LOUISE MICHEL : « … voilà pourquoi je suis anarchiste »

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LOUISE MICHEL : « … voilà pourquoi je suis anarchiste »

Messagede denis le Mer 9 Jan 2013 18:17

Le 9 janvier 1905, Louise Michel mourait, à Marseille, à l’âge de 75 ans.
Arrêtée le 24 mai 1871 à Paris, elle est condamnée à la déportation par un tribunal versaillais pour sa participation active à la Commune. Après vingt mois de détention à l’abbaye d’Auberive transformée en prison, elle est transférée, avec nombre de communards, en Nouvelle-Calédonie. Le voyage à bord du « Virginie » durera quatre mois. C’est durant ce voyage que Louise Michel, qui jusque-là avait œuvré avec tous les groupes républicains ou révolutionnaires, devint clairement anarchiste. Elle l’explique dans un passage magnifique de ses Mémoires, que les adorateurs du bulletin de vote devraient lire, relire et méditer…


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« Durant quatre mois, nous ne vîmes rien que le ciel et l’eau, avec parfois, à l’horizon, la voile blanche d’un navire pareille à une aile d’oiseau. Cette impression de l’étendue était saisissante.
Là, nous avions tout le temps de penser.
Eh bien, à force de comparer les choses, les événements, les hommes, ayant vu à l’œuvre nos amis de la Commune si honnêtes qu’en craignant d’être terribles ils ne furent énergiques que pour jeter leur vie, j’en vins rapidement à être convaincue que les honnêtes gens au pouvoir y seront aussi incapables que les malhonnêtes seront nuisibles, et qu’il est impossible que jamais la liberté s’allie avec un pouvoir quelconque.
Je sentis qu’une révolution prenant un gouvernement quelconque n’était qu’un trompe-l’œil ne pouvant que marquer le pas, et non ouvrir toutes les portes au progrès ; que les institutions du passé, qui semblaient disparaître, restaient en changeant de nom, que tout est rivé à des chaînes dans le vieux monde et qu’il est ainsi un bloc destiné à disparaître tout entier pour faire place au monde nouveau heureux et libre sous le ciel.
Je vis que les lois d’attraction qui emportent sans fin les sphères sans nombre vers des soleils nouveaux entre les deux éternités du passé et de l’avenir devaient aussi présider aux destins des êtres dans le progrès éternel qui les attire vers un idéal vrai, grandissant toujours. Je suis donc anarchiste parce que l’anarchie seule fera le bonheur de l’humanité, et parce que l’idée la plus haute qui puisse être saisie par l’intelligence humaine est l’anarchie, en attendant qu’un summum soit à l’horizon.
Car, à mesure que passeront les âges, des progrès encore inconnus se succéderont. N’est-il pas à la connaissance de tous que ce qui semble utopie à une ou deux générations se réalise à la troisième ?
L’anarchie seule peut rendre l’homme conscient, puisqu’elle seule le fera libre ; elle sera donc la séparation complète entre les troupeaux d’esclaves et l’humanité. Pour tout homme arrivant au pouvoir, l’Etat c’est lui, il le considère comme le chien regarde l’os qu’il ronge, et c’est pour lui qu’il le défend.

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Si le pouvoir rend féroce, égoïste et cruel, la servitude dégrade ; l’anarchie sera donc la fin des horribles misères dans lesquelles a toujours gémi la race humaine ; elle seule ne sera pas un recommencement de souffrances et, de plus en plus, elle attire les cœurs trempés pour le combat de justice et de vérité.
L’humanité veut vivre et s’attachera à l’anarchie dans la lutte du désespoir qu’elle engagera pour sortir de l’abîme, c’est l’âpre montée du rocher ; toute autre idée ressemble aux pierres croulantes et aux touffes d’herbe qu’on arrache en retombant plus profondément, et il faut combattre non seulement avec courage, mais avec logique, et il est temps que l’idéal réel plus grand et plus beau que toutes les fictions qui l’ont précédé se montre assez largement pour que les masses déshéritées n’arrosent plus de leur sang des chimères décevantes.
Voilà pourquoi je suis anarchiste. »

http://florealanar.wordpress.com/2013/0 ... narchiste/
Qu'y'en a pas un sur cent et qu'pourtant ils existent, Et qu'ils se tiennent bien bras dessus bras dessous, Joyeux, et c'est pour ça qu'ils sont toujours debout !

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Re: LOUISE MICHEL : « … voilà pourquoi je suis anarchiste »

Messagede robin le Dim 20 Jan 2013 17:28

Louise Michel : une vie d’honnêteté et de fidélité aux idéaux de la Commune

Biographie sommaire une centaine d’année après sa disparition le 9 janvier 1905 et un cortège funèbre immense le 21 janvier 1905.

De tous les per­son­na­ges de la Commune de Paris, Louise Michel est la pre­mière femme à avoir triom­phé de la cons­pi­ra­tion du silence et de l’oubli.

Combattante, ora­trice, éducatrice, poète, accu­sée trans­for­mant les tri­bu­naux en tri­bune, elle campe un per­son­nage qui ser­vira de réfé­rence à toutes les révo­lu­tion­nai­res d’idéo­lo­gies diver­ses depuis la fin du 19e Siècle jusqu’à nos jours.

Louise Michel naît à Vroncourt (Haute-Marne), le 29 Mai 1830. Fille d’une ser­vante, elle est née au châ­teau appar­te­nant à la Mr et Mme Demahis qui l’éduquent dans la connais­sance des Lumières et le sou­ve­nir de la Première République. Cette éducation lui fera pren­dre cons­cience d’abord de l’injus­tice, puis de la néces­sité de la com­bat­tre.

En 1853, elle devient ins­ti­tu­trice mais elle refuse de prêter ser­ment à l’Empereur Napoléon III. Elle ensei­gnera donc dans des écoles « libres », c’est-à-dire sans lien avec le pou­voir, d’abord en Haute-Marne, puis à Paris à partir de 1856.

Ses métho­des péda­go­gi­ques s’ins­pi­rent de quel­ques grands prin­ci­pes : l’école doit être pour tous, pas de dif­fé­rence entre les sexes, néces­sité d’une éducation à la sexua­lité, l’ensei­gnant doit en per­ma­nence accroî­tre son savoir.

Sur ces idées, elle ren­contre tout ce que Paris compte de répu­bli­cains et l’avant-garde socia­liste.

En 1870, après la défaite de Napoléon III, Louise Michel se bat pour une République démo­cra­ti­que, ins­pi­rée de la Convention de l’an II, et sociale dans le pro­lon­ge­ment de juin 1848. Elle sera de tous les com­bats pour la défense de Paris et pour récla­mer l’élection de la Commune. Elle pré­side le Comité de vigi­lance des femmes de Montmartre.

Le 18 Mars 1871, elle est au pre­mier rang des femmes de Montmartre qui met­tent en échec la ten­ta­tive de Thiers de s’empa­rer des canons de la Garde Nationale.

Pendant la Commune, elle combat dans la Garde natio­nale. Elle se bat sur les bar­ri­ca­des de la Semaine san­glante. Le 24 mai, sa mère ayant été prise en otage par les Versaillais, elle se cons­ti­tue pri­son­nière. Elle connaî­tra l’hor­reur des pri­sons de Satory et des Chantiers à Versailles.

Le 16 Décembre, elle passe devant un Conseil de guerre qu’elle trans­forme en tri­bune pour la défense de la révo­lu­tion sociale (http://rebellyon.info/article.php3?id_article=55). Elle est condam­née à la dépor­ta­tion dans une enceinte for­ti­fiée. Elle est incar­cé­rée à la prison d’Auberives en (Haute-Marne), jusqu’à son départ pour la Nouvelle Calédonie le 24 août 1873 où elle arrive le 8 décem­bre.

Au bagne, elle reprend son tra­vail d’ins­ti­tu­trice auprès des Canaques. Elle les approuve quand ils se révol­tent contre la colo­ni­sa­tion. Elle se prend de sym­pa­thie pour les Algériens dépor­tés après leur révolte de 1871.

Libérée après la loi d’amnis­tie du 12 Juillet 1880, elle revient en France où elle débar­que à Dieppe le 9 Novembre et est accueillie triom­pha­le­ment à Paris, gare Saint-Lazare.

Elle reprend son action révo­lu­tion­naire mar­quée par sa fidé­lité aux idéaux de la Commune de Paris. Elle est deve­nue anar­chiste pen­dant sa dépor­ta­tion ce qui ne l’empê­che pas d’entre­te­nir des rela­tions cour­toi­ses avec ses anciens com­pa­gnons d’armes enga­gés dans la pro­pa­ga­tion du socia­lisme. Jusqu’à la fin de sa vie elle ira de ville en ville porter la parole révo­lu­tion­naire ce qui lui vaudra de séjour­ner à nou­veau en prison à plu­sieurs repri­ses.

Elle décède le 9 jan­vier 1905 à Marseille après une ultime réu­nion publi­que. Le 21 jan­vier 1905, une foule consi­dé­ra­ble suit son cor­tège funè­bre de la gare de Lyon à Paris jusqu’au cime­tière de Levallois où elle est inhu­mée a côté de sa mère.

http://rebellyon.info/Louise-Michel-une ... etete.html
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Re: LOUISE MICHEL : « … voilà pourquoi je suis anarchiste »

Messagede Béatrice le Dim 17 Mar 2013 00:30

MANIFESTATION DE L'ESPLANADE DES INVALIDES


un extrait de l'Audience du 21 juin 1883 où Louise Michel comparaissait ainsi que Jean-Joseph-Emile Pouget et Eugène Mareuil dont les conclusions
des chefs d'accusation furent les suivantes :

-1° D'avoir été, en mars 1883 à Paris, les chefs et instigateurs du pillage, commis en bande et à force ouverte, des pains appartenant aux époux Augereau, boulangers;

-2° D'avoir été à la même époque et au même lieu les chefs et instigateurs du pillage, comme en bande et à force ouverte, des pains appartenant aux époux Bouché, boulangers.

-3° D'avoir été à la même époque et au même lieu les chefs et instigateurs du pillage, comme en bande et à force ouverte, des pains appartenant aux époux Moricet boulangers..


__________________________________

Louise Michel :

C'est un vrai procès politique qui nous est fait; ce n'est pas nous qu'on poursuit, c'est le parti anarchiste que l'on poursuit en nous, et c'est pour cela que j'ai dû refuser les
offres qui m'étaient faites par Maître Balandreau et notre ami Laguerre qui, il n'y a pas longtemps, prenait si chaleureusement la défense de nos amis de Lyon.
M. l'avocat général a invoqué contre nous la loi de 1871; je ne m'occuperai pas de savoir si cette loi de 1871 n'a pas été faite par les vainqueurs contre les vaincus, contre ceux
qu'ils écrasaient comme la meule écrase le grain; c'était le moment où on chassait le fédéré dans les plaines, où Gallifet nous poursuivait dans les catacombes, où il y avait de
chaque côté des rues de Paris des monceaux de cadavres. Il y a une femme qui ose se défendre. On n'est pas habitué à voir une femme qui ose penser; on veut selon l'expression
de Proud'hon, voir dans la femme une ménagère ou une courtisane !
Nous avons pris le drapeau noir parce que la manifestation devait être essentiellement pacifique, parce que c'est le drapeau noir des grèves, le drapeau de ceux qui ont faim.
Pouvions-nous en prendre un autre ? Le drapeau rouge est cloué dans les cimetières et on ne doit le reprendre que quand on on peut le défendre. Or, nous ne le pouvions pas; je
vous l'ai dit et je le répète, c'était une manifestation essentiellement pacifique.
Je suis allée à la manifestation , je devais y aller. Pourquoi m'a-t-on arrêtée ? J'ai parcouru l'Europe, disant que je ne reconnaissais pas de frontières, disant que l'humanité entière
a droit à l'héritage de l'humanité. Et cet héritage, il n'appartiendra pas à nous, habitués à vivre dans l'esclavage, mais à ceux qui auront la liberté et qui sauront en jouir. Voilà
comment nous défendons la République et quand on nous dit que nous sommes ses ennemis, nous n'avons qu'une chose à répondre, c'est que nous l'avons fondée sur trente
cinq mille de nos cadavres.

( Mémoires de Louise Michel : Editions Tribord, 2005, collection Flibuste )

http://www.decitre.fr/livres/memoires-9 ... 90031.html
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Re: LOUISE MICHEL : « … voilà pourquoi je suis anarchiste »

Messagede pit le Dim 19 Mai 2013 17:22

Mémoires de Louise Michel écrits par elle-même :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k83088k/
"Tu peux voter, pétitionner, débattre à la télé, ou gamberger sans te bouger, mais...C’est dans la rue qu'çà s'passe"
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Re: LOUISE MICHEL : « … voilà pourquoi je suis anarchiste »

Messagede Béatrice le Lun 29 Déc 2014 20:31

vendredi 9 janvier 2015 à MARSEILLE à 18 h
19 bd Dugommier & Mille Bâbords 61 rue Consolat, 13001

Rassemblement et causerie
Louise Michel. Son combat continue
Organisé par le groupe germinal de la FA

18 h rassemblement
devant la plaque commémorative 19 boulevard Dugommier
19 h causerie sur la vie de Louise Michel avec Claire Auzias à Mille Bâbords 61 rue consolat

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Re: LOUISE MICHEL : « … voilà pourquoi je suis anarchiste »

Messagede Béatrice le Lun 11 Jan 2016 18:48

jeudi 14 janvier 2016 à MARSEILLE

-18 h 30 rdv place Thiers

La lutte enchantée
à la mémoire de Louise Michel

Comme chaque année, en mémoire de Louise Michel morte à Marseille, rendez vous place Thiers (beurk), entre le lycee Thiers (rebeurk) et le theatre du gymnase.

La place Thiers sera rebaptisée place Louise Michel
puis la chorale remontera la rue Thiers (rerebeurk), en chantant et en la rebaptisant également.

Lutte Enchantée
Chorale Révolutionnaire de Marseille
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Re: LOUISE MICHEL : « … voilà pourquoi je suis anarchiste »

Messagede robin le Dim 6 Mar 2016 17:44

Louise Michel : une vie d’honnêteté et de fidélité aux idéaux de la Commune

Biographie sommaire une centaine d’année après sa disparition le 9 janvier 1905 et un cortège funèbre immense le 21 janvier 1905

http://rebellyon.info/Louise-Michel-une-vie-d-honnetete
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Re: LOUISE MICHEL : « … voilà pourquoi je suis anarchiste »

Messagede pit le Mer 12 Avr 2017 01:02

"Tu peux voter, pétitionner, débattre à la télé, ou gamberger sans te bouger, mais...C’est dans la rue qu'çà s'passe"
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