LA COMMUNE DE PARIS

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LA COMMUNE DE PARIS

Messagede denis le Lun 18 Mar 2013 21:24

Pour mémoire, et puisque nous sommes le 18 Mars, un magnifique texte de Louise Michel

Bien moins qu’on ne se fût occupé d’une proclamation du roi Dagobert, on ne songeait à celle de M. Thiers.
Tout le monde savait que les canons, soi-disant dérobés à l’Etat, appartenaient à la garde nationale et que les rendre eût été aider à une restauration. M. Thiers était pris à son propre piège, les mensonges étaient trop évidents, les menaces trop claires.
Jules Favre raconte avec l’inconscience que donne le pouvoir la provocation préparée.
"Vinoy, dit-il, aurait voulu qu’on engageât la lutte en supprimant la paie de la garde nationale ; nous crûmes ce moyen plus dangereux qu’une provocation directe".
La provocation directe fut donc tentée ; mais le coup de main essayé place des Vosges avait donné l’éveil. On savait par le 31 octobre et le 22 janvier de quoi sont capables des bourgeois hantés du spectre rouge.
On était trop près de Sedan et de la reddition pour que les soldats, fraternellement nourris par les habitants de Paris, fissent cause commune avec la répression. — Mais sans une prompte action, on sentait, dit Lefrançais, que comme au 2 décembre c’en était fait de la République et de la liberté.
L’invasion des faubourgs par l’armée fut faite dans la nuit du 17 au 18 ; mais malgré quelques coups de fusil des gendarmes et des gardes de Paris, ils fraternisèrent avec la garde nationale.
Sur la butte, était un poste du 61e veillant au n° 6 de la rue des Rosiers, j’y étais allée de la part de Dardelle pour une communication et j’étais restée.
Deux hommes suspects s’étant introduits dans la soirée avaient été envoyés sous bonne garde à la mairie dont ils se réclamaient et où personne ne les connaissait, ils furent gardés en sûreté et s’évadèrent le matin pendant l’attaque.
Un troisième individu suspect, Souche, entré sous un vague prétexte vers la fin de la nuit, était en train de raconter des mensonges dont on ne croyait pas un mot, ne le perdant pas de vue, quand le factionnaire Turpin tombe atteint d’une balle. Le poste est surpris sans que le coup de canon à blanc qui devait être tiré en cas d’attaque ait donné l’éveil, mais on sentait bien que la journée ne finissait pas là.
La cantinière et moi nous avions pansé Turpin en déchirant notre linge sur nous, alors arrive Clemenceau qui ne sachant pas le blessé déjà pansé demande du linge. Sur ma parole et sur la sienne de revenir, je descends la butte, ma carabine sous mon manteau, en criant : Trahison ! Une colonne se formait, tout le comité de vigilance était là : Ferré, le vieux Moreau, Avronsart, Lemoussu, Burlot, Scheiner, Bourdeille. Montmartre s’éveillait, le rappel battait, je revenais en effet, mais avec les autres à l’assaut des buttes.
Dans l’aube qui se levait, on entendait le tocsin ; nous montions au pas de charge, sachant qu’au sommet il y avait une armée rangée en bataille. Nous pensions mourir pour la liberté.
On était comme soulevés de terre. Nous morts, Paris se fût levé. Les foules à certaines heures sont l’avant-garde de l’océan humain.
La butte était enveloppée d’une lumière blanche, une aube splendide de délivrance.
Tout à coup je vis ma mère près de moi et je sentis une épouvantable angoisse ; inquiète, elle était venue, toutes les femmes étaient là montées en même temps que nous, je ne sais comment.
Ce n’était pas la mort qui nous attendait sur les buttes où déjà pourtant l’armée attelait les canons, pour les joindre à ceux des Batignolles enlevés pendant la nuit, mais la surprise d’une victoire populaire.
Entre nous et l’armée, les femmes se jettent sur les canons, les mitrailleuses ; les soldats restent immobiles.
Tandis que le général Lecomte commande feu sur la foule, un sous-officier sortant des rangs se place devant sa compagnie et plus haut que Lecomte crie : Crosse en l’air ! Les soldats obéissent. C’était Verdaguerre qui fut pour ce fait surtout, fusillé par Versailles quelques mois plus tard.
La Révolution était faite.
Lecomte arrêté au moment où pour la troisième fois il commandait feu, fut conduit rue des Rosiers où vint le rejoindre Clément Thomas, reconnu tandis qu’en vêtements civils il étudiait les barricades de Montmartre.
Suivant les lois de la guerre ils devaient périr.
Au Château-Rouge, quartier général de Montmartre, le général Lecomte signa l’évacuation des buttes.
Conduits du Château-Rouge à la rue des Rosiers, Clément Thomas et Lecomte eurent surtout pour adversaires leurs propres soldats.
L’entassement silencieux des tortures que permet la discipline militaire amoncelle aussi d’implacables ressentiments.
Les révolutionnaires de Montmartre eussent peut-être sauvé les généraux de la mort qu’ils méritaient si bien, malgré la condamnation déjà vieille de Clément Thomas par les échappés de juin et le capitaine garibaldien Herpin-Lacroix était en train de risquer sa vie pour les défendre, quoique la complicité de ces deux hommes se dégageât visible : les colères montent, un coup part, les fusils partent d’eux-mêmes.
Clément Thomas et Lecomte furent fusillés vers quatre heures rue des Rosiers.
Clément Thomas mourut bien.
Rue Houdon, un officier ayant blessé un de ses soldats qui refusait de tirer sur la foule fut lui-même visé et atteint.
Les gendarmes cachés derrière les baraquements des boulevards extérieurs n’y purent tenir et Vinoy s’enfuit de la plage Pigalle laissant, disait-on, son chapeau. La victoire était complète ; elle eût été durable, si dès le lendemain, en masse, on fût parti pour Versailles où le gouvernement s’était enfui.
Beaucoup d’entre nous fussent tombés sur le chemin, mais la réaction eût été étouffée dans son repaire. La légalité, le suffrage universel, tous les scrupules de ce genre qui perdent les Révolutions, entrèrent en ligne comme de coutume.
Le soir du 18 mars, les officiers qui avaient été faits prisonniers avec Lecomte et Clément Thomas furent mis en liberté par Jaclard et Ferré.
On ne voulait ni faiblesses ni cruautés inutiles.
Quelques jours après mourut Turpin, heureux, disait-il, d’avoir vu la Révolution ; il recommanda à Clemenceau sa femme qu’il laissait sans ressources.
Une multitude houleuse accompagna Turpin au cimetière.
A Versailles ! criait Th. Ferré monté sur le char funèbre.
A Versailles ! répétait la foule.
Il semblait que déjà on fût sur le chemin, l’idée ne venait pas à Montmartre qu’on pût attendre.
Ce fut Versailles qui vint, les scrupules devaient aller jusqu’à l’attendre.



(Louise Michel, La Commune - Histoire et souvenirs, Editions la Découverte, 1999).




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Re: LA COMMUNE DE PARIS

Messagede denis le Lun 18 Mar 2013 23:05

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Re: LA COMMUNE DE PARIS

Messagede denis le Mar 19 Mar 2013 20:19

La Danse des Bombes
Louise Michel

air de la Semaine Sanglante ou d’après Brécy air de la Marseillaise


I
Amis, il pleut de la mitraille.
En avant tous! Volons! Volons!
Le tonnerre de la bataille
Gronde sur nous... Amis, chantons!
Versailles, Montmartre salue.
Garde à vous! Voici les lions!
La mer des révolutions
Vous emportera dans sa crue.

Refrain
En avant, en avant sous les rouges drapeaux!
Vie ou tombeaux!
Les horizons aujourd’hui sont tous beaux.

II
Frères nous léguerons nos mères
A ceux de nous qui survivront.
Sur nous point de larmes amères!
Tout en mourant nous chanterons.
Ainsi dans la lutte géante,
Montmartre, j’aime tes enfants.
La flamme est dans leurs yeux ardents,
Ils sont à l’aise dans la tourmente.

III
C’est un brillant lever d’étoiles.
Oui, tout aujourd’hui dit: Espoir!
Le dix huit mars gonfle les voiles.
O fleur, dis lui bien: au revoir!




Entre deux attaques des versaillais (probablement le 135ème de Ligne) contre la barricade de la rue Perronet, Louise Michel s’était mise à jouer de l’orgue au temple protestant.
« J’étais en train de jouer à m’amuser de tout mon coeur, quand un capitaine apparut avec 3 ou 4 fédérés furieux:
- Comment, c’est vous qui attirez ainsi les obus sur la barricade; je venais pour faire fusiller celui qui répondait ainsi-.
Ainsi finit mon essai d’harmonie imitative de La danse des bombes »

Louise Michel reverra ce capitaine fédéré en Nouvelle Calédonie, il s’appelait Lacour.

(avec l'aide de Jean-Jacques-nano)
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Re: LA COMMUNE DE PARIS

Messagede denis le Mar 19 Mar 2013 21:21

Femmes de la commune de Paris

Jules Vallès :
(Lors de l'enterrement de Victor Noir Janvier 1870)

« Des femmes partout. Grand signe. Quand les Femmes s'en mêlent, quand la ménagère pousse son homme, quand elle arrache le drapeau noir qui flotte sur la marmite pour le planter entre deux pavés, c'est que le soleil se lèvera sur une ville en révolte... »

La Commune de Paris de 1871, marque l'arrivée massive des femmes sur l'arène politique et dans l'engagement révolutionnaire. Elles vont s'investir par milliers durant les 72 jours qu'elle va durer et y jouer un rôle fondamental. La plupart viennent de la classe ouvrière et plus souvent du secteur couture-broderie. D'autres sont des intellectuelles, acquises aux idées féministes et socialistes révolutionnaires, qui ont rompues avec leur milieu bourgeois, se déclassant pour être libres. Elles travaillent pendant la journée et suivent des cours le soir.

Elles sont pratiquement les initiatrices de la Commune. Au matin du 18 mars, ce sont elles qui paralysent les troupes en encombrant les rues, en se mêlant aux soldats et en les appelant à fraterniser avec le peuple. Un rapport militaire relate :

- « Les femmes et les enfants sont venus et se sont mêlés aux troupes. Nous avons été rudement trompés en permettant à ces gens de s’approcher de nos soldats, car ils se mélangèrent à eux, les femmes et les enfants leur scandaient ‘Vous ne tirerez pas sur le peuple’.»

Les femmes n'auront de cesse de se dévouer pour la Commune, alors qu'aucune ne rentrera dans les sphères de son pouvoir. Elles vont s'organiser au sein de Comités de quartiers, créer des ateliers autogérés, intervenir en club et insuffler un courant féministe. Elles auront un comportement héroïque sur les barricades et en paieront un lourd tribut durant la semaine sanglante. Beaucoup de survivantes seront déportées.

On les appelait les pétroleuses, en raison de leur participation, quelque peu exagérée par les journaux et tenants du pouvoir de l'époque, aux grands incendies de la fin de la Commune. Le terme a, surtout semble-t'il, servi aux versaillais pour justifier leur violente répression.

Quoiqu'il en soit, le rôle exemplaire joué par les femmes durant la Commune, peut être vu comme une référence historique sur lesquels les mouvements feministes qui suivent vont pouvoir s'appuyer.

Beaucoup de noms, ayant disparus et les informations n'étant pas faciles à trouver, nous n'en avons recenser que quelques-unes, mais à travers celles-ci, c'est à toutes, anonymes ou non, que nous voulons rendre hommage.

Nous commençons cette liste avec Jenny d'Héricourt. Bien qu'elle ne participa pas à la Commune, elle marque, dans la suite d'Olympe de Gouges ou de théroigne de Méricourt, l'entrée des femmes dans la lutte pour leur émancipation et dans le mouvement révolutionnaire du XIXe siècle. Elle est un peu, à ce titre, une marraine de celles qui vont prendre part à l'insurrection Parisienne. Bien sûr, il y'en eu d'autres, mais son influence est largement reconnue.

http://chipluvrio.free.fr/gdes%20femmes ... s4.html#pl
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Re: LA COMMUNE DE PARIS

Messagede denis le Mar 19 Mar 2013 21:29

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Jenny d' Héricourt

(1809-1875)

Née à Besançon, Jeanne-Marie Poinsard, elle grandit dans une famille d'artisans protestants et républicains. Écrivaine, militante révolutionnaire et surtout féministe, elle n'aura de cesse de combattre pour l'émancipation des Femmes, que ce soit dans la société française ou au sein même, du mouvement révolutionnaire, encore très sexiste, à cette époque.

En 1817, elle part à Paris.

En 1836, après 4 ans de mariage, elle se sépare de son mari et plaide pour le divorce, interdit alors.

Après avoir suivi une formation d'enseignante, elle dirige une école privée de filles. Elle se lance, par la suite, de manière autodidacte, dans l'étude de la physiologie et l’histoire naturelle. Elle obtient un diplôme en médecine homéopathique, suit une formation de sage-femme à la Maternité et travaille dans les années 1850 comme gynécologue et pédiatre. Elle assure également des cours du soir pour les travailleurs des deux sexes.

Elle entame son engagement politique en 1840, par la publication de 2 romans de critique sociale. Elle adhère aux idées socialistes de Cabet. Elle participe à la révolution de février 1848. Elle fonde dans le même temps, la Société pour l'émancipation des femmes dont elle est secrétaire, visant à se battre pour la liberté et les droits civils des femmes.

Dans les années 1850, elle porte la voix des femmes sur la scène publique et chez les philosophes sociaux, notamment par la publication d'articles dans la Revue philosophique et religieuse, en réponse aux propos misogynes de Proudhon.

Jenny est, d'ailleurs connue, pour ses échanges avec celui-ci, qui pense que la Femme est naturellement inférieure intellectuellement.

Son ouvrage principal : La femme affranchie, porte le sous-titre : réponse à MM. Michelet, Proudhon, É. de Girardin, Legouvé, Comte et autres novateurs modernes. Elle va reprendre les arguments biologiques, dont ces penseurs, surtout Proudhon, se servent pour expliquer l'infériorité de la femme, à son propre compte et en souligner toute l'absurdité, ayant, en outre, une bien meilleure connaissance du sujet, que ceux-ci, de par ses études :

- « l’Anatomie vous dit : chez les deux sexes, la masse cérébrale est semblable pour la composition et, ajoute la Phrénologie, pour le nombre des organes 16. Il s’en suit que la distinction entre des hommes autonomes et des femmes assujetties n’est pas une loi naturelle, mais une décision politique et une pratique sociale : Eh ! non, Messieurs, ce ne sont pas là des hommes et des femmes : ce sont les tristes produits de votre égoïsme, de votre affreux esprits de domination, de votre imbécilité… »

Jenny fait voler en éclats, l'argument biologique de la position de la femme dans la société, pour faire ressortir, au contraire son aspect social. Elle parle de « l’annihilation sociale de la femme ». Elle est l'une des marraines de la sociologie, avec Émile Durkheim et Auguste Comte, mettant en évidence le lien social et notamment le lien sexuel qui noue les rapports humains et condamne la femme à un statut de sous-citoyenneté.

« Mon but est de prouver que la femme a les mêmes droits que l’homme. De réclamer en conséquence son émancipation ; enfin d’indiquer aux femmes qui partagent ma manière de voir, les principales mesures qu’elles ont à prendre pour obtenir justice. Le mot émancipation prêtant à équivoque, fixons-en d’abord le sens. Emanciper la femme, ce n’est pas lui reconnaître le droit d’user et abuser de l’amour : cette émancipation-là n’est que l’esclavage des passions ; l’exploitation de la beauté et de la jeunesse de la femme par l’homme ; l’exploitation de l’homme par la femme pour sa fortune ou son crédit. Émanciper la femme, c’est la reconnaître et la déclarer libre, l'égale de l’homme devant la loi sociale et morale et devant le travail » (p. 6 et 7).

Avec ce livre, Jenny va marquer les esprits et encourager beaucoup de femmes à entrer dans le combat politique et féministe, et en faire accepter l'idée chez les socialistes. Son influence va s'étendre dans d'autres pays d'Europe. Jenny vient d'ouvrir une porte.

Elle gagne les États-Unis en 1864 où elle séjournera jusqu'en 1872. Elle participe, là-bas aux activités féministes.
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Re: LA COMMUNE DE PARIS

Messagede denis le Mar 19 Mar 2013 21:49

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Nathalie Lemel

(1826-1921)

Nathalie Lemel fut l'un des membres les plus actifs et les plus héroïques de la Commune de Paris. Ce petit bout de femme, elle mesurait 1 mètre 49, voua sa vie à la révolution, dans un esprit anarchiste. Pourtant, elle n'était pas vraiment destinée à ce chemin, de par son environnement social et culturel.

Elle naît, Duval, à Brest, où ses parents tiennent un café. Ils en tirent un bon revenu et l'élèvent, semble-t-il avec soins. Elle est scolarisée jusqu'à l'age de 12 ans, dans, on peut le présumer dans ce Finistère du XIXe siècle, une école religieuse, loin de toute contestation.

Nathalie devient, ensuite, ouvrière relieuse de livres. En 1845, elle épouse Jérôme Lemel, de huit ans son aîné, travaillant dans la même branche d'activité qu'elle. Ils auront 3 enfants.

En 1849, le couple s'installe à Quimper. Nathalie y fonde une librairie. Apparemment, son affaire tombe en faillite en 1861. Les Lemel montent, alors, à Paris où elle gagne sa vie en vendant des livres, puis en travaillant dans un atelier de reliures. Il semblerait que c'est à ce moment que Nathalie devienne socialiste. On peut penser que c'est au contact des livres, qui lui passent entre les mains, qu'elle élargit son champ de réflexion. Elle se met à discuter de tout ce qu'elle voit. Elle reprend à son compte les revendications féministes et adopte un comportement de femme indépendante, rompant avec son rôle de femme au foyer

Nathalie, va évoluer de plus en plus vite, dans son parcours de militante. En août 1864, une grève des ouvriers relieurs éclate. Nathalie est de la partie. Elle y rencontre Varlin, reconnu pour son engagement sans failles. L'année suivante, une nouvelle grève est décidée. Elle fait partie du comité de grève, puis est élue déléguée syndicale, véritable révolution pour l'époque, dans un milieu ouvrier dominé par l'esprit de Proudhon et son sexisme exacerbé. Elle se distingue par sa détermination et ses qualités d’oratrice et d'organisatrice. Elle revendique l'égalité des salaires entre hommes et femmes.

Un rapport de police, de l'époque la présente ainsi :

- « Elle s’était fait remarquer par son exaltation, elle s’occupait de politique ; dans les ateliers, elle lisait à haute voix les mauvais journaux ; elle fréquentait assidûment les clubs. »

Elle adhère, également, à l'Internationale et prend une part de plus en plus active dans la lutte contre le Second Empire.

En 1867 ou 68 Nathalie la rebelle, quitte son mari, qui se serait mis à boire. Débarrassée des entraves conjugales, elle se consacre, encore plus intensément, à ses activités militantes.

Avec Varlin, son compagnon de route révolutionnaire et quelques autres relieurs, elle fonde une coopérative d'alimentation, la Ménagère, puis un restaurant coopératif en 1868, la Marmite, ayant pour but d'offrir aux ouvriers, une saine alimentation bon marché. Elle y officie comme caissière, secrétaire et participe ardemment à la préparation des repas. Pour plus d'efficacité, elle loge sur place. Cette Marmite connaît un tel succès que trois autres restaurants s'ouvrent. On compte, environ 8 000 travailleurs, qui s'y retrouvent. C'est à la fois un lieu où l'on se restaure, mais aussi où l'on discute et on y lit les mauvais journaux loin du regard des argousins de Napoléon III.

Durant le siège de Paris, pendant de la guerre de 1870-71, elle réussit à fournir chaque semaine, des centaines de repas aux gens privés de ressources. Elle devient très populaire dans le coeur des Parisiens. Infatigable, elle va dans les clubs, en particulier à l'École de médecine, où elle prend la parole.

Dés le 18 mars, elle s'engage pleinement dans la Commune de Paris. Elle intensifie ses interventions oratoires dans les clubs de femmes, y prêchant les discours les plus subversifs et radicaux.

Avec Elisabeth Dmitrieff et un groupe d'ouvrières, elle créait le 11 avril 1871, l'Union des femmes pour la défense de Paris et les soins des blessés. Le but est de porter la voix des femmes, de les organiser, et de les responsabiliser dans le projet communal et de leur faire prendre une part active dans le combat contre les versaillais. On y gère aussi, les problèmes de la vie quotidienne. Nathalie siège au sein du comité central et s'occupe plutôt des questions sociales.

Durant la semaine sanglante, Nathalie est sur les barricades, faisant le coup de feu du côté de la place Blanche, puis de Pigalle, à la tête d'une centaine de femmes. En plus de se battre contre la troupe, elle soigne les blessés et harangue les gardes nationaux à la lutte.

Un témoin relate :

- « Rentrant chez elle le 23 mai, les mains et les lèvres noires, couverte de poussière, elle disait avoir combattu 48 heures sans manger et elle ajoutait : - " Nous sommes battus, mais non-vaincus." »

Arrêtée, le 21 juin, elle est jugée par un conseil de guerre. Indomptable, elle assume fièrement toutes ses responsabilités. On la condamne à la déportation et à l’enfermement au bagne en Nouvelle-Calédonie. Ses amis vont demander sa grâce. Mais quand Nathalie l'insoumise l'apprend, elle envoie une lettre de refus catégorique au préfet de La Rochelle, le 17 août 1873. Parlant de ce recours en grâce, elle écrit

- « (...) Je déclare formellement, que non seulement, je n'en ai pas fait, mais que je désavoue celui qui serait fait à mon insu, ainsi que tout ceux qui pourraient être faits dans l'avenir. Ma décision est irrévocable. (...) »

Elle est embarquée, au côté de Louise Michel, le 24 août, à destination du bagne de Nouméa. Il est question de séparer le lieu de déportation des hommes et des femmes, Nathalie et Louise s'y opposent farouchement :

- « Nous ne demandons ni n'acceptons aucune faveur et nous irons vivre avec nos co-déportés dans l'enceinte fortifiée que la loi nous fixe. »

Elle partage sa cabane avec Louise sur la presqu'île Ducos. Il est probable que Nathalie ait eu une certaine influence sur sa codétenue

Elle rentre à Paris en 1880, après la loi d'amnistie pour les communards. Rochefort l'engage dans son journal L'Intransigeant, puis elle va vivre de divers petits travaux. Elle continue un peu, à suivre les évènements, à évoquer les grands moments de la commune et surtout la lutte pour la condition féminine, mais elle est rentrée très éprouvée par ses années de déportation.

Vers la fin de sa longue vie, elle n'a plus aucun soutien matériel et sombre dans la misère. Elle devient aveugle et finit ses jours à l'hauspice d'Ivry, qui l'accueille en 1915.
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Re: LA COMMUNE DE PARIS

Messagede pit le Lun 22 Avr 2013 00:56

Éric Fournier, " La Commune n'est pas morte" (Libertalia, 2013)

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« Aujourd'hui analysée par les historiens comme un singulier crépuscule des révolutions du xixe siècle, la Commune de Paris fut longtemps considérée comme l'aurore des révolutions du xxe siècle, comme une lutte à poursuivre.
Cet essai se penche sur les usages politiques des mémoires de cet événement tragique dont la complexité favorise une grande plasticité mémorielle. […] De 1871 à 1971, la Commune est mobilisée, intégrée avec force aux luttes politiques et sociales ; et elle mobilise à son tour, contribuant parfois aux victoires des forces de gauche en France, lors du Front populaire notamment. La Commune est alors politiquement vivante.
Après le chant du cygne du centenaire (1971), vient le temps de l'apaisement et du déclin. Mais si la Commune peine à mobiliser aujourd'hui, son mythe apparaît indéracinable et ressurgit ponctuellement dans le champ politique. » (Présentation de l'éditeur.)

Éric Fournier, agrégé et docteur en histoire, enseigne en lycée depuis une quinzaine d'années. Il est l'auteur de Paris en ruines. Du Paris haussmannien au Paris communard (Imago, 2007) ; La Cité du sang. Les bouchers de La Villette contre Dreyfus (Libertalia, 2008) ; La Belle Juive. D'Ivanhoé à la Shoah (Champ Vallon, 2011)
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Re: LA COMMUNE DE PARIS

Messagede pit le Mer 8 Mai 2013 01:51

Sur SONS EN LUTTES

Des usages de la commune de Paris
Entretien avec Eric Fournier autour de son livre "La commune n’est pas morte". Depuis 1871, la Commune de Paris a été vécue comme prémice des futures révolutions ou comme fin des révoltes parisiennes. Elle fut trainée dans la boue, glorifiée, mythifiée, récupérée par les républicains, chasse gardée des socialistes puis des communistes, fascina l’extrême droite et même les militaires férus de contre-insurrection...

http://www.sonsenluttes.net/spip.php?article591
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Re: LA COMMUNE DE PARIS

Messagede pit le Sam 11 Mai 2013 01:33

Jeudi 23 mai à Bruxelles

La Commune de Paris de 1871
Soirée de discussion


à 19h30, Bibliothèque Acrata, Rue de la Grande Ile 32 , Bruxelles

Le 18 mars 1871, la population parisienne, échaudée par 20 années d’Empire et 8 mois de siège prussien, descend dans la rue pour empêcher qu’on lui vole ses canons. Le gouvernement fuit Paris, c’est l’insurrection. Une semaine durant, les Parisiens seront maitres de leur destin.
Mais dès le 26 mars, ils acceptent d’élire de nouveaux représentants. C’est la naissance de la Commune officielle. Elle durera 2 mois, jusqu’à la Semaine sanglante.
Le 21 mai, au soir, l’armée versaillaise pénètre dans Paris sans coup férir. On annonce au dehors que la ville sera reconquise dans 24 heures... Mais il faudra une semaine de combats acharnés aux Versaillais pour briser l’insurrection dans Paris et massacrer les insurgés qui, libérés de leur gouvernement, se battront, pour beaucoup, jusqu’à la mort.
Nous vous invitons à venir discuter de ces quelques semaines de lutte, du contexte qui les a vues naitre, de leur déroulement avec ses réussites et ses échecs cuisants, jusqu’à la répression terrible qui les a suivies. Et surtout, bien entendu, des leçons et des apports que ce moment de lutte peut encore avoir dans nos combats aujourd’hui.
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Re: LA COMMUNE DE PARIS

Messagede pit le Mer 12 Juin 2013 01:51

DES USAGES DE LA COMMUNE DE PARIS

émission à écouter sur SONS EN LUTTES

Entretien avec Eric Fournier autour de son livre "La commune n’est pas morte". Depuis 1871, la Commune de Paris a été vécue comme prémice des futures révolutions ou comme fin des révoltes parisiennes. Elle fut trainée dans la boue, glorifiée, mythifiée, récupérée par les républicains, chasse gardée des socialistes puis des communistes, fascina l’extrême droite et même les militaires férus de contre-insurrection...

http://www.sonsenluttes.net/spip.php?article591
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Re: LA COMMUNE DE PARIS

Messagede Zoom le Ven 5 Juil 2013 08:29

Lire : Éric Fournier : La Commune n’est pas morte

Le 18 mars 1871, le peuple parisien se soulève, le gouvernement d’Adolphe Thiers prend la fuite pour Versailles, la ville est alors aux mains des insurgé-e-s. Durant près de trois mois, ce n’est pourtant pas le chaos qui va régner sur la capitale mais bien une expérience politique tout à fait originale, une tentative de démocratie directe : la Commune.

La Commune n’est pas morte d’ Éric Fournier est un livre où histoire et mémoire se mêlent, interrogeant les différents usages politiques qui ont pu être fait de cet événement majeur de 1871 à nos jours.

Sans revenir dans le détail sur le déroulement de ces soixante-douze jours qui suivirent l’insurrection du peuple parisien, l’auteur s’attache à examiner les différentes lectures et appropriations de l’événement : mémoire versaillaise, mémoire communarde, charge symbolique du Mur des Fédérés… Comment la Commune s’est-elle constituée comme un lieu de mémoire – pour reprendre le concept de Pierre Nora – c’est à dire que des collectivités l’ont « réinvesti de son affect et de ses émotions » ?

Sans pouvoir être exhaustif l’ouvrage revient sur les principales forces politiques ayant fait usage de l’événement, de l’extrême droite aux libertaires en passant bien sûr par les communistes. On comprend alors que le contexte historique et politique joue un rôle majeur dans l’utilisation qui peut être faite de la Commune. Sa mémoire, ou plutôt ses mémoires sont en effet en constante évolution : on n’y fait pas appel de la même manière en 1871, en 1936 ou encore aujourd’hui. Au fil du temps et à la lumière du travail des historiennes et des historiens la lecture de l’événement évolue, de même que les usages mémoriels.

C’est avec une grande clarté que l’auteur parvient à exposer la multiplicité et la complexité de ces mémoires ainsi que leurs évolutions ; si une certaine rigueur scientifique est de mise la lecture de l’ouvrage n’en reste pas moins agréable. La Commune est en somme un formidable exemple des enjeux politiques de l’usage de l’histoire et ce livre se veut également être une base de réflexion pour les militantes et les militants : si la Commune n’est pas morte, il s’agit toutefois aujourd’hui de s’attacher « à saisir la singularité du passé pour espérer comprendre celle du présent », à appréhender l’objet dans toute sa diversité, dans tout ce qu’il contient d’espoirs révolutionnaires mais aussi de contradictions afin de pouvoir rendre hommage aux communards et communardes de la manière la plus fidèle.

Florian M.

• Éric Fournier, La Commune n’est pas morte, Libertalia, 2013, 196 p., 13 euros.
http://www.alternativelibertaire.org/sp ... rticle5350
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Re: LA COMMUNE DE PARIS

Messagede robin le Ven 2 Aoû 2013 16:43

La guerre, la Commune de Paris et la liquidation de l’AIT

LA COMMUNE DE PARIS – qui a duré trois mois – est un mythe fondateur qui a été instrumentalisé par la plupart des courants du mouvement ouvrier. Chacun peut y trouver une inspiration et un modèle.

Des jacobins aux fédéralistes, des républicains aux libertaires, des patriotes aux internationalistes, chacun peut y retrouver son compte dans les événements qui ont commencé en mars 1871, à condition d’occulter tout ce qui contredit ses propres thèses.

Il reste cependant que les thèmes qui s’obstinent à survivre, après que toutes les manipulations ont été épuisées, restent des thèmes essentiellement libertaires : fédéralisme, autonomie. Or, curieusement, les libertaires sont sans doute ceux qui ont le moins cherché à « récupérer » la Commune de Paris.

Source et téléchargement du texte en pdf : http://www.monde-nouveau.net/spip.php?article138
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Re: LA COMMUNE DE PARIS

Messagede pit le Mar 13 Aoû 2013 02:29

Les femmes ont participé pleinement à la Commune de Paris mais à part Louise Michel elles sont les oubliées des livres d’histoire

Le petit dictionnaire des femmes de la Commune
Les oubliées de l’Histoire

Image


Enfin !… oui le mot convient ! Enfin nous allons les approcher, les connaître ces femmes. Elles sont victimes de l’amnésie qui frappe ce moment de l’histoire pour les hommes bien sur mais plus encore pour les femmes. Masquées par la carrure de la grande citoyenne, elles sont les proies d’un ostracisme général dans l’histoire, dans celle de la Commune de Paris en particulier. On sait pourtant que dès le premier jour, le 18 mars les femmes protègent le Commune en s’opposant à la prise des canons que les versaillais voulaient confisquer !! Leur engagement sera total jusque sur les barricades. Un combat que l’on a eu tendance à oublier !

Elles ont été présentes auprès et avec les combattants pendant ces 72 jours. Aussi, cette idée de parler d’elles, de les sortir de leur clandestinité est la bienvenue. La rédaction du Petit Dictionnaire a nécessité un travail minutieux de recherche, exigence de la part des trois auteures pour que les faits relatés soient exacts. On constate ainsi que la plupart de ces femmes courageuses venaient du peuple. Elles ont voulu la liberté, elles ont voulu l’égalité et aussi sauver leur famille de la misère. Pour cela elles ont risqué la mort et certaines l’ont trouvée sur les barricades ou ont été condamnées à la déportation en Nouvelle Calédonie, au prix de souffrances terribles.

Quelques unes sont très connues, telles Louise Michel, Nathalie Le Mel, Elisabeth Dmitrieff Les autres, celles dont on a oublié le nom méritent aussi notre admiration et notre respect. Elles sont nombreuses et ce livre nous en fait connaître plus de 800. Enfin les voilà, plus vivantes que jamais dans notre souvenir de ces jours sombres et glorieux. Ouvrage indispensable, il était temps de parler de ces femmes, de réparer cette injustice subie par les oubliées de l’histoire.

A travers cet ouvrage vous retrouverez peut être une aïeule. Le nom patronymique ne suffit pas toujours pour retrouver nos origines ! Alors vous chercherez dans la mémoire familiale les souvenirs qui feront qu’elle revivra auprès de vous. Peut être avez-vous plus d’informations sur elles. Peut- être êtes vous en possession de documents ? alors aidez nous ! Tirons ensemble sur le fil de l’histoire.

En les faisant revivre nous les réhabilitons.

Souvent traitées de voleuses, de prostituées, condamnées comme telles, les familles ont parfois eu tendance à les cacher mais nous pouvons en être fiers .Elles furent des femmes, au vrai sens du terme. Par leur engagement, leur courage, elles permirent à la démocratie d’exister.

Nous allons les sortir de l’ombre !

http://www.commune1871.org/

Un topic sur Nathalie Le Mel, figure de la Commune et "pétroleuse" ici :
http://forum.anarchiste-revolutionnaire ... use#p53458
"Tu peux voter, pétitionner, débattre à la télé, ou gamberger sans te bouger, mais...C’est dans la rue qu'çà s'passe"
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Re: LA COMMUNE DE PARIS

Messagede denis le Mer 19 Mar 2014 22:56

http://www.contretemps.eu/r%C3%A9cits/barricades

Barricades

Le 18 mars 1871, le peuple parisien se soulève, en opposition à la tentative d'Adolphe Thiers - fondé de pouvoir des classes dominantes - de s'emparer des armes de la Garde nationale. Dans la foulée, des barricades sont érigées au faubourg Saint-Antoine et à Ménilmontant, signant le début de la révolution sociale et politique connue sous le nom de Commune de Paris. A l'occasion de ce 18 mars, Contretemps vous propose de lire un texte de l'écrivain Pierre Vinclair, intitulé "Barricades", ayant précisément pour cadre cette formidable insurrection populaire qui constitua, selon le mot de Marx, "le glorieux fourrier d'une société nouvelle".



– Extrait de Commune mémoire



J'avais compris : je n'en sortirais pas, de Paris.

On pourrissait sur les barricades. Les troufions buvaient toute la journée, jouaient aux cartes en ragotant sur le capitaine et déployaient des bouillies d’opinions immédiatement dissoutes par le soleil qui nous brûlait la face. Ils commentaient la valse des généraux qui prenaient, les uns après les autres, la direction de la Garde Nationale pendant que Versailles les écrasait, jour après jour, sur le front de l’ouest ; et alors que nous n'avions que la rumeur de ces combats, chacun croyait savoir mieux que les autres comment la guerre devait être menée. Les échos d’affaires politiques, les décrets du Conseil, le nombre de prisonniers, de morts et de mouchards exécutés, les messages de Thiers : oui tout ce qui déchaînait leur enthousiasme me glissait dessus.

— C’est évidemment Rossel, qu’il nous faut !

— C’est Dombrowski !

— C’est Delescluze !

— Delescluze est trop vieux ! Pourquoi pas Pyat pendant que tu y es !

— Tous ces vieux briscards qui ne veulent que prendre leur revanche sur quarante-huit ! C’est notre révolution ! Nous en sommes les soldats ! Elle ne doit pas leur servir à régler leurs comptes !

— La Commune, elle est à nous !

— Vive la Commune !

— La Commune éternelle !

Quant aux civils, pour eux la Révolution était faite, et la Commune avait gagné depuis longtemps. Dès mi-avril, ils s'étaient mis à flâner, à s’aimer. Ils s’arrêtaient pour discuter : on n’est plus des bêtes, disaient-ils à qui voulait l'entendre. Leurs élus leur parlaient, de fait, comme à des hommes véritables et leur laissaient le droit de vivre et de penser, d’avoir du temps, d’aller où bon leur semblait, et même de se distraire. Le soir, ils se retrouvaient dans les cafés, assistaient aux concerts et dansaient, chantaient, buvaient jusqu’à l’ivresse. Comme ils étaient heureux !



Comme ils étaient insouciants. Thiers et sa meute de seigneurs, derrière deux cents rangées de fantassins, vinrent bientôt leur dire :

— Votre demande n'est pas celle de mortels.

Les toits flambèrent. On continua de trouer la ville – ponts écroulés, façades arrachées. Les barricades se transformèrent en fosses communes. Les devantures dégueulèrent les entrailles des immeubles. Les derniers Parisiens qui le pouvaient déménagèrent et leurs habitations furent des torches de paille sous un feu que rien ne calma, vorace, rampant le long des rues, transformant la Paris en brasier. La terre des corps en décomposition, le ciel en cendres. Les Versaillais, gagnant le terrain dégagé, répandirent la rumeur : les insurgés eux-mêmes auraient mis le feu à la ville – et ceux-ci furent lâchés par la population civile. Leurs troupes reculèrent jusqu’à la Butte aux Cailles. Pendant ce temps-là les immeubles se contaminaient, communiquaient le feu comme une parole que l’on échange et le dragon les avalait, d’un coup de langue bleue, les uns après les autres. Le 24 mai, il rampait sur les arêtes de l’hôtel de ville. Il le caressa, en explora les contours, paradant sous le ciel nuageux – et puis… Il s’engouffra, dévorant le bois des portes, les poutres, les meubles et les parquets, ne laissant derrière lui qu’un tas de corps pourris, de macchabées la bouche cariée par la cendre. Les pans de murs tombaient et le peuple assistait, impuissant. Le coeur de Paris s’effondrait. Les habitants hurlaient, demandaient à Jésus de pardonner leur faute et la grande bouche de Dieu depuis le ciel cramoisi grondait :

— Quand je vous appelais, vous ne m'avez pas écouté : vous pouvez m'appeler, je ne vous écoute plus.

La Commune était faite.

Brûlée vive, la Commune éternelle ! Delescluze avait dit :

— Maintenant foin des bataillons rangés… Place au peuple, aux combattants aux bras nus !

L’armée n’existait plus – ne restaient que des lambeaux d’escouades composées de socialistes et de fous – et ceux qui n’étaient pas morts avaient fui. Lécréand, lui, n’était pas socialiste. Peut-être était-il fou.

Mais les troupes versaillaises finiraient par passer chez Anne-Marie – elles ratissaient chaque pièce à la recherche de fédérés, inspectaient tout. Si l’on l’y avait trouvé, on les aurait fusillés, tous les deux. Seule elle s'en sortirait.

Il aurait dû mourir depuis longtemps déjà, depuis l'enfer du 4 avril. Il se rendait à ce brasier. Son corps serait comme le pétrole répandu dans la ville : un combustible pour le feu, une croquette pour le dragon qui dévorait Paris. Sa peau, sa chair et ses muscles brûleraient, et il s'évanouirait dans cette fumée qui rejoignait les cieux.

— Adieu.

Anne-Marie restait sur le seuil.

Elle le regardait partir dans le soleil éblouissant, le chassepot en bandoulière. Dans le costume de son mari, il rejoignait la porte Saint-Martin, où se livraient les derniers combats. C'était le 27. Paris libre n'était plus qu'un minuscule carré : Parmentier, le faubourg du Temple, les Trois-Bornes et les Trois-Couronnes, le boulevard de Belleville. Entre ces quatre rues s’élevaient des barricades de rien – des pavés, de la ferraille des chaises et les murs effondrés des maisons que les canons les uns après les autres avaient défoncés et dessous, de la terre, du gravat – à quoi tenait leur territoire ? Leur Commune ! Il n’y avait plus que ça – et pourquoi ? Les Insurgés, sans doute, avaient désiré sans fin. La liberté avec l’égalité, le loisir et l’argent, et la fête – tout ! L’amour ! Et à mesure qu'ils désiraient, leur pauvre Commune se réduisait, comme la peau de chagrin. Les derniers braves se retrouvaient au milieu de cinquante hectares entourés par les flammes, en un combat désespéré de mille contre cent mille.



Je n’étais pas encore monté au front lorsque, parmi trois cents autres combattants (non plus des soldats ou des civils mais rien que des hommes avec la rage, coincés derrière leur barricade comme des rats), je le reconnus, lui, avec sa grande mèche de cheveux bruns et son air élégant, à une vingtaine de mètres de moi, nonchalamment posé contre le mur de la manufacture d'instrument de musiques, dans un renfoncement de la rue Timbaud : c'était Arnaud Blanchard, le soldat du fort d'Ivry. Il fumait là son clope, le regard vide, ce Blanchard même à cause de qui j'avais passé quinze jours derrière les barreaux. Je le fixai de mes yeux noirs – je lui aurais planté ma baïonnette dans le ventre – et il tourna la tête vers moi.

— Hep, toi.

Un mélange de colère et de joie m'envahit. M'avait-il reconnu ? Je m’approchai doucement.

— Oui, camarade ?

Il tapait du pied, sur le sol.

— Je crois bien que je vais mourir aujourd’hui ! dit-il calme, avec une douce mélancolie.

La mort, déjà, avait pris possession de lui ; elle avait recouvert ses yeux d'un léger voile gris qui chaque seconde tournait encore un peu au blanc. Derrière ce minuscule linceul, on eût dit qu'il voyait, non pas les barricades, non pas les combattants aux corps tressés de muscles fins, prêts à se rompre, yeux globuleux barbes hirsutes, qui se relayaient sur le front, mais quelque chose qui n'était pas vraiment du monde, pas ici-et-maintenant. Ou plutôt, même s'il les voyait, car il pouvait les voir, bien sûr, que ce n'était pas lui qui les voyait, mais bien la mort, s'étant installée sous son crâne, qui voyait par ces yeux et comptait froidement, sans même se régaler de cette comptabilité macabre, ses prochains locataires.

— Je vais te montrer quelque chose, dit-il.

Il me prit par la manche : la mort nous avait fait colocataires. Je me laissai guider, comme si c'était la destinée elle-même qui me tirait le bras, pour m'emmener à l’intérieur de la manufacture.

— Ne t’inquiète pas, il n’y a personne.

Il a refermé le grillage. Nous nous sommes retrouvés dans une cour intérieure pavée, bordée de maisons basses, au milieu de laquelle un arbre était planté. Mon esprit fatigué était prêt à tout recevoir ; quelque serpent eût habité dans ce pommier que je l'aurais compris. Nous étions proche du jugement dernier ; les structures mythiques d'un réel essoré de sa graisse se révélaient dans leur pureté. Tout faisait sens.

— Tu entends ?

Blanchard souriait. Un obus éclata. La rumeur des combats reprit…

— Quoi ?

— Approche-toi…

Il me fit lever la tête :

— Il y a des oiseaux, regarde, imbécile ! C'est le printemps, et la vie continue…

Dans le pommier en fleurs, deux moineaux sautillaient, de branche en branche.

Blanchard me fit signe de le suivre. Le bâtiment principal de la manufacture s’élevait sur cinq étages de briques et il fallait monter une douzaine de marches pour parvenir au rez-de-chaussée. Comme l’énorme porte de fonte avait été forcée, il lui suffit de se servir de son fusil comme d’un levier pour l’ouvrir dans un grincement ; j'ai pénétré juste après lui dans une pièce immense, sombre et humide, où résonnaient chacun de nos pas – elle était vide et avait dû être pillée. A l’intérieur, seule l’ouverture grillagée d’un soupirail diffusait la lumière.

Blanchard s’enfonça dans les ténèbres de la pièce.

— Qu'est-ce que tu veux ?

Dans cette pénombre, ma voix, en sortant de ma bouche, s'était dix fois amplifiée. Elle emplissait chaque recoin de l'immense salle vide, comme si ce n'était pas moi, véritablement qui parlait, mais quelque puissance démoniaque venue de moi bien sûr, immatérielle, vivant au fond de moi et qui se fût servie de mes lèvres pour donner une chair à son discours – et me ventriloquait pour résonner encore.

— Tu vas voir.

Et la voix de Blanchard résonnait tout pareillement, et quand elle frappait mes tympans montait et descendait de partout en même temps, m'assaillant à droite et à gauche tant la manufacture, pareille à une église, l'avait amplifiée, déformée, diffractée. Nos frères mouraient, pendant ce temps-là, sur les barricades.

— On a mieux à faire, dis-je en amorçant un demi-tour.

Sa voix comme une camisole vint m’embrasser :

— Lécréand !

Il se souvenait de mon nom, il m'avait reconnu. Alors c'était tout différent. Je me suis retourné.

— Qu'est-ce que tu veux Blanchard ?

Je ne bougeai pas.

— Là où je suis, il y a une trappe, dit-il. Dessous, il y a une cave qui peut accueillir cinquante personnes… Je vais te montrer. Ils ne te trouveront pas.

— On a soudain peur de la mort ? Je croyais que tu t'y préparais, bien bravement...

— Toi tu peux choisir, tu peux t’en sortir. Écoute-moi. Nous allons nous faire écraser, c’est certain.

— Je veux me battre.

— Ne sois pas ridicule. On a déjà perdu.

Je le savais. On avait en effet déjà perdu, et désirer se battre, maintenant, n'avait plus aucun sens. Blanchard se rapprochant traversa la lumière que filtrait le soupirail. L’ombre des grilles se déplaça sur son visage :

— Y a rien à gagner. Ne sois pas stupide. Ta femme t’attend.

— Laisse tomber je te dis.

— Je te comprends, Lécréand. Mais tu te trompes, si tu crois qu'il y a d'un côté des héros, et de l'autre des lâches. Y a que des vivants et des morts.

Je me suis rapproché de lui. Il aurait fallu me faire partir il y a deux mois, au lieu de me jeter dans la geôle. J'allais lui foutre mon poing dans la figure et il la fermerait, une bonne fois pour toutes. Comme ça on serait quitte.

— Tu ne semblais pas si sûr de ton engagement, quand je t'ai rencontré…

Comme une corde trop tendue qui craque, je me ruai vers lui et le plaquai à terre. Je pris sa gorge dans mes pouces – et je serrai, serrai jusqu’à ce qu’il ne puisse plus parler.

— Écoute-moi bien maintenant ! J'ai crié comme un fou. Je m’en souviens plus, de ma femme, t’entends !

Ce n’était pas ma voix, amplifiée par la carcasse vide du bâtiment, qui partait et revenait s'enrouler autour de moi, étrangère la voix d'un autre, située derrière ma voix, venue du soupirail – la voix d’un démon chuchotant derrière mon corps et me domptant, me possédant. Blanchard se défendait à peine sous la pression des pouces au bout desquels je sentais le tambour du pouls s’emballer – mais allais-je tuer cet homme ? Allais-je tuer cet homme ? Effrayé par moi-même je lâchai son cou et saisis sa tête pour la rejeter avec violence, et le punir de m’avoir rendu fou.

Arnaud comme un sac s’effondra sur le sol.

— J’ai vu le visage de mes amis réduits en bouillie ! Les corps coupés par les obus ! L’odeur des morts est rentrée si loin dans mon crâne qu’elle a pourri mon corps, alors je suis déjà mort t’entends !

Il se tenait le cou, gesticulant dans sa douleur.

— Diable ! Lécréand ! articula-t-il d'une voix étouffée.

J'ai couru vers la porte de fonte comme pour me fuir, poursuivi par le bruit des pas. Le soleil m’arracha les yeux. On va finir par se bouffer entre nous ! Pensai-je.

Je me suis assis – ou plutôt j'ai balancé mon corps sur un sac de gravats qui traînait là. Mes jambes tremblaient. Reste tranquille maintenant ! Il n’y en avait plus que pour quelques heures.



Petit à petit, mes yeux se sont habitués au soleil.



Et de cinquante, on est passé à vingt hectares ; l’étau n’en finit pas de se resserrer – on ne mourrait pas l’arme à la main, on crèverait étouffés. Les soldats continuaient de se battre – on entendait les coups de feu et parfois le grondement d’un canon – d’où venaient-ils et quelles tourments avaient-ils traversés, eux qui comme moi se retrouvaient ici au fin fond de l’enfer ? Les mêmes que moi peut-être... Et j’imaginais les batailles, les famines et la boue sur les visages, les pieds déchiquetés, le ventre troué, les épaules meurtries par les sacs…

Blanchard m’apostropha depuis le grillage de la manufacture :

— Lécréand…

Son visage était blême et ses yeux plissaient sous la lumière. Mes pieds continuaient de taper nerveusement le sol. Je n'ai pas répondu. Il se tenait le cou d'une main.

— Longue vie à toi ! cria-t-il.

Il reprit son souffle :

— La mienne, salaud, je l’offre à la révolution.

Et comme si elle lui avait obéi, la détonation lourde et rauque d’un boulet qui sautait par-dessus la barricade, d’effroi me fit tomber de mon sac de gravats – j’étais déjà au sol – les chiens ! – et la terre volait en éclats, retombant sur mon crâne comme une pluie de cendres – le bruit qui trouait les tympans – les yeux cachés au creux des paumes, aveugle et respirant avec difficulté, je n’osais plus me retourner – la fin commençait donc – nous serions morts bientôt, et j’entendis le râle long, la partition où s’élevait le chant des morts – c’était le sifflet de mon tympan percé – replié sur moi-même j’écartai les doigts pour voir à travers leur grillage. Croisant les insurgés, fuyant dans l’autre sens et le visage roussi par la poussière, Blanchard courait l’arme à la main vers la barricade qu’enfonçait déjà l'offensive des troupes de Versailles – il trébuchait sur un pavé, embrochait un soldat, levait son arme comme s’il criait victoire. Un bourdonnement continu s’était installé dans le palais de mon oreille. Versailles ! Ils profitaient de l’effet de surprise pour pénétrer dans le dernier quartier et il remuait son arme éraflant les visages, perçant les corps, manquant de tomber vingt fois et retrouvant l’équilibre comme un pantin dégingandé –

D’une pression insignifiante sur la gâchette un soldat fit planer une seule balle de simple métal.

Blanchard tomba.

Sur la Terre qui tournait imperceptiblement, comme à son habitude.



Tu as de la chance, dit une voix, d’avoir survécu jusque ici ! Il n'y a pas de héros. Déguerpis !

Les soldats n’étaient plus qu’à cinquante mètres et où aller ? Je fonçai vers la première porte ouverte, me prit les pieds dans le palier et en m’aidant des mains m’engouffrai comme un chien, à quatre pattes, à l’intérieur d'une maison, la traversai et ressortis par la fenêtre opposée – la baïonnette se prit dans un rideau – je regroupai mes forces et d’un grand geste le déchirai – l’ouïe revint – une nouvelle rue – j’entendis les voix qui me poursuivaient – des balles trouèrent les murs – je courus comme un dératé tête en avant – zigzaguant sans logique – Paris déserte n’était qu’une ruine grise immense et moi la bête traquée qui n’avais plus de souffle… Je m’arrêtai d’un coup, éclatai une fenêtre avec la crosse de l'arme, escaladai, et m'écrasai au milieu d’une pièce qui puait la mort. Quelques maigres affaires étaient rangées. On n’habitait sans doute plus ici depuis des semaines.



Je rampais sur le plancher défoncé au milieu du verre – quand d’autres voix s'engouffrèrent, avec le vent, par la vitre brisée – je m'accroupis derrière le mur – c'était les soldats de Versailles qui poussaient leurs nouveaux prisonniers – j’avais du verre dans les paumes des mains, sur les genoux. Ils tournaient au coin de la maison et s'arrêtèrent juste derrière la fenêtre éclatée, à un mètre de moi. J’entendais leur haleine, devinais leur coeur battre.

— Es-tu de ceux-là, toi ? demandait-on.

— Nous en sommes, répondit un enfant.

— Quel est ton nom.

— Victor, m’sieur !

— On va te fusiller, attends ton tour.

Le sang dégoulinait, réchauffant mes genoux.

— Vous permettez que j’aille rapporter cette montre à ma mère ?

Les prisonniers durent s'aligner contre le mur, et je sentais déjà les balles plier leurs corps et traverser le mur pour m'embrocher dans la foulée.

Brochette de fédérés.

Alors, malgré le verre et malgré la douleur, sans précaution je m'allongeai par terre et je sentis les bords de chaque bris de la fenêtre, les uns après les autres, crever ma chair en mille endroits comme des boutons de pus.

— Tu veux t’enfuir ?

Je retenais mes larmes et l’enfant répondit :

— C’est juste là, au coin de la rue, et je vais revenir, monsieur le capitaine.

— Va-t’en, drôle !

J'ai prié.



Les balles ont tardé à venir.



J'ai entendu la voix fluette de l'enfant :

— Je suis prêt !

Alors une rafale de balles a balayé le mur – retiens ton souffle – seules deux d’entre elles l'ont traversé – les autres bien logées au fond des coeurs, des estomacs, dans les mètres d’intestin percés – et l’envie de vomir m'a pris lorsque j'ai entendu juste de l'autre côté de la fenêtre le glouglou du sang qui bullait hors de la bouche des fusillés.

— On les laisse là ?



— Qu’est-ce qu’on en fait, lieutenant ?

— On verra plus tard.

J’ai à peine eu le temps de relâcher mon souffle qu’un obus a pété cinquante mètres plus loin ; les soldats se sont mis à courir. J'ai rampé vers la porte située à l’opposé de la fenêtre, me suis levé et ai ouvert la porte – et le soleil, en m'inondant de sa lumière, se réfracta dans les petits bris de verre qui restaient accrochés à mon costume, au milieu du sang qui coulait. Dans la douleur mon corps, mu par une force obscure, s'est remis à marcher, malgré les entailles qui s'ouvraient à chaque pas lorsque les jambes pliaient et dépliaient, et le vent léger qui s’engouffrait à l’intérieur – les portes des maisons se succédaient comme des taches de couleur et les rues perpendiculaires se bousculaient et se croisaient. Je ne sais pas d'où viens cette force. Si c'est ce que l'on appelle l'âme. Ou si c'est l'animal en soi. Ou peut-être était-ce la ville elle-même et les rues, affolées, qui pivotaient autour de moi – non pas moi qui marchais – mais la ville tout entière qui venait s'enrouler autour des jambes – combien de centaines de mètres parcourus, seul, sans rencontrer personne ?



La rue me jette, racontait Lécréand à Allemane, sur l’énorme trouée de Ménilmontant au moment où cinq soldats tirent un prisonnier les mains accrochées dans le dos, gesticulant tellement qu’ils le piquent d’un coup de baïonnette pour le faire avancer. Ils rient – cinq soldats pour ce seul pauvre homme ! Je suis à moins de dix mètres d’eux – je dois relever la tête pour les saluer – il faut que je la relève, je vais relever la tête – je contracte les muscles du cou et mes cheveux tirent mon visage, un rayon de soleil dans les yeux mais – Diable ! Mon regard attrapé par la moustache de… Malcombe me dévisage et – Henri ! – les cinq soldats me dépassent… enfin et je vais respirer… ma tête retombe sur ma nuque… je me suis dominé – Malcombe ! – mais je n’ai pas fait quatre pas que j’entends :

— Vive la Révolution ! Vive la Commune !

Sa voix éclate, brise le ciel comme un vitrail et je vais tomber sur les genoux – je me retourne et les soldats lui tapent sur le haut du crâne d’un coup de crosse pour qu’il la ferme et Malcombe continue :

— Vive la Commune !

Lui aussi s’est retourné car c’est à moi qu’il parle mais les soldats ne l’ont pas compris et ils le rouent de coups et Malcombe en tenant son regard fixé dans le mien s’effondre : un soldat lui a planté sa baïonnette dans le ventre – il tombe à terre et je cours, je cours pour le prendre dans mes bras et on l’achève d’une balle – il se tord sur le sol – du sang va sortir de sa bouche – je suis à genoux aux pieds des cinq soldats.

Ils découvrent ma présence en riant, ils ont compris la scène. Ils rient et mes larmes coulent sur la nuque de Malcombe :

— Henri ! Henri ! Pourquoi n’as-tu pas pris la fuite ?

Le ciel déverse dans mon crâne une tristesse infinie. On agrippe mes aisselles, me relève. Un enfant sans visage empaqueté dans son casque me demande si je connais cet homme – et l’on m’embarque en me poussant d’un coup de baïonnette. Malcombe est resté mort, gisant à terre sur le boulevard comme un chien crevé de Ménilmontant.

Et les combats ont continué sans nous, finissait Lécréand.



— En haut de la rue Oberkampf, répondait Allemane, on se relayait sur le front, caché derrière la barricade, ou tireur isolé, dans les immeubles. On a attendu là, des heures durant, en se contentant de tirer une balle de temps en temps pour affirmer notre présence – jusqu’à ce qu'ils viennent, jusqu'à ce que les combats s’engagent, et que les hommes, des deux côtés, montent risquer leur vie – ça voulait dire la perdre. Bien sûr on savait que les coups de fusils ne suffiraient pas. Mais on n'avait pas le choix : où l'on se battait, où l'on se laissait écraser. Alors, de chaque côté, couverts par les tireurs cachés derrière les murs, les soldats ramassaient toutes leurs forces pour se mettre à courir, escaladant comme ils pouvaient l’accumulation de briques, de tuiles et de tas de sables qu'étaient les barricades, et tombant, se remettant debout, grimpant tout de même à l’affrontement – jusqu’à embrocher leurs ennemis d’un coup de baïonnette. Ils se ruaient sur tout ce qui bougeait, jusqu'à ce qu'un Versaillais leur décoche un pruneau et ils s’affaissaient là, au milieu du néant, avec les autres en train d’agoniser – n’ayant plus pour passer les heures qu’il leur restait à vivre qu’à écouter la symphonie des cris, des larmes et coups de feu qui éclatait partout. On profitait d’une trêve pour les en dégager et on les emmenait dans des hôpitaux de fortune – les chambres des maisons de la rue – à l’intérieur desquels les femmes et les vieux essayaient de les rafistoler. D’autres pièces servaient de cantine ; on s’asseyait, lorsqu’on était en pause, le long de petites tables qu’on avait mises bout à bout et qui faisaient banquet. On mangeait trois fois rien – un peu de pain, de la soupe et des rats, quelques pigeons rôtis – consciencieusement, en sachant que c’était là notre dernier repas ; alors, on s’efforçait d’oublier les obus qui tombaient et dans le drame lorsque tout brûle autour, lorsque l’on ne se bat plus pour vaincre mais parce qu’il n’y a que ça – ou bien s’abandonner à la mort – de la place se faisait à nouveau pour de la joie. Parce qu'on n'en n'avait plus que pour quelques instants et que le futur n’existait plus. Les conventions, les codes, tout s’écroulait autour de nous ; le masque derrière lequel se cachent les hommes craquelait, se fissurait – et j'ai compris soudain l’ivresse de nos quarante-huitards, eux qui couraient depuis vingt ans après leur révolution, la hargne des Polonais comme Dombrowski et Wroblewski qui combattaient pour la Commune à peine revenus des émeutes de Pologne où ils avaient manqué dix fois, cent fois d’y passer – et le sursaut des Algériens ! Ils le connaissaient sans doute tous, ce moment où les hommes affirment... quoi ? On n'a qu'à appeler ça leur liberté ; et ils ne parlent plus, alors, aux autres hommes – c’est face à la mort qu’ils se dressent. Elle éclabousse leurs derniers instants d’une lumière éblouissante. C’est le vertige avant le saut. Vous vous dressez face au néant – vous lui offrez sa part de viande. Ainsi derrière ces barricades retrouvait-on tous les miséreux de la terre et tous les exploités, tous ceux à qui l’on avait dit que leur vie ne valait rien : et ils revêtaient, en luttant, leurs habits glorieux, prouvant non seulement que leur vie en valait bien une autre, valait bien celle des ennemis – mais même plus : qu’elle se cabrait, se rebellait, et résistait – et qu’il faudrait en dépenser, de l’énergie, de la mitraille et de l’intelligence, pour la réduire à rien. Ainsi le 28 mai derrière la barricade tous les damnés du monde luttaient contre cette République qui refermait sur eux son piège. N’était-ce pourtant pas des hommes, de l’autre côté des barricades ? Et des Français, nos frères ? Ils agitaient les torches, les flambeaux et les lançaient dans les immeubles. Leurs yeux pleins de pétrole jouissaient à voir le feu – et ils dansaient, parce qu'eux aussi voulaient leur part de sang. Les énormes canons derrière lesquels ils avançaient ne nous envoyaient des boulets que faute de mieux : ils auraient préféré nous avaler, ou nous broyer. J’étais avec les Justes. Je me battais à leurs côtés. Et ce sentiment seul suffisait à justifier la mort : c'était notre salut. Maintenant que les ans ont passé tout cela me semble moins sûr. Ne sommes-nous pas toujours, en même temps que des opprimés, les exploiteurs de ceux qui souffrent plus que nous ? Exploiteurs, traîtres, salauds – lorsqu’en 78, à Nouméa où l'on nous avait déportés, les Kanak se sont révoltés – qu’est-ce que nous avons fait ? C’était un peuple, comme les Algériens, ils ne demandaient rien qu’à être libres, comme nous l’avions fait en défendant Le Havre contre la Prusse et Paris contre Versailles – un peuple simplement, qui réclame le droit d’être libre... Pourtant on les traitait comme des esclaves, comme des chiens ! L’autonomie – et quoi ? Répondions-nous. Les animaux sont autonomes ? Alors qu'est-ce qu'on a fait ? Nous qui étions là-bas parce qu’on nous y avait déportés, nous nous sommes rangés dans les bataillons de nos maîtres ! Nous avons obéi à ceux qui nous avaient privés des nôtres – oui nous avons lutté avec les porcs, avec ceux qui, la veille encore, frappaient sur notre propre peau le cuir du martinet, qui nous battaient et qui nous humiliaient : les militaires et les matons. Oui ! C’est avec le pouvoir de Versailles que nous avons écrasé les Kanak ! Alors... Le bon camp ! Les Kanak, on leur avait pris leur île, et on élevait notre bétail sur leurs terres, en leur défendant de cultiver... Alors qu'au fond ils étaient... ben socialistes, socialistes comme les Communards avaient toujours rêvé de l'être... Au bout d'un moment ils ont été à bout et ils se révoltèrent – on jeta dix de leurs chefs en prison. Alors les Kanak se vengèrent en massacrant tous les colons qu’ils rencontraient – y compris les demeures des forçats algériens. Et du coup les Kabyles eux aussi se sont mis dans les rangs pour se venger – et ils se sont offerts à la disposition de l’armée. Du moins ceux qui restaient...



— Parce que les Kabyles eux aussi, reprit Jean Allemane, se sont fait déporter... même si, pour la plupart, ils ne sont pas arrivés jusqu'à destination – le scorbut les a emportés... En vérité, on les a tués petit à petit, parce que sur Le Rhin on n’avait chaque jour qu’un biscuit et un seizième de pain, un bouillon, des haricots et un quart de vin à onze heures ; un biscuit, une soupe de riz, un second seizième de pain à seize – et c’est tout ! Alors on attendait le dimanche, parce que le dimanche une soupe avec du lard nous remplissait le ventre – mais eux, les Kabyles, ne mangeaient pas de porc – et on les affama comme ça. Le scorbut, la gangrène. Ils tombaient dans les pommes les uns après les autres.



— Ils étaient en révolte, les Algériens aussi... Du Tarf à Bou Hadjar, et jusqu'à Bône... Au moment même qu'on se battait, nous autres ! Leur insurrection s'amplifia, jusqu'à ce qu'un dignitaire de l'administration, Mokrani, finisse par les rejoindre ; c'est grâce à lui que les révoltés parvinrent à soulever plus de deux cents tribus, un tiers de l’Algérie ! Un jour que Mokrani, portant un burnous gris pour ne pas être distingué par la blancheur de ses vêtements, ayant gravi je ne sais plus quelle colline, avait mis pied à terre pour faire ses dévotions, sa prière terminée, il resta immobile à quelques pas des siens, inspectant le terrain. Soudain une balle le frappa entre les deux yeux ; il murmura le début d'une profession de foi : « La Illa Illa Allah ; Mohamed Rassoul Allah » et il tomba prosterné, le front touchant le sol. Les siens, m'a dit Kaouane, crurent d’abord qu’il faisait une nouvelle prière ; mais on ne le voyait pas se relever – et il est resté dans cette attitude de prière éternelle, éternelle – il était mort. Alors, partout autour, les hommes se mirent à chanter des chansons, en l'honneur de leur chef :



j’ai regardé par la fenêtre

c’est le bachagha qu’on lavait

on lui enleva les burnous

on lui mit un linceul blanc

on l’enterra à Béni-Abbès

soyez contents ô caïds

soyez contents ô chrétiens



— Bref, reprenait Allemane, les Kabyles eux aussi qui avaient tant souffert se liguèrent avec les gardes pour exterminer les Kanak. Ainsi la colonie emploie-t-elle ses esclaves pour mater ses esclaves ! On a exécuté vingt types à Dumbéa, et les cent trente Kanak vivant à Nouméa, on les a internés au bagne. Ensuite, le premier septembre, assistés par les Algériens et même par une tribu Kanak, on a attaqué Ataï, le chef du clan rebelle, et vous savez quoi ? C’est un Kanak qui l'a tué ! Les esclaves contre les esclaves… La Nation… Elle ne se mouille pas, la Nation ! Les puissants montent les Miséreux les uns contre les autres… Ils nous ont fait couper la tête d’Ataï, et ils l’ont envoyée à Paris en guise de trophée. Et cette fois encore, nous nous croyions du bon côté. Mais je sais maintenant qu'il n’y a pas de mort juste. Pas même les morts de Versailles. Maintenant – car quand je regardais par-dessus la barricade les pauvres types qu’ils envoyaient sur le front, j’avais beau me douter que c’était des pauvres gens comme moi, avec une femme et des enfants, je jouissais à l’idée d’une balle qui sortirait de mon chassepot et percerait leur carotide – oui, je voulais leur sang, c'est tout. On n’apprend rien avec des balles, oh non, sur les barricades – on n’apprend rien ! Les Algériens, et les Kanak – et les Polonais – qui s’étaient révoltés contre le colon Russe ! Tous écrasés également, et les uns par les autres !



— Pourtant, finit Allemane, je ne regrette pas de m'être battu, d'avoir été sur cette barricade de la rue Oberkampf, parce que si l'on n'a pas tout le temps été du bon côté, on était quand même entre braves, à ce moment-là – entre petites gens qui nous battions contre une armée qui pouvait nous broyer et qui nous a broyés. Nous pouvions nous enfuir et nous n'avons pas fui, nous nous sommes battus jusqu'au bout... Mais il faudrait s'arrêter là, Lécréand, je vais m'arrêter là, quand nous étions au sommet de Paris dans notre minuscule carré, dans notre ville libre, et réduite à la taille d'un timbre – on devrait toujours s'arrêter un peu avant, comme s'il n'y avait rien eu après, comme si l'histoire s'était finie, ici, et comme si nous avions gagné. Oui, camarade, dans mon récit on a gagné, et on sera restés du bon côté, éternellement : sur cette barricade où se sont retrouvés, à un moment donné, les révoltés, les exploités ayant enfin sorti leurs armes. C'était très beau. Le reste n'aura pas eu lieu. Pas cette fois.

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date: 17/03/2013 - 18:12
Pierre Vinclair
Qu'y'en a pas un sur cent et qu'pourtant ils existent, Et qu'ils se tiennent bien bras dessus bras dessous, Joyeux, et c'est pour ça qu'ils sont toujours debout !

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Re: LA COMMUNE DE PARIS

Messagede denis le Jeu 20 Mar 2014 23:26

http://www.europe1.fr/Faits-divers/Des- ... e-1918233/

http://rue89.nouvelobs.com/2014/03/20/p ... ags-250836


Elle n'est pas morte

On l'a tuée à coups d'chassepots,
À coups de mitrailleuses,
Et roulée avec son drapeau
Dans la terre argileuse !
Et la tourbe des bourreaux gras
Se croyait la plus forte.

Refrain
Tout ça n'empêche pas, Nicolas,
Qu'la Commune n'est pas morte !
(2 fois)

Comme faucheurs rasant un pré,
Comme on abat des pommes,
Les Versaillais ont massacré
Pour le moins cent-mille hommes !
Et les cent-mille assassinats,
Voyez c'que ça rapporte...

Refrain

On a bien fusillé Varlin,
Flourens, Duval, Millière,
Ferré, Rigault, Tony Moilin,
Gavé le cimetière.
On croyait lui couper les bras
Et lui vider l'aorte.

Refrain

Ils ont fait acte de bandits,
Comptant sur le silence,
Achevé les blessés dans leur lit,
Dans leur lit d'ambulance !
Et le sang inondant les draps
Ruisselait sous la porte !

Refrain

Les journalistes, policiers,
Marchands de calomnies,
Ont répandu sur nos charniers
Leurs flots d'ignominies !
Les Maxime Du Camp, les Dumas
Ont vomi leur eau-forte.

Refrain

C'est la hache de Damoclès
Qui plane sur leurs têtes :
À l'enterrement de Vallès,
Ils en étaient tout bêtes,
Fait est qu'on était un fier tas
À lui servir d'escorte !

Refrain
C'qui prouve en tout cas, Nicolas,
Qu'la Commune n'est pas morte.
(2 fois)

Bref, tout ça prouve aux combattants
Qu'Marianne a la peau brune,
Du chien dans l'ventre et qu'il est temps
D'crier : « Vive la Commune ! »
Et ça prouve à tous les Judas
Qu'si ça marche de la sorte,

Refrain
Ils sentiront dans peu, nom de Dieu,
Qu'la Commune n'est pas morte !
Qu'y'en a pas un sur cent et qu'pourtant ils existent, Et qu'ils se tiennent bien bras dessus bras dessous, Joyeux, et c'est pour ça qu'ils sont toujours debout !

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Re: LA COMMUNE DE PARIS

Messagede pit le Dim 11 Oct 2015 20:00

Mercredi 14 octobre, Paris

Ciné Publico « La commune (Paris 1871) »

Université populaire et libertaire du XIe arrdt, Commune de Paris
Le ciné de la commune
Vous propose
La Commune (Paris 1871)
1ère partie du film de Peter Watkins
Le mercredi 14 Octobre à 20H00 à la librairie PUBLICO, 145 rue Amelot, Paris 11e
En presence de Nestor Potkine

« Nous sommes en mars 1871, tandis qu'un journaliste de la Télévision Versaillaise diffuse une information lénifiante, tronquée, se crée une Télévision Communale, émanation du peuple de Paris insurgé... Dans un espace théâtralisé, plus de 200 participants (intermittents du spectacle, chômeurs, sans-papiers, provinciaux, montreuillois, simples citoyens, ...) interprètent, devant une caméra fluide travaillant en plans séquences, les personnages de La Commune pour nous raconter leurs propres interrogations sur les réformes sociales et politiques (...) »

Organisé par le groupe Commune de Paris de la Fédération Anarchiste
Séances suivantes : le 19 novembre et le 16 décembre

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Re: LA COMMUNE DE PARIS

Messagede pit le Jeu 14 Avr 2016 21:09

Paris, samedi 16 avril 2016

Montée au mur des fédérés

Commémoration de l'internationalisme

145e anniversaires de la Commune de Paris

Le syndicat unifié du Bâtiment commémorera l'internationalisme dans la commune de Paris le 16 avril à 10h au mur des fédérés.

http://www.cnt-f.org/subrp/spip.php?article918

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Re: LA COMMUNE DE PARIS

Messagede pit le Ven 7 Avr 2017 00:01

Lille, dimanche 9 avril 2017

Projection-débat-repas
La Commune ( version longue)

à l'Univers, 16 rue Georges Danton, Lille

le film dans sa version longue dure 5h30 ; il sera diffusé de 13h30 à 17h30, avec entracte. Le spectateur est invité à entrer et sortir de la salle quand il le désire.

La Commune (Paris, 1871)

- en présence de membres de Rebond pour la Commune, qui ont participé au film -

Contexte : Napoléon III perd la guerre contre la Prusse après un siège de Paris particulièrement dur pour le peuple parisien. Les 17 et 18 mars 1871, le peuple parisien, qui refuse la capitulation, se révolte. La Commune de Paris est née.
Tandis qu'un journaliste de la Télévision Versaillaise diffuse une information consternante et tronquée, se crée une Télévision Communale, émanation du peuple de Paris insurgé…

11h30 repas partagé avec des communards

13H30 diffusion première partie

16h30 Goûter-repas communard !

17h30 diffusion seconde partie

20h30 Place à l'échange !

+ exposition, buvette, petite restauration bio / locale / glanée / végé-végan…

Tarifs : Prix Libre
Proposé par Lent Ciné, collectif audiovisuel des Objecteurs de Croissance de Lille

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https://www.facebook.com/events/1237693396280515/
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