Les anarchistes et la décroissance

Espace de débats sur l'anarchisme

Re: Les anarchistes et la décroissance

Messagede skum le Dim 7 Fév 2010 19:24

Extrait du bulletin Sortir de l'économie n°2 , mai 2008, pp. 57-59.

Décroissance et étatisation croissante ! Une critique des “ 8 R” de Serge Latouche.

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Aujourd’hui, dans le monde entier, la critique écologique non-gouvernementale ou les partisans de la décroissance industrielle (Serge Latouche et les Amis de François Partant) font inlassablement le catalogue de toutes les mesures de bon sens et de toutes les techniques rationnelles, propres à orienter le mode de production des biens (agricole et autres) vers un rétablissement de la nature et l’instauration d’un mode de vie beaucoup moins mécanisé et dispendieux. Et c’est encore en vain.

Car le monde présent est vide de compréhension. Ce n’est pas que ses habitants soient plus stupides qu’autrefois au contraire, jamais sans doute le commun des mortels n’a dû autant ratiociner, entre la masse informe d’informations toujours nouvelles qu’on lui administre, l’inconsistance des idées toujours brillantes qui jaillissent de l’ordinateur et la kyrielle de problèmes bien réels qui remplissent ses jours. C’est plutôt qu’il est réellement difficile de comprendre le fonctionnement quotidien de ce monde, et plus encore par quelles voies on pourrait en sortir. La pensée se heurte sans cesse à ce cercle vicieux où la machinerie technologique nourricière et la population vivent et dépendent l’une de l’autre au point que celleci, maintenant handicapée, réduite physiquement et moralement par cette association et plus ou moins consciente de l’être, pourtant ne souhaite nullement la rompre, ne s’en sent d’ailleurs pas capable, et très probablement ne l’est plus. De ce chef la pensée qui cherche à promouvoir des solutions praticables et recevables par cette époque diverge immédiatement vers le genre de propositions bancales et incohérentes qui fleurissent dans le jardin idéologique du citoyennisme ; propositions que la domination pourrait peut-être un jour reprendre à son compte, une fois truffées de réalisme, pour en faire d’acceptables trompe-couillons. Nous prendrons comme exemple un des promoteurs de ce genre d’idées, sans nourrir aucune animosité particulière à son égard.

Serge Latouche insiste beaucoup sur la nécessaire relocalisation économique et parallèlement sur la nécessité qu’aurait l’individu de « voir son lieu de vie comme le centre du monde ». Il y a là déjà une manière assez niaise de nous demander de nous occuper des affaires de la communauté et du territoire où nous vivons - demande en soi parfaitement justifiée - qui nous rapproche dangereusement de la conception que pourraient se faire du monde, s’ils pensaient, les gastéropodes du coin. Mais surtout où vivons-nous ? Les habitants autochtones des hauts-plateaux de Madagascar, assez démunis matériellement et minés par le paludisme, ont regardé les épisodes du feuilleton télévisuel Dallas avec autant de délectation et de commentaires interminables que les télespectateurs français. Le centre du monde n’est pas géographique : il se situe pour chacun au centre de la vie sociale, et celui-ci est occupé partout, depuis quelque temps déjà, par ce qui a été appelé le spectacle, maintenant homogénéisé à l’intention de toute la planète. Nous n’avons dont tout simplement pas de « lieu de vie » communisable, et toute la bonne volonté du localisme, qu’elle porte sur la reterritorialisation de l’économie ou sur la réinvention d’une démocratie de proximité, ne peut mener qu’à en réaliser la simulation. Serge Latouche échoue d’ailleurs à définir clairement la différence existant entre « l’imposture du développement local ou régional » subventionné par Bruxelles et la « revitalisation du terreau local » à l’initiative des habitants. La faiblesse du raisonnement et, pour tout dire, l’incompréhension équivoque du genre de monde où nous vivons se retrouvent dans l’exposition des moyens par lesquels cette revitalisation devrait naître et s’étendre. Il s’agit de la spirale vertueuse des effets récessifs, le « moins de consommation » engendrant le « moins de production », l’autoproduction alimentaire engendrant par exemple la suppression des agents conservateurs et du transport, etc.

Seulement cette spirale vertueuse ne fonctionne pas. Toute personne qui a effectivement essayé de recommencer par le commencement en pensant « faire boule de neige » - la vieille expression est nettement plus compréhensible -, sait comment ce genre d’initiative est vite circonscrit, si ce n’est par le manque de finances ou de terres, par l’opposition des institutions locales ou étatiques et par la pression économique. Et l’on n’a pas vu les SEL, systèmes d’échanges locaux, s’étendre outre mesure, mais au contraire disparaître par lassitude comptable ou par intégration dans les systèmes d’assistanat municipaux. Serge Latouche n’ignorant sûrement pas le caractère virtuel de cette spirale vertueuse, il faut croire qu’il s’agit en fait d’un appel tacite à la bienveillance de l’Etat, pour qu’il laisse se développer cette économie informelle dont Serge Latouche fait justement par profession la sociologie et dont le propre est logiquement de ne jamais prendre forme. Car l’Etat démocratique dont il se considère comme le bon citoyen serait évidemment susceptible de s’intéresser en retour aux idées alternatives de ce bon citoyen, et de tourner le dos au globalisme, aux entreprises
transnationales, aux industries de la chimie et du transport, etc. ou du moins faire semblant. Le véritable intérêt de l’Etat réside bien plutôt dans l’entretien respectueux de la confusion citoyenne, à laquelle participent l’idée de la décroissance
comme l’affichage de ce mouvement social à l’existence aussi fictive que la spirale de Latouche. S’occuper des affaires de la communauté et du territoire où nous vivons, ou bien reprendre une activité de production qui soit réellement économique, cela signifie en effet vouloir la fin de l’Etat.

Comment celui-ci pourrait-il favoriser cette fin ? Et comment ceux qui se veulent ses citoyens pourraient-ils y être favorables ? On voit trop l’évocation de la décroissance suffire au bonheur de tous ceux qui vilipendent les excès et dégradations auxquels se livrent cette société-ci, mais trouvent à celle-ci trop d’avantages à leur goût pour envisager comment ils pourraient sérieusement s’y opposer. Et cette omniprésence de l’affaiblissement du jugement et de l’esprit de décision, caractéristique de l’homme attaché à la consommation, nous porte à la plus sinistre des constatations : à l’évidence ce sont les hommes qui manquent pour en finir avec l’impuissance commune. Le coeur n’y est pas. Et sur ce point nous sommes nous aussi « vides de compréhension » : c’est là un manque auquel nous ne voyons vraiment pas comment remédier.

Ce manque est tragique d’abord en ceci que l’homme comme être biologique a pris la voie de sa disparition du fait des désastres écologiques proprement effrayants qu’a provoqué l’actuel mode de production. Il peut disparaître brutalement en quelques décennies, comme il peut se survivre assez longtemps dans des conditions toujours plus artificielles et contraignantes, dans un état de dégénérescence toujours plus avancé. Les avertissements portant sur l’élimination radicale de l’espèce humaine sont de ce fait de peu de portée, quand il est par ailleurs très difficile à l’esprit humain de se représenter réellement une telle disparition. La seule certitude en la matière est que « l’histoire naturelle des hommes », comme l’appelait Marx, est entrée dans l’inconnu dans la direction de sa fin. Mais il se produit une disparition d’un autre genre qui rend ce manque plus tragique encore en ceci que, plus palpable et plus certaine, elle regarde les vieux projets humains de liberté et d’émancipation et constitue une réalité immédiate pour les générations présentes encore hantées (mais déjà si peu) par les souvenirs de ces projets. Cette autre disparition présente en effet cet inconvénient d’être près de son achèvement : la vie humaine, telle que nous l’avons connue et aimée - au point de vouloir la renouveler -, se trouve dans l’obligation de céder la place à une espèce de survie mécanique, affairée et inquiète, emportée sans retour dans les aventures catastrophiques des sociétés industrielles. La disparition de cette vie-là est hors de toute interrogation : elle est systématiquement organisée, elle occupe tout le présent et le seul avenir prévisible. Elle sera déterminante pour l’avenir biologique de l’espèce humaine, car la défense des formes anciennes de la vie, comme de la possibilité de les régénérer, demeure la seule raison solide et durable de contester le genre de vie indigne qui s’y substitue. C’est l’impuissance commune à promouvoir et organiser cette défense que nous avons voulu le plus vivement accuser ici.

Guy Bernélas,
auteur de La Robe de Médée.
Considérations sur la décimation des abeilles
,
A compte d’auteur, 2006, d’où est tiré ce texte.
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Re: Les anarchistes et la décroissance

Messagede vroum le Sam 6 Mar 2010 22:28

:arf:
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Re: Les anarchistes et la décroissance

Messagede skum le Lun 31 Mai 2010 21:53

La décroissance des crapules

Le journal La décroissance tentait de rendre compte, dans son numéro d'avril, de Mort à la démocratie :

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Cette chronique appelait de ma part la réponse suivante:


Paris, le 23 avril 2007

Vous avez, dans le numéro d’avril du journal La Décroissance, rendu compte de l’essai intitulé Mort à la démocratie que j’ai publié aux éditions de L'Altiplano.

Vous avez cru trouver, dans mon ouvrage, le « rêve » d’un « monde parfait » et « d’une société unifiée et purifiée des méchants », rêve qui serait partagé par « tous les fondamentalistes » dans mon genre.

Même si je crois votre appréciation discutable, il ne s’agit là que de l’exercice de votre droit de critique le plus absolu, et, naturellement, nul ne pourrait songer à vous en faire grief.

Si vous êtes tout à fait exempts de reproches en ce qui concerne les jugements que vous portez sur mon livre, il n’en va malheureusement pas de même pour la citation que vous en faites. En effet, en ne citant que trois mots, vous réussissez l’exploit d’en changer un.

Le texte original de Mort à la démocratie appelle, à la page 123, à des expériences de discussion « antidémocratiques, antihiérarchiques et antiautoritaires ». Dans votre article, ces mêmes débats sont devenus « antidémocratiques, antihumanistes et antiautoritaires ».

Les deux adjectifs, « antihiérarchique » et « antihumaniste », ne sont pas du tout équivalents, et le remplacement du premier par le second va trop dans le sens de vos critiques pour présumer de votre bonne foi dans « l’erreur » de transcription qui est la vôtre. Par cet « antihumanisme » que vous me mettez dans la bouche, vous tentez d’accréditer l’idée que le « fondamentaliste » que vous croyez deviner en moi chercherait ailleurs qu’en l’Homme la mesure de la pureté à laquelle il aspire.

Je vous demande donc, par la présente, non seulement de rétablir dans votre prochain numéro l’exactitude des termes cités, mais également d’éclairer votre lectorat sur les causes possibles de cette manipulation grossière, et ce par la publication intégrale, et sans falsifications cette fois-ci, de la présente lettre.


Léon de Mattis


Loin de publier le droit de réponse en question, [b]La décroissance répondait ainsi dans son numéro de juin:[/b]

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Ce qui entrainait, de ma part, la nouvelle lettre suivante:


Paris, le 8 juillet 2007,


Monsieur le directeur de la publication,

Le 23 avril dernier, je vous mettais en demeure, par lettre, de signaler à vos lecteurs la substitution d’un mot par un autre parmi les trois que vous aviez choisi d’extraire de mon essai intitulé Mort à la démocratie.

Dans votre numéro de juin, tout en reconnaissant avoir « dénaturé » la citation extraite de mon « opuscule », vous plaidez l'erreur de transcription. Puis, hardiment, vous souhaitez profiter de cette mise au point pour « citer un autre extrait » de mon livre. Je crois que vous avez un peu présumé de vos forces. Ayant été incapables d'en recopier trois mots correctement, comment pourriez-vous vous attaquer à une phrase entière?

C'était fatal, votre nouvelle citation n'est pas exacte. Vous avez d'abord retiré les deux premiers mots de la phrase en question sans user des points de suspension qui sont d'usage dans ce cas. Or, ce simple « C'est pourquoi » n'est quand même pas tout à fait anodin. Il lie cet extrait au reste de la démonstration, tandis que votre manière de l'isoler laisse penser que je me réjouirais que les étrangers ne soient pas traités comme les citoyens français, là où je dis précisément tout le contraire.

Ensuite, quand il est écrit « droit de voter » dans le texte original, vous lisez, vous, « droit de vote ». Il est vrai que dans ce cas le sens de la proposition n’est pas substantiellement modifié, et après tout peut-être n’y a t-il réellement là que l’effet de cette incompétence que vous revendiquez si hautement.

Je dois donc reconnaître qu’il est difficile de savoir s’il faut mettre vos citations fautives plutôt sur le compte de votre mauvaise foi ou sur celui de votre bêtise. Il y a sûrement un peu des deux. Il est vrai que la lecture exhaustive de votre misérable publication et des incroyables inepties dont elle est remplie donne aussi beaucoup de crédit à la seconde de ces explications.

Pour autant, le résultat est le même : vos lecteurs sont abusés. Je vous demande donc, par la présente, de bien vouloir rétablir l’exactitude des termes qui me sont attribués, faute de quoi je me verrais contraint d’exercer contre vous les recours prévus par l’article 13 de la loi du 29 juillet 1881.


Léon de Mattis

SOURCE : http://www.leondemattis.net/?2007/07/08 ... s-crapules
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Re: Les anarchistes et la décroissance

Messagede Ming Li Fou le Lun 31 Mai 2010 22:12

Et si vous reveniez au sujet ?
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Re: Les anarchistes et la décroissance

Messagede Jamed Lavy le Lun 16 Aoû 2010 18:30

Ouais : plus précisément, quelle place prend la critique de la natalité (notamment dans un pays pro-"renouvellement" des générations comme la France) dans vos revendications par exemple ?
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Re: Les anarchistes et la décroissance

Messagede fu hsang le Lun 16 Aoû 2010 18:37

oh franchement
tu te crois sur un forum mao ou quoi ??? la societe anarchiste va planifier et contrroler les naissances ????
perso je m en tape du "controle " des naissances
moi j suis un garçon , je ne peux donc pas enfanter
je pense que les copines ( pour celles que je connais ) font ce ce que bon leur semble et cela me convient , si elles ont besoin d un coup de main
elles le disent
les projections des scientifico-capitalistes , ça me laisse toujours sceptiques
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Re: Les anarchistes et la décroissance

Messagede Jamed Lavy le Lun 16 Aoû 2010 18:42

tu te crois sur un forum mao ou quoi ???

> Charmant (j'avais jamais pensé à ça, mais bon).

Par ailleurs j'évoquais une simple critique potentielle, je n'ai jamais parlé de quelque contrôle que ce soit. Je m'interroge, c'est tout.

Bon, sur ce je vous laisse à vos discussions, bien que très curieuse de ce que pensent les gens de telle ou telle tendance instaurée, je n'aime pas trop ce ton là.
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Re: Les anarchistes et la décroissance

Messagede fu hsang le Lun 16 Aoû 2010 19:03

aie...
desole , c est un peu agressif et je m en rends compte que maintenant ,
voire beaucoup meme
je voulais pas etre meprisant
j espere que tu n en tiendras pas rigueur aux autres membres de ce forum


sinon , pour denoncer cette falsification pro nataliste avec des arguments digne de cette societe , il suffit de se referer a des demographes "officiels " qui demontrent que le seul choix possibles est bien l immigration ...mais bon c est pas trop mon style les " arguments " comme tu as pu t en rendre compte

sincerement
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Re: Les anarchistes et la décroissance

Messagede SchwàrzLucks le Lun 16 Aoû 2010 19:27

Personnellement je suis de tendance néo-malthusien à ce niveau-là. En effet j'estime que la population mondiale est déjà trop importante et qu'on est en proie à de graves problèmes si elle continue à grandir ainsi, les ressources naturelles étant limitées, celles qui sont nécessaires à l'ensemble de la population se raréfiant toujours plus vite lorsque la population augmente.

... mais d'un autre côté je ne suis pas pour un "contrôle des naissances" imposé. J'estime qu'il doit y avoir le choix. Cependant cette baisse du natalisme pourrait passer par l'émancipation, en effet combien de jeunes encore de nos jours qui se croient libres et pensent agir comme bon leur semble pensent déjà à se marier, se caser, trouver son boulot et faire des gosses à la chaîne... C'est un modèle imposé à détruire, je n'ai rien contre ceux qui souhaitent réellement vivre leur vie de famille avec la même personne toute la vie en élevant plein de gosses mais le problème me vient du fait que c'est un modèle imposé, élevé au rang de divin. (un peu comme l'épilation chez les femmes pour rejoindre un autre débat)

Pour un simple exemple : lorsque je dis que je ne veux pas me marier (ce qui ne signifie pas ne pas vivre durablement avec une personne pour autant) et que je ne veux pas d'enfant on (des ami(e)s) me sort sans cesse limite agressivement que je dis ça maintenant mais que de toute façon je changerai d'avis plus tard comme tout le monde... Belle masse moutonnière et bêlante alors que soit disant on serait dans le règne de l'individualisme. :lol: Qu'on arrête de confondre individualisme au sens sociologique et égoïsme... (oulah j'ai dérivé ^^)
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Re: Les anarchistes et la décroissance

Messagede filochard le Jeu 19 Aoû 2010 13:49

Anarchisme et néo-malthusianisme

Alexis Carrel, ce méconnu ?

[...]

Certains libertaires mêmes, et leurs compagnons de route, n’ont pas échappé aux séductions du projet eugénique, dont ils n’ont pas vu la contradiction avec les principes antiautoritaires. En 1909, Paul Robin, éducateur anarchiste et néo-malthusien, était d’avis de pratiquer la stérilisation « sans leur demander leur avis à tous les fous internés, aux criminels, aux violents surtout, à tous les inaptes ou inadaptables ». Plus tard, le Dr Binet-Sanglé, réformiste sincère, proche du mouvement néo-malthusien, et très influencé par les théoriciens anarchistes, estimera que « l’infanticide des dégénérés, le meurtre des idiots et des mélancoliques incurables ainsi que le suicide secondé sont parfaitement rationnels. (1919) » Et ailleurs, il propose « d’encourager le suicide des mauvais générateurs et, à cet effet, de créer un institut d’euthanasie, où les dégénérés fatigués de la vie seront anesthésiés à mort à l’aide de protoxyde d’azote ou “gaz hilarant”. (1918) » Cette dernière citation, tirée du Haras humain, suffit à priver Carrel du titre, peu enviable et historiquement peu pertinent, d’ « inventeur des chambres à gaz [9] » qu’on lui a rétrospectivement attribué pour mieux le déconsidérer.

[9] C’est le titre donné par Libération à un entretien avec Jean-Pierre Cambier. Texte reproduit en fac-similé dans le livre d’André Mure, pp. 80 et 81.

http://claudeguillon.internetdown.org/a ... article=22
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Re: Les anarchistes et la décroissance

Messagede Antigone le Dim 22 Aoû 2010 08:43

AFP, France24 - 16 aot 2010
http://www.france24.com/fr/20100816-a-p ... fin-lannee

A partir de samedi, la Terre vit à crédit jusqu'à la fin de l'année

A partir du 21 août et jusqu'à la fin de l'année, les Terriens vivront à crédit sur les ressources de la planète.
Chaque année, l'ONG Global Footprint Network (GFN) calcule le jour où la consommation de l'humanité en ressources naturelles a épuisé ce que la planète est capable de fournir en une année, de la filtration de l'eau douce à la fourniture de matières premières, y compris alimentaires.
Cette année 2010, annonce l'ONG lundi, l'"Earth Overshoot Day" - littéralement le "jour du dépassement" - aura lieu le samedi 21 août. "Ce qui signifie qu'il aura fallu moins de neuf mois pour épuiser le budget écologique de l'année", relève le président de GFN, Mathis Wackernagel.

L'an passé, la limite avait été atteinte le 25 septembre, mais ce n'est pas parce que la consommation s'est emballée, souligne-t-il.
"C'est juste que cette année, on a révisé toutes nos données et on s'est rendu compte que jusqu'ici, on avait surestimé la productivité des forêts et des pâturages: en clair, on avait exagéré la capacité de la Terre" à se régénérer et à absorber nos excès.
"On refait les calculs chaque année et on essaie de ne pas exagérer: si on ne sait pas ou si on a un doute, on prend les données les plus conservatoires".

GFN calcule ainsi les fournitures de services et de ressources par la nature et les compare à la consommation humaine et à ses rejets - déchets mais aussi émissions polluantes comme le CO2.
"A la fin des années 1980, notre empreinte écologique était globalement équivalente à la taille de la terre. Aujourd'hui, c'est 50% de plus", insiste l'ONG.
"Si vous dépensez votre budget annuel en neuf mois, vous allez probablement être extrêmement inquiet: la situation n'est pas moins grave quand il s'agit de notre budget écologique", reprend M. Wackernagel. "Le changement climatique, la perte de biodiversité, la déforestation, les pénuries d'eau et de nourriture sont autant de signes que nous ne pouvons plus continuer de consommer à crédit".

A ce stade, poursuit-il, les données sur la récession depuis 2008 ne sont pas encore très claires, "même si les données préliminaires montrent qu'elle a eu un impact significatif sur les consommations, comme l'énergie qui a baissé en Europe et aux Etats-Unis. Mais ce n'est pas le cas en Chine".
Pour inverser la tendance, il faut "arriver à ce que la population mondiale commence à décroître", un tabou qui se lève peu à peu parmi les démographes et les défenseurs de l'environnement, y compris au sein des Nations unies.
"Les gens pensent que ce serait terrible, pour nous ce serait en fait un avantage économique. Mais c'est un choix. On n'en veut pas encore", assure M. Wackernagel.
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Re: Les anarchistes et la décroissance

Messagede Isabelle le Ven 27 Aoû 2010 18:54

Je ne suis pas anarchiste, tout simplement par ce que je pense que ça ne marchera pas, mais je suis décroissantiste. J'espère que le contenu de ce texte n'est pas une découverte pour vous?
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Re: Les anarchistes et la décroissance

Messagede Alayn le Ven 27 Aoû 2010 19:54

Bonsoir ! Et qu'est-ce qui pourrait marcher alors selon toi ? Le décroissantisme écolo ?
Salutations Anarchistes !
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Re: Les anarchistes et la décroissance

Messagede denis le Ven 27 Aoû 2010 20:50

non isabelle (cycliste décroissantiste du forum), ce texte n'est pas une découverte, je l'avais vu déjà (merci Antigone de l'avoir recopié)

mais bon, c'est de la com....comme avec Hulot ou Arthus-Bertrand, d'ailleurs !
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Re: Les anarchistes et la décroissance

Messagede Isabelle le Sam 28 Aoû 2010 08:15

Je ne voulais pas dire ce texte "textuellement" mais cette notion générale.....
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Re: Les anarchistes et la décroissance

Messagede fu hsang le Sam 28 Aoû 2010 08:58

comment echapper a ce texte ??? merde

moi perso la decroissance pour moi c est le truc invente par les bouregeois pour que les petits ils arretent de vouloir autant qu eux ^^
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Re: Les anarchistes et la décroissance

Messagede filochard le Sam 28 Aoû 2010 09:29

Bourgeois ou pas, la "branche" décroissante du journal hypermarché La Décroissance est à bruler ! Les dernières conférences, entretiens radio, etc. de Paul Ariès que j'ai écouté sont tout simplement écoeurantes. Bon ok Ariès n'est pas La Décroissance (comme ALayn n'est pas la girouette de la FA, du moins pas l'officielle) mais son discours subodore les "bonnes vieilles valeurs familiales", la réhabilitation et la mise au centre de l'agora du "nous sommes tous mortels" (j'avais des doutes sur son "athéisme chrétien", je n'en ai plus), le rafistolage du champ juridique actuel imbibié de judéo-christiannisme droits de l'hommiste..., "l'anti-capitalisme anti-productiviste" est une ineptie sinon un pléonasme, etc. Et lorsqu'il dit qu'il est en accord avec les extrêmes-droiteux sur "la dégoutation de ce monde" mais que seules les solutions qu'il envisage sont différentes, c'est le pompon de l'illogisme et de la saloperie intellectuelle !

Votons décroissance 2212 ! -> http://www.objecteursdecroissance2012.fr/
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Re: Les anarchistes et la décroissance

Messagede Isabelle le Sam 28 Aoû 2010 09:36

fu hsang a écrit:............

moi perso la decroissance pour moi c est le truc invente par les bourgeois pour que les petits ils arrêtent de vouloir autant qu'eux ^^


Donc on peut envisager que dans une société plus égalitaire (anarchiste?) on ai deux voitures dont un monospace par famille!
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Re: Les anarchistes et la décroissance

Messagede conan le Sam 28 Aoû 2010 09:55

fu hsang a écrit:comment echapper a ce texte ??? merde

moi perso la decroissance pour moi c est le truc invente par les bouregeois pour que les petits ils arretent de vouloir autant qu eux ^^


LOL ! :mrgreen:
Cela dit, le capitalisme n'est pas fondé que sur l'aménagement de la rareté, il est aussi fondé (et c'est son corollaire) sur la création de désir de choses : le capitalisme ne répond pas à des besoins, il les crée. En ce sens, la réflexion décroissante attaque aussi le capitalisme, par un angle qu'un certain anarchisme scientiste et productiviste n'avait pas su forcément bien cerner.
Mais d'accord pour dire que sans vue anarchiste, et donc de gestion directe par les gens de leur propre vie, la décroissance peut aussi devenir merdique, voire servir des idéologies fachoïdes.
Perso, je suis rentré dans l'anarchisme avec les travaux de Tertrais et même s'il y a un débat critique constructif à entretenir autour de la décroissance, je ne renie pas ce genre de réflexion, que je trouve indispensable.
"L'anarchie, c'est la victoire de l'esprit sur la certitude" Georges Henein
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Re: Les anarchistes et la décroissance

Messagede filochard le Sam 28 Aoû 2010 10:14

Fausse abondance, ok. Mais la critique à mon avis qu'ils font ne va pas assez loin, bien que Ariès cite Postone je crois dans un de ces derniers torches-culs 128 feuillets, mais ça s'arrête là. Ces décroissants "hype" ne sont pas contre le "petit commerce" ni contre un fantasmé "moteur non accumulatif" d'une "société marchande" plus ou moins autarcique. Et concernant l'Etat, c'est du même niveau que le NPA, avec qui ils collab'.
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