L'anarchisme et la religion

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Re: L'anarchisme et la religion

Messagede AIROleding le Mar 15 Déc 2009 00:06

ah ouais , bien vue conan Image :prier:

par contre les titans sont la seconde générations de dieux ( à considérer gaia , éros , tartare , érèbe et la nuit comme la première ) Image

j'suis pas convaincus par la "sacralisation" des titans , ils furent vaincus et punis par les olympiens , pourquoi les grecs se serait servis de divinités "déchus" :?:
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Re: L'anarchisme et la religion

Messagede skum le Mar 15 Déc 2009 00:41

Bon ben je vais aller réviser les mystérieuses cités d'or... Merci :)

edit / par contre pas de contrôle hein ! :siffle:
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Re: L'anarchisme et la religion

Messagede AIROleding le Mar 15 Déc 2009 01:07

skum a écrit:Bon ben je vais aller réviser les mystérieuses cités d'or... Merci :)

edit / par contre pas de contrôle hein ! :siffle:


pour les mythes grecs y a Ulysse 31 (avec Thémis d'ailleur) et les chevaliers du zodiaque :fume:
mais plus globalement les dessins animés , fictions et productions artistiques sont pleines de mythe , l'humain aime les "bonnes" histoires , les religions l'ont bien comprise , surtout saint pognon Image mouarf
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Re: L'anarchisme et la religion

Messagede Alayn le Mar 15 Déc 2009 05:50

Bonsoir ! C'est quoi toutes ses fables et conneries ? Ni Dieu Ni Maître ! A bas toutes les religions !!!! (et les spiritualités -bou-bou-ddhistes, mythologie grecque, etc... qui ne sont que des sas des religions, des sectes, etc...).

Perso, que des gens continuent à croire à toutes ces fabulettes, çà me dérange pas (bah...laissons croire ces imbéciles dans notre bonté par trop naïve... qui nous perdra si nous ne sommes pas suffisamment vigilants) tant qu'ils viennent pas essayer de m'endoctriner ces curetons de m... de tous acabits ! (qu'ils/elles restent dans leurs chimères et conneries sans polluer mon univers !) Arf !

Mais j'espère qu'en société anarchiste, tous ces raconteurs de fables, ces gurus, ces religions, ces spiritualités merdouilleuses, etc... la pensée libertaire les aura réduite à la portion congrue juste par le bon sens !
Les barbus qui se baladent dans les nuages, très peu pour moi... (arf !) Et mon cul, c'est du poulet ? !

Ce genre de "débat" niaiseux entre qui a pondu l'oeuf avant la spiritualité ou les religions (pour moi, c'est quasi kif-kif bourricot toute cette tambouille spiritualo-religieuse -la plupart du temps, ce n'est qu'en réalité, qu'une façon de se rassurer devant la mort, inéluctable pour tout le monde un jour ou l'autre !-... -n'importe quelle croyance spiritualo-religioso-obscurantiste et irrationnelle est une nuisance et une pollution peuplée d'icônes et IRRATIONELLE !-)
Des fadaises "rassurantes"... Le paradis après la mort alors qu'on sera toutes et tous bouffé-e-s par les vers un jour ou l'autre... (et qu'on pourra même pas appeler à l'aide Dieu, Mahomet, Bouddha, etc... à l'aide !)
Arrêtez vos conneries ! Vos croyances irrationnelles !

NI DIEU NI MAITRE ! (et le Bon Dieu dans la merde ! D'où qu'il émane ! Que ce soit des religions ou des spiritualités !)

"Les religions sèment
Le peuple trinque !"

(Excellente affiche de la FA au passage !)

Salutations Anarchistes !
"La liberté des autres étend la mienne à l'infini"
Michel BAKOUNINE
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Re: L'anarchisme et la religion

Messagede Sidrius le Mar 15 Déc 2009 11:43

charlelem a écrit:
Sidrius a écrit:Je pense que la religion comme hygiène de vie peut etre compatible avec l'anarchisme.

Je ne comprends pas cette phrase. Comment être anarchiste et croire en l'existence d'un être (ou entité) supérieur.
Pour moi c'est admettre une hierarchie, alors tant qu'on y est pourquoi se borner juste à la religion et ne pas appliquer ça à tout.
Alors on passe de "ni dieu ni maitre" à "dieu et maitre", pas très libertaire à mon gout.


Erf, j'ai mal été compris (ou alors je m'exprime mal). Ce que j'entend par "hygiène de vie" c'est des règles qu'on va suivre pour mener une existence la plus "saine" possible.
Cette idée n'inclue pas (forcément) la soumission ou croyance en un dieu. Je connais quelqu'un qui se dit chrétiens car il aime à vivre selon les (certains) principes de bases du christianisme tels que la charité, le respect de son prochain etc... mais il ne croit pas en l'existence de Dieu.
C'est comme ca que "hygiène de vie" doit être compris. Et comme je l'ai dit, rien à voir avec l'Eglise ou autre billevesées...
En gros pour moi la religion est compatible avec l'anarchisme tant qu'elle reste dans la strict sphère privée et qu'elle n'essaye pas de jouer un rôle social ou politique.
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Re: L'anarchisme et la religion

Messagede charlelem le Mar 15 Déc 2009 12:22

Je ne comprend toujours pas. Etre chrétien c'est croire au christ, ou alors on m'aurait menti. Je n'étais trés assidu au cathé, encore moins à la messe mais le peu que j'ai retenu de tout leur charabia, c'est que la base (le minimum syndical) c'est de croire en l'existence du christ et de dieu pour être chretien.
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Re: L'anarchisme et la religion

Messagede conan le Mar 15 Déc 2009 12:55

charlelem a écrit:Je ne comprend toujours pas. Etre chrétien c'est croire au christ, ou alors on m'aurait menti. Je n'étais trés assidu au cathé, encore moins à la messe mais le peu que j'ai retenu de tout leur charabia, c'est que la base (le minimum syndical) c'est de croire en l'existence du christ et de dieu pour être chretien.


Exact, le christianisme se définit par la croyance en la divinité du Christ ; si on croit que le Christ est un très grand homme il vaut mieux se tourner vers l'Islam, qui ne tarit pas d'éloge pour Issa (Jésus), tout en niant sa divinité.
Pour ma part, je comprends qu'une partie du message des évangiles soit séduisante pour des anars : rejet de l'attachement aux richesses, rejet de la corruption, rejet de l'autorité politique et religieuse, rejet du dogme, solidarité avec les plus démunis et les exclus (clochards, fous, prostituées) non-violence, amour...
Néanmoins le message des évangiles est aussi celui de la renonciation à la lutte sociale et politique, l'apologie de la soumission et du sacrifice, de la charité etc... en vue d'un hypothétique paradis.
On comprend que parmi les nouvelles religions proposant un salut et une éthique (pourtant très en vogue à l'époque impériale), du genre mithraïsme ou encore isisme (si répandue que les parisiens doivent à Isis leur nom), Constantin en monarque ait choisi de développer la religion non seulement la moins néfaste à Rome, mais qui plus est la plus adaptée à une nouvelle ère de soumission passive à l'Etat... :D
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Re: L'anarchisme et la religion

Messagede Sidrius le Mar 15 Déc 2009 12:56

C'est la que c'est "bizarre", en fait il adhères aux règles du christianisme mais en rejette les sources.
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Re: L'anarchisme et la religion

Messagede AIROleding le Mar 15 Déc 2009 13:21

Sidrius a écrit:C'est la que c'est "bizarre", en fait il adhères aux règles du christianisme mais en rejette les sources.


c'est un peu beaucoup le dogme sociétal de la droite laïcisé :wink:
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Re: L'anarchisme et la religion

Messagede Eperons le Mar 15 Déc 2009 19:33

Bonjours,

Je voudrais juste préciser quelque chose. J'aime bien l'idée de distinguer la religion comme institution de tout ce qui tourne autour de la croyance et de la sacralité. Les deux s'impliquent historiquement, culturellement, et surtout logiquement, mais ne sont pas nécessairement codépendants dans une expérience. Je trouve pour ma part qu'il est bon de le rappeler. Mais il ne faut pas oublier que si la religion implique cette institution détachable c'est justement parce que la religion et le politique se sont laïcisés. Avant cela il n'y avait pas de rites publics ou d'idée politique sans religion au sens de croyance et de sacralité, on sait qu'en leur genèse ils marchent main dans la main sous la même institution. Le mot religion comme on l'entend arrive bien tardivement, pendant très longtemps on a Dieu, la lumière, le céleste etc... puis avec les grecs la sacralité de l'institution et de la Loi et c'est la que la possibilité minimum pour avoir une "institution religieuse" apparait, ensuite avec les romains la piété devant les rites juridiques de la communauté, et seulement après la croyance, le lien chrétien, la dette entre l'homme et Dieu. Donc déjà le sens de cette discussion à laquelle je participe est rendu possible par une certaine religiosité, et difficilement séparable de notre culture française, donc chrétienne ne serait ce que dans sa morale. Jamais tout le monde ne s'accordera pour dire ce qu'est une religion, il faut donc le définir pour soi. Je ne sais si le boudhisme est une religion, éventuellement je peux croire en ce qu'un boudhiste me dira à ce sujet.

Je suis très d'accord avec celui qui a dis antithéiste plutôt que qu'athée. Mais il faut bien être positif aussi. La différence peut être c'est que selon moi on ne se passera pas de l'institution religieuse sans priver les gens d'une liberté fondamentale, et on ne supprimera jamais dans l'homme la stricte croyance en un inaccessible absolu et la stricte sacralité de la force formelle de la loi ou des conventions (des règles quoi). Tout ce qu'on doit faire c'est les changer, sans essayer de changer leur caractère sacré ou de foi ce qui pour moi ne tend qu'au refoulement : penser que l'on peux en toute circonstance se donner une loi qui est la sienne de part en part. L'espace public doit devenir adogmatique, laïque, armé pour savoir mais sans clamer qu'il sait qu'il sait. En bref pour être un antithéiste je crois que l'on ne peut se passer d'un savoir sur la religion comme ce qui excède le vivant (on pourrait développer) pour justement critiquer tout ce qu'il peut y avoir de caché et de religieux dans nos conventions les plus ou les moins acceptées.

Ps : pour répondre au dernier post. On peut distinguer ce qui rend la religion possible et la religion comme articles de foi déterminés dans tel ou tel socius. Et cela parce que religion c'est tout sauf un concept qui va de soi ou un concept scientifique. Si etre chrétien c'est essentiellement croire en Dieu dans un Homme, celui qui te dis que ce n'est que ça t'as bien mentis ou s'est trompé. Parcontre etre religieux ce n'est pas essentiellement croire en Jésus ni en tel Dieu, parce que Dieu ça ne nomme d'abord que l'absolu sur ou de l'Homme.
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Re: L'anarchisme et la religion

Messagede robin le Dim 23 Juin 2013 16:01

Texte bien fait sur la question

sur la question religieuse

Au sein des luttes sociales auxquelles nous participons, et plus largement dans la dynamique de notre combat contre toutes les formes d'oppression et de domination, nous rencontrons la religion comme idéologie, mais aussi comme fait social et culturel.

D'abord parce qu'une majorité des exploité-e-s affirme un sentiment religieux, qu'il s'agisse de l'adhésion à telle ou telle religion instituée (ou l'un de ses courants), ou la conviction qu'il existe un force extérieure à la matière, une transcendance qui, selon les cas, est présentée comme créatrice (du monde, des évênements historiques, des comportements humains, des phénomènes naturels....), comme normative (source de norme de comportement, d'une conception morale fondée sur "le bien" et "le mal" ou le "licite" et "l'illicite), comme supérieure...

Ensuite parce que la religion, comme idéologie (quelle que soit sa forme), est mobilisée dans les conflits politiques et sociaux par les protagonistes, pour justifier leur positionnement, et, dans la plupart des cas, par les dominants pour justifier leur domination.


Quelle est le fondement de notre critique de la religion ?

Quelle conception du monde ?


Toutes les religions ont en commun l'idée que ce ne sont pas les être humains, qui individuellement ou collectivement, doivent déterminer leurs comportements, les valeurs éthiques (ce que l'on considère comme juste, injuste, acceptable, inacceptable, souhaitable ou au contraire non souhaitable), la manière d'organiser la vie en société, mais une (ou des) entités extérieures aux individus et aux être humains, "transcendantes", qui définirait des normes de comportement, une conception du "bien" et du mal, de ce qu'il faut ou ne faut pas faire.

Dans le cas des religion déistes, il s'agit d'un ou plusieurs dieux, et de leur "parole révélée". Dans le cas de la religion "scientiste" il s'agit de la science vu non pas comme un méthode critique de connaissance, mais comme une autorité idéale. Dans le cas des religions "naturalistes" ou animiste, il s'agit de la nature, ou d'esprits, etc...

Cet aspect de l'idéologie religieuse (comme système d'idée), a pour conséquence de protéger de la critique des normes sociales, des comportements, des organisations sociales, dès lors qu'ils sont présentés comme l'expression de la transcendance (volonté divine, inéluctabilité scientifique, fatalité de la nature). La conséquence en est que l'idéologie religieuse est un outil de pouvoir particulièrement efficace, puisqu'elle fait échapper-lorsqu'elle est utilisée par les dominants- les rapports sociaux, les normes, la hiérarchie, la domination, à la critique rationelle, à la possibilité de remise en cause.

Il est évident que toutes les religions ont du composer au cours de l'histoire avec la démarche rationnelle, celle qui consiste pour les individus à exercer leur propre réflexion critique et le "doute méthodique" pour forger leur points de vue, ainsi qu'à énoncer des affirmations de telle manière qu'on puisse autant prouver qu'elles sont vraies que démontrer qu'elles sont fausses, ce qui n'est pas le cas de la pensée religieuse qui est "infalsifiable"(1). C'est ce qui explique que chez l'immense majorité des croyants coexistent dans les représentations religieuses un noyau rationnel et un noyau irrationnel. C'est ce qui explique, avec les contradictions du réel, qu'aucune religion (comme fait social et historique) n'a échappé à la discussion rationnelle, liée aux divergences d'interprètations de la norme religieuse, de conception de la nature et de la forme de la transcendance, opposant exégèse, courants religieux, interprètations littérales et symboliques du discours et des textes religieuses.

Aucune "religion", qu'il s'agisse des religions monothéistes ou polithéistes, des religions naturalistes ou scientistes, n'échappe au développement de courants religieux, qui représentent l'expression historique, dans le domaine religieux, du conflit entre la rationnalité humaine et l'irrationalité qui représente le coeur de l'idéologie religieuse.


Des controverses théologiques au débat philosophico-religieux, de l'Itjihad à la kabbale, aucune religion n'échappe totalement à l'approche rationnelle et à la pensée critique individuelle, qui s'exprime soit sous la forme du doute, soit sous celle de la contestation de telle ou telle interprètation du dogme, en fonction des enjeux qui s'expriment dans loa société (conflits d'intérêts, rapports de domination...).

Mais ces éléments rationnels présents dans les religions (comme production de l'histoire humaine) n'en sont pas l'expression spécifique, mais la résistence du monde social, matériel et concret, des êtres humains de chair et de sang, à un système d'idée dont le noyau repose sur la renonciation à user -l'abdication- (au moins sur une partie du réel) de la pensée individuelle critique. Bien évidemment, cette partie du réel, sur lequel l'idéologie religieuse impose à l'esprit humain de renoncer à réfléchir et interprèter (qu'il s'agisse de l'origine du monde, du sens de la vie, etc...) peut être très restreint chez un individu croyant lorsque la pensée rationnelle a poussé la pensée religieuse dans ses retranchements. Mais ce "noyau" qui échappe à toute possibilité critique, est un socle sur lequel les pouvoirs politiques, religieux, les dominant-e-s, peuvent s'appuyer pour conforter, justifier ou instituer des rapports de domination.

On rétorquera que les rapports de dominations peuvent exister, sous des formes brutales, dans des sociétés ou la rationnalité a pris une place importante, ou peuvent être incarnés, mis en oeuvre sous forme d'un discours rationnel et laique, par des individus qui eux/elles mêmes se définissent comme rationnels et laiques.

C'est une évidence. Il n'en reste pas moins qu'il s'agit ici en général de discours qui n'ont de rationnels que l'apparence, et non le contenu, car la pensée religieuse ne se résume pas aux religions instituées. Le discours scientiste applique les catégories religieuses à la science, en les "laicisant". L'idéologie étatiste est elle même "la religion des temps modernes" comme l'a montré Rudolph Rocker dans son ouvrage "nationalisme et culture".La "laicité" de certains pseudo-laiques n'a plus rien à voir avec la rationnalité critique, mais tout avec le dogmatisme qui peut nourrir parfois, ou justifier des rapports de domination bien concret, sur les individus appartenant à des minorités religieuses.

Camillo Berneri, parmi d'autres, dans son texte "le prolétariat ne se nourrit pas de curés" avait il y a déjà presque cent ans souligné les dangers d'un tel dogmatisme qui, se présentant comme une critique anti-religieuse, en reprend les méthodes et le contenu, et par la même non seulement manque sa cible mais fournit des armes aux réactionnaires religieux.

Notre critique ne s'attaque donc pas seulement à la forme extérieure que prend la pensée religieuse, mais à sa nature et à son fond, qu'on retrouve dans bien d'autres approches que les religions instituées.

Lorsque nous formulons une critique de la domination et de la hiérarchie entre êtres humains, nous rencontrons inévitablement à un moment donné l'utilisation de l'argument religieux pour justifier le rapport de domination en question : "ordre divin", "ordre naturel" ou "loi de la science" sont mobilisés pour défendre l'ordre existant.

A cet instant, deux attitudes sont possibles :

_L'une qui consiste à opposer une "autre vision de la religion", utilisé par les dominants. C'est celle des divers avatars de la "théologie de la libération". Dans le cas des "religions révélés", le débat se déplacera sur les textes et leur interprètation (littérales ou symboliques), et se résoudra en fonction du rapport de force. Celui-ci se situe du côté de celui qui édicte la norme, et l'histoire humaine montre que cette discussion se place nécessairement sur le terrain des dominant-e-s, qui peuvent en définir les termes. Dans tous les cas, il est impossible d'échapper aux termes de base de la discussion qui sont imposés, parce qu'ils constituent le socle commun religieux à l'ensemble des interlocuteurs.

Le problème se posera alors, entre deux discours religieux concurrents, de celui qui est en mesure de s'imposer par la force, et non par la conviction.

_ L'autre qui consiste à déplacer la discussion sur le terrain matériel, historique, rationnel, et d'opposer le réel à ce discours de justification utilisant la religion, c'est à dire l'opposition irréductible entre perspective de libération, d'émancipation, et oppression, en s'attaquant à toutes ses formes de justification idéologique, sous la forme d'un discours religieux théiste, naturaliste ou scientiste.

Une telle approche permet non seulement de s'attaquer aux justifications idéologiques de la domination et de l'oppression, mais aussi d'en identifier les émetteurs (pouvoirs religieux de différentes natures : clergé, idéologues religieux réactionnaires, appareils idéologiques dominants...).


Critique des usages politiques de la religion

La religion comme idéologie est un outil de pouvoir, puisqu'il ne s'agit pas d'un système de croyance personnelles, construites individuellements, mais d'un ensemble d'idées qui font système, et qui sont "performatives", c'est à dire qu'elles agissent sur le réel, en créant des normes morales, et donc des normes de comportement, de fonctionnement et d'organisation sociales.

Tous les discours religieux (scientistes, théistes, naturalistes...) ont ceci de commun qu'ils permettent aux personnes qui les énoncent d'exercer un pouvoir d'influence, tout en en masquant le ou les bénéficiaires : on peut ainsi faire agir "au nom de dieu", "au nom de la nature" ou "au nom de la science" des individus ou des groupes d'individus qui sans cette médiation refuseraient d'agir, puisqu'ils identifieraient les mobiles et bénéficiaires de l'action. Les personnes agissant sous l'influence d'une telle idéologie ou d'un tel système de norme, n'agiraient pas nécessairement de la sorte (d'une manière parfois contraire à leurs intérêts) si ils avaient conscience que l'injonction bénéficie à des êtres humains biens concrets, sous prétexte d'"accomplir la volonté de dieu", "d'obéir aux lois de la science ou de la nature".

Le clergé comme institution hiérarchisée, dans les religions structurées sur une base cléricale, est aisément identifiable comme l'un des bénéficiaires politiques de ce discours idéologique : que ce soit lorsqu'il exerce de manière directe le pouvoir, comme dans les théocraties (vatican, Iran aujourd'hui...), ou lorsqu'il justifie une structure de domination à laquelle il est lié, quelle soit étatique ou féodale...

Mais le rôle de la religion comme outil de pouvoir n'apparait pas uniquement dans un cadre ou celle-ci est structurée de manière cléricale. Le discours religieux se prète à cette utilisation même si il n'est pas porté par le clergé, mais comme idéologie commune des croyants. Ce rôle que joue la religion comme outil de pouvoir apparait au cours de l'histoire, chaque fois que la hiérarchie sociale, de quelque nature que ce soit, est justifiée par un discours religieux, comme étant l'expression d'une volonté divine, naturelle ou d'une loi scientifique. Que ce discours religieux soit tenu par une autorité religieuse instituée, ou une autorité religieuse informelle, il reste l'un des noyeaux, l'une des fondations idéologiques sur lesquelles s'appuie la domination.

C'est à ce titre qu'une politique d'émancipation se heurtera nécessairement, à un moment ou à un autre, au discours religieux, entendu ici comme le refus de la justification rationnelle d'un fonctionnement social, d'une injonction normative (morale...) en matière de comportement...

Il est indispensable d'identifier la dimension politique du discours religieux, pour briser les constructions idéologiques que dressent les dominants pour maintenir les rapports de dominations et d'oppression. La critique rationaliste accroît ainsi pour les individus en lutte la capacité à dissiper les écrans de fumée qui entretiennent ou soutiennent l'oppression.


Majorité et minorités religieuses.

Dans tous les pays, existent des majorités ou des minorités religieuses. Les personnes appartenant aux minorités religieuses sont très souvent victimes de persécutions, d'oppression, liées à ce fait. La liberté de conscience que nous défendons, ainsi que le refus de l'oppression, implique que nous nous opposions à ces persécutions ou aux rapports de dominations en question que subissent les individus appartenant aux minorités religieuses. Cela ne signifie pas pour autant qu'il nous appartient de défendre les convictions religieuses de ces individus, ou que celles-ci doivent échapper à notre critique lorsqu'elles sont mobilisées, à leur tour, pour justifier des situations d'oppression ou des rapports de domination. Nous ne parlons ainsi pas de "religions opprimés", comme le font les idéologues religieux des minortés religieuses en question, mais bien de l'oppression des personnes appartenant à des minorités religieuses. Ce sont des personnes qui sont opprimées, et non une idéologie.

Il est cependant indispensable de combattre les instrumentalisations qui peuvent être faites, par l'idéologie religieuse dominante, des critiques ciblées de telle ou telle minorité religieuses. Notre critique du discours religieux ne vise pas une religion plutôt qu'une autre, mais ce qui dans le discours religieux est utilisé pour justifier des rapports de domination. C'est cette approche généraliste qui nous distingue des critiques opportunistes de telle ou telle religion, qui peuvent masquer la défense voilée de la religion dominante, ou un discours raciste lorsque ces critiques sont couplées avec une racialisation des personnes appartenant -ou assignées malgré elles- aux minorités religieuses, comme par exemple dans le cas de l'antisémitisme et de l'islamophobie.

Nous combattons l'idéologie religieuse parce qu'elle prétend déterminer ou justifier les comportements, les normes sociales, l'organisation sociale dominante et soutient ou contribue de ce fait, à la domination et l'oppression des individus qui sont directement victimes de ces normes imposées (les femmes, les gay, les lesbiennes, les bi et les trans...), ou de l'organisation sociale ainsi justifiée (les classes exploité-e-s et l'ensemble des opprimé-e-s précédemment cité-e-s).

Mais ce combat ne saurait se fourvoyer dans des instrumentalisations religieuses ou racistes.

A ce titre, il importe de combattre dans chaque pays les amalgames essentialistes qui nient les contradictions idéologiques qui traversent les religions minoritaires, ainsi que les visions fantasmées de telle ou telle religion, basées sur l'ignorance, parcequ'elles fournissent les justifications intellectuelles d'une oppression réelle.

Notre critique globale de la religion n'empêche pas de distinguer les courants politiques qui s'en réclament, et de distinguer la gauche religieuse, de la droite et de l'extrême droite religieuse, sans renoncer à la critique spécifique du discours religieux, même "de gauche". Cette distinction est faites le plus souvent en Europe en ce qui concerne le christianisme, où les courants de gauche, voire d'extrême gauche, sont considérés distinctement des courants de droite (conservateurs religieux) ou d'extrême droite (intégristes chrétiens). Cela n'a jamais empêché la critique de la gauche chrétienne, et de ses contradictions et limites (et de son aspect oppressant dans le cas des rapports de genre) liées à son assise idéologique religieuse.

Par contre, dès lors qu'il s'agit des courants politico-religieux qui se réclament du judaisme ou de l'islam, ce soucis de distinction cède le plus souvent la place, dans les pays occidentaux, à un discours fait d'amalgames, auquels se mèlent un discours à l'arrière fond raciste. Les musulmans ou juifs (ou les individus athées de culture juive ou musulmanes, qui sont assignés par l'idéologie dominante à ces identités, fussent-ils ou elles anarchistes), y compris celles et ceux qui s'affirment progressistes, de gauche ou d'extrême gauche sont souvent d'emblée suspectés, les uns d'être "islamistes" (entendu ici comme équivalent à l'extrême droite religieuse), les autres d'être "sionistes" (entendu ici comme extrême droite religieuse, nationaliste et coloniale).Leurs prises de position contre des amalgames ou une vision fantasmée de la religion à laquelle on les assigne sont souvent d'emblée interprètées comme une défense de l'idéologie religieuse (ou nationale-religieuse) à laquelle on les assigne.

La grille d'analyse politique appliquée dans le cas de la religion dominante (distinguant extrême gauche religieuse, gauche religieuse, droite religieuse et extrême droite religieuse) cède la place à des généralisations, facilitées par l'ignorance largement partagée des contradictions politiques et courants idéologiques opposés qui partagent un même référent religieux (même si, dans le cas du sionisme, celui-ci n'est que le prétexte à un discours nationaliste -et non religieux- à dimension laique).


Minorité religieuses, minorité nationales

Dans le cadre de la construction de l'idéologie de la "Nation", nous assistons depuis la fin du XIX ème à une dynamique qui vise à transformer les minorités religieuses en minorités nationales, désignées comme "ennemis intérieurs", comme corps extérieures à la "communauté nationale" vivant sur le territoire, définie par des références (culturelles et théologiques) à une religion majoritaire. Ainsi les personnes issues de minorités religieuses, mêmes si elles se convertissent à la religion dominantes ou deviennent athées, restent considérés comme extérieures à la communauté nationale par l'idéologie dominante, cette même communauté nationale étant définie par référence à la religion majoritaire. Ce phénomène est à l'origine de l'antisémitisme moderne, et se retrouve dans les formes actuelles d'islamophobie qui visent des personnes assignées à l'identité musulmane du fait d'amalgames racistes (alors mêmes qu'elles sont athées, ou partagent d'autres conviction religieuses). Ces minorités nationales (qui regroupent toutes les personnes définies comme extérieures à la communauté nationale du fait de leur assignation à une identité religieuse considérée par le discours nationaliste comme "extérieures à la nation") sont ainsi formées à partir d'une convergence de fait entre un discours nationaliste (y compris à masque laique) et la religion dominante comme idéologie, même si celle-ci a pu être combattue par ailleurs par le premier.

On peut retrouver ce traitement des minorités religieuses considérées comme exogènes (ou le relais d'intérêts "extérieurs" au corps national) dans l'ensemble des Etats où elles existent : musulmans français considérés comme "agents de l'islamisme international"(sic), chrétiens d'Irak ou d'Egypte considérés comme "agents de l'impérialisme américain", juifs du maghreb ou du Mashreq considérés comme "agents sionistes".

On aboutit ainsi à un amalgame minorité religieuse/minorité nationale forgée par les discours nationalistes, et repris par les nationalistes appartenant aux minorités nationales. (2)

Dans tous les cas, ces amalgames concourent à l'oppression des personnes ainsi assignées à une identité religieuse, et par exclusion, à une identité nationale (ou exclu, dans tous les cas, de l'appartenance à la "communauté nationale" du pays dans lequelle elles vivent par le discours nationaliste.


Lorsque des militant-e-s athées, issus de ces minorités religieuse (ou minorités nationales) soulèvent le caractère simplificateur, contre-productif et potentiellement réactionnaire de ces amalgames (car ils rejoignent les amalgames faits par les nationalistes racialistes comme par l'extrême droite politico-religieuse chrétienne, juive ou musulmane qui présentent ses expressions comme étant la "vraie" manifestation de la religion, ou comme étant les vrais défenseurs des intérêts de la minorité nationale ou religieuse), celles et ceux-ci sont souvent confronté à un tel régime de suspicion. Pourtant, la critique de l'idéologie religieuse, d'un point de vue révolutionnaire, ne saurait se mèler à la critique opportuniste des religions minoritaires par les courants religieux dominants ou comme support d'un discours raciste remaquillé.

Car si, d'un point de vue anarchiste-communiste, nous nous opposons en bloc à l'idéologie religieuse, comme support de l'oppression, et des systèmes d'exploitation, nous ne pouvons laisser prise dans notre discours comme dans notre pratique à la critique opportuniste des religions qui justifie l'oppression des personnes assignées aux minorités nationale ou religieuse.

C'est à cette condition que nous construirons l'union des exploité-e-s face aux exploiteurs, et que nous combattrons efficacement l'idéologie religieuse et son utilisation par les dominant-e-s.

Dans le cas contraire, nous ferions le jeu de l'oppression nationaliste et religieuse dominante, des courants religieux les plus réactionnaires au sein des minorités religieuses, et des courants nationalistes au sein des minorités nationales.

Notre critique sera efficace si elle ne se laisse aller ni aux raccourcis, ni aux amalgames, à plus forte raison à l'instrumentalisation par l'idéologie religieuse dominante (fusse-t-elle maquillée comme laique), ou par l'idéologie nationaliste. En ce sens, notre critique est rationaliste, c'est à dire qu'elle respecte la liberté de conscience des individus, leur intégrité, sans sous-estimer l'influence politique de l'idéologie religieuse, et donc sans renoncer au combat idéologique contre cet outil de domination et d'influence.



(1) Voir les travaux de Popper. Toute "croyance" religieuse (qu'elle soit théiste, scientiste, naturaliste, idéaliste) repose sur des affirmations formulées de telle manière qu'elle ne puissent jamais être invalidées par l'expérience. A l'inverse, une affirmation rationnelle et scientifique porte en elle même les possibilité de sa négation, de son invalidation par l'expérience ou le raisonnement logique.

(2) Dans le cas de l'extrême droite ou de la droite religieuse musulmane, c'est la notion de Oumma qui se substitue à l'idée de nation, comme mythe mobilisateur. Les courants panarabes, quant à eux, sont partagés quant à la référence à l'islam comme religion nationale de la "nation arabe".


Source : http://theorie.anarchiste-communiste.ov ... 13512.html
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Re: L'anarchisme et la religion

Messagede Béatrice le Sam 24 Jan 2015 00:58

Douze preuves de l'inexistence de Dieu de Sébastien Faure :

http://libertaire.pagesperso-orange.fr/dieu.html
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Re: L'anarchisme et la religion

Messagede Zoom le Jeu 12 Mar 2015 15:13

Artillerie antireligieuse : trois livres

La religion, ce n’est pas seulement une mythologie archaïque, c’est aussi un système social, et il est parfois bon d’écouter les récits édifiants des gens qui ont eu à le subir de l’intérieur. La littérature sur le sujet est foisonnante. Présentation de trois livres qui sortent du lot.

Pour commencer, Black Boy, de Richard Wright (1945). Communiste et athée, Wright écrit ce livre sous la forme ­d’une autobiographie de son enfance et de ses premières années de jeune adulte, dans les années 1920. Il s’y attache à démontrer la double oppression que constitue la ségrégation raciale aux États-Unis et la religion chrétienne dont sa grand-mère est une fanatique, ce dont il souffre énormément en tant qu’athée (il le devient très jeune).

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Le deuxième livre, c’est Confidences à Allah de Saphia Azzeddine (2008). Hilarant mais d’une crudité redoutable (à ne pas mettre entre des mains trop timorées), Confidences à Allah évoque la trajectoire d’une jeune Marocaine qui subit tout au long de son enfance l’hypocrisie patriarcale et religieuse des hommes... avant de devenir ­prostituée.

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Enfin, le troisième livre – plus léger – c’est La Lamentation du prépuce de Shalom Auslander (2009). Là, c’est le milieu des juifs orthodoxes new-yorkais qui est dynamité par un jeune adulte qui n’en finit pas d’essayer de négocier chaque événement de sa vie avec un dieu impitoyable. Là aussi, le rire est puissant et implacable contre les petites bassesses (le père cache des revues pornographiques sous le lit) ou la schizophrénie intrinsèque à toute pratique religieuse dans notre monde technologique...

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Dans ces trois livres, l’enfant élevé dans la religion n’a que deux choix : subir ou se rebeller. Dans les trois livres, c’est la deuxième option qu’il ou elle choisit.

L’autre point commun entre ces livres est de rappeler que si, prises hors contexte, les religions peuvent parfois nous paraître dignes de respect ou de considération, il n’en va pas de même lorsqu’on les expose à la lumière crue de l’expérience personnelle.

Ainsi, tel le vampire (qu’elles exècrent pourtant) les religions du Livre ne souffrent pas le soleil du détail qui prouve de manière éclatante l’incompatibilité entre leur théorie et leur application forcément biaisée par des humains trop humains. Sans compter que les religions sont fondées sur un message de terreur, de haine, de viol et d’atteintes aux droits humains : il suffit de lire la Genèse pour s’en convaincre.

À la lecture fastidieuse de la Bible, du Coran et de la Torah, opposez donc plutôt celle de Wright, Azzeddine et Auslander : trois perles de la littérature subversive et antireligieuse.

Guillaume (AL Toulouse)

• Richard Wright, Black Boy, 1945, Gallimard, 448 pages, 8,50 euros.
• Saphia Azzeddine, Confidences à Allah, 2008, Éditions Léo Scheer, 145 pages, 16 euros.
• Shalom Auslander, La Lamentation du prépuce, 2009, Editions 10/18, 305 pages, 8,40 euros.

http://alternativelibertaire.org/?Artil ... euse-trois
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Re: L'anarchisme et la religion

Messagede Zoom le Sam 3 Oct 2015 03:07

Contre les religions : Combattre tous les systèmes de domination

S’il est nécessaire de s’opposer à la stigmatisation des musulmans et des musulmanes, Alternative libertaire veut développer un combat contre tous les racismes et contre l’oppression religieuse. Nous en donnons ici les raisons.

Nous ne reviendrons pas ici sur l’analyse de Pierre Tévanian concernant la montée de la stigmatisation actuelle des musulmanes et des musulmans. Alternative libertaire partage cette analyse, en particulier quand la laïcité ou le féminisme sont appelés à la rescousse par la réaction pour montrer du doigt les personnes originaires d’Afrique du Nord ou d’Afrique noire.

Ni loi, ni voile !

Pour autant, et c’est ce qui nous différencie de Pierre Tévanian, Alternative libertaire dénonce le piège tendu aux femmes prises entre le mépris républicain et la « tradition », qui leur impose le voile, parfois le niqab, symboles de domination sur le corps des femmes. Nous ne soutiendrons jamais aucune législation répressive sur ces questions, parce qu’elles répriment les femmes et qu’elles s’inscrivent dans une stigmatisation des populations issues des anciennes colonies. Mais nous n’entendons pas non plus taire nos critiques sur la place que les religions – toutes les religions – assignent aux femmes.

Les idéologies religieuses sont des systèmes complexes, récupérant à un niveau plus ou moins significatif des éléments « progressistes », voire « libérateurs ». Et régulièrement les institutions religieuses peuvent servir de « lieu d’organisation » des groupes sociaux dominés. Mais les religions, qui toutes appellent à la sujétion face à une divinité supérieure à l’humanité, ont été, sont et seront toujours des systèmes de domination.

Combattre tous les racismes

Le racisme est une réalité polymorphe. Son objet est toujours de stigmatiser une partie de la population. Au travers de discriminations et de violences symboliques et physiques, il s’agit de diviser la masse des dominé-e-s en fractions antagonistes. En Europe occidentale aujourd’hui, le racisme dominant désigne le paria sous les traits imprécis du « musulman » et enveloppe cet archétype de toutes les peurs de la société occidentale. Mais d’autres racismes perdurent et obtiennent parfois la vedette dans le système médiatique, à l’encontre des Roms, des juifs, des asiatiques, des populations noires des Dom-Tom... Le racisme est plus que jamais colonial. Et pour nous le combat antiraciste ne doit jamais cesser d’être global sous peine d’être affaibli.

Au final, notre combat contre tous les systèmes de domination nous impose une position complexe. Nous ne pouvons nous satisfaire d’une posture où l’islamophobie serait l’alpha et l’oméga de la lutte antiraciste. Nous ne pouvons pas mettre en veilleuse notre critique des religions, donc aussi de l’islam, parce qu’une partie significative de ces victimes du racisme, en particulier celles originaires d’Afrique du Nord et d’Afrique noire, se reconnaissent dans cette religion.

Critiquer les religions, respecter les croyants

Affirmer « théoriquement » que nos camarades originaires d’Afrique du Nord comme d’Afrique noire, qu’ils-elles soient français-e-s ou pas ou encore qu’ils-elles soient musulman-e-s ou pas, sont nos égales et nos égaux n’est pas suffisant. Pour en faire une réalité il est nécessaire de les respecter y compris quand ils-elles sont croyant-e-s.

C’est ce respect qui permet d’avancer dans la construction d’un véritable échange et d’une solidarité dépassant les clivages « religieux », et ainsi de faire comprendre - et partager - ce qui fonde notre critique des religions. Face à la recrudescence du « religieux », le combat antiraciste trouve son prolongement dans une critique de tous les systèmes de domination et en particulier des traditions de domination sur les femmes et de la dépendance archaïque à la religion. Nous ne serons jamais les complices d’un système de domination pour en combattre un autre !

Jacques Dubart (AL Agen) et Laurent Esquerre (AL Paris Nord-Est)

http://www.alternativelibertaire.org/?C ... -Combattre
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Re: L'anarchisme et la religion

Messagede pit le Dim 5 Juin 2016 13:27

Les Femmes et les religions

... ou comment les religions sont un facteur fondamental d'oppression pour les femmes.

Dans ce texte, je fais référence à quatre religions : l'islam, le judaïsme, le catholicisme et le bouddhisme. Je commencerai par parler de ce que je connais bien, c'est-à-dire le catholicisme, ayant été élevée dans cette religion, puis des autres religions, en faisant référence à des lectures. J'analyserai quel est le rôle qui est imparti aux femmes dans toutes les religions et j'essaierai de démontrer en quoi les femmes ont tout à perdre à s'aliéner à une religion, quelle qu'elle soit.

... http://www.socialisme-libertaire.fr/201 ... gions.html
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Re: L'anarchisme et la religion

Messagede pit le Lun 20 Juin 2016 10:00

De la religion

Voilà déjà un certain temps que la question de la religion suscite des débats dans le mouvement révolutionnaire et syndical. La circulaire Chatel de 2012 sur les mères voilées, les réactions aux attentats contre Charlie Hebdo, pour ne citer que ces exemples, ont contribué à figer les positions et ont conduit, plus ou moins directement, à l’éclatement de certains groupes. Alors que certainEs continuent à faire de la critique de l’aliénation religieuse un élément fondamental de l’anarchisme, d’autres dénoncent un universalisme essentialiste qui renverrait à un racisme honteux, à une forme d’islamophobie plus ou moins consciente.

Le sujet a été débattu à plusieurs reprises au sein de la CLA. Cet article ne prétend ni résumer les débats, ni présenter une position « officielle » de la CLA. Il expose simplement un point de vue personnel qui n’engage que son auteur.

1. La critique de l’aliénation religieuse : un élément fondamental de l’anarchisme.

Si l’anarchisme est incompatible avec une vision religieuse du monde, c’est pour trois raisons : philosophiques, éthiques et politiques.

Une démission de la raison.

Pour les anarchistes, la liberté de pensée doit être totale. Pour connaître le monde, nous ne disposons que de trois instruments : nos sens, notre sensibilité et notre raison. De ce fait, toute vérité ne peut être que partielle et provisoire. Or les religions imposent des dogmes qui se présentent comme des vérités absolues, au-dessus de toute critique. Quels sont ces dogmes ? Des idées délirantes. Le concept de création divine est une absurdité injustifiable. Croire que l’univers a été créé ex nihilo par une ou plusieurs entités relève de la pure fiction. Cette affirmation ne se présente pas comme une hypothèse susceptible de vérification, mais est assénée comme une révélation indiscutable. Comment peut-on, après Spinoza et Darwin, affirmer que l’humanité a été créée de toutes pièces, qu’elle est le sommet de la création et que la nature a une fin ? Pour le faire, il faut avoir renoncé à faire usage de sa raison.

Une morale normative.

Une religion ne se résume pas à un ensemble de croyances portant sur l’origine et les fins de l’univers. Elle édicte des normes, des commandements et des interdits qui émaneraient d’une entité supérieure et s’imposeraient à l’humanité sous peine de châtiments. Cette entité définirait, dans l’absolu, la différence entre le Bien et le Mal. Quoi de plus étranger aux principes de l’anarchisme ? Pour les libertaires, le Bien et le Mal ne sont pas des normes transcendantes. C’est l’humanité qui doit définir ses principes éthiques de façon non contraignante, en les fondant sur l’intérêt bien compris. On trouve un exemple intéressant de cette démarche dans la Morale anarchiste de Pierre Kropotkine (voir l’article consacré à cet ouvrage dans le numéro 12 de l’Éclat d’octobre 2012).

Au service de la domination.

Les religions ont contribué et contribuent encore à perpétuer les systèmes de domination et d’exploitation et ceci sous des formes différentes. Le procédé le plus brutal consiste à instaurer un État théocratique, où le gouvernement tire son autorité de Dieu. Aujourd’hui, l’État iranien en fournit un exemple. Cependant, même lorsqu’elles ne portent pas directement les religieux au pouvoir, les religions ont pour constante de prôner la soumission et le renoncement. On connaît la célèbre Épître aux Romains de l’apôtre Paul : « Que chacun se soumette aux autorités en charge. Car il n’y a point d’autorité qui ne vienne de Dieu, et celles qui existent sont constituées par Dieu. Si bien que celui qui résiste à l’autorité se rebelle contre l’ordre établi par Dieu. Et les rebelles se feront eux-mêmes condamner ».

On objectera, comme le fait Philippe Corcuff dans un article du Monde Libertaire (numéro 1752 du 16 au 22 octobre 2014) qu’il ne faut pas essentialiser les religions et qu’elles peuvent revêtir une dimension subversive. Il est vrai qu’à certaines périodes de l’histoire, certains courants religieux ont pu sembler s’engager dans une voie révolutionnaire ou progressiste. Si l’on prend l’exemple du mouvement millénariste et communiste initié par Thomas Münzer au XVI° siècle, il est indéniable qu’il se fondait sur une interprétation de textes religieux auxquels il donnait une perspective révolutionnaire. Ce faisant, il était hérétique : la dimension révolutionnaire du mouvement millénariste (certes discutable) n’est pas contenue dans les dogmes religieux. Elle les détourne, les déforme. Les autorités politiques et religieuses qui condamnèrent à mort Thomas Münzer ne s’y sont pas trompées.

De même, la théologie de la libération, qu’on nous donne souvent en exemple ne suffit pas à exonérer les religions de leur rôle politique. Au même titre que le christianisme social, elle ne s’est jamais inscrite dans la perspective d’un changement révolutionnaire, mais dans celle d’un aménagement de l’ordre existant.
En bref, soit les religions perpétuent la domination, soit certains courant religieux adoptent une position plus critique, mais en s’excluant de l’ordre religieux.

2 Peut-on être laïc et libertaire ?

Une contradiction dans les termes.

Si la laïcité désigne le principe de la séparation de la religion et de l’État, les anarchistes qui combattent à la fois l’État et l’aliénation religieuse ne peuvent s’en revendiquer. Certes, dans une logique du moindre mal, on doit bien admettre que le fait de ne pas se voir imposer d’obligation religieuse, de ne pas être contraint à subir une instruction religieuse ou encore à mimer des rites constitue un gain de liberté. Mais le concept de laïcité est discutable à plusieurs titres.

Le catéchisme laïque.

En France, la référence à la laïcité sert de prétexte à dispenser un catéchisme républicain dont les affirmations pompeuses sont en contradiction flagrante avec la réalité. Il suffit, pour s’en convaincre, de lire la fameuse Charte de la laïcité affichée dans tous les établissements scolaires. On y lit par exemple : « La République laïque organise la séparation des religions et de l’État. L’État est neutre à l’égard des convictions religieuses ou spirituelles. Il n’y a pas de religion d’État ». Officiellement, certes, il n’y a pas de religion d’État mais il est fréquent de voir des représentants de l’État dans l’exercice de leurs fonctions assister à une messe dès que l’occasion s’en présente comme le fit Manuel Valls en 2014 lors de la canonisation de Jean XXIII et de Jean-Paul II au Vatican.

La même Charte ose proclamer : « La laïcité permet l’exercice de la citoyenneté, en conciliant la liberté de chacun avec l’égalité et la fraternité de tous dans le souci de l’intérêt général ». Comme si l’égalité et l’intérêt général avaient un sens dans l’ordre capitaliste !

Un usage raciste de la laïcité.

Depuis quelques années, la laïcité sert de masque aux discours racistes les plus décomplexés. Riposte laïque, fondée en 2007, en constitue l’exemple le plus caricatural. Ce ramassis de fachos se réclame de la laïcité pour s’attaquer, non à l’Islam (on peut attaquer l’Islam, le Judaïsme, le Christianisme sans être raciste) mais aux Musulmans ou supposés tels. Leur prétendue laïcité ne les empêche pas toutefois de délirer sur les soi-disant racines chrétiennes de la France. Il est indéniable qu’aujourd’hui, pour beaucoup, la laïcité sert de masque à un racisme visant essentiellement deux types de personnes : celles qui professent (ou sont censées professer) deux religions : l’Islam ou le Judaïsme.

Une critique ethniciste de la laïcité.

Reconnaître et dénoncer l’usage raciste de la laïcité ne doit pas pour autant nous conduire à adhérer à un autre type de discours : celui qui, dénonçant l’universalisme comme une sorte de colonialisme honteux, revendique l’identité religieuse comme une forme de lutte contre la domination raciale. Une telle démarche (voir par exemple le Parti des Indigènes de la République) a pour effet d’empêcher l’unité du prolétariat dans sa lutte contre le capital et l’État. De même que le racisme de la droite et de l’extrême droite divise les travailleuses et travailleurs, l’ethnicisme qui oppose les blancs et les indigènes ne peut que faire obstacle à la lutte des classes.

Bref : un concept foireux.

En résumé, le concept de laïcité est un concept dont il faut se méfier. Il semble plus clair de mettre en avant l’athéisme.

3 Combattre les religions, pas les croyantEs.

Il nous semble donc nécessaire, aujourd’hui plus que jamais, avec le retour du religieux, de ne pas céder à la tentation de l’auto-censure. Notre critique des religions doit être sans concessions.

En même temps, nous devons rester lucides sur ce qui se joue autour de la question du religieux. On a vu que la prétendue défense de la laïcité sert de masque à l’expression de positions racistes. Quand on dénonce cet état de fait, que dénonçons-nous ? Il ne s’agit nullement de défendre la religion, fût-elle la plus stigmatisée, ni la liberté de croire (la croyance n’étant pas un acte de liberté mais une forme d’asservissement). Ce que nous combattons, c’est le racisme sous toutes ses formes. D’ailleurs, ce que l’on nomme « islamophobie » (concept ambigu) ne renvoie pas à un rejet de l’Islam en tant que tel, mais à une attaque en règle contre celles et ceux qui sont censéEs professer cette religion, même lorsque ces personnes sont athées.

Comment combattre les religions ?

En tant que libertaires, loin de nous l’idée d’interdire (supposé que l’on en ait les moyens) l’expression d’une foi religieuse. Les staliniens eurent beau interdire toute activité religieuse en 1929, ils ne réussirent pas à éradiquer les religions. Une telle démarche est, non seulement contraire à nos principes, mais totalement inefficace. C’est par la discussion, par l’argumentation que nous parviendrons peut-être à faire reculer l’aliénation religieuse. Celle-ci ne pourra disparaître totalement que lorsqu’ auront disparu les conditions qui la rendent possible : l’ignorance et l’injustice à l’origine du besoin de consolation religieuse.

Et les croyantEs ?

La lutte contre les religions n’est pas une lutte contre les croyantEs. Dans les luttes concrètes que nous menons, nous côtoyons des personnes qui ne partagent pas nos idées. Celles-ci peuvent être athées, agnostiques ou croyantEs. Lorsque nous luttons ensemble, peu importe : si je suis en grève, ce n’est pas le croyant ou la croyante qui est à mes côtes, mais le ou la gréviste. C’est par l’unité de classe que nous parviendrons à faire disparaître les clivages qui nous divisent.

http://www.cla01.lautre.net/De-la-religion
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Re: L'anarchisme et la religion

Messagede pit le Lun 29 Aoû 2016 02:02

Les religions, facteur fondamental de l’oppression des femmes

Isabelle Daniellou dresse pour nous un tableau édifiant de la place dans laquelle sont tenues les femmes dans quatre religions : le catholicisme, l’islam, le judaïsme et le bouddhisme. Il n’est pas étonnant que les luttes des femmes pour leur émancipation aient dû - et doivent encore - se mener contre les religions. Pour secouer le joug du système patriarcal et de la domination masculine qu’elles leur imposent toutes, la laïcité est un point d’appui important car elle exige que les Eglises renoncent à intervenir dans l’exercice de la vie publique démocratique.

L’analyse du rôle qui est imparti aux femmes dans toutes les religions démontre que les femmes ont tout à perdre à s’aliéner à une religion, quelle qu’elle soit.

Soumises à l’homme puis à Dieu dans le catholicisme

Quelques souvenirs d’enfance : le port des mantilles religieuses ou chapeaux pour les femmes à l’église, la lecture à l’adolescence d’un livre sur la sexualité où il était écrit qu’une femme se devait d’être disponible pour son époux, celui-ci n’ayant d’autres ressources pour lui prouver son amour que la sexualité hétéro-normée, évidemment selon son bon vouloir.

La lecture des Epîtres de Saint-Paul était aussi édifiante (j’ai eu un parcours religieux exemplaire, j’ai fait ma communion solennelle et ai donc eu droit à une bible dans laquelle j’ai puisé ces extraits) :
"Il est bon pour l’homme de s’abstenir de la femme..." [1]
"Le chef de tout homme, c’est le christ ; le chef de la femme, c’est l’homme..."
"Si donc une femme ne met pas de voile, alors qu’elle se coupe les cheveux ! Mais si c’est une honte pour une femme d’avoir les cheveux coupés ou tondus, qu’elle mette un voile..."
"Ce n’est pas l’homme en effet qui a été tiré de la femme mais la femme de l’homme et ce n’est pas l’homme bien sûr qui a été créé par la femme, mais la femme pour l’homme. Voilà pourquoi la femme doit avoir sur la tête un signe de sujétion à cause des anges..." [2]
"Je ne permets pas à la femme d’enseigner ni de dominer l’homme. Qu’elle se tienne donc en silence. C’est Adam, en effet, qui fut formé le premier. Eve ensuite. Et ce n’est pas Adam qui fut séduit, c’est la femme qui, séduite, tombe dans la transgression. " [3]

Gabrielle Feuvrier, religieuse d’un ordre contemplatif, dit : "La création se fait dans la séparation, « ... homme et femme il les créa ». Il y a là une séparation, la marque indélébile d’une différence. J’ai découvert combien cette altérité fondamentale est structurante pour la vie de l’humanité, pour ma propre vie.
Me reconnaître femme, c’est donc faire droit à ce que je suis dans le dessein du Père ; c’est faire droit à l’autre, homme, dans sa différence. Je crois que cette vie dans la différence sexuelle reconnue avec simplicité m’ouvre sur toute différence, sur toute altérité. C’est un chemin et je goûte de le parcourir à la suite du Christ chaste, pauvre, obéissant, lui, le modèle d’humanité".

Le tableau est bien brossé : pour la femme, obéissance, soumission, d’abord à l’homme puis à Dieu et pour l’homme, obéissance à Dieu et domination sur la femme.

Epouses fidèles et voilées pour les musulmans

La position des femmes dans la religion musulmane n’est pas meilleure.

On lit dans Le Coran : "Lorsqu’on annonce à l’un d’entre eux la bonne nouvelle (de la naissance) d’une fille, son visage noircit et il suffoque (de colère)". [4]

Cependant, la place des femmes n’est pas si catastrophique qu’on pourrait le penser à condition qu’elles soient mères ou épouses fidèles, la fidélité n’étant pas réciproque puisque l’homme peut être polygame. Et toujours la sempiternelle image de la femme portée au statut de sainte si elle est mère.

A la question : "Qui a le plus droit à ma bonne compagnie ?", le prophète Mouhammad répondit : "Ta mère, puis ta mère et encore ta mère, ensuite ton père..."

Quant au voile, voilà ce qu’une femme "instructeur du dogue religieux musulman", puisqu’elle n’a pas le droit au terme d’imam, pour ne pas être à égalité avec l’homme, en dit : "Le voile est prescrit dans le Coran, dans plusieurs sourates (chapitres) : « O prophète ! Dis à tes épouses, à tes filles et aux femmes des croyants de ramener sur elles leurs voiles[...] et qu’elles rabattent leurs voiles sur leurs poitrines et qu’elles veillent à ne pas étaler leurs ornements, sauf devant leur mari, leur père [...] »".

Si tant est qu’on puisse considérer que le fait d’être une sommité religieuse soit une libération, il n’est pas question pour les hommes de leur laisser cette prérogative et toujours pour les sempiternelles raisons de rôle imparti en fonction du sexe.

Voici ce que dit Dalil Boubakeur, recteur de la grande mosquée de Paris : "Dans la liturgie musulmane, il n’y a pas de femme imam. Lors de l’office, une femme peut se placer devant un groupe de femmes et guider la prière. C’est la seule attitude tolérée". [5]

Une fois de plus, les femmes ne doivent surtout pas prendre une place qui ne leur est pas réservée, donc autre que celle de relais de la bonne parole.

Impures et au service de leur mari dans la religion juive

Pour ce qui concerne la religion juive, il n’est que de voir le téléfilm Epouses soumises, diffusé par Arte, pour être édifiéE par la condition des femmes dans cette religion.

Le symbole de l’impureté, lié aux menstrues (non spécifique au judaïsme), est significatif de l’inégalité criante que les femmes subissent dans les milieux intégristes. A tel point qu’une femme, même très malade, ne peut être aidée par son mari si elle a un malaise. Ce dernier ne peut la secourir, celle-ci étant considérée comme impure.

Quant à leur position dans la société : "ces femmes s’appliquent sans doute à devenir celles qui, demain, seront les meilleurs compagnons d’étude de leur mari, ainsi que le rav Kook l’avait enseigné...". Comme le souligne David Messas, grand rabbin de Paris : "Dans la religion juive, l’homme étudie, la femme prie et transmet la religion à ses enfants [...] La Torah a prévu des séparations entre hommes et femmes pour ne pas entraver la concentration de l’homme peut-être pour nous sauvegarder de nous-mêmes. En aucun cas pour différencier la valeur spirituelle égalitaire homme-femme". [6]

Autrement dit, "ChacunE chez soi et les vaches seront bien gardées", de préférence par les femmes !

Obéissantes et douces pour les bouddhistes

J’aurais eu tendance à croire que le bouddhisme, porteur d’un idéal non-violent, avait une vision plus égalitaire des relations entre les femmes et les hommes, et bien je m’étais trompée.

On lit, dans les Sermons du Bouddha, des "Conseils à une femme excessive" (il est évident qu’un homme ne peut pas être excessif, tout juste viril) : "Si une femme est cruelle, si elle est corrompue dans sa pensée, si elle néglige son mari, si elle n’est pas aimable, si elle est enflammée à cause d’autres hommes, si elle souhaite la disparition de son mari, alors on peut dire qu’elle est une femme semblable à une meurtrière. [...] Si une femme est paresseuse [...] alors on peut dire qu’elle est une femme semblable à une patronne".

Et au contraire : "Si une femme supporte les difficultés venant de son mari, si elle supporte tout avec calme et avec un cœur pur, si elle est obéissante à la parole de son mari, si elle est libérée de la colère, alors on peut dire qu’elle est une femme semblable à une servante. [...] Si une femme est sympathique [...], douce dans sa pensée [...], si elle est obéissante à son mari [...], après la mort elle se promènera dans le bonheur céleste". [7]

Toutes les religions oppriment les femmes

Cette suite de citations met en évidence des idées propres [communes ?] à toutes les religions :
- Une femme ne peut s’épanouir que si elle est une bonne épouse, une bonne mère, et évidemment une bonne croyante.
- Elle n’a aucune autre existence en dehors de cette identité et cela justifie toutes les exactions à son encontre : violences, viols, inégalités sociales, politiques et économiques.
- De tous temps, qu’elles qu’aient été les religions polythéistes ou monothéistes, les femmes ont été considérées comme inférieures et les différents pouvoirs politiques ont utilisé les religions pour mieux les asservir.
- A l’époque de l’Inquisition, elles ont été brûlées comme sorcières, par ailleurs excisées, infibulées voire violées ou violentées, ou au mieux ignorées.

Pour avoir baigné dans le puritanisme catholique pendant toute mon enfance, et avoir eu un mal fou à me libérer de ce carcan moralisateur entraînant un sentiment de culpabilité énorme quand je n’étais pas une "bonne" mère ou une "bonne" épouse, je voudrais faire mienne la parole d’Emma Goldman qui écrivait en 1906 : "Il est de toute nécessité que la femme retienne cette leçon : que sa liberté s’étendra jusqu’où s’étend son pouvoir de se libérer elle-même. Il est donc mille fois plus important pour elle de commencer par sa régénération intérieure ; de laisser tomber le fait des préjugés, des traditions, des coutumes". [8] Autrement écrit : "Ni Dieu, ni maître, ni ordre moral" !

Isabelle DANIELLOU
Sud Education Côtes-d’Armor



[1] Epître 1, Mariage et virginité.

[2] Première épître aux Corinthiens, Le bon ordre dans les assemblées, la tenue des femmes.

[3] Epître de Paul à Thimotée 1, 2/12-14.

[4] Sourate 16, verset 58.

[5] Paris Match, interview réalisée par d’Olivia Catan.

[6] Paris Match, interview réalisée par de Catherine Schwaab.

[7] Sermons du Bouddha, chapitre 7, Conseils à une femme excessive, Bhariya-Sutta.

[8] "La tragédie de l’émancipation féminine", Emma Goldman, 1906, traduit par E. Armand (1914), in Lutte des sexes, lutte des classes, p.185, éditions Agone.


http://www.sudeducation.org/Les-religio ... ental.html
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Re: L'anarchisme et la religion

Messagede de passage le Lun 29 Aoû 2016 19:47

Ce sont des empoisonneurs

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Ces sinistres illusions sont entretenues afin de nous faire accepter tout le carcan de normes morales et de règles sociales qui nous font vivre en esclaves, dans l’enfer qu’est ce monde. Un enfer bâti par les pouvoirs d’État, par le capitalisme et aussi par les religieux.

Pour prêtres et bigots, la vie ne serait qu’une épreuve à endurer afin de gagner une récompense dans l’au-delà. Mais ils nous mentent : nous n’avons que cette vie-ci. Leurs cieux irréels ne sont rien d’autre que l’image de la Justice, la main du pouvoir qui distribue rétributions et punitions ici bas.Les religions sont un instrument pour maintenir les exploités obéissants, pour justifier le pouvoir et la richesse de quelques-uns. L’idée de divinité est la racine même du principe d’autorité et son pendant, la foi, est celle de la servitude volontaire, ce venin de l’esprit.
La suite ici http://www.non-fides.fr/?Ce-sont-des-empoisonneurs
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Re: L'anarchisme et la religion

Messagede de passage le Ven 21 Oct 2016 19:32

La laïcité doit-elle être cantonnée au seul aspect de la séparation des Eglises et de l’Etat

La laïcité doit-elle être cantonnée au seul aspect de la séparation des Eglises et de l’Etat ?Nous autres libertaires avons une vision globale de la société, à ce titre nous condamnons toute croyance au sacro-saint marché qui permet sans vergogne l’exploitation de l’homme par l’homme. Sous couvert de liberté économique, les lobbies industriels et financiers imposent leurs diktats et leur vision du monde. Après avoir célébré la fin de la lutte des classes, les partisans des lois du marché essaient de nous faire accepter leurs lois comme intangibles au même titre d’ailleurs que toutes les églises désirent que la loi religieuse impose la soumission de chaque individu à leur loi divine. Ainsi le marché génère chômage massif, licenciements boursiers…et  des millions de salariés ont peur du lendemain comme les croyants ont peur de la hiérarchie ecclésiastique et d’être pris en défaut par leurs pairs qui les fliquent de fait.

Lire la suite ici http://le-libertaire.net/laicite-etre-c ... ses-letat/
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