Kurdistan

Re: Kurdistan

Messagede pit le Mer 26 Nov 2014 01:42

Suite

Un point de vue anarcho-communiste sur le soutien à la lutte du Kurdistan syrien

Texte trouvé sur le site anarkismo.net, mis en ligne sur ce site le 1er novembre 2014 et traduit fin novembre 2014 par un membre du Collectif Anarchiste de Traduction et de Scannérisation de Caen (et d’ailleurs) : http://ablogm.com/cats/

C’est une réponse au texte « Rojava : an anarcho-syndicalist perspective ». Il s’inscrit dans la lignée d’une première réponse à cet article faite par un camarade anarchiste turc. Le texte « Rojava : an anarcho-syndicalist perspective » et cette première réponse d’un camarade de Devrimci Anarşist Faaliyet ont également été traduits en français et sont disponibles ici : http://sous-la-cendre.info/2740/revolut ... s-en-cours

Toutes ces traductions sont librement diffusables et nous espérons qu’elles alimenteront l’inévitable, nécessaire et légitime débat en cours sur le soutien, ou non, aux luttes de libération nationale en général et sur le soutien à la révolution au Kurdistan syrien en particulier.

http://sous-la-cendre.info/2763/2763

Une réponse anarchiste-communiste à « Rojava : une perspective anarcho-syndicaliste ».

Ce texte est une réponse à l’article « Rojava : une perspective anarcho-syndicaliste » écrit par « K.B. » et qui a été récemment publié sur le site web « Ideas and Action » de la Workers Solidarity Alliance (WSA, Alliance de Solidarité des Travailleurs) basée en Amérique du Nord. Dans l’article il y a une attaque contre la révolution du Rojava (le Kurdistan syrien) au Moyen-Orient, un évènement dans lequel le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK en Kurde) a joué un rôle clé. Cette réponse n’est pas publiée de mauvaise foi ou avec de mauvaises intentions envers la personne qui a écrit l’article ou envers son organisation mais, bien plutôt, afin de clarifier et de partager notre pensée concernant la question du soutien anarchiste à la fois aux mouvements de libération nationale et à ce qui, pour nous, est une lutte très importante et inspirante qui se déroule au Moyen-Orient. L’objectif est d’avoir un débat franc et amical qui nous emmène tous et toutes de l’avant.


LE CONTEXTE POUR UN SOUTIEN CRITIQUE.

Le PKK et ses projets ont attiré l’attention pas seulement sur la révolution du Rojava – où une part substantielle du programme du PKK est en train d’être appliqué. Le PKK a également attiré l’attention mondiale avec sa bataille héroïque contre les forces meurtrières et ultra-droitière de « l’État Islamique » (État Islamique en Irak et au Levant, EIIL), particulièrement dans des combats en Syrie.

Le PKK se dressait originellement pour un État marxiste indépendant pour le peuple kurde qui devait être créé par des moyens comme la lutte armée. Au cours des 10 dernières années, toutefois, le PKK a significativement changé ce projet, en adoptant les éléments centraux du « confédéralisme démocratique » – une approche dérivée de la pensée tardive de l’écrivain Murray Bookchin, influencé par l’anarchisme. En 2005, le leader emprisonné du PKK, Abdullah Öcalan, disait :

« Le confédéralisme démocratique du Kurdistan n’est pas un système Étatique, c’est un système démocratique d’un peuple sans État… Il tire son pouvoir du peuple et adopte des mesures pour atteindre l’autosuffisance dans tous les champs y compris l’économie[1].

La question des relations des anarchistes et des syndicalistes envers des mouvements comme le PKK –mouvements qui ne sont pas explicitement, ou même complètement anarchiste – est matière à controverse. Une partie substantielle du mouvement anarchiste, particulièrement le vaste réseau plateformiste et spécifiste autour d’Anarkismo.net, a soutenu le PKK, bien que de manière critique.


LOGIQUE DE SOUTIEN

En résumé de notre orientation générale, nous soutenons les luttes contre l’oppression en principe et cela inclut des luttes contre l’oppression nationale et raciale.

Concrètement, cela signifie se placer aux cotés des gens en lutte contre l’oppression et défendre leur droit à choisir des approches avec lesquelles nous pouvons ne pas être en accord. Dans le cas des luttes de libération nationale, cela signifie que nous défendons le droit des peuples colonisés à résister et à vaincre la répression impérialiste des projets de libération par le moyen de formes politico-économiques, tels que des États démocratiques libéraux ou socialistes indépendants, qui nous le voyons échoueront finalement à émanciper les prolétaires et les paysans. C’est une question de principes : s’opposer à l’oppression et se placer aux cotés des opprimé-e-s. Par conséquent, nous ne prenons pas une position « puriste » qui semble être neutre mais qui, en pratique, met les oppreseurs-euses et les oppimé-e-s sur le même plan néfaste.

Cela ne doit pas, cependant, être mal compris et signifier un chèque en blanc pour toute position ou action ou courant engagé dans de tels luttes ; nous n’acceptons pas la position qui refuse de faire toute critique ou de prendre toute position indépendante, sur la base que seul-e-s les « opprimé-e-s » peuvent décider, ou sur le fait que la « solidarité » implique le silence. Évidemment seul-e-s les opprimé-e-s peuvent décider mais ils et elles ne sont pas homogènes politiquement ou socialement et toutes les luttes sont contestées de manière interne et imparfaites. La solidarité est une affaire d’assistance teintée de camaraderie, elle n’a pas pour objet de fermer le dialogue ou d’excuser des erreurs.

En termes concrets, nous ne soutenons pas tout courant organisé dans les luttes contre l’oppression. Plus un courant organisé est proche de nos positions, plus nous le soutenons et montrons de la solidarité ; et en même temps, il y a certaines positions politiques qui sont simplement inacceptables. En termes de stratégie et de tactiques, il y a une échelle mobile et cela signifie que nous donnons, en pratique, la priorité à des relations avec certains groupes par rapport à d’autres et que nous n’établissons délibérément pas de relations du tout avec d’autres.

De plus, tandis que nous montrons de la solidarité, et que nous fournissons une aide concrète, nous ne « liquidons » pas notre politique ou notre programme, en devenant des supporters-rices inconditionnel-le-s ou des organisations de donateurs-rices. Notre objectif est simplement de s’aligner aux cotés des luttes contre l’oppression, avec également le but d’influencer ces luttes. Seul l’anarcho-communisme offre les conditions pour une reconstruction des sociétés humaines qui rendra possible une résolution complète des nombreux maux sociaux, y compris de nombreux types d’oppression.

Par conséquent, dans notre solidarité, nous nous engageons en politique en tant que force indépendante qui cherche une certaine influence. L’engagement est une question de stratégie, ses formes précises dépendent du contexte et sont, par conséquent, des questions de tactiques. Mais centralement, dans notre engagement, nous conservons notre indépendance politique et critique, et nous n’abandonnons pas nos principes (stratégie et tactiques). Concrètement, il y a des questions pratiques autour desquelles nous pouvons coopérer directement avec des courants organisés spécifiques et offrir notre solidarité (même si c’est seulement au niveau de l’élévation de la conscience), ensuite il y a de nombreuses luttes au sein des luttes des opprimé-e-s, dans lesquelles nous pouvons prendre parti ; mais nous avons à tout moment pour objectif de proposer, et de faire gagner en influence, nos méthodes, nos buts et projets.

Nous résumerons les applications concrètes de cette approche au cas du Rojava dans la conclusion mais, pour l’instant, brièvement : dans le combat contre l’État Islamique et contre l’oppression nationale des kurdes, le réseau Anarkismo.net s’aligne avec les combattant-e-s contre ces forces. Deuxièmement, le rapprochement partiel du PKK avec l’anarchisme donne une base additionnelle pour le soutien : avec toutes ses limitations, le projet du PKK est un de ceux qui, à certains égards, s’aligne avec les idéaux anarchistes. Il est loin de la constitution d’un régime autoritaire de haut en bas à la manière, par exemple, de l’Armée Rouge de Mao. À ce propos, le soutien critique envers le PKK est similaire au soutien critique que de nombreux-ses anarchistes ont envers les zapatistes (EZLN) au Mexique. La question n’est pas de savoir si le PKK est à 100% anarchiste – il ne l’est certainement pas – mais plutôt si le PKK combat du bon coté et, deuxièmement, s’il y a des éléments du programme du PKK que les anarchistes peuvent soutenir volontiers.

En bref, cette approche envers le soutien et la solidarité – et même les alliances – ne procède pas depuis la position que les anarchistes peuvent seulement et jamais s’engager qu’avec des forces qui sont purement et sans ambiguïtés anarchistes. Bien plutôt, la logique est que les anarchistes se dressent avec les opprimé-e-s contre les oppresseurs-euses – sans renoncer à leurs différences avec d’autres courants. Et la logique est également que les anarchistes devraient s’engager avec des mouvements qui sont, si ce n’est complètement anarchistes, au moins de certaines manières plus proches de nos objectifs.

La politique est une situation confuse, basée sur le débat, le conflit et le compromis. Ce n’est la question d’attendre des mouvements parfaits ou des moments parfaits mais celle d’essayer de naviguer – encore une fois sans liquider notre politique – dans une réalité plus compliquée, marquée par des gains partiels et des luttes confuses.


L’ARGUMENT RÉPUDIANT LE SOUTIEN

Par contraste, l’article dans « Ideas and Action » prend une autre posture. Il décrit le PKK sous la pire lumière possible, comme « autoritaire », « patriarcal » et « ethno-nationaliste » et va jusqu’à soulever de sérieuses accusations contre Öcalan. Les conclusions politiques dessinées par l’auteur « K.B. » sont claires : les anarchistes devraient se distancier de la révolution du Rojava et du PKK.

Ainsi, c’est en partie un jugement selon lequel le PKK et son projet ne sont ni contre l’oppression ni en aucune manière compatibles avec les buts anarchistes. Mais il tend à suivre une plus vaste ligne de raisonnement dans un secteur du mouvement anarchiste qui congédie de manière routinière tout ce qui n’est pas purement anarchiste et qui, en pratique, se confine lui-même dans l’engagement avec d’autres anarchistes. Si cette approche est correcte dans le fait de souligner les dangers d’un soutien non critique à des mouvements non anarchistes, elle répond d’une manière telle qu’elle se coupe elle-même de la possibilité de s’engager dans un quelconque mouvement et de prendre la moindre position réellement concrète sur les luttes les plus immédiates – en faveur de slogans généraux et d’appels qui n’ont pas beaucoup d’application concrète.


L’USAGE DE LA PREUVE

De manière regrettable, beaucoup des affirmations faites par « K.B. » ne dérivent pas d’un engagement équilibré envers les preuves. Tandis que l’auteur est extrêmement sceptique sur les déclarations du PKK, il ou elle est beaucoup plus crédule quand les témoignages dépeignent le PKK sous une pauvre lumière. L’exemple le plus notable est l’assertion qu’Öcalan est un « violeur ». Un examen plus poussé des sources utilisées révèle seulement des liens vers un site web ultranationaliste turc hostile au PKK – et un livre attaquant Öcalan. Même si l’auteur de ce livre ne fournit aucune preuve à part ce qu’il admet être des « rumeurs » sans confirmation.

C’est honnêtement une manière malheureuse d’argumenter – en parcourant internet à la recherche d’affirmations infondées et diffamatoires provenant de sources douteuses et en les acceptant de manière non critique. Sur d’autres points, également, le rédacteur ou la rédactrice « K.B. » fait des déclarations qui n’ont pas de bases factuelles. Le PKK et ses structures alliées sont strictement présentés comme « ethno-différentialistes ». Le nationalisme est une idéologie tendant vers une unité multiclassiste et une société de classe : dans ces phases marxistes et maintenant confédéralistes démocratiques, le PKK ne rentra jamais vraiment dans ce moule.

Si le terme « ethno-nationaliste » est utilisé pour signifier que le PKK est strictement, exclusivement, kurde, cela ne collera pas non plus avec ce qui est en train de prendre place au Rojava. Le Rojava n’est pas seulement une question de libération des kurdes : « K.B. » cite même une déclaration du Forum des Anarchistes Kurdes (KAF en anglais), dans l’article lui-même, qui montre clairement que le Mouvement de la Société Démocratique (Tev-Dem en kurde) au Rojava comporte l’implication de nombreuses personnes « avec des arrière-plans différents, y compris des kurdes, des arabes, des musulmans, des chrétiens, des assyriens et des yézidis »[2].

Ainsi, ce n’est en aucune manière le PKK étroit, et même xénophobe, que « K.B. » souhaite exposer –mais qu’en fait il présente sous un faux jour. Au contraire, cependant, Öcalan et d’autres militant-e-s du PKK[3] présentent le confédéralisme démocratique comme une part de la libération de tous les peuples du Moyen-Orient – et pas seulement les kurdes – et en sont venu-e-s à rejeter fortement le nationalisme lui-même.


METTANT DE COTÉ CERTAINS FAITS

L’auteur « K.B. » souhaite également présenter le PKK d’une manière ou d’une autre comme un mouvement « patriarcal » (c’est-à-dire dominé par les hommes). La preuve principale qui est donnée est le rôle prédominant des hommes dans les positions de direction. Mais il y a plus important dans la position d’un mouvement sur la libération des femmes qu’un décompte des têtes. Malgré le fait d’opérer dans un contexte dans lequel la subordination des femmes est activement promue par de nombreuses forces – et pas seulement par l’État Islamique – le PKK a néanmoins activement promu l’égalité pour les femmes dans ses forces armées, ses structures et son idéologie. Invoquer que la revendication pour la libération des femmes doive être portée par une sorte de mouvement des femmes « autonome » est abstrait, car un tel mouvement n’existe pas, et c’est aussi trompeur dans la mesure où la seule force qui est en train de combattre pour la libération des femmes au Rojava, c’est le PKK.

Le PKK fit œuvre de pionnier pour la libération des femmes au Kurdistan et c’est un fait que ces zones où le PKK n’a pas une présence majeure sont très patriarcales, tandis que celles où le PKK a une présence ne le sont pas. Il n’y a pas de coïncidence. C’est parce que le PKK voit la domination des femmes comme étroitement liée à d’autres formes d’exploitation et d’oppression et croit que la lutte contre l’oppression des femmes doit, par conséquent, être au cœur de toute lutte progressiste – dans ce cas pour la libération des kurdes et, finalement, des classes populaires du Moyen-Orient.

« K.B. » souligne ensuite que le PKK était à l’origine marxiste-léniniste, ou au moins influencé par cette approche dans les années 1970 et 1980. Cela peut effectivement être le cas, mais une question qui doit être posée c’est si c’est encore actuellement le cas. Les zapatistes venaient également d’une approche maoïste ; Michel Bakounine lui-même était à l’origine un nationaliste slave. Le passé n’est pas toujours un bon guide pour le présent, spécialement quand d’autres aspects du passé sont ignorés.

Les gens et les organisations changent politiquement et ce n’est pas ce qu’ils et elles étaient qui est pertinent : c’est ce qu’ils et elles disent et font maintenant qui compte. Le PKK a également changé de nombreuses manières, cela aussi fait partie de son passé. Le PKK a critiqué son passé, essayant de changer sa politique et, dans ces critiques[4] ils sont parfois brutalement honnêtes à propos de leurs propres défauts passés. Cela est très prometteur et montre une maturité politique.

Combien de mouvements – y compris les anarchistes – réfléchissent honnêtement sur ce qui ne va pas ou n’allait pas avec eux et utilisent cela pour s’améliorer ? Ainsi, alors que le PKK n’était pas parfait, et ne l’est toujours pas, ils et elles ont réfléchi et changé – cela n’amène rien de montrer qu’ils et elles étaient marxistes-léninistes il y a trente ans, comme si rien n’avait changé.


DIFFÉRENCES DE MÉTHODES ENTRE LES DEUX LIGNES

C’est en invoquant une revendication en faveur d’un mouvement des femmes, nouveau et autonome, au Rojava que « K.B. » révèle une partie importante de sa méthodologie. Les situations ne sont pas approchées telles qu’elles sont par le ou la militant-e, elles sont approchées comme le ou la militant-e aimerait qu’elles soient, ce qui signifie habituellement un schéma complètement abstrait de revendications et de programmes. Ainsi, sans égard pour les résultats de l’actuel PKK, sans égard pour le contexte, sans égard même pour ce que les femmes font dans le PKK et au Rojava, il y a une réponse déjà prête : former un mouvement de type X. Cela ne colle pas avec les réalités complexes, et cela rend très difficile le fait d’accrocher cette réalité, quand toutes les réponses existent avant que tout accrochage n’ait lieu.

À un autre niveau, la méthodologie se révèle également elle-même : si quelque chose n’est pas purement anarchiste, c’est considéré au-delà du soutien. Le problème est que les plus grands mouvements aujourd’hui ne sont pas anarchistes, ou purement anarchistes. Dire que les anarchistes ne peuvent jamais travailler avec d’autres courants – nationalistes, marxistes-léninistes, progressistes etc. – signifie simplement que les anarchistes ne s’engageront avec personne, à part d’autres anarchistes.

Mais comme la plupart des gens ne sont pas – que nous le voulions ou non – anarchistes, cela signifie que les anarchistes s’isoleront eux-mêmes et qu’ils et elles le feront avec fierté. Cela ne résout pas, mais au contraire aggrave, l’isolement des anarchistes. Cela coupe les audiences et une potentielle influence anarchiste.


ALIGNEMENTS DANS DES BATAILLES CONCRÈTES

Un troisième problème est celui de prendre parti dans des batailles clés. Toutes les batailles ne requièrent pas que les anarchistes prennent parti, mais certaines oui.

Quelles que soient les limitations des forces qui menèrent la lutte anti-apartheid, par exemple, elles étaient progressistes comparées au régime de l’apartheid ; c’étaient des mouvements qui se battaient contre un système oppressif monstrueux et qui, malgré toutes leurs limites, étaient en ce sens infiniment préférables à ce système. Dans de tels combats, les anarchistes ne peuvent sûrement pas rester neutres, comme s’il n’y avait pas de différences du tout entre les forces d’opposition populaires, comme les syndicats et les mouvements issus des communautés, et le régime d’apartheid. Avoir suggéré autre chose aurait trahi un sérieux manque de perspective.

De même, considérerons la situation du PKK et de ses structures alliées : depuis le début, dans toutes ses incarnations, le PKK a combattu contre la sévère oppression nationale des kurdes en Irak, Iran, Syrie et Turquie. Les kurdes des classes populaires sont opprimé-e-s en tant que travailleurs-euses et paysan-ne-s, mais en tant que kurdes ils et elles font face à une oppression additionnelle. Le combat contre cette oppression est progressiste et est sûrement un combat important que tout-e anarchiste peut soutenir.

Cela ne signifie pas la possibilité d’encaisser des chèques en blanc pour le PKK ; cela signifie simplement que même si le PKK etc. était ethno-nationaliste, mais combattait pour la fin de l’oppression nationale, les anarchistes devraient et pourraient encore soutenir ce combat – de manière critique, bien sûr – simplement parce que les kurdes sont opprimé-e-s en tant que peuple et que les anarchistes s’opposent à toutes les formes d’oppression. Dans la mesure où le PKK est devenu plus proche de l’anarchisme, le terrain pour un soutien critique de ce dernier est plus étendu.

En fait, alors que nous ne pensons pas que les anarchistes doivent poser des conditions pour leur soutien à des luttes populaires pour la libération nationale, il faut également noter que le PKK a, en plus de son rejet du nationalisme, également rejeté l’État – en déclarant clairement que « l’État-nation ne peut jamais être une solution »[5] – et voit la libération des femmes comme étant irrévocablement liée à l’abolition de l’État.

Ces dimensions disparaissent complètement dans l’article de « K.B. » : le PKK émerge comme aussi scélérat et sinistre que n’importe quel autre régime ; c’est presque comme si l’« ethno-nationalisme » kurde est une invention, plutôt qu’une réponse – aussi problématique soit-elle – à l’oppression kurde. Et pour emmener les choses plus loin, l’auteur découvre ensuite dans le PKK seulement des défauts et rien qui soit digne de soutien.


SOUTIEN CRITIQUE (NON AVEUGLE)

Rien de cela ne signifie soutenir aveuglément le PKK. Nous ne sommes pas d’accord avec le purisme de l’article de « K.B. » mais nous n’allons pas à l’autre extrême, en liquidant notre politique. Nous sommes d’accord que les anarchistes ne devraient pas liquider notre politique derrière toute force non anarchiste – en devenant des meneurs-euses de ban et des soutiens aveugles, ou en taisant nos critiques ou en mettant la clé sous la porte de nos activités indépendantes. Toutefois, alors que « K.B. » cherche à faire cela en isolant les anarchistes des autres forces, nous cherchons à faire cela en s’engageant, en tant que courant indépendant, avec d’autres forces.

Cela signifie clarifier nos propres points de vue, pousser en avant notre propre projet et rechercher notre propre influence. Une telle influence ne peut provenir d’un isolement puriste, elle ne peut pas venir non plus d’un soutien inconditionnel liquidationniste. Cela entraîne un engagement critique : nous sommes avec le PKK et la révolution du Rojava contre les forces de l’État Islamique, de la Turquie et de l’impérialisme occidental, mais nous ne sommes pas non plus un auxiliaire du PKK.

Par conséquent, malgré nos désaccords avec la position de « K.B. », nous sommes en fait d’accord sur le fait qu’il y a des points qu’il ou elle soulève qui valent vraiment la peine d’être évoqués.

« K.B. » note qu’il y a des structures et des projets parallèles – et potentiellement rivaux – au Rojava et une contestation autour de celles et ceux-ci. D’après certains comptes-rendus – y compris un document qui forme basiquement la Constitution du Rojava[6] – il y a deux types de systèmes/structures en place basés sur ce qui semble être des idées divergentes qui courent concurremment. Une structure est un type de parlement représentatif avec quelque chose qui s’apparente à un cabinet ; l’autre étant une sorte de confédéralisme démocratique basé sur des assemblées, des conseils et des communes. Là apparaît également une possibilité de tension se levant entre ces deux types de systèmes allant aussi de l’avant, si le Rojava survit.

Ainsi il y a une faction dans la politique du Rojava, y compris dans la direction du Parti de l’Union Démocratique (PYD en kurde, le parti-frère du PKK en Syrie), qui veut ce qui équivaut à une structure d’État – plutôt que la vision plus radicale du PKK. En pratique ils et elles sont en train de mettre en œuvre une démocratie représentative basée sur un parlement, avec les droits humains de base, où un exécutif aura beaucoup de pouvoir, mais tactiquement ils et elles ne peuvent pas l’appeler un État car il apparaît que l’idée du confédéralisme démocratique est largement partagé en tant qu’idéal parmi de nombreux-ses kurdes.

Mais il est encore possible que le Rojava devienne un système basé sur le confédéralisme démocratique parce que les assemblées, les conseils et les communes existent (et parce que clairement il y a également des gens qui veulent cela). Donc il ne nous semble pas que nous devrions fermer nos yeux sur le fait que de telles tensions et des résultats possiblement conflictuels existent et existeront en tant que tels au sein de toute révolution. Qui gagnera la haute main si le Rojava survit est cependant une question ouverte et dépend de quelles forces prennent la main au cours du processus, si elles ne sont pas balayées par l’État Islamique ou les peshmergas (les unités armées du Gouvernement Régional du Kurdistan irakien).


CONCLUSION

Le meilleur résultat dans le monde serait une révolution anarchiste globale. Mais les puissantes forces requises n’existent pas actuellement ; et elles n’en viendront pas à exister si les anarchistes persistent à vouloir garder leurs mains trop propres, en échouant à s’engager dans les moments et mouvements réels du monde.

De manière plus réaliste, le meilleur résultat dans le monde réel du Rojava serait la victoire du confédéralisme démocratique, ouvrant des espaces pour des changements plus profonds et inspirant les rebelles ailleurs. Le second serait un État dirigé par le PYD, et le troisième meilleur serait une victoire du Gouvernement Régional du Kurdistan (KRG) qui est à la droite à la fois du PKK et du PYD. Le KRG est un État avec tous ses attributs (bien que non reconnu internationalement) et qui est corrompu et ouvertement autoritaire. À la pire extrémité du spectre il y aurait la victoire du dictateur syrien, Assad, et le pire résultat serait la victoire de l’État Islamique.

Il n’y a pas de réel challenger anarchiste dans cette bataille, et pas de perspectives pour un pôle d’attraction anarchiste tant que les anarchistes ne s’engagent pas avec des forces comme le PKK. Les anarchistes kurdes et turcs-ques se sont impliqué-e-s et, d’une manière plus modeste, des groupes liés au réseau Anarkismo.net l’ont fait aussi.

L’article de « K.B. » souffre du fait qu’il est écrit dans une sorte de vide. Il est écrit comme si une sorte d’anarchisme pur est la seule chose qui peut être soutenue ce qui – en prenant en considération le fait que toute société anarchiste est dans le meilleur des cas une perspective très distante et qu’elle devra être forgée et façonnée dans la réalité de la lutte et quelle peut différer de certaines manières par rapport à la vision idéale – est une vue séparée de la réalité. Ainsi l’article est écrit en étant basé sur ce qui existe dans la tête de l’auteur et non sur ce qui est en train d’arriver dans la réalité – qui est ce avec quoi nous devons nous confronter en tant qu’anarchistes et révolutionnaires sociaux si nous voulons que nous et nos idées suscitions le moindre intérêt dans les luttes populaires progressistes.

Dans les circonstances actuelles où l’État Islamique essaye d’envahir Kobanê, même si le confédéralisme démocratique est vaincu au Rojava de manière interne par des éléments du PYD et leur mise en œuvre d’un État, cet État (d’après ce que nous avons lu sur le PYD) sera meilleur que les autres options qui sont de réelles possibilités, étant soit l’État Islamique, soit Assad ou le KRG.

Si elle était appliquée, par exemple, à l’Afrique du Sud et à l’apartheid, la position sur le Rojava présenté par l’article de « K.B. » reviendrait à dire quelque chose comme « Nous ne soutenons pas l’UDF, le FOSATU, le COSATU[7] et définitivement pas l’ANC parce qu’ils ne sont pas anarchistes » et cela aurait revenu à dire « Qui s’en fout vraiment si l’État d’apartheid gagne parce qu’il n’y a pas de lutte pour l’anarchisme ».

La position présentée dans l’article est ainsi pleine de défauts et séparée de la réalité. Bien que cela puisse paraître radical sur le papier, sa faiblesse est qu’elle présuppose l’existence d’un sujet parfaitement libertaire et révolutionnaire et qu’elle conditionne tout soutien aux mouvements populaires sur cette non entité au lieu de reconnaître que la classe ouvrière actuellement existante – et ses mouvements – est pleine de contradictions et que les anarchistes ont besoin de la rencontrer où qu’elle soit si nos idées et pratiques doivent avoir le moindre intérêt.

La lutte pour la libération nationale des kurdes devrait être soutenue comme une question de principe car ils et elles sont un peuple opprimé et, même s’ils et elles n’accomplissent pas le confédéralisme démocratique, un État dirigé par le PYD serait encore un certain gain (comme 1994 le fut en Afrique du Sud[8]) parce que les autres résultats possibles sont horribles.

Naturellement, la lutte pour la libération kurde, si elle n’est pas accompagnée par une reconstruction massive de l’économie et de la vie sociale sur la base de l’autogestion des travailleurs et du contrôle communautaire, mènera à une situation de libération nationale et de genre incomplètes pour les masses kurdes si les inégalités économiques et sociales ne sont pas résolues en même temps que celles du pouvoir politique.

Une telle solution strictement politique (c’est-à-dire si les modèles parlementaires triomphaient sur le confédéralisme démocratique) pourrait donner naissance à une nouvelle élite kurde. Quelque chose qui peut être comparé à la transition démocratique qui s’est produite en Afrique du Sud en 1994 et, bien que pas idéal, cela constituerait une avancée massive pour la classe ouvrière kurde – juste comme cela a été pour la classe ouvrière sud-africaine.

Nous sommes d’accord avec « K.B » sur le fait que c’est précisément dans l’auto-activité des masses à la base et dans celle des femmes du PKK et de ses structures alliées que résident les aspects les plus prometteurs de la lutte en direction d’une libération complète. Toutefois, ce serait une erreur de rejeter ou de refuser un soutien à des organisations comme le PKK sur la base qu’elles sont imparfaites. Bien sûr qu’elles le sont. Ce n’est pas la question. La question est si les anarchistes s’alignent aux cotés – et essayent d’influencer – les mouvements et luttes dans l’actuel monde réel, comme une question de principe (parce que ces luttes sont justes), comme une question de politique pratique (parce que sans engagement, les anarchistes resteront isolé-e-s) et comme une question d’analyse (qui s’accroche aux situations, plutôt que de les marteler pour les faire entrer dans des schémas pré-établis).

C’est là que réside finalement la différence profonde entre les deux lignes – la nôtre et celle de « K.B. ». Nous rejetons les notions qui insistent sur le fait que les anarchistes ne doivent jamais soutenir des luttes de libération nationale – ou alors seulement sous certaines conditions – tandis que nous rendons également clair le fait que nous rejetons simultanément le nationalisme. Ce qui est nécessaire, par conséquent, pour assurer la pleine libération nationale et de classe des masses kurdes et pour se garder de l’ascension d’une élite kurde oppressive, qui s’opposerait à la pleine libération de la classe ouvrière kurde sous le déguisement d’étroits intérêts nationalistes, c’est une lutte centrée sur la classe ouvrière kurde – sur un programme de la classe ouvrière – contre l’oppression nationale, le capitalisme, l’État et l’oppression des femmes, simultanément. Le programme de confédéralisme démocratique du PKK, pour nous, représente des pas en avant vers un tel programme. Cela n’est pas suffisant mais c’est un début sur lequel nous pouvons nous engager.

En résumé, en appliquant notre approche générale, nous pouvons dire de la bataille pour le Rojava : nous soutenons la lutte pour la libération nationale des kurdes, y compris le droit d’exister pour le mouvement de libération nationale ; deuxièmement nous nous opposons à la répression et aux menaces mises en œuvre par des forces allant de l’État Islamique, à l’Irak, la Syrie, la Turquie et leurs alliés orientaux ; notre soutien va, sur une échelle mobile, vers les anarchistes et syndicalistes kurdes en haut, suivis par le PKK, ensuite le PYD et nous traçons une ligne face au KRG ; en termes pratiques, nous nous offrons une solidarité (même si elle est juste verbale) et coopérons autour d’une série de questions concrètes, la plus immédiate étant la bataille pour arrêter l’État Islamique d’extrême droite et défendre la révolution du Rojava ; au sein de cette révolution nous nous alignons au coté du modèle de confédéralisme démocratique du PKK contre l’approche plus étatique des modèles du PYD, et même lorsque nous faisons cela, avec en tout temps l’objectif de proposer nos méthodes, buts et projets et de les faire gagner en influence : nous sommes avec le PKK contre le KRG, mais nous sommes pour la révolution anarchiste avant tout.



[1] http://www.freemedialibrary.com/index.p ... _Kurdistan

[2] http://www.anarkismo.net/article/27301

[3] https://www.youtube.com/watch?v=pRsw5s28jxY

[4] http://www.pkkonline.com/en/index.php?s ... &artID=204

[5] http://www.pkkonline.com/en/index.php?sys=articles Voir spécialement les articles sur « Democratic Modernity: Era of Woman’s Revolution”; “Killing the dominant male”; “Capitalism and Women”; “Women’s situation in the Kurdish society”; “The Nation-State Can Never Be a Solution”; “Briefly On Socialism”; ‘The Kurdistan Woman’s Liberation Movement’; and of course “Democratic Confereralism” .

[6] http://civiroglu.net/the-constitution-o ... a-cantons/

[7] L’United Democratic Front était une organisation politique anti-apartheid crée en 1983 et issue de l’alliance d’environ 400 groupes et associations civiques, d’étudiant-e-s, de travailleurs-euses. La FOSATU était une organisation syndicale non-raciale et démocratique créée en 1979 et elle fusionna avec d’autres syndicats en 1985 pour créer le COSATU qui reste aujourd’hui la principale confédération syndicale d’Afrique du Sud et qui a participé activement à la lutte contre l’apartheid. Note Du Traducteur.

[8] C’est en 1994 qu’on lieu les premières élections inter-raciales en Afrique du Sud àprès la chute du régime d’Apartheid. NDT.

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Re: Kurdistan

Messagede pit le Ven 28 Nov 2014 13:16

Un militant d’AL près de Kobanê

Du 13 au 16 novembre 2014, une délégation française (AL, NPA, PCF, Feyka) issue de la Coordination nationale solidarité Kurdistan était en mission en Turquie, dans la région frontalière de Kobanê, toujours assiégée par l’État islamique (Daech).

Objectif : exprimer de la solidarité, rapporter des témoignages, tisser des liens militants.

La vidéo ci-dessous a été réalisée dans la foulée.

Lisez le reportage de Mehdi Kabar (AL Montreuil) dans Alternative libertaire de décembre 2014, prochainement en kiosque.

http://www.alternativelibertaire.org/?U ... -de-Kobane

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Re: Kurdistan

Messagede pit le Dim 7 Déc 2014 03:08

Kobané : des combats rue par rue, maison par maison
Face au « mur de feu » des assaillants de l’« État islamique », Pierre Barbancey, l’envoyé spécial de "l’Humanité", a rencontré des combattants kurdes qui tiennent bon, malgré les bombardements les plus intenses depuis 76 jours.
... http://www.humanite.fr/kobane-des-comba ... 7Zp1J.dpbs


« Kobané, la clé de la cause kurde »
déroulé de l’entretien avec les kurdes de l’association franco-kurde à Bordeaux sur la Clé des Ondes
dans l’émission Achaïra n°169, émission mensuelle du Cercle libertaire Jean-Barrué, le 1er décembre 2014
... http://cerclelibertairejb33.free.fr/?p=3494
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Re: Kurdistan

Messagede pit le Mer 24 Déc 2014 01:14

Parution de « Où en est la révolution au Rojava ? - #1 »

Ce petit recueil de textes est proposé sous forme de brochure (36p A5) par le collectif Marseille-Rojava


Image


Introduction :

« Que faire en solidarité avec les habitant.e.s et les combattant.e.s – kurdes ou non – du Rojava et du Kurdistan qui luttent contre Daesh, l’état Turc ou même le régime de Damas ? Peut-être peut-on commencer par faire circuler des textes et des informations de première main, des traductions, des idées de lectures, pour tenter de se faire une idée plus claire de ce qu’il se joue là-bas. Ce recueil de textes se veut être une modeste contribution à cette tâche. Bien-sûr, il est loin, très loin d’être exhaustif, et ne prétend pas du tout faire le tour de la question « Où en est la révolution au Rojava ? »... Et nous n’y abordons essentiellement que deux dimensions : celle de la guerre contre l’état Islamique et de la résistance de la ville de Kobanê, et celle d’une certaine autonomie – ou autogestion – en marche dans les 3 poches du Rojava dans le Kurdistan Syrien.
Bien conscients que bien d’autres aspects seraient à explorer – comme celui de la question des femmes, ou bien celui du casse-tête des centaines de milliers de réfugiés migrant au Kurdistan turc –, nous espérons sortir bientôt un second volume à cette brochure.
Bonne lecture ! »

Collectif Marseille-Rojava
mail : marseille-rojava (((A))) riseup.net


Sommaire :

INTRODUCTION

LA RÉSISTANCE À KOBANÊ : ENTRE GUERRE ET GÉOPOLITIQUE
• Un reportage sur la ville assiégée de Kobanê.
• Kobanê, l’État Islamique et la Turquie.
• Kobanê, la lutte des kurdes et les dangers qui la guettent.
• Reportage sur Kobanê avec l’Action Anarchiste Révolutionnaire (DAF).

VERS L’AUTOGESTION AU ROJAVA ?
• Deux semaines au Rojava.

ANNEXES
• Glossaire.
• Plus d’infos.


Télécharger :
. Brochure 36p A5 - page par page :
http://paris-luttes.info/chroot/mediasl ... chure1.pdf
. Brochure 36p A5 - format cahier :
http://paris-luttes.info/chroot/mediasl ... cahier.pdf
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Re: Kurdistan

Messagede Béatrice le Mar 27 Jan 2015 00:57

mardi 27 janvier 2015 à MARSEILLE à 18 h au Vieux Port

Solidarité et Liberté
Rassemblement et célébration pour Kobané libérée

La ville de Kobané est libérée des fascistes de Daesh aujourd’hui !
Rassemblement et célébration demain (27/01/2015) à 18h00 au Vieux Port !

Vous êtes tous invités pour fêter cette victoire contre le fascisme !

http://www.millebabords.org/spip.php?article27372
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Re: Kurdistan

Messagede Béatrice le Jeu 5 Fév 2015 23:17

Appel à la solidarité avec Kobanê et Rojava à Marseille samedi 7 février 2015 à 14h.
(Place Léon Blum, en haut de la Canebière, Métro Réformés)

Kobanê libérée, Kobanê détruite mais Kobanê debout !

Soutenons le modèle politique du Rojava !

Après 134 jours de résistance acharnée, Kobanê est enfin libérée de Daesh. Les combattants et combattantes des Unités de Protection du Peuple (YPG et YPJ) ont repris le contrôle des tous les points stratégiques et chassé les fascistes de Daesh de la ville.

Cette victoire, on la doit à la résistance menée au prix d’immenses sacrifices par les YPG et YPJ soutenus par le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), ainsi que par les différents peuples de la région, les Peshmergas du Kurdistan d’Irak et certains groupes de l’Armée Syrienne Libre.

Comme l’a déclaré Saleh Muslim, Coprésident du Parti de l’Union Démocratique (PYD), principal parti kurde de Syrie, la libération de Kobanê marque la victoire de la démocratie et de la liberté, et l’échec des forces obscurantistes. C’est une grande victoire pour l’humanité et un grand échec pour les Etats criminels comme la Turquie qui ont soutenu et armé Daesh afin de briser la résistance kurde.

Cependant, le combat n’est pas encore terminé puisque des centaines de villages autour de la ville sont encore occupés par les gangs de Daesh. Par ailleurs, le canton de Kobanê doit maintenant s’attaquer à la reconstruction de la ville entièrement détruite et au retour de centaines de milliers de réfugiés.

Il est grand temps que la communauté internationale soutienne les forces démocratiques en reconnaissant les cantons autonomes du Rojava. Le modèle politique de cette région du Kurdistan syrien, avec ses expériences émancipatrices, reste une alternative au statu quo et au fascisme de Daesh.

Un modèle politique qui vise l’émancipation sociale et non le pouvoir étatique, l’égalité homme-femme à la place de la mentalité patriarcale, la démocratie directe et le confédéralisme au lieu de la bureaucratie et du centralisme, l’organisation de l’auto-défense populaire et le partage des richesses...

Il est urgent d’apporter une aide humanitaire aux réfugiés de Kobanê et d’aider à la reconstruction de la ville en ruine.

Vive la Résistance de Kobanê !

Solidarité internationale
Pour la reconstruction de Kobanê et le retour des réfugiés !
Pour la reconnaissance des cantons autonomes du Rojava !
Pour le retrait du PKK de la liste des organisations terroristes !

Rassemblons-nous et manifestons notre solidarité avec Kobanê et Rojava
samedi 7 février 2015, 14h00
(Place Léon Blum, en haut de la Canebière, Métro Réformés)


Premiers signataires
: Alternative Libertaire Marseille, Le Centre Démocratique Kurde de Marseille, Collectif Marseille Rojava, groupe Germinal (Fédération Anarchiste), coordination de la Marche Mondiale des Femmes 13 PACA, Jeunesse Kurde 13, Ligue des Droits de l’Homme 13, Mouvement contre le Racisme et l’Amitié entre les Peuples 13, Nouveau Parti Anticapitalisme 13, Parti Communiste 13, Résister Aujourd’hui, Rouges Vifs 13, Solidarité et Liberté

http://www.millebabords.org/spip.php?article27414
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Re: Kurdistan

Messagede Béatrice le Jeu 14 Mai 2015 20:07

jeudi 21 mai 2015 à MARSEILLE à 19 h
- Manifesten, 59 rue Thiers - Marseille

Collectif Marseille-Rojava
Révolution sociale au Rojava et expérience éducative
Récit de quelques jours en Rojava et à l’Académie de Mésopotamie à Qamishlo (Kurdistan syrien) Béatrice Rettig (Paris 8) et Jean Mary (Paris 8).

Retour sur l’Académie de Mésopotamie
Qamislo - kurdistan syrien


S’il est un domaine significatif de la remise en cause des systèmes sociaux, politiques et économiques, c’est bien celui de la production et de la transmission des savoirs. Enjeu de pouvoir si il en est, l’un des marchés les plus porteurs à l’ère de la globalisation, déjà vendu depuis plus d’une décennie sous la marque de " société de la connaissance".
Complètement à rebours de ces logiques, les propositions et les projets dans ce domaine en Rojava vont dans le sens d’une production et d’une socialisation des savoirs simultanés, au delà d’une coupure entre institution d’éducation et société, une approche mutualisée de l’enseignement où chacun-e est tour à tour étudiant-e et enseignant-e, etc. où réflexion critique et révolution vont de pair et s’alimentent réciproquement.

organisation : Collectif Marseille-Rojava
Collectif de solidarité, d’échange et de promotion des expériences d’auto-administration et d’autogestion ici et là-bas, d’une expérience rupturiste en cours, d’un processus révolutionnaire anti-autoritaire en devenir, à défendre et promouvoir.

L’intérêt des participantEs de ce collectif se porte sur :
- assembléisme et communalisme (pouvoir décisionnel des assemblées de village ou de quartier, les délégués ont un pouvoir exécutif mais pas décisionnel) ;
- autonomie et inter-culturalité (plus de cent ethnies, clans et tribus) ;
- confédéralisme versus Etat-Nation (idée d’un modèle de cohabitation, de partage du pouvoir et des richesses entre tous les peuples du moyen-orient) ;
- féminisme et lutte contre les dominations patriarcales et religieuses ;
- modèle économique de production anticapitaliste et écologique, sur la base d coopératives notamment ;
- organisations populaires à vocation d’autodéfense ; municipalisme libertaire ;
- solidarité antifasciste et anti-totalitaire.
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Re: Kurdistan

Messagede Zoom le Dim 7 Juin 2015 16:35

Le Kurdistan sous pression

[Carte interactive] Après Kobanê, Hassakê ? Ces derniers jours, l’État islamique a lancé de violentes attaques contre la capitale régionale, porte d’entrée de la Cizîrê, le plus important des trois cantons kurdes de Syrie.

... http://www.alternativelibertaire.org/?L ... s-pression
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Re: Kurdistan

Messagede Zoom le Dim 21 Juin 2015 01:12

Kurdistan : Daech perd une ville stratégique face aux YPG-YPJ

[Carte interactive] Le 18 juin, les forces YPG-YPJ se sont emparées de Tal-Abyad, assurant la jonction entre les 2 principaux cantons kurdes de Syrie : Kobanê et Cêzirê. L’État islamique se voit privé de son principal point d’approvisionnement à la frontière turque.

L’association Amitiés kurdes de Bretagne tient à jour une carte interactive signalant l’évolution des lignes de fronts et les principaux événements dans les quatre régions du Kurdistan.

http://umap.openstreetmap.fr/fr/map/kurdistan_23404

http://www.alternativelibertaire.org/?K ... -une-ville
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Re: Kurdistan

Messagede Béatrice le Ven 26 Juin 2015 20:41

samedi 27 juin 2015 à MARSEILLE à 16 h
Place du monument des Mobiles, Haut de la Canebière, 13001

Kobané, Isère, Tunis, Koweït...
Tous ensemble, marchons contre Daesh ! samedi 27 juin à 16 heures

Communiqué du Centre Démocratique Kurde à Marseille :

Au moment de rédaction de ces lignes, le nombre de victimes civiles de la barbarie de Daesh s’élevait à 152, dont 148 enfants, femmes et vieux à Kobané (encore des dizaines d’otages dans les mains de Daesh, entrés dans la ville depuis la Turquie), 30 civiles à Sousse en Tunisie, 25 Chiites tué dans une attentat pendant la prière de vendredi, et une personne décapitée sauvagement en Isère. Les victimes sont kurdes, arabes, françaises, musulmanes, chrétiennes, athées, enfants, femmes, jeunes, vieux, travailleurs, agriculteurs, touristes, mère, père, fils, filles, bébés...
Ces attaques nous montrent encore une fois que les peuples du monde, qu’importe leurs croyances ou leurs appartenances ethniques, doivent être solidaires pour lutter contre Daesh, contre toutes sortes de haines raciales ou religieuses. Daesh est un ennemi de l’humanité, de tous les peuples, de tous les croyances. C’est un virus à éradiquer, mais à éradiquer avec de la solidarité internationale, avec des actions qui cassent le cycle de la haine entre les humains.

La réponse doit être à la hauteur de ces attaques barbares.

Nous appelons tous les marseillais, à s’unir à notre appel et à venir manifester leur colère contre cette barbarie et commémorer les victimes.

Note : Des pancartes, des slogans sont les bienvenus. Par contre, aucun signe de haine contre qui que soit sera toléré pendant la manif.

Appel à manifester le Samedi 27 juin, à 16h, Place du monument des Mobiles, Haut de la Canebière

Centre Démocratique Kurde à Marseille

http://www.millebabords.org/spip.php?article28130
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Re: Kurdistan

Messagede Seven Dwarfs le Dim 28 Juin 2015 23:02

Béatrice a écrit:Ces attaques nous montrent encore une fois que les peuples du monde, qu’importe leurs croyances ou leurs appartenances ethniques, doivent être solidaires pour lutter contre Daesh, contre toutes sortes de haines raciales ou religieuses. Daesh est un ennemi de l’humanité, de tous les peuples, de tous les croyances.
Note : Des pancartes, des slogans sont les bienvenus. Par contre, aucun signe de haine contre qui que soit sera toléré pendant la manif.


Il sera sans doute strictement interdit de rappeler que Daesh s'inspire d'une lecture littérale du Coran et non de Mein KAmpf ?

Bel exemple de langue de bois Béatrice.
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Re: Kurdistan

Messagede leo le Mar 21 Juil 2015 15:07

Déclaration des anarchistes de DAF sur le massacre de Suruç

Notre tristesse sera notre colère, Kobanê sera reconstruite

mardi 21 juillet 2015, par WXYZ

Déclaration de Devrimci Anarşist Faaliyet (DAF – Action Révolutionnaire Anarchiste) sur l’attentat à la bombe contre le Centre culturel Amara de Suruç (Pîrsus).
Nous publions également un communiqué du Congrès national du Kurdistan - KNK


la suite, avec photos, c'est là : http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article1720
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Re: Kurdistan

Messagede Zoom le Sam 25 Juil 2015 15:56

Kurdistan : après Suruç, l’heure est à l’affrontement armé

Le massacre, à Suruç, de 31 militantes et militants révolutionnaires venus participer à la reconstruction de Kobanê sera-t-il le point de bascule vers un regain de la lutte armée au Kurdistan turc ? Deux policiers turcs complices de Daech et un responsable de Daech en Turquie ont été exécutés par des commandos liés au PKK. De son côté, le régime d’Erdogan, déjà largement ensanglanté, durcit la répression. Il est utile de rappeler que le soutien financier à la révolution au Rojava est toujours ouvert.

Pour toutes et tous les amis de la cause révolutionnaire au Moyen-Orient, le massacre de Suruç est un coup très douloureux. Dans le monde, les protestations se sont multipliées.

Rappelons que depuis l’automne 2014, le mouvement libertaire français a initié une campagne de soutien financier, dont le produit est destiné au Rojava, via les anarchistes de Turquie.

... http://www.alternativelibertaire.org/?K ... -heure-est
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Re: Kurdistan

Messagede pit le Ven 2 Oct 2015 20:11

[Kurdistan] Cizre: création de 140 communes afin de construire l'autonomie.

À Cizre, dans le district de Şırnak, dévasté par les forces de l'État turc pendant un couvre-feu de 9 jours [1] ayant fait 21 civils morts, les habitant-e-s n'ont rien abandonné de l'idée d'auto-organisation. Une déclaration à laquelle l'État a répondu par des attaques brutales visant directement des civils au nom du ''combat contre une organisation terroriste'', ciblant directement le PKK [2]. Les habitant-e-s ont formé 140 communes affiliées aux assemblées de quartier afin de reconstruire la vie dans la ville.

Cette initiative fait partie des efforts entrepris pour établir l'autonomie basée sur l'auto-défense face au régime centraliste et répressif. Les habitant-e-s sont en train de reconstruire la vie en s'appuyant sur la démocratie, l'écologie et la libération de la femme via une Assemblée constituante formée de 17 personnes.

Les assemblées populaires des quartiers de Cudi, Sur, Yafes, Nur, Konak, Dağkapı, Kale, Alibey, Dicle et Şah constituent une alternative au système en place et visent à trouver des solutions pour tous les problèmes qui surviennent.

Résistance totale contre les attaques totales

Mettant de l'avant l'auto-défense face aux commandos des forces spéciales qui ont attaqué sans interruption les quartiers de Cudi, Sur, Yafes et Nur durant les 9 jours de couvre-feu, les habitant-e-s de la ville ont démontré une résistance historique durant le déroulement des attaques, croyant que la chute de leurs quartiers veut dire la chute de leur autonomie. Après avoir protégé leurs quartiers des forces de l'État [turc], les forçant à se retirer 9 jours plus tard, la population a recommencé le travail de reconstruction de la vie dès la fin des attaques.

140 communes formées

N'abandonnant pas l'idée d'autonomie malgré toutes les attaques et massacres dont ils/elles ont souffert, les gens ont formé 140 communes de rue dans 10 quartiers de la ville depuis le 15 août dont 40 à Cudi, 30 à Nur, 17 à Sur, 10 à Konak, 12 à Yafes, 9 à Dağkapı, 6 à Alibey, 7 à Kale, 5 à Dicle et 4 à Şah. Deux porte-paroles sont élus pour chaque commune formant ainsi les assemblées de quartier qui doivent faire affaire avec 8 commissions gérant l'économie, la loi, l'auto-défense et l'éducation.

22 institutions impliquées dans les travaux de construction

22 institutions travaillant depuis des années dans la ville dans des champs variés comme la santé, la culture, l'art et l'éducation, jouent un rôle effectif dans les efforts de reconstruction.

Dans un premier temps, des travaux ont été mis en place pour construire des centres de santé dans les quartiers de Cudi, Sur, Yafes et Nur, tandis que 10 autres communes de rue mènent une mission d'économie sans but lucratif.

Mise en place des Commissions pour l'éducation et la santé

En plus de l'école primaire Berivan qui donne des cours dans la langue maternelle [kurde] depuis l'an dernier, Mala Perwerdehîye -MAPER [une maison d'enseignement] va commencer à donner une éducation kurde en guise d'efforts à la reconstruction.

Les commissions de Droit, formées de 10 personnes de 10 quartiers, vont travailler à trouver des solutions immédiates pour les problèmes qui émergent dans la ville.

De l'autre côté, l'Assemblée constituante populaire qui gère les activités culturelles et artistiques à travers la ville a commencé à travailler à établir des branches similaires dans chaque quartier.

''Les gens vont terminer la construction''

Mehmet Tunç, co-président de l'Assemblée populaire de Cizre, a mentionné qu'une nouvelle brique est ajoutée à chaque jour dans la construction de la ville par les gens. Il ajoute : ''En réponse à ceux qui, de manière incessante, refuse de reconnaître notre volonté et notre langue maternelle, nous déclarons notre autonomie afin d'annoncer qu’en retour, nous ne les reconnaissons pas nous non plus. Cela ne veut pas dire que nous ne reconnaissons pas l'état, mais plutôt leur régime et leurs décisions.''

En faisant remarquer que les gens continuent l'auto-défense de leurs quartiers qui ont été attaqué par les forces de l'État, Tunç ajoute que la population de Cizre a commencé les travaux de construction dès la fin des attaques, de la même façon qu'ils/elles ont résisté aux attaques et protégé-e-s leur quartier durant le couvre-feu. ''La volonté qui a géré ceci [les attaques et le couvre-feu] pendant huit jours et nuits va aussi réussir à compléter la construction'', souligne ce dernier.

Nous allons construire des coopératives

En mettant l'emphase sur l'engagement et le dévouement au modèle d'autonomie, Tunç ajoute ceci : ''Nous allons construire des coopératives dès que nous aurons fini de former correctement nos communes. De cette manière, nous incarnerons une réponse à la faim pour le profit du système économique actuel et à la politique de l'État qui veut discipliner les Kurdes par la faim. Dans les travaux de construction, nous donnons la priorité à l'éducation. Nous sommes présentement en train de préparer un programme d'instruction pour les communes, assemblées et l'autonomie des habitant-e-s dans leur quartier. Nous voyons maintenant que nous allons être capables de surmonter tous les problèmes sans l'aide d'institutions de l'État grâce au travail des communes et assemblées de quartier. Nos quartiers ne font plus face à des problèmes comme le vol, tandis que les disputes sont éliminés par les Commissions de Droit formées par le peuple lui-même.''

[1] Du 4 au 12 septembre 2015.
[2] Parti des travailleurs du Kurdistan. En kurde : Partiya Karkerên Kurdistan.

Traduit de l'anglais par le Collectif anarchiste Emma Goldman. Lien vers l'original http://dckurd.org/2015/09/24/140-commun ... self-rule/.

http://ucl-saguenay.blogspot.fr/2015/09 ... e-140.html
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Re: Kurdistan

Messagede pit le Jeu 8 Oct 2015 19:36

Construire l'autonomie en Turquie et au Kurdistan : entrevue avec l'Action anarchiste révolutionnaire.

Entrevue du groupe Corporate Watch avec 3 membres de l'organisation turque Devrimci Anarşist Faaliye (DAF).

Traduction du Collectif anarchiste Emma Goldman.
Lien vers l'original : https://corporatewatch.org/news/2015/au ... ist-action

DAF : Nous voulons souligner la relation entre les luttes pour la liberté à la fin de l'époque ottomane et les luttes pour la liberté au Kurdistan.

À l'époque ottomane, les anarchistes organisaient les luttes ouvrières dans plusieurs grandes villes : Thessalonique, Izmir, Istanbul et Le Caire. Par exemple, Malatesta [1] était impliqué dans l'organisation des travailleurs industriels au Caire. Les luttes pour la liberté en Arménie, Bulgarie et en Grèce avaient des connections avec des groupes anarchistes. Alexander Atabekian, une personne importante dans la lutte pour la liberté en Arménie, était un anarchiste qui traduisait des pamplhets en arménien pour ensuite les distribuer. Il était un ami de Kropotkine [2] et il distribuait ses pamphlets.

Nous parlons de cela puisque nous voulons souligner l'importance des luttes pour la liberté et la comparer à l'importance du support des luttes kurdes.

Corporate Watch : Qu'est-ce qui est arrivé aux anarchistes après la période ottomane ?

DAF : À travers le déclin de l'Empire Ottoman, à la fin du 19ème siècle, le Sultan Abdul Hamid II a réprimé les actions des anarchistes en Turquie. Il savait ce que les anarchistes étaient et il a développé un intérêt spécial pour eux. Il a fait tuer ou déporter des anarchistes et mit en place une agence de renseignement spéciale pour mener à terme ses objectifs.

Les anarchistes ont répondu en menant des attaques sur le palace Yildiz Sarayi et en faisant exploser la banque ottomane à Thessalonique.

Le gouvernement de l'Empire Ottoman n'est pas disparu avec l'arrivée de la République de Turquie. Le fez [3] a disparu, mais le système est toujours le même.

Au début de l'État turc [4], plusieurs anarchistes ont dû émigrer, sans quoi ils se seraient fait tuer. Le CHP, le parti politique de Mustafa Kemal, n'acceptait aucune opposition et il y a eu des massacres de Kurdes.

De 1923 à 1980, il n'y a pas eu de grand mouvement anarchiste en Turquie dû à la popularité des mouvements socialistes et de la répression étatique.

La vague de révolutions de 1960 à 1980 a aussi affecté la Turquie. C'étaient des années actives pour les mouvements sociaux. Durant cette période, il y a eu des mouvements révolutionnaires anti-impérialistes engendrés par la guerre du Viet-Nam, des organisations de jeunes, des occupations d'universités et une augmentation des luttes ouvrières. Ces mouvements étaient marxiste-léninistes ou maoïstes. Il n'y avait pas de mouvement anarchiste.

En 1970, il y a eu une longue lutte ouvrière. Des millions de travailleurs ont marché plus de cent kilomètres de Kocaeli à Istanbul. Les usines étaient fermées et les ouvriers étaient dans la rue.

Corporate Watch : Est-ce qu'il n'y a eu aucune conscience anarchiste pendant tout ce temps ?

DAF : Durant ces années, plusieurs livres ont été traduits en turc par des radicaux européens, mais seulement cinq d'entre eux portaient sur l'anarchisme, dont trois qui parlait de l'anarchisme pour le critiquer.

Mais à l'époque ottomane, plusieurs articles sur l'anarchisme ont paru dans les journaux. Par exemple, l'un des trois éditeurs du journal İştirak était un anarchiste. Le bulletin a publié des essais de Bakounine et des textes sur l'anarcho-syndicalisme.

Le premier magazine anarchiste a vu le jour en 1989. Après cela, plusieurs autres magazines se concentrant sur l'anarchisme à travers plusieurs perspectives sont apparus; par exemple, le poststructuralisme, l'écologie, etc.

Ils avaient la particularité d'être écrits pour une audience formée d'une minorité d'intellectuels. Le langage utilisé dans ces magazines était trop loin du peuple. La majorité de ceux impliqués étaient en connexion avec des universités, avec l'académie ou des ex-socialistes affectés par la chute de l'Union soviétique, ce qui fut un gros désappointement pour plusieurs d'entre eux. C'est pourquoi ils ont commencé à se dire anarchistes, mais nous pensons que ce n'est pas une bonne approche à l'anarchisme, comme une critique du socialisme.

Entre 2000 et 2005, des gens se sont rassemblés à Istanbul pour parler d'anarchisme et ont commencé à se demander : ''Comment combattre?''. À ce moment, nous estimons qu'il y avait environ 50 à 100 anarchistes vivant en Turquie ou à l'extérieur.

Corporate Watch : Pouvez-vous expliquer comment la DAF s'organise maintenant ?

DAF : Maintenant, 500 anarchistes sont présents pour la manifestation du 1er mai. Nous sommes en contact avec des anarchistes d'Antalya, Eskişehir, Amed, Ankara et Izmir. Meydan [le journal de la DAF] est distribué dans environ 15 à 20 villes. Nous avons un bureau de presse à Amed distribuant nos journaux à travers tout le Kurdistan. Jusqu'à maintenant, il est seulement écrit en turc, mais peut-être qu'un jour, si nous pouvons nous le permettre, nous allons le publier en kurde. Meydan est aussi envoyé dans des prisons. Nous avons un camarade dans une prison d’Izmir et nous envoyons des copies à plus d'une quinzaine de prisonniers.

Il y a quelques mois, il y a eu la mise en place d'un bannissement des publications radicales dans les prisons. Nous avons participé à des manifestations devant des pénitenciers et nous nous sommes assurés de faire de la pression et maintenant les journaux sont acceptés à nouveau dans les prisons.

Le principal objectif de la DAF est d'organiser l'anarchisme dans la société. Nous tentons de socialiser l'anarchisme à travers les luttes dans la rue. C'est à quoi nous donnons de l'importance. Nous faisons cela depuis presque 9 ans.

Au niveau idéologique, nous avons une perspective holistique. Nous n'avons pas une vision hiérarchique dans les luttes. Nous croyons que les luttes ouvrières sont importantes, mais pas plus que les luttes des Kurdes, des femmes ou encore des luttes écologiques.

Le capitalisme tente de diviser ces luttes. Si l'ennemi nous attaque en employant une perspective holistique, nous devons le combattre dans une perspective holistique. Dans la société, l'anarchisme a une connotation négative pour les gens. Il est lié au terrorisme et aux bombes. Nous voulons légitimer l'anarchisme en l'associant à des arguments servant la lutte contre les compagnies et pour l'écologie. Parfois, nous tentons de mettre l'accent sur les liens entre l'État, les compagnies et les dommages environnementaux, comme ce que fait Corporate Watch.

Nous aimons présenter l'anarchie comme une lutte organisée. Nous avons démontré aux gens dans la rue une approche organisée de l'anarchisme.

De 1989 à 2000, l'anarchisme se résumait à l'image. S'habiller en noir, porter des piercings et un mohawk. C'est ce que les gens ont vu. Après l'an 2000, les personnes ont commencé à voir des anarchistes faisant partis des luttes des femmes ou encore des luttes ouvrières.

Nous ne tentons pas d'imiter l'anarchisme venant d'Europe. Certains anarchistes ont une approche visant à imiter l'anarchisme américain ou européen ou d'en faire une culture underground. Si nous voulons faire de l'anarchisme un mouvement social, cela doit changer.

Les collectifs formant la DAF sont la Jeunesse Anarchiste, Femmes Anarchistes, 26A Café, le collectif écologiste Patika et l'Action anarchiste lycéenne (LAF). Ces groupes autogérés travaillent ensemble, mais ont leur propre processus décisionnel.

Jeunesse Anarchiste crée des connexions entre des jeunes travailleurs/travailleuses et des étudiant-e-s d'universités et leurs luttes. Femmes Anarchistes mettent l'accent sur la lutte au patriarcat et la violence faite aux femmes.

LAF critique l'éducation et la scolarité et tente de socialiser cette manière de penser à travers les lycées. Le groupe travaille aussi sur des enjeux liés à l'écologie et au féminisme, incluant lorsque des jeunes femmes sont assassinées par leur mari.

Le collectif écologiste Patika lutte contre la construction de barrages hydro-électriques dans la région de la mer Noire et d'Hasankeyf [où le barrage Ilisu est en construction). Parfois, des luttes sont menées afin de prévenir la mise en place de tels projets.

26A Café est une organisation autogérée se concentrant sur une économie anticapitaliste. Des cafés ont ouvert à Taksim en 2009 et à Kadıköy en 2011 [à Istanbul]. Le roulement est assuré par des volontaires. Ils visent à créer un modèle économique dans des endroits où des gens oppressés vivent. Il est important de montrer aux personnes des exemples concrets d'une économie anarchiste sans patrons ou visées capitalistes. Nous expliquons aux gens pourquoi nous ne vendons pas des grosses marques capitalistes comme Coca-Cola. Bien sûr, les produits que nous vendons ont un lien avec le capitalisme, mais des produits comme Coke sont des symboles du capitalisme. Nous voulons progresser vers la non-consommation, des alternatives économiques et de nouvelles manières de produire.

Une autre organisation autogérée, PAY-DA [Partage et Solidarité] a un bâtiment à Kadıköy qui est utilisé pour des réunions et la production du journal Meydan. PAY-DA donne des repas à des personnes trois fois par jour. C'est ouvert aux anarchistes et camarades. Le but de PAY-DA est de devenir une coopérative ouverte à tous/toutes. Nous essayons de créer une liaison avec les producteurs locaux. Nous visons à créer des liens avec ces derniers afin de leur montrer un autre modèle économique. Nous tentons de faire évoluer ces relations économiques en-dehors des relations monétaires. Les producteurs souffrent dans cette économie capitaliste. Nous sommes dans les premiers pas dans la création de cette coopérative et nous cherchons des producteurs avec qui travailler.

Tous ces projets sont en lien avec l'idéologie de la DAF. Ils ont une connexion avec le modèle d'organisation binaire de Malatesta.

Il s'agit d'organisations anarchistes, mais parfois des personnes ne se revendiquant pas de l'anarchisme joignent la lutte parce qu'elles sont sensibles aux luttes écologistes ou encore féministe. Au final, elles vont apprendre des choses sur l'anarchisme. C'est un processus en évolution.

En tant que DAF, nous tentons d'organiser nos vies. C'est la seule façon par laquelle nous pouvons atteindre les gens qui sont oppressés par le capitalisme.

Il y à aussi l'Association des Objecteurs de Consciences qui s'organisent avec d'autres groupes pas spécifiquement anarchiste. Notre implication dans ce projet à des relations avec notre perspective au Kurdistan. Le 15 mai, nous avons organisé une action antimilitariste en Turquie devant une base militaire lors du Jour de l'objecteur de conscience. En Turquie, l'aspect militaire est lié à la culture étatique. Si vous n'avez pas fait votre devoir militaire, vous n'allez pas vous trouver d'emploi et il est difficile de trouver quelqu'un pour se marier puisque les personnes vous demandent si vous avez fait l'armée. Si vous avez été dans l'armée, vous êtes un ''homme''. Les gens voient l'État comme la patrie. Sur ton CV, ils vous demandent si vous avez fait le service militaire. ''Chaque Turc est né soldat'' est un slogan populaire en Turquie.

Corporate Watch : Est-ce que le kémalisme [5] est aussi fort qu’il l'a déjà été ?

DAF : Le kémalisme est toujours une force dans les écoles, mais l'AKP [le parti au pouvoir] a changé cela un peu. La nouvelle approche de l'AKP envers le nationalisme met l'accent sur l'Empire Ottoman. Il met l'emphase sur les ''racines ottomanes'' de la Turquie. Mais Erdogan [6] continue de dire que nous sommes ''Une nation, un État, un drapeau et une religion''. Les gens parlent encore de Mustafa Kemal, mais pas autant qu'auparavant. Maintenant, vous ne pouvez pas critiquer Erdogan ou Atatürk [nom utilisé pour Kemal par les nationalistes turcs]. C'est la loi de ne pas critiquer Atatürk et une règle non écrite de ne pas critiquer Erdogan. Les médias respectent cela.

Corporate Watch : Pouvez-vous parler de votre perspective sur la lutte kurde pour la liberté ?

DAF : La lutte des Kurdes pour la liberté n'a pas débuté avec le Rojava. Les Kurdes ont mené pendant des centaines d'années des luttes contre l'Empire Ottoman et l'État turc.

Nos perspectives se rapportent aux luttes populaires pour la liberté. L'idée selon laquelle les personnes peuvent créer des fédérations sans nations, états ou empires. L'État turc mentionne que le problème est un problème kurde, mais pour nous il ne s'agit pas d'un problème kurde. C'est un problème des politiques turques d'assimilation. Il est évident que depuis les premières journées de la République de Turquie, l'assimilation des Kurdes n'a jamais arrêté. Nous pouvons le constater à travers le massacre de Roboski [34 Kurdes tués par des F-16 turcs le 26 décembre 2011] par l'État lors du ''processus de paix''. Nous pouvons aussi le voir à travers le déni de l'identité kurde et les massacres répétés. Assimiler les gens afin d'en faire des Turcs et diffuser la propagande nationaliste.

L'AKP dit avoir mit en place des postes de télévision kurdes autorisant la langue kurde et que nous sommes tous et toutes des frères et sœurs, mais de l'autre côté il y a le massacre de Roboski qui est survenu sous leur gouvernement. En 2006, il y a eu d'immenses pressions gouvernementales sur Erdogan. Ce dernier a mentionné que les femmes et les enfants allant à l'encontre des politiques turques allaient être punis. Plus de 30 enfants ont été tués par la police ou l'armée.

Les mots changent, sauf que l'agenda politique reste le même, seulement sous un nouveau gouvernement. Nous ne nous considérons pas comme des Turcs. Nous sommes d'origines ethniques différentes dont font partie les Kurdes. Notre implication dans les objecteurs de conscience est une partie de nos perspectives. Nous voulons parler aux personnes afin d'empêcher les gens de joindre l'armée et de tuer leurs frères et sœurs.

Après les années 2000, il y a eu un changement idéologique dans la lutte kurde pour la liberté. Les organisations kurdes ont cessé de se proclamer du marxisme-léninisme et Öcalan a commencé à écrire sur le confédéralisme démocratique. Cela est important, mais nos relations avec le peuple kurde sont dans les rues.

Corporate Watch : Pouvez-vous nous parler du travail de solidarité entre la DAF et la population au Rojava ?

DAF : En juillet 2012, au début de la révolution au Rojava, les gens ont commencé à dire qu'il s'agissait d'un mouvement sans État. Nous avons été solidaires dès la première journée de la révolution. Trois cantons ont déclaré leur révolution comme anti-étatique. Nous avons tenté d'observer et d'obtenir de l'information. Il ne s'agit pas d'une révolution anarchiste, mais d'une révolution sociale déclaré par le peuple lui-même.

Le Rojava est un troisième front syrien contre Assad, l'État Islamique et les autres groupes islamistes. Mais ce ne sont pas les seuls groupes a qui doit faire face la révolution. La Turquie offre de l'aide à l'État Islamique à partir de ses frontières. L'Agence nationale de renseignement de la République de Turquie semble donner des armes à l'État Islamique. C'est dans de telles circonstances que le peuple kurde à mis en branle sa révolution.

Après le début de l'attaque lancée par l'État Islamique sur Kobanê [en 2014], nous sommes allés à Suruç. Nous avons attendu aux frontières [turco-syrienne] alors que les forces turques attaquaient les gens qui traversaient. Les personnes qui tentaient de traverser la frontière pour aller ou revenir de Kobanê étaient tirées. Nous sommes restés là afin de fournir une protection.

En octobre, les gens se sont rassemblés près de Suruç pour percer à travers la frontière. Les tanks turcs leur ont tiré des gaz par-dessus la frontière.

Du 6 au 8 octobre, il y a eu des manifestations de solidarité avec Kobanê à travers toute la Turquie. Kader Ortakya, un socialiste supportant la résistance à Kobanê, a été tué en tentant de traverser la frontière.

Nous avons aidé les gens. Plusieurs personnes traversaient la frontière en provenance de Kobanê sans avoir d'abri. Nous avons donc préparé des tentes, de la nourriture et des vêtements pour eux. Parfois, des soldats turcs venaient dans les villages avec des gaz lacrymogènes et des canons à eau, nous forçant à bouger. Nous avons aidé des gens qui cherchaient leur famille après avoir traversé la frontière. D'autres sont venus dans l'espoir de franchir la frontière et se sont confrontés à l'armée. Nous leur avons aussi fourni de l'aide. Nous portions des vêtements à l'effigie de la DAF.

Jour après jour, les YPG/YPJ [les forces de défense kurde du Rojava] ont repoussé l'État Islamique. La colline de Mıştenur était très importante pour Kobanê. Après sa reprise entre les mains des YPG/YPJ, plusieurs personnes ont voulu retourner à Kobanê. De retour dans la ville, ils-elles ont trouvé leurs maisons détruites par les combats. Certaines maisons avaient encore des mines à l'intérieur, tuant ainsi quelques personnes. Les mines ont besoin d'être enlevées, mais par qui et comment? Les gens ont besoin d'aide et de nouvelles maisons. Nous avons assisté à des conférences et discuter sur comment aider Kobanê. Une conférence s'est tenue il y à deux semaines de cela à Amed.

Corporate Watch : Quelles sont vos positions sur les élections ?

DAF : Nous ne croyons pas à la démocratie parlementaire. Nous croyons à la démocratie directe. Nous ne supportons pas le HDP [parti pro-kurde] aux élections, mais nous avons des liens de solidarité avec eux dans les rues.

Emma Goldman a mentionné que si les élections changeaient quelque chose, elles seraient illégales. Il y a de bonnes personnes dans HDP qui disent des choses intéressantes, mais nous pensons que le gouvernement ne peut pas être bon parce que le système électoral n'est pas égalitaire.

Au Rojava, ils ne déclarent pas leur révolution comme étant anarchiste, mais il n'y a pas de gouvernement, pas d'État et pas de hiérarchie, donc nous croyons en elle [la révolution] et nous y sommes solidaires.

Corporate Watch : Pouvez-vous nous parler de l'attentat à Suruç ?

DAF : Plus de trente jeunes personnes désirant participer à la reconstruction de Kobanê ont été tuées lors d'une attaque menée par l'État Islamique. Cette attaque a clairement été organisée par l'État turc. Ils n'ont rien fait pour l'empêcher même s'ils ont eu l'information précisant qu'une attaque allait avoir lieu un mois auparavant. De plus, après l'explosion, l'État turc a attaqué le Rojava et mit en branle une opération contre les organisations politiques en Turquie. Maintenant, il y a plusieurs opérations et de la pression politique contre les anarchistes, les socialistes et les organisations kurdes. Ils se servent de l'explosion comme raison pour mener cette répression politique autant aux niveaux domestique qu'international.

Nous avons perdu 33 camarades et amis qui ont lutté pour la révolution au Rojava et contre la répression étatique, la dénégation et les politiques de massacre. Il y à des gens qui sont tués par l'État, l'État Islamique et d'autres formes de pouvoirs. Mais notre résistance ne va jamais arrêter, nos luttes vont continuer, comme toujours dans l'Histoire.


[1] Errico Malatesta, un anarchiste italien.
[2] Pierre Kropotkine, un anarchiste russe.
[3] Un fez est un couvre-chef très répandu dans l'Empire Ottoman du XIXe siècle. Il était réservé aux hommes. Aujourd'hui, il n'est presque plus porté.
[4] La République de Turquie a vu le jour en 1923 sur les ruines de l'Empire Ottoman. Elle est le résultat d'une guerre d'indépendance qui mena à la création de l'État turc avec Mustafa Kemal Atatürk comme premier Président.
[5] Le kémalisme est l'idéologie associée à Mustafa Kemal Atatürk.
[6] Le Premier ministre turc.

http://ucl-saguenay.blogspot.fr/2015/09 ... et-au.html
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Re: Kurdistan

Messagede Zoom le Sam 31 Oct 2015 14:14

Marchons pour Kobanê et pour la liberté le 1er novembre à Paris, Bruxelles, Strasbourg...

« Malgré les assauts incessants des gangs de Daech au cours des derniers mois, Kobanê reste libre et fière. La population continue sa résistance opiniâtre, déterminée à défendre le système d’autogestion démocratique qu’elle a mis en place à Kobanê, comme dans les deux autres cantons du Rojava. [...] Il est plus que jamais nécessaire de soutenir Kobanê, d’aider à sa reconstruction, mais aussi d’être solidaire de sa lutte pour la liberté, la démocratie et la paix au Moyen-Orient. »

Alternative libertaire donne rendez-vous le 1er novembre 2015 :
• à Paris, place de la Bastille, à 14 heures,
• à Bruxelles, gare de Bruxelle-Nord, à 15 heures,
• à Strasbourg, place Kleber, à 14 heures
• à Marseille, Réformés-Cannebière, 13 heures,
• à Lyon, place des terreaux, 18 heures
• à Bordeaux, place de la bourse, 15 heures
• à Toulouse, place du capitole, 15 heures
• à Rennes, place du Colombier, 13 heures 30
• à Montpellier, place de la comédie, 13 heures
• à Metz, place de la république, 14 heures

au côté de la gauche kurde et de toutes et tous les partisans d’une paix fondée sur la liberté, l’égalité et l’autogestion.



APPEL DU CONSEIL DÉMOCRATIQUE KURDE EN FRANCE

Il y a tout juste un an, le monde regardait avec admiration et étonnement le combat acharné des hommes et des femmes de Kobanê contre l’organisation de l’État islamique (Daech). Leur lutte pour libérer cette ville du Rojava (Ouest-Kurdistan, Syrie) est devenue le symbole de la résistance populaire contre Daesh.

Voici tout juste un an, le 1er novembre 2014, nous participions ici même à l’action de solidarité avec Kobanê, suite à un appel urgent pour une journée mondiale de mobilisation afin d’apporter un soutien matériel et humanitaire aux habitants et aux résistants de Kobanê.

Cependant, l’envoi de l’aide à Kobanê a été jalonné d’énormes difficultés du fait de l’absence de soutien officiel. Ainsi, la population de Kobanê n’a pas reçu l’aide nécessaire pour continuer à vivre dignement. Ceci n’a pas favorisé le retour des réfugiés, même après la victoire fin janvier 2015 des combattants des Unités de protection du peuple (YPG).

La ville est entièrement détruite et demeure sous la menace de Daech. Beaucoup d’habitants ont dû fuir, avec les milliers de Syriens qui rejoignent les côtes européennes, amplifiant ainsi le flux migratoire.

Nous devons admettre cette vérité tragique : le corps du petit Aylan Kurdi, dont les images ont suscité une telle émotion dans le monde n’aurait pas été retrouvé échoué sur une plage de Turquie si Kobanê avait reçu à temps l’aide internationale nécessaire.

La mise en place d’un couloir humanitaire qui permette de faire transiter l’aide par la Turquie est une nécessité vitale. Sans cela, la population ne peut être approvisionnée et le matériel nécessaire à la reconstruction de la ville ne peut être acheminé. La pression internationale sur la Turquie, qui s’est toujours opposée à l’ouverture d’un tel couloir, doit se poursuivre et s’amplifier.

Malgré les assauts incessants des gangs de Daech au cours des derniers mois, Kobanê reste libre et fière. La population continue sa résistance opiniâtre, déterminée à défendre le système d’autogestion démocratique qu’elle a mis en place à Kobanê, comme dans les deux autres cantons du Rojava.

Ce système propose un nouveau modèle de société reposant sur la démocratie participative, la laïcité et l’égalité hommes-femmes.

Il est plus que jamais temps de reconnaître que ce système d’autogestion démocratique du Rojava peut constituer un modèle de démocratie pour toute la Syrie.

Il est plus que jamais nécessaire de soutenir Kobanê, d’aider à sa reconstruction, mais aussi d’être solidaire de sa lutte pour la liberté, la démocratie et la paix au Moyen-Orient.

Soutenir Kobanê, c’est soutenir la paix. Il est plus que temps d’agir pour la paix de cette région du monde.

Rejoignez la marche mondiale pour Kobanê

Soutenez la résistance contre Daesh
pour Kobanê
pour l’humanité !



http://www.alternativelibertaire.org/?M ... et-pour-la
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Re: Kurdistan

Messagede Zoom le Dim 8 Nov 2015 17:38

Campagne de Soutien au Bataillon International de Libération au Rojava

Aidons le Bataillon International de Libération qui regroupe des combattants communistes, anarchistes et antifascistes venus défendre le Rojava dans l’esprit des Brigades Internationales dans l’Espagne de 1936. Apportons leur un soutien politique et matériel en finançant une centaine de pansements hémostatiques. Une campagne initiée par le Secours Rouge http://www.secoursrouge.org/article11199.

Soutenez le Bataillon International !
Au compte BE09 0016 1210 6957 avec la communication ‘Rojava’

Image


Texte d’appel de la campagne
Au coeur du Moyen-Orient, les populations du Rojava (Kurdistan syrien) se sont soulevées depuis deux ans contre les forces réactionnaires qui oppressent la région depuis des décennies. Après avoir libéré le Rojava de l’Etat Islamique, les habitants du Rojava et les nombreux révolutionnaires étrangers qui sont venus les soutenir inquiètent à présent les impérialistes américains et l’OTAN, ainsi que les régimes réactionnaires et fascistes du Moyen-Orient : la Turquie, l’Arabie Saoudite et l’Iran. Tous à présent interviennent par bombardements ou ingérence, reproduisant les stratégies qui ont abouti à la création des nombreux groupes islamistes comme l’Etat Islamique, al Qaïda ou le front al-Nosra, des golems qui ont échappé au contrôle des pays capitalistes qui les ont façonnés.

Que ce soit par les attentats meurtriers, par les bombardements de civils, par les arrestations massives de militants révolutionnaires, par les attaques permanentes contre les guérillas populaires ou par les marchandages capitalistes, les ennemis du peuple ont bien du mal à arrêter la lutte de libération qu’ont entreprise les populations du Rojava, du Kurdistan et de tout le Moyen-Orient, et particulièrement les femmes armées du Rojava qui sont le pire cauchemar des islamistes.

La Turquie en a décidé autrement. Après s’être entourée de ses alliés habituels et historiques : USA, OTAN, Union Européenne, ONU, social-démocrates et régimes réactionnaires, elle a entrepris une large campagne de répression à travers les territoires kurdes en Turquie, en Irak et en Syrie, avec pour objectif prioritaire de saboter les ambitions révolutionnaires des peuples opprimés du Rojava.

Aidons le Bataillon International de Libération qui regroupe des combattants communistes, anarchistes et antifascistes venus défendre le Rojava dans l’esprit des Brigades Internationales dans l’Espagne de 1936. Apportons leur un soutien politique et matériel en finançant une centaine de pansements hémostatiques. 60% des blessés par balle meurent d’hémorragie en attendant d’être pris en charge : ces pansements stoppent l’hémorragie rapidement et coûtent 40€ l’unité. Participez à cette récolte en envoyant vos dons au compte BE09 0016 1210 6957 avec la communication ‘Rojava’.

Solidarité Révolutionnaire avec le Rojava !
Soutien à la lutte revolutionnaire des peuples du Rojava et d’ailleurs, contre les islamistes, les USA, l’OTAN et les états réactionnaires !

Groupes participant à la campagne :
Secours Rouge
Alternative Libertaire BXL
Sosyalist Kadınlar Birliği
Iranian Youth Committee Belgium
Belçika Göçmenler Kolektifi


http://mars-infos.org/campagne-de-souti ... aillon-431
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Re: Kurdistan

Messagede pit le Dim 15 Nov 2015 14:32

Chaque semaine Merhaba Hevalno tente de résumer les infos sur le Kurdistan publiées sur internet, pour donner un aperçu de l’évolution de la situation là-bas.

Merhaba Hevalno 1 : Nouvelles du Kurdistan
https://nevarneyok.noblogs.org/post/201 ... kurdistan/

Merhaba Hevalno n°2
PDF : http://mars-infos.org/chroot/mediaslibr ... ochure.pdf

Brochure « Merhaba Hevalno » |3
http://www.kedistan.net/wp-content/uplo ... ochure.pdf

Télécharger Merhaba Hevalno n°4 :
. Version à lire : http://mars-infos.org/chroot/mediaslibr ... exte-2.pdf
. Version brochure à imprimer : http://mars-infos.org/chroot/mediaslibr ... ochure.pdf

Télécharger Merhaba Hevalno n°5 :
. Version à lire : http://mars-infos.org/chroot/mediaslibr ... valno5.pdf
. Version brochure à imprimer : http://mars-infos.org/chroot/mediaslibr ... ochure.pdf

Merhaba Hevalno n°6
à télécharger : http://mars-infos.org/chroot/mediaslibr ... alno-6.pdf
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Re: Kurdistan

Messagede pit le Dim 29 Nov 2015 22:05

Merhaba Hevalno 9

Un extrait :
"Des femmes de Sûr, district de Diyarbakir, où des attaques menées par les forces de sécurité turques ont tué neuf personnes ces derniers mois, ont déclaré leur intention de prendre part à l'auto-défense du quartier, annonçant que « ce sera des femmes Kurdes qui détruisent le pouvoir de l'AKP » [...] ?erife, qui a défendu sa maison des attaques de l'État ces trois derniers mois, a expliqué son expérience dans le quartier : « Dès que la police entre dans notre quartier, on se met en action. Ils ont déjà torturé nos enfants juste devant nos yeux. Ils pouvaient fracasser nos portes et entrer dans nos maisons. Ils pouvaient monter sur nos toits pour y placer leurs snipers. On a décidé ensemble de prendre les armes contre tout ça. Le président et le premier ministre disent que le PKK est ici, alors que le PKK n'est pas à Sûr, il n'y a que la population. On se défend nous-même et nos enfants dans nos propres quartiers. Nous sommes le peuple, et c'est nous uniquement qui construisons ces positions. Nous n'avons pas peur de la mort, nous n'avons rien à perdre. »

Merhaba Hevalno 9-page par page
https://nantes.indymedia.org/system/fil ... lno__9.pdf

Merhaba Hevalno 9-brochure
https://nantes.indymedia.org/system/fil ... ochure.pdf
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Re: Kurdistan

Messagede pit le Mar 1 Déc 2015 15:05

Correspondance révolutionnaire avec Rojava

Entretien avec Heval Odyssev, combattant membre de la Ligue Révolutionnaire de Solidarité Internationaliste qui participe aux Brigades Internationales de Libération du Rojava. Cet entretien a été publié dans le numéro 31 du journal de rue APATRIS, en Grèce.
Voir le site du journal ici : apatris.info http://infoapatris.blogspot.fr/

... https://paris-luttes.info/correspondanc ... naire-4245
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