autorités américaines ont fermé vendredi neuf banques, un record pour une seule journée depuis le début de la crise financière.
Cette opération porte à 115 le nombre de banques mises en faillite depuis le 1er janvier, soit le plus haut niveau annuel depuis 1992. Les analystes s'attendent à ce que d'autres surviennent encore d'ici la fin de l'année.

Parmi les neuf établissement fermés vendredi se trouve la California National Bank, qui devient donc la quatrième plus grosse faillite du secteur cette année.
La plus grande institution financière à s'être effondrée depuis le début de la crise est Washington Mutual, qui détenait 307 milliards de dollars d'actifs à sa fermeture en septembre 2008.
Le groupe US Bancorp a racheté vendredi les neuf établissements en question, qui étaient détenus par FBOP Corp, et hérite ainsi de 18,4 milliards de dollars d'actifs et de 15,4 milliards de dollars de dépôts.

Dans un "avenir proche", les neuf banques devraient être renommées sous la marque US Bank, qui est la filiale de US Bancorp orientée sur la Californie mais aussi présente dans l'Illinois et l'Arizona pour un total de 770 antennes dans ces trois Etats.
US Bancorp n'a rien précisé au sujet de l'avenir des employés des neuf établissements.

La California National Bank dispose de 68 antennes dans l'ensemble du sud de la Californie, pour plus de 7 milliards d'actifs.
Elle a perdu environ 500 millions de dollars après avoir fortement investi dans les actions préférentielles de Fannie Mae et Freddie Mac, qui ont perdu pratiquement toute valeur après le rachat par le gouvernement fédéral de ces deux groupes de refinancement hypothécaire.
Dernière édition par Antigone le Dim 13 Déc 2009 11:13, édité 2 fois.
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Re: Le capitalisme en soins intensifs

Messagede Antigone le Lun 2 Nov 2009 19:17

Encore une faillite. Celle-ci est de taille. Les 2 milliards de dollars et des poussières injectés par le gouvernement américain auront été en pure perte.
Et ce n'est qu'un cas parmi des dizaines d'autres. Le système bancaire est encore lesté de milliers de milliards de dollars de créances douteuses qui vont mettre longtemps, très longtemps à être épongées... si tant est qu'elles le soient un jour.
Je rappelerais que les principaux états industrialisés sont actuellement endettés à hauteur de leur PIB (!!)... Le système financier capitaliste est en survie artificielle.

Boursier.com - 2 nov. 2009

Banques: le groupe financier CIT passe finalement par la case faillite...

Après des mois de suspense, le prêteur américain CIT Group a finalement déposé son bilan ce week-end. Acteur incontournable du financement des PME, CIT Group devient la cinquième plus grosse faillite du pays en termes d'actifs (71 milliards de dollars) après celles de Lehman Brother (2008), Washington Mutuel (2008), WorldCom (2002) et General Motors (2008).

CIT, qui compte un million de clients à son actif, dont beaucoup de commerces de détail, fait face à 68 milliards de dollars de dettes au total, dont 3 milliards arrivant à échéance cette année et 8 milliards l'an prochain. Les difficultés du groupe se sont intensifiées en juillet, alors que devait expirer en août une tranche d'un milliard de dollars de sa dette obligataire, qu'il n'était pas en mesure de refinancer.

Cette mise sous la protection du Chapitre 11 n'est toutefois pas une surprise: elle a été âprement négociée depuis des semaines par les créanciers et devrait être suivie d'une restructuration drastique en vue d'une sortie rapide de ce statut. En attendant, la procédure ne concerne que la maison mère, les agences CIT et ses filiales pouvant ainsi poursuivre leurs activités, précise CIT dans un communiqué.

Après l'accord in extremis, vendredi, du financier Carl Icahn, plus de 76% des créanciers soutiennent désormais le plan de restructuration, qui doit encore être approuvé par le tribunal des faillites de New York. Ce plan devrait permettre de "réduire d'endettement total d'environ 10 miliiards de dollars, de réduire nettement les besoins en liquidités au cours des trois prochaines années, d'améliorer les ratios de capitalisation et d'accélérer le retour à la rentabilité", précise CIT.

L'une des principales conséquences du dépôt de bilan de CIT sera la perte quasi-complète pour le gouvernement américain des 2,3 milliards de dollars qu'il avait injectés dans le groupe dans le cadre du plan de sauvetage du secteur bancaire. Quand à l'action CIT Group qui ne valait plus que 0,72$ vendredi soir, elle ne sera plus cotée à la Bourse de New York à partir d'aujourd'hui.


Challenges - 14 nov. 2009

Trois nouvelles banques font faillite aux Etats-Unis

WASHINGTON (Reuters) - Les autorités américaines ont annoncé vendredi la fermeture de deux banques floridiennes et d'une banque californienne, portant à 123 le nombre de faillites d'établissements bancaires cette année aux Etats-Unis.

Selon l'Agence fédérale de garantie des dépôts bancaires (FDIC), Orion Bank, basée à Naples, en Floride, avait 2,7 milliards de dollars d'actifs et 2,1 milliards de dollars en dépôt.
Basée à Sarasota, en Floride, Century Bank FSB avait 728 millions de dollars d'actifs et 631 millions en dépôt.
Iberiabank, basée à Lafayette en Louisiane, gèrera les dépôts des deux banques, a précisé la FDIC.

La troisième banque dont la faillite a été prononcée vendredi est basée à San Clemente, en Californie. Il s'agit de la Pacific Coast National Bank, qui avait 134,4 millions de dollars d'actifs et 130,9 millions de dollars en dépôt.
La Sunwest Bank de Tustin, en Californie, gèrera les dépôts de la banque.

La FDIC estime que les faillites bancaires vont lui coûter au total une centaine de milliards de dollars sur la période 2009-2013.
Les faillites de banques aux Etats-Unis ont atteint cette année leur plus haut niveau depuis 1992. Cette année-là, 181 établissements avaient été fermés. En 2008, on avait dénombré 25 défaillances bancaires et seulement trois en 2007.
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Re: Le capitalisme en soins intensifs

Messagede Antigone le Dim 15 Nov 2009 22:39

Le système financier international a été refondé en 1944-45 autour d'une monnaie pivot (le dollar US) rattachée à l'étalon-or (jusqu'en 1971), et en étant encadré par deux organismes de régulation et de contrôle des économies:
- un fonds de stabilisation alimenté par les dépôts des États membres et utilisé pour géger les crises, le FMI dont le directeur général est désigné par les gouverneurs des banques centrales européennes.
- une banque d'abord chargée de financer la reconstruction de l'après-guerre puis, par la suite, le développement des Etats en difficulté, la Banque mondiale dont le président est toujours américain puisque désigné par le gouverneur de la Réserve fédérale.

Ces organismes occupent un rôle de comptables internationaux, de bailleurs de fonds, de vigies de l'économie mondiale attachées à défendre le système, à alerter les gouvernants au moindre signal de dysfonctionnement, mais aussi à imposer des politiques drastiques.

Le discours de Robert Zoellick (le président de la BM) était attendu, alors que l'euphorie gagne les bourses, que les bénéfices ont fait leur retour et que la reprise est annoncée partout.
Il a effectivement joué son rôle de rabat-joie et pointé les dangers qui menacent les économies que l'on présente pour convalescentes mais qui sont encore bien malades.

France24 - 14 nov. 2009

À l'Apec, la Banque mondiale met en garde contre les dangers du protectionnisme

AFP - À la tribune du Forum économique Asie-Pacifique (Apec), le président de la Banque mondiale, Robert Zoellick, s'est efforcé de convaincre les pays développés des méfaits du protectionnisme sur l'économie mondiale.
L'économie mondiale sera confrontée en 2010 à de sérieux obstacles, notamment un chômage à "grande échelle" dans les pays développés, un risque de bulle des actifs et de retour au protectionnisme, a mis en garde vendredi le président de la Banque Mondiale, Robert Zoellick.

"Si je soulève cette question, c'est parce que nous sommes en phase de reprise où la confiance est très importante", a déclaré M. Zoellick lors d'une conférence en marge du forum économique Asie-Pacifique à Singapour.
"Si vous ne vous attaquez pas de façon appropriée aux bulles - boursière et immobilière -, vous risquez de saper de nouveau la confiance en 2010", a-t-il ajouté.

Selon le président de la Banque Mondiale, un chômage dont le niveau restera élevé, en particulier dans les pays développés, représentera un nouveau danger pour les banques, avec des impayés sur les crédits à la consommation ou les crédits immobiliers.
M. Zoellick a également mis en garde contre le risque de voir certains pays touchés par la crise tenter de protéger leur économie en réintroduisant des mesures protectionnistes.
"Si l'on est confronté à un chômage à grande échelle, les dirigeants politiques seront sous pression et, malheureusement, seront tentés de dresser des barrières" douanières, a-t-il estimé.

Les pays du Forum économique Asie-Pacifique (Apec) ont appelé jeudi à résister aux sirènes du protectionnisme afin de ne pas mettre en danger la reprise économique que connaît la région.
Avant la réunion des dirigeants prévue samedi et dimanche, les ministres des Finances des pays du Forum Asie-Pacifique (Apec) se sont également déclarés opposés à une fin prématurée des plans de relance économique mis en place pour lutter contre la crise économique mondiale, "jusqu'à ce qu'une reprise durable de la demande privée soit assurée".

Le patron de la Banque mondiale a également évoqué le spectre de l'inflation dans la région Asie-Pacifique alors que les banques ont "ouvert le robinet à liquidités".
"Cela va constituer un défi pour les banques centrales de la région qui, traditionnellement, alignent leur politique monétaire sur celle de la Réserve fédérale (Fed)" américaine, a-t-il encore déclaré.
Si les banques centrales suivent la Fed en maintenant des taux bas, elles risquent de nourrir l'inflation. Mais si elles décident de relever leurs taux, leurs monnaies vont s'apprécier ce qui rendra leurs exportations moins compétitives, selon M. Zoellick.
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Re: [Eco]Le capitalisme en soins intensifs

Messagede Antigone le Mar 17 Nov 2009 18:15

Les Echos - 17 nov. 2009

Le FMI favorable à une nouvelle devise mondiale

PEKIN (Reuters) - Si le monde veut bénéficier d'une plus grande stabilité monétaire, il ne peut plus dépendre d'une seule monnaie de réserve internationale, comme c'est le cas depuis l'abandon de l'étalon-or, déclare le directeur général du FMI.
Dominique Strauss-Kahn a confirmé que cette nouvelle monnaie de réserve pourrait être basée sur le système des droits de tirage spéciaux (DTS), l'unité de compte utilisée par le Fond monétaire international (FMI).
"Il s'agira vraisemblablement d'un panier. Dans un monde globalisé, il n'y plus de place pour une solution nationale", a-t-il déclaré lors d'un forum.

Lors d'une conférence organisée un peu plus tard, Dominique Strauss-Kahn a également souligné que Pékin avait besoin d'un yuan plus fort dans le cadre d'une série de mesures visant à stabiliser l'économie chinoise, un message martelé à plusieurs reprises par le directeur général du FMI lors de sa visite en Chine
Prié de dire, lors d'une conférence de presse, quand la Chine devait commencer à laisser s'apprécier sa monnaie, également connue sous le nom renminbi (RMB), il a répondu : "Le plus tôt sera le mieux".
"Parce que cela serait cohérent avec la nouvelle politique économique en Chine. Cela prendra du temps car il ne s'agit pas là de quelque chose que l'on peut modifier d'un jour à l'autre", a poursuivi le directeur général du FMI.

La Chine a maintenu un taux de change de 6,83 yuans pour un dollar depuis juillet 2008 après une hausse de 21% de la devise chinoise par rapport au billet vert sur les trois années précédentes.
"Au FMI, nous sommes convaincus que le RMB est sous-évalué et qu'il est dans l'intérêt, non seulement de l'économie mondiale, mais aussi de l'économie chinoise de procéder à une réévaluation de la devise", a déclaré Dominique Strauss-Kahn.
Il a souligné qu'une monnaie sous-évaluée entraînait des distorsions économiques, ce qui peut avoir certains avantages pour le pays concerné mais aussi représenter des coûts pour des secteurs d'activité moins liés à l'exportation.
"La Chine possède ainsi un avantage commercial mais elle souffre également de prix qui sont faux, susceptibles d'aboutir à de mauvaises décisions en matière d'investissements à long terme", a poursuivi Dominique Strauss-Kahn.
"Il est temps que la Chine, après avoir tiré beaucoup d'avantages d'une monnaie sous-évaluée, se fixe comme objectif une stabilité à long terme. Celle-ci ne peut être atteinte qu'en éliminant les distorsions."

PAS DE TEMPS À PERDRE
Dominique Strauss-Kahn a ainsi joint sa voix à celle du président américain Barack Obama, qui a encouragé son homologue chinois Hu Jintao à favoriser l'appréciation du yuan, à l'occasion d'un entretien à Pékin entre les deux hommes centré sur les relations commerciales et les taux de changes.

Hu Jintao, de son côté, n'a pas évoqué le niveau de la monnaie chinoise, sujet de friction entre les deux pays, lors des déclarations faites après la réunion, sans possibilité de questions par les journalistes.
Le président chinois a en revanche salué le climat "franc, constructif et fructueux" des discussions qu'il a eues avec Barack Obama à l'occasion du premier déplacement du président américain en Chine.
"Je suis heureux de noter l'engagement chinois lors de précédentes déclarations à oeuvrer à terme pour des taux de change plus orientés vers le marché", a déclaré le président américain en évoquant les monnaies.

Dominique Straus-Kahn s'est dit inquiet de voir s'affaiblir la volonté politique de réformer le système monétaire international dans l'hypothèse où, d'ici un an, les signes les plus visibles de la crise économique auront disparu.
Il a estimé que l'élan de coopération était quelque peu retombé et ce seulement six mois après le sommet du G20 à Londres, où les plus grands pays du monde s'étaient mis d'accord sur la nécessité de mettre en place des changements destinés à assurer un ordre financier international plus stable.

Un ancien dirigeant du FMI, Michel Camdessus, a estimé qu'il ne fallait pas rater l'occasion offerte de réformer le système monétaire mondial. "Il y a une fenêtre d'opportunités favorable. Elle ne va pas rester ouverte indéfiniment", a-t-il déclaré.
Michel Camdessus a apporté son soutien à l'idée émise au début du printemps par le gouverneur de la banque centrale chinoise proposant de remplacer le dollar par les DTS comme monnaie de réserve "supra-nationale".
Le corollaire de ce renforcement du rôle des DTS serait des changements de gouvernance au FMI permettant de faire pencher encore davantage la balance des pouvoirs vers les pays émergents, a poursuivi Michel Camdessus.
Dans cette optique, le panier composant les DTS devrait être modifié et inclure le yuan, voire la roupie indienne et le real brésilienne, a encore déclaré l'ancien directeur général du FMI.
Alan Wheatley et Simon Rabinovitch


La proposition de D. Strauss-Kahn est désarmante de naïveté. Elle revient à demander à ceux qui se font la guerre de se battre à armes égales et d'être fair-play. Les dignitaires de Pekin doivent être morts de rire... Si le directeur du FMI en vient aujourd'hui à faire ce genre de proposition, c'est que la machine est bien plus mauvais état qu'on ne veut bien le dire.

Depuis les années 90, le système financier se ment à lui-même. Tout ce qu'il affiche est faux et l'est chaque jour davantage.
La plupart des économistes sérieux reconnaissent par exemple que l'indice actuel du Dow Jones qui avoisinne les 10 000 points devrait en réalité se situer 3 à 4 000 points plus bas. Le krach qui a fait plonger les bourses l'année dernière n'a pas permis de vidanger complètement les circuits, ce qui aurait permis de repartir sur des bases saines. Or on constaté déjà quelques mois seulement après la grosse alerte, qu'une bulle spéculative est en train de se former qui va faire très mal quand elle éclatera.

Le taux des monnaies est lui aussi totalement décalé par rapport à ce qu'il devrait être. Et celui qui parle encore de réformer le système monétaire international croit vraiment au Père Noël...

L'administration américaine a besoin d'un dollar bas pour financer ses dépenses de guerre, soutenir son marché intérieur, doper sa croissance, satisfaire le yankee moyen pour qui ne pas consommer, c'est ne pas vivre.
De son côté, la Chine marque l'Amérique à la culotte en alignant le yuan sur le dollar. Elle la tient aussi par les couilles après lui avoir racheté pour plus de 800 milliards de dollars de bons du Trésor... Les chinois ne peuvent qu'épargner faute de n'avoir les moyens de consommer ce qu'ils produisent, et leurs dirigeants font ce qu'il faut pour faire durer cette situation le plus longtemps possible, tant que cela profitera à la croissance économique du pays.
Pour l'instant USA et Chine sont partenaires puisqu'ils jouent la même partie. Partenaires, oui, mais surtout adversaires puisqu'ils s'opposent avec leurs armes spécifiques.

Pour l'instant, l'un consomme et s'endette, l'autre épargne et engrange.
Ce round d'abservation durera jusqu'à ce que Pekin décide de récolter les fruits de sa politique. Il décollera alors le yuan du dollar et tentera de faire imposer sa monnaie dans les échanges internationaux.
Quand ce jour viendra, il sera trop tard pour se mettre aux abris... Strauss-Kahn le sait bien et sa dernière intervention résume bien son impuissance à éviter l'inévitable.
En prenant place dans la limousine qui le ramenait chez lui, il a dû laisser échapper un "pfff...."
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Re: [Eco]Le capitalisme en soins intensifs

Messagede Antigone le Lun 23 Nov 2009 19:32

... Autrement dit, le système financier a des chances de s'en sortir si, dans les mois qui viennent, les gouvernements parviennent à nous faire payer le prix de ce sauvetage. Le FMI annonce la couleur. Le printemps 2010 va être chaud.

La Tribune - 23 nov 2009

L'économie mondiale "encore vulnérable" selon le patron du FMI

REUTERS - Dominique Strauss-Kahn a souligné que la priorité pour les pays les plus riches était de définir un plan pour sortir des déficits budgétaires creusés par plus d'un an de lutte contre les effets de la récession.

L'économie mondiale va mieux mais reste à la merci du moindre bouleversement, a déclaré lundi le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), ajoutant que la consolidation de la reprise dépendait des mesures qu'allaient prendre les différents pays dans les mois à venir.

Dominique Strauss-Kahn a souligné que la priorité pour les pays les plus riches était de définir un plan pour sortir des déficits budgétaires creusés par plus d'un an de lutte contre les effets de la récession, tout en précisant qu'il était trop tôt pour retirer les mesures de soutien à l'activité.
"Nous recommandons la plus grande prudence, parce qu'il est plus douloureux de retirer ces mesures trop tôt que trop tard", déclare-t-il dans le cadre du texte d'un discours que le directeur général du FMI doit prononcer devant le congrès annuel de la Confederation of British Industry (CBI), l'organisation patronale britannique.
Depuis l'accélération de la crise financière qui a suivi la faillite de Lehman Brothers le 15 septembre 2008, les gouvernements et banques centrales du monde entier ont injecté ou garanti des milliers de milliards de dollars pour maintenir à flots le système financier et, plus largement, l'activité économique. Parallèlement, les taux d'intérêt ont été ramenés à des niveaux historiquement bas dans la plupart des pays développés.

Dominique Strauss-Kahn a estimé que ces mesures ont contribué à juguler les effets de la crise.
"Maintenant, nous nous trouvons à un moment critique. La permanence de la reprise va dépendre des décisions qui seront prises dans les mois à venir par les gouvernants", a-t-il dit. Il voudrait ainsi que ceux-ci commencent à mettre au point les stratégies visant à remettre de l'ordre dans des finances publiques malmenées par la crise.

Dominique Strauss-Kahn a ainsi déclaré qu'une fois retirées les mesures de soutien à l'économie, il ne faudra pas hésiter à comprimer les dépenses publiques, voire, le cas échéant, à augmenter les impôts.Il a réaffirmé son appel au maintien de la coopération entre différents pays, même si les stratégies de sortie de crise peuvent différer d'une capitale à l'autre.

Dominique Strauss-Kahn s'est dit moins préoccupé par le maintien sur une période prolongée d'une politique monétaire accomodante.
"En particulier dans les pays développés, la politique monétaire peut rester accomodante pendant un certain temps au vu de l'absence de signes inflationnistes à l'horizon", a-t-il dit. "Mais certains pays émergents sont confrontés à d'autres défis qui les obligeront peut-être à relever leurs taux d'intérêt plus vite que prévu."
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Re: [Eco]Le capitalisme en soins intensifs

Messagede kuhing le Jeu 26 Nov 2009 21:00

Dubai, un des pays les plus riches du monde, en état de faillite financière (entendu ce soir aux actualités ) avec une dette colossale.
Du coup les bourses mondiales replongent.
Rien ne va (toujours) plus.
Un jour peut-être l'association des intelligences remplacera les rapports de force
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Re: [Eco]Le capitalisme en soins intensifs

Messagede conan le Ven 27 Nov 2009 00:04

Pas étonnant, ce pays pétrolier avait choisi de se reconvertir depuis un moment, en prévision de la fin de ses réserves d'or noir, dans une course spéculative effrénée à l'immobilier, pour un tourisme d'affaires et de luxe. La cité-chantier a naturellement bouffé de plein fouet la crise (malgré des conditions d'exploitation atroces des ouvriers étrangers trimant sur des chantiers pharaoniques, le coût de ces projets est désormais impossible à affronter)... et l'aventurisme de ses organismes financiers n'a rien arrangé.
"L'anarchie, c'est la victoire de l'esprit sur la certitude" Georges Henein
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Re: [Eco]Le capitalisme en soins intensifs

Messagede Antigone le Ven 27 Nov 2009 04:54

La Tribune - 26 nov. 2009

Dubaï affiche une dette abyssale
L'émirat lève 5 milliards de dollars en bons du trésor.


Dubaï doit rééchelonner d'urgence sa dette. Au bord de la faillite, l'émirat voit sa dette se monter à 80 milliards de dollars. Sur ce total, 59 milliards représentent la dette du conglomérat et groupe phare de l'émirat, Dubaï Word. Sa filiale Nakheel, promotrice de la construction des îles artificielles en forme de palmiers, ne peut pas rembourser, d'ici au 14 décembre, une obligation islamique d'un montant de 3,5 milliards de dollars.

Mercredi, le gouvernement de Dubaï a donc annoncé avoir levé 5 milliards de dollars au titre de son programme de 20 milliards de dollars de bons du trésor. Ces 5 milliards ont été souscrits par deux banques d'Abu Dhabi : National Bank of Abu Dhabi et Al Hilal Bank. Abu Dhabi, riche émirat pétrolier, doit aider son voisin qui ne possède pas les mêmes ressources. Dubaï vit surtout de l'immobilier, du tourisme et de la finance.

En octobre, Standard & Poor's avait souligné que les firmes publiques de Dubaï devraient payer quelque 50 milliards de dollars de dettes au cours des trois prochaines années, soit 70% du PIB de cet émirat.

La dette de Dubaï et de ses sociétés inquiète les places boursières européennes ce jeudi (Wall Street est fermée). L'exposition des banques européennes est estimée à environ 13 milliards d'euros, selon une note publiée jeudi par la banque Credit Suisse. Dans l'hypothèse où Dubaï et ses entités parapubliques feraient défaut sur 50% de leur dette, la facture se monterait à 5 milliards d'euros pour les banques européennes, ce qui induirait une augmentation de 5% de leurs provisions pour 2010.

Ce jeudi soir, BNP Paribas a pris le soin de déclarer qu'elle n'était pas exposée à la bulle immobilière de Dubaï.

L'agence de notation Moody's a, par ailleurs, annoncé avoir rétrogradé la notation de six importantes compagnies liées au gouvernement de Dubaï. DP World, relevant de Dubaï World, passe de A3 à Baa2. La compagnie d'électricité et d'eau passe également de A3 à Baa2. Le géant immobilier Emaar Properties est rétrogradé de Ba2 à Baa1.


Courrier international - 27 nov. 2009

Dubaï:
Rideau, le spectacle est terminé


Incapable d'honorer ses engagements, le petit émirat aux ambitions démesurées fait trembler les places boursières dans le monde. De nombreux observateurs craignent un effet domino qui pourrait plonger la planète dans un nouvelle crise financière.

Si l'Islande, passée du statut de nation de pêcheurs à celui de plaque tournante de la finance (avant de faire machine arrière), est devenue le symbole des hauts et des bas du secteur bancaire ces dernières années, c'est dans l'émirat de Dubaï, au Moyen-Orient, que la bulle immobilière mondiale a atteint son niveau le plus spectaculaire. Dépourvus des réserves pétrolières dont disposent nombre de ses voisins, les dirigeants de Dubaï ont conçu le projet délirant de transformer leur cité-Etat perdue dans le désert en terrain de jeux glamour pour les riches, projet financé dans l'enthousiasme par des investisseurs occidentaux. Aujourd'hui que Dubaï World, la société publique qui construit nombre des complexes les plus extravagants, vient d'annoncer son incapacité à honorer une partie de ses dettes à la mi-décembre, les marchés financiers mondiaux se voient contraints d'admettre qu'ils ont peut-être annoncé un peu prématurément que le pire de la crise du crédit était passé.

Les marchés d'actions sont repartis à la hausse ces huit derniers mois, à mesure que s'éloignait le spectre d'une Grande Dépression version XXIe siècle que redoutaient les investisseurs depuis l'expérience de mort annoncée par le système financier mondial après la faillite de la banque Lehman Brothers en octobre 2008. La récente nouvelle des malheurs de Dubaï sonne la fin du rêve : l'économie mondiale pourrait receler encore de nombreuses bombes à retardement. Pour commencer, Dubaï n'est pas un cas isolé : plusieurs autres pays, notamment la Grèce, l'Ukraine et l'Irlande, seront confrontés à de graves problèmes d'endettement dans les mois à venir, parce qu'ils vont devoir assumer les coûts de la pire récession des trente dernières années tout en payant les pots cassés par la surchauffe généralisée du crédit. Le Fonds monétaire international s'est déjà lancé dans le sauvetage de plusieurs pays en difficulté tels l'Islande, la Hongrie et le Pakistan, mais l'annonce de Dubaï World fait craindre une nouvelle vague de victimes.

Par ailleurs, le ralentissement économique n'est pas terminé. Si nombre de grandes économies sont bien sorties de la récession, la reprise a été soutenue jusqu'ici par l'argent des contribuables, administré en quantités colossales et en urgence. Personne ne sait exactement ce qu'il se passera l'année prochaine lorsque ces perfusions cesseront et que les banques centrales commenceront à refuser leurs lignes de crédit bon marché aux établissements bancaires et augmenteront leurs taux d'intérêt. Enfin, si Dubaï World fait effectivement faillite, c'est une nouvelle onde de choc qui touchera l'ensemble du système financier mondial. Des banques du monde entier (des établissements britanniques en particulier) ont prêté à Dubaï et à ses entreprises des milliards de dollars pour financer des étincelantes tours de verre et des pistes de ski en salle en plein désert. Le risque que ces emprunts ne soient pas honorés réveille des angoisses : et si, malgré les plans de relance de milliers de milliards de dollars engagés par les Etats, le pire n’était pas encore passé pour les banques éreintées ? La Bundesbank a averti, il y a quelques jours, que les banques allemandes pourraient encore perdre 90 milliards d'euros en raison de prêts non honorés avant la fin de la crise.

L'incertitude autour de la faillite de Dubaï World et des montants que peuvent espérer récupérer ses créanciers est aggravée par le fait que les marchés financiers de l'émirat sont fermés en raison des fêtes musulmanes de l'Aïd el-Kébir [vendredi 27 novembre]. Comme pour compliquer davantage la situation, ces dettes ont été souscrites sous la forme des obligations islamiques, les soukouk [produit obligataire adossé à un actif, le détenteur court un risque de crédit et reçoit une part de profit et non un intérêt fixe], pour lesquelles les règles en cas de défaillance de l'émetteur sont floues. Les investisseurs espèrent que Dubaï sera renflouée par son voisin Abou Dhabi, capitale des Emirats arabes unis, mais on ignore les conséquences que cela aurait pour l'indépendance du cheikh Mohammed ben Rashid Al-Maktoum, le dirigeant de Dubaï connu pour ses élevages de pur-sang et une fortune personnelle de 10 milliards de livres [11 milliards d'euros].

Que Dubaï soit la première victime d'une grave réplique du séisme financier mondial ou bien seulement, comme certains analystes l'avancent, une petite cité-Etat dont les difficultés n'ont guère de répercussions sur le reste du monde, il n'en reste pas moins que ses grues arrêtées, ses gratte-ciel vides et ses expatriés sur la paille dessinent une parfaite parabole des conséquences d'un boom immobilier qui dégénère. Le passé romantique de Dubaï, cité perlière et de pêcheurs, est bien loin ; aujourd'hui, les abras de bois [bateaux-taxis] qui font la navette dans son célèbre port naturel peinent à sortir de l'ombre des banques et des sociétés d'investissement. Le plus riche et le plus peuplé des Emirats arabes unis possède la deuxième économie de la région, juste derrière le géant qu'est l'Arabie Saoudite.
Dans certaines parties de la ville, l'ambiance évoque clairement l'Inde, rappelant cette vieille blague des anglophones : "EMIRATES est l'acronyme d'English-Managed, Indian-Run, Arabs Taking Enormous Salaries [Gestion anglaise, main-d'œuvre indienne, salaires mirobolants pour les Arabes]". Pourtant, au fil des derniers mois, une réalité est devenue incontestable : la fête est bel et bien terminée. Les prix de l'immobilier ont chuté de 40 % à 50 % depuis les records atteints en 2007-2008 et devraient encore baisser de 20 %. Les ouvriers indiens, mis au chômage, sont partis par dizaines de milliers, et les histoires de voitures flambant neuves et hors de prix abandonnées à l'aéroport par des étrangers ruinés ont fait leur entrée dans le folklore local.
Dernière édition par Antigone le Ven 27 Nov 2009 19:09, édité 2 fois.
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Re: [Eco]Le capitalisme en soins intensifs

Messagede Antigone le Ven 27 Nov 2009 18:59

L'administation américaine aurait remplacé un million et demi de lingots d'or de 40 onces chacun par des faux lingots de tingstène recouvert d'or.
Les rumeurs les plus folles circulent depuis des d'années au sujet des réserves d'or américaines (8 000 tonnes). Chaque fois que les cours de de l'or se mettent à flamber, chaque fois que l'économie mondiale se grippe, elles reprennent de plus belle. Cette fois-ci, voila que nous serions au bord d'un scandale encore plus grand que tous les autres, celui de l'or frelaté... D'accord, Nixon était une fripouille, mais depuis le temps, je trouve étonnant que tout soit resté en l'état.
Je reste quand même sceptique...
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Re: [Eco]Le capitalisme en soins intensifs

Messagede kuhing le Ven 27 Nov 2009 19:15

Ce qui est intéressant dans tout ça c'est de comprendre que ce n'est pas le capital accumulé qui compte pour qu'une économie soit saine mais la façon dont le moteur tourne et, là il tourne plutôt mal.

C'est comme pour une bagnole : si le moteur est serré t'auras beau avoir un plein d'essence 98 , elle n'avancera pas et, faudra la mettre au clou.

Je ne suis pas mécontent de cette image 8-)
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Re: [Eco]Le capitalisme en soins intensifs

Messagede Antigone le Ven 27 Nov 2009 19:35

C'est vrai, l"économie, c'est ni plus ni moins que de la mécanique, un système de mécanismes qui réagissent les uns par rapport aux autres.
Personnellement, je conçois les systèmes économiques comme des corps vivants qui, comme tout système évolutif, naissent, se développent, dépérissent et meurent. Des corps dont on peut suivre l'histoire et l'état de santé à partir d'un certain nombre d'indicateurs et d'éléments indispensables à leur équilibre.
Le capitalisme, c'est comme une bagnole... et toutes les bagnoles finissent à la casse.
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Re: [Eco]Le capitalisme en soins intensifs

Messagede conan le Ven 27 Nov 2009 19:48

kuhing a écrit:Ce qui est intéressant dans tout ça c'est de comprendre que ce n'est pas le capital accumulé qui compte pour qu'une économie soit saine mais la façon dont le moteur tourne et, là il tourne plutôt mal.


Sauf que le moteur tourne aussi mal parce qu'il y a accumulation du capital ; parce qu'une grande quantité de production est accaparée, et donc accumulée, séquestrée et rendue inutilisable et indisponible. Le capitalisme parasite et nécrose l'activité humaine. Par essence, il est un moteur qui tourne mal ! :^^:

Contrairement à une idée reçue, le capitalisme n'incite à l'activité humaine, depuis l'époque des cités italiennes, qu'au sens où il engage (et donc contraint) à une activité aliénée. Mais au final, cette activité (qui eut pu avoir lieu sous d'autres modalités) va être parasitée et nécrosée en partie par le taux d'intérêt exigé par le capitaliste.

Le capitalisme, pour surmonter son absurdité intrinsèque, contraint à toujours plus d'activité certes, mais à toujours plus d'activité humaine aliénée.

La financiarisation de l'économie, spéculation sur la spéculation, est une étape supérieure dans cette nécrose du fruit de la vie aliénée ; le capital ne trouvant plus de débouché pour être investi, va être injecté dans des assurances... du capital.

Ou comment faire pourrir la pourriture...

Il est vraiment temps d'en finir avec le capital, la monnaie, et toutes ces conneries fondamentalement nocives.
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Re: [Eco]Le capitalisme en soins intensifs

Messagede kuhing le Sam 28 Nov 2009 10:34

conan a écrit:
kuhing a écrit:Ce qui est intéressant dans tout ça c'est de comprendre que ce n'est pas le capital accumulé qui compte pour qu'une économie soit saine mais la façon dont le moteur tourne et, là il tourne plutôt mal.


Sauf que le moteur tourne aussi mal parce qu'il y a accumulation du capital ; parce qu'une grande quantité de production est accaparée, et donc accumulée, séquestrée et rendue inutilisable et indisponible. Le capitalisme parasite et nécrose l'activité humaine. Par essence, il est un moteur qui tourne mal ! :^^:
.


Je ne sais pas si je suis tout à fait d'accord avec ça mon camarade Conan.
Même si tu t'es payé des nouvelles lunettes avec lesquelles tu lis mieux :)

L'accumulation primitive du capital fait partie de la période où le capitalisme était en phase progressiste ( de progression ) cad où les forces productives étaient encore supérieures aux forces destructrices.
Le soucis ne vient pas de l'accumulation du capital qui s'est poursuivie et qui je crois est une question collatérale .
Elle n'est pas la cause d'origine du dérèglement de la mécanique (même si "tout est dans tout" )
Le problème du moteur qui s'enraye aujourd'hui est du à la baisse tendancielle du taux de profit qui fait que la plus value ne repose plus sur le travail non payé mais sur des mécanismes fictifs qui créent les bulles spéculatives que nous connaissons et qui éclatent à répétition et de plus en plus fort.
Le moteur pétarade avant de s'arrêter complètement .

Pendant les décennies précédentes le capitalisme non encore mondialisé a réussi à assainir ces marchés avec les guerres mondiales et le principe du "détruire pour reconstruire ".
Aujourd'hui je pense qu'il n'a plus cette possibilité notamment socialement et politiquement.

Effectivement, il nous faut passer à autre chose.
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Re: [Eco]Le capitalisme en soins intensifs

Messagede conan le Sam 28 Nov 2009 10:46

Sauf que les mécanismes fictifs (spéculation, produits dérivés...) viennent précisément de l'impossibilité d'investir dans l'économie réelle, par trop grande extorsion de plus-value sur le travail aliéné. Pourtant eux aussi reposent sur l'alination du travail réel, puisque lorsqu'ils se déconnectent trop de la production, l'Etat se charge au final d'opérer les transferts de valeurs en ponctionnant sur les services publics, et en créant de l'endettement public.
Mais on est d'accord, je ne vois guère comment éviter le mur à terme.
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Re: [Eco]Le capitalisme en soins intensifs

Messagede kuhing le Sam 28 Nov 2009 12:21

conan a écrit:Sauf que les mécanismes fictifs (spéculation, produits dérivés...) viennent précisément de l'impossibilité d'investir dans l'économie réelle,


ça oui.

par trop grande extorsion de plus-value sur le travail aliéné
.

ça non. C'est justement parce que l'extorsion de la plus-value sur le travail réel n'est plus possible que les mécanisme fictifs qui reposent sur une fuite en avant interviennent

Pourtant eux aussi reposent sur l'alination du travail réel, puisque lorsqu'ils se déconnectent trop de la production,


Oui et non .
Oui parce qu'il parviennent à perpetuer le système en repoussant vers l'avant.
Non "économiquement" puisque justement la grande masse du profit ne provient plus du travail réél mais des mécanismes fictifs.

l'Etat se charge au final d'opérer les transferts de valeurs en ponctionnant sur les services publics, et en créant de l'endettement public.

ça oui il ne joue que le rôle d'intermédiaire et sert à réalimenter la fuite en avant en ponctionnant le capital accumulé par certains mais surtout le profit qui est supposé revenir si la machine repart.
Mais encore une fois faire le plein d'essence n'arrange pas le moteur.
C'est de l' esbroufe comme le reste et de la survie à la petite semaine

Mais on est d'accord, je ne vois guère comment éviter le mur à terme.


ça oui :wink:
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Re: [Eco]Le capitalisme en soins intensifs

Messagede flox2 le Dim 29 Nov 2009 00:55

Ce qui s'passe chez les petits doubayens, c'est que boostés par les investisseurs entiers et par leur égo demesurés, ils ont construit sans cesse, sans s'inquieter de leur porte monnaie. Sauf que même une des plus belle ville du monde.. arrive à ses limites, le petrole n'achete pas tout. Apparement la grece risquerait d'avoir le même sort que dubaï (j'ai entendu ça sur france 3, y'avait un mec qui avait sorti un bouquin contre les banques qui reagissait sur le sujet ) enfin, bref, c'est un des nombreux mirage du capitalisme =)
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Re: [Eco]Le capitalisme en soins intensifs

Messagede Antigone le Lun 30 Nov 2009 17:23

Entretien avec un vampire:
Marc Faber, gestionnaire de fonds Suisse et rédacteur à Gloom Boom & Doom

Marc Faber fait partie de cette génération de l'ère Reagan qui voyait dans l'enrichissement permis par le "laisser faire, laisser aller" du libéralisme la solution à crise économique des années 70. Il est depuis revenu sur terre et ne voit plus du tout comment tout cela va se terminer. Dans cet entretien, il parait particulièrement déprimé...
Malgré tout, quand il évoque l'hypothèse d'une once d'or côtée à 2 billiards de dollars, je crois qu'il exagère beaucoup. Peut-être qu'en se montrant catastrophiste à l'extrème cherche-t-il à exorciser sa peur du vide.

Business Intellingence Middle East (bi-me) - 30 nov. 2009
Pour les anglophones: http://www.bi-me.com/main.php?id=42214& ... &mset=1011

Dans ses sombres prévisions, Marc Faber prévoit un effondement financier menant à la guerre

Parlant lors d’une conférence mercredi à Singapour, Faber a dit : « La crise n'a rien résolu. Au contraire il y a moins de transparence aujourd'hui qu'il n’y en avait avant. La facture du gouvernement augmente, et les abus qui ont mené à l'unique cause de la crise continuent ».

« Je pense que par la suite il y aura une grande débâcle économique et alors l'expansion du crédit dans son ensemble touchera à sa fin, » a ajouté Faber.

« Avant que cela n’arrive, les gouvernements continueront à imprimer de l'argent qui en temps donné conduira à un taux d'inflation très élevée, et l'économie ne répondra plus à aucun stimulus ».

Dans une de ses prévisions les plus sombres, Faber, surnommé Dr. Doom, a dit que « la famille moyenne sera frappée par cela, et par conséquent afin de détourner l'attention des gens, les gouvernements iront à la guerre ».
« Les gens me demandent contre qui ? Hé bien, ils inventeront un ennemi, » a indiqué Faber.
« À un certain moment, quelque part dans l'avenir, nous aurons une guerre – à laquelle vous devez vous préparez. Et en temps de guerre, le [prix] des produits courants montent fortement, » a déclaré Faber.

« Si vous voulez vous protéger contre la guerre, ce n’est pas en possédant des dérivés chez UBS ou AIG, mais vous devez posséder des biens physiques, comme des terres cultivables et des produits agricoles. Voila quelque chose que vous pouvez considérer pour vous comme une sécurité et une barrière personnelle. Vous devez posséder des produits, » a-t-il ajouté.

Dans une interview avec Bloomberg Television à Singapour Mercredi, Faber a indiqué que « ce qui continuera à se produire c’est que le S&P 500 et le Dow Jones chuteront par rapport à l’or. »
« Je pense que l'or montera encore plus, » a-t-il ajouté.
« Atteindra-t-il les $2,000, $200,000 ou $2 billiards ? Je ne sais pas, » a indiqué Faber.
« Mais si on continue avec l’argent papier dans le monde, alors les prix grimperont avec le temps. Les prix monteront plus pour les choses dont on ne pourra pas augmenter l'approvisionnement, et l'approvisionnement en métaux précieux est très limité. »

Faber s'attend à ce que le gouvernement des USA augmente sa dépense de stimulus si l’index Standard & Poor 500 chute à 900. Le déficit budgétaire des USA sous l'administration du Président Barack Obama a atteint un niveau record de 1400 milliards de dollars juste pour l’exercice 2009. La dette s'élève à 9,9% de l'économie nationale, ayant triplé par rapport au déficit de 2008.
« Je ne pense pas que le S&P chutera en-dessous des 800 ou des 900, et augmentera par la suite nominalement parlant, mais pas nécessairement en valeur réelle, » a-t-il dit, prévoyant une correction de la mesure « dans un futur proche ».

Faber a averti d'un effondrement du système capitaliste « tel qu’on le connait aujourd'hui », d’énormes défauts de paiements des dettes des gouvernements et l'appauvrissement de grands segments de la société occidentale.
Dans une interview en Mai avec CNBC, il a dit que les banques centrales continueront à imprimer de l'argent à grande vitesse, mais à long terme cette stratégie mènera à une chute dans le pouvoir d'achat et dans les niveaux de vie, particulièrement dans les pays développés.

Les années 2006 et 2007 ont été « le pic de prospérité » et l'économie mondiale n'est pas prête de revenir de sitôt à ce niveau, a-t-il ajouté.
À moins que le système soit nettoyé de ses déchets, « de la même manière que le communisme s’est effondré, le capitalisme s'effondrera, » selon Faber. « La meilleure manière de traiter n'importe quel problème économique est de laisser le marché faire les choses. »
« Je répète ce que j'ai dit dans le passé, » a déclaré Faber. « Aucun citoyen décent ne devrait faire confiance à la Federal Reserve, pas même une seconde. Il est très important d’avoir de l'or car le gouvernement rendra le dollar (à long terme) inutile. »
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Re: [Eco]Le capitalisme en soins intensifs

Messagede conan le Lun 30 Nov 2009 22:07

À moins que le système soit nettoyé de ses déchets, « de la même manière que le communisme s’est effondré, le capitalisme s'effondrera, » selon Faber. « La meilleure manière de traiter n'importe quel problème économique est de laisser le marché faire les choses. »


C'est exactement la même conviction qui agitait les communistes des années 1930, dans leur analyse de la spirale déflationniste issue de la crise de 1929. Ils n'imaginaient pas d'issue à la crise du capitalisme ! On aurait eu du mal à leur donner tort... et pourtant, ils avaient tort.
Le mouvement ouvrier était enthousiaste, en même temps que montaient les périls. La suite nous a montré que le capital a su faire feu de tout bois, trouver des ennemis virtuels, recomposer son pouvoir, se canaliser lui-même avec des décennies de keynésianisme et d'Etat-providence... Etat-providence aujourd'hui mis en miettes, comme une vieille tirelire.
Si je suis d'accord avec l'auteur sur la course à la guerre totale (militaire, sociale...) - il suffit de regarder la santé florissante de l'armement et des technologies du contrôle), et plus simplement le contexte structurellement catastrophique de l'économie mondiale - je pense en revanche que le capitalisme ne s'effondrera pas de lui-même.
Il faudra qu'on l'y aide, et pas qu'un peu. Et je ne suis pas super optimiste, avec l'état de décomposition des organisations révolutionnaires quelles qu'elles soient, quant à la réussite de cet objectif.
C'est une course de vitesse, car le capital place rapidement l'arsenal de ses vieilles pièces sur l'échiquier, afin de garder le contrôle : armement, flicage, entretien des divisions entre exploités, instillation de la peur générale.
Je me fais peu de souci pour les maîtres du monde. :cry:
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Re: [Eco]Le capitalisme en soins intensifs

Messagede Antigone le Jeu 3 Déc 2009 17:25

Je sais, ça va finir par devenir répétitif tous ces articles, toutes ces déclarations d'experts qui, en coulisse, reconnaissent comme possible sinon probable un deuxième cataclysme financier. Relayant les politiciens, la presse cherche à être rassurrante et préfère faire ses unes sur les cotations flateuses du CAC et les rares indices d'une reprise complètement illusoire. La réalité est toute autre et on devrait s'en rendre compte bientôt.

World Socialist Web Site - 03 dec. 2009

Les politiciens allemands et les médias mettent en garde contre la prochaine crise financière mondiale

Dans les hautes sphères du milieu politique allemand la crainte d’un second krach financier international dépassant en intensité et en impact celui de l’automne 2008 augmente de jour en jour.

Ce week-end, la chancelière Angela Merkel et le ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, (tous deux de l’Union chrétienne-démocrate, CDU) ont mis en garde que la crise économique était loin d’être terminée. « Nous avons tout d’abord réussi à limiter les effets de la crise sur les gens, mais le plus dur est à venir, » a dit Merkel au cours d’une réunion du CDU.
Schäuble a comparé la présente crise financière à la chute du Mur de Berlin vingt ans plus tôt. « La crise financière changera le monde aussi profondément que le fit la chute du Mur [de Berlin]. L’équilibre entre les Etats-Unis, l’Asie et l’Europe est en train de se déplacer radicalement, » a-t-il déclaré au journal Bild am Sonntag. Il a également appelé les banquiers à faire preuve de retenue dans le versement des bonus.

Jean-Claude Trichet, le président de la Banque centrale européenne, a émis des craintes quant à un effondrement social en cas d’une nouvelle série de faillites bancaires. « Il est certainement trop tôt pour dire que la crise est finie, » a-t-il déclaré lors d’un congrès bancaire à Francfort en ajoutant l’avertissement : « Nos démocraties n’accepteront pas une seconde fois de voler au secours de l’économie financière avec l’argent des contribuables. »

L’énorme bulle spéculative qui s’est formée sur les marchés d’actions au cours de ces huit derniers mois est considérée être le plus gros facteur de risque d’un nouveau krach. Les indices boursiers les plus importants, le Dow Jones, le Nikkei japonais et le DAX allemand, ont grimpé de 50 à 60 pour cent depuis mars. Les cours du pétrole brut, du cuivre et d’autres matières premières ont plus que doublé. Ces énormes augmentations ne sont fondées sur aucune croissance économique correspondante. Au contraire : l’activité économique a chuté dans de nombreux pays et de nombreuses entreprises affichent encore des pertes.

La montée des cours est due à la quantité énorme de liquidités que les gouvernements et les banques centrales ont injectée dans l’économie. Les institutions financières sont en mesure d’emprunter à taux d’intérêt quasi zéro des sommes d’argent illimitées auprès des banques centrales et de réaliser ainsi des gains spéculatifs considérables. De même, les milliers de milliards provenant de l’argent des contribuables et qui ont été dépensés pour renflouer l’économie ne sont pas utilisés pour des investissements mais sont destinés à des activités spéculatives, à l’octroi de dividendes élevés aux actionnaires et au versement de bonus exorbitants aux banquiers.
« Les cours boursiers grimpent parce que l’argent doit aller quelque part, et non pas, parce que les actions en soi sont considérées comme attractives, » écrit l’hebdomadaire économique allemand Wirtschaftswoche, dans son analyse de l’actuel essor boursier. Selon le magazine, le price earning ratio (PER), le rapport du cours d’une action au bénéfice par action d’une entreprise d’un secteur donné, a atteint un maximum historique de 133. A partir d’un PER de 14 ou plus l’on estime que les actions sont surévaluées.
Les conséquences de la crise font que des centaines de milliers de travailleurs, rien qu'aux Etats-Unis perdent leur emploi tous les mois, que les travailleurs sont obligés de subir des pertes de salaires et que les programmes sociaux sont réduits à grande échelle. Dans le même temps, les orgies d’enrichissement en haut de l’échelle sociale ont atteint le même niveau qu’avant la crise, voire même un niveau bien supérieur.

Les grandes banques d’investissement et les fonds spéculatifs débourseront cette année plus de 100 milliards de dollars de bonus à leur personnel. Goldman Sachs, la banque américaine a mis de côté 17 milliards de dollars à cette fin. En Allemagne, les 30 plus grandes entreprises cotées au DAX projettent de transférer au printemps 2010 plus 20 milliards d’euros à leurs actionnaires. Ce qui représente 71 pour cent de leurs bénéfices nets. Lors de l’année record précédente, en 2007, ce chiffre avait seulement été de 45 pour cent. En conséquence, il en restera d’autant moins pour de nouveaux investissements.
Telle est la toile de fond des avertissements émis par Merkel, Schäuble et Trichet. Ils craignent que l’enrichissement impudent de l’oligarchie financière, en corrélation avec une nouvelle crise sur les marchés financiers, ne déclenche une rébellion sociale incontrôlable.

De nombreux analystes considèrent qu’un autre krach financier est inévitable. Le numéro de l’hebdomadaire allemand Der Spiegel de cette semaine a annoncé en couverture en style bande dessinée un article intitulé: « La bombe à milliards ». L’article de douze pages commence en faisant remarquer que la question n’est pas de savoir si l’actuelle bulle boursière va éclater, mais plutôt quand cela va se produire…
S’ensuit un tableau dévastateur de l’état actuel de la société capitaliste : « En plein milieu d’une économie mondiale encore frappée par la crise, l’élite financière est à nouveau en train d’engranger des milliards, » peut-on lire dans l’article. « La vieille cupidité est de retour et les vieux hybrides aussi. » Jamais auparavant dans l’histoire économique moderne, « l’industrie financière n’avait eu droit à un accès aussi libre aux finances de l’Etat. » Der Spiegel met en garde expressément contre le « risque d’une hyperinflation, une dépréciation ultra rapide de la monnaie, comme l’avait connue l’Allemagne au début des années 1920. »
Parallèlement, en citant Adair Turner, le président de l’Autorité britannique des services financiers, l’article souligne les effets idéologiques de la crise. Il n’est pas seulement question d’une crise de banques individuelles, mais aussi d’une crise de « la pensée intellectuelle » : « Notre conception que les prix véhiculent d’importantes informations, que les marchés se comportent rationnellement en se corrigeant eux-mêmes en cas d’irrationalité, tout cela a été remis en question. » En d’autres termes, le capitalisme et l’économie de libre marché sont totalement discrédités.

Der Spiegel dirige sa principale attaque contre le gouvernement américain. « L’industrie financière aux Etats-Unis est régulée par l’industrie financière, et pas par le ministre des Finances [secrétaire au trésor], » se plaint-il en énumérant de nombreuses personnalités dont les carrières ont commencé dans la haute hiérarchie de banques telles Goldman Sachs pour les mener à des postes dans la haute hiérarchie du secrétariat au trésor ou dans le proche entourage du président Barack Obama, pour ensuite faire le parcours inverse. « Si l’on regarde les Etats-Unis avec la même froideur analytique que la Russie, » observe l’article en citant l’économiste américain, James Galbraith, « l’on ne pourrait s’empêcher de parler du pouvoir d’un oligopole constitué de politiciens et de banquiers. Les puissants individus à Wall Street ou à Washington ne sont pas moins interconnectés que le sont le premier ministre Vladimir Poutine et les magnats industriels qui contrôlent l’empire russe des matières premières. »
Der Spiegel parle au nom de cette section de l’élite dirigeante allemande qui veut mettre fin aussi vite que possible aux mesures inflationnistes du financement de l’Etat et de la politique de l’argent bon marché en plaidant au contraire pour une baisse de la taxe professionnelle et des économies budgétaires drastiques. Bien que ceci entraînerait un démantèlement substantiel des programmes sociaux et un accroissement à court terme du nombre de faillites bancaires et de licenciements, cela passe pour un moindre mal par rapport à un soudain effondrement de l’économie et ses conséquences sociales incalculables.

En essence, l’attitude de Der Spiegel correspond à celle du gouvernement de Berlin. La coalition sortante entre chrétiens-démocrates et sociaux-démocrates avait déjà fait inscrire un « frein à l’endettement » dans la constitution peu de temps avant les élections législatives de septembre et qui oblige à présent le nouveau gouvernement à suivre la voie d’une politique d’austérité draconienne. Le nouvel endettement de l’Etat qui s’élève actuellement à 86 milliards d’euros doit être réduit à 10 milliards d’ici 2016. Le ministre des Finance Schäuble a souligné à maintes reprises vouloir appliquer le frein à l’endettement et respecter le pacte de stabilité de l’Union européenne limitant la dette publique à trois pour cent du Produit intérieur brut.

Mais, diverses pressions politiques intérieures et extérieures font que l’application de cette politique d’austérité sera retardée d’environ un an. La chancelière Merkel craint une érosion plus grande du soutien du CDU et la perte de sa majorité gouvernementale au Bundesrat (la chambre haute du parlement allemand) si elle appliquait immédiatement après les élections des coupes sociales. Au niveau international, il existe de sérieuses différences avec Washington et Londres en matière de politique financière et qui avaient déjà provoqué des conflits lors du sommet du G20 à Pittsburgh.

Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne qui ont sacrifié une grande partie de leur base industrielle au secteur financier ont beaucoup moins intérêt à une politique monétaire restrictive que l’Allemagne dont l’économie d’exportation compte parmi les plus fortes du monde et qui redoute les effets d’un faible dollar sur sa compétitivité. La véhémence avec laquelle Der Spiegel attaque à présent le secteur financier américain révèle l’acuité des tensions mutuelles et qui sont rarement abordées ouvertement.
La population laborieuse doit considérer tout ceci comme un avertissement. La crise mondiale du capitalisme a atteint un point où le compromis social et politique n’est plus possible. Les travailleurs doivent se préparer à des luttes sociales féroces.

Peter Schwarz
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Re: [Eco]Le capitalisme en soins intensifs

Messagede kuhing le Jeu 3 Déc 2009 17:50

Antigone a écrit:Je sais, ça va finir par devenir répétitif tous ces articles, toutes ces déclarations d'experts qui, en coulisse, reconnaissent comme possible sinon probable un deuxième cataclysme financier. Relayant les politiciens, la presse cherche à être rassurrante et préfère faire ses unes sur les cotations flateuses du CAC et les rares indices d'une reprise complètement illusoire. La réalité est toute autre et on devrait s'en rendre compte bientôt.


Non, tu as raison d'alimenter.
Je dirais pour ma part qu'il ne s'agit pas d'une deuxième cataclysme financier qui s'annonce mais de l'incapacité du système à se relever quelque soit le remède apporté.
IL ne s'agit pas de soins intensifs mais de soins palliatifs.
Un jour peut-être l'association des intelligences remplacera les rapports de force
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kuhing
 
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