Charlie Hebdo

Re: Charlie Hebdo

Messagede Béatrice le Sam 24 Jan 2015 00:53

"Cent vingt-huit actes antimusulmans ont été recensés en France entre l'attentat contre Charlie Hebdo et le 20 janvier, soit presque autant en deux semaines que sur toute l'année 2014, a annoncé, vendredi 23 janvier, l'Observatoire national contre l'islamophobie."
http://www.lemonde.fr/societe/article/2 ... _3224.html
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Re: Charlie Hebdo

Messagede Zoom le Dim 25 Jan 2015 14:35

Nouveau tract AL

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Re: Charlie Hebdo

Messagede Zoom le Mar 27 Jan 2015 16:24

Une marche pour la liberté…au pas de l’oie !

Les crimes atroces qui ont visé « Charlie Hebdo » puis un supermarché cacher interviennent dans un contexte marqué par la montée d’un racisme gravissime. Des néo-nazis grecs d’Aube dorée aux délires « d’invasions musulmane » du mouvement Pegida en Allemagne… en passant par l’omniprésence médiatique du FN, on a l’impression que beaucoup de monde attendait avec impatience ce genre d’événement qui pourrait mettre le feu aux poudres. Plus d’une cinquantaine d’attaques visant des Arabes ou des musulmans ont été commis dans les 7 jours qui ont suivi l’attentat. Comme si nous étions inexorablement entrainé vers un « choc des civilisations ».

Notons tout d’abord que ces mouvements qui prétendent sauver l’Europe chrétienne contre les crimes des “méchants musulmans” montrent un bel exemple de la fameuse « civilisation européenne » : Aube dorée est réputée pour sa violence, responsable d’au moins un assassinat et de nombreuses agressions, le fondateur de Pegida, Lutz Bachmann, a été condamné plusieurs fois pour des cambriolages, des braquages ou du trafic de cocaïne,…

Race ou classe, il faut choisir !

L’émotion suscitée dans le monde entier par les attentats a provoqué une réaction prévisible : les politiciens se sont emparés de l’événement, au nom du patriotisme (dont Charlie Hebdo se moquait régulièrement), prônant une “union nationale” qui nous renvoie tout droit à la guerre de 14-18 ! Cette nouvelle union sacrée, derrière les classes dominantes, devrait nous faire abandonner la lutte des classes… L’Etat en profite déjà pour préparer une nouvelle vague de lois liberticides, dont les principales cibles seront les populations prétendument musulmanes ou toute personnes contestant un peu trop l’ordre capitaliste. La conséquence prévisible étant bien sûr le repli communautaire d’une population stigmatisée depuis longtemps. Les fanatiques religieux n’attendent que ça. On peut parier que l’unanimisme ambiant sera très utile au gouvernement pour faire passer ses diverses lois anti-sociales comme la loi Macron (qui étend le travail du dimanche mais aussi le travail de nuit, facilitant les licenciements, détruisant la justice prud’homales qui était le principal recours des salariés contre l’arbitraire patronal, etc.).

De même, le TAFTA (vaste accord de libre-échange actuellement négocié en toute opacité entre l’Union européenne et les États-Unis) ne devrait plus susciter trop d’indignation, alors qu’il remet en cause toutes les normes sociales, environnementales et sanitaires et permettrait aux multinationales de poursuivre les États devant des tribunaux d’arbitrage privé. La seule union qui serait utile est l’union contre le capitalisme, une union qui permet de créer des solidarités quelles que soient les communautés dans lesquelles on veut nous enfermer, de lutter contre ce système destructeur complice de toutes les formes d’intégrisme.

Vive la liberté ! Mais pas maintenant…

Tous les amis de la démocratie et de la liberté, se sont donnés rendez-vous à Paris le 11 janvier : les dirigeants du Gabon, de la Russie, de la Turquie, d’Israël, de la Hongrie et d’autres qui sont allés marcher doctement devant 4 millions de personnes. Le président turc Erdogan, qui prétend contrôler ou interdire Facebook et You Tube, qui opprime les minorités kurdes, en Turquie et empêche les résistants de Kobane (au Kurdistan syrien) de recevoir de l’aide dans leur lutte contre les djihadistes de Daech, est un bel exemple de défenseur des libertés. Toutes les grandes démocraties capitalistes, la France en tête, s’apprêtent en effet à entrer dans une nouvelle relance du processus de guerre ouverte au « terrorisme ». Depuis des décennies, ce sont des pays entiers qui sont attaqués, occupés, pillés, au nom de cette guerre là. Avec l’efficacité que l’on sait… quand on voit la situation de l’Afghanistan ou de l’Irak aujourd’hui. Mais il faut bien protéger les ressources si nécessaires aux grandes entreprises (l’uranium du Niger, le pétrole au Moyen Orient…). Et cadeau suprême : le terrorisme permet aux dirigeants de proclamer un état d’urgence, (Vigipirate étant réactivé depuis 1996, il faut aller encore plus loin) et de restreindre la liberté de leurs concitoyens et concitoyennes. La lutte pour les libertés individuelles et collectives est plus que jamais d’actualité !

Les libertés ne se demandent pas, elles se prennent !

La surenchère est déjà entamée : un ancien ministre de l’intérieur (Claude Guéant) déclarait le 12 janvier « Il y a des libertés qui peuvent être abandonnées ». Depuis la loi votée le 13 novembre 2014, nous en sommes pourtant déjà à la 15ème loi antiterroriste en 30 ans ! Mais les lois ne suffisent pas (comme si c’était nouveau). Il faut les compléter par une bonne propagande de fond : le meurtre récent du militant écologiste Rémy Fraisse avait permis à Valls de pointer un « ennemi intérieur », si utile pour resserrer les rangs autour d’un gouvernement si impopulaire. L’actuel déploiement de militaires sur le territoire, les déclarations depuis la manifestation en appelant à « un patriot act à la française » mettent encore un cran supplémentaire. Les médias multiplient les « sondages » ridicules sur la nécessité d’accepter de perdre certaines libertés pour « gagner de la sécurité ». Il est urgent de résister face à cette surenchère perpétuelle. L’ennemi n’est pas invisible et étranger. L’ennemi c’est la pauvreté, les inégalités et la violence engendrée par le capitalisme, le sexisme, le nationalisme, le racisme, etc.


http://www.al-alsace.tk/
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Re: Charlie Hebdo

Messagede pit le Sam 7 Fév 2015 16:43

« Je sépare la classe en deux. Karim et les autres »

Souvent, le djihadiste est sous notre nez. On ne le voit pas ou plutôt, on feint de ne pas le voir. Ça ne suffit pas de dire « Je suis Charlie », il faut agir, mettre de côté les bons sentiments.

Moi, c’est Myriam, prof dans un petit collège rural. Tous les matins, je vois ces gamins qui ne veulent pas être Charlie, qui choisissent le camp de Daech. Je ne veux pas être celle que l’on viendra interviewer après une attaque au bazooka dans un Conforama. Qui débitera des conneries bras croisés devant la caméra, du genre :
« Oui, je connaissais Abdel, on partageait la même passion pour Clovis Cornillac. »

Le djihadisme s’attrape gamin. La maladie se déclare plus tard, mais le virus est là. J’ai décidé de faire de la prévention. Avec mes armes. Mon instinct et un téléphone portable pour signaler tous les cas suspects aux autorités compétentes. Mon mari dit que je suis une grosse balance. Que je suis devenue dingue. Il n’a que le Bafa. Ces choses le dépassent.

... http://rue89.nouvelobs.com/2015/02/04/s ... res-257512




Le droit de l’enfant d’être « con » (1)

Dans cette phase post-drame, on a entendu parler des réticences dans certains établissements scolaires à respecter la minute de silence en hommage aux dix sept morts de la semaine sanglante (20 si l’on compte les trois dangereux crétins qui se sont précipités dans cette aventure criminelle).

Des gosses n’auraient pas respecté le recueil national et auraient, par la parole, fait «l’apologie du terrorisme». C’est ainsi qu’un gamin de 8 ans s’est retrouvé au poste de police pour avoir dit en classe être «avec les terroristes», un autre de 9 ans qui aurait lancé un «Allahou Akbar» au moment de la minute de silence, un de 17 ans poursuivi pour avoir lancé à des policiers cette ouverture de la prière que l’on entend dans toutes les mosquées... qui, certes, a été répétée par les frères Kouachi au moment de leur crime... ou encore une gamine de 14 ans qui aurait «menacé» des contrôleurs de tramway de «sortir les kalachnikovs».

... http://jprosen.blog.lemonde.fr/2015/02/ ... tre-con-1/

[1] http://rue89.nouvelobs.com/2015/01/20/a ... son-257212



Témoignage vidéo de Ahmed 8 ans et de son père

"Tu peux voter, pétitionner, débattre à la télé, ou gamberger sans te bouger, mais...C’est dans la rue qu'çà s'passe"
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Re: Charlie Hebdo

Messagede Zoom le Sam 14 Fév 2015 17:24

Massacre du 7-9janvier : Solidaires malgré l’union sacrée

Il y avait de quoi avoir la nausée, après le 7 janvier : nausée du sang versé par les fanatiques, nausée de l’instrumentalisation républicaine et tricolore, nausée de la déferlante islamophobe… Face à l’hystérie « antiterroriste », les temps s’annoncent difficiles, et il faut par-dessus tout rester lucide.

La tragédie aura été exceptionnelle. Par sa violence, par son ampleur, mais aussi, hélas, par les oripeaux grotesques dont on l’a affublée. Tragique, l’assassinat de 17 personnes par trois djihadistes entre le 7 et le 9 janvier, soit parce qu’elles avaient « insulté le Prophète » soit parce qu’elles étaient juives. Tragique, la mort de plusieurs des dessinateurs les plus réputés du pays. Tragique, la récupération politicienne éhontée qui s’est ensuivie, derrière l’« union nationale » Hollande-Sarkozy. Tragique, cette défense de «  la liberté  » par un défilé d’émissaires d’États qui la répriment constamment  [1] ou qui mènent des guerres impérialistes sans fin [2]. Tragique, la messe à Notre-Dame pour mieux enterrer ces farouches anticléricaux. Tragique, La Marseillaise et les drapeaux tricolores déployés pour draper la mort de ces antipatriotes de toujours. Tragique, la phénoménale opération de marketing bien-pensant autour du slogan « Je suis Charlie » affiché dans les entreprises, sur les panneaux du périphérique parisien et jusqu’au fronton du Nasdaq, à Wall Street.

Les survivants de Charlie Hebdo n’ont pas été dupes. Willem a refusé de défiler le 11 janvier, avec des personnalités qui « représentent tout ce contre quoi nous sommes ». Laurent Léger a regretté : « Cela aurait été mieux que Charlie n’y soit pas, on a été touchés dans notre chair et nous voilà associés à tous ces politiques. » Luz a défilé, mais en avouant son malaise : « Comme disait la caricature de Cabu, ce n’est pas simple d’être suivi par des cons, du genre Angela Merkel… Chacun peut récupérer ce qu’il veut dans un symbole, mais on ne peut pas récupérer notre travail. » [3]

Divergences de vues

Il faut prendre un peu de recul, faire abstraction de tout ce spectacle consternant pour retrouver le sens premier de l’émotion qui a frappé le pays le 7 janvier. Une peine égale pour toutes les victimes, qu’elles soient anonymes ou connues. Une peine sincère, malgré les divergences de vues qu’on pouvait avoir avec Charlie Hebdo.

En effet, cela faisait une quinzaine d’années que l’hebdomadaire satirique avait perdu une bonne partie de son lectorat d’extrême gauche. Même s’il faut se garder d’amalgamer l’ensemble d’une rédaction à un éditocrate, la dérive droitière de Philippe Val y était pour beaucoup. Soutien à ­l’Otan au Kosovo en 1999, ralliement au néolibéralisme, campagne fébrile en faveur de la Constitution européenne en 2005, licenciement misérable de Siné en 2008, tout cela en posant au philosophe, la bouche pleine de Montaigne ou de Voltaire… Cette « béachèlisation » accélérée a été suffisamment documentée pour qu’on n’y revienne [4].

Le départ de Val en 2009, suite à sa nomination à la direction de France Inter – avec l’assentiment du président Sarkozy –, avait permis d’aérer le journal, désormais dirigé par Charb et Riss.

Satire de l’islam et grincements de dents

Restait néanmoins un sujet de malaise, récurrent depuis l’affaire des caricatures de Mahomet en 2006 : la satire de l’islam [5]. Charlie Hebdo attaque toutes les religions, les supers­titions et les sectes, s’efforçant de saper les mythologies et de désacraliser les prophètes. Et il est bien dans son rôle de le faire. Mais, dans un contexte européen d’islamophobie tantôt latente, tantôt ouverte, où cette religion particulière est perçue comme un « ennemi de l’intérieur », la satire de l’islam par Charlie Hebdo a souvent laissé un goût amer au lectorat antiraciste. Et les critiques se sont accumulées, parfois portées par d’anciens collaborateurs [6].

En dehors de ce sujet de friction qui avait aliéné au journal bien des sympathies, ses auteurs continuaient à soutenir les luttes sociales, notamment celles des travailleuses et travailleurs migrants, et des sans-logis [7], et laissaient toutes les feuilles de chou syndicales ou révolutionnaires se servir allègrement dans leurs dessins… Ce fut encore le cas récemment, avec une affiche d’Alternative libertaire ornée d’un dessin de Tignous.

Solidarité et action critique

AL, justement. Dans la foulée du massacre, l’organisation a témoigné de sa douleur, et a condamné par avance les attentats islamophobes qui ne manqueraient pas de survenir au titre de « représailles » [8]. Ensuite sont venues les manifestations monstres du 11 janvier, initiées par les organisations antiracistes, mais transformées par le gouvernement en « marche républicaine » d’union sacrée… Les organisations anticapitalistes se sont publiquement démarquées de cette mascarade [9].

Cependant la politique d’AL n’est pas de tourner le dos aux mouvements de rue, mais d’essayer de s’y faire entendre. Dans plusieurs villes, l’organisation est donc intervenue en marge des manifestations, seule ou avec d’autres, pour donner son point de vue [10], voire impulser des rassemblements alternatifs « hors union sacrée ». Cela lui a parfois valu des applaudissements, parfois des huées. Peu importe.

L’hystérie antiterroriste annonce des temps particulièrement durs pour les « classes dangereuses », les quartiers populaires et la minorité musulmane de ce pays. Plus que jamais, il faut dénoncer cette stigmatisation et s’efforcer de résorber les divisions racistes qui minent le prolétariat.

Guillaume Davranche (AL Montreuil), et Édith Soboul (SF d’AL)


[1] Citons, entre autres, à la manifestation du 11 janvier 2015, la présence à Paris de représentants de la Russie, des Émirats arabes unis, du Gabon, de l’Égypte et de la Turquie.

[2] Entre autres : les États-Unis, Israël, la France…

[3] Témoignage de plusieurs survivants de Charlie Hebdo dans Libération, 11 janvier 2015.

[4] Il suffira, pour s’en souvenir, de relire le vitriol du journal sardonique PLPL (Archives sur www.homme-moderne.org), puis celui du Plan B (archives du http://web.archive.org).

[5] Laurent Esquerre, « Caricatures de Mahomet : Entre racisme et obscurantisme », Alternative libertaire, mars 2006.

[6] Mona Chollet, « L’obscurantisme beauf. Le tête-à-queue idéologique de Charlie Hebdo », Périphéries, mars 2006 ; Olivier Cyran, « L’opinion du patron », CQFD, février 2006 ;

[7] Lire à ce sujet le communiqué de Droit au logement, 8 janvier 2015. Et voir l’image du mois, en page 20 de ce numéro.

[8] Communiqué d’AL, 8 janvier 2015. Plus de 115 actes antimusulmans ont été recensés dans les quinze jours suivant le massacre.

[9] Faute d’une réactivité suffisante, le communiqué proposé par AL à l’ensemble des anticapitalistes n’a recueilli les signatures que du NPA, du MOC et du PCOF. Il a été publié le 10 janvier.

[10] Tract « L’union est une farce », disponible sur www.alternativelibertaire.org.

http://alternativelibertaire.org/?Massa ... Solidaires
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Re: Charlie Hebdo

Messagede Béatrice le Sam 14 Fév 2015 20:16

Fusillade à Copenhague lors d'un hommage à « Charlie Hebdo »

Une personne de 40 ans a été tuée dans la fusillade, a annoncé la police danoise.


http://www.lemonde.fr/europe/article/20 ... _3214.html
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Re: Charlie Hebdo

Messagede tatave le Dim 15 Fév 2015 09:37

Que l'on ne nous parle plus de loup solitaire,il s'agit bien d'une internationale fasciste.
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Re: Charlie Hebdo

Messagede pit le Mar 17 Fév 2015 03:41

Philo et « apologie d’acte terroriste »

L’acharnement administratif et policier contre un prof de Poitiers ne passera pas !

Depuis le 7 janvier, les procédures pour « apologie d’acte terroriste » se sont multipliées en France, avec des condamnations en comparution immédiate si sévères qu’elles commencent à soulever un questionnement même dans certains médias sur le caractère expéditif de cette « justice ». Dans les établissements scolaires, on recensait à la fin du mois 200 incidents se rapportant plus ou moins à l’attentat contre Charlie Hebdo et ses suites - et un professeur de Mulhouse avait été suspendu pour avoir fait circuler en classe des caricatures montrant Mahomet nu, une sanction levée le 22.

Jean-François Chazerans, professeur de philosophie à Poitiers, vient quant à lui d’être suspendu pour quatre mois sur l’accusation d’avoir tenu des propos « inadéquats » à ses élèves lors de la sacro-sainte journée Marseillaise et minute de silence. Ces propos auraient été tenus dans sa classe puisqu’il n’était pas présent aux cérémonies consensuelles.

L’objectif de faire passer Chazerans pour un proterroriste ne peut que paraître parfaitement grotesque à quiconque le connaît, notamment pour avoir milité avec lui sur d’innombrables luttes et dans de multiples collectifs - comité contre la répression des mouvements sociaux poitevin, DAL, comité de soutien aux sans-papiers et aux familles de Roms ... Mais ce sont en fait là autant d’activités que le commissaire Papineau (le shérif de Poitiers récemment muté à Caen), les autorités préfectorales et le rectorat ont eu à cœur de châtier par tous les moyens ces dernières années. De plus, Chazerans aggrave son cas car s’il n’a évidemment pas la moindre sympathie pour les djihadistes, il n’enseigne pas pour autant à gober tout ce que l’école enseigne, mais vise bien plutôt à ouvrir les esprits de façon à apprendre à réfléchir afin de se faire une opinion autonome.

Décidément, l’occasion était trop belle pour un règlement de comptes, ont pensé certains ­mais, hélas pour eux, une solidarité très large s’est aussitôt manifestée envers Chazerans, à l’initiative d’élèves, de collègues et de camarades : rassemblement de soutien avec 200 personnes, pétition en ligne avec 4 000 signatures à ce jour, préavis de grève lancé par l’intersyndicale des enseignants de son lycée pour le 5 février ...

A l’heure qu’il est, nous ne savons pas s’il sera poursuivi pour « apologie de terrorisme », mais nous exigeons sa réintégration dans l’éducation nationale (un conseil de discipline doit statuer le 13 mars sur « la suite de sa carrière »).

Et, de même, l’arrêt des autres procès en cours sur Poitiers, où les peines d’amende et les frais d’avocat pleuvent de nouveau.

Solidarité avec Jean-François Chazerans ainsi qu’avec les militants du DAL et du comité antirépression poursuivis !

OCL-Poitou



Émission l’Egregore du 9 Fevrier 2015 : http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article1640


Affaire Chazerans : ” Il n’y a rien dans le dossier “

Jean-François Chazerans, professeur de philosophie à Poitiers, a consulté son dossier au rectorat, en vue de la commission de discipline fixée au 13 mars.

Jacques Moret, recteur d’Académie, a invité, hier après-midi, Jean-François Chazerans, professeur de philosophie au lycée Victor-Hugo à Poitiers, à consulter son dossier dans le cadre de la commission de discipline prévue le 13 mars prochain. Une procédure normale.
Que reproche-t-on à cet enseignant suspendu à titre conservatoire depuis le 21 janvier dernier ? « D’avoir tenu des propos inadéquats le jeudi 8 janvier 2015 (NDLR : le lendemain de l’attentat contre Charlie Hebdo à Paris) lors d’un débat en classe », rappelle son avocat, Maître Amaury Auzou.

Jean-François Chazerans, accompagné de deux syndicalistes et de son avocat, a découvert un document d’une page et demie, – le rapport réalisé par deux enquêteurs –, et une lettre d’un parent d’élève rendue anonyme par le rectorat.

“ Attendre l’orientation du procureur ”

Surprise totale après lecture des trois feuilles, format A4. Maître Auzou assure qu’il n’y a « rien dans le dossier ». « Je m’attendais à des choses plus consistantes, confie-t-il, au vu de la suspension de 4 mois qui, certes, est une mesure conservatoire mais colore le dossier à charge. » Ajoutant : « J’ai appris par la presse que le parquet a été saisi par Monsieur le recteur. » « Il me semblerait logique d’attendre l’orientation du procureur de la République avant de statuer sur le plan disciplinaire, comme cela fait habituellement. »
L’intéressé dit être tranquille dans cette affaire : « Après avoir consulté mon dossier, je suis toujours aussi serein quant à mon examen devant la commission disciplinaire. »
Son avocat condamne le traitement excessif de l’affaire : « Il faut descendre d’un étage ». « C’est une enquête bâclée. Rien n’est justifié. On a un simple rapport de deux enquêteurs, aucun détail des élèves qui ont été auditionnés. Dès lors, comment peut-on estimer un simple rapport d’enquête qui constitue un élément à charge corroboré par rien ? », s’interroge Amaury Auzou. Réponse le 13 mars.

Didier Monteil, Nouvelle République, 14 février 2015

http://pn86.noblogs.org/?p=13128
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Re: Charlie Hebdo

Messagede tatave le Mer 25 Fév 2015 13:37

Un article détaillé sur les Unes de Charlie Hebdo :
http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/02/24/non-charlie-hebdo-n-est-pas-obsede-par-l-islam_4582419_3232.html

La répartition des unes de Charlie Hebdo :
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Re: Charlie Hebdo

Messagede tatave le Sam 28 Fév 2015 09:01

L'épouse de Luz sur le débat post-Charlie Hebdo: "Être aimé par des cons, c'est dur, être haï par des " amis", c'est pire"
http://www.huffingtonpost.fr/2015/01/30 ... 79676.html

Depuis trois semaines, je dois me taire. Mariée à un dessinateur de Charlie Hebdo, Luz, je suis dans «l’oeil du cyclone». Journaliste, je suis habituée à «l’ouvrir», ou en tout cas à écrire sur le monde qui m’entoure. Mais j’écris principalement sur les sexualités, le cul, le porno, le féminisme, le genre. Pas sur le terrorisme. Et je ne veux pas être une «vampire», profitant de ma proximité, ces derniers temps, avec l’équipe survivante, pour «révéler des infos exclusives». Quelle horreur. Enfin, mon rôle est ailleurs. Pas de faire des quiches et des cookies, je suis la pire cuisinière du monde. Mais de soutenir moralement l’homme que j’aime et qui va traverser une longue période de deuils, de parler des heures des amis disparus comme de l’avenir, intime et professionnel, de lui rouler des pelles, d’être forte, de lui parler des articles intelligents que j’ai lus, de rire et de pleurer, de lui offrir des livres érotiques, de rassurer nos proches, et d’essayer de vivre une vie à peu près normale, avec les trois flics qui le protègent 24h sur 24.

Donc je dois me taire, même quand je vois des bêtises ou des contresens écrits dans les journaux et relayés sur les réseaux sociaux. Le site L’Internaute, hyper-premier degré, titre «Charb : Luz avoue avoir été son amant lors des obsèques» ? C’est drôle. Jusqu’à ce que des haters sur Twitter se lâchent et traitent de «grosses tapettes» les gens de Charlie. Dans le Plus du Nouvel Obs, une bloggeuse médias critique le fait que la dernière couv' représente le prophète avec une tête de bite ? Je suis tentée de lui conseiller de faire son métier de bloggeuse médias et de regarder les anciens Charlie Hebdo (Luz a toujours dessiné le prophète ainsi, sans jamais penser à une bite), mais aussi de lui proposer d’aller voir un psy («Docteur, dans cette tâche d’encre, je ne vois pas un papillon, mais une bite. C’est grave ?»).

Mais hier, une militante du STRASS (Syndicat du Travail Sexuel) que je lis et admire depuis des années, Morgane Merteuil, relaie sur son Facebook un article de Cécile Lhuillier, ancienne présidente d’Act Up-Paris et militante LGBT et féministe, paru sur le site de Têtu. Selon Cécile Lhuillier, Charlie Hebdo «est devenu un journal raciste, homophobe, transphobe, sexiste et tout particulièrement islamophobe». Il manque arachnophobe, non ? Sur le Facebook de Morgane, qui soutient cette tribune, il est posté en commentaires des dizaines de couvertures «prouvant» le racisme, le sexisme, la putophobie etc. de Charlie. Une douzaine de dessins, donc, sur les milliers publiés depuis plus de 20 ans.

Etre aimés par des cons, c’est dur, mais être haïs par des «amis», ce n’est pas facile non plus. Je partage en grande partie les idées du STRASS et je tente, à mon petit niveau, de défendre les droits LGBT et féministes. Je me souviens qu’en décembre dernier, après un article que j’avais écrit sur le sujet pour les Inrocks, j’avais informé Luz de l’organisation d’une manif pour les droits des travailleurs(ses) sexuels(elles), organisée par le Strass et les Roses d’Acier, et il en avait fait un magnifique reportage, donnant la parole à ces travailleuses du sexe chinoises. Mais cela ne compte pas. On ne retient que les dessins jugés «putophobes» ou «transphobes». C’est tellement plus facile, d’oublier qu’il y avait des débats houleux au sein de la rédaction sur la prostitution. C’est tellement plus facile, d’oublier que les dessinateurs de Charlie Hebdo se moquaient plus des hétéros beaufs que des gays ou des lesbiennes, qu’ils soutenaient le mariage pour tous et se moquaient violemment des manifs pour tous. C’est tellement plus cool, quand on est militant dans une organisation qui défend les «opprimés», d’être «contre» la masse, les médias, l’unité nationale. En oubliant que Charlie Hebdo conchie aussi le discours de masse et les symboles, et n’était pas, dernièrement, soutenu par grand'monde.

Je dois me taire. Mais quand je vois certains militants, pro-putes ou LGBT ou féministes, des gens dont je partage les combats, communiquer sur leur «différence», en crachant sur des morts qui ne peuvent plus répondre, j’enlève le bâillon que je me suis mise moi-même sur la bouche. Quitte à mettre encore plus d’huile sur le feu, quitte à être récupérée ou à ne pas être comprise. M’en fous. Faut pas pousser mémé dans les orties.

Je ne me tais plus.

J’ai été élevée au sein d’une famille de gauche, et dans la bibliothèque parentale, il y avait le saint triptyque : «Reiser - Franquin - Manara». Ce n’est pas tout à fait «Jésus-Marie-Joseph», mais j’ai appris dès 6 ans ce que voulait dire «couilles», «peine de mort» et «clitoris». La base. En grandissant, je me suis un peu éloignée de la culture anarcho-coco-gaucho-manu-chao. Tout en admettant que j’avais heureusement reçu une culture internationale, antiraciste, antimilitariste, antilibérale, anticolonialiste, féministe et remplie de dessins de gens qui baisaient joyeusement, j’ai préféré acheter Les Inrocks plutôt que Charlie, et lire Anaïs Nin plutôt que Derrida. Petite bourgeoise que je suis.

Mais, plusieurs années plus tard, je suis tombée amoureuse d’un «mec de Charlie». Je n’avais pas lu ce journal depuis le lycée quand je l’ai rencontré. Donc je l’ai ouvert, 15 ans après. J’ai ri en lisant la BD qu’il fait avec Sarah Constantin, Stouf le skin. J’ai découvert avec émotion les chroniques de Patrick Pelloux sur les urgences. J’ai dévoré les textes antilibéraux de Bernard Maris. J’ai détesté la dernière couv' de Charb sur la GPA, mais ri très fort à chacun de ses Maurice et Patapon et à ses «Fatwa». Je suis tombée amoureuse du dessin de Catherine Meurisse. J’ai été jalouse du talent de narratrice de Sigolène. J’ai râlé sur la façon dont Wolinski dessinait les femmes. J’ai lu les textes de Laurent Léger en me disant qu’il restait peu d’enquêteurs de cette envergure, en France. J’ai voulu rencontrer Zineb El Rhazoui pour lui poser des questions sur les putes mecs au Maroc. Je me suis demandée comment Simon, le webmaster, gérait la haine quotidienne sur les réseaux sociaux. J’ai appris avec étonnement que la dessinatrice Coco était aussi jeune. J’ai adoré voir mon mec dessiner chaque semaine des bonhommes et des bonnes femmes, tandis que moi, dans la pièce d’à côté, j’écrivais sur les femmes et sur les hommes. On partait de temps en temps en reportage ensemble. Il m’a emmené en week-end à l'université d’été de la Manif pour Tous, pour démonter, ensuite, chacun dans notre journal, avec humour, leurs idéologies. Je l'ai emmené dans des soirées fetish berlinoises, il en fait un reportage pour Charlie, trash, sexy, et drôle. Rhaaaa l'amour.

Quand en octobre, il a appellé Charb, son rédac' chef et ami, pour lui dire «hé, ça te dit un reportage sur un festival à Berlin? C’est un festival de films pornos féministes et queers», Charb lui a répondu «toi… tu pars en week-end avec ta femme, non? Ok vas-y, super, fais-nous une page». Car c’est ça aussi Charlie. Un putain de journal où tu peux faire une page entière de reportages sur le Porn Film Festival de Berlin. Moi, journaliste, féministe pro-sexe, pro-porno, pro-putes (cisgenre et blanche hein, désolée, nobody’s perfect) et payée moins de cinquante euros le feuillet, je suis jalouse de sa liberté. Charlie Hebdo, c’est un journal non-pas symbole de la liberté d’expression, mais un journal dans lequel les journalistes et les dessinateurs sont libres. Ce n’est pas un journal de Lagardère. Il plaît, il est détesté, il est poétique, politique ou vulgaire. Ses couvs' ne font pas rire la Terre entière, et certains les ont utilisées pour justifier leur folie terroriste et meurtrière. Mais personne ne nous oblige à acheter ce journal ou à rire de chaque dessin. Traitez-les de tous les noms d’oiseaux. A base de «-phobe». Mais ce n’est pas la peur, le sujet de ce journal imparfait. C’est ce monde absurde, complexe, bordélique, et finalement risible.

J’ai arrêté de me taire hier soir. Et j’ai essayé de me calmer, de ne pas trop m’énerver toute seule devant mon ordi. Puis ce matin, dans un article de LaDépêche.fr très problématique à différents points de vue, Nancy Huston, auteur féministe dont j’apprécie la plume romanesque, déclare qu’elle a «toujours détesté l'image des femmes et des homosexuels qui transparaissaient dans les dessins de Charlie Hebdo». C’est son droit. Liberté d’expression, nanani, nanana… Mais putain, ce sont des caricatures, bordel ! Je sais que c’est un argument «facile», mais c’est le seul qui ait du sens. Je ne me tais plus mais je ne trouve plus les mots. Heureusement, une amie Facebook, Abnousse, a une réponse qui résume ma pensée : «C’est tout à fait idiot ce qu'elle dit-là. En tant que femme, des caricatures qui rient de la femme comme objet sexuel volontaire, comme mère de famille rétrograde ou jeune fille décérébrée n'insultent pas ma dignité. En tant que femme, les caricatures sur les femmes aliénées volontairement me font rire. Comme toute formes de caricatures qui détournent les dogmes, les préjugés, les intolérances pour les ridiculiser et détruire par le rire leur pouvoir néfaste. En tant que femme, ce qui me choque, ce n'est pas le "problème de virilité" des dessinateurs de Charlie mais le problème de la discrimination des femmes. En tant que femme, j'aimerais être caricaturée comme un homme, parce que je suis pas en sucre et que j'ai de l'humour et de l'intelligence».

Pour revenir au premier sujet de mon courroux, ou plutôt de ma tristesse - l’article de Cécile Lhuillier, relayé par Morgane du STRASS -, se positionner politiquement «anti-unité-nationale-je-suis-Charlie», c’est logique. En tant que militants de mouvements qui défendent le droit à la différence, cela leur redonne une légitimité de «hé, regardez, nous on n’est pas des moutons !». Mais c’est un aveuglement idéologique. Et la fable de La Fontaine Le Coq, le Mouton et le Dindon m’a appris très jeune qu’il fallait mieux parfois être un mouton qui «parle rarement, et n'en pense pas davantage» plutôt qu’un dindon avec de «sots discours et des airs fanfarons, des extases sur son plumage, des mots, des cris, un caquetage, à troubler tous les environs». Je vais de mon côté, avant de devenir une dinde, revenir dès à présent à ma position de mouton taiseux.

Evidemment je continuerai, personnellement et professionnellement, à soutenir le STRASS et bien sûr les causes LGBT et féministes. Car je ne mets pas tout le monde dans le même sac (à vomi). Mais je continuerai aussi à lire Charlie Hebdo. Je vous préviens : le premier qui me fait rire a gagné.


Camille Emmanuelle.


Zineb El Rhazoui est menacée de mort :

Interviewée sur BFMTV à la veille de la parution du dernier numéro de “Charlie Hebdo” mercredi, la journaliste marocaine, collaboratrice régulière de l’hebdomadaire satirique, a confié être la cible régulière de menaces de mort.



http://www.metronews.fr/info/charlie-he ... c61wjUTOU/

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Re: Charlie Hebdo

Messagede pit le Lun 2 Mar 2015 03:01

Charlie dans le meilleur des mondes (bis)

Le 21 janvier, je constatais que nous vivions, plus encore depuis que la machine politique, médiatique et judiciaire s’est emballée après les attentats, dans un monde gagné par une implacable logique autoritaire qui confine chaque jour un peu plus à l’absurde. Un mois après, les évènements continuent de se succéder sans qu’aucun des tenants de ce monde ne semble perturbé par ce qui ressemble de plus en plus à un grand saut vers le totalitarisme.

... http://larotative.info/charlie-dans-le- ... s-872.html
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Re: Charlie Hebdo

Messagede pit le Sam 28 Mar 2015 12:27

Alors que Jean-François Chazerans a été blanchi par le parquet dans le volet judiciaire, le recteur a décidé de le sanctionner le plus lourdement possible : mutation d'office à Thouars, sur zone de remplacement : http://pn86.noblogs.org/?p=13274
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Re: Charlie Hebdo

Messagede pit le Ven 10 Avr 2015 14:27

Affaire Chazerans : Une décision ridicule du recteur !

Franchement si cette affaire n’avait pas tant de conséquences désastreuses sur ma vie personnelle, j’aurais encore bien ri lorsque j’ai lu la décision du recteur.

Déjà le rapport des inspecteurs de la vie scolaire du rectorat, la bêtise paraissait être une bonne blague. L’enquête pénale aussi était ubuesque. Bien-sûr, sur le coup, 8 heures de garde à vue et 5 heures d’interrogatoires ne m’ont pas vraiment fait marrer. Mais lorsque j’ai appris que le procureur avait classé l’affaire sans suite, le grotesque de la situation a repris le dessus et j’ai encore bien ri de cette bouffonnerie. Vu sa bassesse et sa bêtise, le communiqué du procureur, du niveau du rapport des inspecteurs du rectorat, niveau caniveau, était des plus hilarants. La commission de discipline, cette parodie de justice – rappelons qu’elle était présidée par le recteur, qui est juge et partie, qui nomme la moitié des membres de la commission et qui décide tout seul à la fin -, avait quelque chose d’incroyablement caricatural et surréaliste, vieillot aussi, digne des procès staliniens ! Encore une vraie bouffonnerie ! Et là, cerise sur le gâteau, cette décision grotesque du recteur !

Que m’y est-il reproché concernant ce fameux cours du 8 janvier ?

« – Considérant qu’il est établi, ainsi qu’il ressort, d’une part, du rapport du rapport de l’enquête administrative conduite par les IA-IPR d’établissements et vie scolaire et des témoignages recueillis, lors de cette enquête, auprès des élèves, d’autre part, des éléments communiqués par le procureur de la République de Poitiers dans sa lettre du 27 février 2015, qu’à l’occasion d’un cours dispensé à des élèves de terminale, le 8 janvier 2015, Monsieur Chazerans a instauré un débat portant sur l’assassinat des journalistes de Charlie Hebdo, lequel a opposé violemment deux groupes d’élèves, et que durant ce débat, il a notamment, devant les élèves caractérisé les journalistes de Charlie Hebdo de crapules ;

- Considérant que ce type de débat, a fortiori, lorsqu’il s’inscrit, ce qui était le cas en l’espèce, dans un contexte national et international particulièrement tendu, implique, ce que n’a pas fait ce professeur, non seulement un travail préalable de la préparation de la réflexion, mais aussi une organisation méticuleuse de l’argumentation et de la synthèse de la réflexion menée en concertation avec les élèves ;

- Considérant que ce type de débat, dès lors qu’il est organisé dans le cadre de la mission enseignante, doit avoir une finalité pédagogique, laquelle, contrairement à ce qui s’est produit en raison des propos tenus par ce professeur, ne saurait viser autre chose que l’apaisement des esprits par l’approfondissement des connaissances ;

- Considérant qu’en ayant organisé un tel débat, sans la moindre préparation, puis en ayant tenu en classe , de tels propos particulièrement inadaptés, eu égard au lourd contexte exposé ci-dessus, Monsieur Chazerans a commis des manquements graves aux obligations inhérentes à tout personnel enseignant ;

- Considérant également que les agissements de ce professeur ont porté atteinte, non seulement à l’image de la fonction enseignante, mais à celle du service public de l’Éducation nationale. »

Rappelons que je suis passé devant la commission de discipline pour faute grave puisque j’avais été suspendu 4 mois. Cette faute grave était d’avoir tenu des « propos inadéquats en classe ». Et là, le recteur me reproche dans sa décision, quasi-exclusivement, de n’avoir pas su organiser un débat philosophique et très accessoirement d’avoir tenu « des propos particulièrement inadaptés ». Car quels sont ces propos reprochés ? Ils se réduisent à un seul et unique propos : d’avoir « caractérisé les journalistes de Charlie Hebdo de crapules ». En fait de « propos », un seul mot : crapules ! Faute grave donc pour avoir employé à l’égard des dessinateurs de Charlie Hebdo, – qui étaient coutumiers de propos autrement plus provocants -, le mot « crapules » dans le sens de « petites crapules ». D’ailleurs aucun des élèves sauf un, n’a réagi à ce mot. Et, d’après les auditions contenues dans le dossier pénal aimablement fourni au rectorat par le procureur, l’élève à l’origine de l’affaire a mal compris ce que j’ai dit, elle a demandé à sa copine : c’est quoi « crapule » qui lui a répondu que c’étaient des « cons ». Elle n’a ensuite pas écouté ce qui a été dit !

Précisons que, lors de la commission de discipline, aucune question ne m’a été posée concernant l’emploi du mot « crapules ».

Donc les « propos » sont devenus un seul et unique mot qu’il n’est pas illégal de prononcer et, par conséquent, ce sont mes choix pédagogiques qui me sont reprochés. Mais mes choix pédagogiques ne sont pas des « propos » et ne peuvent m’être reprochés que par mon inspectrice pédagogique régionale, et ce seulement dans le cadre d’une inspection. Précisons là aussi qu’aucune question, non plus, ne m’a été posée lors de la commission de discipline concernant le débat en question. A-t-il vraiment « opposé violemment deux groupes d’élèves » ? Bien qu’il n’ai pas pu être « préparé », – comment aurait-il pu l’être d’ailleurs ? -, mes élèves n’étaient-ils pas « préparés » depuis le début de l’année à ce type de débat ? Je rappelle que le débat est le point central de ma méthode pédagogique, mise patiemment en place durant ces 20 dernières années. Mes élèves ont l’habitude de ces débats mis en place depuis le début de l’année scolaire, et celui du cours du 8 janvier dernier n’était pas différent des autres. En particulier ce débat, comme certains autres qui ont précédé, à suscité une bonne participation et des prises de positions fermes de la part des élèves mais en aucun cas il n’a été « violent ». Comment d’ailleurs aurait-il pu l’être puisque défendre une thèse en argumentant s’oppose à la violence de l’opinion. Certes des opinions violentes voire haineuse ont été exprimées ce jour-là par les élèves, en particulier qu’il fallait abattre les frères Kouachi comme des chiens, mais le débat à permis de les dépasser en les confrontant à des thèses argumentées.

Il faut donc en revenir à l’origine de l’affaire, à la saisine, comme dirait mon avocat. Mon chef d’établissement reçoit le 15 janvier dernier de le part d’un parent d’élève, une lettre de délation particulièrement malveillante, aux propos calomnieux et diffamatoires où il est écrit « Est-il normal que les professeurs défendent le terrorisme donnent leur opinion politique voire leur religion ? », et qui m’accuse d’avoir dit : « Les militaires envoyés dans les pays en guerre c’est de l’impérialisme » et « ces crapules de Charlie Hebdo ont mérité d’être tués ».

Évidemment, j’aurais été fautif si j’avais « défendu le terrorisme » et dit que « ces crapules de Charlie Hebdo ont mérité d’être tués ». Mais ni l’enquête administrative, ni l’enquête pénale ne conclut dans ce sens. Au contraire, dans le rapport de l’enquête administrative, il est écrit noir sur blanc que j’ai « déploré les meurtres ». Et l’enquête pénale à classé l’affaire sans suite. Je n’ai donc pas tenu les propos reprochés, ce qui était évident dès le début pour tout le monde, sauf l’élève et sa mère et… le recteur qui a lancé précipitamment une enquête administrative !

Il ne lui reste donc rien pour m’accuser d’une faute grave qui nécessitait une suspension de quatre mois, ce qui est clair dans sa décision puisqu’en fait de propos inadaptés, il m’est reproché d’avoir employé un seul mot, celui de « crapules ». Pourquoi alors me sanctionner quand même d’une mutation d’office sur la zone de remplacement départementale des Deux-Sèvres et me rattacher administrativement au Lycée Jean Moulin de Thouars ? Parce que les titulaires sur zones de remplacement pouvant être appelé à faire des remplacements dans les départements limitrophes, je suis de fait muté sur l’académie entière. Et le lycée de Thouars étant l’un des Lycées de la zone de remplacement des Deux-Sèvres les plus éloignés de Poitiers.

Je suis donc victime d’un véritable acharnement de la part du recteur. Prenant prétexte d’une seule lettre, qui plus est de délation, d’un parent d’une élève qui n’avait manifestement pas compris ni écouté ce qui a été dit, qui est même arrivée en retard la deuxième heure, et malgré l’« étonnement » de mon chef d’établissement, lance une enquête administrative. Il me suspend quand même malgré l’enquête qui n’est pas probante et même qui conclut que je n’aurais pas tenu les propos illégaux dont m’accusait la mère d’élève. Puis, il transmet le dossier au procureur de la république qui ouvre une enquête pour « apologie d’acte terroristes ». Enquête qui se termine par un classement sans suite. Et, le recteur ne s’arrête pas là, il maintient la commission de discipline. Rien, de probant et pour cause, à la commission de discipline concernant mes supposés « propos inadaptés » puisque je ne les ai pas prononcés, mais elle vote quand même une sanction. Et le recteur continue dans son acharnement, valide la sanction en me reprochant ma méthode pédagogique, et me mute d’office remplaçant sur l’académie, rattaché à l’un des Lycées de la zone de remplacement les plus loin de chez moi.

Billet publié dans Affaire, le 3 avril 2015, par Chaz



Pétition

Demande d’annulation de la sanction infligée à J-F. Chazerans par le recteur de Poitiers

Pour : Madame la Ministre de l’Éducation Nationale

J-F. Chazerans, professeur de philosophie au lycée Victor Hugo de Poitiers, a été mis en cause par un courrier de parent d’élève suite à un cours fait le lendemain de l’attentat à Charlie Hebdo. Ce jour-là, tous les enseignants, comme J-F. Chazerans, ont été confrontés à une situation bien difficile : comment aborder un sujet aussi complexe, dans un moment où l’émotion prenait le pas sur la réflexion ?

Suite à la réception de ce courrier de parent, le recteur de l’académie de Poitiers l’a suspendu de ses fonctions, a fait un signalement au procureur de la république pour « apologie d’acte de terrorisme » et convoqué une commission disciplinaire pour « propos inadéquats tenus en classe ».

Malgré le constat fait par l’enquête de police que les phrases incriminées n’avaient pas été prononcées, malgré l’abandon des poursuites judiciaires, le recteur a maintenu la commission de discipline pour « propos inadéquats ». Il inflige maintenant à ce professeur une sanction grave de mutation d’office, en zone de remplacement dans un autre département.

Considérant cet enchainement de faits et le caractère incompréhensible et inacceptable de cette sanction, les signataires demandent, à Madame la Ministre, qu’elle soit annulée et que J-F. Chazerans soit rétabli dans ses fonctions au lycée Victor Hugo de Poitiers.

Cette pétition est soutenue par les organisations syndicales FSU, CGT Educ’action, SNFOLC-FO, SUD éducation-Solidaires.

Pour signer : http://petitionpublique.fr/PeticaoVer.aspx ?pi=P2015N47580



http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article1664
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Re: Charlie Hebdo

Messagede pit le Jeu 4 Juin 2015 08:35

Le prof de philo muté à Thouars veut retrouver son poste

Jean-François Chazerans a déposé un recours devant le tribunal administratif de Poitiers pour retrouver son poste au lycée Victor-Hugo.

Jean-François Chazerans a déposé, le vendredi 22 mai, un recours devant le tribunal administratif. Le professeur de philo, muté d'office en mars (*) par le recteur, au lycée Jean-Moulin de Thouars (Deux-Sèvres) a décidé de contre-attaquer. « Il s'agit, indique Me Amaury Auzou, son conseil, d'un recours en annulation de l'arrêté de sanction. On a soulevé certains points d'irrégularités dans la procédure. On a dénoncé l'opacité de l'enquête administrative, nous avons pu le voir lors de réunion de la commission disciplinaire, nous n'avons pas pu savoir le nom de la plaignante. »

... http://www.lanouvellerepublique.fr/Vien ... te-2349692
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