[Eco]Le capitalisme en soins intensifs

Re: [Eco]Le capitalisme en soins intensifs

Messagede Antigone le Dim 22 Sep 2013 12:52

22 septembre 2013 - Face à une situation qui la dépasse, la Fed a prouvé une nouvelle fois cette semaine qu'elle était dans l'incapacité d'agir. Elle aurait pu décider de réduire symboliquement ses opérations de rachat de titres en échange d'injections de liquidités, les faire passer de 85 milliards de dollars par mois à 75 ou 70 milliards. Les marchés y étaient préparés estimant les incidences négligeables, mais la Fed y a renoncé. Au printemps, quand elle avait annoncé ses intentions, les investisseurs avaient mal réagi, les capitaux avaient déserté les marchés émergents; la roupie indienne, le real brésilien et la livre turque s'étaient fortement dépréciés. Les taux d'emprunt américains étaient remontés de 100 points de base en quelques jours et l'envolée des rendements des obligations de référence s'était propagée aux autres catégories d'actifs.
Dimanche dernier la Banque des règlements internationaux (la banque centrale des banques centrales) avait appelé l'ensemble des acteurs de marché à la prudence, ignorant "dans quelle mesure le processus de remontée des taux pourrait être désordonné" et à quel niveau les rendements finiraient par s'ajuster. Le lendemain, Larry Summers, candidat à la succession de Ben Bernanke à la tête de la Fed et partisan d'un reserrement monétaire, avait jeté l'éponge. Ce retrait venant après le forfait de Timothy Geithner ouvre une voie royale à Janet Yellen, actuelle vice-présidente, qui est favorable à la poursuite de la politique monétaire expansionniste de Bernanke. Si l'on ajoute à ces éléments les négociations sur le relèvement du plafond de la dette, le risque d'un blocage budgétaire à Washington, la perspective de fermetures de plusieurs administrations, sans oublier le véritable état de santé de l'économie américaine que Bernanke doit connaître avant que les services gouvernementaux manipulent les statistiques, on comprend alors que la Fed ait décidé de ne rien faire qui puisse compliquer un peu plus la situation, et de continuer sur le même rythme ses travaux d'imprimerie de billets verts.
La non-décision de la Fed a aussitôt eu pour conséquence de faire grimper les marchés actions, de détendre un peu le marché obligataire, de faire baisser le dollar et remonter l'or, de faire retomber la pression sur le pétrole. Rien de très original, mais ne nous y trompons pas. Pour que la Fed renonce à réduire ses injections de morphine, ne serait-ce que de 10 milliards de dollars, cela signifie qu'elle doute de la solidité de son propre système, au point que la moindre opération en apparence bénine représente un risque qu'elle préfère au dernier moment ne pas prendre. Plus elle retardera le moment d'ouvrir son parachute troué et plus le moment de l'impact se rapprochera.

€/$: 1,3532 / $/¥: 99,36 / US $ index: 80,43
OR: 1349,25 $ / Cuivre: 7280 $ / Blé: 6,46 $ / Brut: 105,41 $, Brent: 109,22 $ (écart: 3,8 $)
Indice CRB (matières premières): 287,43 (- 3)
Indice Baltic (frêt cargo): 1904 (+ 15, + 89, + 82, + 38, + 44) Encore 268 points gagnés cette semaine. Voilà l'indice revenu au niveau de la ligne de flottaison des 2000 points. Tout ceci me paraît assez invraissemblable... Les stocks chinois n'expliquent pas tout.
Marché obligataire (taux à 10 ans): J: 0,69 % / D: 1,94 % / PB: 2,31 % /
F: 2,46 % / B: 2,74 / USA: 2,73 % / UK: 2,93 % / I: 4,30 % / E: 4,32 %


Nouveau psychodrame budgétaire à Washington: "Apocalypse -10" (21/09/2013) - Il faut s'attendre à de nouvelles coupes budgétaires (réductions d'effectifs, licenciements et fermetures de services) et/ou à des mesures d'austérité plus globales. La seule interrogation est de savoir lesquelles. Le plafond de la dette, quant à lui, sera relevé parce qu'il ne peut en être autrement, mais de combien ? De quoi nous tenir en haleine (!) jusqu'à lundi 30 en fin de soirée... mais, comme l'autre fois, il est possible qu'il y ait des prolongations. Il s'agit non pas de régler un problème mais de le repousser plus loin, à plus tard. D'autres psychodrames semblables devraient faire l'actu avant les élections de mi-mandat en novembre 2014.


La Chine reconstitue ses stocks et fait s'envoler le Baltic (16/09/2013) - L'indice Baltic du fret maritime a gagné 500 points en l'espace d'une semaine alors qu'il y a encore un mois il dormait à 1100 points et que pendant 20 mois il n'avait pas réussi à atteindre la barre des 1200 points. Que se passe-t-il donc ? Est-ce que ce serait le signe d'une reprise de l'activité économique mondiale ? Pas du tout. La Chine a décidé depuis le début de ce mois de reconstituer ses stocks de métaux de base et de minerai de fer indispensable à la fabrication de l'acier. Plusieurs énormes cargos de catégorie "Capesize" appelés ainsi parce que leur taille imposante les oblige à naviguer au large du cap Horn et du cap de Bonne-Espérance, ont été affrétés principalement à partir de l'Australie et du Brésil. En effet plus de la moitié des importations chinoises de minerai de fer provient de l'Australie et 20 % du Brésil. Cela explique pourquoi les cours du Baltic se sont envolés de manière spectaculaire. Comme il n'y a de signe de reprise nulle part, la croissance des économies émergentes faisant du surplace, je pense qu'il s'agit d'un phénomène passager. Je précise que la ligne de flottaison de l'indice Baltic se situe au-delà de 2 000 points. Il reste encore un peu de marge.


15 septembre 2013 - Un dernier rush de l’appétit pour le risque a propulsé Wall Street vers les sommets avant le rendez-vous de la Fed que toute la planète Finance attend avec anxiété. En attendant le grand moment l'AIE a averti cette semaine que si la chute des monnaies des pays émergents se poursuivait, cela risquerait d'affecter la consommation de pétrole et que les prix pourraient baisser. Pour l'heure l'AIE table toujours sur une croissance de la demande de 1 % cette année. L'AIE n'est pas sans savoir dans un marché de produits libellés en dollar que la dégringolade des monnaies des pays émergents très dépendants du pétrole a fortement ébranlé leur marché obligataire dont la bulle avait été en grande partie constituée... par de l'argent frais distillé par la Fed. Ces milliards, se seraient-ils désintégrés, ou ont-ils été passés dans les bilans et pertes ni vus ni connus ?
Pour le reste, l'hypothèse des frappes américaines en Syrie s'éloignant, les cours de l'or et de l'argent ont fortement chuté cette semaine et l'écart entre le Brent et le Brut est repassé sous les 5 $. Le dollar s'est lui aussi replié à l'approche de la réunion très attendue du Comité politique monétaire de la Fed en milieu de semaine prochaine qui pourrait décider de commencer à réduire ses injections de liquidités. Les gros investisseurs sont extrèmement nerveux et indécis. Les matières premières qui ont été les premières à bénéficier de l'afflux de liquidités des banques centrales, ce qui a permis la formation d'une bulle, sont particulièrement exposées à un retour durable de l'aversion au risque. C'est peut-être ce qui explique la brutale remontée du Baltic de 460 points en 6 jours, franchissant même la barre de 1600 points. Il semblerait en effet que la Chine ait attendu ce moment pour reconstituer ses stocks de métaux de base. Il ne s'agirait donc pas d'une reprise miraculeuse de l'économie mondiale comme on s'obstine à nous le faire croire.

€/$: 1,3290 / US $ index: 81,45
OR: 1318,50 $ / Cuivre: 7028,50 $ / Blé: 6,27 $ (en baisse constante en raison de récoltes record) / Brut: 108,21 $, Brent: 112,75 $ (écart: 4,5 $)
Indice CRB (matières premières): 290,64 (- 3)
Indice Baltic (frêt cargo): 1636 (+ 126, + 63, + 87, - 7, + 15) + 276 sur les 3 premiers jours de la semaine: l'accélération s'est brusquement emballée. La barre des 1600 est atteinte pour la première fois depuis janvier 2012.
Marché obligataire (taux à 10 ans): J: 0,72 % / D: 1,97 % / PB: 2,34 % /
F: 2,53 % / CAN: 2,76 / USA: 2,89 % / UK: 2,93 % / E: 4,49 % / I: 4,57 % L'Italie a doublé l'Espagne.
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Messagede Antigone le Mar 8 Oct 2013 18:30

6 octobre 2013 - Les volumes d'achat sont au plus bas. Les seuls acheteurs sont les banques centrales, les investisseurs institutionnels (banques, assurances), les fonds et les robots. Le crédit ne fonctionne pas, n'en déplaise à ceux qui parlent de signes annonciateurs d'une reprise. Plus qu'à Washington, le vrai shutdown est celui qui paralyse le système financier depuis 5 ans.
Le chantage sur l'Obamacare (voté en 2011) tient Wall Street en haleine, mais le scénario fonctionne si bien que je doute que le déblocage intervienne la semaine prochaine. Pourquoi se priver du plaisir de quelques frissons ? On devrait donc continuer à se faire peur quelques jours de plus... et peut-être même au delà du 17 octobre, pourquoi pas ? L'extrème droite américaine qui est en train de jouer son va-tout en est capable. On estime côté Républicains qu'il serait illusoire de chercher à négocier un budget temporaire sans tenir compte de l'échéance sur le plafond de la dette. Donc, rendez-vous le 17.
En revanche, un défaut sur la dette américaine est inimaginable puisqu'il s'agit juste de relever le plafond à plus de 17.000 milliards de dollars alors que depuis 5 ans la Fed a toute liberté pour imprimer autant de dollars qu'elle veut. Quelques minutes suffiront aux élus du Congrès pour satisfaire cette formalité, juste avant le 17 octobre. Mais attention, entre le 15 et le 25 octobre, nous entrerons en zone de turbulences boursières, et il y a en aura une autre entre les 14 et 28 novembre. Attention car, même dans un marché complètement atone, l'or est agité de violentes secousses et présente un comportement déconcertant. Ainsi il est tombé mercredi à 1277 $ alors qu'en période d'inquiétudes il a toujours tendance à remonter, à évoluer en direction inverse au dollar et à servir de valeur refuge. Attention, car dès qu'un accord sera trouvé après une dizaine de jours passés sans le flot habituel des statistiques, la reprise risque d'être nerveuse, en particulier sur les parités monétaires.

€/$: 1,3556 / $/¥: 97,41 / US $ index: 80,14
OR: 1309,75 $ / Cuivre: 7148 $ / Blé: 6,87 $ / Brut: 103,79 $, Brent: 109,46 $ (écart: 5,7 $)
Indice CRB (matières premières): 285,80 (- 2)
Indice Baltic (frêt cargo): 2084 (- 43, - 9, + 14, + 39, + 37) Une stabilisation en octobre autour de 2000 ? Pour que ça redescende il faudra attendre que les immenses cargos arrivent à destination en Chine et soient déchargés. Le marché sera plus lisible en décembre.
Marché obligataire (taux à 10 ans): J: 0,66 % / D: 1,84 % / PB: 2,22 % /
F: 2,36 % / USA: 2,65 % / UK: 2,74 % / E: 4,20 % / I: 4,30 %


JP Morgan et l'iceberg
Le M.A., 06/10/2013
http://monde-antigone.centerblog.net/2984-

Le FMI s'inquiète d'un possible effondrement du système bancaire. Celui-ci serait sous la menace d'un nouveau "Lehman". Dans son rapport de lundi on lit: « L'économie mondiale reste exposée aux risques qu'un de ces établissements financiers d'importance systémique fasse faillite ». Lequel ? Quand on pose la question, le nom d'une banque est souvent citée: JP Morgan.

JP Morgan est une des six grosses banques américaines (*). Elle a été fondée par John Pierpont Morgan (Pierpont est le nom de sa mère). JPM a suivi l'itinéraire classique des grand financiers américains de l'époque. Dans un premier temps, il fait ses armes dans la compagnie de papa avant de créer sa banque en 1871. Il rachète alors de petites entreprises pour les revendre avec un gros bénéfice. Il se lance aussi dans la vente d'armes (défectueuses !) pendant la Guerre de Sécession. Dans un second temps, après 1890, il investit dans les marchés en expansion: le chemin de fer, l'électricité, la sidérurgie et le transport maritime. Il rachète les parts de quelques sociétés, en absorbe d'autres, contribue à des fusions...

Au début du XXe siècle, il est à la tête d'un empire immense. La JP Morgan & Co participe alors à la fondation de la Réserve fédérale américaine, finance également l'industrie d'armement, ce qui encouragera les USA à entrer en guerre en 1917. En 1933, la banque scinde ses activités et se replie très provisoirement sur la banque de dépôt, Morgan Stanley devenant banque d'investissement. En 2001, JPM fusionne avec la célèbre Chase Manhattan Bank des Rockfeller pour prendre le nom de JP Morgan Chase, mais tout le monde continue de l'appeler JP Morgan. JPM est connu pour avoir été le propriétaire du Titanic. Il aurait même du faire partie du voyage inaugural... s'il n'avait pas été retenu par l'anniversaire de sa maîtresse. Il a raté l'iceberg; il est quand même mort l'année d'après. Aujourd'hui sa banque pourrait se diriger droit dessus.

Les encours sur les produits dérivés dont la banque est à l'origine seraient estimés à 40.000 milliards de dollars. C'est vertigineux. C'est 2 fois le PIB américain, 10 fois Lehman Brothers. Si ça tombait, ça en ferait de la poussière ! Pour respecter les normes prudentielles de Bâle III qui imposent 7 % de fonds propres, il faudrait que JPM soit en capacité de lever à tout moment 2.800 milliards de dollars. C'est évidemment de la pure théorie car aucune banque ne respecte cette règle, surtout les plus grosses qui ne conçoivent pas de laisser autant d'argent dans leur passif, c'est-à-dire sans que cela rapporte le moindre dollar d'intérêt. Elles considèrent que le risque réel ne porte "seulement" que sur 1 à 2 % des encours; ce qui pour JPM représente quand même... disons 600 milliards de dollars. Avec de tels chiffres, on imagine sans mal que la banque doit accepter toute sorte de garanties, et pas des plus solides.

On l'imagine d'autant plus facilement que JP Morgan est impliqué dans toutes les affaires qui ont été révélées ces derniers mois par les autorités de régulation: manipulation du taux interbancaire LIBOR et plus récemment manipulation des cours du cuivre et de l'aluminium ce qui l'a amené à céder sa filiale de trading sur les matières premières. En outre, les 7 milliards de pertes officiellement reconnues dans l'affaire de la "baleine de la Tamise" sur des placements invraissemblables ont permis de réaliser à quel point le contrôle interne laissait à désirer. Je passe rapidement sur les risques hypothécaires et les saisies illégales qui pourraient lui coûter plus de 10 milliards de dollars d'amendes. Dans un environnement dominé par la méfiance et l'obsession du rendement à court terme, on devine facilement les ravages en chaîne que provoquerait un défaut sur une "garantie". On comprend alors que le FMI qui, il y a encore deux ans affichait sa totale confiance dans la solidité du système, s'inquiète à demi-mot et en fasse mention dans un rapport. Et si, en effet, ce n'était que la face visible de l'iceberg...


29 septembre 2013 - Cette semaine les bourses se sont montrées prudentes et attentistes et elles ont enchainé les séances en léger repli. Les investisseurs hésitent sur la conduite à tenir par rapport à deux inconnues: un accord budgétaire de dernière minute aux États-Unis et les intentions de la Fed pour les 6 prochains mois concernant les rachats d'actifs.
En ce qui concerne le budget, les élus du Tea Party n'ont plus rien à perdre et ils tentent d'entraîner avec eux le vote républicain moyennement conservateur. Après la raclée qu'ils ont reçue l'année dernière ils savent qu'aucune faiblesse ne leur sera pardonnée et il y a fort à parier qu'ils iront jusqu'au bout. Mercredi le sénateur texan Ted Cruz a affiché cette détermination en occupant la tribune pendant 22 heures pour attaquer l'"Obamacare"... mais surtout pour faire obstruction aux débats parlementaires alors qu'approche la date butoir du 30 septembre à minuit. Il a utilisé une disposion du règlement qui rend l'interruption de l'orateur impossible tant que celui-ci n’a pas clairement signifié la fin de son intervention (vous vous souvenez de "Mr Deeds au Sénat" ?). Dans le cas où aucun accord n'était trouvé entre les deux chambres, la fermeture des administrations fédérales et de nouvelles coupes budgétaires automatiques prendraient effet qui porteraient sur 10 à 12 milliards de dollars par an, mais auraient aussi des répercussions non négligeables sur les économies locales. Or la croissance aux Etats-Unis continue de faire l'objet de toutes les supputations après que la Fed a renoncé à réduire ses injections de liquidités.
Dans l'ensemble les chiffres ont assez peu évolué depuis la semaine dernière, mais des tensions pourraient apparaître bientôt en Europe si l'euro continuait à s'apprécier au-dessus de 1,35 $ et si la crise politique en Italie se répercutait sur le marché obligataire alors que les taux italiens ont d'ores et déjà dépassé ceux de l'Espagne.
Le Baltic a franchi la barre des 2000 points mais il semble qu'après un mois de septembre exceptionnel le rush chinois soit en train de prendre fin. De toute façon, et bien que le baril de Brent se négocie à 108 $, les tarifs des transports pétroliers sont tombés à leur plus bas depuis décembre 2009. On peut s'attendre à ce qu'ils remontent un peu avec l'hiver, mais les premières indications n'annoncent pas une reprise de fond de l'économie mondiale.

€/$: 1,3523 / $/¥: 98,24 / US $ index: 80,27
OR: 1341 $ / Cuivre: 7252,50 $ / Blé: 6,83 $ / Brut: 103,44 $, Brent: 108,63 $ (écart: 5,2 $)
Indice CRB (matières premières): 287,64 (stable)
Indice Baltic (frêt cargo): 2046 (+ 43, + 74, + 6, - 14, - 67) Après le pic à 2127 mercredi, le - 67 de vendredi laisse penser l'indice va retomber. La Chine a trouvé ses cargos géants pour acheminer son minerai et reconstituer ses stocks.
Marché obligataire (taux à 10 ans): J: 0,68 % / D: 1,78 % / PB: 2,18 % /
F: 2,34 % / USA: 2,61 % / UK: 2,73 % / E: 4,36 % / I: 4,41 %


Le projet d'union bancaire vacille sur ses bases (Le M.A., 27/09/2013) Dans un sytème bâti sur le chacun pour soi, le projet d'union bancaire était irréaliste. Ce n'est pas dans les gènes d'une banque que jouer la carte de l'honnêteté en levant les secrets sur ses faiblesses, ou encore de venir au secours d'une autre, à fortiori quand la banque St-Bernard n'est pas en pleine possession de ses moyens. D'ailleurs l'Allemagne l'a bien compris: les éclopés, on les achève. Ce sera un nouveau constat d'impuissance si la BCE nous refait d'ici peu un 3e LTRO (programme de prêt à 0 %) après les échecs des deux premiers.
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Re: [Eco]Le capitalisme en soins intensifs

Messagede Antigone le Jeu 24 Oct 2013 18:42

Créances douteuses, bulle immobilière: la Chine aux abois
Le M.A., 23/10/2013
http://monde-antigone.centerblog.net/3010-

Des informations provenant de la Banque centrale de Chine font état d'une possible hausse des taux d'intérêt à court terme en raison des menaces d'inflation. Or un coût d'emprunt plus élevé affecterait une croissance chinoise qui connaît déjà de grosses difficultés. C'est le même phénomène que l'on pourrait observer prochainement dans les autres BRICS et plusieurs émergents touchés par la chute récente de leur monnaie.
De plus il se "murmure" que le montant des créances douteuses des banques chinoises aurait triplé, oui je dis bien TRIPLE, au cours du 1er semestre. Ce montant a longtemps été sous-estimé alors qu'il dépassait, disait-on, les encours de crédits de certaines banques. Et je ne parle même pas du marché parallèle, le "shadow banking". Alors, peut-être s'agit-il d'une régularisation des comptes... mais quand même. Et puis il y a probablement une raison pour que cette information soit communiquée précisément aujourd'hui, mais je ne la connais pas. La Chine ne communique pas sur l'état de son système bancaire. En tout cas les bourses ont mal réagi.
Enfin, la bulle immobilière menace plus que jamais d'exploser. Les prix de l'immobilier ont encore augmenté de 15 à 20 % ces dernières semaines. Les prix montent parce que l'offre des appartements vendables se réduit. Pourtant il y a des villes entières inhabitées, 60 millions d'appartements inachevés.
Pour résumer: ça sent le soufre.


20 octobre 2013 - Le shutdown-18 a pris fin. Vive le shutdown-19 programmé à partir du 15 janvier 2014. Les USA rejoueront dans 3 mois le même navet car tout s'est passé comme dans les plus mauvais films catastrophe. La bombe a été désamorcée in extremis, quelques minutes avant l'heure fatidique... sauf que la bombe n'aurait rien fait exploser du tout. Plusieurs pare-feux de la Fed et de la présidence auraient de toute façon empêché les Etats-Unis de faire défaut. Et personne n'a jamais cru que le scénario apocalyptique que la presse nous vendait allait se réaliser. Wall Street en a même profité pour battre de nouveaux records. L'indice élargi S&P500 a dépassé les 1700 points.
En fait, le psychodrame du shutdown cache une tragédie, celle de la crise américaine dont les spasmes se font de plus en plus fréquents. La croissance US pointe officiellement à plus de 2 %, mais sans les truquages et autres artifices comptables, elle serait en réalité de 1 %. Moins de croissance signifie moins de revenus. Cela explique pourquoi les dépenses annuelles de l'Etat sont supérieures de plus de 1.000 milliards de dollars à ses recettes, pourquoi les élus du Congrès relèvent plus souvent le plafond de la dette et repoussent à plus tard des problèmes de plus en plus insolubles. Sans la Fed le système aurait déjà explosé.
Les gros détenteurs de réserves de dollars ont manifesté leur irritation devant un scénario qui aurait pu les ruiner en faisant monter les taux d'intérêt. L'agence Xinhua s'est signalée en appelant à "un monde désaméricanisé". La Chine et le Japon qui cumulent 2.400 milliards de dollars d'obligations du Trésor ont menacé de diversifier leurs programmes d'achat à long terme, mais ce n'est pas la première fois qu'ils le disent. S'ils vendaient leurs obligations américaines, ce serait pour acheter quoi ? Il n'y a pas d'alternative. Il faudra encore bien des années avant que le yuan se mette à concurrencer le dollar sur les marchés financiers. La Chine a quand même tenu à marquer le coup en vendant des dollars pour de l'or faisant monter le cours du métal jaune de 3 %. Le dollar index est passé sous les 80 points ce qui ne lui était pas arrivé depuis le mois de février. L'euro est brièvement monté au dessus de 1,37 $.
Rien à signaler par ailleurs. Etat de santé critique mais stable. Beaucoup de maturités arriveront à terme d'ici fin novembre, alors attention...

€/$: 1,3682 / $/¥: 97,72 / US $ index: 79,63
OR: 1316,50 $ / Cuivre: 7241,50 $ / Blé: 7,05 $ / Brut: 101,27 $, Brent: 109,94 $ (écart: 8,7 $)
Indice CRB (matières premières): 286,41 (stable)
Indice Baltic (frêt cargo): 1901 (- 24, + 2, + 2, - 5, - 59)
Marché obligataire (taux à 10 ans): J: 0,62 % / D: 1,83 % / PB: 2,19 % /
F: 2,34 % / USA: 2,58 % / UK: 2,71 % / I: 4,16 % / E: 4,26 %


16/10/2013 >> Quelques minutes encore avant les 12 coups de minuit, l'inimaginable va-t-il se produire ? Peu importe. Je m'attendais à ce que le shutdown continue après le 17, jusqu'à la fin du mois, et peut-être encore un peu plus... Il se peut néanmoins qu'un vote à la Chambre des représentants y mette fin dans le courant de la nuit à 23h59... temporairement.
En réalité il n'y aurait pas eu de défaut de paiement:
1/ Il y a dans les coffres du Trésor des réserves stratégiques qui permettent de tenir une quinzaine de jours de plus.
2/ La Fed peut, si c'est nécessaire, endosser le rôle de prêteur en dernier ressort.
3/ Obama peut recourir à un amendement de la Constitution pour continuer à emprunter.
Le seul problème qui pourrait arriver serait une dégradation de la note américaine par S&P ou Moody's qui ferait grimper les taux, mais les deux agences n'ont pas fait part de cette intention à court terme. Par conséquent, vous pouvez vous endormir tranquillement. Demain, les USA seront encore volvables et le capitalisme sera toujours là. Si jamais vous n'avez rien compris au shutdown, pas de panique. On remettra ça vers le 15 janvier 2014. Une autre menace de shutdown avec un même scénario, un même suspens haletant... et un même dénouement provisoire.


13 octobre 2013 - Le psychodrame du shutdown-18 continue et je le vois bien se poursuivre encore un moment, jusqu'à la fin du mois, voire au-delà. Le principe d'un relèvement de la dette, lui, il est acquis. Le désaccord ne porte à présent que sur l'échéance. Les Républicains proposent de repousser le problème de quelques semaines, jusqu'au 22 novembre. Pour les Démocrates, c'est trop peu. Ils estiment que ce court délai permettrait aux Républicains de maintenir leur pression et d'imposer un deal global incluant les programmes sociaux. Obama multiplie les mises en garde solennelles. Il agite le risque d'un blocage qui, passé la date du 17 octobre, ferait courir le risque d'un défaut de paiement entrainant une chute des marché aux répercussions mondiales. Mais les élus Républicains sont les représentants de puissants lobbys qui n'ont aucun intérêt à voir l'économie s'écrouler, et ils sont eux-mêmes très investis en bourse. Par conséquent, le défaut ne se produira pas. Les investisseurs n'y croient pas non plus.
C'est pourquoi le marché est stable. Il réagit aux péripéties de ce feuilleton par des mouvements de yoyo. Les cours du pétrole ont assez peu bougé mais l'écart entre le Brut et le Brent a doublé. Il est passé de 5 à 10 $. C'est un signe de spéculation. Plus il y a du risque dans l'air, plus il y a de l'argent à gagner. Les requins aux aguets exploitent ces mouvements de yoyo; le pétrole est leur champ d'action. Enfin il faut avoir en tête qu'à partir de la semaine prochaine nous entrons dans une période de turbulences propice aux krachs, et pour certains élus du Congrès, tout ce temps que durera ce shutdown servira à entretenir une tension, stabiliser les cours et éviter les trous d'air. La date du 22 novembre n'a certainement pas été avancée au hasard.

€/$: 1,3542 / $/¥: 98,58 / US $ index: 80,44 assez stable
OR: 1265,50 $ / Cuivre: 7125 $ / Blé: 6,92 $ / Brut: 101,35 $, Brent: 111,28 $ (écart: 10 $)
Indice CRB (matières premières): 286,61 (+ 1, stable)
Indice Baltic (frêt cargo): 1985 (+ 31, + 31, - 21, - 114, - 26) L'indice tourne toujours autour de 2000 mais reste très agité.
Marché obligataire (taux à 10 ans): J: 0,66 % / D: 1,86 % / PB: 2,23 % /
F: 2,37 % / USA: 2,67 % / UK: 2,74 % / I: 4,28 % / E: 4,29 % Rien n'a bougé.


Le FMI lorgne sur l'épargne mondiale (Le M.A., 10/10/2013) - Sans croissance, il sera impossible de réduire la dette. Au contraire plus les déficits se creuseront et plus la dette augmentera. Pourtant, de l'argent, il y en a en quantité sous forme d'épargne. Rien qu'en France, elle est évaluée à plus de 11.000 milliards d'euros alors que la dette vient de dépasser 1.800 milliards d'euros (95 % du PIB). Une petite ponction (Lagarde parle de 10 %)... et hop ! La dette serait effacée ! Facile et rapide. Comme c'est tentant ! Trop abondante, l'épargne freine aussi la croissance et contribue à alimenter des bulles spéculatives. On comprend qu'une cagnotte aussi énorme soit convoitée par le Trésor public.
Cette année le tabou de la garantie des dépots est tombé au moment de la mise en faillite de Chypre. Le principe de la mise à contribution des titulaires de dépôts supérieurs à 100.000 € (le "bail in") en cas de faillite bancaire a été adopté récemment par les ministres des Finances de la zone euro. Celui de l'inviolabilité des comptes d'épargne pourrait suivre avec une taxation automatique. Les conditions sont réunies puisque les taux d'intérêts sont bas et l'inflation est faible. L'hypothèse est encore dans les cartons, mais au FMI, on y pense. Ce serait le casse du siècle. Le vol comme ultime recours...
L'information est assez peu commentée dans la presse. Bizarre :)
23/10/2013 >> En France les députés n'ont pas perdu de temps. Ils ont voté la hausse des prélèvements sociaux pour certains contrats d'assurance-vie.
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Antigone
 
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Re: [Eco]Le capitalisme en soins intensifs

Messagede Antigone le Mer 6 Nov 2013 18:12

3 novembre 2013 - Je me demandais la semaine dernière ce qui pourrait endiguer la remontée de l'euro d'ici la fin de l'année. Eh bien la réponse est venue du chiffre de l'inflation dans la zone euro qui a enregistré jeudi avec 0,7 % en rythme annuel contre 1,1 % en septembre son niveau le plus bas depuis novembre 2009. La menace déflationniste se précise et elle a pris encore plus d'ampleur avec la baisse des prix de l'énergie qui constitue la majeure partie de l'inflation importée. Dans le même temps, la Fed a laissé entendre au détour d'une phrase sybilline qu'elle poursuivrait sa politique accomodante (QE3). Qui en aurait douté ? Mais cela a été suffisant pour retourner le marché, faire remonter le dollar, baisser l'or et l'euro, et ramener au passage un flux de capitaux étrangers en Inde ce qui a permis à la Bourse de Bombay de battre vendredi un record datant de 2008. Les grosses fluctuations sur le marché des devises (le forex) stimule la spéculation. On s'en aperçoit surtout sur le marché pétrolier où l'écart entre le Brut et le Brent s'est creusé un peu plus malgré des cours en repli.
Les analystes s'attendent la semaine prochaine à une réaction de la BCE. Il se peut qu'elle annonce une baisse du taux directeur qui le rapprocherait de zéro ou un 3e LTRO, des mesures qui ont largement prouvé leur inéfficacité, ou alors un nouveau numéro de communication, une formule magique de Draghi pour faire oublier que la crise de la zone euro est loin, très loin d'être finie.

€/$: 1,3484 / $/¥: 98,69 / US $ index: 80,72
OR: 1306,75 $ / Cuivre: 7255,50 $ / Blé: 6,67 $ / Brut: 94,79 $, Brent: 105,91 $ (écart: 11,1 $)
Indice CRB (matières premières): 274,96 (- 8)
Indice Baltic (frêt cargo): 1504 (- 52, - 68, - 67, + 20, + 21) En chute libre en début de semaine puis une petite remontée qui s'explique par la soudaine réappréciation du dollar. L'indice est encore 300 points au dessus de la normale. Les gros cargos remplis de minerai partis du Brésil ne sont pas encore en vue des côtes chinoises.
Marché obligataire (taux à 10 ans): J: 0,60 % / D: 1,69 % / PB: 2,02 % /
F: 2,15 % / USA: 2,62 % / UK: 2,65 % / E: 3,97 % / I: 4,08 %


Subprimes, Libor: Sanctions bancaires de façade - (Le M.A., 01/11/2013)
Les autorités de régulation ont décidé de sanctionner les banques dont les rapines, les escroqueries et les malversations menacent de précipiter le système financier dans l'abîme. Certains y voient une tentative de plus de reprendre en main le système bancaire et de lui imposer le respect des règles prudentielles de Bâle III. Mais entre deux maux, l'administration américaine a juste choisi celui qui permet, croit-elle, de reculer les échéances.
Les 6 plus grandes banques américaines (JP Morgan, Goldman Sachs, Morgan Stanley, Bank of America, CitiGroup et Wells Fargo) ont déjà réglé 66 milliards de dollars depuis 2010. Elles ont préféré payer des amendes pour arrêter les poursuites et ne pas avoir à payer 10 fois plus en cas de procès et de condamnations. Les 107 milliards de dollars d'amendes estimés pour refermer le dossier pénal des subprimes peuvent à première vue nous paraître énormes. En réalité il ne s'agit pas de mettre les banques en difficulté. C'est à peine si cela entame leurs bénéfices. C'est en tous cas une somme modique quand on la compare aux quelque 700.000 milliards de dollars d'encours sur les produits dérivés. JPMorgan a provisionné en tout 23 milliards de dollars (soit 4 fois les pertes de Jérôme Kerviel pour la SocGen en 2008) pour régler à l'amiable l'ensemble des problèmes juridiques dans lesquels elle est impliquée. Une paille...
Mais il y a ce qui est révélé et qui ne l'est pas. L'étalage des pratiques bancaires et le rush de ces derniers mois sur les actifs risqués à haut rendement laissent penser que la partie immergée de l'iceberg est certainement beaucoup plus importante.


La déflation gagne du terrain en Europe - (Le M.A., 31/10/2013)
La course effrénée à la compétitivité a conduit à une pression sur les salaires (et sur l'emploi par les licenciements et la précarité) afin de dégager des gains de productivité et préserver les faibles marges des entreprises. Il en a résulté une tendance devenue irréversible à la déflation. C'est la réponse à tous les abrutis qui parlent de "reprise" en zone euro parce que la croissance aurait enregistré en Espagne sur le dernier trimestre une hausse de... 0,1 % ! pour une inflation de 0,1 %.
Au contraire, cette lente déflation est le signe annonciateur d'une dépression longue qui n'en est qu'à son début, mais qui pourrait s'approfondir rapidement en cas d'éclatement des bulles. C'est le symptôme d'une machine qui s'éteint peu à peu. Il y avait encore en moyenne 3 à 4 % de croissance dans les années 90, seulement 2 à 3 % jusqu'à la crise financière de 2008, et depuis, la croissance est tombée de 2 à 0 %. Or il est impossible que la croissance se maintienne à ce niveau sans faire basculer l'inflation dans le négatif. Une fois pris dans les sables mouvants de la déflation, il n'est plus possible de s'en sortir. Le Japon en est prisonnier depuis près de 20 ans. Il a, certes, réussi à générer de la croissance, mais au prix de dépenses publiques faramineuses qui l'amènent aujourd'hui à enregistrer une dette de 250 % son PIB.


27 octobre 2013 - Les indices boursiers continuent de s'envoler. Même en Europe l'euphorie gagne les marchés. L'indice allemand DAX a atteint les 9.000 points tandis que le CAC40 titille les 4.300 points pour la première fois depuis septembre 2008. Les analystes se mettent à rêver d'un Dow Jones à 20.000 points pour 2014 grâce aux flux de capitaux en provenance des pays émergents et de la fausse monnaie toute fraiche déversée quotidiennement par les banques centrales. A Paris, 5 années de crise vont bientôt être effacées. Même l'Espagne serait sortie de récession avec une croissance de... 0,1 % pour le 3e trimestre ! C'est ce qu'on nous a répété toute la semaine. Eh oui, l'Espagne va beaucoup mieux !... avec des déficits plus importants que prévu et un chômage stabilisé... grâce à la radiation de plusieurs dizaines de milliers de demandeurs d'emploi !
Les marchés financiers qui sont censés refléter la santé de l'économie ont progressé cette année de 20 % en moyenne, alors que les entreprises ont le plus grand mal en cette fin d'année à afficher des résultats positifs de 2 à 3 % malgré les gains de productivité obtenus par des pelletées de licenciements. Beaucoup d'entreprises accumulent du cash en prévision d'un coup dur ou d'une opération de rachat. Cependant depuis la mi-octobre les publications des entreprises ont réservé de méchants trous d'air de -10 % en quelques minutes. Pour l'instant ils ne provoquent pas de réaction en chaîne, mais il suffirait d'un petit éclatement de bulle pour que les acteurs de marché émergent brutalement de leur rêve éveillé et prennent conscience que les montagnes de milliards reposent en réalité sur du vide. Et ce ne sont pas les bulles qui manquent.
Le repli du dollar causé par la crise budgétaire américaine devrait se poursuivre au moins jusqu'à la date fatidique du relèvement du plafond de la dette, le 7 février 2014. Pendant le shutdown, l'euro s'appréciait à 1,34 $. En une dizaine de jours il est monté à 1,38 $. Dans ces conditions, et à moins que la BCE se lance dans un LTRO3, on peut s'interroger sur le niveau qu'il atteindra à la fin de l'année (1,40 $ ?, 1,45 $ ?) et sur les capacités des économies européennes à encaisser un tel renchérissement de leurs produits. Une nouvelle dégradation de la conjonture paraît inévitable. Elle serait le prétexte recherché par la Fed pour continuer, et même intensifier son programme monétariste. Avec Janet Yellen aux manettes, pas d'inquiétude à ce sujet. La planche à billets est la planche de salut du capitalisme. Elle n'a pas fini de tourner.

€/$: 1,3805 / $/¥: 97,35 / US $ index: 79,22
OR: 1347,75 $ / Cuivre: 7126 $ / Blé: 6,90 $ / Brut: 97,43 $, Brent: 106,93 $ (écart: 9,5 $) L'écart devrait rester constant jusqu'au prochain shutdown.
Indice CRB (matières premières): 282,55 (- 4)
Indice Baltic (frêt cargo): 1671 (- 23, - 31, - 61, - 78, - 37) Recul de 230 points. Cela signifie que les cargos en provenance d'Australie sont arrivés dans les ports chinois et sont en train d'être déchargés.
Marché obligataire (taux à 10 ans): J: 0,61 % / D: 1,75 % / PB: 2,11 % /
F: 2,25 % / CAN: 2,41 % / USA: 2,50 % / UK: 2,61 % / E: 4,16 % / I: 4,22 %
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Re: [Eco]Le capitalisme en soins intensifs

Messagede Antigone le Dim 24 Nov 2013 18:56

24 novembre 2013 - Les chiffres demeurent invariablement scotchés. A part que les bulles grossissent, il ne se passe rien. On a juste découvert une nouvelle bulle, un peu comme on découvre une nouvelle étoile. Le Bitcoin, cette monnaie du cyber-espace valait 70 $ il y a quelques jours, elle en valait 10 fois plus en début de semaine, avec de spectaculaires variations en l'espace de quelques heures. C'est un exemple de plus qui illustre plus généralement la recherche par les investisseurs de rendements de plus en plus risqués et incertains.
Il ne s'est donc rien passé cette semaine. Pourtant la publication des "minutes" de la dernière réunion de la Fed a clairement laissé entendre que si le maché de l'emploi s'améliorait (traduisez: si le truquage des statistiques continuait de faire croire à une évolution irréversible vers le plein emploi) une réduction des injections de liquidité pourrait intervenir début 2014. Suite à ce compte-rendu, il y a eu une petite tension sur le marché obligataire, mais rien de comparable avec les autres fois. Le marché semble l'avoir intégrée, au moins jusqu'à un certain degré. Cette spéculation sur une diminution du débit du QE renforce en tout cas le sentiment d'une tendance à la désinflation et contribue à faire baisser l'or.
La Fed sait qu'il faudra bien un jour arriver à fermer ce putain de robinet... à condition que cela ne provoque pas l'explosion du système. Alors il y a des petits malins qui réfléchissent à des solutions baroques. Et si la BoJ augmentait son programme monétaire, la Fed pourrait baisser le sien. Et si la BCE se mettait à fabriquer elle aussi de la fausse monnaie en quantité ? Ils oublient que tout communique et que de toute façon ces solutions ne consistent qu'à rajouter de la poudre dans le baril en attendant la déflagration.

€/$: 1,3547 / $/¥: 101,20 / US $ index: 80,73
OR: 1246,25 $ / Cuivre: 7065 $ / Blé: 6,51 $ / Brut: 94,84 $, Brent: 110,08 $ (écart: 15,2 $)
Indice CRB (matières premières): 275,05 (stable)
Indice Baltic (frêt cargo): 1483 (- 7, - 5, + 32, - 28, - 16) toujours orienté à la baisse...
Marché obligataire (taux à 10 ans): J: 0,64 % / D: 1,75 % / PB: 2,07 % /
F: 2,22 % / USA: 2,76 % / UK: 2,79 % / I: 4,09 % / E: 4,11 % Aucun changement.


17 novembre 2013 - Les "1 %" des mortels qui profitent des largesses de la Fed vont pouvoir exulter une fois de plus la semaine prochaine. Wall Stret a clôturé vendredi à quelques points de paliers historiques: 15.962 pts pour le Dow Jones, 3.986 pts pour le Nasdaq, et 1798 pts pour le S&P500. Et qu'ils ne disent pas qu'ils ne l'ont pas fait exprès ! L'audition de Janet Yelen devant le Sénat mercredi a rassuré tout le monde. La prochaine présidente de la Fed a réitéré son engagement en faveur d'une politique monétaire "ultra-accomodante" sans limite de plafond, autrement dit elle a promis d'imprimer des dollars à tire larigot aussi longtemps que la croissance ne se sera pas durablement renforcée, ce qui n'arrivera pas avant longtemps...!
Mardi chez Christie's à New York, le triptyque de Francis Bacon intitulé "Trois études de Lucian Freud" avait été vendu en l'espace de quelques minutes 142,4 millions de dollars, battant le record de l'enchère la plus élevée de l'histoire des ventes d'art. Par comparaison, le même jour, l'ONU avait tout juste réuni 70 millions de dollars sur les 300 millions réclamés pour venir secourir aux Philippines les victimes de l'un des plus puissants typhons jamais vus. Au risque de faire un commentaire superflu, du haut de son baril de poudre, Wall Street va très bientôt tirer un feu d'artifice pour fêter l'acquisition d'un autre triptyque intitulé "16.000-4.000-1.800 ou trois études de spéculateurs".
Pour le reste, les perspectives pessimistes de la croissance chinoise ont fait dévisser le cuivre, baromètre du marché, sous les 7000 $. Cependant la promesse de nouveaux apports de liquidités de la Fed qui diluent la valeur du dollar, encourage la spéculation sur des actifs de plus en plus risqués. Ainsi les propos de Janet Yellen ont fait bondir l'écart entre le Brent et le Brut à plus de 14 $. Le montant des encours sur les produits dérivés s'élèverait aujourd'hui à 757.000 milliards de dollars, soit plus de 12 fois le PIB mondial !

€/$: 1,3492 / $/¥: 100,18 / US $ index: 80,81
OR: 1287,25 $ / Cuivre: 6967,50 $ / Blé: 6,44 $ / Brut: 93,97 $, Brent: 108,50 $ (écart: 14,5 $)
Indice CRB (matières premières): 274,20 (stable)
Indice Baltic (frêt cargo): 1507 (- 17, - 21, - 12, - 14, - 10) La baisse se confirme doucement.
Marché obligataire (taux à 10 ans): J: 0,63 % / D: 1,71 % / PB: 2,04 % /
F: 2,18 % / USA: 2,71 % / UK: 2,74 % / E: 4,06 % / I: 4,09 % Pas de changement.


10 novembre 2013 - L'abaissement du taux directeur de la BCE à 0,25 %, la nouvelle dégradation par S&P de la France et du FESF, les résultats décevants en provenance des Etats-Unis, toutes ces nouvelles concourent à faire monter le dollar par rapport à l'ensemble des devises et à spéculer sur la poursuite du QE3, au moins sur le même rythme. Par conséquent les bulles se portent bien puisque 4 milliards de dollars créés à partir de rien sont apportés par la Fed à chaque séance pour permettre aux investisseurs de jouer au casino. L'entrée en bourse jeudi de Twitter valorisé 40 fois son chiffre d'affaires a affolé les compteurs. Wall Street n'en finit plus de battre des records. Le Nasdaq pourrait atteindre les 4000 points dans les prochains jours. Les bouteilles de champagne sont déjà commandées.
Sortie des salles d'opium, la réalité paraît tout autre. Il ne faut pas se fier à l'indice Baltic qui sera jusqu'à fin novembre au dessus de son niveau réel en raison des opérations de restockage de minerai par la Chine. Mais en décortiquant les chiffres on remarque déjà que les tarifs des cargos géants (les Capesize) ont retrouvé leur niveau de début septembre à 2300 points contre 3500 il y a une vingtaine de jours. Le Panamax qui concerne le transport des céréales a baissé lui aussi, autant sur les routes du sud qu'au nord. Enfin les tarifs des transports pétroliers demeurent très bas. L'indice des produits pétroliers raffinés désespère la profession en étant tombé à son niveau le plus bas depuis novembre 2009. L'offre est supérieure d'un tiers à la demande ce qui est inhabituel à cette saison. Une précision d'importance: l'Arabie saoudite a été obligée de relever sa production afin de soutenir le cours du Brent à 105 $ le baril et compenser l'effondrement de la production en Libye. Dans ces conditions on peut se demander pourquoi le Baltic a-t-il pris 80 points en une semaine ? Simplement à cause de la hausse du dollar dont l'index est passé de 79 à 81 points en 15 jours et qui se répercute sur le prix des marchandises transportées.
Encore deux semaines délicates à passer et ce sera le rally (l'envolée des cours) de fin d'année...

€/$: 1,3362 / $/¥: 99,11 / US $ index: 81,20
OR: 1287,50 $ / Cuivre: 7125,50 $ / Blé: 6,49 $ / Brut: 94,25 $, Brent: 105,12 $ (écart: 10,9 $)
Indice CRB (matières premières): 274,38 (paraît stabilisé après la dégringolade de la semaine dernière)
Indice Baltic (frêt cargo): 1581 (+ 48, + 48, + 2, - 9, - 12) Toujours aussi instable...
Marché obligataire (taux à 10 ans): J: 0,59 % / D: 1,75 % / PB: 2,09 % /
F: 2,22 % / USA: 2,75 % / UK: 2,76 % / E: 4,11 % / I: 4,14 %


Twitter et un lama survalorisés dans une économie de bulles
Le M.A., 09/11/2013

Le système capitaliste est tellement au bout du rouleau, tellement à l'affut du moindre profit, du moindre rendement, qu'il en est arrivé au point de transformer n'importe quel produit (auquel on ne demande même pas de produire quelque chose) en quelque chose dont la valorisation dépasse de très loin le produit de son exploitation. Twitter et "Serge" le lama sont les derniers avatars de cette économie de bulles.

L'entrée en bourse de Twitter jeudi a été l'une des plus fulgurantes de l'histoire du Nasdaq. + 70 % par rapport à un cours de base que l'on croyait déjà survalorisé. Twitter est utilisé par les personnalités publiques pour communiquer sur le vif, en 140 caractères, une décision, une réaction, un état d'âme que des "followers" s'empresseront de diffuser en quelques secondes. Le site revendique 232 millions d'utilisateurs actifs par mois, dont un peu plus de 40 % se connectent tous les jours. Twitter est devenu l'agence de presse des "people" et des gens qui aspirent à devenir importants. Pourtant, depuis 2007, l'entreprise n'a fait aucun bénéfice. Aujourd'hui elle vaut 24 milliards de dollars, soit 40 fois son chiffre d'affaires. C'est ce qu'on appelle une bulle.

Toute proportion gardée, une autre bulle s'est formée cette semaine à partir d'une vidéo postée sur Youtube. La virée nocturne d'un malheureux lama de cirque qu'une bande de fêtards a promené dans les rues et le tramway de Bordeaux. La presse s'est emparée du sujet; il faut dire que l'actualité est assez pauvre en ce moment... La soudaine notoriété du lama a fait oublier la banale affaire de vol. Le propriétaire de l'animal a retiré sa plainte quand il a pris conscience du bénéfice qu'il pouvait en tirer. Beaucoup de rapaces ont compris eux aussi qu'il y avait de l'argent à faire autour de l'image du lama et de son aventure. Personne ne portera plainte pour ça, au contraire, on en parle, et c'est parce qu'on en parle que ça rapporte de l'argent, et par ces temps de crise, c'est bon pour l'économie !

Twitter et "Serge" le lama ont fait ensemble cette semaine la Une de l'actualité. La presse les a hissés au rang d'exemples parce qu'ils apportent de l'évasion tout en rapportant beaucoup d'argent, parce que l'un et l'autre ont permis d'optimiser une valeur marchande à un niveau bien supérieur à ce qu'il aurait du être (d'un point de vue économique). Ils représentent en somme une forme d'idéal dans la destinée d'une valeur, pour ce qu'elle apporte au système. Dans les rapports capitalistes, c'est essentiel. Il faut savoir se valoriser, même à partir de rien, pour retenir l'attention et recevoir reconnaissance et considération, argent et pouvoir. Les deux bulles formées à partir d'un site de micro-blogging et d'un lama en sont les dernières démonstrations en date.
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Re: [Eco]Le capitalisme en soins intensifs

Messagede Antigone le Dim 29 Déc 2013 12:47

29/12/2013 €/$: 1,3760 / $/¥: 105,14 / US $ index: 80,36
OR: 1214,50 $ / Cuivre: 7280 $ / Blé: 8,29 $ / Brut: 100,19 $, Brent: 111,98 $ (écart: 11,8 $)
Indice CRB (matières premières): 284,48
Indice Baltic (frêt cargo): 2277 (+ 39, + 30, -, -, -, ) Reprise des cotations en 2014
Marché obligataire (taux à 10 ans): J: 0,71 % / D: 2,57 % / PB: 2,78 % /
F: 2,57 % / USA: 3,01 % / UK: 3,08 % / I: 4,21 % / E: 4,22 %


22/12/2013 - La Fed a donc décidé d'amorcer son virage monétaire et de réduire ses injections de liquidité de 85 milliards de dollars par mois actuellement à 75 milliards à partir de janvier. Cette décision est surprenante parce que Bernanke avait renoncé à cette manoeuvre en septembre et parce qu'on pensait qu'il aurait laissé la primeur de ce pilotage à Yellen qui va prendre la tête de la banque centrale dans quelques jours. Il est vrai que Bernanke avait fixé il y a quelques mois l'objectif d'un taux de chômage officiel ramené à 7 % (hum) comme une condition pour commencer à ralentir le montant des rachats d’actifs. Ce seuil bidon ayant été atteint, Bernanke n'a pas reculé.
Il convient toutefois de relativiser. Le virement de bord n'est que psychologique car on ne s'attend pas à ce que la réduction de 10 milliards par mois bouleverse les équilibres financiers. C'est comme si vous rouliez à 85 km/h sur une route départementale et que vous leviez un peu le pied pour descendre à 75 km/h. Ça ne changera pas grand chose. La voiture roulera toujours assez vite et la planche à billets continuera de tourner. Et puis avec le dégonflement du déficit budgétaire américain obtenu à partir du shutdown et de l'accord trouvé entre les élus du Congrès, le Trésor rachète de toute façon un peu moins de titres.
On s'attendait aussi à ce que les marchés, qui avaient paniqué pendant l'été en réaction aux annonces de la Fed, accusent le coup et chutent... Pas du tout. Au contraire, les indices de Wall Street se sont envolés. Les financiers n'ont pas l'intention de déprimer pour quelques centaines de millions de dollars de moins sur le plateau que leur apporte à chaque séance et gratuitement les croupiers de la Fed. Le Dow Jones aura passé l'année à battre record sur record. Il a percé le plafond des 16.000 points alors qu'il était à 13.000 en début d'année. On a compris qu'il en faudra plus, beaucoup plus pour les empêcher de fêter les derniers jours de l'année au champagne.
Bon allez, on reparlera de tout ça et de bien d'autres choses la semaine prochaine dans le "questions/réponses".

€/$: 1,3670 / $/¥: 104,02 / US $ index: 80,58
OR: 1195,25 $ / Cuivre: 7238 $ / Blé: 6,13 $ / Brut: 99,32 $, Brent: 111,77 $ (écart: 12,5 $)
Indice CRB (matières premières): 282,71 (+ 3)
Indice Baltic (frêt cargo): 2208 (- 38, - 67, - 69, - 22, + 74) Pas de stabilisation. Toujours d'importantes variations à hausse comme à la baisse.
Marché obligataire (taux à 10 ans): J: 0,68 % / D: 1,87 % / PB: 2,16 % /
F: 2,46 % / USA: 2,88 % / UK: 2,94 % / I: 4,12 % / E: 4,14 % Etonnamment stable...


15/12/2013 - Les marchés vivent encore une fois dans l'attente d'une éventuelle annonce d'un ralentissement des rachats d'actifs qui pourrait être faite lors de la dernière réunion de l'année du comité politique monétaire de la Fed (FOMC) mardi. Les investisseurs prient pour que le "tapering" comme ils l'appellent ne soit pas déclenché et qu'ils puissent passer les fêtes de fin d'année au champagne. Un coup d'éclat de Ben Bernanke dont ce sera mercredi la dernière conférence de presse en tant que président de la Fed paraît assez improbable. Cela gâcherait l'effet créé par l'accord budgétaire trouvé entre les élus démocrates et républicains pour 2014 et 2015; toutefois les bonnes statistiques officielles et truquées sur l'emploi continuent de semer le trouble.
Le Baltic n'en finit plus de monter à plus de 2330, mais il n'y a là aucun signe d'une reprise de l'activité économique mondiale pour 2014. L'explication est simple: le prix du minerai de fer a augmenté de 15 à 20 % ces dernières semaines parce que la Chine depuis début septembre est en pleine phase de reconstitution de ses stocks. Le chargement de la 2e livraison en début de mois a fait flamber les tarifs du fret des Capesize (les cargos géants) dont l'indice est passé en une quinzaine de jours de 2400 points à 3800, et à l'heure qu'il est, les 4000 sont certainement dépassés. Vous aurez compris que les armateurs dont les livres de compte ont donné des résultats très décevants tout au long de l'année sont en train de profiter de l'aubaine pour se refaire la cerise.

€/$: 1,3742 / $/¥: 103,22 / US $ index: 80,19
OR: 1232 $ / Cuivre: 7218,50 $ / Blé: 6,18 $ / Brut: 96,49 $, Brent: 108,83 $ (écart: 12,3 $)
Indice CRB (matières premières): 279,50 (+ 1)
Indice Baltic (frêt cargo): 2330 (+ 38, + 54, + 62, + 38, - 7) L'explication: le minerai de fer de la Chine.
Marché obligataire (taux à 10 ans): J: 0,67 % / D: 1,83 % / PB: 2,14 % /
F: 2,43 % / CAN: 2,66 % / USA: 2,86 % / UK: 2,89 % / I: 4,09 % / E: 4,10 %


08/12/2013 - L'objectif des 7 % de chômeurs aux USA a été atteint, c'est le taux le plus bas officiellement enregistré depuis novembre 2008 (Hahahaha !). Les prévisions de croissance pour 2014 ont été relevées à 1,7 % en Allemagne et 2,4 % au Royaume-Uni. Ces bonnes nouvelles ont pourtant semé l'effroi sur les marchés. Ben oui... Si ça va aussi bien que ça, les injections de morphine ne seront bientôt plus nécessaires. Et vlan ! 5 % de baisse sur le CAC cette semaine. Le rally de fin d'année paraît compromis. Les spéculateurs ont pris une partie de leurs bénéfices. De gros achats de Brut ont fait répassser l'écart avec le Brent sous les 14 $. Les effets mécaniques redoutés ont à nouveau été observés avec une hausse des taux d'intérêt d'une quinzaine de points sur les pays corps (30 pts pour la France !) sans même que Janet Yellen, future présidente de la Fed, ait fait la moindre déclaration laissant entendre que... etc.
Cette année la Fed aura créé plus de 1000 milliards de monnaie à partir de rien, en échange d'un monceau de titres de dettes et d'hypothèques invendables. Tous ces milliers de milliards qui sont montés au ciel nous retomberont un jour sur la tête. Un jour... mais ce jour se rapproche où les lois de la physique commanderont fatalement celles de la finance.

€/$: 1,3700 / $/¥: 102,83 / US $ index: 80,27
OR: 1233 $ / Cuivre: 7113 $ / Blé: 6,37 $ / Brut: 97,27 $, Brent: 110,98 $ (écart: 13,7 $)
Indice CRB (matières premières): 278,42 (+ 3)
Indice Baltic (frêt cargo): 2145 (+ 44, + 57, + 72, + 151, + 31) Plus de 300 points encore gagnés cette semaine. Toujours pas d'explication rationnelle. Une hypothèse à confirmer serait que les armateurs qui ont passé une très mauvaise année profitent de la hausse de la demande de pétrole pour relever leurs tarifs. Mais je ne pense pas que cela puisse expliquer les 600 pts de hausse sur les 8 dernières séances.
Marché obligataire (taux à 10 ans): J: 0,67 % / D: 1,84 % / PB: 2,15 % /
F: 2,44 % / USA: 2,87 % / UK: 2,90 % / I: 4,17 % / E: 4,17 %


01/12/2013 - A la veille de Thanksgiving, le Dow Jones, le S&P500 et le Russell2000 ont éclaté leurs records. Le Nasdaq à plus de 4.000 est revenu à son niveau le plus haut depuis septembre 2000 juste après l'éclatement de la bulle internet. Sans beaucoup de volume, c'est monté tout seul grâce à l'argent frais injecté par les banques centrales... Peu de volume, mais le peu d'activité est de nature spéculative. Les rendements à risque sont convoités. La vedette du moment est le Bitcoin. Sa valeur a été multiplié par 5 en un mois. Aujourd'hui à 1200 $, il vaut presqu'autant qu'une once d'or. La tendance spéculative se remarque aussi sur le pétrole avec un écart entre le Brent et le Brut qui a dépassé 16 $. En somme, rien de nouveau, des bulles qui gonflent, peu de mouvements et beaucoup d'incohérences...

€/$: 1,3582 / $/¥: 102,36 / US $ index: 80,68
OR: 1253 $ / Cuivre: 7027 $ / Blé: 6,55 $ / Brut: 93,34 $, Brent: 109,69 $ (écart: 16,3 $)
Indice CRB (matières premières): 275,72 (stable)
Indice Baltic (frêt cargo): 1821 (+ 9, + 20, + 61, + 146, + 102) J'avoue ne pas comprendre la raison de cette hausse de plus de 300 points en fin de semaine...
Marché obligataire (taux à 10 ans): J: 0,61 % / D: 1,69 % / PB: 2,02 % /
F: 2,15 % / USA: 2,74 % / UK: 2,77 % / I: 4,05 % / E: 4,12 % Calme plat sur l'obligataire.
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Antigone
 
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Re: [Eco]Le capitalisme en soins intensifs

Messagede Antigone le Dim 29 Déc 2013 12:57

DISCUSSION - LA CRISE FINANCIERE ET CELLE DU CAPITALISME
Le M.A., 29/12/2013
http://monde-antigone.centerblog.net/3126-


Je retranscris une discussion que j'ai eue à Noël avec un ami que je connais depuis une dizaine d'années et avec qui je joue au go.
Je lui avais demandé d'aborder quelques sujets qui, mis bout à bout, dresse un état de santé du système capitaliste: la politique de la planche à billets, la croissance, les taux d'intérêt, la dette, la situation dans les pays émergents, dans la zone euro et des questions de son choix, tout ça le temps de faire cuire un poulet de 1,5 kg (1h30), de mettre la table, de regarder un moment les infos à la télé.


- Il y a un truc dont je me souviendrai toujours, c'est quand je suis rentré de vacances [en 2008, NDLR], je t'avais rencontré, et tu m'avais dit qu'il allait y avoir un krach, et que ça allait être terrible. Je t'avouerais que j'ai pas vraiment fait attention parce que, la bourse, moi, j'y connais rien. J'ai toujours pensé il fallait être riche pour s'y intéresser et je ne le suis pas. Et puis en général, quand quelqu'un prédit la fin du monde... Mais là, c'est arrivé. Pas longtemps après... 15 jours, j'entends que les bourses sont en train de s'écrouler... et j'ai repensé à ce que tu m'avais dit. Je me suis dit: "mais comment il le savait ?"... parce que, quand même, c'est quelque chose que personne n'avait vu venir, non ?

- Ben... la crise des subprimes aux USA, elle avait commencé en 2007. C'était déjà un gros sujet d'inquiétude. C'était devenu très inquiétant quand les taux s'étaient mis à remonter, quand les graphiques s'étaient mis à grimper; le pétrole avait atteint 160 $ le baril; l'indice du fret maritime plus de 8.000 points. C'était des niveaux jamais vus. C'était de la folie. Et puis il y avait eu l'affaire Kerviel quelques mois plus tôt. On s'était rendu compte que le système financier était en train de déraper complètement. On prenait conscience de l'économie virtuelle, de son existence, et qu'elle échappait à tout contrôle. Des traders comme Kerviel qui prenaient des positions sur des dizaines de milliards, il y en avait probablement d'autres dans des banques plus importantes que la Société générale. Tout ça, ça ne pouvait que se terminer par un krach. Enfin, c'était ma conviction.

- Eh bien bravo. Bien vu. Mais tu as écrit qu'il allait y en avoir un autre... et celui-là, il ne s'est pas produit.

- Non, pas encore. Mais ça viendra.

- Quand ça ? Dans 20 ans ?

- Oh avant ! avant... Je ne peux pas te dire quand. Je ne sais pas quand ça se produira. Peut-être l'année prochaine, peut-être plus tard, mais ça ne prendra pas des années et des années. Normalement ça aurait dû se produire l'année dernière, mais les banques centrales sont intervenues en déversant des milliers de milliards sur les marchés. C'est comme ça qu'elles ont résolu les problèmes de liquidités, au moins temporairement, et surtout c'est comme ça qu'elles ont empêché les marchés de s'effondrer.

- Pour "déverser tous ces milliards", comment elles font comment les banques centrales ?

- C'est très simple: elles font tourner la planche à billets. Avec les billets qu'elles impriment, elles rachètent de la dette, des hypothèques pourries: c'est le principe du quantitative easing, le fameux "QE". Elles enferment ces titres dans des coffres: c'est ce qu'on appelle leur "bilan", (et celui de la Fed - la Réserve fédérale américaine -, il est de plus en plus lourd). Ensuite elles remplacent tout ça, tous ces actifs, par de l'argent frais. Et voilà, le tour est joué. C'est très simple. Le problème, c'est que cet argent ne correspond à aucune richesse produite, qu'il est créé à partir de rien.

- C'est quoi alors le problème ? Il y a un risque ?

- Oui, il y a un risque, c'est que tout cet argent nous retombe dessus un jour sous forme d'hyper-inflation. Il ne va pas dans l'économie réelle parce qu'il n'y a pas de croissance et qu'il ne rapporterait rien. Donc il va dans l'économie virtuelle, sur les marchés d'actifs, c'est-à-dire sur des valeurs qui offrent un rendement.

- C'est la bourse...

- Oui, c'est ça. Toute sorte de marchés où l'on achète des valeurs pour les revendre plus cher et empocher un bénéfice; que ce soit des matières premières, de la dette, des actions, de l'immobilier, des produits dérivés, des devises etc. Au fur et à mesure que l'argent arrive massivement sur ces marchés, les cours grimpent. C'est comme ça que les bulles se forment. Les marchés finissent par valoir parfois 2 fois, 5 fois, 10 fois leur valeur réelle, et c'est ça le danger. Rien que sur les produits dérivés, ça représente, je crois, 12 fois le PIB mondial. C'est monstrueux. Cette année, les marchés américains n'ont pas arrêté de battre des records, d'enchainer les séances haussières. En temps normal, ça n'arrive jamais.

- Heu, je m'étais demandé "naïvement" pourquoi il y a très peu d'inflation alors qu'on fabrique des quantités astronomiques de monnaie. C'est parce que cet argent ne va pas dans l'économie réelle, c'est bien ça ?

- Tout à fait. Et puis c'est aussi parce que l'argent ne circule pas dans l'économie réelle, ou de manière très ralentie. Tu vas devenir bon en économie...

- Silence. Cherche pas à me déconcentrer... :)
Alors si je résume: les bulles, tu me dis, c'est dangereux, mais s'il n'y avait pas eu de bulles, il y aurait eu un krach l'année dernière ?


- Enfin, pas tout à fait. Ce sont les injections de liquidité qui ont empêché le krach. La formation des bulles, elle, elle découle de cette injection de liquidité. Ce que je veux dire, c'est que personne ne cherche à créer des bulles, même pas pour faire joli ! Mais comme tout est bloqué dans l'économie réelle, il faut bien que l'argent aille quelque part. Maintenant c'est trop tard, les bulles existent... et elles ne se résorberont pas, elles ne se résorbent jamais,

- Donc, ça va pêter ? C'est sûr ?

- Oui, c'est sûr. Elles pêteront, et quand elles pêteront, les cours dégringoleront grave; et comme ce sont des bulles monstrueuses, l'économie mondiale s'effondrera. Ce sera beaucoup plus grave que le krach de Lehman parce que les sommes en jeu seront beaucoup plus importantes, elles sont gigantesques, et il n'y aura plus de sauvetage possible. Plus aucune banque centrale, plus aucun Etat, plus aucune institution n'en aura les moyens.

- Mais la Fed, elle va réduire ses injections ? Si elle arrive à les réduire, ça se répercutera sur les bulles ?

- Non. Les bulles resteront ce qu'elles sont. Ce qui va se passer, c'est que la Fed va essayer de réduire progressivement, très progressivement, les injections de morphine à partir du mois de janvier.

- De la morphine ?

- On appelle ça de la morphine parce que c'est pour endormir le malade. C'est des expressions... Il y en a pas mal qui viennent des soirées de cocktail chic... On dit aussi "le bol de punch" depuis qu'un ancien patron de la Fed des années 50 et 60, McChesney Martin je crois, a dit que son boulot consistait à « retirer le saladier de punch juste au moment où la fête commence ». Tu vois où les banquiers puisent leur vocabulaire :)

- Il n'y en a pas un qui a parlé de "gueule de bois" aussi ?

- Si. Bush. C'est plus récent. Enfin peu importe...
On donc va passer de 85 à 75 milliards de dollars par mois. La réduction est encore faible. 75 milliards, c'était, je crois, le montant des doses du QE2 de 2010-2011. Mais si la Fed continue de réduire son programme de rachat de titres comme elle dit en avoir l'intention, on verra comment se comporteront les taux d'intérêt. S'ils dépassaient un certain seuil critique, la Fed sera obligée de revenir en arrière et de rajouter de la morphine pour éviter que le malade se réveille et se mette à hurler de douleur. Aujourd'hui il sont pratiquement à 3 % [Vendredi ils ont dépassé la barre de 3 %, NDLR].

- Je me mélange les pinceaux avec les taux, entre ceux de la Fed et les autres. Il y a les taux d'intérêt et... quoi d'autre ?

- il y a plusieurs types de taux d'intérêt, ça dépend du marché sur lesquels ils sont pratiqués. Les banques centrales comme la Fed ont des taux qu'on appelle "directeurs" ou taux d'escompte. Ce sont elles qui les fixent, qui les relèvent quand elles ont besoin d'endiguer l'inflation, qui les baissent pour stimuler la croissance. Elles s'en servent comme de leviers de machine, et actuellement ils sont proches de zéro. Et puis, il y a les taux d'emprunt qui sont pratiqués sur le marché obligataire et qui obéissent à la loi du marché...

- Ah c'est ça, les taux d'emprunt...

- Eux, ils varient en fonction de l'offre et de la demande, on ne les fixe pas comme ça. Supposons qu'un Etat ou qu'une entreprise ait des dettes, ils vont proposer le titre de la dette à la vente pour pouvoir se financer. C'est une adjudication. L'acheteur du titre exigera des intérêts qui correspondront au risque qu'il prend après avoir pris connaissance de la situation financière de l'emprunteur. Ce taux sera déterminé aussi en fonction de la durée jugée nécessaire pour rembourser le créancier. Il y aura forcément une échéance, mais jusqu'au paiement intégral de la somme prêtée, l'empruteur devra payer des intérêts qui ne varieront pas. Ce seront les mêmes tous les mois ou tous les ans. Pour une maturité de 10 ans le taux est plus élevé que pour 6 mois, forcément.

- OK

- Sinon il y a aussi des taux sur le marché interbancaire, celui où les banques se prêtent entre elles. Il y a des taux d'intérêt sur le marché immobilier. Il y a des taux sur tous les marchés d'échange.

- Bon, j'ai compris. Donc le principe du jeu, c'est d'éviter de faire monter les taux, c'est ça ?

- C'est ça. La hausse des taux, c'est le cauchemar de la finance. Si je prends l'exemple de l'immobilier, des taux élevés mettent en difficulté les banques qui ont financé des achats de terrain et, du coup, les banques ressentent le besoin de se recapitaliser. Et si les taux montent trop haut et si les sommes engagées sont considérables, ce qui ajoute un effet démultiplicateur, le problème sera de faire face au remboursement de la dette. C'est ce qui pourrait se passer un jour pour les banques chinoises. C'est aussi ce qui pourrait arriver à l'Etat US. C'est pour cette raison que l'emprunteur, souvent, rachète sa propre dette pour maintenir les taux à un niveau acceptable. C'est ce que fait la Fed, mais elle n'est pas la seule à agir de cette façon.

- La Fed rachète au Trésor, quoi ? toute la dette ?

- Non, une partie. Le Trésor a besoin de 75 milliards de dollars par mois, sans doute un peu moins maintenant avec les mesures de restriction budgétaire, et la Fed lui en rachète 45 milliards, ce qui correspond à ce qu'elle n'arrive pas à faire éponger sur le marché... et elle le fait avec de la fausse monnaie qui sort directement de sa planche à billets !! Si elle ralentit le rythme de la planche à billets et rachète moins de titres, les taux d'emprunt monteront, monteront et boum ! Les USA pourraient ne plus être solvables techniquement. Dans ce cas, cela provoquerait des réactions en chaîne puisque la confiance envers l'emprunteur s'effondrerait. Mais même sans cela, rappelle-toi l'été 2011: les USA avaient interrompu leur QE2 fin juin, et un mois après, c'était la tempête boursière.

- Mais il n'y a pas que la Fed qui fait tourner la planche à billets puisque tu as parlé de banques centrales au pluriel ?

- Non. Il y a le Japon qui s'est lancé dans un programme délirant pour doubler sa masse monétaire en 2 ans; ce qui équivaut à un rythme de 45 milliards de dollars par mois. Il y a le Royaume-Uni, le Canada... la Chine aussi, mais dans une moindre mesure. Elle le font toutes pour racheter une partie de leur dette. Mais la Fed, c'est celle qui imprime le plus.

- Et la BCE ?

- C'est un cas particulier, pour le moment encore. Elle imprime aussi parce que le bilan de la BCE est bien rempli, mais le canal est beaucoup plus compliqué à cause des fonds de soutien. Il faut qu'ils se réunissent à chaque fois... Il faut ménager la susceptibilité de la Buba (la banque centrale allemande) qui se dit dépositaire du mandat de la BCE et des traités, qui tient aux équilibres budgétaires, qui tient à ce que tout soit respecté. Le cirque des sommets de Bruxelles, tu connais, je te raconte pas...

- Non... Donc maintenant, c'est comme une machine infernale. Les banques centrales, mais surtout la Fed, sont obligées de faire tourner la planche à billets. Elles ne peuvent pas arrêter ?

- Non. C'est impossible.

- Mais ces financiers, ils sont conscients que leur système va dans le mur ?

- Certains, les plus lucides, oui. Mais ils n'ont pas de solution alternative à proposer. Ils gèrent et ils espèrent que ça tiendra le plus longtemps possible. Quoi faire d'autre ? Les autres, la majorité, ils vivent dans une croyance presque mystique que le marché est plus fort que tout et qu'il créera assez de richesses, de points de PIB pour pouvoir surnager.

- Vraiment ?

- Ils ont été formés pour ça et comme ça dans les grandes écoles de commerce. Ils ne doutent pas un seul instant de ce qu'ils font. Ils y croient. Ils gagnent énormément d'argent, et ça les protège de tout ou presque. Ils ne perçoivent le monde qu'à travers leur bulle. Et en plus ils pensent œuvrer sincèrement au bien-être et au bonheur de l'humanité. Mais oui...

- (soupir)
Et qu'est-ce qui se passerait si elles arrêtaient tout, les banques centrales ? En dehors du fait que les taux remonteraient...


- Qu'est ce qui se passerait si on arrêtait de balancer de l'eau sur les réacteurs de Fukushima ? Ils ne seraient plus refroidis et ce serait la grosse cata planétaire. Avec la crise financière, on est devant le même problème. Les banques centrales ont juste repoussé le problème, mais elles ne l'ont pas résolu. Elles gagnent du temps et elles espèrent que ce temps qu'elles croient gagner permettra de faire apparaître une solution.

- Quelle solution ?

- Ben.. Déjà au moins un peu de croissance. La croissance, c'est ce qu'ils attendent tous. Une vraie croissance comme celle qui existait pendant les 30 Glorieuses, pas un semblant de croissance de 0,1 %. La croissance ferait fondre la dette. Mais la guerre peut aussi être une issue. Ce ne serait pas la première fois.

- Ouais... Mais une vraie croissance, c'est possible ?

- Actuellement, non. Depuis la Révolution industrielle, celle de la machine à vapeur à la toute fin du XVIIIe siècle, l'économie a toujours trouvé des moteurs de croissance pour se développer: l'électricité, le pétrole, la chimie, les moyens de transports, les médias, l'électronique... et pour permettre à des industries qui utilisaient ces moteurs, ou qui en dépendaient, de se développer elles aussi. Par exemple, pour développer l'industrie automobile, il a fallu construire des millions de kilomètres d'autoroute, construire une infrastructure autour. C'est ce qui a permis de relier des villes très éloignées entre elles, et ainsi on a permis au commerce de prendre un essor incroyable qu'on ne croyait pas possible un siècle auparavant. Mais aujourd'hui on bute sur un monde fini, et tous les projets imaginés pour en repousser les limites détruisent l'environnement, les forêts (comme en Amazonie ou en Indonésie), et créeront à terme beaucoup plus de problèmes que de solutions. En plus, le coût des investissements est devenu exorbitant pour développer de nouvelles technologies, pas seulement pour faire fonctionner les usines, mais pour proposer des accessoires de consommation courante qui ne soient pas des gadgets, qui génèrent de nouveaux marchés et transforment le monde autour de nous. Aujourd'hui, la robotique, les nano-technologies, le cyber-espace ou encore la génétique permettent des gains de productivité très importants, mais ce ne sont pas des vecteurs de croissance et n'en seront pas avant longtemps, au moins pas avant une dizaine ou une quinzaine d'années. Mais ce qui les caractérise surtout par rapport à tout ce qu'on a connu depuis deux siècles, c'est qu'elles ne créeront pas assez d'emplois pour remplacer les emplois qu'elles détruiront, et ça parce que les machines rapportent plus que le travail humain. Bon, là je m'éloigne un peu du sujet financier... Ce qu'il faut comprendre, c'est que la croissance n'est pas à l'ordre du jour. Pour débloquer la situation, il faudrait énormément de moyens financiers et le capitalisme n'est pas capable de les fournir.

- C'est pour ça que tu n'aimes pas qu'on parle de récession. Pour toi, nous ne sommes pas en récession ?

- Ben, il faut appeler un chat un chat. On traverse quelque chose qui est plus beaucoup sérieux qu'une récession. C'est une dépression. C'est une crise globale et profonde du capitalisme.
Les économistes s'accrochent à des règles débiles. Je prends un exemple: + 0,1 %, - 0,5 % et + 0,1 % sur 3 trimestres, on obtient - 0,3 %. Mais pour les économistes, un pays qui ne connaît pas deux trimestres de suite en négatif n'est pas en "récession technique". C'est subtil. Il faut comprendre aujourd'hui que tous ces indices, la batterie de chiffres qui sont publiés tous les jours ou presque, sont tous manipulés pour paraître les plus présentables possible. Par exemple, un scandale a été révélé cette année sur les manipulations des taux interbancaires; et plusieurs banques, de grosses banques, ont été obligées de payer de grosses amendes pour faire arrêter les enquêtes qui auraient pu révéler des choses compromettantes. Mais pour un scandale révélé, il y en a combien qui ne le sont pas ? Alors évidemment, tout ça, c'est pas très pratique quand on cherche à faire une analyse claire de la situation.
Je râle souvent contre les chiffres d'emplois américains ou sur la croissance chinoise qui ne correspondent à rien. Parce que c'est vraiment n'importe quoi, c'est de la pure propagande. Mais le plus dingue, c'est que la presse, les institutions économiques internationales les reprennent en coeur, tels quels, sans le moindre bémol. Les prévisions de croissance au départ sont toujours très optimistes avant d'être révisées à la baisse plusieurs fois en cours d'année. Au FMI, c'est 6 fois par an ! (en tout cas cette année) On se demande à la fin pourquoi ils font des prévisions de croissance !
Et puis il y a un chiffre dont on parle de plus en plus, c'est l'indice PMI. C'est un indice de confiance qui s'appuie sur rien de très sérieux. Imagine un organisme qui appelle des grands patrons et qui leur demande si ça va, s'ils ont le moral, s'ils sont heureux dans leurs affaires, et d'après leur reponse, ils pondent leur indice que toute la planète finance passe la journée à analyser, à commenter. L'indice PMI, c'est ça ! C'est complètement bidon ! L'économie, c'est devenu de la com'. Il ne faut pas inquiéter. Il faut endormir les marchés. Il faut donner confiance. Il faut rassurer les investisseurs. Il faut "optimiser" comme ils disent. Et à force de dire que ça va mieux, ils veulent faire croire que ça va mieux. Non, la réalité, c'est qu'on est arrivé au bout du bout.

- Quand on parle de récession aujourd'hui, c'est de la com' ?

- Complètement. Absolument. Ils nous prennent pour des cons. Surtout quand ils disent qu'on est en train d'en sortir ! Encore un effort et blablabla...
Cette crise financière, elle s'est déclenchée en 2008. Ça donc fait 5 années pleines et on n'en voit pas la fin. Or une récession ne dure jamais plus de 2 à 3 ans et après ça repart. Cette fois, il ne s'agit pas d'une petite récession conjoncturelle mais bien d'une dépression, il faut oser prononcer le mot même si le PIB n'a pas reculer continuellement depuis 5 ans. Il y a des gens comme Larry Summers, un ancien secrétaire au Trésor, qui parlent de "stagnation longue" accompagnée d'un chômage imcompressible. Pour moi, ça, d'un point de vue historique, c'est le profil d'une dépression parce qu'on parle d'une période qui va durer au moins 10 ans, au moins jusqu'à la fin de décennie et certainement au-delà. "Au moins" parce qu'on est en territoire inconnu. On vit sur les dégats du krach de 2008 et je pense qu'un autre, beaucoup plus gros, est inévitable. C'est pour ça que je pense que cette dépression n'en est encore qu'à sa première phase. Les symptômes se précisent mais la maladie ne s'est pas réellement déclarée. Mais au cours d'une "longue maladie", il y a toujours des moments où le malade va se sentir mieux comme en 2010. Mais c'est pas parce qu'il va se sentir mieux qu'il va guérir. Autrement dit, je crois qu'on n'a encore rien vu.
Mais au delà de tous les discours qu'on entend et qui cherchent surtout à rassurer, il y a quand même des réalités dont ils sont bien obligés de tenir compte. Ainsi la Fed n'envisage pas de relever son taux directeur avant 2016, alors qu'auparavant elle avait fixé des perspectives à 2012 et 2014 qui ont été abandonnées depuis et dépassées. La situation générale est tellement mauvaise que même l'hypothèse d'un relèvement des taux de 0,25 % comporte trop de risques. Si la Fed pouvait faire descendre ses taux en négatif, elle le ferait.

- Qu'est ce que ça ferait si elle relevait ses taux ?

- Ce serait pas forcément une bonne idée parce que ça réduirait encore plus la croissance puisque les entreprises devraient se financer à des taux plus élévés. Actuellement les taux sont proches de zéro, justement pour encourager les investissements et tenter de faire repartir l'économie.

- Et ça ne ne repart pas.

- Eh non, ça ne repart pas. Toutes les banques centrales ont baissé leurs taux en espérant que cela donnerait des résultats. En vain. Dernièrement la BCE a baissé son taux directeur au niveau de celui de la Fed après être partie de 1,5 % il y a encore 2 ou 3 ans. Il faut croire que ça ne s'améliore pas, pas autant que ce que les politiciens veulent nous faire croire. C'est vrai aussi que s'ils disaient la vérité, ils perdraient toute chance de se faire réélire... Mais le facteur le plus aggravant si les banques centrales relevaient leurs taux, ce serait de réduire l'inflation alors que nous sommes entrés dans une phase de désinflation, un ralentissement de l'inflation, qui conduira à la déflation, c'est-à-dire à la baisse des prix et des salaires pour rendre les produits plus compétitifs.

- Ça, je connais.

- Ben oui. L'obsession de la compétitivité, la réduction du coût du travail, tout ça, ça va conduire à la déflation. On en ressent déjà les signes avant coureur. La déflation, c'est comme les sables mouvants, on n'en sort pas. C'est un frein à la consommation. Elle incite à reporter les achats, surtout ceux en fortes valeurs ajoutées, parce qu'on pense que ce sera moins cher dans 3 mois, dans 6 mois... et finalement ça pousse à épargner, pas à consommer. Le Japon est engluée dans la déflation depuis 20 ans et c'est pas la politique monétariste de l'actuel gouvernement qui l'en sortira. La dévaluation du yen a stimulé les exportations, mais elle a également enlevé du pouvoir d'achat. J'imagine pas les entreprises relever les salaires au printemps et du même coup annihiler l'effet de la hausse de la TVA, qui est prévue au mois de janvier, soit disant pour faire de l'inflation.
La déflation, c'est aussi un cauchemar que l'Amérique a connu entre 1929 et 1933. C'est un cauchemar qui a marqué la formation économiste de Bernanke au point que le vaccin qu'il a mis au point pour empêcher le retour de cette période noire, c'est de faire tourner la planche à billets. Mais ce n'est pas parce qu'on fait tourner la planche à billets que l'inflation va croître. C'est complètement puéril de croire ça quand on est le patron de la Fed... ou la patronne puisque c'est Yellen qui va en prendre la tête au début de l'année. Alors évidemment, on peut penser qu'il y a chez Bernanke, et qu'il y aura chez Yellen, le souci de ne pas reproduire les éléments déclencheurs d'un krach avec des taux bas qui le resteraient trop longtemps.

- Pourquoi ?

- Parce que l'économie moderne fonctionne sur le crédit. Théoriquement les taux très bas favorisent le crédit mais ça ne rapporte rien aux prêteurs. Quand c'est 0 %, c'est zéro. Quand il n'y a pas ou peu de croissance et que le crédit ne fonctionne pas, le système s'asphixie lentement. Or le "0 %", c'est un langage que le capitalisme ne peut pas comprendre. C'est pas dans sa nature. C'est ce qui explique que le manque d'activité est généralement compensé par un surplus spéculatif. Plus les taux restent bas longtemps et plus ça exacerbe l'avidité de ceux qui ont soif de rendement et qui, dans la mesure où ils sont encouragés par les "bonnes nouvelles", se laissent aller à prendre de plus en plus de risques, et achètent des valeurs à risque... comme de la dette grecque depuis que le pays est passé en excédent primaire, où de la dette portugaise sachant qu'il est possible que le Portugal se refinance sur les marchés en 2014, mais oui !, ou de la dette irlandaise depuis que le pays est sorti de l'assistance financière de la troïka, ou encore pourquoi pas des bitcoins ! Les cours montent sur du vent et c'est ce qui se passe actuellement. Une politique durable de taux bas ne peut mener qu'à la catastrophe.

- J'ai l'impression que quelque soit le bout par lequel on aborde la question, tout ce qui est entrepris mène à la catastrophe !

- Tout à fait. Tous les groupes sont morts [C'est une expression de go, NDLR]. On peut présenter la situation comme ça.

- Well, well...
Il y a un autre truc que je voulais discuter. Tu avais dit que la guerre des monnaies allait être l'événement de l'année 2013. L'année est terminée et il n'y a pas eu de guerre des monnaies ?


- Ah si, si.

- Ah bon.

- 1/ Le yen a été sacrément dévalué. Le dollar est aujourd'hui à 105 ¥ au lieu de 75, fais le calcul.
2/ L'euro est remonté à 1,38 $, c'est haut et beaucoup d'analystes s'attendent à une réaction de la BCE si ça touchait les 1,40 $, peut-être un QE.
3/ Pendant l'été, les annonces de resserrement monétaire de la Fed ont provoqué une fuite de capitaux des pays émergents vers les pays centraux, principalement les USA et Wall Street, toujours pour des raisons de taux et de rendement. Le Dow Jones en a bien profité mais les monnaies indienne, indonésienne, turque, brésilienne, sud-africaine, russe et d'autres plus secondaires ont pas mal morflé. Pour lutter contre l'inflation, les banques centrales des pays émergents ont remonté leurs taux, mais ça s'est payé sur la croissance. Comme disait Connaly: « le dollar, c'est notre monnaie, mais c'est votre problème ».

- Il y a tant de rapport que ça entre l'inflation et la valeur d'une monnaie ?

- Il y a un rapport oui. Le ralentissement de l'inflation a tendance à renforcer une monnaie et inversement, quand l'inflation augmente, la monnaie perd de sa valeur. Une monnaie faible favorise les exportations: on vend pour moins cher. Par exemple, tout le problème de l'euro aujourd'hui, c'est qu'il est trop fort par rapport à l'état réel de son économie. La dévaluation "en interne" par l'austérité, c'est-à-dire par par la réduction du coût du travail, a permis d'exporter plus, mais ça n'a pas apporté de résultat sur la monnaie puisque la demande en euros est toujours aussi forte. Les politiques de planches à billets ont eu aussi leur importance dans le fait qu'il y a en proportion moins d'euros en circulation. C'est une des raisons pour laquelle la déflation gagne du terrain en Europe, plus vite qu'aux Etats-Unis.

- C'est ce qui te fait dire que la BCE va se mettre aussi à imprimer de la monnaie ?

- Il arrivera un moment où elle n'aura pas le choix. Elle monétisera sa dette comme les autres. Pour en arriver là, il faudra attendre que la situation en zone euro se dégrade. Pour l'instant, elle est tout juste stabilisée, mais ça ne va pas durer. Les gouvernements tirent trop sur le moteur, trop pour une croissance quasi nulle. A un moment quelque chose va finir par lâcher.

- Mais si toutes les monnaies deviennent de la monnaie de singe, logiquement l'inflation devrait partout augmenter, c'est ce que tu viens de me dire, non ?

- Oui... mais seulement si la croissance est au rendez-vous. Or il n'y a pas de croissance, ou alors c'est de la croissance subventionnée comme en France, ou basée sur les exportations comme en Allemagne, ou traficotée comme au Royaume-Uni grâce aux activités financières de la City. Et puis l'argent ne circule pas. Alors, même si toutes les monnaies se dévaluaient, il y en aurait toujours qui seraient plus solides que d'autres, et ce seraient elles qui attireraient les investissements. Et le dollar, même si sa valeur réelle est moins chère que le papier sur lequel il est imprimé, comme c'est la monnaie de référence dans le monde, c'est aussi la plus solide pour tout ce qui concerne les échanges, et elle le restera encore un moment. Mais le système monétaire est fait de telle sorte que même si le dollar sombrait, même si le doute s'installait sur la solidité des monnaies, il resterait l'or. Le système survivrait de toute façon avec l'or.

- Tu crois ?

- Oui puisque l'or évolue en tant que valeur refuge pour se prémunir contre l'inflation et en sens inverse des mouvements du dollar. Mais le jour où les bulles exploseront et qu'on sera noyés dans l'hyper-inflation, je peux te dire que l'or se mettra à flamber. Ce sera la ruée vers l'or !
L'or a fait un gros plongeon cette année, en grande partie à cause du recul de l'inflation. Je pense que le recul de l'or envoie un message clair: il faut se préparer à faire face à une dépression à tendance déflationniste. Donc la guerre monétaire va encore s'intensifier, c'est mon pronostic.

- A moins qu'une bulle éclate ? Pour 2014, tu penses pas qu'une bulle va éclater ?

- J'sais pas. Peut-être. Aucune idée. Mais en tout cas, toutes les conditions sont réunies pour que ça éclate. Et c'est pas les bulles qui manquent. Mais peut-être qu'il va falloir attendre que la déflation se précise.

- A ton avis, si ça doit pêter quelque part, ça pêtera où ?

- J'en sais rien. Ça peut pêter partout, même là où l'on s'y attend le moins.
Je trouve qu'en Chine, la santé du système bancaire se dégrade pas mal. C'est une situation qui ressemble de plus en plus à celle des subprimes avec une énorme bulle immobilière. Et puis il y a des marchés parallèles, les "shadow bankings" qui sont des facteurs de déstabilisation importants. Bref, ça fait deux ans que je m'attends des mouvements sociaux importants en Chine et que rien ne vient. On verra si 2014 est la bonne année.
Sinon, aux USA, on verra comment évoluent les taux à 10 ans. Il y a probablement un seuil critique qui existe entre 3 et 3,5 %...

- Si l'économie mondiale s'effondrait. Si le système monétaire s'effondrait. Le capitalisme s'effondrerait aussi ?

- J'aimerais bien, mais ce serait trop simple. Le capitalisme, c'est avant tout un rapport social fait de contrainte, de dépendance qui relie les individus par la valeur, la marchandise, l'argent. Tu le sais bien. On fait plein de choses qu'on n'a pas envie de faire mais qu'on fait parce qu'on y est obligés pour gagner de l'argent, gagner de quoi manger, se loger, s'habiller etc.. Si l'économie s'effondrait dans la forme que nous lui connaissons, le rapport social ne disparaîtrait pas de lui-même, le système d'exploitation qui lui est lié non plus. Ça signifie que la disparition de l'argent ne pourra pas venir d'une défaillance technique du capitalisme mais d'un processus conscient. Il faudra donc faire une révolution consciente pour mettre fin à cette dictature de la valeur. Même un cataclysme financier planétaire ne suffira pas. Le capitalisme en connu d'autres et je crois que ce serait une erreur de sous-estimer sa capacité de survie.

- Dommage. Bon, j'ai compris qu'il restait du chemin à faire. :)
Je crois qu'on a fait le tour de la question... et le poulet est presque cuit cuit...
Je vais finir sur une remarque personnelle. Tu te dis "autonome", je crois... Je suis pas spécialiste, mais je trouve que tes idées sont assez éloignées des autonomes des années 70 d'après les souvenirs que j'en ai. Enfin...


- C'est un autre sujet...

- D'accord, ce sera pour une autre occasion...
Donc tu es pour la révolution, pour un monde sans argent, et en même temps tu suis l'actualité financière comme si tu étais investi en bourse. Si je t'interrogeais sur le cours du riz, je suis à peu près certain que tu aurais la réponse. Mais si, mais si... Tout le temps que tu passes à t'intéresser à un système que tu dis détester, tu trouves pas que c'est...(hum) un tout petit peu contradictoire ?


- Non mais je déteste l'économie. Mais il faut bien s'y intéresser pour comprendre le monde. Parce que tout est économique, tout s'explique par l'économie. Ceci dit, je m'y intéresse, d'accord, mais j'y passe pas mon temps. Heureusement.

- Les autonomes ne disaient pas que tout était politique ?

- Ils ont aussi contesté l'idée du pouvoir...
Bon, pour en revenir à l'économie, au monde dans lequel on vit, il faut avoir une vision globale des choses. C'est comme pour le go. Tu le sais bien, au XIXe siècle, on jouait en commençant par des combats locaux. Ça partait dans un coin et ça s'étendait. Aujourd'hui on joue "global" parce qu'on s'est aperçu que les joueurs de l'école moderne qui jouaient de cette façon battaient ceux qui jouaient comme au temps des samouraï. Eh bien, L'économie permet de comprendre la globalité, de mieux appréhender sa complexité: sociologie, sciences de la terre, démographie etc., et d'en faire une synthèse. Je ne vois pas pourquoi il faudrait s'en priver.

- On a zappé sur BFM business tout à l'heure, tu arrives à supporter le discours des patrons ?

- Ça dépend de quoi ils parlent. La micro-économie, leurs petites affaires d'entreprise qu'ils veulent développer, ça ne m'intéresse pas spécialement. Par contre la macro-économie, c'est-à-dire l'économie globale, internationale qui prend en compte la conjoncture, l'emploi, les interactions d'une partie de la planète sur une autre, les innovations, les projections dans l'avenir, oui c'est parfois assez intéressant.

- "Parfois assez intéressant": ça me laisse pantois... :)
Bon, on le mange ce poulet ?
La prochaine fois, on pourrait placer une webcam, ça pourrait être marrant. Non ?


- Non...
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Re: [Eco]Le capitalisme en soins intensifs

Messagede denis le Dim 29 Déc 2013 21:52

j'ai tout lu ! c'est remarquable !

1) est-ce quelqu'un(e) a un cachet d'aspirine ??

2) est-ce que le poulet était bon ?

3) si ça se passe comme tu le dis , que proposes-tu quand ça va péter ??

:peredodu:
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Re: [Eco]Le capitalisme en soins intensifs

Messagede Antigone le Lun 30 Déc 2013 21:02

1/ Arf ! Tu l'as lu trop vite. Je pense que ça peut se lire lentement sans aspirine, et sans être calé en économie.
2/ Oui. Avec du riz. C'était très bon.
3/ Ne pas encourager de gestion alternative, mais au contraire l'entraide, la solidarité, le don, et toute relation non marchande.
La question aurait pu être posée si on avait eu plus de temps, mais il était l'heure de manger.
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Re: [Eco]Le capitalisme en soins intensifs

Messagede Antigone le Ven 17 Jan 2014 18:21

12 janvier 2014 - Quand on observe les taux du marché obligataire, on pourrait croire qu'il ne s'est rien passé cette semaine. Erreur ! L'Irlande s'est financée à 10 ans au taux incroyable de 3,5 % et l'offre a été sursouscrite 4 fois. Le Portugal a connu le même succès le lendemain pour un emprunt à 5 ans et l'Espagne a enregistré un taux historiquement bas, inférieur à 1 %, pour un emprunt à 2 ans. Dans le même temps la France a vu son taux d'OAT remonter brièvement jusqu'à 2,65 %. S'il faut une explication à l'annonce faite par Hollande le 1er janvier de s'engager plus résolument dans une politique d'offre en baissant les charges des entreprises et réduisant la dépense publique, inutile d'aller plus loin: il a les agences de notation au cul. Et en plus les spéculateurs qui n'en peuvent plus des valeurs sans rendement sont prêts à acheter n'importe quoi, même de la dette grecque ou chypriote ! On les voit de temps en temps simuler des mouvements à baisse en vendant de gros volumes puis attendre comme des coureurs du Tour de France que ça suive derrière eux. Cette fébrilité est palpable et elle se vérifie sur le marché pétrolier où l'écart Brent/Brut a augmenté, approchant les 15 $. Certes, cette fébrilité n'a pas encore gagné la salle d'opium où les chiffres truqués de croissance et d'emploi continuent de berner le gros des investisseurs. Pourtant l'inflation réelle baisse partout, en Europe, au Japon, aux Etats-Unis, or on apprend en cours d'économie qu'en période de désinflation, parler de croissance est une inepsie. D'ailleurs l'indice Baltic nous le prouve en retrouvant ses esprits après s'être égaré à plus de 2000 points durant le 4e trimestre 2013 à cause des opérations de restockage de la Chine. Les cargos géants sont arrivés à destination et l'indice a perdu plus de 750 points depuis le début de l'année, revenant sur des niveaux qui correspondent davantage à la réalité du marché mondial.

€/$: 1,3663 / $/¥: 104,10 / US $ index: 80,62
OR: 1244,25 $ / Cuivre: 7283,50 $ / Blé: 5,69 $ / Brut: 92,52 $, Brent: 107,25 $ (écart: 14,7 $)
Indice CRB (matières premières): 274,10 (- 3) Les matières premières agricoles font baisser l'indice. En raison de récoltes céréalières records on s'attend à ce que le cours du blé descende à mois de 5 $ le boisseau.
Indice Baltic (frêt cargo): 1512 (- 85, - 75, - 50, - 120, - 194) 524 points de chute cette semaine ! Pas de doute, les cargos chinois sont arrivés à destination et les bonus de fin d'année ont été distribués.
Marché obligataire (taux à 10 ans): J: 0,70 % / D: 1,84 % / PB: 2,16 % /
F: 2,50 % / USA: 2,86 % / UK: 2,87 % / E: 3,81 % / I: 3,91 %


5 janvier 2014 - Les lendemains de fête sont propices aux prises de bénéfice. Simple anecdote quand on la place en pespective avec les gains réalisés par les 500 plus importantes valeurs de Wall Street au cours de l'année 2013 grâce à l'argent gratuit de la Fed: + 3.700 milliards de dollars, soit ~ 2.700 milliards d'euros, l'équivalent du PIB de la France !
La quête de rendement se porte actuellement sur les obligations des "PIIGS". On s'en débarrassait il y a encore deux ans, on se les arrache aujourd'hui, portées par les statistiques d'emploi et de croissance que tous les analystes interprètent comme augurant une sortie de crise pour 2014 ! Les taux italiens et espagnols sont descendus sous les 4 % tandis que les taux britanniques et américains se maintiennent aux alentours de 3 %. Les rendements nominaux s'élèvent, les écarts de taux se réduisent et cela amène certains spéculateurs à s'interroger sur la pertinence d'investir sur n'importe quoi à partir d'un mouvement de fond orienté à la hausse.
C'est une question que ne se pose pas David Tepper. Retenez son nom, c'est le Madoff de l'après-Lehman, le gourou des "bulls" (acheteurs par principe). C'est le patron d'un hedge fund Appaloosa Management qui gère rien moins que 21 milliards de dollars d'actifs et dont le rendement s'est élevé pour l'année 2013 à 42 % quand le Dow Jones n'a gagné que... 27 %. Il vient sur CNBC vanter son incroyable réussite, une recette miracle qui ne reposerait sur rien d'original: les banques, les assurances et l'immobilier. Il n'a qu'une stratégie: la hausse (traduisez: la fuite en avant des banques centrales), et il arrive par son bagout à convaincre qu'elle montera jusqu'au ciel... Aujourd'hui, il est couvert d'or (3 milliards de dollars de revenus pour 2013). Mais il se pourrait qu'il dorme un jour en prison à côte de Madoff. Entre temps, Wall Street se sera effondrée.

€/$: 1,3587 / $/¥: 104,79 / US $ index: 80,86
OR: 1234,50 $ / Cuivre: 7315 $ / Blé: 6,05 $ / Brut: 94,46 $, Brent: 106,90 $ (écart: 12,4 $) L'Arabie saoudite compense la baisse des stocks de Brut américains et la production ralentie en Libye, en Iran et en Irak.
Indice CRB (matières premières): 277,36 (- 7)
Indice Baltic (frêt cargo): 2036 (- , - , - , - 164, - 77) Attendons la suite...
Marché obligataire (taux à 10 ans): J: 0,74 % / D: 1,94 % / PB: 2,22 % /
F: 2,55 % / USA: 2,98 % / UK: 3,03 % / E: 3,87 % / I: 3,91 %
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Re: [Eco]Le capitalisme en soins intensifs

Messagede Antigone le Dim 26 Jan 2014 19:40

26 janvier 2014 - Les bourses ont du plomb dans l'aile, pas seulement à Wall Street où le Dow Jones a fini la semaine sous les 16.000 points et le S&P500 sous les 1.800, mais partout dans le monde. Il y a d'abord des publications médiocres qui font suite à celles de la semaine dernière: Shell, IBM, SAP, Deutche Bank, Unilever etc. La liste est longue des grosses sociétés dont le bénéfice net est en recul malgré les restructurations à la chaîne. Il y a ensuite la nouvelle alerte sur les liquidités en Chine. La Banque populaire de Chine a été obligée de déverser l'équivalent de 60 milliards de dollars pour éteindre une reprise d'incendie juste avant le commencement des festivités du Nouvel an chinois, relançant ainsi les spéculations sur la solidité du système bancaire et un ralentissement de la croissance. Enfin, quelques jours après le début du "tapering" de la Fed, le système financier mondial éprouve des difficultés à respirer. L'air manque déjà. Le mouvement de retrait des fonds placées dans les économies émergentes s'est brusquement accéléré. En Turquie, en Russie, en Afrique du sud, en Argentine, les monnaies sont tombées à leur plus bas historique, alimentant les inquiétudes sur la santé de ces marchés. Du coup, le marché des devises s'agite, produisant un effet de balancier qui fait remonter les valeurs refuge comme l'or et le yen qui était tombées assez bas. L'aversion au risque contribue également à resserrer un peu plus l'écart entre le Brent et le Brut.
La question est de savoir maintenant comment va réagir la Fed. A la fin du mois, Ben Bernanke donnera les clés de la maison à Janet Yellen. Les grands discours protocolaires ne se prêtent pas aux annonces stratégiques, pourtant si les bourses continuent leur glissade, si le décrochage des monnaies venaient à toucher le Brésil, l'Inde et l'Asie du sud, la Fed serait obligée de réagir. Comment ? En rajoutant de la morphine, voyons ! Le système financier n'est plus capable de s'en passer ! Que valent les performances quand elles sont gonflées à l'EPO ? Que valent les 3,7 % de croissance mondiale (mais oui !) que prévoit le FMI en 2014 quand les statistiques sont truquées et que les circuits économiques fonctionnent sous perfusion ? Tant qu'on injecte assez de liquidité, tout le monde est rassuré et les bulles gonflent, mais dès qu'on débranche un tuyau, c'est l'alerte générale, les voyants clignotent, les sirènes hurlent et les boursent dégringolent. Ce système est à l'agonie. L'acharnement thérapeutique enfonce le monde dans la misère. Mais qu'on en finisse, qu'on le débranche !

€/$: 1,3681 / $/¥: 102,24 / US $ index: 80,47
OR: 1267 $ / Cuivre: 7240 $ / Blé: 5,65 $ / Brut: 96,89 $, Brent: 107,88 $ (écart: 11 $)
Indice CRB (matières premières): 281,29 (+ 3)
Indice Baltic (frêt cargo): 1271 (+ 7, - 59, - 47, - 49, - 25) Et ça descend encore...
Marché obligataire (taux à 10 ans): J: 0,63 % / D: 1,65 % / PB: 1,98 % /
F: 2,37 % / CAN: 2,41 % / USA: 2,73 % / UK: 2,77 % / E: 3,79 % / I: 3,91 %


Nouvelle dégringolade des monnaies des émergents
Le M.A., 24/01/2014

Le rouble poursuit sa dégringolade. A 47,25 pour 1 €, il a dépassé ce matin son plus bas historique qui datait de février 2009. Depuis le resserrement de la politique monétaire américaine qui a tendance à faire remonter le dollar, la recherche éperdue de rendement dans un environnement de taux bas a pris partout le dessus. C'est la répétition de ce qui avait été observé l'été dernier quand la Fed avait fait part de son intention de réduire les injections de liquidité. La roupie indienne avait plongé comme d'autres monnaies d'Asie du sud.

Depuis la fin de l'année 2013, les marchés émergents sont de nouveau confrontés à des fuites de capitaux qui obligent les banques centrales de ces pays à puiser dans leur réserve en dollar, monnaie des échanges internationaux, pour soutenir leur devise. Cette stratégie a des limites parce qu'elle est coûteuse. C'est pourquoi la Russie rejointe par l'Argentine, qui a levé ce matin les restrictions sur les achats de devises, ont décidé de ne plus opposer de résistance, ne plus vendre leurs dollars et de laisser filer monnaie et inflation pour tenter de préserver leur croissance. Poutine a défendu la politique de la Banque centrale de Russie en déclarant: "Plus la devise russe sera libre, mieux ce sera. Cela obligera l'économie à réagir plus efficacement". La Turquie, impuissante à enrayer la dégringolade de la livre qui a perdu 10 % depuis la mi-décembre, pourrait être amenée à leur emboiter le pas dans les prochains jours. Le rand sud-africain, lui aussi, a beaucoup baissé ces derniers jours. Il a atteint au dessus de 11,04 R pour 1 $ son plus bas niveau en 5 ans, néanmoins cette chute ne s'est pas encore répercutée sur les prix, mais ça ne tardera pas à venir parce que l'Afrique du sud importe beaucoup. L'Inde, l'Indonésie et le Brésil sont susceptibles également d'être impactés d'une manière ou d'une autre dans les prochaines semaines.

Ceci démontre une fois de plus que la moindre action de la Fed pour ralentir le rythme de la planche à billets provoque une réaction planétaire. Comme si ça ne suffisait pas, les publications de résultats d'entreprises en deça des attentes et les inquiétudes sur la solidité du système bancaire chinois rajoutent des éléments anxiogènes. Comment envisager une reprise de la croissance quand les risques qui pèsent sur une partie de l'économie mondiale menacent l'autre partie dans un système où tout est en relation ? Il est encore trop tôt pour parler de bourasque, mais le ciel se couvre.

Hier soir en Europe et à Wall Street, puis ce matin en Asie, les bourses étaient en recul. Ce soir le recul s'est accentué à 2 % en moyenne. Les spécialistes qui sont dans l'ambiance des sports d'hiver appelle ça "une glissade". Attention, il y a des glissades qui conduisent dans le coma...


Quand la PBOC injecte 60 milliards $ de fortifiant bancaire
Le M.A., 23/01/2014

Si le système bancaire chinois était en bonne santé, il n'y aurait pas besoin de faire venir le médecin deux fois dans la même semaine. Alors, oui, c'est bientôt le Nouvel an chinois, les gens vont acheter des cadeaux et retirer de l'argent... mais l'année dernière et les autres années, l'approche des festivités n'avait pas provoqué autant d'inquiétude dans les banques ni une telle effervescence sur les marchés. Les explications de la Banque Populaire de Chine (PBOC) se veulent rassurrantes; il s'agirait seulement de désamorcer les éventuelles tensions... Mais ni les soudaines facilités de crédit accordées à certaines grandes banques commerciales sans que le montant soit précisé (il doit être important), ni, plus encore, l'injection en deux fois d'un peu plus de 60 milliards de dollars (c'est un record !) ne sont des interventions anodines. Si l'on constate un accès de fièvre, cela signifie qu'il y a forcément quelque part une infection.
Et puis, à y réfléchir, ces interventions ne sont pas logiques du tout. En effet quand le médecin recommande à son patient de réduire son taux de cholestérol (le volume des prêts bancaires, les dettes des gouvernements locaux, les marchés parallèles ou "shadow banking" en plein essor), il lui déconseille fortement les plats en sauce, c'est-à-dire les excès de liquidité, même pendant les fêtes... Et puisque c'est contre-indiqué, pourquoi injecter autant d'argent si la croissance est bien de 7,7 % comme le prétend le Bureau de la propagande ?... alors qu'en réalité, elle marche au ralenti et qu'elle stagne entre 2,5 et 4 %. L'ensemble de ces signaux tend à faire penser que, soit le corps médical de la PBOC ment sur l'état réel du patient, soit c'est une bande de charlatans. Et d'ailleurs, les bourses de Hong Kong et de Shanghaï n'ont pas salué cet apport de liquidité comme elles le font d'habitude. Les investisseurs eux-mêmes s'interrogent et se montrent de plus en plus prudents...


19 janvier 2014 - C'est la saison des résultats. Les entreprises font les comptes et ils sont loin d'être à la hauteur des indices boursiers malgré les gains de productivité, les réductions d'effectifs et la pression sur les salaires. L'économie n'avance presque plus et de manière tellement poussive. A Wall Street, les avertissements sur bénéfices (ou "profit warning") se multiplient. Les achats de Noël ont été décevants et certaines valeurs comme Intel, UPS et les magasins multimédia Best Buy ont connu de vilains trous d'air. Côté bancaire, les manipulations comptables ne parviennent plus à camoufler des résultats en baisse pour Goldman Sachs et Citigroup. Néanmoins il y a toujours des chiffres moins pires que prévus publiés ici ou là qui donnent aux investisseurs des motifs d'achat sur des valeurs plus modestes. Ainsi le Russell 2000 a atteint jeudi un nouveau sommet historique, donnant du même coup du tonus au dollar. Le marché obligataire aussi rassure... pour le moment. La détente constatée sur l'ensemble des taux calme un peu la fébrilité des salles de marchés. L'écart de cours entre le Brent et le Brut est retombé à 12 $. La situation en revanche devient franchement mauvaise sur les marchés émergents confrontés à une panne de croissance et à une montée de l'inflation. La livre turque est en pleine dégringolade et la mécanique des flux pourrait s'emballer et devenir incontrôlable dans d'autres pays à mesure que la Fed communiquera sur les chiffres "encourageants" de l'économie américaine.

€/$: 1,3540 / $/¥: 104,23 / US $ index: 81,18
OR: 1250 $ / Cuivre: 7379,50 $ / Blé: 5,63 $ / Brut: 94,16 $, Brent: 106,48 $ (écart: 12,3 $)
Indice CRB (matières premières): 278,38 (+ 4)
Indice Baltic (frêt cargo): 1421 (- 118, - 15, + 10, + 18, + 23) Retour à la normale et stabilisation de l'indice sous les 1500 pts.
Marché obligataire (taux à 10 ans): J: 0,67 % / D: 1,75 % / PB: 2,06 % /
F: 2,41 % / USA: 2,83 % / UK: 2,83 % / E: 3,71 % / I: 3,82 %
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Re: [Eco]Le capitalisme en soins intensifs

Messagede Antigone le Dim 9 Fév 2014 12:38

9 février 2014 - Inquiétudes sur la zone euro menacée de déflation, accalmie sur les marchés émergents confrontés à l'inflation, et "interrogations" sur la santé réelle de l'économie américaine: c'est, en gros, le résumé de la semaine. Les problèmes n'en sont pas moins présents, mais la légère baisse du dollar les a rendus moins douloureux.
Le dollar a baissé cette semaine parce que les dernières statistiques de la production industrielle ont été jugées décevantes. Il faut préciser aussi que la consommation augmente... mais avec moins de revenus !, et que la courbe du chômage (6,6 % !!) tend vers le plein emploi... avec plus de pauvres ! Ne cherchez pas à comprendre: il n'y a rien à comprendre. Les statistiques sont complètement truquées et elles n'ont pas plus de sens que les résultats des entreprises qui sont ressortis, une fois effectués les rachats d'actions et les manipulations comptables, à 70 % satisfaisants. Les seuls chiffres qui ne mentent pas trop, ce sont les parités de change. Quand le dollar monte, il fait chuter les monnaies des émergents. Quand le dollar baisse, il fait monter l'euro et accélère le processus de désinflation. Un écart de 0,5 pt sur l'US $ index provoque le même effet que lorsqu'on appuie sur une blessure.
Jeudi, c'était au tour de Mario Draghi de se présenter devant la presse. L'air très emmerdé (ou constipé ?), il n'avait visiblement pas envie de parler. Quand il a démenti fermement les risques de déflation, son nez s'est allongé, et quand il a ajouté qu'il comptait ne rien faire (!), le dollar s'est mis à baisser. Le moment le plus hilarant est venu après, quand on lui a demandé ce qu'il pensait de la situation, comment elle allait évoluer, il a répondu un truc magnifique du genre: "les choses peuvent aller moins bien, rester comme ça ou s'améliorer" !!. Au moins il était sûr de ne pas avoir tort. Prochain spectacle de Super Mario dans un mois...

€/$: 1,3633 / $/¥: 102,30 / US $ index: 80,67
OR: 1259,25 $ / Cuivre: 7200 $ / Blé: 5,82 $ / Brut: 98,11 $, Brent: 108,34 $ (écart: 10,2 $)
Indice CRB (matières premières): 289,35 (+ 6)
Indice Baltic (frêt cargo): 1091 (- 17, - 9, + 2, + 6, - 1) Stabilisation confirmée à 1100.
Marché obligataire (taux à 10 ans): J: 0,62 % / D: 1,66 % / PB: 1,88 % /
F: 2,24 % / USA: 2,67 % / UK: 2,71 % / E: 3,58 % / I: 3,68 %


2 février 2014 - A quoi joue la Fed ? Mercredi elle a décidé de réduire pour la 2e fois en l'espace d'un mois ses injections de liquidité. Après avoir baissé de 85 à 75 milliards de dollars le 1er janvier, ses rachats d'actifs sont passées depuis le 1er février à 65 milliards de dollars: 30 milliards de créances hypothécaires + 35 milliards de bons du Trésor. Par conséquent il faut s'attendre à ce que les turbulences monétaires sur les pays émergents observées ces derniers jours s'amplifient et s'étendent, et que des inquiétudes renaissent concernant la solidité de leurs économies quand elles ne sont plus soutenues par suffisamment de capitaux étrangers. A la Turquie, la Russie, l'Argentine, l'Afrique du sud dont les monnaies victimes de la hausse du dollar ont fortement dégringolé, sont venus s'ajouter cette semaine l'Inde et des pays de l'Europe centrale. Le gouverneur de la Banque centrale d'Inde s'en est d'ailleurs pris à la Fed en lui faisant remarquer qu'en 2008, elle avait été bien contente de trouver les pays émergents pour tirer l'économie mondiale.
Le passage de témoin entre Bernanke et Yellen n'aura pas été que protocolaire. Mais on peut effectivement s'interroger sur la stratégie américaine qui semble se moquer des vagues qu'elle est en train de provoquer dans le monde. Yellen est convaincue que la croissance américaine repart (cela reste à prouver) et qu'en s'appuyant sur un coût de l'énergie plus faible qu'ailleurs, sa compétitivité va triompher. Sommes-nous en train d'assister au retour d'une forme d'isolationnisme des USA ignorant la mondialisation qui l'entoure ? Si cette logique est poussée jusqu'au bout, la Chine finira par être touchée, or son poids de 2e économie mondiale est sans comparaison avec celui de la Turquie (17e), de l'Afrique du sud (27e) et de l'Argentine (28e), et le retour de l'élastique fera très mal.
Et puis quelque chose ne chiffonne. Les taux américains ne remontent pas. Ils ont même baissé de 30 pts de base depuis le début de l'année, tout comme ceux des autres pays centraux. On assiste à une inversion du transfert d'actifs entre actions et obligations par rapport à 2013. L'aversion au risque joue en faveur du marché obligataire pris pour une valeur refuge alors que cette bulle est la plus fragile de toutes. Ça devrait les inquiéter... mais apparemment, ça n'inquiète personne. Bon, en même temps, il faut convenir que la planche à billets de la Fed n'a pas été mise à l'arrêt. Elle continue de cracher 3 milliards de dollars par séance, une dose qui est au dessus du seuil critique que je situe entre 40 et 50 milliards par mois. Alors, attendons la suite...

€/$: 1,3484 / $/¥: 101,96 / US $ index: 81,25
OR: 1244 $ / Cuivre: 7091 $ / Blé: 5,55 $ / Brut: 97,71 $, Brent: 106,40 $ (écart: 8,7 $)
Indice CRB (matières premières): 283,33 (+ 2)
Indice Baltic (frêt cargo): 1110 (- 53, - 40, - 29, - 21, - 17) L'indice atterrit en douceur sur la ligne des 1100 pts. Retour à la normale.
Marché obligataire (taux à 10 ans): J: 0,62 % / D: 1,66 % / PB: 1,87 % /
F: 2,22 % / CAN: 2,35 % / USA: 2,67 % / UK: 2,72 % / E: 3,66 % / I: 3,76 %
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Re: [Eco]Le capitalisme en soins intensifs

Messagede Antigone le Dim 23 Fév 2014 12:30

23 février 2014 - Les "minutes" de la Fed cette semaine ont confirmé l'orientation prise par Janet Yellen depuis sa prise de fonction. La réduction des injections de liquidité (le "tapering") va se poursuivre, vraissemblablement sur un rythme de 10 milliards de dollars par mois. Nous en sommes actuellement à 65 milliards... dans quelques mois la situation devrait devenir chaude ! Mais Yellen pense que le mur n'existe pas. Pour elle, tout va bien. Emploi, production, consommation, tous les voyants sont au vert. C'est magnifique ! Elle est arrivée à faire croire que la croissance repart au point que l'indice CRB des matières premières est repassé au dessus de la barre des 300 points pour la première fois depuis un an. Sur ce graphique, on voit que l'indice grimpe de manière spectaculaire; il a déjà regagné 30 points depuis son plus bas du début de l'année:
http://www.zonebourse.com/CRB-COMMODITY ... e=statique
La baisse du dollar consécutive au "tapering" profite logiquement à l'or et aux métaux précieux. Les dérèglements climatiques font remonter les cours céréaliers. Le café a pris près de 40 % à cause de la sécheresse au Brésil. Mais la hausse du WTI à plus de 100 $ sort de toute analyse rationnelle alors que l'activité mondiale des transports pétroliers est médiocre. Pour autant l'écart se réduit avec le Brent parce que le ralentissement de la croissance dans les marchés émergents entretient les mouvements de capitaux en direction de l'Amérique du nord et de l'Europe. Des troubles sociaux seront à prévoir à mesure que les monnaies des économies émergentes se dévalueront. Pour l'instant, ça se maintient en Turquie, en Afrique du sud, au Brésil... mais pas en Ukraine.

€/$: 1,3736 / $/¥: 102,49 / US $ index: 80,23
OR: 1323,25 $ / Cuivre: 7211,50 $ / Blé: 6,09 $ / Brut: 102,45 $, Brent: 109,85 $ (écart: 7,4 $)
Indice CRB (matières premières): 300,45 (+ 8)
Indice Baltic (frêt cargo): 1175 (+ 24, + 16, + 14, + 4, + 11) Petit rebond.
Marché obligataire (taux à 10 ans): J: 0,60 % / D: 1,66 % / PB: 1,90 % /
F: 2,25 % / CAN: 2,52 % / USA: 2,73 % / UK: 2,78 % / E: 3,54 % / I: 3,60 % Stable... mais pour combien de temps encore ?


16 février 2014 - Je me demandais le 2 février comment la Fed allait réagir face au désordre monétaire qu'elle était en train de créer dans les pays émergents. La réponse est venue cette semaine de Janet Yellen. Elle n'en a rien à foutre ! Yellen a affirmé que la politique de la Fed n'était conduite que par les intérêts des Etats-Unis. Ce qui peut se passer ailleurs n'est pas son problème. Pas question de relever les taux, ni de fixer une échéance ou de la conditionner aux chiffres de l'emploi américain. Dans la foulée le Congrès a relevé le plafond de la dette et autorisé le gouvernement à emprunter SANS LIMITE jusqu'en mars 2015. Il n'en a pas fallu davantage pour que Wall Street retrouve le sourire et ses plus hauts niveaux. Tant que la planche à billets produit assez de liquidité pour répondre au besoin de financement des Etats-Unis, il n'y aura pas lieu de s'alarmer. Le marché actions en sera le bénéficiaire.
La Fed en a décidé ainsi. Mais quelles en seront les conséquences ? Les météorologues économiques vont voir grossir sur leurs cartes une zone de haute pression inflationniste dans les pays émergents parallèlement à une zone de basse pression déflationniste en Europe. Au milieu, les Etats-Unis feront croire qu'ils généreront assez de croissance pour empêcher les deux zones de se rencontrer et de former une dépression. On pourrait le croire en constatant que le déficit américain s'est pas mal réduit en un an. Les élus républicains ont en effet obtenu que l'assainissement s'effectue au détriment de l'investissement public afin de "libérer" le secteur privé. De leur côté, les élus démocrates se sont satisfaits que les dépenses sociales ne soient pas trop amputées. Mais est-ce que le fait de retirer sa béquille à un invalide le fera marcher à nouveau, mieux et plus vite ? Sans investissement, il n'y aura pas de croissance, ou alors ce sera une croissance à l'anglaise ! Depuis le krach de 2008, le système n'arrive à tenir debout que parce que la demande est stimulée par l'argent des banques centrales et l'endettement des Etats. Yellen fait le pari que le privé va s'endetter pour investir et ainsi permettre à l'Etat d'assainir ses finances... mais ça ne marchera pas. Et puis comment peut-on parler sérieusement de perspective de croissance pour 2014 quand l'indice Baltic est plombé à 1100 points ???
Le capitalisme est pris dans la nasse. Plus il se débat et plus il resserre sur lui les liens qui l'étouffent.

€/$: 1,3696 / $/¥: 101,77 / US $ index: 80,14
OR: 1320 $ / Cuivre: 7175,50 $ / Blé: 5,98 $ / Brut: 99,62 $, Brent: 109,08 $ (écart: 9,5 $)
Indice CRB (matières premières): 292,66 (+ 3)
Indice Baltic (frêt cargo): 1106 (+ 5, - 5, - 6, + 12, + 9) Inchangé. Avec un indice aussi faible, c'est une aberration de faire des prévisions de croissance.
Marché obligataire (taux à 10 ans): J: 0,60 % / D: 1,67 % / PB: 1,90 % /
F: 2,28 % / CAN: 2,46 % / USA: 2,71 % / UK: 2,79 % / E: 3,63 % / I: 3,72 %
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Re: [Eco]Le capitalisme en soins intensifs

Messagede Antigone le Dim 9 Mar 2014 21:04

9 mars 2014 - L'euro a touché 1,39 $, le yen a baissé, le dollar n'a pas trop bougé. L'écart Brent/Brut se réduit encore. C'est la logique des flux. Spéculation sur la croissance américaine + montée en flèche des cours des céréales à cause des intempéries: le CRB prend 7 points. Nouvelle opération chinoise de stockage et chargements importants de minerai de fer en partance cette fois de l'ouest de l'Australie. Enfin sur le marché obligataire, le Canada et les USA se distinguent en prenant 20 et 10 pts de base.
Comme j'en ai assez de me répéter et que la tendance observée cette semaine se place dans la continuité de la précédente, j'ai préféré faire ce tableau. Je précise que pour l'inflation et la croissance, les chiffres qui y figurent proviennent des statistiques officielles. Churchill a dit à ce sujet: « je ne crois aucune statistique à moins de l'avoir falsifiée moi-même ».
La prochaine alerte devrait venir d'une détérioration de la situation dans certains pays émergents une fois que les élections seront passées: Turquie, Afrique du sud, Inde, Indonésie, Brésil, ainsi que deux autres: Russie et Chine qui s'enfoncent dans de gros problèmes financiers et bancaires.

Pays................S&P ..% emprunt...% intéret...inflation....% dette.....croissance
ALLEMAGNE......AAA.....1,65 %.....0,25 %......1,25 % ...... 81,00 %.....1,30 %
CANADA........ ..AAA..... 2,53 %.....1,00 %.....1,50 % ...... 84,60 %..... 2,60 %
ROYAUME-UNI. ..AAA..... 2,79 % .....0,50 %.....1,90 %...... 88,70 %..... 2,70 % > surestimé
NORVEGE...... ..AAA .....2,96 % .....1,50 % .....2,30 % ..... 28,30 %..... 1,10 %
AUSTRALIE.... ..AAA .....4,13 % .....2,50 % .....2,70 %...... 20,70 %..... 2,80 %
PAYS-BAS..........AA+.... 1,88 % .... 0,25 % .....1,10 %...... 71,30 %..... 0,70 %
ETATS-UNIS.......AA+ .... 2,74 % ....0,25 % .....1,60 %......101,60 % .... 2,50 % > truqué
FRANCE............AA...... 2,21 % ....0,25 % ..... 0,70 % ......90,20 %..... 0,00 %
ARABIE KS.........AA- ....f.islamiq...2,00 % ......5,80 % ...... 3,60 % ..... 3,10 %
JAPON.............AA- ..... 0,69 % ..;... 0 % ......1,40 %..;.. 211,70 % .....2,40 % > surestimé (proche de 1,7 %)
CHINE.............AA- ..... 4,53 % .....6,00 %..... 2,50 % ......26,00 % .....7,70 % > fantaisiste :)
COREE..............A+ .....3,59 % .....2,50 %......1,00 %.......34,80 %......3,90 %
POLOGNE..........A- ......4,29 % ..... 2,50 %.....0,70 %.......55,60 % ..... 2,70 %
INDONESIE.........BB+.....8,04 % .....7,50 % .....7,75 % ......23,10 % ......5,70 %
TURQUIE...........BB+....10,46 %....10,00 % .....7,90 %.......36,00 % .....4,40 % > surestimé
NIGERIA............BB-.....3,97 %.....12,00 %......8,00 % ......18,30 % .....7,60 %
MEXIQUE...........BBB+...6,27 % .....3,50 %..... 4,20 % ......42,85 % ......0,70 %
ITALIE..............BBB..... 3,42 % ....0,25 % .....0,50 % .....132,60 % ....- 0,80 %
AFRIQUE SUD.....BBB.......8,38 %.... 5,50 %..... 5,80 % ......39,90 % ...... 2,00 %
RUSSIE.............BBB......8,70 %.....7,00 % .....6,20 %....... 8,40 % .......1,20 %
BRESIL.............BBB.....12,85 %.... 10,75 % ... 5,60 % ......65,10 %.......1,90 %
ESPAGNE..........BBB- .....3,36 % ....0,25 % ...- 0,10 %...... 86,00 % ......- 0,20 %
INDE...............BBB- .....8,81 % .... 8,00 %.....8,80 % ......67,57 % ...... 4,70 % > surestimé
ARGENTINE........CCC+.. défaut .....16,15 %....10,90 % .....43,20 % ....... 5,50 %

€/$: 1,3886 / $/¥: 103,05 / US $ index: 79,71 L'euro a touché 1,39 $, le yen a baissé, le dollar n'a pas trop bougé.
OR: 1335,25 $ / Cuivre: 6930 $ / Blé: 6,46 $ / Brut: 102,61 $, Brent: 109 $ (écart: 6,4 $) L'écart se réduit encore. C'est la logique des flux.
Indice CRB (matières premières): 307,85 (+ 7) Spéculation sur la croissance américaine + montée en flèche des cours des céréales à cause des intempéries.
Indice Baltic (frêt cargo): 1543 (+ 18, + 49, + 66, + 89, + 63) Nouvelle opération chinoise de stockage et chargements importants de minerai de fer en partance cette fois de l'ouest de l'Australie.
Marché obligataire (taux à 10 ans): J: 0,61 % / D: 1,65 % / PB: 1,88 % /
F: 2,21 % / CAN: 2,53 % / USA: 2,74 % / UK: 2,79 % / E: 3,36 % / I: 3,42 % Le Canada et les USA se distinguent en prenant 20 et 10 pts de base.


Un défaut de paiement sans précédent secoue la Chine
Le M.A., 08/03/2014

Depuis 2008, la dette privée (je ne parle pas de la dette publique) en Chine qui était de 9.000 milliards de dollars est passée à 23.000 milliards, soit un montant équivalant à 2,5 fois le PIB chinois actuel. Et ce chiffre ne prend pas en compte les financements occultes effectués par la "finance de l'ombre" ! Cet argent colossal a permis en grande partie de financer un parc immobilier gigantesque et un appareil productif qui aujourd'hui ne servent à rien et ne rapportent rien. Petit à petit, on voit se mettre en place un scénario qui ressemble à celui des "obligations pourries" de la bulle des subprime aux USA... en plus énorme.

Ces derniers mois, l'attention s'est portée sur une cinquantaine de sociétés chinoises de crédit dont on préssent des difficultés de trésorerie. Ainsi on a appris il y a quelques jours qu'un produit d'investissement de plus de 100 millions d'euros adossé à un groupe minier n'était pas parvenu, malgré plusieurs tentatives de sauvetage, à rembourser. Fin janvier, un autre produit d'investissement commercialisée par la plus grosse banque chinoise, ICBC, portant sur 360 millions d'euros avait évité un défaut de paiement après avoir été secouru in-extremis par un fonds public qui a remboursé leur capital à des centaines d'investisseurs, tout en souhaitant rester anonyme (hahahaha !).

Les cas se multiplient. La menace globale se fait plus insistante et porte sur des sommes de plus en plus importantes. "On ne nous avait pas averti des risques" commencent à crier quelques petits investisseurs. Aujourd'hui le pouvoir chinois a décidé de cesser de secourir les entreprises non systémiques en faillite. Cela révèle non pas un souci d'"assainissement" comme le prétendent les "spécialistes" dans les deux articles qui suivent, mais une forme d'impuissance des autorités face à un phénomène qu'elles ne sont plus en capacité d'endiguer. Les faillites ne portent encore que sur des centaines de millions. Imaginez ce que sera la situation quand, bientôt, nous parlerons de dizaines de milliards.


Moscou: Les bruits de bottes soulèvent une tempête boursière
Le M.A., 03/03/2014

La Russie a gagné la Crimée mais elle va perdre gros sur le plan économique. Sylvain Attal sur France 24 affirmait qu'un habitant sur deux vit actuellement en-dessous du seuil de pauvreté. Il se peut que ce chiffre soit un peu exagéré, mais la tempête boursière qui s'est levée sur Moscou risque de rendre ce chiffre tout à fait crédible. Le relèvement du taux directeur par la banque centrale aura le même effet qu'en Turquie: nul. Par contre les prix vont croître et le chômage avec. Les investissements étrangers fondent à vue d'oeil. L'économie qui était déjà mal en point pourrait connaître un effondrement, amplifiée par la fuite des capitaux et de l'argent de la corruption. La Cour des comptes russe évaluait cette évasion à 330 milliards de dollars pour 2013, soit le tiers du budget de l'Etat; et ce chiffre est certainement en déça de la réalité. La crise ukrainienne va le faire décoller. Une révolte sociale n'est pas à exclure lorsque la propagande nationaliste aura cessé de faire effet.


2 mars 2014 - Dans son rapport semi-annuel prononcé jeudi, Janet Yellen, la présidente de la Fed, a quelque peu nuancé les propos qu'elle avait tenus la semaine dernière. Elle a reconnu que les chiffres du chômage américain reflètaient imparfaitement la réalité du marché du travail, à cause notamment du développement du temps partiel. Elle a également reconnu une détérioration de la situation économique, mais elle s'est empressée de l'attribuer aux conditions climatiques. Toutefois la "reprise économique" dont on nous rabat les oreilles pour 2014-2015 pourrait tarder à se faire sentir. Elle a de qui tenir: Bernanke tenait le même discours il y a 3 ans ! Elle a enfin précisé que l'arrêt du programme de rachats d'actifs ne serait pas effectif avant l'automne, ce qui revient à dire qu'elle n'envisage pas de ralentir le rythme de la planche à billets d'une manière aussi automatique que ce qui semblait avoir été programmé. Bref, Yellen n'est plus sûre de rien. Les marchés ont réagi à ces annonces avec le sourire puisque pour eux, aussi longtemps que ça ira mal, l'argent continuera à couler à flot. Ainsi le S&P500, l'indice élargi de Wall Street, a dépassé la barre des 1850 points tandis que le dollar maintenait le cap à la baisse. L'US $ index est descendu vendredi sous les 80 points pour la première fois de l'année, et l'euro est remonté à 1,38 $.
L'autre événement s'est produit en début de semaine avec un nouveau décrochage des bourses chinoises. La Banque centrale de Chine a demandé aux banques d'acheter massivement des dollars pour faire baisser le yuan, lui faisant perdre 1 % en une semaine alors que la monnaie chinoise progressait de 3 % par an depuis juin 2012. Cette initiative a surpris les marchés au moment où étaient rendues publiques de mauvaises statistiques concernant la production manufacturière. Pékin veut rendre ses produits plus compétitifs face à la concurrence japonaise dont la monnaie s'est fortement dévaluée l'année dernière. Mais il y a aussi d'autres raisons pour expliquer cette baisse, en particulier les inquiétudes qui visent le système bancaire, la "finance de l'ombre", et la croissance chinoise plus globalement. D'autres statistiques sont attendues la semaine prochaine qui pourraient confirmer ces tendances de fond alors que s'ouvre mercredi la réunion annuelle du Congrès National du Peuple.

€/$: 1,3801 / $/¥: 101,73 / US $ index: 79,69
OR: 1326,50 $ / Cuivre: 7097,50 $ / Blé: 5,99 $ / Brut: 101,99 $, Brent: 109,07 $ (écart: 7,1 $)
Indice CRB (matières premières): 301,97 (+ 1)
Indice Baltic (frêt cargo): 1258 (- 1, + 23, + 25, + 28, + 8)
Marché obligataire (taux à 10 ans): J: 0,59 % / D: 1,63 % / PB: 1,86 % /
F: 2,20 % / CAN: 2,31 % / USA: 2,64 % / UK: 2,72 % / E: 3,51 % / I: 3,48 %
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Re: [Eco]Le capitalisme en soins intensifs

Messagede Antigone le Dim 16 Mar 2014 12:10

16 mars 2014 - On connaissait encore assez peu Li Keqiang, le nouveau Premier ministre chinois. Son nom a acquis depuis le milieu de semaine une notoriété internationale. Le discours qu'il a prononcé en clôture de l'Assemblée du Peuple a fait souffler un vent glacial sur les marchés financiers. Li a déclaré que des faillites d'entreprises seraient inévitables au cours des prochains mois, reconnaissant que l'Etat n'avait plus les moyens de leur porter secours. De plus la solidité du système bancaire chinois miné par la "finance de l'ombre" est devenue un sujet de préoccupation permanent. Un effondrement est une hypothèse qui est clairement envisagée.
La Bourse de Shanghaï a aussitôt accusé le coup en perdant 3 %, suivie par le Japon dont les entreprises ont énormément investi en Chine ces dernières années. Si un ralentissement significatif de l'économie chinoise était constaté, cela se répercuterait immédiatement sur les économies qui l'approvisionnent en matières premières ainsi dans les pays d'Asie du sud qui lui fournissent la sous-traitance en composants et pièces détachées. D'ores et déjà le cours du cuivre qui côtait plus de 7.000 $ la tonne au début du mois est tombé à 6.500 $. Comme le cuivre sert de collatéral au crédit, sa dépréciation pousse déjà des établissements bancaires sous pression à demander le remboursement de la différence aux emprunteurs !... La Chine est devenue un champ de mines recouvert d'une épaisse nappe de brouillard. L'opacité est telle que nul ne peut dire avec certitude quelles sont les entreprises en qui les investisseurs peuvent accorder leur confiance. Le discours de Mr Li aura très bientôt des effets dévastateurs. Puisque les investissements ne sont plus garantis, puisque les autorités ne répondent plus de rien, il faut s'attendre à ce que les capitaux étrangers s'en aillent vers des horizons plus sûrs... mais y en a-t-il encore ?
Le discours du PM chinois a rejeté tout le reste (crise ukrainienne, chute du rouble, risques déflationnistes en Europe) au second plan. Un chiffre, cependant, donne à réfléchir: 100.000 milliards de dollars. C'est le montant de l'encours planétaire des titres de dettes. C'est 2 fois la valorisation de toutes les entreprises cotées dans les bourses du monde entier et dopées à la planche à billets. Il faut ainsi emprunter 2 $ pour pouvoir produire quelque chose d'une valeur de 1 $, mais qui pourrait ne plus rien valoir un jour. La dette de l'économie réelle représente à peine 10 % de cette dette globale. Les presque 90 % restants proviennent de la finance pour faire monter la bourse et des Etats pour maintenir la croissance au-dessus de 0 %... Très honnêtement, vous pensez que ce système a un avenir ?

€/$: 1,3911 / $/¥: 101,31 / US $ index: 79,40
OR: 1385 $ / Cuivre: 6490 $ / Blé: 6,90 $ / Brut: 98,84 $, Brent: 108,57 $ (écart: 9,7 $) La libération d'une partie des réserves stratégiques par les USA a fait grandir l'écart Brent/WTI.
Indice CRB (matières premières): 302,70 (- 5)
Indice Baltic (frêt cargo): 1477 (+ 19, + 18, - 127, + 15, + 9) Le restockage chinois en provenance d'Australie prendra fin dans quelques jours.
Marché obligataire (taux à 10 ans): J: % / D: 1,54 % / PB: 1,77 % /
F: 2,12 % / CAN: 2,39 % / USA: 2,64 % / UK: 2,66 % / E: 3,34 % / I: 3,40 % Détente générale.


Le yuan élargit sa marge de fluctuation
Le M.A., 16/03/2014

La décision d'élargir la marge de fluctuation du yuan se place dans le prolongement des décisions économiques prises lors de l'Assemblée nationale du Peuple. C'était dans l'air depuis que la monnaie chinoise s'était mise à baisser il y a quelques jours. Les autorités tentent de répondre à la baisse du yen qui pénalise les produits chinois alors que les salaires ont fortement augmenté en Chine et que les exportatoins marquent le pas. Cette décision est l'expression d'un malaise plus général que l'on constate depuis le début de l'année avec la chute spectaculaire des monnaies dans plusieurs pays émergents (Turquie, Afrique du sud, Russie, Argentine). Elle traduit aussi l'inquiétude grandissante de la classe dirigeante chinoise par rapport à un système bancaire en manque de liquidité, dont le contrôle lui échappe de plus en plus à mesure que la croissance ralentit (environ 2,5 % et certainement pas 7,5 % comme le prétend la propagande).


L'euro à 1,40 $: le risque déflationniste s'accroît
Le M.A., 13/03/2014

L'euro s'échangeait à la mi-journée à environ 1,3950 $ et s'approche de la barre symbolique de 1,40 $ au delà de laquelle, si l'euro se maintenait suffisamment longtemps à ce niveau, le processus déflationniste tant redouté s'accélérerait et se généraliserait dans la zone euro.
La déflation, c'est le résultat des politiques d'austérité, de pression sur les salaires et de réduction du coût du travail, de l'obsession absurde de la compétitivité entre des Etats et des économies qui appartiennent pourtant à la même zone d'échange. La chute du crédit, des investissements et des échanges interbancaires ajoute un facteur aggravant en freinant la croissance et en empêchant le développement d'une inflation.
La plupart des responsables économiques, (Lagarde, Noyer, Blanchard...), poussent aujourd'hui des cris d'horreur et font mine de découvrir un phénomène qu'ils ont contribué à créer et à imposer par la force. Draghi est encore un des seuls qui persistent à ne pas y croire, préférant pour l'heure s'en tenir à la "désinflation". Il faut admettre qu'il n'a pas le choix, vu que le taux d'intérêt de la BCE est tombé à 0,25 % sans apporter le moindre signe d'amélioration et qu'il peut difficilement descendre plus bas. On raconte que certains de ses conseillers planchent sur un scénario dans lequel les taux deviendraient... négatifs ! Hahahaha ! S'ils en sont arrivés à imaginer des trucs comme ça, c'est vraiment qu'ils sont dans la merde !


Les Etats-Unis agitent l'arme du pétrole
Le M.A., 13/03/2014

La décision des Etats-Unis de mettre sur le marché une partie de ses réserves stratégiques est probablement un message envoyé pour faire comprendre à la Russie que sa marge de manoeuvre n'est pas si étendue. La Russie dont les hydrocarbures constituent l'essentiel de ses exportations a besoin que les cours du pétrole soient élevés (supérieurs à 100 $) afin de faire rentrer de l'argent dans ses caisses. Les Etats-Unis montrent qu'ils ont la possibilité de moduler leurs réserves pour imposer leurs vues en matière de polique étrangère et pour protéger leurs intérêts stratégiques.
Mais cette opération peut être interprêtée autrement. Elle révèle que la demande intérieure baisse et infirme le discours tenu par la Fed et le gouvernement d'une reprise de l'activité économique. Elle révèle également que le gaz de schiste n'apporte qu'un complément assez faible parce que peu rentable à la production pétrolière nationale. C'est tout juste une variable d'ajustement d'un million de barils par jour qui a servi pour l'Iran et qui est prête à servir dans le cas où l'Arabie saoudite ferait des difficultés en réduisant le débit des robinets.


Li Keqiang redoute un effondrement bancaire
Le M.A., le 13/03/2014

Il est clair que le gouvernement chinois redoute un effondrement bancaire qui ne manquerait pas d'entraîner des troubles sociaux. Il espère sauver les meubles en limitant les défauts de paiements à des cas isolés "non systémiques". Il en est là !
Si le Premier ministre Li Keqiang reconnaît un tel danger à la tribune de l'Assemblée du Peuple où les discours polissés sont de mise, c'est que la situation économique réelle est devenue critique. Même la propagande doit en tenir compte. Je rappelle que la dette privée s'élève à 23.000 milliards de dollars, soit 2,5 fois le PIB de la Chine.


L'alerte sur le cuivre en dit long sur l'économie chinoise
Le M.A., 12/03/2014

La Chine va mal. La croissance est en berne, autour de 2 % (et pas 7,7 % comme le fait croire la propagande). Les exportations chutent faute de commandes. La production manufacturière patine en raison d'une main d'oeuvre devenue "trop chère". Le système bancaire est à la rupture. Les faillites menacent. Du coup, la Chine qui, au cours du 4e trimestre 2013 a fait le plein de ses stocks de minerai de fer en provenance du Brésil (et un nouvel arrivage est en cours venant d'Australie), est totalement engorgée de matières premières, et surtout de cuivre qui sert de baromètre à l'activité économique. Comme le cuivre ne s'écoule plus, les cours plongent. La tonne se négocie aujourd'hui à 6700 $ au lieu de 7050 $ à la fin de la semaine dernière. - 10 % environ depuis son plus haut du début de l'année.
http://www.zonebourse.com/LME-COPPER-CA ... n/&plein=1
La chute du cuivre est inquiétante car, en Chine, ce métal sert souvent de garantie aux opérations de crédit.


La dette mondiale cumulée s'élève à 100.000 milliards $
Le M.A., 11/03/2014

Les chiffres qui figurent dans le rapport de la BRI démontrent que moins il y a de croissance et plus il y a de dette. Comme la faible croissance est financée par la dépense publique, plus les Etats réduisent la dépense publique et plus ils réduisent du même coup leur marge de croissance. Au final, au bout de quelques années de récession, les finances finissent par être assainies, mais à quel prix ! Le remède a tué le malade. La population est plongée dans la misère. On voit le résultat dans les pays d'Europe du sud qui ont appliqué les plans d'austérité en échange des milliards de la BCE et du FMI. Au Japon en revanche, les mesures économiques de Shinzo Abe ont fait exploser la dépense publique mais sans créer le moindre effet sur la croissance. Et la dette est passé de 200 à 240 % du PIB ! Bref, c'est un système de fou qui n'a aucune solution "économique".
Sans une croissance substancielle (et il n'y en aura pas avant longtemps), il sera impossible d'éponger la dette. Plus il y aura de dette, et plus il y aura de spéculation sur la dette. Peu importe le nombre de zéros. Que cette bombe atomique ait la puissance d'un milliard de fois Hiroshima ou de 100.000 milliards de fois, le résultat sera le même. On ne se rendra pas compte de la différence quand elle explosera.
Il n'y a qu'une façon de désamorcer la bombe, c'est d'effacer la dette, supprimer les échanges marchands, abolir l'argent, en finir avec le système financier qui dicte sa loi sur nos vies. Remplacer le profit et la cupidité par l'entraide et la solidarité; mais il faudra une révolution.
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Re: [Eco]Le capitalisme en soins intensifs

Messagede Antigone le Dim 30 Mar 2014 18:00

30 mars 2014 - Aggravation des symptômes constatés depuis le début de l'année en Chine et en Europe.
En Chine, l'économie montre des signes de plus en plus visibles de ralentissement. Nouveau recul de la production manufacturière malgré des statistiques arrangées et rumeur de faillite dans deux petites banques de la province de Jiangsu sont venus ajouter de la tension à une situation très opaque. Ce ralentissement paraît d'autant plus inquiétant que l'activité n'est pas repartie après les vacances du Nouvel an chinois, faute de demande intérieure. Les objectifs de croissance fixés par le gouvernement sont déjà fortement compromis, même en truquant davantage les chiffres. Le resserrement du crédit orchestré par la banque centrale est montré du doigt. Les autorités font face à un dilemne: soutenir la croissance en relançant le crédit (et les dettes) ou maintenir l'emploi juste ce qu'il faut pour absorber la main d'œuvre disponible et empêcher une explosion sociale. Cette dernière hypothèse pourrait s'ajuster avec une politique de grands travaux et d'infrastructures, mais elle serait financée par un surcroît de dépense publique... et donc par la planche à billet.
En Europe, l'inflation continue de ralentir au point que le président de la Bundesbank (la Buba), Jens Weidmann, a déclaré mardi qu’il n’était pas exclu que la BCE achète des actifs bancaires pour combattre une éventuelle déflation. Ces propos marquent un net infléchissement de la position traditionnelle de la Buba, arc-boutée sur le respect du mandat donné à la BCE et de l'objectif de 2 % d'inflation. Or ce taux est désormais inférieur à 1 % et il devient urgent d'agir. Weidman est tellement désemparé qu'il a même ajouté que des taux d’intérêt négatifs (mais oui NEGATIFS !) pourraient être envisagés pour contrebalancer les conséquences d’une forte appréciation de l’euro. Le spectre de la déflation hantent chaque jour en peu plus les esprits. Les analystes s'attendent maintenant à une annonce de la BCE dans les prochains jours.
Un QE de la BCE rajouterait de la liquidité dans le système financier alors que la Fed a décidé de débrancher progressivement les tuyaux. Bien sûr, tout dépendra de l'importance du QE européen que la Buba est prête à tolérer. Mais une chose est certaine: au délà d'un certain chiffre, la Fed n'accepterait pas de ne plus être le maître du jeu des marchés mondiaux et de faire dépendre son économie d'une planche à billet à Francfort. La guerre des monnaies pourrait s'intensifier.

€/$: 1,3749 / $/¥: 102,80 / US $ index: 80,18
OR: 1294,75 $ / Cuivre: 6667 $ / Blé: 6,95 $ / Brut: 101,59 $, Brent: 108,07 $ (écart: 6,5 $)
Indice CRB (matières premières): 305,09
Indice Baltic (frêt cargo): 1373 (+ 3, - 24, - 82, - 84, - 39) Apparemment les cargos ont été déchargés. Retour à la normale la semaine prochaine ?
Marché obligataire (taux à 10 ans): J: 0,61 % / D: 1,54 % / PB: 1,73 % /
F: 2,06 % / CAN: 2,44 % / USA: 2,72 % / UK: 2,72 % / E: 3,23 % / I: 3,30 %


23 mars 2014 - Pour sa première présidence au Comité politique monétaire de la Fed, Janet Yellen a tracé des orientations précises qui aboutiront le 1er octobre 2013 à l'arrêt total des injections de liquidité dans les circuits financiers et le débranchage des tuyaux qui ont maintenu le capitalisme sous assistance respiratoire depuis le krach de Lehman de 2008. L'opération s'effectuera progressivement à raison de 10 milliards de dollars par mois. Son constat est clair: la crise est derrière nous, l'économie va mieux, le système est à nouveau capable de générer de la croissance. Elle a convaincu Wall Street qu'il n'y a plus aucun danger, que le mur que l'on croyait devant nous n'est que pure imagination et qu'au lieu de freiner, il fallait au contraire appuyer sur l'accélérateur. Elle envisage même de faire remonter les taux directeurs dès le début 2015, un an plus tôt que ce qu'avait prévu son pédécesseur, mais en précisant qu'ils resteraient bas (bah, ils sont aujourd'hui proches de zéro).
L'exposé a été plutôt bien accueilli par les marchés. Le dollar index est repassé au dessus des 80 pts, faisant baisser l'euro à moins de 1,38 $ et l'or de 50 $. Le pétrole se négocie à nouveau au-dessus de 100 $ mais avec un écart qui s'est réduit entre les cours des deux références du marché. La légère remontéee du cuivre à plus de 6500 $ indique que la dégradation en Chine connaît une pause.
Le compte à rebours a donc commencé (55, 45, 35, 25...); impact prévu à l'automne... et krach en novembre ? c'est généralement la saison. Mais d'ici là, la crise des pays émergents va s'amplifier avec une accélération de la fuite des capitaux et de nouvelles dévaluations monétaires. Yellen a déjà fait savoir que cela ne l'affecterait pas. La Fed fait ralentir sa planche à billets, mais comme le Japon fait tourner plus vite la sienne (pour financer son budget !!), je pense qu'il faudra attendre le début de l'été avant que les premiers signaux d'alerte apparaissent réellement sur les marchés boursiers.

€/$: 1,3791 / $/¥: 102,27 / US $ index: 80,10
OR: 1336 $ / Cuivre: 6539,50 $ / Blé: 6,93 $ / Brut: 100,09 $, Brent: 106,92 $ (écart: 6,8 $)
Indice CRB (matières premières): 299,85 (- 3)
Indice Baltic (frêt cargo): 1599 (+ 4, + 37, + 52, + 51, - 22)
Marché obligataire (taux à 10 ans): J: 0,60 % / D: 1,63 % / PB: 1,84 % /
F: 2,16 % / CAN: 2,48 % / USA: 2,74 % / UK: 2,74 % / E: 3,35 % / I: 3,41 %


L'assistance respiratoire débranchée dans 6 mois…
Le M.A., 20/03/2014

Pour son premier comité de politique monétaire, la nouvelle patronne de la Fed, Janet Yellen, n'y est pas allée de main morte en annonçant que la crise était en passe d'être réglée. Selon elle, l'économie (américaine) repart ! Le système serait en assez bonne santé pour supporter le choc d'un arrêt total des injections. Yellen a même commencé à faire des projections en vue d'une remontée du taux directeur de la Réserve fédérale dès début 2015, au lieu du "pas avant 2016" de Bernanke. Les taux sont à moins de 0,25 % depuis le krach de Lehman de septembre 2008.

La "colombe" (c'est son surnom) est d'un optimisme effarant ! Je doute fort que les Bourses se maintiennent à la hauteur stratosphérique où elles sont montées sans que les marchés soient alimentées par l'argent gratuit de la Fed. Je ne vous dis pas non plus dans quel état seront les économies émergentes les plus fragiles dans 6 mois, délestées de leurs capitaux étrangers ! Yellen a dit il y a quelques jours que ce n'était pas son problème.

Voici donc le programme de réduction des doses tel qu'il est détaillé sur l'ordonnance:
1er avril: 55 milliards;
1er mai: 45 milliards;
1er juin: 35 milliards;
1er juillet: 25 milliards;
1er août: 15 milliards;
1er septembre: 5 milliards;
1er octobre: plus rien... le manque...;
novembre: l'attaque cardiaque ? le krach ?
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Re: [Eco]Le capitalisme en soins intensifs

Messagede Antigone le Dim 13 Avr 2014 11:49

13 avril 2014 - Le Nasdaq est passé vendredi sous les 4.000 points après avoir perdu 3 % en une semaine, plus de 7 % depuis son plus haut du 5 mars. Il a même vécu jeudi sa pire séance depuis novembre 2011. Les investisseurs s'interrogent sur le niveau aberrant de certaines valeurs technologiques qui ont jusque là profité de la surabondance de liquidités (+ 38 % pour le Nasdaq en 2013) alors qu'elles ne dégagent pas ou peu de bénéfice. Mais c'est surtout le carburant qui manque à présent pour, sinon propulser les indices, au moins les maintenir à leur hauteur. Or, depuis le début de l'année, la Fed a réduit ses injections de 85 à 55 milliards de dollars par mois. Dans ces conditions, il n'y a rien de plus normal que cette réduction du débit de la planche à billet s'accompagne d'une dégradation de l'état de santé du système. Certains titres technologiques survalorisés sont les premiers sur lesquels se reportent les inquiétudes à propos d'un probable resserrement des taux et du crédit. Ainsi Netflix et Twitter ont perdu 23 % en un mois, Facebook 15 %, Amazon 14 %, Yahoo 11 %. En revanche, d'autres valeurs qui ont un ancrage plus industriel comme Apple ou Microsoft ont tenu le choc. Mais les inquiétudes viennent surtout du secteur des biotechnologies (para-médical) dont les indices ont perdu pas loin de 20 % depuis le début du mois alors qu'on dénombre une quarantaine d'introductions en bourse à Paris ! Pour l'instant, on ne peut donc pas encore parler de "plongeon" mais seulement d'une correction assez significative. Cela suffit aux investisseurs pour reconsidérer leurs prises de risque et prendre leur bénéfice.
La mauvaise semaine du Nasdaq a été toutefois tempérée par le compte rendu publié en milieu de semaine de la réunion du Comité de politique monétaire de la Fed du mois de mars qui laisse entendre que le relèvement des taux n'interviendrait pas forcément 6 mois après la fin du QE. Encore cela suppose-t-il que le QE s'arrête un jour, car d'après ce que l'on constate aujourd'hui, si les indices piquent du nez alors que la planche à billet crache encore 55 milliards de dollars par mois, qu'est ce que ce sera dans quelque temps ?

€/$: 1,3880 / $/¥: 101,59 / US $ index: 79,49
OR: 1318 $ / Cuivre: 6686 $ / Blé: 6,60 $ / Brut: 103,92 $, Brent: 107,33 $ (écart: 3,4 $)
Indice CRB (matières premières): 310,16 (+ 6)
Indice Baltic (frêt cargo): 1002 ( ?, ? , ? , ? , - 27) - 203 pts. La dégringolade continue. [le graphique Bloomberg ne fonctionne pas]
Marché obligataire (taux à 10 ans): J: 0,61 % / D: 1,50 % / PB: 1,86 % /
F: 2,01 % / CAN: 2,39 % / USA: 2,61 % / UK: 2,61 % / E: 3,18 % / I: 3,21 %


Les fusions se multiplient, les petites bulles remontent
Le M.A., 09/04/2014

Les cours des actions sont au plus haut, les taux d'intérêt sont au plus bas. Si les cours sont au plus haut, ils pourraient ne pas le rester longtemps. Si les taux d'intérêt sont historiquement bas, ça pourrait changer bientôt... Les acteurs de marché ont bien compris que c'est le moment ou jamais d'en profiter avant que ce ne soit trop tard, d'utiliser le cash accumulé, d'introduire des valeurs en bourse ou de conclure des fusions-acquisitions. La stratégie est défensive. L'objectif est de consolider en prévision de la tempête.
Des fusions-acquisitions, il y en a partout actuellement en Europe; plus particulièrement dans les secteurs de l'informatique de service, de la téléphonie, des bio-technologies. Elles s'accompagneront, n'en doutons pas, de nouvelles restructurations et d'un paquet de licenciements...
Pendant ce temps à Wall Street, Facebook a perdu 20 % depuis ses dernières publications, et quelques valeurs phares du Nasdaq (Netflix, Pandora, Tesla, Twitter...) dont les cours ont flambé grâce à l'argent gratuit de la Fed sans avoir créé de bénéfice, ont connu de spectaculaires turbulences en fin de semaine dernière.
La mise en parallèle de ces deux tendances intriguent. On parle de la "fin d'un cycle haussier", d'un alignement des planètes semblable à ceux qui ont précédé le krach asiatique de 1997, l'éclatement de la bulle internet en 2000, la crise des subprimes de 2007-2008, la tourmente boursière de l'été 2011. Il y a quelques jours on a introduit le jeu débile Candy crunch à la hauteur de la valorisation de Peugeot PSA. De telles aberrations sont en général rapidement corrigées, surtout quand il n'y a pas de croissance.
Une multitude de petites bulles sont en train de remonter, et elles éclateront une fois arrivées à la surface. L'éclatement de toutes ces bulles entrainera-t-elle un séisme plus important ? C'est là la question.


6 avril 2014 - Le 2e trimestre est parti pour être celui de la BCE. Jeudi, lors de sa conférence de presse, Mario Draghi était dans la position d'un joueur d'échecs pris dans un étau. L'inflation ralentit. Le temps presse. On le somme de jouer quelque chose, mais il n'y a pas de solution satisfaisante. Impossible d'agir sur les taux d'intérêt, ils sont presque à zéro. Le rachat de titres (QE) a échoué partout où l'expérience a été tentée. De toute façon, la croissance quasi-nulle en zone euro n'incitera pas les banques à prêter à l'économie réelle. Les politiques d'austérité budgétaire et de compétitivité exacerbée à l'intérieur même de la zone euro ne font qu'amplifier la tendance à la déflation. Enfin, un afflux de liquidités ne manquerait pas de faire grossir jusqu'à l'éclatement les bulles immobilières.
Les investisseurs attendent le QE. Ils savent que c'est ce que font toutes les banques centrales quand elles ne savent plus comment s'en sortir. Alors ils l'anticipent. L'euro est descendu à 1,37 $. Les fusions acquisitions se multiplient. Les marchés européens résonnent déjà du doux ronronnement de la planche à billet. Le CAC s'approche les 4500 points et les experts le voient dans pas longtemps toucher les 5000 ! Plus ça va mal et plus les salles de marché sont euphoriques. Dernière mauvaise nouvelle: les 50 à 60 milliards que la France doit trouver pour réduire son déficit public à 3 %... et tomber en récession. Valls va s'y coller. Le printemps s'annonce chaud, pas seulement pour le climat.

€/$: 1,3701 / $/¥: 103,22 / US $ index: 80,44
OR: 1297,25 $ / Cuivre: 6677 $ / Blé: 6,69 $ / Brut: 101,29 $, Brent: 106,72 $ (écart: 5,4 $)
Indice CRB (matières premières): 304,50
Indice Baltic (frêt cargo): 1205 (- 11, - 46, - 43, - 38, - 20) Les cargos ont déchargé dans les ports chinois. La situation redevient normale. L'indice va bientôt atterrir sous les 1200 points, ce qui est très faible.
Marché obligataire (taux à 10 ans): J: 0,64 % / D: 1,55 % / PB: 1,87 % /
F: 2,03 % / CAN: 2,49 % / USA: 2,73 % / UK: 2,68 % / E: 3,15 % / I: 3,17 %
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Re: [Eco]Le capitalisme en soins intensifs

Messagede Antigone le Sam 10 Mai 2014 10:37

11 mai 2014 - Les marchés attendaient jeudi l'intervention de Mario Draghi. Ils lui avaient mis la pression, juste avant la conférence de presse, en faisant monter l'euro à la limite du seuil de 1,40 $. Finalement Draghi a rassuré tout le monde en déclarant que la BCE était "prête" à agir dès le mois prochain. Unanime, le Conseil des gouverneurs s'est dit résolu à utiliser « tous les instruments non conventionnels rentrant dans le champ de son mandat pour faire face efficacement aux risques d'une période trop prolongée de basse inflation ». Aussitôt, l'euro s'est mis à baisser, le dollar à monter, les bourses également (l'odeur de l'argent frais sorti d'une planche à billet les rend euphoriques) et la spéculation s'est dissipée avec un resserrement à 7 $ entre les deux références pétrolières.
L'autre événement de la semaine (mais c'est la continuation du mouvement des semaines précédentes), c'est le grossissement de la bulle obligataire. Après l'Espagne, c'est au tour de l'Italie de voir ses taux à 10 ans passer sous la barre des 3 %. Toutefois si l'euro continuait à baisser ces prochains jours, en anticipation des annonces de la BCE du mois de juin, les taux des pays de la zone euro pourraient remonter. Attention aussi à une remontée du dollar qui ne ferait pas l'affaire des économies émergentes. Son spectaculaire rebond depuis mercredi est suivi avec inquiétude en Russie, en Turquie, en Afrique du sud, en Indonésie...
J'en ai oublié l'environnement catastrophique global. Le montant des fusions-acquisitions sur les 4 premiers mois de l'année s'élevait à 1.000 milliards de dollars; celles qui défraient l'actualité et qui sont en cours de négociations (Alstom, Alcatel pour ne parler que des françaises) n'étant pas prises en compte. C'est du jamais vu depuis 2007, et c'est en général prémonitoire d'un séisme de grande ampleur. Les conditions sont réunies: des bulles un peu partout prêtes à éclater, des marchés au zénith alors que l'activité économique est à l'arrêt, des chiffres d'affaires d'un nombre de plus en plus important de grosses entreprises dans le rouge et un Baltic qui patauge sur les 1000 points, niveau très médiocre. Quand, après ça, Hollande déclare que "le retournement économique arrive", on comprend que tout le monde éclate de rire...

€/$: 1,3751 / $/¥: 101,86 / US $ index: 79,90 Le dollar était mardi à 79,09.
OR: 1291,25 $ / Cuivre: 6770 $ / Blé: 7,14 $ / Brut: 100,71 $, Brent: 107,89 $ (écart: 7,2 $)
Indice CRB (matières premières): 305,60 (- 2)
Indice Baltic (fret cargo): 997 (- , + 5, 0 , - 14, - 11) Les cargos attendent les commandes qui ne viennent pas.
Marché obligataire (taux à 10 ans): J: 0,60 % / D: 1,45 % / PB: 1,77 % /
F: 1,89 % / CAN: % / UK: 2,68 % / USA: 2,62 % / E: 2,91 % / I: 2,95 %


4 mai 2014 - Il y a de l'argent à ne savoir qu'en faire. L'argent abonde dans la trésorerie des entreprises qui n'ont pas investi. La montagne de cash accumulé, que les entreprises américaines ont placée à l'abri des appétits fiscaux, se monterait à 2.000 milliards de dollars. Les sommes mises sur la table pour les fusions-acquisitions sont particulièrement importantes dans le secteur pharmaceutique: 300 milliards de dollars. L'OPA à plus de 100 milliards de Pfizer sur AstraZeneca, si elle se concrétisait serait la plus grosse fusion jamais réalisée dans ce secteur. La fin de cycle se confirme. Faute de croissance conjoncturelle, les mastodontes sont à l'affut d'opportunités prédatrices pour continuer à croître et rentabiliser leurs activités (> restructurations, délocalisations, etc.).
L'argent abonde et les hedge-funds s'en donnent à cœur sur le marché de la dette. Les taux à 10 ans espagnols sont descendus sous les 3 % pour la première fois depuis 2005. L'Irlande emprunte à 2,75 %; le Portugal qui a été autorisé à sortir de son programme d'assistance financière peut se refinancer à 3,60 %; la Roumanie et la Slovénie à moins de 5 % et la Grèce à un peu plus de 6 % alors sa dette est pire que ce qu'elle était quand ses taux flambaient à plus de 30 % ! La bulle des emprunts gonfle alors que tout le monde s'attendait à ce qu'elle dégonfle avec la réduction du programme de rachat de la Fed: 45 milliards de dollars depuis le 1er mai.
L'argent abonde aussi sur les marchés alors que la croissance est partout à l'arrêt (UE, Chine, Russie, Brésil...). Pour le 1er trimestre 2014, le PIB des Etats-Unis a connu, avec + 0,1 % en rythme annualisé, sa plus faible croissance depuis le 4e trimestre 2012. Les analystes attribuent ce ralentissement brutal aux conditions météorologiques particulièrement rudes cet hiver. Que diront-ils cet été si les températures dépassent 40° ? En tout cas, il n'y a pas de quoi déprimer les marchés. Mercredi, le Dow Jones a battu un nouveau record à 16.580 points.
L'argent abonde et alimente la spéculation malgré les vents contraires. Le pétrole a trouvé le moyen de monter en début de semaine alors que les chiffres de croissance pour 1er trimestre étaient mauvais et les prévisions pas plus encourageantes. Il s'est même mis à monter alors qu'on annonçait une progression des exportations libyennes ! Les graphiques enregistrent de plus en plus de dents de scie inexpliquées. L'écart Brent/WTI à 9 $ indique l'orientation spéculative qui prévaut sur les marchés.

€/$: 1,3869 / $/¥: 102,19 / US $ index: 79,51
OR: 1285 $ / Cuivre: 6699 $ / Blé: 7,07 $ / Brut: 99,69 $, Brent: 108,59 $ (écart: 8,9 $)
Indice CRB (matières premières): 307,47 (- 4)
Indice Baltic (fret cargo): 1017 (- 6, - 12, - 6, + 50, + 24) Pas d'explication sur le + 50 du 1er mai.
Marché obligataire (taux à 10 ans): J: 0,61 % / D: 1,45 % / PB: 1,77 % /
F: 1,92 % / CAN: 2,35 % / UK: 2,64 % / USA: 2,58 % / E: 2,97 % / I: 3,04 %


27 avril 2014 - L'attentisme domine les marchés avant les décisions concernant un QE avoué ou non que la BCE pourrait annoncer, dit-on, au mois de juin. Un attentisme que les hedge funds mettent à profit actuellement en provoquant des écarts, en sur-souscrivant les adjudications des économies périphériques, en spéculant de plus belle. Ainsi les taux obligataires des pays de la zone euro continuent de baisser vers un plus bas qu'on n'avait pas vu depuis mai 2013; ainsi l'écart Brent/WTI est passé cette semaine de 5,5 à presque 9 %. L'élastique se tend. On nous dit que c'est à cause des tensions en Ukraine. Ben voyons ! Avant c'était l'Iran !... C'est le même argument qu'on nous ressort chaque fois qu'une activité spéculative inhabituelle est observée. En réalité les marchés sont arrivés au bout d'un cycle de valorisation. Il y a du cash à foison puisque l'investissement a été délaissé. La multiplication des OPA (AstraZeneca/Pfizer, Alstom/GE ou Siemens, etc.) et des introductions en bourse dans le secteur des nouvelles technologies en est la preuve. Les marchés prennent de la hauteur avant d'aborder le virage qui se rapproche à l'horizon. Il faut reconnaître néanmoins qu'une récession en Russie ne serait pas sans répercussion en Europe et en Asie, tant les économies sont imbriquées.

€/$: 1,3832 / $/¥: 102,11 / US $ index: 79,76
OR: 1301,25 $ / Cuivre: 6785,50 $ / Blé: 7,00 $ / Brut: 100,81 $, Brent: 109,58 $ (écart: 8,8 $)
Indice CRB (matières premières): 311,03 (stable)
Indice Baltic (fret cargo): 967 (- , + 9, +17 , +6 , + 5) Peu de rebond. Confirmation du niveau de l'indice sous les 1000 points.
Marché obligataire (taux à 10 ans): J: 0,62 % / D: 1,48 % / PB: 1,81 % /
F: 1,97 % / CAN: 2,42 % / UK: 2,64 % / USA: 2,66 % / E: 3,06 % / I: 3,10 %


20 avril 2014 - Aucune déclaration n'est venue cette semaine semer le trouble sur les marchés. Mardi, les mouvements massifs de rachat des hedge funds ont interrompu la spirale de la chute de fin mars - début avril. Le Nasdaq est repassé au-dessus des 4.000, les indices de Wall Street ont retrouvé leurs niveaux. Il faut désormais s'attendre à ce genre de turbulences en fin de mois, juste avant la réduction de 10 milliards des doses de morphine par la Fed.
La situation n'a pas trop bougé mais les fondamentaux restent très mauvais, notamment sur deux points. 1/ Après avoir été faussé pendant 6 mois par les opérations de restockage de la Chine, l'indice Baltic du fret maritime est retombé sous les 1.000 points, touchant son plus bas depuis juin 2013. Les courtiers de Baemar Seascope rapportaient que le marché des produits pétroliers est "mortellement calme", ce qui "n'est pas de bon augure pour la suite, avec un tonnage abondant à la fois pour les routes du Golfe vers l'est et vers l'ouest". Autant dire que les perspectives de croissance pour l'année qui ont été réévaluées ces derniers jours par les organismes internationaux ne tiendront pas le choc. 2/ Les taux d'emprunt baissent, les plaçant en contradiction avec les discours de reprise. La France emprunte à nouveau à moins de 2 % et l'écart entre les taux américains et espagnols s'est réduit à... une trentaine de points ! La persistance d'une telle anomalie ne pourra pas tenir longtemps. Les regards se tournent à présent vers la France qui s'est lancée dans une politique de réduction des dépenses publiques qui va faire mal.

€/$: 1,3810 / $/¥: 102,38 / US $ index: 79,87
OR: 1299 $ / Cuivre: 6631 $ / Blé: 6,91 $ / Brut: 104,37 $, Brent: 109,76 $ (écart: 5,4 $)
Indice CRB (matières premières): 310,99 (+ 1)
Indice Baltic (fret cargo): 930 (- 13, - 19, - 34, - 6, - )
Marché obligataire (taux à 10 ans): J: 0,60 % / D: 1,51 % / PB: 1,84 % /
F: 1,98 % / B: 2,12 % / CAN: 2,44 % / UK: 2,66 % / USA: 2,72 % / E: 3,08 % / I: 3,12 %
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Re: [Eco]Le capitalisme en soins intensifs

Messagede Antigone le Lun 26 Mai 2014 18:23

25 mai 2014 - C'est le désert des Tartares. Il ne s'est rien passé cette semaine. Les volumes d'échange sont faibles. De temps en temps, quelques acteurs de marché tentent de prendre leur bénéfice et esquissent un mouvement de vente mais il n'est pas suivi et tout est racheté en fin de séance. Tous attendent de connaître la teneur des décisions qui seront annoncées par la BCE début juin. Cette attente favorise l'anticipation plutôt qu'une spéculation agressive. Dans l'ensemble les tendances sont inchangées depuis la semaine dernière; et la semaine qui vient ne devrait pas être différente de celle-ci.
L'euro descend, se rapproche de 1,36 $. Le dollar index monte et décolle au-dessus des 80 pts. Cette évolution trouve son prolongement dans une petite remontée des taux, la première depuis la seconde quinzaine de mars. Les matières premières sont toujours aussi chères bien que l'indice Baltic continue d'osciller autour de la ligne des 1000 pts. Les perspectives de croissance pour la fin de l'année dans les pays émergents commencent à être révisées à la baisse.

€/$: 1,3627 / $/¥: 101,95 / US $ index: 80,37
OR: 1291,50 $ / Cuivre: 6991 $ / Blé: 6,52 $ / Brut: 104,34 $, Brent: 110,54 $ (écart: 6,2 $)
Indice CRB (matières premières): 308,04 (+ 2)
Indice Baltic (fret cargo): 964 (- 4, - 12, - 22, - 22, - 2) Je n'avais pas compris pourquoi l'indice avait pris 74 pts sur les deux premiers jours de mai. L'explication vient d'une modification intervenue le 2 mai du type de navires et des routes pris en compte pour le calcul de l'indice spécifique à la catégorie des cargos géants, les "Capesize". On ne m'avertit jamais !
Marché obligataire (taux à 10 ans): J: 0,59 % / D: 1,36 % / PB: 1,68 % /
F: 1,82 % / CAN: 2,33 % / UK: 2,64 % / USA: 2,55 % / E: 2,99 % / I: 3,25 %


18 mai 2014 - Les statistiques médiocres de croissance en zone euro pour le 1er trimestre ont un peu douché les esprits jeudi, provoquant une certaine aversion au risque favorable aux valeurs refuge. Les taux d'emprunt des pays centraux (ou "corps") ont baissé d'une dizaine de points, approchant, pour l'Allemagne et la France, leurs plus bas historiques de l'an passé, alors que les taux des Etats périphériques remontaient, surtout l'Italie, faisant passer l'euro sous la barre de 1,37 $ et le dollar index au-dessus des 80 points.
Les supputations vont bon train sur les mesures que prendrait la BCE lors de sa prochaine réunion monétaire du mois de juin (le 5 je crois): un nouveau programme de prêts à plus long terme (LTRO) ? un programme d'achats obligataires illimités (OMT) ? une baisse des taux directeurs qui ferait passer le taux de dépôt en négatif ? Aucune de ces options ne s'impose aux autres parce qu'aucune n'est efficace et n'aura le moindre effet. En attendant une décision qui ne changera rien sur l'essentiel, c'est l'attentisme... Tic-tac-tic-tac... Le 1er juin, la Fed réduira la dose de morphine à 35 milliards de dollars. Attention aux spasmes !

€/$: 1,3693 / $/¥: 101,52 / US $ index: 80,05
OR: 1291,50 $ / Cuivre: 6950 $ / Blé: 6,74 $ / Brut: 102,09 $, Brent: 109,75 $ (écart: 7,7 $)
Indice CRB (matières premières): 306,51 (+ 1)
Indice Baltic (fret cargo): 1027 (- 10, - 5, + 20, + 19, + 6)
Marché obligataire (taux à 10 ans): J: 0,59 % / D: 1,34 % / PB: 1,65 % /
F: 1,79 % / CAN: 2,26 % / UK: 2,56 % / USA: 2,50 % / E: 2,96 % / I: 3,17 %
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Re: [Eco]Le capitalisme en soins intensifs

Messagede Antigone le Dim 8 Juin 2014 11:54

8 juin 2014 - Draghi a parlé... et rien n'a changé. Le verbe n'a rien résolu. Je trouve symptomatique que la mesure la plus commentée dans la presse ne soit pas le LTRO de 400 milliards sur 4 ans vaguement conditionné à des aides aux entreprises, mais le passage du taux de dépôt en territoire négatif. Désormais les banques qui disposent d'un excédent de trésorerie, qui se montrent "réticentes" à financer l'économie réelle et qui ne veulent pas prêter aux concurrentes, paieront pour placer leurs surplus dans les coffres de la BCE. La BCE croit les contraindre ? Il n'en sera rien. Plutôt que de payer 0,1 %, elles vont rechercher des placements plus intéressants et plus risqués, notamment dans l'immobilier où les taux bas font flamber les prix, ou du côté des dettes des Etats périphériques qui leur promettent des rendements de 3 %. Elles n'ont pas attendu Draghi pour se jeter sur les titres obligataires italiens, espagnols, portugais dont les taux ont chuté ces derniers mois, provoquant une énorme bulle.
Draghi cherche à faire croire que le problème viendrait de l'offre de crédit. Alors il ouvre grand les vannes, met à disposition des prêts illimités. Il ne peut pas faire plus: l'argent est gratuit, les leviers au taquet. Il espère le miracle, le retour d'un peu d'inflation, de 1 à 1,5 % pour 2015, 2016... mais avec quelle croissance ? Elle est à zéro, tout comme la demande de crédit. Or pas d'emprunt, pas d'investissement, et sans investissement, pas de croissance. La dépression déflationniste s'installe durablement, l'économie se meurt alors que les liquidités abondent.
Sur les marchés, on ne spécule même plus, on achète les yeux fermés. Wall Street a battu de nouveaux records. Le Dow Jones, à 16.924, fonce vers les 17.000 points, tandis que le S&P500, à 1949, voit s'approcher la barre des 2000 points. Les indices sont hors de contrôle. C'est de la pure folie mais qui s'en préoccupe ? Vendredi, le Département américain du Travail a sorti une statistique qui fait croire que l'économie américaine a recréé la totalité des emplois perdus pendant la récession ! Et le pire, c'est que tous les acteurs de marché le croient !... Evidemment, en lisant certaines revues, des voix discordantes lancent des appels à la raison, des avertissements au sujet des flux d'investissement, de la multiplication des bulles et des déséquilibres qui en résultent à l'image d'une société de plus en plus inégalitaire. Mais la machine est emballée. Plus rien ne pourra l'arrêter. Plus rien, sauf l'impact. Boum !

€/$: 1,3641 / $/¥: 102,49 / US $ index: 80,43
OR: 1247,50 $ / Cuivre: 6660,50 $ / Blé: 6,18 $ / Brut: 102,61 $, Brent: 108,61 $ (écart: 6 $) La montée au ciel des cours relègue les stratégies spéculatives au second plan.
Indice CRB (matières premières): 304,33 (- 1)
Indice Baltic (fret cargo): 989 (0 , + 14, + 11, + 18, + 12) Le yoyo entre 950 et 1050.
Marché obligataire (taux à 10 ans): J: 0,60 % / D: 1,42 % / PB: 1,67 % /
F: 1,80 % / CAN: 2,33 % / UK: 2,68 % / USA: 2,58 % / E: 2,83 % / I: 3,05 % Il n' y a que 25 points de base d'écart entre les taux américains et espagnols !


Draghi dégaine le bazooka à bouchon...
Le M.A. , 05/06/2014

Le discours de Draghi au siège de la BCE a eu une traduction immédiate sur le marché des changes. Juste avant 14h, l'euro s'échangeait à 1,3603 $, stable depuis la veille. Tout de suite après 14h, les premières annonces hyper téléphonées sur les baisses de taux ont fait descendre l'euro à 1,3540 $. Lorsque Draghi a fait son apparition à 14h30 précises, l'euro était légèrement remonté à 1,3570 $. Mais quelques minutes plus tard, quand Draghi a commencé à annoncer les 2 LTRO d'un montant global de 400 milliards, l'euro est tombé à 1,3510 $. De la liquidité, ils aiment ça !... Est-ce que ça allait être l'amorce d'un mouvement de grande ampleur ? Non. L'euphorie est restée en plan, avant de se dissiper.

Les explications de Draghi n'ont pas été franchement convaincantes, surtout quand il a reconnu que l'inflation resterait basse plus longtemps qu'envisagé et que les mesures annoncées étaient le maximum de ce qu'il pouvait faire, qu'il ne pourra plus aller plus loin puisque désormais les leviers sont à zéro... Alors, l'euro s'est mis à remonter vers 1,36 $. A 16h il avait pratiquement tout effacé. Finalement, après un pic à 1,3624, il a terminé à 1,3618 $ à la clôture à Paris, plus haut que son niveau de ce matin. Si le but de ces annonces était de faire baisser l'euro de manière significative, on peut dire que l'opération de communication de Draghi a été un échec.
- La baisse des taux directeurs de 0,25 % à 0,15 %, c'est ridicule; c'est un aveu d'impuissance.
- Le taux de dépôt négatif à - 0,1 % sera sans effet. Certains commentateurs laissaient même entendre que les banques allaient en faire reporter le coût sur les titulaires de compte. De toute façon, le montant de ces dépôts ne faisaient que décroître ces derniers mois. Cette mesure va juste encourager les banques à rechercher des placements plus rémunérateurs et plus risqués.
- Les LTRO conditionnés à une aide à l'économie réelle, c'est du pipeau, chacun le sait. La croissance zéro n'incite pas les banques à prêter. Le crédit dépend des investissements or ceux-ci sont au point mort. Draghi semblait ne pas y croire non plus. Il a d'ailleurs précisé d'un air résigné que les montants empruntés avec une maturité de 4 ans pourraient commencer à étre remboursés au bout de 2 ans.

Evidemment, de nombreuses questions lui ont été posées à propos des rachats de titres. Les journalistes présents auraient même pu se lever sur leur chaise et crier en chœur "le QE ! le QE ! le QE !"... Mais il n'y a pas de QE dans les tuyaux. Draghi est resté dans le flou au sujet d'un programme de rachat de titres adossés à des prêts (ABS). Il a juste confirmé qu'il s'y préparait mais sans en dire plus. Super Mario a perdu de sa superbe. Les marchés européens ont salué les annonces poliment, sans excès, + 1 % dans l'ensemble. Demain, après une nuit de sommeil, ils vont comprendre que leur schmilblic n'a pas avancé, au contraire. L'euro va remonter. A New York, la parité €/$ s'affichait ce soir à 20h à 1,3660...


1er juin 2014 - Rien de nouveau. Tout est pire. On a appris (par exemple) que le PIB des USA pour le 1er trimestre ne s'était pas contracté à + 0,1 % comme le département américain du Commerce l'avait annoncé début mai, mais de... - 1 % ! Une petite erreur de calcul ! C'est la première fois depuis le 1er trimestre 2011 que l'économie américaine recule, et surtout à ce point. Les économistes ne se démontent pas. Ils ont une explication toute trouvée: la vague de froid polaire qui a sévi sur le nord du pays au mois de janvier. Pourtant ce n'est pas la première fois qu'il fait très froid en hiver à Chicago ou dans le Minnesota et, les autres années, la croissance n'avait pas été autant affectée. Ils ont aussi des explications techniques: la chute des dépenses d'investissement et des exportations, le fait que les industriels auraient puisé dans leurs stocks au lieu de produire des biens correspondant à la demande, des phénomènes temporaires selon eux, consécutifs au froid. Ils ne commenteront pas le recul persistant des dépenses des collectivités locales, véritable thermomètre de l'activité économique du pays. Cela ne saurait atteindre leur bel optimisme. Ils s'attendent à un fort rebond de + 3 % pour le 2e trimestre ! Yellen l'a prévu, Yellen le fera...
Bien entendu, ces mauvaises nouvelles n'ont eu AUCUN impact sur Wall Street, au contraire. L'indice large, le S&P500, a battu plusieurs records pour terminer la semaine à 1923 pts. Les mauvaises chiffres, les statistiques décevantes s'accumulent, mais on a l'impression rien ne peut freiner l'envolée des indices.
En Europe, le monde financier attend l'apparition de Mario Draghi à Francfort, jeudi prochain. Investisseurs, économistes, grands patrons, tous attendent cet événement depuis des semaines. Ils ne se contenteront pas de belles paroles et d'une petite baisse des taux. Non, ils espèrent des mesures fortes. Ils veulent que la planche à billet tourne et crache des milliards d'euros. Alors, si vous n'avez rien à faire jeudi vers 14h, "amusez"-vous à observer au même moment la cotation de l'euro par rapport au dollar. Vous verrez, c'est assez spectaculaire. J'avais regardé une fois un discours d'Obama sur CNBC avec l'évolution du Dow Jones en surimpression qui était passée du vert au rouge. Si les investisseurs ne sont pas contents, ils feront remonter l'euro de 1,36 $... à 1,37..., 1,38..., 1,39. Au-delà de 1,40 $, on pourra dire qu'ils seront très, très, très en colère.

€/$: 1,3629 / $/¥: 101,76 / US $ index: 80,40
OR: 1250,50 $ / Cuivre: 6970 $ / Blé: 6,32 $ / Brut: 102,71 $, Brent: 109,97 $ (écart: 7,2 $)
Indice CRB (matières premières): 305,53 (- 3)
Indice Baltic (fret cargo): 934 (+ 11, - 15, - 10, - 10, - 6) Ça baisse doucement.
Marché obligataire (taux à 10 ans): J: 0,58 % / D: 1,36 % / PB: 1,64 % /
F: 1,77 % / CAN: 2,25 % / UK: 2,57 % / USA: 2,46 % / E: 2,86 % / I: 3,07 %
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