Rencontre avec les hommes du PSIG de Marck Delphine KWICZOR 05/01LES PELOTONS DE SURVEILLANCE ET D'INTERVENTION DE LA GENDARMERIE SONT BASÉS À MARCK ET À BOULOGNE
Equipés lourdement et prêts à intervenir pour des opérations musclées, les militaires des pelotons de surveillance et d'intervention de la gendarmerie nationale (PSIG) sont les bras armés des gendarmes départementaux. Des missions ciblées et particulières Des oiseaux de nuit. Les hommes du PSIG interviennent principalement la nuit ou au petit matin, pour cueillir des délinquants potentiellement armés et dangereux. La compagnie de Calais dispose de deux PSIG : l'un basé à Boulogne, l'autre à Marck. « Cette unité a pour vocation de patrouiller en seconde partie de nuit. Ils tiennent majoritairement la tranche horaire minuit - 6 heures. C'est l'une de leurs missions premières », souligne le commandant de la compagnie, le chef d'escadron Alary. Une présence pour dissuader les délinquants, une présence sur le terrain pour mettre la main sur des flagrants délits et garder un oeil vigilant sur les zones sensibles du secteur. Lors de leurs patrouilles, les PSIG arpentent le secteur, des heures durant. Et ciblent également les endroits à surveiller, en fonction des derniers délits commis.
Les militaires du PSIG agissent aussi « en second niveau d'intervention professionnelle ». Des interventions où i l y a un risque que la force soit employée, comme pour les interpellations à l'aube, qui sont l'une de leurs missions.
Des militaires ultra équipés Les interpellations à l'aube sont réalisées dans des cadres précis et sont une mission complémentaire du PSIG. « Du moment où la personne est connue chez nous ou si elle est susceptible d'être armée ou s'il y a un caractère de dangerosité », souligne le chef d'escadron avant d'expliquer l'intérêt de surprendre au réveil certains délinquants : « Pour les affaires de stupéfiants, les surprendre brusquement évite qu'ils jettent les stupéfiants aux toilettes, par la fenêtre etc. » Les militaires du PSIG gèrent également des escortes de détenus un peu difficiles, interviennent aussi en renfort des hommes de brigade, lors de rixes, des troubles à l'ordre public... « Ce sont des personnes entraînées. Ils peuvent aussi être amenés à faire du flagrant délit et sont en capacité d'entamer des enquêtes », indique le patron de la compagnie. Les militaires du PSIG, qui bénéficient d'entraînement spécifique, sont des hommes d'action. Lors des opérations anti-délinquance, notamment pour lutter contre les cambriolages, les gendarmes font des contrôles à des points fixes. « Le PSIG se met plus loin pour intercepter des malfrats qui en profiteraient pour faire les maisons d'à côté, ou pour intercepter les véhicules qui font demi-tour en voyant le contrôle... » Pour la compagnie de Calais, qui dispose donc de deux PSIG, la particularité est aussi de venir en renfort de la zone fret SNCF qui jouxte Eurotunnel. Sur le secteur de la compagnie, ils sont aussi prêts à intervenir en cas d'incident nucléaire à la centrale de Gravelines Le patron de la compagnie explique pourquoi les hommes du PSIG sont considérés comme les bras armés des gendarmes de brigade. « Ils sont dimensionnés en moyens et en matériel. » Par cela, il faut comprendre que les équipements de ces militaires sont particuliers. Ils ont notamment des casques et visières pare-balles et des gilets pare-balles lourds. Quand les gilets pare-balles des gendarmes de brigade sont censés les protéger de munitions de 9 à 15 mm, ceux du PSIG « peuvent lutter contre des munitions plus véloces, plus rapides, plus performantes ».
Aurélie Spy, Jimmy Decorte et Crack : un flair pour pister et la carrure pour défendre les militairesDes dizaines de kilos de muscles et son flair pour outil de travail. Crack, 6 ans est un berger allemand au service du PSIG de Marck. Un atout indéniable.
Dans le Pas-de-Calais, il y a quatre équipes cynophiles. Crack piste, c'est-à-dire qu'il est formé pour trouver les personnes disparues ou encore se mettre à la recherche d'un malfrat qui aurait laissé derrière lui des traces, lors d'un cambriolage par exemple. Son autre mission ? Défendre les militaires sur le terrain, une présence dissuasive, un rôle de protection en général.
Un départ en Guadeloupe pour la Calaisienne A 32 ans, Aurélie Spy est maître de chien au PSIG de Marck depuis décembre 2010. A l'été 2014, elle devrait être mutée, avec son fidèle compagnon, en Guadeloupe. L'envie de voir autre chose, vivre d'autres expériences. Là-bas, elle devrait d'ailleurs travailler avec un second compagnon. La jeune femme, pure Calaisienne, va partir en formation en janvier. Son second chien sera spécialisé stupéfiants, billets et armement. Elle revient sur son parcours, qui l'a amenée à se spécialiser pour devenir maître de chien. Avant Marck, la jeune femme était à la brigade de Marquise. Un quotidien rythmé par les enquêtes judiciaires, la police route, le contact avec la population et le recueil des plaintes. Avant cette affectation, elle était dans l'Orne. Là, elle était gendarme adjoint et suppléante non officielle d'un maître de chien. « Ça m'a donné envie. Lors des bilans, chaque année, je le mettais. » Et finalement, elle obtient ce qu'elle veut. Direction l'école des maîtres de chien à Gramat dans le Lot, juste après son poste à Marquise. Différents tests permettent notamment de lui affecter un chien avec un caractère qui lui correspond. Ensuite, les deux futurs équipiers sont formés, et attaquent le travail ensemble. Le gendarme doit apprendre à décrypter le comportement de celui qui l'accompagnera en intervention.
Au PSIG de Marck, la militaire est au quotidien avec Crack, son compagnon d'unité. Elle patrouille avec lui, secondée de Jimmy Decorte, gendarme adjoint volontaire, qui endosse le rôle de suppléant non officiel. Ce dernier s'occupe de Crack lorsque le gendarme Spy n'est pas là. « Je ne peux pas partir en intervention avec lui, je fais tout ce qui est soin, promenade, entretien et détente », détaille-t-il.
Entre ces trois-là, la complicité est flagrante. Crack, qui n'est pas de nature très sociable, semble bien ne jurer que par ces deux militaires. « Il m'épaule pendant les opérations. Quand il y a des recherches de personnes, des personnes qui ont Alzheimer et qui quittent leur domicile ou encore des disparitions inquiétantes, je peux être appelée avec Crack. », indique la jeune femme qui peut intervenir sur toute la région. « Avec l'odeur de la personne, des traces de sang, Crack va chercher l'odeur humaine et aller du point A à un point B. En fonction du climat, du terrain etc. ça ne marche pas à tous les coups. » Crack assure aussi un rôle de protection des gendarmes. Quand le PSIG patrouille, Crack et sa maîtresse peuvent se joindre à eux, en guise de protection, en renfort des unités. Chaque jour, le gendarme Spy consacre quatre heures à l'entretien de son fidèle compagnon : entraînement, soins, détente « pour qu'il soit bien dans sa tête ». Pour Crack, pister est un jeu. Aucune contrainte. A l'entraînement, c'est ce que lui inculque sa maîtresse. A chaque fin d'entraînement, Crack récupère son boudin ou une balle. C'est parti pour une séance de jeu, une récompense.
Des armes lourdes et des entraînements spéciauxDeux PSIG composent donc la compagnie de Calais. L'un à Marck, qui compte quinze militaires et l'autre à Boulogne avec douze hommes. Dans les rangs des deux PSIG : un maître de chien piste et défense, un instructeur en intervention professionnelle et des moniteurs en intervention professionnelle. Le PSIG est composé de sous-officiers et de militaires du rang, des gendarmes adjoints volontaires.
L'adjudant-chef Régis Hubert, qui est à la tête du PSIG de Marck, précise que le PSIG est donc « autoformé ». Mais il y a aussi des entraînements inter PSIG qui sont chapeautés par le groupement d'Arras. « On travaille alors avec l'ensemble des moniteurs en intervention, on travaille sur des situations qu'on peut trouver dans le quotidien, en ordre public ou en phase d'interpellation ».
Les hommes du PSIG travaillent et développent les techniques et tactiques d'interventions « pour un résultat optimum tout en garantissant la sécurité du personnel et des gens ».
Ces moniteurs en intervention professionnelle sont aussi chargés d'initier et de développer les techniques d'intervention au profit des brigades territoriales du secteur.
Comment s'organise la vie de caserneMarck, zone des Dryades. Le panneau "gendarmerie" a disparu depuis quelque temps. Derrière une grille, les locaux sont toujours là, l'activité également. Et derrière cette grille, une vie de caserne aussi.
Eté 2010
Les militaires ont pris possession de la caserne de Marck à l'été 2010. Une caserne composée de locaux mais aussi de logements pour les militaires. On y trouve 18 logements de sous-officiers et dix studios de gendarmes adjoints volontaires. Ces derniers sont des militaires sous contrat renouvelable 5 ans maximum.
A l'époque, la caserne de Marck accueille alors deux unités : la brigade territoriale de Marck et le PSIG.
Automne 2011
La répartition territoriale engendre des changements pour les militaires. Marck passe en zone police. La brigade territoriale de Marck est alors dissoute. Mais les militaires qui la composaient continuent à y habiter. Ils travaillent désormais, pour la plupart, dans les brigades de Frethun-Guines. A partir de cette période, il n'y a plus d'accueil de public à Marck, impossible de s'y rendre pour y déposer plainte d'où la disparition du panneau "gendarmerie".
Des hommes de terrain
La caserne de Marck, du côté professionnel, abrite donc maintenant les hommes du PSIG mais aussi deux militaires de la cellule sûreté et renseignements. Ils sont, en quelque sorte, les yeux et les oreilles de la compagnie.