Souverainisme

Espace de débats sur l'anarchisme

Souverainisme

Messagede Zoom le Jeu 17 Sep 2015 15:26

Sortir de l’euro : le dernier boniment à la mode

C’est la dernière lubie en vogue dans une certaine gauche étatiste : à bas l’euro ! Il faut sortir de l’euro ! Tous unis – souverainistes de droite comme de gauche – sous la bannière du franc français ! Les technocrates new-look du Front national triomphent...

L’idée est maintenant répandue, à gauche, de faire de la sortie de l’euro non seulement un enjeu... mais un objectif en soi. La sortie de l’euro serait devenue la condition première de tout changement !

Ce discours est dangereux. Non seulement il escamote la seule façon de rompre avec le système capitaliste, la socialisation des moyens de production et d’échange, mais en plus il crédibilise les mensonges du FN et entraîne une partie des forces militantes à gauche vers un nationalisme malsain et même des alliances criminelles.

Un curieux panel

Qui l’eut cru ? Chevènement, ce visionnaire, avait donc quinze ans d’avance… Dès 1999, son Mouvement des citoyens avait mené une (modeste) campagne d’affiches titrant « L’euro, c’est pas franc »…

Ce profond slogan semble aujourd’hui devenir le cri de ralliement d’un curieux panel de fachos-dédiabolisés, d’intellectuels à bout de souffle, de neuneus complotistes, de post-staliniens et d’une certaine gauche étatiste dépourvue d’imagination.

On trouve même des convertis à cette brillante idée dans certaines franges du syndicalisme et de l’altermondialisme, persuadés que plus ils trépigneront contre l’euro, plus ils paraîtront radicaux ! Ou quand la lubie monétariste devient un substitut à la lutte des classes…


Pour approfondir cette question, lire l’analyse d’Alternative libertaire sur la fausse alternative protectionnisme/libre-échange http://alternativelibertaire.org/?Contr ... -echange-l


Chevènement, Dupont-Aignan, Sapir, Onfray et les autres

Jacques Sapir, l’économiste qui ne déteste pas Poutine, partant du constat que la gauche anti-euro ne peut être majoritaire seule, appelle à créer un « front » sur ce point précis, avec toutes les forces dont les valeurs ne sont pas incompatibles avec celles de la gauche. Il exclut « aujourd’hui » d’y intégrer le FN mais le voit très bien ouvert à Dupont-Aignan (encore lui) !

Chevènement a d’ailleurs participé à l’université d’été de Debout la France, le groupuscule patriotard de Nicolas Dupont-Aignan pour préparer une alliance aux élections régionales [1].

Onfray-la-girouette propose, lui, de « fédérer tous les souverainistes des deux bords » [2]. Pour Onfray, la gauche et la droite antilibérales peuvent s’unir en dépassant le blocage des partis (FN, PCF, PG...) pour une candidature gagnante aux présidentielles de 2017. La sienne ? !

C’était mieux du temps de Raymond Barre !

Mélenchon suit de près avec son « plan B » qui voit une solution miracle dans le retour aux monnaies nationales coordonnées à l’intérieur d’un Système monétaire européen (SME) renouvelé. Ce nouveau SME (copie de celui des années 1970) permettrait le bonheur des peuples en ouvrant des possibilités négociées et encadrées de faire varier les taux de change, en clair d’opérer des dévaluations monétaires plutôt que de dévaloriser les acquis sociaux. Pouvoirs magiques de la monnaie ! Sauf que les plus anciens se souviennent que le premier plan d’austérité infligé aux travailleurs en France fut réalisé par Raymond Barre, alors Premier ministre de Giscard, justement à l’époque du SME...

Une monnaie, qu’elle soit nationale ou transnationale, n’est jamais qu’un outil du capitalisme. On peut changer de monnaie, la débaptiser, la rebaptiser et s’en gargariser… la vraie question c’est : qui décide ? Qui possède les moyens de production et d’échange ?

Les recettes réformistes ne feront pas les solutions d’avenir. La mondialisation capitaliste ouvre la voie pour un véritable internationalisme prolétarien. Si les travailleurs n’ont pas de patrie comment croire à l’utilité des vieilles frontières, des vieilles monnaies ?

Balayer les frontières et les monnaies

On pourrait facilement clore le débat en rappelant qu’une vraie révolution sociale, c’est-à-dire l’expropriation des capitalistes, actionnaires et multipropriétaires, balayera d’un coup les frontières et les monnaies, au moins à l’échelle de l’Europe.

Les rythmes seront bien évidemment plus compliqués, hélas. Aussi il est fort probable que, durant l’affrontement social ouvert par une crise révolutionnaire limitée à un ou quelques pays, la rupture avec l’ensemble des institutions européennes sera inéluctable.

Le savoir et s’y préparer est une chose. Mais en faire l’alpha et l’oméga de sa politique en est une autre, surtout s’il s’agit de se rapprocher des souverainistes et des fascistes pour y parvenir !

L’ennemi ce n’est pas la monnaie mais les intérêts bourgeois qui grouillent derrière. Ni franc, ni euro : abolition du salariat !

Jean-Yves (AL 93), Guillaume (AL Montreuil)


[1] « Chevènement en piste électorale. L’alliance avec Dupont-Aignan devrait se concrétiser pour les régionales », L’Est républicain, 19 juillet 2015

[2] Sur France Culture, le 5 septembre

http://alternativelibertaire.org/?Sorti ... le-dernier
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Re: Souverainisme

Messagede pit le Mar 1 Déc 2015 15:19

Deux textes de Yannis Youlountas à partie de la question grecque pour replacer le débat hors du champ d'un consensus qui placerait le capitalisme comme forme d'horizon indépassable et comme champ de réformes ou d'aménagement possibles. Au delà de la social-démocratie pro-libérale ou de la social-démocratie souverainiste il y a un autre champ du possible, et même du nécessaire, celui de la révolution sociale, de l'autogestion, et du communisme-libertaire...

LE PIÈGE DU SOUVERAINISME DANS LA DÉBÂCLE GRECQUE
Un contresens répandu sur les causes et les conséquences du troisième mémorandum qui vient d’être signé par Tsipras.

LE PIÈGE DU SOUVERAINISME DANS LA DÉBÂCLE GRECQUE

13 août 2015. Athènes est tombée. La chose est entendue depuis un mois exactement. Ceux qui en discutent encore ne s’opposent plus que sur des chiffres situés après la virgule et sur des éléments de langage, notamment l’épineuse question d’utiliser ou pas le mot « trahison » pour qualifier la volte-face de Tsipras et de ses conseillers. Certains m’ont écrit pour me suggérer de ne pas utiliser ce mot. D’autres voulaient, au contraire, que je tire sur l’ambulance.Lassé par ces chamailleries d’apothicaires, j’ai choisi le silence fin juillet. L’essentiel était dit. Le reste devenait fioritures, toilette mortuaire et embaumement. Mais sans messe funèbre : la plupart de mes amis français continuaient à veiller inexorablement et à espérer l’impossible réveil d’un cadavre en décomposition politique. Le Tsipras de la victoire du 25 janvier était momifié amoureusement par ses fans dévastés, mêlant le déni de réalité à la thanatopraxie. Je n’avais plus rien à faire là et je suis sorti du débat anachronique sur la pointe des pieds.Sortie de la zone euro, abracadabra !Depuis, j’observe parfois le délire des analyses et des commentaires, la confusion des causes et des solutions. Et un mot, un seul mot, plus que tout autre, revient sur toutes les lèvres : souverainisme. Autrement dit, la cause principale du problème serait l’hétéronomie politique du gouvernement grec dominé par les institutions supranationales. Et la solution, élevée au rang de formule magique, se résumerait en une seule phrase : « sortie de la zone euro, abracadabra ! »

Permettez-moi de sourire. Le problème du souverainisme est l’arbre qui cache la forêt et occulte le vrai débat. Pire encore, appelons un chat un chat : le souverainisme est le principal piège de la débâcle grecque, tant avant qu’après le 13 juillet.

Même sous la pression, un choix reste un choix

Pourquoi ? Parce que, contrairement à ce que raconte tout le monde, ou presque, personne n’a imposé la capitulation à Tsipras. Il y a eu des débats, certes. Des combats, bien sûr. Un bras de fer, évidemment. Mais il n’y a eu ni épée, ni revolver, ni bombe, ni missile qui ait menacé la vie des protagonistes. Aucun de ces notables, confortablement installés entre fauteuils en cuir et table en chêne, café et croissants, douceurs et jus d’orange, n’a été décapité, affamé, licencié, expulsé de son domicile, privé de soins. Arrêtons de dire n’importe quoi. Il ne s’agissait que de pressions politiques, aussi fortes fussent-elles. Et même sous la pression, un choix reste un choix. Ne pas entendre les propositions de la plateforme de gauche de Syriza, depuis des mois, n’était pas lié à un problème auditif, mais à une volonté politique. Se couper du mouvement social et des chercheurs indépendants en économie et en philosophie politique ne relevait pas d’une panne de téléphone, mais d’une préférence réfléchie pour d’autres conseillers véhiculant des idées modérées et le germe de la renonciation. Ne consacrer qu’une seule après-midi au travail colossal de la commission pour l’audit de la dette grecque pour, ensuite, ne pas en tenir compte et feindre d’oublier la possibilité d’annuler la dette, n’était pas le fait d’une amnésie passagère due au surmenage, mais d’une option politique claire et même d’un choix paradigmatique.

Bref, le gouvernement Tsipras a été pleinement souverain dans sa décision, face aux instances supranationales, et prétendre le contraire, c’est oublier un peu vite que la vie politique, comme la vie en général, est l’objet de tensions incessantes, parfois très vives, qui n’éliminent pas pour autant toute capacité à choisir nos pensées et nos actes. Oui, le gouvernement grec a été souverain et, oui, il avait d’autres options possibles que la capitulation. Le nier, c’est contribuer au TINA imaginaire qui altère la volonté et renforce la résignation. Un mois après, il est temps de se réveiller et d’ouvrir les yeux.

Les deux débats corollaires, sur les moyens et sur la légitimité de la décision, ont également été tronqués. Je ne reviendrai pas sur les moyens, souvent abordés ici. Tout ce qui est évoqué plus haut suffit à réfuter totalement le discours mensonger qui parle d’absence d’alternative : les propositions de la plateforme de gauche, du mouvement social très créatif, notamment dans l’autogestion, des chercheurs indépendants ou encore de la commission pour l’audit de la dette ont purement et simplement été rejetées.

Stopper l’austérité, un point c’est tout

L’autre débat occulté concernait la légitimité de sortir ou pas de l’euro. Là encore, plus le stratagème est gros, mieux il passe. Quel était exactement le mandat principal du gouvernement Syriza-Anel, au lendemain de sa formation le 27 janvier ? Plus que jamais, les choses étaient claires, très claires. C’était même le seul sujet de la campagne électorale en janvier : stopper l’austérité, un point c’est tout. Le reste, rarement abordé, n’était que discussion annexe. Le mandat principal de Tsipras n’était pas d’éviter ou d’oser, au contraire, une sortie de l’euro, mais précisément d’éviter un nouveau mémorandum avec son lot de casses sociales, de coupes budgétaires et de dilapidations du bien commun. Ou, pour le dire autrement : s’il n’avait certes pas de mandat explicite pour sortir de la zone euro, il en avait encore moins pour imposer trois ans d’enfer supplémentaire, de surcroît juste après le OXI à 61% au référendum du 5 juillet. Virguler aujourd’hui autour de son mandat concernant l’euro pour justifier son choix, c’est tout simplement se moquer du monde.

Tsipras a joué la carte de l’unité nationale

Non seulement la décision du gouvernement Tsipras a été souveraine, mais en plus elle est intervenue au terme d’une dérive politique qu’il est indispensable d’évoquer ici. Le salut national — qui nous rappelle de mauvais souvenirs politiques en France — a progressivement remplacé le discours sur les inégalités sociales, au fil des mois. La misère des plus démunis s’est progressivement transformée en nation en péril. Les rapports de classes ont été balayés au profit des rapports en pays, plus ou moins amicaux ou rivaux à l’égard de la Grèce. Tsipras a joué la carte de l’unité nationale et de l’amalgame de l’identité grecque des victimes de « la crise », et, ce faisant, il a gagné son statut de chef en Grèce, aux yeux d’une majorité de la population. Chef du gouvernement en l’occurrence. Et surtout chef d’état parmi ses semblables. L’ancien gendre idéal au regard si doux est devenu l’homme de confiance, mûr, posé et réfléchi, puis le guide inflexible, autoritaire, mais dévoué faisant de son mieux dans l’intérêt du pays tout entier. Un pays uni, selon lui, dans le mélange de situations sociales non seulement hétérogènes, mais surtout antagonistes.

A celles et ceux qui, dans l’aile gauche de Syriza ou au-delà dans la gauche et dans le mouvement social, rappelaient que l’Allemagne, c’est douze millions de personnes en dessous du seuil de pauvreté, que la France, c’est toujours plus de laissés pour compte dans tous les domaines et, surtout, que la Grèce, c’est aussi des patrons rapaces et leur lot de collaborateurs complices dans la hiérarchie des entreprises et des administrations, Tsipras insistait souvent sur la gravité du moment : ne pas se désunir, éviter les conflits sociaux et faire les bons choix dans l’intérêt de tous.

L’incroyable pouvoir de décider et de signer au nom de millions de personnes

C’est précisément une attitude souverainiste. Oui, vous avez bien lu : à ceux qui vous parlent de souverainisme comme d’une baguette magique qui eut été nécessaire en Grèce, vous pouvez les envoyer jouer aux billes. Car c’est exactement le chemin qu’a malheureusement pris Tsipras, ces derniers mois, en déplaçant la tension nécessaire entre les classes sociales sur le terrain des tensions — d’un autre type — entre gouvernements au prétexte illusoire de régler, par la négociation à l’échelle des états, de profondes inégalités sociales au sein de chacun d’entre eux. Il s’agit tout simplement d’un transfert de compétence depuis les mouvements sociaux des territoires en luttes vers le petit groupe de notables disposant de l’incroyable pouvoir de décider et de signer au nom de millions de personnes. C’est la réunion spectaculaire des puissants au prétexte frauduleux d’améliorer le sort des faibles, avec, fort logiquement, le résultat inverse.

Est-ce vraiment cela une politique de gauche ? Est-ce un mode d’action cohérent pour un gouvernement d’inspiration marxiste ?

Et c’est là qu’intervient le dernier point. Rappelez-vous qui est au pouvoir, depuis janvier, aux côtés de ministres Syriza : le principal parti souverainiste en Grèce, ANEL, aussi appelé Grecs indépendants. A-t-il critiqué ce mode d’action ? Non, bien sûr, il l’a approuvé, après avoir fait semblant de râler, le temps de reprendre du dessert. Ses députés ont-ils refusé l’accord du 13 juillet, lors des votes du 15 et du 22 juillet au parlement ? Non, ils ont voté la totalité des mille pages organisant le désastre, avant de retourner à la buvette. Le ministre membre des Grecs indépendants a-t-il finalement démissionné et quitté le gouvernement ? Pas du tout. Les Grecs indépendants ont obtenu un deuxième portefeuille ministériel, et hop ! Tout va bien pour eux ! Ça continue !

Alors, le souverainisme est-il la solution ? Non, comme on vient de le voir, c’est au contraire l’un des problèmes principaux de ces derniers mois.

C’est pourquoi, en France et ailleurs, en dépit des pleurnicheries tous azimuts — qui sont parfois des larmes de crocodiles — et des lamentations sur l’hétéronomie politique du gouvernement Syriza-Anel (désormais sans l’aile gauche de Syriza) sous la dictée des institutions supranationales, il serait bon d’arrêter de rejeter toutes les responsabilités sur les autres et de se cacher derrière son petit doigt. Bien sûr la responsabilité de ces institutions est immense, mais ce n’est pas elles qui ont littéralement décidé de tout ce qui vient de se passer pour les classes populaires en souffrance en Grèce, comme pour les pans entiers de nature mis en vente. Non, au bout du compte, c’est le gouvernement grec qui a refusé toutes les autres options depuis six mois, en allant jusqu’à dire qu’elles n’existaient pas.

La baguette magique du souverainisme cache en réalité un sceptre

Et la sortie de l’euro ? Ce moyen, parmi d’autres, n’est en rien l’apanage des uns ou des autres. Il n’y a aucun brevet « sortie de l’euro » déposé à l’INPI. Et rien ne prouve qu’un parti se proclamant souverainiste serait plus à même de l’organiser, surtout au vu de l’expérience grecque. En réalité, la sortie de l’euro n’est qu’un outil dans une boite à outils qui en compte des dizaines. Et l’utilisation des uns n’empêche pas celle des autres. Pendant que le souverainisme ressasse, comme un disque rayé, la solution magique de la sortie de l’euro, la vraie gauche et les mouvements révolutionnaires projettent bien au-delà d’innombrables formes d’actions qui caractérisent leurs analyses respectives et objectifs politiques. Et rien ne doit être laissé au hasard. Les rapports de classes et de dominations ne s’effaceront pas au prétexte de l’unité nationale et du pouvoir plein et entier d’élus bonhommes et repus chantant la Marseillaise devant une foule émue. Car la baguette magique du souverainisme cache en réalité un sceptre et le pouvoir ne sert que le pouvoir.

Nous unir, classe contre classe, par-delà les frontières

Sortir de la zone euro pour sortir de la zone euro ne suffit pas. Crier au loup venu d’ailleurs pour détourner les brebis nationales de la menace des loups nationaux est une vieille recette éculée. Une ficelle, un piège, une potence. C’est lutter contre tous nos prédateurs qui est nécessaire, urgent, vital. C’est nous unir, classe contre classe, par-delà les frontières. C’est, au moins, nous mettre en synergie, attentifs et solidaires, face à l’internationale du capitalisme triomphant. C’est nous rappeler le chemin parcouru, pour en comprendre les échecs et redécouvrir les rêves de celles et ceux qui nous ont précédé, il y a un siècle-et-demi. C’est ouvrir de nouvelles perspectives, décoloniser l’imaginaire, inventer des chemins de traverses, oser au-delà de ce qui paraît possible et, en aucun cas, se replier sur soi.

Depuis un mois, ce n’est pas Athènes qui est tombée, en réalité. Ce sont les persécutés et les insoumis de partout qui avaient les yeux rivés sur la Grèce, d’un bout à l’autre du monde, et qui ont été frappés une fois de plus.

C’est pourquoi l’heure n’est en aucun cas à l’union des tyrans avec leurs victimes, même au prétexte de la coexistence sur un même bout de territoire, mais au soulèvement simultané et solidaire des damnés de la Terre.

TINA ? En effet, mais dans le sens contraire. Oui, il n’y a pas d’alternative. Il n’y a pas d’autre issue possible pour sortir de l’impasse. Il n’y a rien à attendre, mais tout à faire. Il n’y a pas d’alternative : lutter.

Yannis Youlountas

http://blogyy.net/2015/08/13/le-piege-d ... e-grecque/



LE SOUVERAINISME EN SLIP

Suite à mon texte « Le piège du souverainisme dans la débâcle grecque », voici quelques réponses à diverses questions ou remarques…

LE SOUVERAINISME EN SLIP

1 – A quoi reconnaît-on un homme politique souverainiste ?

a) Il se prétend le plus souvent « ni droite ni gauche » (comme la moitié des politiciens de droite, ce qui est parfois très drôle, par exemple quand il est démasqué par ses éléments de langage et autres marqueurs politiques).
b) Il est champion toutes catégories en retournement de veste (plusieurs CV sont accablants) et, le cas échéant, en abandon des promesses électorales (dernier exemple en date avec les « Grecs indépendants », principal parti souverainiste en Grèce, aussi appelé ANEL, qui soutient joyeusement l’austérité en échange d’un deuxième portefeuille ministériel, à la différence de Syriza qui est en crise et qui va scissionner) ;
c) Il se pose en « sauveur de la nation face aux instances supranationales » jugées seules responsables des maux qui s’abattent sur le pays ;
d) A ce titre, appelant au rassemblement tous azimuts autour de sa personne, il appelle à « ne pas se désunir » (union entre les classes dominantes et dominées au prétexte de la coexistence sur un même territoire, face à un ennemi commun, exactement comme en temps de guerre), à « éviter les conflits sociaux » (donc pas de lutte de classes) et à « faire les bons choix dans l’intérêt de tous » (car l’élu national du peuple souverain sait ce qui est bon pour « son peuple », même à son insu, et ne pense qu’à l’intérêt général en amalgamant toutes les situations sociales, même les plus antagonistes).

2 – Comment distinguer le souverainisme du nationalisme ?

En déplaçant « l’ennemi du peuple » au-delà des frontières (instances supranationales), le souverainisme procède exactement comme le nationalisme, à la différence que ce dernier vise plutôt les immigrés et/ou les pays voisins : dans les deux cas, il s’agit d’un détournement de la lutte essentielle qu’est la lutte de classes, principe fondamental de la vraie gauche et des mouvements révolutionnaires (chacun l’analysant et l’organisant à sa façon avec diverses conceptions de l’égalité et de la liberté).

3 – Que signifie le mot souverainisme ?

Attention aux abus de langage courants. Le souverainisme n’est pas un vague concept philosophique relatif à la souveraineté d’un sujet (individu ou collectif), c’est-à-dire à sa faculté de choisir, de disposer de lui-même. Le souverainisme est encore moins un synonyme de la démocratie au prétexte de la souveraineté d’un peuple (sous quelle forme ? à travers qui ?) et/ou de ses représentants (principalement issus des classes dominantes). Non, en réalité, comme son suffixe l’indique et comme son histoire le confirme, le souverainisme est une idéologie, rien de plus, c’est-à-dire un système d’idées politiques qui propose une interprétation du monde et des modes d’actions. En l’occurrence, le souverainisme est une idéologie simpliste et mensongère qui prétend, sans rire, que les maux qui s’abattent sur nous proviennent du manque de moyens (donc de pouvoir) de ceux qui prétendent nous gouverner. D’abord, c’est totalement faux : on peut toujours désobéir, à tous les niveaux (même Hollande « l’ennemi de la finance », Tsipras « le chasseur de la troïka », etc.), si on en a le désir, la volonté et le courage, et ce, dans tous les domaines (dette, traités, monnaie, répartition des richesses, etc.). Les preuves historiques ne manquent pas. Ensuite, c’est un détournement total de la lutte : de la « guerre sociale » (par exemple, on pourrait commencer par la réquisition des banques, l’occupation des terres, la multiplication des assemblées partout, y compris parmi les enfants, la transformation des structures hiérarchiques ou exécutives en collectifs horizontaux et autogérés, l’expropriation et la destruction de Vinci, Total, Bouygues, etc.) vers la « guerre nationale » (renforcement de la bourgeoisie nationale contre une supposée bourgeoisie supranationale ou celle d’un pays voisin, un peu comme une mobilisation générale sous l’égide de généraux mythifiés qui donneront leurs noms à des boulevards). Bref, le souverainisme est un subterfuge de la bourgeoisie pour conserver le pouvoir en promettant de l’utiliser autrement. Une roue de secours, au même titre que le fascisme.

4 – Comment expliquer les liens étroits entre les figures du souverainisme et du confusionnisme ?

Ce n’est pas un hasard si, en France comme ailleurs (au Royaume-Uni, par exemple, avec Nigel Farage et l’UKIP), le souverainisme pratique abondamment le confusionnisme* et entretient d’excellentes relations avec ses têtes de gondoles (axe Asselineau-Chouard, par exemple, comme auparavant Dupont Aignan-Marion Sigaut, etc.). Tout d’abord, l’idéologie souverainiste et le processus confusionniste ont en commun un simplisme stupéfiant (dans les deux sens du mot stupéfiant : effet de surprise produisant un choc et effet narcotique produisant une addiction) tant au niveau des causes que des solutions. Plus précisément, le souverainisme est dans l’analyse des solutions ce qu’est le confusionnisme dans l’analyse des causes : une diversion, un brouillage, un détournement. Dans un cas comme dans l’autre, en dépit de leurs relations parfois orageuses, ce sont des passerelles vers l’extrême-droite, et ce, avec un processus similaire*. D’autant plus que le souverainisme et le confusionnisme s’implantent aisément parmi les naïfs et les plus vulnérables, exactement comme des germes ou, pire, des virus (organismes très simples, creux et sans vie, basés sur la réplication et la répétition, d’ailleurs le mot virus vient du latin « poison ») qui se développent sur la base de lieux communs, de phrases toutes faites, de mélanges de références comme autant de masques, et de contresens répétés, tant au niveau des causes que des solutions, mais sans jamais remettre en question l’essentiel : les rapports de classes et de dominations qui altèrent la liberté et ruinent l’égalité. C’est ainsi que le souverainisme et le confusionnisme affaiblissent non seulement la vraie gauche, mais aussi les mouvements révolutionnaires dans leur diversité, en captant une partie de la révolte.

5 – Le souverainisme n’est-il pas une opposition louable au « mondialisme » ?

L’opposition mondialisme/souverainisme est un leurre, comme l’est l’opposition capitalisme/fascisme. Car, dans les deux cas, le premier nourrit le second, alors que le second consolide le premier (en détournant son opposition critique dans une impasse). C’est exactement une relation de parasitisme, au sens biologique, appliqué à un écosystème politique, qui relève également du commensalisme (la présence de l’un favorise celle de l’autre et réciproquement, notamment quant à leurs besoins pour se perpétuer simultanément sur un même territoire, d’où les termes vermine et charognard fort justement attribués au fascisme au sein de la société capitaliste dont il est le nécrophage, à chaque crise sociale). Le premier a besoin du second pour neutraliser toute opposition véritable, pour affaiblir l’organisation des persécutés et des insoumis, en orientant à contresens le mouvement social, en distillant de fausses causes et de fausses solutions. L’histoire l’a abondamment montré, d’un bout à l’autre du monde, c’est la même rengaine.

6 – Conclusion : un labyrinthe politique rempli d’impasses

Que répondre à tout cela ? Exactement le contraire : pas de paix entre les classes, pas de guerre entre les peuples, pas de leurre à Bruxelles ni ailleurs : nos tyrans sont en France, en Allemagne, en Grèce, en Espagne, aux Etats-Unis… partout. Et ils n’ont pas besoin des chemtrails, des illuminatis, des Juifs, des francs-maçons, des reptiliens, des musulmans, des technocrates ou des extra-terrestres pour nous exploiter. Pas contre, ils ont besoin de notre respect du chef et de la Loi, de l’ordre politique, économique et social. Ils ont besoin de notre envie de consommer et de nous divertir au point de nous abrutir et, plus encore, de notre peur du changement radical. Nos tyrans se régalent de nous voir confiner notre réflexion dans un cadre réducteur, tant politique que géographique, ce que produit le souverainisme, ou en nous détournant de l’analyse raisonnée au moyen de contrefeux illusoires, ce que produit le confusionnisme.

Le souverainisme et le confusionnisme ne sont donc pas des solutions : ils font partie du problème. Ce sont des mythes systémiques, des contes de fées politiques, comme le sont également, au sein de l’idéologie capitaliste :
a) la main invisible du marché (basé sur la croyance à l’autorégulation des échanges financiers) ;
b) le rejet de la coopération au profit de la compétition (basé sur la croyance à l’équivalence parfaite entre la somme des intérêts particuliers et l’intérêt général) ;
c) la théorie du ruissellement (basé sur la croyance aux bienfaits d’un enrichissement des plus riches qui serait, via la consommation, profitable à tous, jusqu’aux plus pauvres).

Tout cela n’est que spectacle dans les catacombes d’un monde qui se meurt.

Aujourd’hui, plus que jamais, nous sommes bien dans un labyrinthe politique rempli d’impasses. Nous n’avons pas de fil d’Ariane, c’est-à-dire ni solution toute faite ni guide providentiel. Mais, grâce à notre diversité, nous disposons de trois atouts majeurs : la pensée, l’expérience et la volonté.

Nos tyrans et leurs complices ont raison de se méfier, eux qui renforcent, chaque jour, leurs dispositifs contre nous : surveillance, répression, fabrique de l’opinion. Ils ont raison de se méfier, mais ça ne suffira pas.

Les mauvais jours finiront.

Yannis Youlountas

http://jeluttedoncjesuis.net

* Du confusionnisme à l’extrême-droite :
http://lahorde.samizdat.net/2015/05/22/ ... t-possible

http://blogyy.net/2015/08/14/le-souverainisme-en-slip/
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Re: Souverainisme

Messagede pit le Sam 2 Jan 2016 13:53

La mascarade du nationalisme de gauche

Le nationalisme de gauche est présenté comme la solution pour sortir de l'austérité. Contre l'Europe, le repli sur l’État-nation doit permettre de construire une République sociale.
Cette imposture idéologique demeure une impasse.

... http://www.socialisme-libertaire.fr/201 ... auche.html
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Re: Souverainisme

Messagede Zoom le Dim 19 Fév 2017 18:00

Politique : Aux risques d’une dérive souverainiste

Le courant citoyenniste fait souvent des propositions qui, sous couvert d’antilibéralisme, flirtent avec le nationalisme. Analyse.

Depuis quelques, années, une certaine « gauche » nationaliste et souverainiste tend à émerger progressivement. L’ouvrage de Bernier, La Gauche radicale et ses tabous – Pourquoi le Front de gauche échoue face au Front national (2014), semble rassembler toutes ces exigences d’un nationalisme « de gauche », en thématisant la nécessité d’un protectionnisme circonstancié, d’une défense de l’État-nation français, pour résister aux diktats néolibéraux de l’UE. Bernier s’inscrit aussi dans la mouvance d’un PCF vieillissant, dont il faudrait actualiser les préoccupations jugées « légitimes », mais peut-être à l’intérieur de stratégies politiques plus dynamiques (Front de gauche).

Au sein de cette nébuleuse nationaliste de gauche, on retrou­vera Frédéric Lordon, mais aussi Jacques Sapir et Emmanuel Todd. Les journaux Le Monde diplomatique, ou Fakir, sur un autre mode, relayeront certaines de ces conceptions protectionnistes, sans toujours faire preuve d’une cohérence stricte.

Par ailleurs, si l’on considère le programme protectionniste et souverainiste d’un Mélenchon, son souci de thématiser une « identité française » (issue des Lumières et de la Révolution), ses propos très ambigus à propos de l’immigration ou du « droit à l’installation », on peut considérer que de telles projections « de gauche », d’abord théoriques, tendent à se cristalliser dans certaines mouvements politiques « de masse ».

Ces réactions « de gauche » au « néolibéralisme », qui sont aussi des conséquences de la crise de 2008 (crise qui entérine le caractère pervers d’un tel néolibéralisme, ayant émergé dès les années 1980), sont citoyennistes en un sens précis ; et elles questionnent donc l’être même du citoyennisme, ses structures et limites, d’autant plus que nous aurions affaire ici à un citoyennisme qui se voudra éminemment « radical ». En effet, un tel protectionnisme « de gauche », qui pourra promouvoir la sortie française de l’Europe, prône essentiellement, politiquement parlant, une modification radicale des processus constituants, mais sans modification des rapports matériels de production, et sans abolition conséquente des structures juridiques d’exploitation. C’est par la politique politicienne, par ses médiations institutionnelles universelles et abstraites et réellement inégalitaires, qu’on voudrait promouvoir une égalité purement formelle et idéologique. C’est bien le « citoyen », ou l’électeur, qui est mobilisé par ces discours, de telle sorte que ne sont plus pris en compte, essentiellement, les conditions matérielles d’existence des individus, infiniment variables, ni les processus de prolétarisation et de dépossession des individus, dont l’abolition supposerait l’abolition des rapports sociaux capitalistes, au niveau global. C’est finalement au nom d’une « union nationale » interclassiste, particulièrement favorable à la petite-bourgeoisie, ou au petit patronat, que chaque « citoyen » sera appelé à se mobiliser activement au sein de ces mouvements.

Thèmes dangereux

Il faut maintenant revenir sur chaque contradiction de tels protectionnismes dits « de gauche », mais qui empruntent aussi aux populismes droitiers certains thèmes dangereux :

– D’abord, en critiquant simplement le néolibéralisme global, pour défendre un capitalisme « régulé » national, ce protectionnisme protège intrinsèquement le capitalisme, national ou global, non seulement matériellement, mais aussi idéologiquement, puisqu’il voudrait nous faire croire qu’un capitalisme « durable », ou « à visage humain », serait possible. De fait, ce protectionnisme ne s’oppose pas strictement au libre-échange mondial, mais s’insère dans sa logique destructrice, puisqu’il ne fait que « réguler » une telle logique, sans abolition des structures mondiales, juridiques et matérielles d’exploitation. Rappelons-le donc maintenant, dans les faits, un tel système économique, à la fois national et transnational, ne saurait être maintenu indéfiniment, pour deux raisons essentielles : d’une part, il prétend pouvoir croître à l’infini dans un monde où les ressources naturelles et les besoins et capacités humains sont finis ; d’autre part, il doit affronter des crises économiques cycliques et systémiques, au sein d’un procès irréversible de dévalorisation, dans la mesure où il est soumis à une contradiction entre un machinisme (travail mort) toujours plus développé, rendant obsolète toujours plus le travail vivant, et un besoin irréductible, malgré tout, de travail vivant, pour extorquer une survaleur et faire du « profit ». Les « révolutions industrielles » ne font qu’aggraver une telle contradiction, et la crise de 2008 n’est pas étrangère, d’ailleurs, à ce qu’on a appelé la « troisième révolution industrielle » (informatique et microélectronique). Le protectionnisme, ou le régulationnisme nationaliste, ne seront jamais susceptibles d’empêcher cette autodestruction dédoublée, comme il va de soi : comme industrialisme, ou comme idéologie du développement, il n’évitera jamais la crise écologique ; comme néokeynésianisme, il ne fait que retarder l’échéance des crises, comme le rappelle l’échec des Trente Glorieuses (1973, etc.).

– En outre, comme nationalisme, il renonce à une vocation internationaliste anticapitaliste conséquente, et maintient donc les rapports néocoloniaux de production, au sein de la division internationale du travail. Il n’est pas un anticapitalisme conséquent, mais un altercapitalisme, d’autant plus hypocrite et contradictoire qu’il se dira parfois critique du capitalisme « tout court » (voir Lordon, Capitalisme, désir et servitude).

– Par ailleurs, en opposant une « économie réelle » à « protéger » et des principes transnationaux abstraits « pernicieux » (finance mondiale, Bruxelles, etc.), ce protectionnisme nationaliste ne voit pas que c’est aussi au sein même des contradictions internes à cette « économie réelle » que se situe le point critique, et la possibilité des crises (contradiction travail mort/travail vivant). En effet, c’est parce que l’économie dite « réelle » est au sein d’une crise permanente, que la finance, qui doit compenser sa crise de valorisation ou de réalisation, finit par l’empoisonner. Vouloir « réguler » cette finance, ou le libre-échange mondial, juridiquement, sans abolir à leur racine les principes d’une telle « économie réelle », c’est finalement vouloir mettre des pansements sur un corps à l’agonie.

– Finalement, lorsqu’un tel protectionnisme nationaliste veut se développer sur un terrain « culturel » ou « identitaire », il tend cette fois-ci à devenir franchement nauséabond. L’« identité française » pourra devenir la caution pour des discriminations spécifiques ; certaines valeurs traditionnelles patriarcales pourront se réaffirmer ; derrière la finance mondiale, on pourra bien vite reconnaître « le Juif » dominateur, et développer des thèmes antisémites ; ou l’on cherchera aussi de nouveaux boucs émissaires, susceptibles de « souder » l’unité nationale en quête de « repères » (Arabes, immigré.es, musulmans, migrants et migrantes, réfugié.es, etc.). Le protectionnisme « de gauche » reste fort éloigné de ces préoccupations, pour l’instant. Mais son correspondant d’extrême droite dévoile des logiques « culturalistes », propres à tout protectionnisme identitaire, qui devraient susciter toujours plus une critique radicale des replis nationalistes en général. Il s’agira d’interpréter attentivement les propos récents d’un Mélenchon à propos de l’immigration et du « droit d’installation » (qu’il faudrait limiter, selon lui, en garantissant la paix dans les pays concernés, alors même qu’il n’a absolument pas la politique internationaliste conséquente pour avoir de telles prétentions). Ses propos relatifs à « l’identité nationale » française, renvoyant avec lui aux Lumières capitalistes et à la Révolution française (non pas celle des bras nus, mais celles des « citoyens » bourgeois), doivent également interroger légitimement. Ses propositions « féministes » rassurent encore, tout comme ses positionnements écologiques. Mais il est bon de rappeler que le capitalisme, qu’il soit dit « national » ou « global », « à visage humain » ou « sauvage », demeure intrinsèquement un système fonctionnaliste et industriel structurellement patriarcal et antiécologique, par-delà toute « restructuration » cosmétique. Et Mélenchon, qui se disait encore, en 2011, « keynésien », est bien sûr favorable au capitalisme en tant que tel, certes quelque peu « régulé ».

Au sein de cette dynamique démagogique et nationaliste, c’est finalement une ultime confusion qui s’affirmera : la confusion entre réforme et révolution. Ces réformistes « radicaux », en effet, très souvent, feront passer leurs « réformes radicales » pour des élans révolutionnaires (on songera à la verve « insurrectionnaliste » d’un Lordon, par exemple). Dans ce contexte, les mouvements révolutionnaires conséquents, internationalistes et anticapitalistes au sens strict, tendent à perdre toujours plus en légitimité et en force. D’autant plus que ce sont bien ces réformistes citoyennistes qui auront toute la visibilité « médiatique », et qui sembleront détenir le monopole de la critique et de l’alternative.

Ecrans de fumée

Face à ces écrans de fumée, il faudra rappeler que seule l’abolition, au niveau global de la propriété privée des moyens de production, des catégories de base du capitalisme (marchandise, argent, travail abstrait, valeur), de ses fonctionnalités « politiques » (Etat-nation bourgeois), et des rapports matériels de production découlant de ces logiques, constitue l’horizon révolutionnaire conséquent. Car l’ampleur des ambitions révolutionnaires doit aussi se situer au niveau de l’ampleur du désastre.

Benoît (AL Montpellier)

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