Le capitalisme, c'est la crise

Espace de débats sur l'anarchisme

Re: Le capitalisme, c'est la crise

Messagede pit le Ven 4 Mar 2016 20:00

"Sortir du capitalisme", émission de critique radicale sur Radio Libertaire

Sortir du capitalisme est une émission hebdomadaire de critique radicale (non-superficielle) du capitalisme comme totalité (c’est-à-dire de l’économie, de l’État, du patriarcat, du racisme et du colonialisme, des "classes", du complexe techno-industriel, etc.) [1].
Chaque Mardi de 14h30 à 16h00 sur Radio Libertaire [2] .


- Nous sommes résolument libertaires, en ce que nous luttons contre l’ensemble des idéologies et des mouvements confusionnistes, néo-fascistes, « rouge-brun », nationalistes-racistes, traditionnalistes, identitaires, islamistes, racialistes, etc.

- Nous sommes résolument libertaires, en ce que nous critiquons sans ménagement l’ensemble des mouvements et des idéologies marxistes-léninistes (y compris des courants se revendiquant de l’action historique de Trotsky), anticapitalisme tronqué promoteur d’un « capitalisme d’État » (comme disait Lénine) militaro-dictatorial, massacreur des libertaires russes, des marins de Cronstadt, de l’Ukraine libertaire, des anarchistes chinois et de dizaines de millions de gens en URSS, en Chine, au Cambodge et ailleurs.

- Nous sommes résolument libertaires, en ce que nous souhaitons l’abolition du salariat et de l’auto-exploitation productrice de marchandises, c’est-à-dire du travail-marchandise.

- Nous sommes résolument libertaires, en ce que nous appelons à une abolition de l’État (non son soi-disant dépérissement progressif) et à une fédération de communes libres.

- Nous sommes résolument libertaires, en ce que nous appelons à une abolition du patriarcat et des autres formes de domination.

- Nous sommes résolument libertaires, en ce que nous nous revendiquons particulièrement de l’Aragon libertaire de 1936-1937, son dépassement local du capitalisme et de l’État, et de La Commune de Paris.

- Nous sommes résolument libertaires, enfin, en ce que nous approuvons sans restriction cette déclaration de Robert Kurz :

" Le but ne peut qu’être une société de conseils et d’autogestion, conçue au-delà de la masculinité et de la féminité, au-delà de la forme-marchandise et de la forme-argent, au-delà du marché et de l’État "
(Critique de la démocratie ballistique, p. 42).

Site : http://sortirducapitalisme.fr/


[1] L’équipe permanente de "Sortir du capitalisme" est composé de trois personnes. Armel, en studio, est étudiant en sciences sociales. Jean-Claude, technicien co-animateur, est militant libertaire depuis 40 ans. Thomas est notre magistral webmaster. Chaque semaine, vous pouvez entendre une chanson de Ioanes Trio (désormais "Quintête Métèque") et, souvent, un montage de Jeremy.

[2] http://www.radio-libertaire.net/

http://www.autrefutur.net/Sortir-du-cap ... Libertaire
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Re: Le capitalisme, c'est la crise

Messagede pit le Ven 11 Mar 2016 21:32

Plusieurs articles, liens vers des ouvrages en ligne et vidéos, d'Alain Bihr, au sujet de la critique de l'économie politique et des crises du capitalisme, repostés sur le site d'ECR. Le lien ici :

http://espritcritiquerevolutionnaire.revolublog.com/alain-bihr-c27225228

Ce que l'on y trouve :

Vidéos :
Alain Bihr. Face à la crise... débat
La Crise, par Alain Bihr
Marx au 21ème siècle. Alain BIHR
“Pourquoi et comment (re)lire le Capital aujourd’hui ?” par Alain Bihr

Ouvrages :
Alain Bihr, La Logique méconnue du Capital, Lausanne, Éditions Page deux — Alain Bihr, 2010, 125 pp. Collection: “Empreinte”.
Alain Bihr, La Novlangue néolibérale. La rhétorique du fétichisme capitaliste, Lausanne, Éditions Page deux, 2007, 237 pp. Collection: Cahiers libres.
Alain Bihr, La préhistoire du capital. Le devenir-monde du capitalisme, vol. 1, Lausanne, Éditions Page deux, 2006, 456 pp. Collection: Cahiers libres.
Alain Bihr, La reproduction du capital-Prolégomènes à une théorie générale du capitalisme, tome I, Lausanne, Éditions Page deux, 2001, 347 pp. Collection: Cahiers libres.
Alain Bihr, La reproduction du capital-Prolégomènes à une théorie générale du capitalisme, tome II, Lausanne, Éditions Page deux, 2001, 359 pp. Collection: Cahiers libres.

Articles:
Critique des représentations fétichistes du capital - Alain Bihr
Universaliser le salaire ou supprimer le salariat? A propos de «L’enjeu du salaire» de Bernard Friot - Alain Bihr
Point de vue : Alain Bihr « Friot, ou l’émancipation a minima » (AL)
Capital et propriété foncière - Alain Bihr
Le capital financier - Alain Bihr
Les formes concrètes du travail abstrait - Alain Bihr
Derrière l’austérité budgétaire: une nouvelle agression contre le salariat - Alain Bihr
Prendre au mot la dimension mortifère du capitalisme - Alain BIHR
Brève réponse à Luis Gill - Alain Bihr
Le capital comme pouvoir - Alain Bihr
La critique de la valeur. Fil rouge du Capital - Alain Bihr
Pour une approche multidimensionnelle des crises de la production capitaliste - Alain Bihr
A propos d’un «excès de plus-value» - Alain Bihr
A la croisée des chemins (2) - Alain Bihr
Sur la crise : une victoire à la Pyrrhus - Alain Bihr
Le concept de capital chez Marx - Alain Bihr
Alain Bihr - L’actualité des idées de Marx
Le triomphe catastrophique du néolibéralisme - Alain Bihr
L’Etat: «bête noire» des (néo)libéraux - Alain Bihr
Comment poser la question de la «Préhistoire du Capital» - Alain Bihr
Lire : Bihr, « La Préhistoire du capital » (AL)
Interview d’Alain Bihr : La préhistoire du Capital (AL)
La précarité au cœur du rapport salarial - Alain Bihr
La novlangue néolibérale: La flexibilité - Alain Bihr
La novlangue néolibérale: Egalité et «égalité des chances» - Alain Bihr
La novlangue néolibée: Les charges sociales - Alain Bihr
La novlangue néolibérale: Capital humain - Alain Bihr
La novlangue du néo-libéralisme: La réforme - Alain Bihr
La novlangue du néo-libéralisme: La «refondation sociale» Alain Bihr
La novlangue du néolibéralisme: le marché - Alain Bihr
Alain BIHR, Encadrement capitaliste et reproduction du capital: Vers un nouveau paradigme marxiste des rapports de classes
Actualiser le Communisme - Alain Bihr
Lettre ouverte à mes camarades libertaires - Alain Bihr

http://forum.anarchiste-revolutionnaire ... 69&t=13633
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Re: Le capitalisme, c'est la crise

Messagede pit le Dim 1 Mai 2016 12:29

Economie et écologie : à la croisée des crises - Critique de la valeur et critique de la croissance

Les convergences entre décroissance et démocratie libertaire ont été traitées depuis de nombreuses années. Mais, à cette synthèse, il manque encore une analyse systémique de l’économie marchande-capitaliste, des causes de la crise et des conditions de l’émancipation. C’est pourtant à partir de l’analyse des interactions entre écologique et économie qu’il sera possible de déduire les bases d’une société libre, biologiquement soutenable, et capable de satisfaire les besoins tant individuels que collectifs.

... http://decroissancecl.revolublog.com/ec ... a125784994
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Re: Le capitalisme, c'est la crise

Messagede Zoom le Ven 5 Aoû 2016 16:48

Tout bloquer devient vital

Tout d’abord, il faut comprendre que nous considérons que plus aucune amélioration importante de notre existence ne peut être espérée dans le cadre capitaliste et son régime politique, la démocratie parlementaire. L’Europe connaît quasiment sans discontinuité depuis 40 ans une crise économique et sociale. Cette crise structurelle ne pourra jamais être résolue par un volontarisme politique qui accepterait les cadres de ce système : État, économie marchande et propriété privée.

Selon nous, cette impossibilité explique les échecs de Syriza, les renoncements de Podemos et de toutes les initiatives qui veulent explicitement ou non se poser comme nouvelle « gauche radicale ». La plupart de ces initiatives partent du principe que la crise du capitalisme provient de la mauvaise répartition des richesses et qu’en rééquilibrant la balance on pourrait à la fois relancer l’économie et permettre aux gens de vivre mieux. Nous nous opposons à cette croyance de possibilité de gestion alternative de la crise. C’est une erreur fondamentale de croire que la part de la richesse engloutie par le capital n’est pas nécessaire à sa propre survie. La question d’une solution par une meilleure répartition des fruits de l’économie ne nous paraît donc pas possible.

Nous sommes la crise

Il faut comprendre les différentes réformes qui touchent actuellement l’Europe (on pense précisément ici, à la Belgique et à la France, mais ces réformes ont déjà eu lieu en Allemagne, Espagne ou Grèce) comme une nécessité pour le capitalisme de renouveler les sources de profit afin d’assurer sa survie.

Les classes dominantes semblent privilégier quatre voies :

1) Tout d’abord en intensifiant le travail, c’est-à-dire en essayant de détruire la rigidité organisationnelle qui l’empêche d’allouer la force de travail efficacement en interne des entreprises. C’est ce qu’on a coutume à appeler dans le langage managérial la flexibilisation du travail. En Belgique c’est clairement le sens de l’annualisation du temps de travail qui permettra au patronat de mieux employer la force qu’il paye.

2) Dans une moindre mesure, les capitalistes tentent de s’attaquer à la rémunération des travailleurs pour augmenter la part revenant au capital. Cependant ces attaques ne sont pas la composante principale de l’offensive actuelle et se font plutôt de manière indirecte : Les gestionnaires politiques préfèrent s’attaquer aux sursalaires (travail du dimanche, heures supplémentaires), au salaire collectif (salaire brut) ou aux rémunérations hors emploi (chômages, allocations CPAS, congés maladies) que le salaire direct des travailleur.euse.s. La raison d’une telle stratégie est double, d’une part, ne pas créer une crise (supplémentaire) de « sous-consommation » en attaquant le « pouvoir d’achat ». D’autre part, les politiciens savent qu’une diminution trop brutale du salaire poche serait trop visible et risquerait de provoquer un embrasement social.

3) Ce dernier élément d’attaque sur le salaire socialisé ou salaire indirecte se double d’un redéploiement de l’État capitaliste. Ce redéploiement se caractérise par une privatisation de certaines prérogatives de l’Etat. Les fonds ainsi dégagés par les privatisations sont réorientés vers le financement plus ou moins direct des profits capitalistes (aides aux entreprises, réductions fiscales, etc.). Les secteurs privatisés par l’État peuvent être absorbés par la sphère de l’économie privée, ce qui crée de nouvelles sources de valorisation pour le capital. Dans d’autres cas, le redéploiement se caractérise plutôt par une réorientation des prérogatives sociales de l’Etat transformées en outils répressifs chargés d’imposer la nouvelle discipline économique aux classes populaires (restriction de la protection sociale, contrôle et sanction des chômeurs, etc.) et les contraindre à l’emploi précaire. L’état social est devenu état punitif.

4) Cette transformation de l’économie capitaliste permet également le glissement d’une norme de l’emploi hérité de la période fordiste (CDI, plein temps) vers une nouvelle forme plus adaptée au capitalisme tardif (CDD ou Interim, temps partiel, etc.). Ces emplois précaires et flexibles sont bien évidemment beaucoup plus profitables aux patrons, ce qui permet souvent de dégager des profits rapides. L’existence de travailleurs-euses précaires permet en plus de faire pression vers le bas pour les emplois plus stables.

En ce sens, le refus de s’adapter à ces réformes qui visent à renouveler les sources du profit du capital tend à faire advenir la crise du système capitaliste. Cette crise est une brèche au cœur même de la forteresse du capital. Nous voulons l’approfondir et l’élargir, nous le clamons sans honte nous sommes la crise et la crise est notre politique. Nous voulons basculer d’une crise de fait à une crise volontaire.

Notre programme, bloquer le plan du capital

Notre unique programme est d’accentuer la crise du système en bloquant le plan néolibéral de transformation du capital par tous les moyens nécessaires, en bloquant toutes ses réformes et en approfondissant ses contradictions. En résumé si le capital veut flexibiliser le travail, une stratégie révolutionnaire est de rigidifier le plus possible celui-ci. Non pas que nous croyons que le CDI -comme norme d’emploi – ou plus de lois protégeant les salariés-es constituent une alternative anticapitaliste ou une voie vers le communisme libertaire. Mais parce que nous considérons avant toute chose, que ces luttes sont outil qui permet d’aggraver la crise du capital en mettant en échec les « réformes de travail » qui le revitalisent.

En augmentant les contradictions du capital, nous nous donnons le temps aussi de recomposer nos forces. La mutation permanente du capital ces 40 dernières années rend très difficile l’émergence d’un processus d’opposition conséquent. Une forme de valorisation à peine apparue, celle-ci fait place presque immédiatement à une autre, avant même qu’une analyse ou qu’une résistance puisse émerger. Face à ce constat, ralentir le rythme de réformes, nous laissera le temps de recomposer nos forces.

Le Peuple n’obtient que ce qu’il prend

Face à la misère et la pauvreté qui touchent toujours plus notre classe. Face à l’injustice de ce système qui fait de nous des précaires, nous ne pouvons fermer les yeux.

Nous n’attendons pas que les puissants daignèrent tourner leurs yeux vers nous ou tendre une oreille pour écouter nos peines. Nous ne revendiquons rien, nous prendrons ce qui nous revient. Non pour survivre mais pour vivre. D’une manière ou d’une autre, il s’agit de substituer une partie du monde au système marchand. Nourriture, vêtements, logements, savoirs, loisirs, transports, santé, etc., tout ce que la bourgeoisie nous refuse ou lui permet d’affirmer ses privilèges, nous le prendrons gratuitement, librement et le rendrons accessible à toutes et tous.

Nous sommes partisan-e-s de tout arracher à la bourgeoisie mais en attendant nous profiterons de chaque occasion pour diminuer les privilèges capitalistes.

Il faut, de là où nous sommes, participer à l’auto-­organisation des exploité.e.s. Assemblées de travailleurs-euses ou de chomeurs-euses, de quartier, collectifs, syndicats, etc. Pourvu qu’ils concourent à l’autogestion et l’autonomie des luttes. Pourvus que les exploité.e.s puissent se fédérer et décider ensemble des conditions de lutte et des moyens d’action.

Contre la précarité du capitalisme néolibéral, nous n’attendons rien des patrons, des politiciens ou de quelques puissants, nous ne comptons que sur notre propre force pour réaliser notre émancipation.


Alternative Libertaire Bruxelles

https://albruxelles.wordpress.com/2016/ ... ent-vital/
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Re: Le capitalisme, c'est la crise

Messagede de passage le Mer 7 Sep 2016 11:22

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Re: Le capitalisme, c'est la crise

Messagede Zoom le Mar 1 Nov 2016 19:12

Mieux comprendre le capitalisme pour mieux le détruire

Producteur précaire, emprunteur, consommateur, contribuable, usager de services publics, ressources naturelles, à tous ces titres le capitalisme protéiforme du XXIe siècle nous exploite !

Les crises à répétition qu’a traversées l’économie mondiale ces dernières années le montrent : le capitalisme est arrivé à un stade de développement bien particulier. Bien sûr, le capitalisme actuel a hérité de ses stades antérieurs : les traces et les tares sont nombreuses. Les marchands et industrieux, pour accroître leur capital, s’appuient sur deux ressources : la main-d’œuvre bon marché et les produits issus des colonies. Le colonialisme – impérialisme des États et de leurs pilotes capitalistes –, est, depuis trois siècles, et continue d’être aujourd’hui, une grande source d’augmentation de profits pour les capitalistes, grands et petits.

La finalité première de tout capitaliste est d’augmenter les capitaux accumulés grâce au surtravail non rémunéré. Mais plus encore grâce au développement des échanges, échanges toujours inégaux dans ce système (voir tout le travail de Samir Amin sur « l’échange inégal » en Afrique et dans le monde).

Avec les premières crises de développement du capitalisme, on s’aperçoit peu à peu que ce système économique se développe par crises successives. Les crises constituent le seul moyen de régulation du système capitaliste.

Le premier objectif des crises concerne la lutte sans merci que se livrent les capitalistes entre eux. Chacun tente de s’approprier les parts de marché des autres. Dans cette loi de la jungle, tous les coups sont permis et le plus souvent dans la précipitation. Le système n’a qu’une vision à court terme. Ses capacités d’anticipation ne sont pas meilleures aujourd’hui qu’hier. Ce qui laisse penser que le système, dominé qu’il est par l’appât de profits, est peu apte à son propre apprentissage.

Le second objectif des crises est de réduire la part du salariat pour augmenter la part du capital. Comprimer les charges de salaires, rattraper par la baisse des pouvoirs d’achat les sommes perdues (augmentations des salaires concédées, provisoirement, à cause des grèves et luttes ouvrières). Obtenir des modifications de législation pour rendre les ouvriers plus précaires et dépendants, afin de leur couper les ailes et de réduire leur pouvoir de nuisance. Depuis 1989 les capitalistes se lâchent et exigent des gouvernants des politiques d’austérité qui leur permettent d’obtenir les plus grands profits possibles pour eux et les plus grandes précarités pour tous les autres.

Au menu : la précarité pour toutes et tous !

L’exploitation des salarié-e-s ­reste une des bases de l’enrichissement des capitalistes de par le monde. Mais au cours du XXe siècle les classes des ouvriers ont montré des capacités de lutte insoupçonnées. Aussi le capitalisme agit-il depuis pour accroître les groupes de précaires et diminuer, notamment par une multiplication des statuts des travailleurs, la force des ouvriers.

Les capitalistes ont compris qu’il fallait, pour protéger leurs surprofits, qu’ils augmentent les groupes d’employées (écrit au féminin car 85% des employés sont des femmes), de « chômistes », de précaires, de sans-diplômes, de sans-papiers, de pauvres, pour rapprocher ces groupes sociaux d’un esclavage « moderne » au service des riches. Tout en maintenant la capacité minimum de ces populations à consommer pour que les échanges marchands continuent à se développer. Quand va-t-on remplacer la valeur d’échange marchand par la valeur d’utilité sociale ? En utilité sociale, personne n’est précaire !

La finance internationale prétend régenter le monde

Le nouveau capitalisme est caractérisé par de très grandes entreprises et de très grandes multinationales qui ne veulent plus se « salir les mains » avec l’exploitation des travailleurs. Ce capitalisme est en train de se transformer en une myriade de sociétés toujours plus anonymes et d’entreprises sans ouvriers. Ces « entreprises » vont donc sous-traiter la production concrète à des sous-entreprises de production de biens, dans lesquelles les cadres feront le sale boulot de « gérer », c’est-à-dire exploiter, le personnel employé et ouvrier, qui sera de plus en plus précarisé.

Ainsi, on dilue les responsabilités, on rend toujours plus anonyme le pouvoir et on se cache toujours plus derrière cet écran de fumée organisationnel. Ce capitalisme devient essentiellement, voire exclusivement, financier. Il dicte les taux de rendement financier à ses sous-traitants et à ses collabos.

Le passage du capitalisme classique à ce capitalisme financier, commencé dans les années 1973-1975, s’est accéléré à partir de 2007. Le capitalisme financier exploite essentiellement des contrats, des conventions financières et des crédits, dont beaucoup sont les emprunts d’État.

Ces trafics financiers, y compris les « marges » de profits en provenance des sous-traitants, produisent l’essentiel des profits. Les énormes masses financières concernées doivent tourner le plus vite possible, grâce à la multiplication des échanges marchands internationaux, pour accroître encore les profits. Les capitalistes inventent toujours plus d’officines de crédits aux particuliers, d’organismes intermédiaires de transport et de distribution, pour ne laisser aucun espace à un autre système.

D’autre part ces mêmes pôles financiers s’enrichissent aussi grâce aux emprunts des pays pauvres, emprunts organisés sous l’égide et les exigences du FMI, ce qui aboutit au fait que ces pays ne peuvent annuellement que payer les intérêts des emprunts, sans jamais espérer rembourser le capital emprunté. Ce sont de véritables mafias légales qui se sont mises en place au niveau mondial et ce qu’ils appellent la « mondialisation » n’est en fait que l’internationalisation de l’accaparement et de « l’anonymisation » des capitaux (voir les études du CADTM à Genève sur ce point).

L’exploitation des ressources de la planète et l’impérialisme

Dans les premières analyses du capitalisme de 1830 à 1914, le capitalisme était dénoncé essentiellement pour son exploitation du travail humain. Peu d’analyses montraient qu’il ne pouvait fonctionner sans l’exploitation des ressources de la planète. Les croyances de l’époque laissaient penser que les ressources naturelles étaient infinies. De plus l’idée était : « Si on ne trouve pas ce qu’on veut dans les pays industrialisés, qu’on aille le prendre ailleurs. »

Époque « bénie » des colonisations, avec les trois M, Militaires, Marchands et Missionnaires. C’était ce que pensaient aussi beaucoup de militants et militantes de gauche de l’époque. Inutile de condamner les perspectives étroites qui étaient les leurs alors, mais on peut se demander en quoi, aujourd’hui, les militants et militantes de gauche devraient persévérer ces étroitesses de vue ?

Dans ce siècle 21, les colonisations se poursuivent, déguisées parfois, mais tout aussi sauvages (on ne va pas développer ici, voir les sites notamment de Survie et de Sortir du colonialisme) Les exemples récents concernent l’« achat » des terres rares d’Afrique par la Chine, l’Inde, les États-Unis, l’Australie (par ordre d’importance). Il y a aussi les politiques capitalistes extractivistes et les luttes des révolutionnaires en Amérique du Sud contre ces politiques. La lutte anticapitaliste aujourd’hui n’intègre pas assez cet aspect impérialiste. Si certains ont l’impression que le colonialisme a disparu avec les colonies, il n’a pas disparu pour les peuples colonisés !

Dans les pays développés, des voix s’élèvent de plus en plus contre cette exploitation de la planète et contre les discours officiels sur les « bienfaits de la croissance ». De nouveaux militants et militantes existent alertent sur les signes avant-coureurs de la dégradation de la planète.

Entendez-vous les quolibets, les insultes, avec lesquelles beaucoup de militants de gauche, forts de leurs analyses, ont accueilli « celles et ceux qui veulent revenir à la bougie » ? Ils et elles ne parlent que de nucléaire, d’OGM, d’abeilles, de baleines. On leur reproche d’être enfermés dans leurs « spécialités »… Il ne s’agit pas ici des écolos de gouvernement, mais bien des écologistes de base, ceux qui commencent à participer à des actions contre le système : ils évoluent vite vers des thèmes qui interrogent : décroissance, changer de climat, circuits courts entre producteurs et consommateurs, lutte contre le capitalisme vert.

Les capitalistes traient les consommateurs et les emprunteurs comme des vaches

Ce que le capitalisme du siècle 21 ne peut capter par la seule réduction des salaires, il l’obtient en pressurant le consommateur. Chaque employée, chaque ouvrier, chaque personne précaire est obligée, pour survivre elle et sa famille, de consommer dans ces bazars que sont les soi-disant « super » marchés.

La multiplication de la grande distribution devait garantir la concurrence. De fait, les accords secrets entre ces entreprises limitent la concurrence au minimum, juste un peu pour paraître acceptable aux yeux des contrôleurs, des lois antitrusts et des gouvernements. Malgré les textes et les discours de l’Union européenne sur la « concurrence non faussée », depuis le début de ce siècle, c’est la concurrence faussée qui règne.

Cette exploitation des consommateurs prend une nouvelle tournure dès les années 1990 avec la mise en œuvre par les capitalistes d’une accélération de la vitesse d’obsolescence des techniques et des produits. Il ne s’agit plus seulement de produire des biens et services nécessaires, mais de changer la mentalité des consommateurs. Il faut les amener à penser en termes de mode, les amener à se passionner pour les technologies nouvelles (ce que font plus aisément les hommes que les femmes), à aimer ce qui est rapide, fast, à aimer ce qui nécessite une réponse et une satisfaction immédiates.

Les consommateurs et consommatrices vont se laisser séduire par tout ce qui est « in », à la mode, tout ce qui est le « must », le dernier cri. On imagine-là le rôle des publicitaires et des médias sur les mentalités, médias financés par les publicités des entreprises. Les consommateurs ne savent pas ou ne veulent pas savoir que ce qui est vendu comme le dernier cri, en matière d’appareils techniques notamment, est démodé dans les laboratoires des industriels, où est déjà mis au point le « dernier cri » suivant. Ils ne savent pas non plus qu’il existe des usines de fabrication de « soldes » dans lesquelles des ouvrières (majoritairement des femmes) de l’Inde, de Turquie, du Bengladesh, de Tunisie, de Chine, sous-payées et maltraitées, triment pour survivre.

Mais comment faire pour que des personnes, qui ont des revenus stagnants et un pouvoir d’achat toujours plus faible, consomment davantage ? Il faut développer chez les consommateurs l’envie d’avoir dès aujourd’hui ce que l’on payera demain. Les sociétés financières développent donc à outrance les modalités et sociétés de crédits à la consommation et autres. Autant de laisses que les capitalistes mettent au cou des emprunteurs. (comment ensuite pourraient-ils faire grève ?)

Les capitalistes exploitent aussi les contribuables

Le capitalisme du siècle 21, non content d’exploiter le travail de tous les travailleurs et travailleuses, non content d’exploiter la planète, non content d’exploiter les consommateurs et les emprunteurs, exploite aussi les contribuables. Ces employées, ces ouvriers sont aussi de plus en plus des contribuables exploités, du moins celles et ceux qui payent des impôts. Les capitalistes, qui sont les premiers à critiquer l’État et ses réglementations, sont ceux qui profitent le plus de subventions affichées ou déguisées de toutes les organisations territoriales de tous niveaux.

Les baisses d’impôts et les diminutions des cotisations sociales patronales de la part de l’État central se chiffrent en milliards chaque année. Les subventions obtenues par les entreprises privées auprès des régions et des conseils départementaux, avec ou sans chantage à l’emploi, sont autant de ponctions dans l’argent versé par les contribuables (peu de statistiques globales sur les sommes ainsi détournées). En plus de subventions en espèces, les capitalistes obtiennent beaucoup d’avantages en nature. Des exemples à foison !

Une partie des impôts engraisse les capitalistes, petits et grands. Et les élu-e-s sont toutes et tous complices de ce transfert de fric des caisses publiques vers les poches privées, avec ou sans corruption, pots de vin et rétrocommissions.

Mais la lutte essentielle pour les capitalistes porte sur la privatisation de tous les services publics. Avec l’aide de la législation de l’UE, les services publics sont démantelés les uns après les autres et leur « gestion », lucrative et elle seule, est ensuite confiée à des entreprises privées : énergie, eau, poste, téléphonie, cliniques privées qui fleurissent au détriment de l’hôpital public, auquel on laissera la santé des pauvres. Écoles, culture et loisirs suivent le même chemin. À terme c’est la fin de l’État-Providence et des services publics.

Face à ce capitalisme protéiforme, changer de militantisme ?

Ce qui nous distingue aujourd’hui des courants de la « gauche » traditionnelle, c’est que ces derniers veulent adapter les humains au système capitaliste. Les socialo-libéro-centristes croient encore à l’humanisation du capitalisme. Ils font montre en ce sens d’une méconnaissance crasse du capitalisme du siècle 21, qui n’est que recherche absolue et opportuniste des plus grands profits possibles dans ces cinq champs d’exploitation, quels qu’en soient les dégâts faits aux humains et à la planète.

Les courants anarchistes et libertaires veulent eux changer de système économique. Cependant le fait de crier « anticapitalisme » suffit-il ? Ni dans les objectifs, ni dans la forme des organisations, ni dans une autre définition du militantisme, on ne trouve pris en compte ensemble ces cinq champs de luttes. De plus, et à l’exception du premier champ qui constitue évidemment un socle plus classique pour la gauche, ces cinq champs ne sont pas reliés entre eux. Pourtant, ce sont ces liens qu’il faudrait travailler sur les terrains de lutte, si nous voulons un jour être en mesure de changer le système économique et social. Sinon, crier seulement son « anticapitalisme » restera inutile.

Jaèn Boyer (anarcho-syndicaliste à Perpignan)

http://www.alternativelibertaire.org/?A ... prendre-le
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Re: Le capitalisme, c'est la crise

Messagede pit le Mar 3 Jan 2017 02:56

Capitalisme et crises

Cet article correspond à la suite de l’atelier économie qui s’est tenu aux rencontres libertaires du Quercy. Nous avons (re)vu dans l’article précédent la théorisation de l’exploitation. Nous allons nous pencher maintenant sur un phénomène tellement d’actualité depuis tellement longtemps qu’on peut parfois se demander si ce n’est pas une arme idéologique du patronat, le phénomène des crises. Les débats n’avaient pas été enregistrés. Il se peut que certaines remarques aient été oubliées. Certains aspects n’avaient pas eu le temps d’être développés pendant l’atelier.

... http://www.oclibertaire.lautre.net/spip.php?article1917
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Re: Le capitalisme, c'est la crise

Messagede Zoom le Lun 6 Mar 2017 19:47

Economie : Une stratégie inoffensive face au capitalisme

Le citoyennisme propose en général un recyclage des recettes passées, qui ni à la hauteur de la crise que rencontre le capitalisme, ni satisfaisant politiquement, ne promettant qu’une meilleure gestion du capitalisme.

Le citoyennisme est une nébuleuse, un mouvement épars, sans programme cohérent, mais reprenant et mélangeant les analyses et propositions d’auteurs altercapitalistes médiatisés. Pour autant, ces auteurs nous conduisent dans l’impasse pour en finir avec les crises et les inégalités.

Bernard Friot : un collectivisme économique relooké

Le projet de société de Bernard Friot repose sur cinq piliers : la suppression de la propriété lucrative, remplacée par la propriété d’usage, le versement d’un salaire à vie, la rémunération à la qualification (selon une échelle de une à quatre fois le smic, avec un smic net à 1500 euros), l’extension de la cotisation comme alternative au salaire direct, la création monétaire sans crédit. Il rappelle grandement les bases du collectivisme économique, alliant propriété collective (ici gérée par l’Etat), et distribution marchande (contrairement au communisme, qui la supprime).

Le premier problème est le concept de propriété lucrative. Il ne s’agit pas de la propriété privée. Elle se rapporte à celle des propriétaires de grands moyens de production, engendrant de gros profits, mais n’inclut pas la petite propriété commerciale [1]. Or la propriété privée commerciale, qu’elle soit grande ou petite, implique nécessairement l’obligation de vendre les marchandises et dans le même temps l’incertitude de les vendre, de les vendre à temps et au bon prix, afin de garantir son salaire et la pérennité de l’activité. Elle peut déboucher sur des baisses de revenus, des licenciements, des faillites, et, par effet domino, des crises. Pour éviter de tels problèmes, toute propriété privée devrait être abolie.

Avec le salaire à vie, un individu, de sa majorité à sa mort, aurait le droit de toucher un salaire, qui serait réévalué à la hausse par la qualification et resterait le même au moment de la retraite. Dans l’esprit, qu’il s’agisse de garantir à vie un droit d’accès à la consommation est tout à fait juste. Cependant, la forme salariale et monétaire est critiquable. Elle implique une socialisation a posteriori de la production, l’offre et la demande ne se rencontrant que sur le marché – et non pas en amont (recensements et autres anticipations démocratiques et rationnelles). Il en découle de forts risques de disproportion de la production (surproduction d’un côté, pénurie de l’autre), débouchant sur l’insatisfaction des besoins, une surabondance de marchandises invendables (constituant au passage un énorme gaspillage), et le maintien, malgré les intentions affichées, d’un marché du travail.

La rémunération à la qualification est tout aussi problématique. Un directeur d’entreprise ou un professeur d’université gagneraient 6000 euros par mois. Un salarié non qualifié en toucherait 1500 euros. Cette société serait encore très inégalitaire, légitimée par le principe « à chacun selon son diplôme » et non « à chacun selon ses besoins ». Or les justifications de la hiérarchie des revenus ont été déconstruites par Castoriadis, au nom de la complémentarité des tâches, de la polyvalence autogestionnaire, mais aussi, éventuellement, pour une hiérarchie inversée en faveur des activités les plus pénibles ou dangereuses [2]. De plus, à la place d’une hiérarchie des revenus, pour ces activités particulières, pourraient être mises en place des réductions du temps de travail et/ou des rotations des tâches.

Reste à résoudre la question du mode de financement de ce système. Si l’extension de la cotisation sociale permettrait des péréquations financières entre les entreprises (paiements des salaires et moyens de production), les structures à la base de la crise industrielle et commerciale [3] resteraient intactes, et leurs effets récurrents. Il en découlerait, en temps de crises, les mêmes effets qu’avec le capitalisme.

Friot propose une solution pour remédier à ce problème : la création monétaire sans crédit. Cependant, le fonctionnement de cette mesure n’est pas clairement expliqué. Il est donc difficile d’évaluer son efficacité éventuelle. Le problème est que, comme les keynésiens, elle renvoie les causes des crises de surproduction à un défaut de moyens de paiement, qui pourrait être résolu en faisant tourner la planche à billets. Or une telle politique comporte de forts risques d’inflation, sans pour autant traiter le mal à la racine.

Enfin, Friot entend redéfinir la valeur, comme « pouvoir de déterminer ce qui vaut », plutôt que comme reflet du « temps social moyen de production ». Il élude ainsi l’analyse de la valeur comme rapport social de production. Or on ne peut, en maintenant les structures concrètes de la valorisation du capital (propriété privée bourgeoise ou bureaucratique et marché) et leurs interactions, affirmer que la dynamique n’opère plus. En ne reconnaissant pas la définition de Marx de la valeur, les structures continueraient d’opérer de manière invisible. La société subirait des crises, sans en identifier les causes ni pouvoir agir intentionnellement pour les supprimer [4].

Jean-Marie Harribey : la pseudo-autonomie du secteur non marchand

Harribey prône actuellement l’extension du secteur public non marchand, au détriment du secteur privé marchand [5]. Le secteur marchand, confronté à de graves problèmes de valorisation, semble se diriger vers une limite systémique infranchissable. Il faudrait qu’il disparaisse et cède la place à une économie non marchande. Harribey semble ici comprendre le problème et tenir la solution. Cependant, il estime que le secteur non marchand serait autofinancé (financé par l’État, les communes et les collectivités territoriales). Or les pouvoirs publics financent les services par des prélèvements indirects sur les salaires (impôts) et les profits (taxes sur les entreprises et impôts pour les possédants). Plus se développe le secteur public non marchand par rapport au secteur marchand, plus les prélèvements sur la valeur produite sont importants. Ainsi, les entreprises éprouvent alors des difficultés à se financer, tandis qu’elles en éprouveraient parallèlement pour se valoriser, du fait de la dynamique systémique du capitalisme. Tout ceci ne peut que déboucher sur une crise. Il ne peut donc y avoir de transition économique graduelle et harmonieuse du privé marchand au tout public non marchand. Pour en finir avec le mode de distribution marchand, une révolution, supprimant la propriété privée des moyens de production et associant toutes les entreprises entre elles, est préalablement nécessaire.

Frédéric Lordon : Keynes et Proudhon, pour le meilleur et surtout pour le pire !

Les positions économiques de Frédéric Lordon sont surtout développées dans le Monde diplomatique. Il s’inscrit dans le prisme keynésien des Économistes atterrés. Ce dernier prône une relance de l’économie par l’investissement public à crédit (l’endettement), la souveraineté juridique, voire monétaire, le protectionnisme.

Les keynésiens envisagent les crises de surproduction comme crises de sous-consommation. D’un côté, il y aurait les gens qui n’ont pas suffisamment d’argent, de l’autre, des gens qui en ont, mais qui, face à une situation économique pessimiste, font preuve de prévoyance et préfèrent épargner. Pour résoudre ce problème, il faudrait injecter de l’argent dans l’économie, recourir à la création monétaire. L’État devrait alors intervenir à cet effet, et pourrait mettre en place des politiques de grands travaux. Ce faisant, il ne cessera de s’endetter, en espérant combler les dettes, du moins les dettes excessives, ultérieurement. Les keynésiens ne recherchent pas, en effet, l’équilibre budgétaire, mais un niveau d’endettement acceptable. Le keynésiannisme est ici complété par l’idée selon laquelle la dette serait un moyen d’entretenir le lien social, mais aussi de prévenir la guerre. Or c’est historiquement faux. Les années 1930 ont accouché du « keynésiannisme de guerre » dans les principaux pays bellicistes de la Seconde Guerre mondiale. Cette politique est donc inefficace, tout comme le sont le protectionnisme et le souverainisme, qui n’ont pas véritablement eu d’effets probants, face aux crises des années 1930 et de 1974. Enfin, considérer la finance comme vampire improductif, et proposer, pour y remédier, des mesures restrictives comme le Slam [6] ou, plus radical, de pendre des créanciers et des financiers, témoigne d’une incompréhension des relations entre capital « réel » et « fictif ». Ce sont le développement massif de la finance et du crédit qui, après la crise de 1974, ont contribué à éviter l’effondrement des taux de croissance. S’ils ont abouti, avec d’autres mesures capitalistes, à une suraccumulation financière improductive, réguler le capitalisme de la sorte n’empêchera pas la crise de la valeur de se manifester à nouveau [7].

Enfin, Lordon, s’inspirant également d’une conception ­autogestionnaire-libertaire tronquée [8] se rapprochant de ­Proudhon, parle également de suppression de la propriété lucrative et gestion directe des entreprises par les salarié.es. Or coopérativisme et mutuellisme n’aboutissent pas à un capitalisme harmonieux sans patrons ni actionnaires. Ils avaient déjà été réfutés par Marx et Bakounine au sein de la première internationale [9], comme maintenant des formes de propriété privée et de marché, et ainsi des inégalités sociales et les crises. Défendre un tel projet est une régression pour le mouvement ouvrier.

Une critique du néo-libéralisme qui conduit à une impasse

Comme nous pouvons le constater, le citoyennisme ne dispose pas d’un programme économique commun et cohérent, et consiste principalement en un rejet du néolibéralisme. Il ne critique les inégalités qu’au nom d’une répartition des richesses plus juste, mais pas égalitaire. Il ne rejette pas nécessairement la propriété privée et le marché, mais défends les petites entreprises contre les grands trusts, les échanges de proximité contre le commerce international. Or comme l’a démontré Marx, l’existence même du couple propriété privée-échange marchand, implique la possibilité des crises. Maintenir ces structures, c’est se condamner à les subir, d’une manière ou d’une autre. Pour changer la société, les mouvements citoyens devraient se débarrasser de leurs figures de proue altercapitalistes, et revoir leurs analyses, leurs projets et leurs stratégies.

Floran Palin (AL Marne)


Étienne Chouard : pseudo-anticapitalisme et confusionnisme

Chouard se situe dans une ligne confusionniste. Il n’est pas à mettre sur le même plan que les auteurs évoqués dans l’article ci-contre, qui sont clairement du côté du mouvement social. Cependant, sur le plan économique, il s’inscrit plus ou moins dans la même ligne que les Économistes atterrés. Il est critique du néolibéralisme, du libre-échange, et fustige surtout les banques privées et la finance. Il se prononce également en faveur du protectionnisme et du souverainisme. Il est connu, outre ses propositions douteuses de réécriture de la constitution et de tirage au sort, pour ses interventions au sujet de la dette. Selon lui, elle serait due à une prédation excessive de la finance, à des taux d’intérêt exorbitant, et en dernière analyse, à une absence de contrôle des politiques monétaires. Là encore, il s’agit d’une critique superficielle du capitalisme. Les intérêts « excessifs » de la dette ne peuvent masquer le fait qu’il existe une dette « nette », qui ne pourra certainement pas être comblée, et qui ne fera que s’accroître, du fait de la dévalorisation. N’admettant pas que le problème fondamental vient de la propriété privée des moyens de production et du marché, Chouard en vient à opérer un retournement, en qualifiant les banquiers et les financiers de « vrais fascistes » et des personnalités d’extrême droite de « résistants ». Or plutôt que de s’inscrire dans une dualité élites « fascistes » contre bon peuple, qui ne peut mener qu’à des crises économiques, sociales et politiques désastreuses, il faudrait plutôt considérer le capitalisme comme une hydre dont les représentants du capital (FN, LR, PS etc., patrons, banquiers, financiers), constituent chacun une des têtes, tandis qu’il s’agit le détruire à la base.


[1] « La propriété lucrative », N. Chomel, à lire sur le site de Réseau salariat.

[2] Cornélius Castoriadis, « Autogestion et hiérarchie », à lire sur infokiosques.ne.

[3] Alain Bihr, La reproduction du capital, tome II, chapitre 16, à lire sur http://classiques.uqac.c

[4] Alain Bihr, « Universaliser le salaire ou supprimer le salariat ? A propos de “L’enjeu du salaire” de Bernard Friot », à lire sur http://alencontre.org.

[5] « La loi de la valeur », avec Jean-Marie Harribey et Bernard Friot pour la Librairie Tropiques, à écouter sur http://ekouter.net.

[6] Sigle anglo-saxon, se traduisant par « marge actionnariale limite autorisée » : impôt confiscatoire au-delà d’une certaine tranche, forme de revenu maximal autorisé.

[7] Ernst Lohoff & Norbert Trenkle, La Grande Dévalorisation.

[8] « Frédéric Lordon, loup ou mouton ? », Alternative libertaire, octobre 2016, à lire sur http://alternativelibertaire.org.

[9] IVe congrès de la Première Internationale, Bâle, 1869.

http://www.alternativelibertaire.org/?E ... noffensive
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Re: Le capitalisme, c'est la crise

Messagede de passage le Sam 23 Juin 2018 16:15

Les assistés ?

Renforcement des contrôles, méprisé et accusé de fainéantise, les attaques discriminantes que subissent les précaires relèvent d’un calcul minutieusement pensé par les valets du capitalisme.

Ayant peur de montrer leur visages d’exploiteurs, ils privilégient l’insulte et la propagande mensongère afin d’accroître leur profit et ainsi creuser encore plus l’écart entre dominants et dominés.

Une des forces du capital est de pouvoir retourner les discours à son avantage, inventant le concept d’assistanat, ils camouflent les vrais assistés c’est à dire ceux qui vivent du travail d’autrui par le biais de la plus-value : le patronat et la bourgeoisie dans son ensemble. L’opposition capital-travail nous montre que ce sont les détenteurs du capital qui vivent sur le dos de celles et ceux qui fournissent le travail et ainsi crée les richesses.

lire la suite ici https://le-cafe-anarchiste.info/les-assistes/
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Re: Le capitalisme, c'est la crise

Messagede de passage le Jeu 1 Nov 2018 17:08

lu sur http://le-libertaire.net/montee-lextrem ... ci-macron/

Montée de l’extrême droite: merci Macron

Macron : hypocrite et démagogue

La macronie est en train de nous la jouer à l’envers en se présentant comme l’ultime rempart contre les populismes en Europe et ailleurs. Hier, c’était Nathalie Loiseau, ministre des affaires européennes, qui assénait « On est en train de jouer « 50 nuances de brun » en Europe ». S’inquiétant de la montée des populismes, des valeurs de liberté en danger et d’un Etat de droit en péril, elle appelle à se battre pour défendre la démocratie. Macron lui emboîte le pas en faisant le parallèle entre la situation politique actuelle et celle de l’entre-deux guerres. La préparation des élections européennes est en cours.

Face à une opinion publique défavorable, le gouvernement Macron continue pourtant à vanter et mettre en application un programme économique mortifère. La montée des populismes est due à ces réformes qui débouchent sur des reculs sociaux importants. Mais là, pas question d’autocritique ni de changement de cap. Privilégier le capital est le crédo des libéraux macroniens. Nous constatons, nous, que la montée de l’extrême droite en France comme ailleurs est corrélative aux mesures anti-sociales prises par les gouvernements et celui de Monsieur Macron n’échappe pas à la règle.

En dehors du mécontentement des retraités avec un pouvoir d’achat rogné d’année en année, des automobilistes qui râlent après la hausse des carburants, des consommateurs qui subissent une augmentation des prix du gaz (20% depuis janvier 2018 !) et de certains produits alimentaires…de nombreux indicateurs passent au rouge. Les promesses électorales de Macron sur le pouvoir d’achat sont contredites par la réalité des faits et la lutte contre le chômage est loin de porter ses fruits puisque la France perd toujours plus d’emplois industriels. Malgré les réformes du code du travail… « les experts » à la solde du patronat continuent à prétendre que le pays n’est pas assez compétitifs. Sans doute le sera-t-il quand les salariés n’auront plus aucun droit et qu’ils seront réduits en esclavage. Le chômage de longue durée a augmenté de 6,4% en un an. Donc clairement, les mesures imposées par le gouvernement, non seulement n’éradiquent nullement la désindustrialisation et le chômage mais en plus elles diminuent la protection des salariés, dangereusement. Et si la croissance ne reprend pas, la situation de l’emploi n’est pas prête de s’améliorer. Encore une promesse de Macron non tenue, à savoir ramener le chômage à 7% de la population active.

Les inégalités scolaires sont criantes et les gouvernements successifs en sont encore aux constats, aux audits…laissant les enseignants face à une violence qu’ils ne peuvent plus gérer dans certains quartiers ghettoïsés. Et le gouvernement va encore accentuer les clivages en recrutant davantage de contractuels, souvent non formés, pour pallier aux difficultés de recrutement. Sans compter que de nombreux enseignants délaissent ces écoles et collèges difficiles dès qu’ils ont suffisamment de points au barême pour effectuer « le mouvement », d’où un turnover classique : les plus jeunes, les moins formés sont mis en situation devant les élèves les plus démunis. Pendant ce temps-là, les enfants de la bourgeoisie fréquent les écoles privées ou les écoles publiques réputées. Le mélange social n’existe pas.

La réforme de l’Etat n’est pas plus alléchante pour les fonctionnaires : dématérialisation des services publics à 100% afin de réduire le nombre de fonctionnaires (50 000) et effectuer des économies substantielles. Le lien social se délitera entre usagers et employés de l’Etat ; de nombreuses personnes n’ayant pas accès à internet ou étant rétifs à l’usage des technologies numériques feront partie des exclus du système, notamment les personnes âgées. Dans la continuité des attaques contre le code du travail, les tâches des inspecteurs du travail seront revues, ce qui équivaudra à une baisse de la défense des droits des travailleurs.

Quant aux retraites, le gouvernement entend changer la donne et remplacer le régime actuel « par annuité » par celui de « comptes notionnels ». Ce qui conduira les retraités à devenir la variable d’ajustement budgétaire du gouvernement. L’histoire d’un euro cotisé corrélé à des points, c’est de la couillonnade pour les futurs retraités qui verront de fait leur retraite baisser de manière drastique. D’après le collectif Léa Guessier : « Aujourd’hui équivalent à celui des actifs, le niveau de vie des retraités pourrait s’établir à 77% de celui de l’ensemble de la population en 2070 ». D’où pour maintenir un niveau de retraite correct, un glissement vers un système par capitalisation, c’est-à-dire un système encore plus inégalitaire. Le sujet essentiel pour les travailleurs est par conséquent d’obtenir un autre partage des richesses, donc une augmentation des richesses consacrées aux retraites, d’autant que le vieillissement de la population est inexorable, alors anticipons pour que tous et toutes puissent bénéficier d’une retraite égale à au moins 1500 euros d’aujourd’hui. N’oublions pas que la cotisation sociale fait partie intégrante du salaire. Réduire la cotisation sociale, sous prétexte de soulager les « charges » de l’entreprise, c’est réduire le salaire ! Elle n’est pas un prélèvement ou une charge, ni un impôt, ni une taxe, ni une épargne, ni une assurance mais du salaire ! C’est là-dessus que jouent le patronat et l’Etat à son service. Ils lorgnent sur les milliards d’une capitalisation souhaitée pour injecter ceux-ci dans la spéculation financière.

Alors, sérieusement, la politique du gouvernement nous mène droit dans les bras de l’extrême droite. Ce ne sont pas les abstentionnistes qui favorisent les populismes, ce sont les pratiques libérales qui visent toujours le moins-disant sur le plan social. Que chacun prenne ses responsabilités. Nous prendrons les nôtres au moment venu car nous tenons à nos libertés et nos droits mais que les petits marquis de la macronie n’essaient pas de se dédouaner à trop beau compte. Nous serons leur mauvaise conscience et leur rappellerons leurs erreurs et leurs responsabilités dans la poussée des extrêmes droites.

Les politiciens à force de mensonges, d’incompétences ou de corruption, sont décrédibilisés et ce n’est pas l’apanage de l’Europe. Les votards Brésiliens ont préféré un fascho, Bolsonaro, à des escrocs du Parti des Travailleurs. La dictature, c’est ferme ta gueule, la démocratie c’est cause toujours. La démocratie, c’est le système qui permet aux élites de se reproduire et aux financiers de faire leur beurre, sous couvert d’alternance. La dictature, c’est le droit de l’armée, du plus fort, de ceux qui plébiscitent la torture et la manière forte et qui entend bien garder le pouvoir en supprimant tout Etat de droit.

Entre la dictature et la démocratie, il existe la voie libertaire, une alternative autogestionnaire (gestion directe des entreprises, services publics…) organisée de la base au sommet.

L’erreur des socialistes, des anarchistes, des francs-maçons… fin XIXème, début XXème siècle a été de croire que l’éducation, la science et le savoir étaient les conditions de l’émancipation humaine. Si ce sont des conditions nécessaires, elles ne sont pas suffisantes. L’empathie ou l’intelligence doivent accompagner en même temps ces conditions. Et nous entendons l’intelligence comme de la sensibilité cristallisée (Georges Palante- Combat pour l’individu). Des gens cultivés, mélomanes… et d’une certaine intelligence reconnue par les diplômes ou la bonne société peuvent très bien envoyer des millions de gens à la guerre, gérer des camps de concentration, affamer des millions d’enfants, réduire en esclavage des peuples entiers, en excommunier d’autres, utiliser des femmes et des enfants comme objets sexuels, mettre en péril l’humanité (pollutions…)…Les libertaires ont donc une lourde responsabilité dans ces combats pour l’empathie, la sensibilité…et la morale anarchiste. A nous d’ancrer ces thématiques sur nos lieux de travail, les quartiers et partout où c’est encore possible de discuter et de nous faire entendre.
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