Action BDS aujourd'hui à Manosque à 14h30.
http://04.demosphere.eu/rv/409
http://www.monde-libertaire.fr/internat ... -palestineDébordements à Gaza : petit retour sur les cinquante jours qui ont ensanglanté la Palestine
L’État qui a lancé cette opération l’a dénommée « Bordure protectrice » ; le cynisme israélien est toujours aussi flamboyant !
Au final, entre le 8 juillet et le 27 août 2014, l’agression israélienne aura fait d’énormes dégâts, des crimes et des massacres envers les populations palestiniennes :
– Cinquante et un jours de bombardements intensifs sur Gaza.
– Plus de 5 000 raids aériens.
– 2 168 Palestiniens tués, dont 519 enfants, 297 femmes, 506 combattants palestiniens, ainsi que 13 internationaux.
– 10 895 Palestiniens blessés dont 3 306 enfants, 2 114 femmes.
– 475 000 réfugiés déplacés, soit plus de 25 % de la population.
– Près de 55 000 habitations, des écoles (dont des écoles de l’UNRWA), des hôpitaux, des mosquées et des ambulances, ont été détruits ou endommagés.
– 373 000 enfants auront besoin de soutien psychologique.
– Une centrale électrique détruite.
– 1,5 million d’habitants sans accès à l’eau potable.
– L’annonce « d’une catastrophe sanitaire de grande ampleur », selon les termes de l’ONU. Et, selon des estimations provisoires palestiniennes, la guerre a causé plus de 6 milliards de dollars de dégâts dans la bande de Gaza.
On mettra rapidement en regard (si l’on peut dire) les soixante-douze Israéliens tués, dont six civils, sur la même période, ainsi que vingt-cinq Palestiniens accusés de collaboration exécutés sommairement par le Hamas, dont deux femmes.
Revenons sur le contexte et les raisons invoquées pour cette opération. Côté israélien, on invoque l’enlèvement de trois jeunes colons israéliens près d’Hébron en Cisjordanie le 13 juin 2014, et c’est l’enchaînement. Une organisation, l’État islamique branche Palestine-Cisjordanie, dont on n’entendra plus jamais parler, revendique l’enlèvement.
Dès le 14 juin, un bouclage d’Hébron et des alentours est imposé avec un millier de soldats israéliens. Plusieurs centaines de Palestiniens sont arrêtés, dont de nombreux militants du Hamas de Cisjordanie, qui est accusé par le gouvernement israélien d’être responsable de l’enlèvement. Plus de dix Palestiniens sont tués par l’armée en Cisjordanie – à leur sujet, l’Autorité palestinienne dénoncera des « meurtres de sang-froid ». Le 19 juin, l’armée israélienne lance des raids aériens dans la bande de Gaza.
Le 24 juin, le chef du Hamas affirme ne rien savoir sur les trois jeunes colons enlevés. Le lendemain, c’est une douzaine de raids aériens israéliens sur la bande de Gaza, de nouvelles arrestations, de nouveaux tués palestiniens. Au 1er juillet, l’armée israélienne a arrêté 420 Palestiniens en Cisjordanie, dont 305 membres du Hamas, et fouillé 2 200 bâtiments. Cinq Palestiniens ont été tués. En réaction, le Hamas envoie des roquettes sur Israël, plus de 200 au 20 juin, sans faire de victimes.
Le 2 juillet, le corps de Mohammad Abou Khdeir, 16 ans, kidnappé dans le quartier de Chouafat à Jérusalem-Est, est découvert. L’adolescent a été torturé et brûlé vif. Le 5 juillet, les Palestiniens d’Israël manifestent.
Le 7 juillet, des drones attaquent la bande de Gaza, faisant cinq morts, dont deux civils. Durant la nuit, l’armée israélienne lance des dizaines de raids dans la bande de Gaza. Plusieurs enfants sont tués.
Le président palestinien demande l’arrêt immédiat de cette nouvelle offensive et demande l’intervention de la communauté internationale pour arrêter l’escalade de la violence. Le ministre de la Défense, Moshé Yaalon, indique poursuivre son offensive, et ce pour que le Hamas paye un prix très élevé.
Avec la mobilisation de 18 000 réservistes supplémentaires, l’armée israélienne porte ses effectifs mobilisables à 65 000 soldats. Du côté palestinien, l’ensemble des groupes de résistance armée s’engage dans l’offensive avec les brigades Izz al-Din al-Qassam, branche armée du Hamas, la Force de sécurité du Hamas, milice policière du Hamas, les brigades d’Abou Ali Moustapha, branche armée du Front populaire de libération de la Palestine dans les territoires occupés, les brigades Al-Qods, aile armée du Jihad islamique palestinien, et enfin les brigades Al-Nasser Salah al-Deen, aile militaire du Comité de résistance populaire. Ensemble, ils regroupent environ plus de 27 000 combattants.
Une vision différente des événements
Bien sûr, il existe une autre chronologie de ces événements, qu’on peut faire remonter à mars 2014. L’année précédente, le nombre des colonies a doublé. Cela n’est pas acceptable et, dans ces conditions, les négociations de paix ne peuvent continuer. Le président de l’Autorité palestinienne menace de se tourner vers les institutions internationales si les propositions des États-Unis pour un accord-cadre ne répondent pas aux questions fondamentales que sont le gel de la colonisation israélienne et la libération des prisonniers politiques palestiniens. En réponse, le ministère de la Défense israélien a approuvé les projets de construction de 2 269 nouveaux logements dans six colonies de Cisjordanie occupée. Entre juillet 2013, début des dernières négociations, et le 16 mars 2014, ce sont 10 509 constructions de logements dans les colonies, toutes illégales, et l’assassinat de 56 Palestiniens par les forces d’occupation israéliennes.
Une des clauses des négociations est la libération de plusieurs contingents de prisonniers palestiniens. Le 28 mars, le gouvernement israélien revient sur son engagement de libérer un quatrième contingent de prisonniers palestiniens. En réaction, la direction palestinienne décide de relancer ses démarches pour adhérer aux différentes agences de l’ONU et aux traités internationaux dont la Quatrième Convention de Genève sur la protection des civils.
Le 8 avril, John Kerry, le secrétaire d’État américain, accuse Israël d’avoir entravé le processus de paix.
Le 10 avril, Israël gèle les transferts des taxes collectées pour le compte de l’Autorité nationale palestinienne, qui s’élèvent en moyenne à environ 80 millions d’euros par mois et représentent plus des deux tiers de ses recettes budgétaires propres.
Le 11 avril, la Palestine devient partie aux quatre Conventions de Genève et au premier protocole additionnel.
Paris déclare « regretter » la décision de geler les transferts des taxes et l’Union européenne demande à Israël de « revenir » sur ses mesures de rétorsions contre les Palestiniens.
Le 23 avril, les Palestiniens ont relancé leurs efforts de réconciliation nationale. Un gouvernement d’union nationale doit se mettre en place. Cet accord interpalestinien est salué par l’Union européenne, et la France se dit prête à travailler avec le nouveau gouvernement palestinien s’il soutient le processus de paix. Les Nations unies soutiennent l’unité palestinienne sur la base de la reconnaissance d’Israël et de la non-violence. Mais Israël suspend toute négociation.
Le 22 mai, l’Union européenne interdit l’importation de volailles et d’œufs des colonies en Cisjordanie occupée, dont Jérusalem-Est.
L’administration Barak Obama a annoncé vouloir « travailler » avec le gouvernement d’union palestinien mis en place. Netanyahu se dit « trahi et trompé ».
Le 5 juin, c’est un nouveau appel d’offres pour la construction de 3 000 nouveaux logements en Cisjordanie occupée. Pour Saëb Erekat, ancien négociateur palestinien, « il est temps qu’Israël rende des comptes devant les organisations internationales de ses crimes de guerre, au premier rang desquels la colonisation ». Paris et l’Union européenne condamnent ce nouveau appel d’offres israélien. Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, exhorte Israël à suspendre la colonisation et à respecter la loi internationale.
Le 8 juin 2014, Israël et l’Union européenne signent un accord de coopération scientifique qui permet à Israël de participer au programme scientifique de l’Union européenne « Horizon » 2020.
Le 10 juin, le Parlement israélien élit le président d’Israël, Reuven Rivlin. Il est opposé à la solution de deux états israélien et palestinien et se déclare partisan acharné de la colonisation. Trois jours plus tard, trois jeunes colons israéliens sont portés disparus… On le voit, cette chronologie donne une toute autre lecture !
Des intérêts divergents
Les enjeux sont évidemment bien différents de part et d’autre.
Pour Israël, il s’agit de changer les positions internationales permises par l’accord pour un gouvernement d’union nationale palestinien, afin de pouvoir continuer la colonisation, mais aussi de trouver des occasions de tester sa technologie et de nouvelles armes. Cependant, au niveau intérieur, s’il y a eu un soutien de la population juive jusqu’à 95 % pendant les bombardements, la cote de Netanyahu est en baisse. Reste à trouver une opposition capable d’enrayer la dérive vers l’ultra-droite des politiques israéliens et d’une part de la population.
Pour les Palestiniens, il s’agit d’obtenir des négociations qui permettent la levée du blocus de Gaza, l’arrêt de la colonisation et la libération des prisonniers palestiniens. Pour le Hamas, et le Jihad islamique dans une moindre mesure, il s’agit de rentrer dans le jeu des négociations ; pour l’Autorité palestinienne, il s’agit de retrouver une entrée dans la bande de Gaza.
Le bilan humain aura été désastreux et ce n’est pas fini. Le bilan politique est mitigé, car s’il y a bien eu une levée partielle du blocus de Gaza, rien ne dit combien de temps cette levée durera et dans quelle mesure de nouvelles négociations auront lieu comme prévues. Par contre, pour Jérusalem-Est, pour la Cisjordanie et pour les prisonniers palestiniens détenus arbitrairement, aucune amélioration n’a été obtenue.
Les médias français ont constamment parlé de la guerre d’Israël contre le Hamas. Ce qualificatif est évidemment erroné, mais il est à l’image des capacités militaires et du nombre des victimes, il est asymétrique. Ne serait-ce que par les victimes.
Mais l’objectif reste toujours de détruire, non le Hamas, mais le rêve d’un futur État palestinien. En mettant en avant la confrontation militaire, Israël écarte ceux qui n’y prennent pas part comme l’Autorité palestinienne, en créant les conditions d’une reprise de conflictualité entre Autorité palestinienne et Hamas.
Ce serait à l’Autorité palestinienne que serait confié le contrôle des frontières de Gaza, donc l’application du blocus, même négocié. Gageons qu’il y a là une source de conflits inter-Palestiniens, à terme. Sauf si un hypothétique processus démocratique se met en place, redistribuant les responsabilités dans les territoires palestiniens.
De toute façon, on l’a vu jusqu’à présent, pour Israël, il n’y a jamais d’interlocuteur valable pour les négociations de paix. Le Hamas est jugé terroriste car dans sa charte (qui date de 1988) est écrit qu’il ne reconnaît pas l’État d’Israël. Ce texte se situe au même niveau que la charte du Likoud, de 1999, qui appelle à la colonisation de tout Israël, Judée, Samarie et Gaza. Pour autant, l’un comme l’autre négocient, comme ce fut le cas en août en Égypte. De plus, le Hamas, en se présentant aux élections palestiniennes, le 25 janvier 2006, l’a fait dans le cadre de l’Autorité palestinienne, donc des accords d’Oslo, jusqu’à cette date dénoncés car négociés avec Israël. L’Autorité palestinienne ou l’OLP sont eux aussi rejetés car ils menacent de recourir aux instances internationales pour faire respecter les accords internationaux. Au mieux, ils sont baladés dans des négociations sans fins, et les conditions ne sont jamais respectées par Israël.
Nous verrons fin septembre, comment reprendrons les négociations du cessez-le-feu, suites du 26 août 2014.
Philippe Arnaud
http://www.ujfp.org/spip.php?article4083Jérusalem : du mythe au nettoyage ethnique
Le 7 juin 1967, l’armée israélienne s’emparait de Jérusalem Est. Cette conquête fut sanglante. Les lieux où, par centaines, les soldats jordaniens sont tombés, ont été nettoyés et leur mémoire a été oubliée.
Les sionistes fêtent le 7 juin, niant plus que jamais l’histoire, la dignité et la mémoire du peuple palestinien. C’est ainsi qu’aura lieu le 7 juin 2015 à Montpellier la 39e journée de Jérusalem. Ces festivités négationnistes sont indignes.
Dans son livre « Comment la terre d’Israël fut inventée », l’historien israélien Shlomo Sand, qui faisait son service militaire, décrit le messianisme dévoyé qui s’empare de l’armée et de la population israéliennes au moment de la conquête.
L’annexion
Par milliers, croyants ou pas, les Israéliens affluent au Mur des Lamentations, qui est le vestige du mur de soutènement (dit mur occidental) du deuxième temple détruit par Titus en 70 après Jésus-Christ. Pourtant, il semble bien que ce mur ait été construit très peu de temps auparavant, alors que la Judée avait déjà été totalement soumise par les Romains, ce qui rend peu compréhensible sa valeur symbolique.
Dès la prise de Jérusalem Est, la chanson « Yéroushalayim shel zahav » (= Jérusalem d’or) de Naomi Shemer, devient un « tube » mondial. Le dernier couplet célèbre « la réunification » de Jérusalem.
Très vite, la ville est annexée par un vote de la Knesset (le Parlement israélien) et Jérusalem devient par ce texte la « capitale indivisible » de l’Etat d’Israël (statut qui ne sera pas reconnu par la grande majorité des pays). La propagande présentera désormais Jérusalem comme le symbole exclusif du judaïsme. La partie annexée est 10 fois plus grande que la Jérusalem jordanienne : elle va de Ramallah à Bethléem et coupe en deux la Cisjordanie rendant impossible tout « Etat palestinien » sur le reste des territoires occupés. Ce « grand Jérusalem » annonce déjà la colonisation.
Du mythe à la réalité
Les fondateurs du sionisme, dans leur majorité, n’étaient pas croyants. Mais ils ont utilisé la Bible comme un livre de conquête coloniale. Ils ont considéré que les faits décrits dans la Bible étaient des événements historiques qui justifiaient leur « retour » après un long exil. On sait aujourd’hui que cette théorie de l’exil et du retour est une fiction.
En ce qui concerne Jérusalem, les faits décrits dans la Bible concernant le « royaume unifié » de David et Salomon sont tout à fait légendaires. L’archéologie est têtue : à l’époque présumée de ce royaume, Jérusalem était un village de l’âge de fer d’au plus quelques centaines d’habitants. Le grand temple, la reine de Saba, c’est une belle histoire, mais c’est une légende. S’il y a eu un roi David, c’était tout au plus un conducteur de troupeaux. Pourtant aujourd’hui, dans le quartier palestinien de Silwan, on détruit des maisons, on expulse par milliers les habitants, on arrête les résistants au nom du roi David. L’occupant a déclaré que ce grand roi avait vécu là. Alors on construit la maison du roi David, le parc du roi David, le musée du roi David et on « judaïse » ce quartier à coup de bulldozers et d’expéditions policières punitives.
Pour essayer de « prouver » que les archéologues et les historiens ont tort de nier l’historicité du récit biblique, le gouvernement israélien multiplie les provocations en creusant des tunnels sous l’esplanade des mosquées. Tout ce qui est découvert est très antérieur ou très postérieur à la période mythique.
Jérusalem et les Juifs
Après l’écrasement de la dernière grande révolte juive (Bar-Kokhba, 135 après Jésus-Christ), la ville a été rasée et interdite aux Juifs. La population de la région s’est en majorité convertie au christianisme, puis, après la conquête arabe du VIIe siècle en majorité à l’islam. Après la prise de la ville par les Arabes en 637 après Jésus-Christ, le calife Omar a autorisé les Juifs, jusque là bannis par les Byzantins, à revenir à Jérusalem.
Deux mosquées (al-Aqsa et le Dôme du Rocher) ont été construites sur la colline où se trouvait le temple détruit et la ville est devenue un lieu saint de l’islam.
Le christianisme a fait de Jérusalem un symbole. Les pèlerinages chrétiens se sont multipliés et la « délivrance du Saint-Sépulcre » a servi de prétexte aux Croisades.
Pour les Juifs, rien de semblable. Quasiment aucun pèlerinage. La religion juive est une religion messianique de l’exil. Pour les Juifs orthodoxes (harédis), le retour à Jérusalem avant l’arrivée du Messie est interdit. « L’an prochain à Jérusalem », ça ne veut pas dire « ôte-toi de là que je m’y mette, je vais construire un Etat à Jérusalem », ça exprime simplement le souhait de l’arrivée prochaine du Messie.
Après 1492, quand les Juifs chassés d’Espagne sont accueillis par l’empire ottoman, leurs principales destinations seront Salonique, Smyrne, Sarajevo. Certains s’installeront en Galilée (à Safed) mais pas à Jérusalem qui est une conquête récente ottomane.
C’est vers 1800 que quelques Juifs venus principalement de Pologne ou du Maroc s’installent à Jérusalem. Ils sont très religieux et se regroupent dans le quartier de Méa Sharim.
La propagande sioniste essaie aujourd’hui de dire à coup de pseudo recensements, que les Juifs sont majoritaires à Jérusalem depuis 200 ans. Double invention. La mère de Leila Shahid, Sirine Husseini (décédée en 2008) décrit la municipalité de Jérusalem que dirigeait son père où musulmans, chrétiens et juifs cohabitaient en bonne intelligence au conseil municipal. Les Juifs palestiniens n’étaient pas sionistes, ils craignaient que cette idéologie n’affecte les bons rapports qu’ils avaient avec les musulmans et les chrétiens.
D’un nettoyage ethnique à l’autre
Le plan de partage de 1947 avait prévu que Jérusalem serait internationalisé (au milieu de l’Etat palestinien) et serait la ville sainte des 3 grandes religions monothéistes. Depuis les années 30, il y avait un accord secret de partage de la Palestine entre les sionistes et la dynastie hachémite (le roi de Jordanie, lire à ce sujet La guerre de 1948 en Palestine d’Ilan Pappé). C’est parce que la future armée israélienne violait cet accord en attaquant un à un tous les villages palestiniens entre Tel-aviv et Jérusalem que la légion arabe jordanienne est entrée en guerre. Le 9 avril 1948, les milices fascistes de l’Irgoun (dirigée par Menachem Begin) et du groupe Stern (dirigé par Yitzhak Shamir) ont massacré la population civile du village de Deir Yassin situé à 5 Km du centre de Jérusalem. Le but était de provoquer l’exode de la population palestinienne. Quand la guerre a éclaté officiellement le 15 mai 1948, la quasi-totalité des Palestiniens habitant l’Etat donné par l’ONU aux Juifs avaient déjà été contraints à l’exil.
Deir Yassin fait partie des centaines de villages palestiniens rayés de la carte. C’est en face de là que les Israéliens ont construit le musée du génocide nazi Yad Vashem. Sur le territoire de Deir Yassin, il y a aujourd’hui le « nouveau quartier » de Givat Shaul. Le tunnel routier qui passe en dessous s’appelle Menachem Begin (du nom de l’assassin). Et les victimes de l’attentat antisémite de la Porte de Vincennes ont été enterrées au cimetière de Givat Shaul. Quel symbole !
Pour avoir les mains libres à Jérusalem, les terroristes du groupe Stern assassinent le 17 septembre 1948 le représentant de l’ONU Bernadotte et son adjoint, le colonel Sérot. Les assassins parfaitement identifiés seront intégrés dans le premier gouvernement israélien d’union nationale.
Jérusalem Ouest, agrandi avec les « nouveaux quartiers », est vidée de toute présence palestinienne. Des nouveaux immigrants s’y installent.
Au moment de l’armistice de 1949, la partie Est de Jérusalem échappe aux Israéliens. Elle contient la vieille ville et quelques quartiers autour. Jérusalem-Est est annexée par la Jordanie. Il n’y a qu’un seul point de passage (surtout pour les pèlerins) entre les deux parties de la ville, c’est la porte Mandelbaum. Et pour accéder à Jérusalem Ouest, malgré les nombreux villages rasés, les Israéliens doivent contourner l’enclave de Latrun restée jordanienne.
En 1949, Ben Gourion avait été accusé par la « droite sioniste » de ne pas avoir conquis toute la Palestine mandataire. Il s’était justifié en expliquant que ce n’était que partie remise. En juin 1967, les sionistes sont maîtres de toute la Palestine. Environ 250000 Palestinien-ne-s sont expulsé-e-s, s’ajoutant aux millions de réfugié-e-s. Et à Jérusalem Est, le nettoyage commence.
Effacer la présence et la mémoire palestiniennes
Dès la conquête, la vieille ville est séparée en quatre « quartiers » : chrétien, arménien, musulman et juif. Dans le quartier juif, toute la population palestinienne est expulsée. Elle est remplacée par des riches venus d’Israël ou des Etats-Unis. On trouve dans ce quartier juif qui jouxte le Mur des Lamentations un musée sur les gens expulsés en 1948 et leur martyr. Il ne s’agit pas des 800000 Palestinien-ne-s chassé-e-s au moment de la Nakba, mais des quelques centaines de Juifs qui vivaient dans la partie de la Palestine qui a été jordanienne entre 1948 et 1967. La manipulation de la mémoire est en marche.
Très vite, les Israéliens vont réquisitionner des terres qu’ils affirment « vacantes » pour construire des « nouveaux quartiers ». Ils ont pour nom Ramot, Atarot, Gilo, Pisgat Zeev et, plus loin du centre, Gush Etzion et Maale Adoumim.
Har Homa était une splendide forêt entre Bethléem et Jérusalem. Elle a mystérieusement brûlé le premier jour des discussions entre Yasser Arafat et Ehud Barak. C’est aujourd’hui une colonie en pleine extension, prévue pour 30000 habitants et qui sépare totalement Bethléem de Jérusalem.
La judaïsation de Jérusalem Est recevra une aide extérieure : ce sont des capitalistes français (Alstom et Véolia) qui construiront le tramway reliant Pisgat Zeev au centre ville. Ce sont les Chrétiens sionistes américains (d’authentiques antisémites) qui financeront la construction de Maale Adoumim. Cette luxueuse colonie de 40000 habitants domine le désert de Judée, coupe en deux la Cisjordanie en rendant impossible tout Etat palestinien viable et pille l’eau de la région. Elle servira aussi de prétexte à l’expulsion des Bédouins qui ont toujours vécu le long de la route qui descend à Jéricho et à la confiscation de leurs terres.
Avec les accords d’Oslo, la « Maison d’orient » dirigée par Fayçal Husseini (décédé en 2001) était censée défendre les droits des Palestiniens de Jérusalem. Ceux-ci ont « bénéficié » d’un statut à part après 1967 : ni citoyens, ni étrangers mais « résidents ». Ils bénéficient de la plaque orange sur les voitures qui leur permet de se déplacer plus facilement. Ils disposent du droit de vote aux élections municipales (ils ne s’en servent pas car ils ne reconnaissent pas l’annexion) mais pas aux élections nationales. Tout est fait (notamment le prix des loyers et l’impossibilité pour eux de construire des logements) pour les pousser à quitter Jérusalem et donc à perdre leur statut de résident.
Ariel Sharon avait compris l’enjeu que représente Jérusalem. Il avait acquis une maison en plein « quartier musulman » de la vieille ville avec plein de drapeaux israéliens et la présence pesante de nombreux soldats. C’est à Jérusalem, sur l’esplanade des mosquées le 28 septembre 2000, qu’il a fait la provocation qui a déclenché la deuxième Intifada et l’a mené au pouvoir.
En 2001, la maison d’Orient a été fermée.
Dans toutes les négociations (qui étaient en fait des demandes de capitulation) entre Israéliens et Palestiniens, les premiers sont restés « inflexibles ». Même les travaillistes ont signifié que tous les « nouveaux quartiers » resteraient israéliens et ils ont proposé qu’Abu Dis (petite ville palestinienne incluse dans le grand Jérusalem et séparée de la ville par le tracé du mur) devienne la capitale de l’Etat palestinien.
Jérusalem, ville de résistance
Aujourd’hui il y a un peu moins de 300000 habitants à Jérusalem-Ouest et un peu plus de 500000 à l’Est. Les Palestinien-ne-s sont à peine majoritaires dans ce qui aurait dû être en théorie la capitale de leur Etat.
Les attaques sont incessantes dans les quartiers palestiniens et on parle d’une troisième Intifada qui commencerait à Jérusalem. La tension est extrême dans tous les quartiers :
- Silwan où, depuis 1991, des centaines de colons intégristes sont installés, provoquant la bunkerisation du quartier et une répression permanente contre la population. À plusieurs reprises des enfants ont été arrêtés.
- Cheikh Jarrah, quartier envahi par des colons depuis 2000 et bien sûr la cour suprême leur a donné raison. Dans ces deux quartiers, des comités de citadins organisent la résistance
- La vieille ville. Depuis longtemps, une secte intégriste menace de dynamiter l’esplanade des mosquées pour reconstruire le Temple. Jusque-là, ils ne pouvaient pas accéder à l’esplanade. En les laissant parader et revendiquer le droit pour les Juifs de venir prier au mont du Temple, Nétanyahou les utilise pour provoquer des violences quand il le décide.
- C’est dans le quartier palestinien de Chouafat qu’un jeune Palestinien de 16 ans, Mohamed Abou Khdeir a été brûlé vif par des colons quelques jours avant le début de l’attaque contre Gaza en juillet 2014.
- C’est à Jérusalem qu’une école mixte pour Juifs et Arabes a été incendiée et couverte de slogans racistes : « mort aux Arabes, stop à l’assimilation ».
Alors non. Jérusalem n’est pas la « capitale indivisible » d’un Etat juif qui opprime les non-Juifs. Cette ville appartient à tout le monde, croyants de toutes les religions ou non-croyants. C’est à Jérusalem que doit être imposée la seule solution raisonnable à cette guerre séculaire : l’égalité totale des droits et le vivre ensemble.
Pierre Stambul
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