Egypte, Soudan

Re: Egypte, Soudan

Messagede JPD le Dim 27 Jan 2013 21:23

merci !!!!!
JPD
 
Messages: 369
Inscription: Jeu 30 Avr 2009 05:20

Re: Egypte, Soudan

Messagede pit le Mar 19 Fév 2013 12:52

Appel collectif à rassemblement de soutien à Paris le 24 février

Halte à la répression en Egypte ! Soutien avec le mouvement socialiste libertaire ! Soutien au peuple égyptien

Rassemblement le Dimanche 24 Février 2012 à 15h, Place du Trocadéro à Paris (M° Trocadéro)

Dimanche 21 janvier dernier, plusieurs militants politiques ont été arrêtés après les émeutes provoquées par la police devant le tribunal d’Alexandrie. Parmi eux, on trouve quatre membres du Mouvement Socialiste Libertaire, un militant membre de l’organisation Socialistes Révolutionnaires (trotskyste) et 16 autres sans affiliation. Tous sont des activistes qui se battent contre le régime réactionnaire issu des Frères musulmans. Après le 21 janvier les inculpés ont été emprisonnés abusivement pendant une vingtaine de jours. Aujourd’hui, ils sont libérés sous caution, sauf le militant trotskyste et ils attendent tous encore leur jugement.

Cet emprisonnement n’est pas le fruit du hasard : Ces militants sont très impliqués dans les mobilisations syndicales, celles de quartiers et ils sont de farouches opposants aux Frères musulmans. Cela se passe dans un contexte où depuis quelques mois, les forces de police font preuve d’une grande sauvagerie contre les manifestantes et les manifestants. De plus toutes les militantes et les militants politiques sont suivi-e-s, reçoivent des menaces anonymes et sont harcelé-e-s. Preuve en est, la rafle contre des militants politiques qui diffusaient des tracts dans les rues d‘Alexandrie quelques jours seulement après les faits du 21 janvier.

L’accession au pouvoir des Frères musulmans, après la chute de Moubarak, n’amène pas le vent de changement comme auraient pu le penser celles et ceux qui croyaient qu’après Moubarak tout irait bien. Le gouvernement islamiste fait preuve d’un absolutisme paranoïaque, sous le regard bienveillant de l’armée. Son projet politique est la liquidation de toute opposition politique, en commençant par les éléments les plus radicaux, d’autant que ce travail est facilité par le silence des associations de défense des droits de l’homme et par celui des partis de l’opposition.

Étant donné le contexte social explosif et la contestation qui se renforce et se radicalise dans la population, le gouvernement des Frères musulmans fait de son mieux pour que la répression et les exactions qui en découlent soient traitées dans l’ombre afin que les grandes puissances de l’Union européenne ne le marginalisent pas encore plus.

Le président Morsi mène une politique tyrannique et dictatoriale et prétend être légitime pour agir ainsi alors que seul-e-s un peu plus de 25% de Egyptien-ne-s ont voté pour lui lors de l’élection présidentielle égyptienne marquée par près de 50% d’abstention. Aussi nous soutenons la jeunesse et les travailleurs-ses égyptien-ne-s qui se dressent chaque jours plus nombreux-ses contre ce régime obscurantiste, réactionnaire et au service des intérêts de la bourgeoisie égyptienne.

Nous condamnons les arrestations et tortures que subissent les opposant-e-s au régime de Morsi. Nous exigeons leur libération immédiate et sans conditions des 21 prévenu-e-s d’Alexandrie, ainsi que celle de tous les prisonnier-e-s politiques détenues dans les geôles égyptiennes.

Pour la libération immédiate et pour l’arrêt des poursuites contre tou-te-s les prisonnier-e-s politiques en Égypte !

Premiers signataires : Alternative libertaire, Coordination des groupes anarchistes, Désobéissance (Tunisie), Fédération anarchiste,
http://www.alternativelibertaire.org/sp ... rticle5200
"Tu peux voter, pétitionner, débattre à la télé, ou gamberger sans te bouger, mais...C’est dans la rue qu'çà s'passe"
Avatar de l’utilisateur
pit
 
Messages: 3975
Inscription: Lun 21 Déc 2009 16:33

Re: Egypte, Soudan

Messagede pit le Jeu 21 Fév 2013 01:17

Affiche

Image
"Tu peux voter, pétitionner, débattre à la télé, ou gamberger sans te bouger, mais...C’est dans la rue qu'çà s'passe"
Avatar de l’utilisateur
pit
 
Messages: 3975
Inscription: Lun 21 Déc 2009 16:33

Re: Egypte, Soudan

Messagede pit le Jeu 28 Fév 2013 15:24

vidéos AL et FA







Celle d'AL, en version arabe

"Tu peux voter, pétitionner, débattre à la télé, ou gamberger sans te bouger, mais...C’est dans la rue qu'çà s'passe"
Avatar de l’utilisateur
pit
 
Messages: 3975
Inscription: Lun 21 Déc 2009 16:33

Re: Egypte, Soudan

Messagede pit le Sam 2 Mar 2013 02:43

Egypte, soutien au peuple égyptien, halte à la répression.
Webvidéo AL

Deux ans après la révolution, Mohamed Morsi et les frères musulmans tiennent les rênes du gouvernement. Les attentes de la population n'ont pas étaient remplies, la nouvelle constitution est trop ambigüe pour ne pas être inquiétante. Les Égyptiens sont de nouveaux dans la rue, cette fois encore, la répression touche nos camarades révolutionnaires.
Le gouvernement islamiste fait preuve d'un absolutisme paranoïaque, sous le regard bienveillant de l'armée. Son projet politique est la liquidation de toute opposition, en commençant par les éléments les plus radicaux, d'autant que ce travail est facilité par le silence des associations de défense des droits de l'homme et par celui des partis de l'opposition. Malgré tout, la contestation sociale se poursuit, et nos camarades ne baissent pas les bras.

Nous condamnons les arrestations et tortures que subissent les opposant-e-s au régime de Morsi. Nous exigeons la libération immédiate et sans conditions des 21 prévenu-e-s d'Alexandrie, ainsi que celle de toutes et tous les prisonniers politiques détenus dans les geôles égyptiennes.




Image
"Tu peux voter, pétitionner, débattre à la télé, ou gamberger sans te bouger, mais...C’est dans la rue qu'çà s'passe"
Avatar de l’utilisateur
pit
 
Messages: 3975
Inscription: Lun 21 Déc 2009 16:33

Re: Egypte, Soudan

Messagede pit le Ven 12 Avr 2013 01:07

Article en ligne du mensuel Alternative Libertaire d'avril

Egypte : Résistance au cirque pseudo-révolutionnaire

Quelle est la situation en Égypte ? La scène sociale et politique y est largement dépolitisée. Analyse par un militant du Mouvement socialiste libertaire.

La spécificité du Parti national, qui a tenu le pouvoir tout au long de l’ère Moubarak, est qu’au contraire du Parti Baas en Syrie, il n’a pas adopté la stratégie totalitaire d’idéologisation et de mise au pas de toute la société. Cela ne signifie pas que le Parti national d’Égypte est plus démocratique, mais qu’il affiche une ambition de désidéologiser la société. Ceci est en partie tiré de l’échec du régime nassérien à faire de l’organisation des jeunes socialistes une école qui produirait les cadres du parti au pouvoir. En effet, cette organisation est rapidement devenue indépendante. Cette autonomie a poussé le parti de Nasser à la détruire, et à liquider les membres les plus farouchement opposés au régime.

Dans ce climat, l’apparition des ONG dans le champ social, depuis le début des années 1990, a favorisé le rejet de toute idéologie politique, voire même du politique. Beaucoup de membres de partis ont quitté le champ politique pour se tourner vers un cadre d’action plus légal et confortable, d’autant qu’un grand nombre d’ONG sont sous la bienveillance de l’Occident, avec des budgets conséquents.

Le conflit politique dans le monde des Schtroumpfs

Cette désidéologisation de la société a favorisé l’apparition de collectifs comme le mouvement Kifaya, qui est dénué de tout projet de société et n’arrive pas à dépasser l’expression du ras-le-bol vis-à-vis du pouvoir de Moubarak. Les mutations de ces courants ont engendré le Mouvement du 6 avril, dont le slogan sur « le changement » sonne aussi faux que celui du pouvoir.

Cette situation a influencé la contestation sociale et politique, laquelle a conduit à la chute de Moubarak en février 2011. L’apparition des Ultras (supporters de foot) comme force importante dans la scène contestataire en est le reflet. Les Ultras, par leur discipline et leurs tactiques bien rodées contre les forces de polices, ont su apporter du dynamisme et de l’efficacité lors des combats de rue. Mais un projet politique ne peut baser son orientation sur des émeutes. Il faut signaler par ailleurs l’autoritarisme et la misogynie qui règne chez les Ultras, qui regroupent des petits chefs de bande. La porte était alors grande ouverte à toutes les récupérations.

Faire de la politique en dehors des sentiers battus

Notre projet, en tant que libertaires, est d’apporter une pensée qui se veut l’investissement par la classe populaire du champ politique à tous les niveaux, en mettant au centre la lutte des classes et l’anti-autoritarisme.

Pour y parvenir nous organisons des réunions publiques dans les quartiers populaires, ainsi que des cercles de réflexion spontanées dans les rues d’Alexandrie. Notre dernière campagne s’intitule « brûlons leur Constitution » et vise à montrer que la Constitution égyptienne ne sert que les intérêts de la classe dominante. Cette initiative a eu un écho favorable, notamment du fait que le contenu de la Constitution n’est connu que par les experts en droit ou certains politiques.

Nos prochaines compagnes porteront sur notre projet. Ceci permettra de donner une réponse à la question qui se pose partout en Égypte : quelle est l’alternative ? Nous réaliserons notamment une campagne sur le syndicalisme et nous poserons l’idée de l’autogestion comme alternative au travail exploité.

Yasser Abdelkawy (Mouvement socialiste libertaire-Egypte) traduit de l’arabe par MarouaneTaharouri (AL Paris-Nord-Est )
http://www.alternativelibertaire.org/sp ... rticle5285
"Tu peux voter, pétitionner, débattre à la télé, ou gamberger sans te bouger, mais...C’est dans la rue qu'çà s'passe"
Avatar de l’utilisateur
pit
 
Messages: 3975
Inscription: Lun 21 Déc 2009 16:33

Re: Egypte, Soudan

Messagede Antigone le Lun 1 Juil 2013 22:25

L'armée adresse un ultimatum à Morsi: 48 heures chrono
(Le M.A., 01/07/2013)
http://monde-antigone.centerblog.net/2821-


L'actualité s'est emballée en Egypte depuis les manifestations monstres de dimanche soir.
09h23: L'opposition donne jusqu'à mardi à Morsi pour quitter le pouvoir.
11h52: Des manifestants attaquent et incendient le QG des Frères musulmans au Caire.
13h17: 16 morts dans les manifestations de dimanche en Egypte selon le ministère de la Santé.
14h11: Quatre ministres démissionnent du gouvernement.
16h17: L'armée annonce qu'elle va s'exprimer à la télévision.
16h29: L'institution sunnite Al-Azhar s'inquiète des violences en Egypte.
17h01: L'armée donne 48 heures pour résoudre la crise.
17h11: Explosion de joie à Tahrir après la déclaration de l'armée affirmant que les "demandes du peuple" devaient être "satisfaites".
18h50: Le bureau politique du PLJ va se réunir pour décider de sa position.
19h25: Morsi s'entretiendrait avec le chef de l'armée.


L'Egypte n'est pas l'Iran. En 2009 Ahmadinejad avait affronté une profonde vague de contestation des classes moyennes de la société mais il avait pu compter sur les Pasdarans et les bassidjis. La première règle de l'exercice du pouvoir est qu'un exécutif, même élu démocratiquement, ne peut se maintenir sans le soutien et une loyauté sans faille de l'appareil d'Etat. Or celui-ci échappe depuis plusieurs mois à Morsi. Le pouvoir judiciaire n'a jamais été mis au pas. Ces derniers jours, les locaux des Frères musulmans et du PLJ ont été attaqués, mis à sac, incendiés sous le regard impassible de la police et de l'armée. L'armée a même joué le rôle d'attaché de presse de l'opposition en déclarant que les manifestations d'hier avaient réuni "des millions" de personnes. Un responsable militaire a parlé de "la plus grande manifestation de l'histoire de l'Egypte". Une façon de dire à Morsi qu'il est complètement désavoué et de lui indiquer la porte de sortie.

Morsi a cru pouvoir islamiser la société égyptienne en un an, en forçant une "frérisation" de l'administration mais surtout en faisant de la charia la source d'inspiration de toute loi, alors qu'en Turquie Erdogan ne s'y était pas risqué pendant les 5 années de son premier mandat, préférant soigner son bilan économique. Les Frères musulmans n'étaient pas préparés à exercer le pouvoir. Ils s'étaient lancés dans la course à la présidence sans avoir le moindre programme économique. C'était surtout pour ne pas laisser le champ libre aux salafistes... avant de s'en faire des alliés. Mais le Coran vide les têtes et ne remplit pas les ventres. Chômage, inflation, chute de la monnaie, l'économie est en ruine. On peut penser que l'échec subi par la confrérie en Egypte est observée de près en Tunisie où le parti Ennahda n'est pas loin d'éclater.

L'opposition anti-Morsi triomphe déjà. Mais cette opposition que l'armée appelle "le peuple" n'est pas du tout homogène. C'est un bric à brac de tendances nationalistes diverses et rivales. Dans l'hypothèse de nouvelles élections (suspendues au bon vouloir de l'armée), face aux Frères musulmans qui se présenteront comme les vrais démocrates, il n'est pas du tout certain que le "courant laïc", qui acclame l'armée aujourd'hui après l'avoir combattu hier, l'emporte. Enfin il ne faudrait pas oublier que le tumulte de la rue couvre le tic-tac d'un compte à rebours, celui d'une faillite économique qui mettra tout le monde d'accord.
Blog autonome d'un révolutionnaire sans drapeau.
L'actu internationale et économique >> http://monde-antigone.centerblog.net
Avatar de l’utilisateur
Antigone
 
Messages: 1902
Inscription: Jeu 19 Mar 2009 17:44
Localisation: Nantes (44)

Re: Egypte, Soudan

Messagede Nico37 le Mar 2 Juil 2013 21:46

La plus grande manifestation de l’histoire de l’humanité : un message au monde Jacques Chastaing, le 1er juillet

Il y aurait eu hier 30 juin dans quasi toutes les villes d’Egypte, petites ou grandes, entre 14 millions de manifestants anti Morsi selon l’agence Reuters citant des sources militaires et 33 millions selon CNN ou la BBC. Quoi qu’il en soit, il y en avait bien plus que lors des 18 jours cumulés de la révolution de janvier 2011 qui a fait tomber Moubarak. C’est la plus grande manifestation de l’histoire de l’Égypte et même probablement de l’histoire de l’humanité.

Manifestations festives

Les manifestations, qui étaient de véritables fleuves humains, n’ont connu quasi pas de violences. Il y aurait eu 5 morts et 613 blessés selon le ministère de la santé (sur provocation souvent des Frères Musulmans), ce qui est à déplorer mais ce qui est peu par rapport à l’ampleur considérable du nombre de gens dans la rue. Les manifestations ont surtout été marquées par une immense ambiance festive. Les gens étaient tout simplement heureux de se voir si nombreux, chantaient, riaient, lançaient des feux d’artifice. Pour beaucoup, malgré 2 ans et demi de luttes et protestations, c’était leur première manifestation. Ils sont venus par familles entières, avec enfants et parents. On a même vu des villages quasi entiers se vider pour partir à pied, rejoindre les manifestations des villes les plus proches.
Il y avait également des centaines de milliers de gens à leurs fenêtres qui applaudissaient les manifestants, criaient et chantaient avec eux ou agitaient des drapeaux. Bien des personnes âgées qui ne pouvaient pas marcher, ont tenu à manifester en restant en bas de leur immeuble, seuls ou en groupe, toujours avec drapeaux ou pancartes. Des centaines de bateaux de pêcheurs ont "manifesté" sur l’eau à Damiette ou bateaux pour touristes à Luxor. Des policiers, même des Forces Spéciales (anti émeute, nos CRS) ont manifesté en nombre, contre la dictature !
Le slogan principal rugi par ces millions de manifestants à l’attention de Morsi, était unanime d’un bout à l’autre de l’Égypte : "Dégage" ! Comme le carton rouge que tenaient par millions ces mêmes manifestants où était inscrit le même mot : "Dégage" !
Mais on entendait également bien d’autres choses : "Nous voulons des femmes à tous les postes du gouvernement", "Musulmans et chrétiens ensemble sont la révolution" , "Les femmes sont la fierté de l’Égypte",

Manifestations de colère

Se mélangeant à l’ambiance festive, la colère était aussi présente partout.
Sociale d’abord : le dimanche étant un jour travaillé en Égypte (jour de repos le vendredi), la plupart des usines, bureaux et magasins étaient fermés. Ce qui rajoute en profondeur à l’ampleur de la mobilisation. Un syndicaliste notait seulement 10% de présence dans la plus grande usine d’Égypte, les tissages Misr à Mahalla al Kubra. L’immense majorité des manifestants tenait à die qu’ils étaient là parce qu’ils n’en pouvaient plus de ne pas avoir de travail, d’argent, des coupures d’eau et d’électricité incessantes, de la pénurie d’essence... La manifestation a cristallisé et uni les milliers de protestations à caractère économique et social qui ont traversé le pays depuis le début de l’année et qui, là aussi, ont atteint un nombre record dans l’histoire mondiale.
Politique ensuite : de nombreuses pancartes, banderoles tenaient à dénoncer le soutien d’Obama aux Frères Musulmans, aux terroristes islamistes qu’il prétend pourtant combattre. On entendait "Réveille-toi Amérique, Obama soutien un régime fasciste en Égypte". Et cela valait pour tous les régimes occidentaux ou médias qui ont reconnu le régime des frères Musulmans et l’aident ou sont complaisants à son égard.
C’était un avertissement clair également à toutes les dictatures islamistes du monde arabe et simplement toutes les dictatures. Beaucoup de gens le disaient : "Qu’ils regardent et qu’ils tremblent" !

Manifestations de défiance

A la fête et à la colère, il faut ajouter une ambiance de défiance à l’égard de tous les partis et institutions.
Les manifestants égyptiens veulent imposer un type de démocratie directe où lorsque les dirigeants ne tiennent pas leur promesse, quels qu’ils soient et fussent-ils élus, ils doivent être démis de leurs fonctions sans attendre la fin de leur mandat.
Beaucoup ont signalé que bien des manifestants applaudissaient les militaires dans les rues ou les hélicoptères militaires qui survolaient les manifestations. En fait, beaucoup étaient des primo-manifestants et ne s’étaient pas encore éveillés à la politique lors du pouvoir du Conseil Supérieur des Forces Armées. Mais bien d’autres, plus expérimentés, criaient "Ni Frères, ni armée" et portaient d’immenses drapeaux à l’effigie des victimes tuées lors de manifestations ou en prison alors que l’armée était au pouvoir après la chute de Moubarak. La Révolution cherchant son chemin, avait jugé intelligemment que le 30 juin, elle ne pouvait affronter de front ses deux adversaires, les Frères Musulmans et l’armée et a décidé de jouer de leurs divisions. Ainsi si les jours qui viennent voient l’armée jouer à nouveau un rôle politique, il faut bien comprendre que sa marge de manœuvre sera encore bien plus faible qu’auparavant, une foule d’égyptiens se faisant infiniment moins d’illusions sur elle, qu’il y a deux ans.

Et maintenant ?

L’ensemble des partis, des frères Musulmans à l’opposition du FSN en passant par l’armée, ont été complétement stupéfiés par cette descente massive des égyptiens dans la rue, dépassant toutes leurs prévisions. Tous semblent interloqués, muets, quasi "interdits", aux deux sens du mot. Les seuls qui ont osé parler se sont ridiculisés. Morsi a dit qu’il était ouvert au dialogue. La rue a répondu qu’elle ne voulait pas de dialogue mais qu’il dégage. Hamdeen Sabbahi, dirigent des socialistes nassériens, qui se voit peut-être déjà futur vainqueur d’éventuelles élections présidentielles, a demandé à l’armée de prendre le pouvoir provisoirement avant des présidentielles anticipées, au cas où Morsi ne dégagerait pas de son plein gré.
Le mouvement Tamarod ( Rébellion) qui a initié cette manifestation géante après une pétition qui l’a préparée de 22 millions de signatures demandant que Morsi dégage, a répondu en lançant un ultimatum au pouvoir : où Morsi s’en va avant mardi 2 juillet à 17 h 00, où nous appelons à une grève générale illimitée et un mouvement de désobéissance civile jusqu’à ce qu’il tombe. Pendant que le "Front du 30 juin" qui a organisé la manifestation et pourrait bien se substituer en notoriété et autorité à l’opposition institutionnelle du FSN, a tenu à dire qu’il ne voulait pas plus du pouvoir de l’armée que de celui des Frères Musulmans et appelé à continuer à occuper rues et places jusqu’au départ de Morsi. Et de fait, toute la nuit des manifestations et sit-in ont continué un peu partout pendant que des villages de tentes se construisaient à bien des endroits.
On ne peut pas prévoir ce qui va se passer. Mais d’ores et déjà, on peut se dire que le message du peuple égyptien contre tous les pouvoirs oppressifs de la planète sera bien mieux entendu qu’il y a deux ans car depuis, du Brésil à la Turquie, de la Grèce au Bangladesh, du Chili à la Bulgarie ou la Bosnie, les peuples ont commencé à soulever le joug qui les opprime. La révolution ne fait que commencer.
Nico37
 
Messages: 4787
Inscription: Lun 15 Sep 2008 10:49

Re: Egypte, Soudan

Messagede Zoom le Ven 5 Juil 2013 08:31

Communiqué d'Alternative libertaire
La rue égyptienne plus forte que les urnes

Deux ans et demi après l’éviction d’Hosni Moubarak la rue égyptienne a de nouveau parlé. Mohamed Morsi a été chassé du pouvoir après un an de règne et quatre jours de manifestations d’une ampleur inégalée dans l’histoire du pays. Les Égyptiens et les Égyptiennes sont venu-e-s rappeler au monde qu’une élection n’est pas un chèque en blanc qui délie les représentants de toute contrainte. La démocratie réelle implique un contrôle des mandats par les mandants et cela ne serait rien sans la possibilité de révoquer ceux qui ont trahi leur mandat. Aucune constitution n’accorde ce pouvoir aux travailleurs (en dehors de quelques « référendums révocatoires » à la sauce chaviste) : les classes dominantes auraient bien trop peur de la spirale démocratique que cela pourrait entraîner à leurs dépens. Au-delà des constitutions, au-delà des lois, au-delà de la « légitimité démocratique » supposée des élections, les travailleurs et travailleuses d’Égypte se sont réapproprié leur destin par la mobilisation collective et révolutionnaire. Que nos chefaillons occidentaux en prennent de la graine, et que cela donne des idées aux travailleurs et travailleuses du monde entier !

Cependant, cette seconde révolution prend avec l’intervention de l’armée dans l’éviction finale de Morsi des accents de coup d’État. Si les militaires n’ont fait qu’entériner une issue rendue inéluctable par la rue, cela a une portée symbolique désastreuse. Au-delà du symbole, les militaires sont en bonne place pour une reprise autoritaire du pouvoir et un retour à un régime proche de celui que la rue avait chassé il y a deux ans et demi. Détenteurs d’une large part des richesses du pays (35 % du PIB), les militaires ont hâte de pouvoir reprendre intégralement le contrôle du pouvoir politique qui est le gage de la pérennité de leur empire économique, sans prise en compte des intérêts des travailleurs et des travailleuses.

Alternative libertaire soutient les mouvements sociaux égyptiens et l’ensemble des forces progressistes dans la bataille contre les islamistes et l’armée pour faire advenir en Égypte la liberté, l’égalité sociale et une véritable démocratie fondée sur des pouvoirs populaires.

Alternative libertaire, le 4 juillet 2013
http://www.alternativelibertaire.org/sp ... rticle5413
Avatar de l’utilisateur
Zoom
 
Messages: 580
Inscription: Ven 5 Nov 2010 17:48

Re: Egypte, Soudan

Messagede Antigone le Ven 5 Juil 2013 19:48

Egypte: Appareil d'Etat cherche régime adapté
Le M.A., 04/07/2013
http://monde-antigone.centerblog.net/2825-


La destitution de Mohamed Morsi marque la fin et l'éclatement du mouvement Tamarrod. Dans peu de temps on l'aura oublié en dépit de son ampleur exceptionnelle. Quel était le dénominateur commun des millions de personnes qui sont descendues dans les rues ? peu de chose, un rejet viscéral du système des Frères musulmans à travers un ras-le-bol d'une situation économique inextricable, une exaspération par les tracasseries quotidiennes, les pannes d'électricité, le manque de carburant, la hausse des prix, la corruption... et toujours une vision limitée, bornée à l'Egypte.

La liesse populaire qui a accueilli l'arrestation de Morsi et des dignitaires de la confrérie est trompeuse. Morsi est "out", mais les problèmes demeurent et ne sont pas prêts de disparaître. Sans ligne directrice, l'assemblage disparate d'"experts" qui fera office de gouvernement d'union nationale sera incapable d'y faire face. La mobilisation du 30 juin était l'expression d'une profonde détresse. Les intérêts politiques qui triomphent aujourd'hui ne vont pas tarder à la mettre à jour et entrer en confrontation.

Qu'est-ce qu'il y a de commun entre El Baradei, représentant de la haute bourgeoisie libérale du Caire, propulsé porte-parole de l'ex-opposition parce qu'il "présente bien" et qu'il est de nature à rassurer les Américains, et les salafistes d'Al Nour qui ont lâché Morsi dès qu'ils ont compris que la branche était morte ? Quoi de commun entre les nassériens de gauche auxquels les "révolutionnaires" de Tahrir se sont ralliés et les nostalgiques du régime Moubarak, le "parti du canapé", la majorité silencieuse qui a soutenu Moubarak, puis l'armée, puis Morsi, puis Tamarrod... ? Rien, si ce n'est qu'ils sont tous nationalistes, opportunistes et populistes.

Comment peut-on imaginer que tout ce beau monde coopère alors que les uns et les autres sont déjà en campagne en vue d'élections dont ils ne connaîssent même pas la date. Ils doivent tous leur retour sur le devant de la scène politique aux militaires dont ils louent les mérites aujourd'hui et dont ils demandaient le départ l'année dernière. Ils parlent tous de "démocratie" alors qu'ils viennent de cautionner un coup d'Etat militaire. Ils parlent tous de "liberté" alors qu'ils sont les complices d'arrestations arbitraires et qu'ils préparent déjà des procès politiques. La faillite économique du pays en fera dans peu de temps les cibles du mécontentement populaire et ils n'auront rien à opposer, à part la répression. Ceux qui parlent de "deuxième révolution" vont vite déchanter.

Les militaires ne sont pas connus pour être de fins stratèges en politique. Ils en ont fait la preuve hier en profitant du mouvement Tamarrod pour faire leur coup d'Etat "populaire". Ils pensaient se tailler un régime à leur mesure, mais le général Al-Sissi a fait une erreur. Finalement les Frères musulmans n'ont pas dit leur dernier mot, loin de là. Même battus et pourchassés aujourd'hui, ils constituent la seule force politique organisée, cohérente, la plus structurée. L'armée a cru pouvoir s'en débarrasser en les jetant dehors, mais ils sont capables de revenir au pouvoir bientôt, par la fenêtre, en exploitant leur "bon droit" bafoué et leur image de victimes.

L'armée a cru résoudre le problème en remettant les compteurs à zéro comme si rien ne s'était passé depuis les élections de 2011 et 2012, en redistribuant les cartes et en mettant beaucoup de monde dans le coup, même les plus hautes autorités religieuses (!); mais elle a juste réussi à créer d'autres problèmes, d'autres frustrations. Elle a pris le problème à l'envers en recherchant un régime qui lui corresponde alors qu'en règle générale c'est le régime, celui du parti le plus fort, le plus influent, le plus habile, qui s'adapte à l'appareil d'Etat existant.

Ce coup d'Etat bouleverse tous les équilibres. L'Egypte est partie pour connaître des crises politiques à répétition. Va-t-on vers une guerre civile comme en Algérie ? Dans l'immédiat, je ne crois pas; mais aucune hypothèse n'est à exclure. Il existe déjà une base jihadiste dans le Sinaï.
Blog autonome d'un révolutionnaire sans drapeau.
L'actu internationale et économique >> http://monde-antigone.centerblog.net
Avatar de l’utilisateur
Antigone
 
Messages: 1902
Inscription: Jeu 19 Mar 2009 17:44
Localisation: Nantes (44)

Re: Egypte, Soudan

Messagede denis le Dim 7 Juil 2013 19:55

Anarchism in Egypt — an interview from Tahrir Square

http://anarkismo.net/article/25846
Qu'y'en a pas un sur cent et qu'pourtant ils existent, Et qu'ils se tiennent bien bras dessus bras dessous, Joyeux, et c'est pour ça qu'ils sont toujours debout !

Les Anarchistes !
Avatar de l’utilisateur
denis
 
Messages: 913
Inscription: Mer 26 Jan 2011 19:48
Localisation: Oraison, Alpes de Haute Provence, le zéro-quatre

Re: Egypte, Soudan

Messagede denis le Mar 9 Juil 2013 21:02

de Normand Baillargeon sur facebook

"Un gamin de 12 ans explique ce qu'il comprend de la situation en Égypte; en trois minutes."



les sous-titres sont confirmés comme fidèles à la parole du garçon par un copain Egyptien !
Qu'y'en a pas un sur cent et qu'pourtant ils existent, Et qu'ils se tiennent bien bras dessus bras dessous, Joyeux, et c'est pour ça qu'ils sont toujours debout !

Les Anarchistes !
Avatar de l’utilisateur
denis
 
Messages: 913
Inscription: Mer 26 Jan 2011 19:48
Localisation: Oraison, Alpes de Haute Provence, le zéro-quatre

Re: Egypte, Soudan

Messagede robin le Dim 14 Juil 2013 18:02

Égypte : ni peste fasciste religieuse, ni choléra militaire !

Depuis plus de deux ans, la contre-révolution prenait en Égypte la forme d’un partage du pouvoir entre 2 secteurs de la bourgeoisie et de l’état. D’un côté, les frères musulmans, qui représentaient la roue de secours de la bourgeoisie commerçante et des États occidentaux pour prévenir toute révolution sociale, géraient les affaires civiles. De l’autre, l’armée, représentant la colonne vertébrale de l’État égyptien, conservait une position clé dans l’économie égyptienne, au moyen de monopoles mais aussi dans la structure du pouvoir politique.

Cette alliance objec­tive s’était cons­truite au détri­ment de la classe ouvrière et des clas­ses popu­lai­res égyptiennes, mais aussi des femmes, des mino­ri­tés reli­gieu­ses, ainsi que de toutes celles et tous ceux qui aspi­raient à la liberté e l’égalité sociale. Elle s’est appuyée sur une répres­sion san­gui­naire, faites d’assas­si­nats, d’arres­ta­tions de mili­tants syn­di­ca­lis­tes et ouvriers, d’uti­li­sa­tion du viol comme arme de ter­reur poli­ti­que, d’inter­dic­tion des grèves.

Pour autant, la lutte pour le pou­voir entre ces 2 frac­tions des clas­ses domi­nan­tes n’a jamais cessé. Les frères musul­mans ont ainsi écarté le géné­ral Tantaoui, du Conseil Supérieur des forces armées, en novem­bre der­nier, sans pour autant remet­tre en cause le pou­voir mili­taire, et en l’uti­li­sant contre les révol­tes popu­lai­res.

Pourtant, la révolte contre le fas­cisme reli­gieux, contre le pou­voir de l’armée, et une situa­tion sociale de plus en plus dra­ma­ti­que pour la classe ouvrière, n’a cessé de s’ampli­fier. Dans ce contexte, les frères musul­mans ont cessé d’appa­raî­tre comme une roue de secours cré­di­ble face à la colère popu­laire à une partie de la bour­geoi­sie et des états occi­den­taux.

Le 2 juillet, l’armée égyptienne a donc pris le pou­voir par la force, met­tant ainsi fin à son alliance objec­tive avec les frères musul­mans. Elle ins­tru­men­ta­lise ainsi la révolte popu­laire pour ses inté­rêts pro­pres, étrangers aux inté­rêts des clas­ses popu­lai­res, des femmes et des mino­ri­tés reli­gieu­ses. Mais elle ne pourra faire oublier ses exac­tions pas­sées, ni sa posi­tion de pou­voir économique.

La situa­tion fait appa­raî­tre clai­re­ment la néces­sité pour les clas­ses popu­lai­res de s’orga­ni­ser de manière auto­nome pour éviter l’ins­tru­men­ta­li­sa­tion de leurs luttes et de leurs sacri­fi­ces. Ainsi que l’ont déclaré nos cama­ra­des anar­chis­tes égyptiens :

« Ce qui se passe main­te­nant n’est rien d’autre qu’un jeu de chai­ses musi­ca­les entre deux partis qui se bat­tent pour le Pouvoir ; ces deux partis cher­chent à ins­tru­men­ta­li­ser le mou­ve­ment révo­lu­tion­naire pour en tirer profit poli­ti­que­ment, le mou­ve­ment révo­lu­tion­naire est baladé par les forces riva­les qui se dis­pu­tent le Pouvoir.

Les masses ne sont capa­bles d’affir­mer leur puis­sance que si elles s’orga­ni­sent par elles même, et s’unis­sent contre les forces concur­ren­tes qui les pri­vent de leur droit de pra­ti­quer la démo­cra­tie en étant libre de pren­dre les déci­sions qui affec­tent leurs vie. Les enne­mis de la révo­lu­tion sont le Pouvoir et ceux qui lut­tent pour l’obte­nir, les frères, le clergé, les hommes d’affai­res, et les mili­tai­res ! » Mouvement socia­liste liber­taire, le 25 juin 2013

Solidarité avec le mou­ve­ment popu­laire égyptien !
Solidarité avec le mou­ve­ment liber­taire égyptien !
Ni dic­ta­ture laïque, ni dic­ta­ture reli­gieuse : Auto-orga­ni­sa­tion popu­laire !


Le 7 juillet 2013
Relations Internationales de la Coordination des Groupes Anarchistes
Avatar de l’utilisateur
robin
 
Messages: 257
Inscription: Dim 2 Déc 2012 14:06

Re: Egypte, Soudan

Messagede pit le Mar 16 Juil 2013 12:33

Egypte : » L’armée est au centre de nos problèmes économiques »
une interview en anglais d’un anarchiste du Caire :
Anarchism in Egypt, after the Brotherhood, L’anarchisme en Égypte, après la Fraternité
http://dndf.org/?p=12670&utm_source=rss ... conomiques
"Tu peux voter, pétitionner, débattre à la télé, ou gamberger sans te bouger, mais...C’est dans la rue qu'çà s'passe"
Avatar de l’utilisateur
pit
 
Messages: 3975
Inscription: Lun 21 Déc 2009 16:33

Re: Egypte, Soudan

Messagede denis le Mar 16 Juil 2013 19:55

Qu'y'en a pas un sur cent et qu'pourtant ils existent, Et qu'ils se tiennent bien bras dessus bras dessous, Joyeux, et c'est pour ça qu'ils sont toujours debout !

Les Anarchistes !
Avatar de l’utilisateur
denis
 
Messages: 913
Inscription: Mer 26 Jan 2011 19:48
Localisation: Oraison, Alpes de Haute Provence, le zéro-quatre

Re: Egypte, Soudan

Messagede Antigone le Sam 17 Aoû 2013 13:30

L'Egypte prête à basculer à son tour dans la guerre civile
(Le M.A., 17/08/2013)
http://monde-antigone.centerblog.net/2899-

Les militaires ont voulu préserver leurs intérêts économiques menacés par les dispositions concernant l'attribution des terrains que Morsi voulait faire adopter... mais leur calcul n'est pas bon. L'économie égyptienne ne résistera pas à cette répression sanglante. Déjà très affaiblie (1 %), la croissance va s'effondrer en même temps que le tourisme qui représentait 10 % des revenus. L'inflation (13 %) s'emballe déjà. Les derniers investisseurs fuient. Jour après jour le pays bascule dans le vide, ravagé par un affrontement entre d'un côté un pouvoir militaire déterminé à écraser les "terroristes" avec l'aide des comités de vigilance de quartier montés par Tamarrod, de l'autre des islamistes qui sont de plus en plus nombreux à considérer que la dernière solution qu'il leur reste est de prendre les armes. Les événements donnent raison aux jihadistes qui critiquaient la stratégie légaliste jusqu'à l'absurde des Frères musulmans. L'attitude des salafistes d'Al-Nour pourrait être déterminante dans les prochaines semaines.

Le coup d'Etat du 3 juillet a fait voler en éclat les règles de vie commune qui prévalaient depuis la chute de Moubarak, c'est-à-dire l'intégration dans le jeu démocratique de toutes les forces politiques. C'est pourquoi les élections proprettes que les occidentaux réclament comme si l'on était à Neuilly-sur-Seine sont complètement irréalistes et hors de propos. Depuis le massacre du 14 août la guerre civile semble même être devenue la perspective à envisager. Le Sinaï est le premier champ de bataille. La Haute-Egypte, fief des Ikhwane, menace de se soulever. Dans les villes du Delta la société égyptienne est désormais coupée en deux camps inconciliables. Beaucoup sont armés, des armes prises dans les commissariats en janvier 2011; les heurts meurtriers entre civils pro et anti-Morsi et les attaques contre les bâtiments publics (avant et après le coup d'Etat) ou contre les biens de la communauté copte le démontrent. Les intérêts économiques des militaires pourraient être visés prochainement par des attentats. Avec le climat de tension et de chauvinisme entretenu par la presse locale, avec la situation que l'on connaît en Syrie, mais aussi au Liban, en Irak, en Libye, c'est tout le monde arabe qui menace de s'embraser.


Bain de sang et état d'urgence en Egypte
(Le M.A., 14/08/2013)
http://monde-antigone.centerblog.net/2895-

L'armée égyptienne se montre égale à elle-même, meurtrière et impitoyable. Elle ne connaît qu'une méthode, celle des armes. Le massacre en cours est la 2e phase du coup d'Etat du général Al-Sissi qui, cette fois, veut définitivement tourner la page Morsi, décapiter l'organisation des Frères musulmans, liquider son armée secrète et avec elle l'Etat dans l'Etat que constitue la confrérie depuis 80 ans. L'ampleur de ce bain de sang n'est pas encore connue. Le chiffre de 124 morts dénombrés par l'AFP est probablement minimum et très provisoire. Il est a priori difficile d'avaler celui de plus de 2 000 morts avancés par les Frères musulmans, mais restons prudents. La vérité est entre les deux et les prochaines heures feront encore évoluer les bilans. En tout cas, les massacres du 14 août n'ont pas fini de donner lieu à des commémorations sans fin. Il est même possible que l'on soit entré ce soir dans une logique de guerre civile dans la mesure où il faut s'attendre à une radicalisation des plus jeunes parmi ceux qui participaient aux sit-in de Nasr city.
La crise couvait depuis une quarantaine de jours. Le pouvoir militaire semblait hésiter sur la méthode à utiliser pour en finir avec les manifestations quotidiennes des pro-Morsi. Pendant le mois du ramadan, les pourparlers n'ont jamais cessé entre les partisans de la manière forte et ceux qui recherchaient une solution négociée. J'avais entendu des observateurs, parmi lesquels El Baradei (qui vient de démissionner de son poste de vice-président), confier que les rassemblements allaient finir par s'épuiser tout simplement pour des raisons économiques, parce que les gens auraient besoin de retourner au travail pour manger et que la confrérie ne pourrait pas subvenir à leurs besoins indéfiniment. L'armée qui avait déjà réprimé des sit-in les 8 et 27 juillet de manière sanglante (200 morts) en a décidé autrement... avec le consentement tacite et criminel des forces politiques de Tamarrod.
Cet affrontement est celui de deux modèles de société détestables, néanmoins on ne construit rien sur des massacres. Combien de grévistes seront arrêtés, torturés dans les prochains jours pour fait de terrorisme en vertu de l'état d'urgence ? Pour eux, pour la classe ouvrière en général, la situation sera pire demain. Prendre parti pour un camp contre l'autre, c'est se condamner en s'ôtant tout espoir de liberté. C'est pourtant ce que sont en train de faire les "révolutionnaires" de Tahrir qui avaient manifesté pendant plus d'un an contre l'état d'urgence des militaires. Ils se sont transformés aujourd'hui en artisans de son retour. Quand finiront-ils pas comprendre que le bain de sang est l'acte fondateur des dictatures ?

15/08/2013 >> Le ministère égyptien de la santé reconnaît ce soir officiellement dans son dernier bilan "au moins" 638 morts (595 civils et 43 policiers) et plus de 3 500 blessés dans tout le pays. Le chef des services d'urgence a précisé que 228 personnes avaient été tuées sur la seule place Rabaa al-Adawiya. Le ministre de l'industrie et du commerce, Abdel Nour, a osé affirmer sur France24 que les policiers n'avaient pas fait usage de balles réelles mais seulement de grenades lacrymogènes et que les victimes, des civils qui étaient venus en aide aux policiers (sic), avaient été tuées par des "terroristes". Le bilan réel, supérieur à un millier de morts, qui circule dans les chancelleries se rapproche d'heure en heure de celui des Frères musulmans.
Pour clore ce chapitre, je m'étais fait la réflexion que par rapport au nombre de morts reconnus par le pouvoir ou avancés par les islamistes, le nombre de blessés n'est pas en proportion. En général lors de répressions meurtrières le rapport est de 1 mort pour 10 blessés; il est ici de 1 mort pour 5 ou 6 blessés. Cela signifie que les militaires tirent avec précision, un certain nombre étaient postés sur les toits, et cela laisse entendre que ce massacre était préparé, prémédité selon un déterminant politique.
Blog autonome d'un révolutionnaire sans drapeau.
L'actu internationale et économique >> http://monde-antigone.centerblog.net
Avatar de l’utilisateur
Antigone
 
Messages: 1902
Inscription: Jeu 19 Mar 2009 17:44
Localisation: Nantes (44)

Re: Egypte, Soudan

Messagede pit le Lun 19 Aoû 2013 01:22

Tahrir-Icn: Communiqué des événements en Égypte

Les événements des derniers jours sont la dernière étape d'une séquence d'événements à travers laquelle les militaires peuvent consolider leur emprise sur le pouvoir, objectif vers la fin de la révolution et pour le retour à un État militaire / policier. ---- Le régime autoritaire de la Fraternité musulmane doit partir. Mais ce qui le remplace actuellement est le vrai visage de l'armée en Égypte : pas moins autoritaire, pas moins fasciste et certainement plus difficile à détrôner. ---- Le massacre perpétré par l'armée contre les partisans pro-Morsi dans Nahda Square et Raba'a a fait environ 500 morts et jusqu'à 3000 blessés (ministère de la Santé croit que la réalité est probablement beaucoup plus élevée). C'était un acte pré-orchestrée de terrorisme d'Etat. Son but est de diviser les gens et de pousser les Frères musulmans a créer plus de milices, a se venger et a se protéger.

Cete manigance permettra à l'armée d'étiqueter tous les islamistes comme des terroristes et de produire un "ennemi intérieur" dans le pays qui permettra à l'armée de garder le régime militaire dans un état permanent d'urgence.

Ils s'en prennent aux Frères musulmans d'aujourd'hui, mais ils viendront après quiconque ose les critiquer demain. Déjà l'armée a déclaré l'état d'urgence pour un mois, donner à la police des pouvoirs exceptionnels et militaires, ainsi qu'un couvre-feu a été déclaré dans plusieurs provinces avec les mêmes conditions soit de 19 heures à 6 heures. Cela donne à l'armée les mains libres pour réprimer la dissidence. Il s'agit d'un retour à l'époque d'avant la révolution, où l'état d'urgence avait été mis en place en 1967 et avait fourni le cadre pour répandre la répression et le déni des libertés.

Le caractère du nouveau régime est clair. Il ya quelques jours, 18 nouveaux gouverneurs ont été nommés, dont la majorité proviennent des rangs de l'armée / de la police ou encore des vestiges du régime Moubarak. Il ya aussi eu des attaques continues envers les travailleurs qui poursuivent de faire la grève pour leurs droits (telles que l'attaque de l'armée récente et l'arrestation des travailleurs de l'acier en grève dans Suez). Le régime militaire fait également la chasse aux militants révolutionnaires, les journalistes ont été battus et arrêtés, les étrangers ont été menacés pour ne pas être témoins des événements. Les médias locaux et mondiaux ont dit des demi-vérités et ont construit des récits de soutien du programme politique. La contre-révolution est en plein débit de croissance et elle sait comment briser l'unité du peuple dans son effort pour diviser et conquérir.

Au cours des deux derniers jours, il ya eu une hausse des représailles sectaires, avec plus de 50 églises et institutions chrétiennes attaquées. Ni l'armée et ni la police n'ont pas été vus protéger ces bâtiments de la communauté chrétienne. C'est dans l'intérêt de l'armée et des Frères musulmans dans le but d'attiser les tensions et de créer la peur et la haine dans le peuple. Ils vont se battre pour leur contrôle de l'État pendant que le sang des personnes coule dans les rues.

Nous condamnons les massacres à Raba'a et Nahda Square, les attaques contre les travailleurs, les militants et les journalistes, la manipulation du peuple par ceux qui rivalisent pour le pouvoir, et les attaques sectaires. Pour que la révolution se poursuivre, les personnes doivent rester unis dans leur opposition aux abus et dans la tyrannie du pouvoir, contre peu importe qui la dirige.

A bas l'armée et Al-Sissi!
A bas les vestiges du régime Moubarak et l'élite des affaires !
A bas l'État et tous les pouvoirs aux communautés autonomes !
Vive la révolution égyptienne !


http://www.ainfos.ca/fr/ainfos10394.html et http://dndf.org/?p=12713#more-12713
"Tu peux voter, pétitionner, débattre à la télé, ou gamberger sans te bouger, mais...C’est dans la rue qu'çà s'passe"
Avatar de l’utilisateur
pit
 
Messages: 3975
Inscription: Lun 21 Déc 2009 16:33

Re: Egypte, Soudan

Messagede pit le Mer 9 Avr 2014 02:51

Egypte: le mouvement de grèves continue et change, peu à peu, l’ambiance politique du pays
http://alencontre.org/moyenorient/egypt ... -pays.html

Egypte : encore sur l’autogestion ou la réalité du moment présent
un texte traduit par Des Nouvelles Du Front (rédigé par Jano Charbel, journaliste du travail au Caire qui se définit comme anarcho-syndicaliste ) et qui énonce des reprises en mains par des ouvriers de la production
http://dndf.org/?p=13468
"Tu peux voter, pétitionner, débattre à la télé, ou gamberger sans te bouger, mais...C’est dans la rue qu'çà s'passe"
Avatar de l’utilisateur
pit
 
Messages: 3975
Inscription: Lun 21 Déc 2009 16:33

Re: Egypte, Soudan

Messagede pit le Ven 18 Mar 2016 19:29

Itinéraires d’athées dans une société égyptienne pétrie par la foi

Bien que le phénomène reste extrêmement minoritaire en Égypte, l’athéisme a suscité nombre de débats, notamment depuis le soulèvement de janvier-février 2011. Mais il est encore bien difficile d’affirmer son rejet de la religion dans une société pétrie par la foi.

... http://orientxxi.info/magazine/itinerai ... a-foi,1247
"Tu peux voter, pétitionner, débattre à la télé, ou gamberger sans te bouger, mais...C’est dans la rue qu'çà s'passe"
Avatar de l’utilisateur
pit
 
Messages: 3975
Inscription: Lun 21 Déc 2009 16:33

Précédent

Retourner vers International

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 1 invité