Onfray

Re: Onfray

Messagede BLACKPANTHER le Jeu 17 Juin 2010 17:10

Ce qui m'énerve,dans tout cela,c'est que c'est devenu
une mode de taper sur Freud, en ce moment.....

On peut critiquer Freud,certes,mais n'oublions pas
ce qu'il a apporté à la psychiatrie - notamment.
La psychanalyse est d'abord une méthode.
Elle sert à aider le Patient à verbaliser le Refoulé.
La critique radicale de l'Asile et l'Antipsychiatrie
doivent beaucoup à FREUD et FOUCAULT - entre autres.
Avec l'apport de LAING & COOPER & les expériences de la Clinique de LABORDE.


Tout cela me rappelle la période 1978-1979-1980
pendant laquelle les "Nouveaux Philosophes" ( BHL - GLUCKSMANN & Cie) se sont fait
connaitre en assimilant les "LUMIERES" du XVIII ème siècle et
tout ce qui a suivi au Goulag et
au Génocide perpétré par les Khmères Rouges de 1975 à 1979.
En gros: "VOLTAIRE-ROUSSEAU-REVOLUTION FRANCAISE=GOULAG+boat people".

Sans pour autant mettre un signe "égal" entre BHL-GLUCKSMANN & ONFRAY.
Je n'irai pas jusqu'à insulter ONFRAY.


A qui profite le crime?
BLACKPANTHER
 

Re: Onfray

Messagede BLACKPANTHER le Jeu 17 Juin 2010 17:44

Vu la dérive ultra-sécuritaire de la psy (UHSA,caméras etc...),
je penses avoir ma petite idée là-dessus.....

DOM (infirmier en psy)
BLACKPANTHER
 

Re: Onfray

Messagede fabou le Jeu 17 Juin 2010 18:03

Source : http://blog.agone.org/post/2010/01/25/L ... -President
Le libertaire du Président

Sur l’alternative au capitalisme selon Michel Onfray
Certains de ceux qui s’aventurent encore, par curiosité sinon par masochisme, à lire le journal de révérence qu’est Le Monde se sont déclarés atterrés par la lettre ouverte adressée, le 25 novembre 2009, par Michel Onfray à Nicolas Sarkozy qui venait d’exprimer son désir de voir les cendres d’Albert Camus transférées au Panthéon.
Il faut dire que notre chantre hexagonal de l’« hédonisme libertaire » n’y était pas allé de main morte. Non content de prendre au pied de la lettre et pour argent comptant la énième profession de foi démagogique du président de la République, il le mettait au défi de mettre ses actes en accord avec ses paroles en le sommant d’inscrire dorénavant son combat « dans la logique du socialisme libertaire » dont Albert Camus aurait été, si l’on en croit Onfray, l’une des figures majeures. « En agissant de la sorte », certifiait ce dernier pour clore sa supplique, Nicolas Sarkozy se trouverait « à l’origine d’une authentique révolution qui nous dispenserait d’en souhaiter une autre ».

Ne seront cependant surpris par cet étalage d’infatuation et de servilité que ceux à qui avait échappé, deux ans auparavant, le « dialogue », pourtant fortement médiatisé, opposant comme larrons en foire le philosophe et le futur président de la République dans l’un des salons confortables du ministère de l’Intérieur, où le patron des flics de France avait invité son libertaire à un petit déjeuner pour débattre, entre autres, de l’existence de Dieu et de la différence entre le Bien et le Mal[1]. À lire la présentation que fit par la suite Onfray de cette rencontre au sommet de l’ineptie et de la cuistrerie, avantageuse pour lui et reproduite par ses soins sur plusieurs sites Internet, l’incompatibilité de la vision du monde des deux zigotos serait totale. La suite devrait néanmoins permettre d’en douter.

On sait que, jour après jour, la criminalisation des formes non homologuées par l’État de résistance à l’ordre capitaliste progresse à pas de géant[2]. Elle a revêtu un aspect aussi spectaculaire que grotesque avec la rafle opérée le 11 novembre 2008 sur le plateau des Millevaches d’un prétendu groupe de terroristes virtuels qui avaient osé mener une vie non conforme à cet ordre, avec, circonstance aggravante, l’assentiment et l’appui de la population locale. Or, voilà qu’un philosophe, tendance hédonisto-égologique, très coté dans les salons libertaires et les salles de rédaction des grands médias, quand ce n’est pas dans les palais de la République, n’avait rien trouvé de mieux que de jouer les Monsieur Loyal dans ce show sécuritaire en traitant ces jeunes dissidents de « rigolos », « crétins » et « adolescents attardés »[3]. Comparons avec la réaction d’un autre philosophe, italien celui-là, qui prenait leur défense, discernant en eux de nouvelles victimes de « lois et de mesures de police qu’on aurait autrefois jugé barbares et antidémocratiques », n’ayant « rien à envier à celles qui étaient en vigueur en Italie durant le fascisme »[4].

En fait, les « rigolos », les « crétins » et autres « adolescents attardés » n’étaient pas à rechercher du côté d’un village perdu de Corrèze. Mais bien plutôt dans les salles de rédaction, les studios de radio ou sur les plateaux de télévision parisiens où le rocambolesque storytelling antiterroriste concocté par la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur) avait fait saliver les journaleux du Parti de la presse et de l’argent au point de leur faire oublier les rudiments les plus élémentaires de ce qui est supposé être leur métier. Sans doute est-ce parce qu’il est devenu un assidu de ces hauts lieux de la désinformation que le philosophe français mentionné plus haut en est venu à gober sans broncher les fariboles du premier plumitif venu. « La présentation des faits par les médias, relayant à chaud, faute de mieux [sic], la version policière ne semblait faire aucun doute », expliquera-t-il peu après à Libération en guise d’excuse[5]. Sans s’apercevoir qu’il ne faisait qu’aggraver son cas. Car, fût-il autoproclamé, comme c’est souvent le cas, un « libertaire » est tout de même censé savoir que la presse de marché n’a jamais répugné à relayer, quand elle ne les anticipe pas, les mensonges les plus éhontés des pouvoirs en place.

Il faut dire qu’à cet adepte d’une « gestion libertaire du capitalisme », selon ses propres termes, la critique radicale dont ce dernier fait l’objet est toujours demeurée totalement étrangère. La veille du raid des encagoulés sur Tarnac, il faisait encore part aux téléspectateurs d’une chaîne publique de son opinion à propos du capitalisme, réduit par lui à « un mode de production de richesses qui suppose la propriété privée. Qui peut être contre ? Comment peut-on être contre ? », feignait-il de s’interroger[6]. Que cette propriété privée soit celle des moyens de production, et que ladite richesse ne soit pas autre chose que de la plus-value extorquée aux prolétaires sur la base du travail salarié, ne paraît pas effleurer le conscience de notre philosophe. Qui parle d’« exploitation » ? Pas lui, en tout cas. Et pour cause.

Le Monde libertaire vient de publier un « hors série » de fin d’année où figure, en cahier central, une série de points de vue, émanant de lecteurs de ce journal, censés répondre à la question « Quelle alternative au capitalisme et à la social-démocratie ? »[7] Interrogation qui a dû paraître bien saugrenue à notre rebelle de confort. Parmi ces points de vue, en effet, on trouve, outre le mien[8], celui de Michel Onfray. Or, cet anarchiste couronné se déchaîne, avec une fougue digne d’un BHL, d’un André Glucksman ou d’un Alexandre Adler, contre le marxisme, « qui a montré ses limites dans ses grandes largeurs » ; contre le « communisme pour demain », qui « a surtout prouvé la dictature pour aujourd'hui » ; et contre « ces prétendus révolutionnaires, animés la plupart du temps par le ressentiment doublé d’une forte passion pour la pulsion de mort ».

Onfray en profite pour nous resservir en prime sa conception d’un « socialisme libertaire » qui aurait l’« avantage de mettre le prétendu révolutionnaire au pied du mur », car non seulement un « capitalisme libertaire est possible », mais il est, pour ainsi dire, inévitable puisque, toujours selon notre fonctionnaire de l’incorrection politique, « le capitalisme est aussi vieux que le monde et durera autant que lui », donc compatible avec « une perspective de révolution concrète libertaire ».

Telle serait donc cette « authentique révolution qui nous dispenserait d’en souhaiter une autre » qu’Onfray avait donné pour mission de réaliser à Sarkozy. Dans quel sens ? Les gens intéressés pourront découvrir la réponse, aussi indigente que prétentieuse, dans le reste de l’article.

Faut-il laisser passer sans réagir une profession de mauvaise foi qui témoigne à la fois d’une ignorance crasse de ce qu’est le capitalisme (et la pensée marxienne, confondue avec l’idéologie marxiste) ? Faut-il laisser fleurir ces illusions mêlées de couardise typiques du néo-petit-bourgeois qui rêve d’en finir avec la domination sans avoir à s’affronter avec les dominants ?

Onfray libertaire ? À lire ou à entendre ses propos, ce serait plutôt Onfray-mieux-de-se-taire.

Jean-Pierre Garnier
——
Jean-Pierre Garnier est notamment l'auteur de Une violence éminemment contemporaine. Essais sur la ville, la petite-bourgeoisie intellectuelle et l'effacement des classes populaires à paraître en mars 2010 aux éditions Agone.

Notes
[1] Entretien Onfay-Sarkozy, Philosophie magazine, n° 8, mars 2007.

[2] On s’en convaincra en lisant l’ouvrage roboratif récemment paru de Claude Guillon, La Terrorisation démocratique, Libertalia, 2009.

[3] Michel Onfray, Siné hebdo, 19 novembre, 2008.

[4] Giorgio Agamben, Libération, 19 novembre 2008.

[5] Michel Onfray, « Rebonds », Libération, 3 décembre 2008.

[6] Michel Onfray, « Mots croisés », France 2, 10 novembre 2008.

[7] Le Monde libertaire, 29 décembre 2009-22 février 2010.

[8] Il s’agit du texte « Renouer avec un anticapitalisme assumé ».
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Re: Onfray

Messagede Alayn le Ven 18 Juin 2010 00:59

Bonsoir ! Ah mais je vois que tu as lu ou du moins tu fait un papier-peint collé (arf !) de Jean-Pierre GARNIER fabou89 ! Bravo !
Salutations Anarchistes !
[HS: as-tu lu aussi l'excellent livre de Jean-Pierre GARNIER sur les villes, l'urbanisation et l'architecture ?]
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Re: Onfray

Messagede filochard le Sam 14 Aoû 2010 16:04

L'autodafé de Michel Onfray

Monsieur nous explique que le Pouvoir est dialectique : à la fois bon et mauvais.
Monsieur nous explique que l'Etat est dialectique : à la fois bon et mauvais.
Monsieur nous explique qu'il a une sensibilité de droite dès qu'on lui parle d'impots, de taxes, etc. - un peu comme un autre flic, Paul Ariès, qui nous dit qu'il a la même dégoutation du monde qu'un extrémiste de droite, mais que seules les solutions qu'il préconise sont différentes !
Monsieur nous explique que le capitalisme est éternel car sa "base" est la rareté - monsieur cite Marx via les lunettes de Kautsky, entre autres.
Monsieur nous explique que "capitalisme autogestionnaire" ce n'est pas contradictoire - ce qui n'est pas si "faux"... mais pas dans le sens qu'il le dit.
Bref, si vous voulez évitez de vous taper deux heures de bafouilli, sautez directement au parties 7, 9 et 10 de la conférence, c'est démentiel ! Les apprentis ethnologues et anthropologues n'en reviendront pas ! Michel Onfray est le Génie du Village !

Cette conférence d'Anthologie, intitulée" Engagement, militantisme et plaisir, " est disponible là : http://www.dionyversite.org/liste-enreg ... f=08-12-H1

Votez Onfray en 2012 !
TRAVAILLER ? JAMAIS ! JAMAIS ! JE SUIS EN GRÈVE ! LE TRAVAIL EST CE QUE L'HOMME A TROUVE DE MIEUX POUR EXTERMINER LES JUIFS !!!
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Re: Onfray

Messagede filochard le Dim 28 Nov 2010 18:35

Aux gardiens du temple anarchiste (1)

Michel ONFRAY

[…] Encore une lettre d’anarchiste au courrier. Tonitruante, elle commence avec un magistral camarade et se poursuit comme nombre de ses semblables par l’habituel exercice d’immodestie de son auteur qui place sa missive sous le signe d’un bien qu’il m’apporte, d’un éclairage proposé gratuitement, afin de m’affranchir et me rendre moins sot, de m’offrir une chance d’avoir enfin une conversation avec une personne de qualité. La suite coïncide en tous points avec le contenu de celles qui depuis longtemps rejoignent ma poubelle qui déborde en permanence : on distribue des bons et des mauvais points, plutôt des mauvais d’ailleurs ; on pointe des manques regrettables, on souligne des absences monumentales-comment peut-on avoir le front de ne pas citer le tract paru en 1972 à la Fédération anarchiste du Cantal ? un événement dans le département cette année-là ! -, on dénonce un grave défaut de culture, de cette culture dont disposent les seuls abonnés aux bulletins ronéotés ; on utilise la morale comme jamais pour agir en mixte d’instituteur habitué du crayon rouge et de prêtre représentant la Parole autorisée sur terre ; enfin, on donne des leçons.

Étrange comme "Politique du rebelle", qui développe une théorie de l’action libertaire dans le moindre détail de la vie quotidienne, a été fustigé, entre autres, aussi bien par un journaliste imbécile et sentencieux appointé dans un quotidien du soir que par les gardiens du temple anarchiste, pour ne pas fournir de perspectives concrètes alors que ce livre incite chacun à inventer les formes de l’anarchie dont je propose une formule générale : refuser de suivre tout autant que guider, s’interdire l’obéissance aussi bien que le commandement, ne pas consentir aux logiques sociales de domination et de servitude, enfin n’user du pouvoir qu’en dernière instance pour éviter l’emprise d’un autre. Peut-on être plus clair dans ses invites ? Faut-il un bréviaire pour envisager l’ensemble des mises en œuvres concrètes ? Un catéchisme utile pour tous les cas répertoriés ?

Les critiques les plus violentes de cette option libertaire-versus politique de l’hédonisme viennent des anarchistes encartés, des militants regroupés en sections, des apparatchiks du dogme conservé plus pieusement que le Saint-Sacrement. Jamais je n’aurais cru mériter si violemment l’excommunication ou imaginé devoir faire face à tant de procès en hérésie sous le drapeau noir. Dans des revues spécialisées, à Radio-Libertaire, dans des conférences à Grenoble, à Rouen ou à Lyon- terre historique pour ses questions-, dans nombre de lettres, toujours on m’a voué aux gémonies et promis la guillotine avec les mêmes arguments, les mêmes méthodes, les mêmes reproches. En matière de procès subtils, la nébuleuse anarchiste officielle vaut le Vatican de l’Inquisition, le Kremlin de l’époque bolchevique, le Berlin des années national-socialistes ou la rubrique média des journaux de l’époque capitaliste dans laquelle nous vivons-les moyens de nuire en moins : on ne pense pas, on exécute ; on ne réfléchit pas, on condamne ; on instruit moins des dossiers avec patience et travail qu’on envoie a priori dans les geôles, avant tout examen sur texte et lecture digne de ce nom.

Je ne vois dans cette débauche de critiques qu’une confirmation de mes présupposés consignés dans le livre incriminé : la pensée anarchiste s’est fossilisée, elle ressasse, elle réédite les professions de foi ancestrales et canoniques, elle ne vit pas, mais survit, tant bien que mal, à l’aide de quelques vérités révélées sur le mode du catéchisme scientiste et rationaliste du XIXème siècle, elle subsiste en vertu d’un acharnement thérapeutique idéologique entre les mains de Diafoirus Colériques. Derrière les grandes figures anarchistes et les tempéraments emblématiques de cette histoire puissante, les nouveaux kapos refusent une place à la modernité libertaire.

Après Bakounine et Proudhon, on devrait se réjouir d’Elisée Reclus et Sébastien Faure, de Daniel Guérin ou de Louis Lecoin ? Peu excitant… Qui donc, pour aujourd’hui ? Les anarchistes répondent : rien, sinon une pléiade de noms confidentiels, tous du sérail, reproducteurs des tics universitaires, des auteurs d’articles ou de livres auto-édités, des militants exercés dans l’édification de leur chapelle accrochés aux dogmes comme à un ventre maternel impossible à quitter. Pourquoi donc taire les noms de Henri Laborit et de Paul Feyeradend, de Jean Dubuffet ou de John Cage, sinon de Marcel Duchamp et de Noam Chomsky ? Parce que la vulgate ne les a pas encore incorporés et qu’elle piétine à Mai 68 sans que personne dans la famille ait écrit avec assez de conviction le chapitre qui permet de faire se rejoindre les barricades du Quartier latin et les résistances fin de siècle à la mondialisation.

La psychologie de nombre d’anarchistes d’aujourd’hui coïncide très étrangement avec celle des premiers chrétiens : ils triomphent en individus sectaires, grégaires, en hommes de tribus et de castes animées par un profond désir de donner leur vie pour une cause qui les instrumentalise. Haine de soi, haine du monde, haine du réel et installation de l’idée, de la cause au sommet des préoccupations éthiques, métaphysiques et ontologiques, ils jouissent de se mettre au service, ils jubilent de n’être rien individuellement et de sacrifier leur existence propre pour accélérer et réaliser le jour et l’heure du salut. Leur mépris du collectif qui n’est pas eux se double d’une célébration du collectif alternatif qu’ils opposent au monde comme il va : leur petit univers, élargi aux dimensions du monde, leur association étique, boursouflée, étendue aux confins de l’univers.

Leur moteur ? Le ressentiment et une formidable passion perverse pour le négatif, un véritable culte voué à la négativité. Leur logique ? Celle qui anime tous les individus mécontents d’eux, de leurs petites vies sans relief. Comme les chrétiens, ils transfigurent leur haine de soi en haine du monde. L’envie, la jalousie les taraude, mais plutôt que de l’avouer, ils concentrent leur mépris sur la totalité du réel qui les opprime et les confine. A la manière du renard et des raisins d’Esope, ils détestent d’autant plus qu’ils sont privés. Plus ils se découvrent interdits de jouir du monde, plus ils dirigent leur violence contre ce monde.

En quoi ils sont encore chrétiens, en quoi ils se réduisent à une version du christianisme : dolorisme, culpabilité, incapacité à jouir et à faire jouir, volonté d’inscrire en permanence son existence sous le signe de l’expiation des péchés du monde, de la douleur des autres, de l’empathie généralisée, de la sympathie pour la créature opprimée partout ou elle souffre, ils jouissent de ne pas jouir, de se retenir, de se l’interdire. Ainsi s’assurent-ils de ne jamais jubiler et de connaître une vie entière de frustration et de haines recuites puisque toujours il restera sur terre de la douleur, de la souffrance, de l’exploitation, de la peine-car c’est malheureusement l’essence du réel.

En victimes expiatoires laïques de tout le négatif du monde, les anarchistes intégristes s’assurent une belle carrière dans le masochisme et le moralisme ; en martyrs du capitalisme planétaire, ils se préparent de beaux jours dans les domaines fréquentés par la psychiatrie –tropismes paranoïaques, délire de la persécution, accès maniaques, névroses obsessionnelles et tout le saint-frusquin habituellement associé à la biographie des saints du calendrier chrétien : eux seuls disposent de la vérité révélée, et le monde entier se trompe, eux seuls se comportent comme il faut, et les autres sont des collaborateurs, des opportunistes, des arrivistes, des carriéristes, des bourgeois, des salauds, des corrompus, eux seuls sont purs alors que l’humanité se vautre dans l’impureté. Le vrai, le juste, le beau, le bien d’un coté, le leur ; le faux, l’injuste, le laid, le mal de l’autre. En quoi ils s’avèrent également platoniciens, tendance gnostique.

De sortes que les anarchistes vivent en parasites : le négatif est nécessaire à leur existence, il induit leurs thèses, leurs thèmes et leurs options. Le monde comme il va les justifie, les légitime. A la manière d’un animal agrippé puis incrusté dans l’organisme d’un autre, ils se nourrissent du sang vicié de la société, l’appellent, le nécessitent, le sollicitent. L’état d’âme qui les caractérise le mieux ? Celui du prédateur d’évènements sombres. Sur le mode christique, ils en appellent à la négativité de l’univers capitaliste pour le rédimer à la manière dont le Christ prit naguère en charge l’ensemble des péchés du monde : les guerres, les famines, les misères, les exploitations, les aliénations, les totalitarismes, les massacres, les déportations, les déforestations, l’industrialisation, le commerce, la brevetabilité du vivant, le colonialisme, la technoscience, tout ceci fournit le pain bénit des contempteurs du monde investis dans la seule recherche des occasions d’entretenir leur machine réactive. Leur but ? Supprimer la négativité-pourtant consubstantielle au réel. Défendu aveuglément aujourd’hui, l’anarchisme d’hier est un optimisme, parmi les plus naïfs et les plus sommaires.

Car malgré leurs pétitions de principe, leur messianisme christique, leur art de jouir de toutes les négativités possibles et imaginables, le réel dure et persiste dans sa substance. Et les contorsions anarchistes n’y changeront rien, pas plus qu’elles n’ont changé quoi que ce soit de fondamental dans l’histoire du monde. Leur méthode ne parvient qu’à une chose : assurer la jouissance des militants dans la componction, la sympathie, le condouloir à l’endroit de tout ce qui souffre dans l’humanité entière, passée, présente et future. Orgueil de se croire investi d’une mission de purification, de régénération de l’univers à soi seul ! Présomption d’imaginer sa petite vie de militant utile et nécessaire dans la perspective d’une modification du réel tout entier ! Arrogance de penser qu’une volonté singulière pourra à elle seule entraver les lois de l’espèce, de l’histoire et du monde ! Orgueil, présomption et arrogance, ces vertus chrétiennes par excellence dissimulées sous le voile de l’altruisme, de l’amour du prochain, de la fraternité généralisée, de l’humilité, de l’abnégation militante…

La morale de l’anarchiste, tout comme sa psychologie, trahit le christianisme recyclé en formules laïques et en formes politiques. Elle suppose la haine de tout ce qui est fort, grand, élégant, debout ; elle méprise la singularité, l’individualité et la puissance des exceptions ; elle vénère les figures de la négativité : la faiblesse, la petitesse, la laideur ; elle aime la mort, la crasse, le sang, la sueur, la saleté, la décomposition. Sa figure emblématique ? L’ouvrier reconstruit par ses soins. Non pas l’ouvrier réel qui souffre et se tue au travail, mais l’idée d’ouvrier échafaudée par celui qui ne le connaît pas, ne le fréquente pas, ne l’aborde jamais mais le rêve.

L’ouvrier platonicien, celui auquel il faut s’adresser, celui pour lequel il faut penser, celui à qui il s’agit de destiner les lignes de ses ouvrages. Celui qu’on me renvoie à la figure en permanence sous prétexte que mes livres-Politique du rebelle en particulier-seraient écrits avec des tournures trop sophistiquées, des mots trop compliqués, des références trop pointues.

Devrait-on écrire un livre anarchiste avec des mots et des façons ouvrières, des syntaxes prolétariennes et du vocabulaire populaire ? On sait à quelles extrémités littéraires, intellectuelles et politiques ont été acculés ceux qui, nazis et bolcheviques, fascistes et maoïstes, revendiquaient l’indexation de la création livresque sur la capacité intellectuelle de la classe ouvrière. On n’édifie jamais les ouvriers quand on s’évertue à les entretenir dans l’indigence à laquelle certains les contraignent. Je souscris au projet aristocratique d’édification des exclus du savoir, mais je refuse le projet démagogique auquel la plupart souscrivent, droite et gauche confondus, anarchistes compris, en servant aux victimes du système des brouets intellectuels insipides et des soupes culturelles tièdes.

Je sais trop- pour en provenir et y avoir toujours un frère et son épouse- à quoi ressemble le monde ouvrier (avec une minuscule : l’ouvrier réel, concret, incarné, sacrifié par les puissants), pour consentir à la mythologie aujourd’hui réactivée par les anarchistes orthodoxes de l’Ouvrier comme figure idéale à laquelle il faudrait songer en construisant ces livres. On ne méprise pas mieux ces exclus qu’en les entretenant dans une culture bas de gamme, prolétarienne, indigente. Je ne veux pas descendre mes propositions jusqu’à eux car cet exercice indigne et méprisable suppose trop de déférence à leur endroit ; en revanche, tout reste à faire pour leur permettre de se hisser jusqu’aux hauteurs toujours exigibles par une pensée qui dépasse un tant soi peu les étiages sommaires.

Combien d’anarchistes- et pas seulement eux- me reprochent donc le style, la forme, le ton ! Syntaxe bourgeoise, vocabulaire élitiste, propos intellectuels- intellos, plus précisément-, écriture absconse, références d’initiés, les critiques ne manquent pas. On trouve ainsi dans la tradition anarchiste ouvriériste une option anti-intellectuelle violente qui toujours a fournit un fonds de commerce au fascisme en gestation : la haine de la culture, l’invite à brûler les musées, le mépris du style, la vindicte à l’endroit de l’écriture, la condamnation des bibliothèques précèdent toujours de très prés la critique faite à un philosophe de travailler avec ses outils. La volonté politique de table rase m’effraie, me donne des frissons, les autodafés se fomentent dans l’ombre de pareilles imprécations.

J’aime la culture, les mots, le verbe, j’aime la langue française, les références intellectuelles, artistiques et musicales de l’Occident, je préfère l’écriture d’un styliste à celle d’un journaliste, je ne trouve pas contradictoires ou antinomiques une position anarchiste personnelle et une passion pour la culture classique, je hais quiconque se sert du savoir pour durcir l’opposition entre les classes sociales et marquer de plus grandes distances entre lettrés et privés de lettres, je chéris plus que tout les valeurs de l’esprit et me méfie des propositions alternatives qui en appellent à la simplicité, à la rudesse, à la rusticité, à la vérité du monde ouvrier ou de l’univers paysan. Trop peu d’affection pour les pétainisme de droite et de gauche…

Je n’écris donc pas pour les bourgeois, ni pour les ouvriers, et ni les uns ni les autres, à mes yeux, ne disposent de l’arbitrage exclusif des élégances intellectuelles, culturelles et philosophiques. Je n’écris pour personne en particulier, mais pour qui se sent concerné par le propos que je tiens ici dans un livre, là dans un article, ailleurs dans une conférence. Je propose, on dispose. Le tout librement. Je n’aspire pas à édifier les masses, à faire école, à générer des clones idéologiques, encore moins à préparer la révolution ou annoncer son imminence. Je n’écris pas pour ceux qui ne savent pas lire, ne veulent pas lire et se refusent à l’évidence : la lecture de la philosophie, tout comme la pratique d’un instrument de musique, d’une langue étrangère ou d’un art ne s’improvise pas. Qu’on le déplore ou non n’y change rien…

Ne laissons pas la langue et la philosophie aux reproducteurs du système social qui le confortent, lui donnent des raisons d’exister et de se perpétuer sous ses formes brutales ; N’abandonnons pas les mots et les idées aux personnes qui cherchent plutôt à dissimuler les contradictions sociales qu’à lutter contre elles ; Ne renonçons pas à la culture critique, à l’esprit des Lumières, à l’armement intellectuel et culturel ; Relisons Gramsci et consentons à l’une de ses trouvailles politiques majeures : la culture fournit la première arme de (re)conquête du réel à ceux qui en sont exclus. L’anarchiste qui tourne le dos à la culture classique-style, syntaxe, références- se condamne à un esclavage sans rémission, à une aliénation perpétuelle.

Moralisateurs les anarchistes intégristes le sont également sur la diffusion de mes livres. Bien pour Radio-Libertaire, excellent pour le fanzine lycéen, merveilleux pour le tract de quartier, mais mal, très mal, très, très mal pour la télévision, la radio et la grande presse dites bourgeoises. La haine de la télévision travaille la plupart des individus d’une manière inversement proportionnelle à leur chance d’y passer un jour. Comme les probabilités d’y voir l’un de ces sermonneurs paraissent minces, on imagine la grandeur de leur mépris du média télévisuel. D’où leur lecture simple, sommaire et définitive : écrire un livre dans lequel on formule une proposition anarchiste contemporaine, puis en parler à la télévision, c’est se vendre, se damner, devenir une crapule méprisable, et viser les bénéfices sonnants et trébuchants consécutifs au passage dans telle ou telle émission.

Soit on écrit, on publie et l’on accepte le jeu qui consiste à rendre publiques les idées défendues dans un livre sur un plateau de télévision, devant le micro d’une radio, dans les colonnes d’un journal, à la tribune d’une chaire, au zinc d’un bar de nuit, pourvu qu’on ne se fourvoie pas dans des lieux radicalement incompatibles avec le message délivré ; soit on s’interdit par principe les médias, mais alors pourquoi publier et ne pas se contenter de conserver ses manuscrits dans des cartons ? Si l’on croit à ses idées, on doit les défendre partout ou elles peuvent être entendues, saisies, diffusées, comprises. D’où l’obligation de déborder la secte et d’aller au-devant de lecteurs nullement acquis, a priori, à ces idées. Quel intérêt de prêcher dans une chapelle de sectaires déjà convaincus ?

Enfin et j’en termine avec le portrait de l’anarchiste intégriste, je voulais dire comment sa psychologie réactive et sa morale moralisatrice débouchent immanquablement sur une politique confinée au rabâchage de l’histoire sainte, du martyrologe et de la dogmatique libertaires. Plus scolastique qu’un anarchiste de cet acabit semble impossible… Car chez eux les classiques se lisent une plume à la main, un encensoir dans l’autre, à la façon du sorbonagre. On aborde le corpus avec la précaution d’un clerc tonsuré, on consent aux filiations orthodoxes, aux mots d’ordre de la profession, aux histoires figées de la tribu, à sa vulgate intellectuelle : Godwin le créateur, Proudhon le fondateur, Stirner l’individualiste, Marx le méchant autoritaire, Bakounine le bon libertaire, Kropotkine le prince rouge, Makhno la pureté, Sacco et Vanzetti les victimes, etc.…

Lire librement- en libertaires…-, voilà une hérésie. Les doctrinaires du drapeau noir agissent à la façon des universitaires les plus sclérosants, en interdisant l’originalité, la singularité, l’invention. D’où le catéchisme anarchiste, essentiellement construit sur des refus et des négations : anti-Nation, anti-Etat, anti-guerre, anti-vivisection, anti-nucléaire, anti-violent, anti-militarisme, anti-capitaliste, anti-modernité, anti-technique, etc. En conséquence les anarchistes imbibés de pensée dix-neuvièmiste campent sur des positions qui ne souffrent pas l’analyse, la discussion, la précision, la réflexion et la contradiction. L’argument d’autorité triomphe : on prend ou on laisse.

De sorte que s’entendent encore et toujours aujourd’hui les vieilles scies militantes d’hier et d’avant-hier : cosmopolitisme des citoyens du monde, fraternité universelle, abolition des classes et des races, disparition du travail et du salariat, suppression du capitalisme, pulvérisation de toutes les aliénations, égalitarisme radical, suppression des différences, uniformité généralisée, construction d’une société naturelle d’hommes heureux de vivre ensemble, avènement de loisirs généralisés, réalité purifiée des scories haineuses et mortifères ; autant dire- s’en aperçoivent-ils ? - instauration du paradis chrétien sur terre laïque…

Que la nation soit parfois une garantie libertaire contre la mondialisation libérale ! Que la guerre s’avère parfois nécessaire, ne serait-ce que pour en finir avec un impérialisme conquérant de type fasciste, comme avec les hitlériens occupant la France de 1940. Que l’Etat puisse devenir un instrument défendable entre les mains de ceux qui en feraient moins l’instrument du capital que celui de l’idéal libertaire ; Que le nucléaire civil a produit plus de fantasmes hystériques jusqu’alors que de morts ; Que les militants intelligents et cultivés valent mieux que des anarchistes imbéciles et incultes ; Que milles souris disséquées valent moins qu’un être humain sauvé ; Que la violence défensive est préférable à la non-violence active- ainsi de la Résistance française au nazisme ; que le capitalisme social paraît défendable comme remède au capitalisme libéral et que l’alternative n’est pas capitalisme ou soviètisme ; Que les progrès de la technique contemporaine valent mieux que les regrets nostalgiques et passéistes ; voilà qui n’effleure pas l’anarchiste intégriste.

Et pourtant, les mouvements du monde obligent à reconsidérer la pensée libertaire à la lumière du XXème siècle et de ses leçons : des guerres, des génocides, des totalitarismes, des violences, des exterminations. Le monde qui a donné lieu à l’anarchisme de grand-papa est mort ; ceux qui s’en réclament encore font sourire les ennemis qu’il s’agit de combattre, tant ils ne représentent qu’eux-mêmes mais en aucun cas un danger quelconque pour l’ordre des puissants. Que disait Politique du rebelle ? Que la politique libertaire d’aujourd’hui passe par la volonté d’en finir avec l’idée préhistorique de révolution collective et prolétarienne ; qu’elle suppose l’abandon de cette croyance ridicule que la disparition de la propriété privée des moyens de production et la réalisation de l’appropriation collective desdits moyens règleraient l’ensemble des problèmes ; qu’elle exige une nouvelle théorie du pouvoir, non plus monolithique, étatique et marxiste, mais polymorphe, généralisée et foulcadienne ; qu’elle actualise, en vertu de la fin des grands discours, l’invite deleuzienne au devenir révolutionnaire des individus ; qu’elle suppose moins l’indexation sur une raison messianique que sur une mystique de gauche, viscéralement entendue comme un tropisme épidermique qui force à se trouver aux cotés des résistants, des insoumis et des rebelles à tout l’ordre dominant, le tout dans des formes contemporaines.

Pas de recettes avait écrit l’imbécile du journal, pas de trucs, ni de mode d’emploi. Or il n’y avait que cela dans ce livre : nécessité de déchristianiser, réaliser le primat de la politique sur l’économie, réactiver un nietzschéisme de gauche, enseigner un athéisme politique, formuler une mystique immanente, achever Mai 68, préciser les contours d’un sur humanisme libertaire, revitaliser l’action subversive, dépoussiérer le luddisme, célébrer l’association de forces oppositionnelles, inventer des micro-insurrections, tendre vers l’individu souverain, restaurer les Lumières et construire pour chacun sans qu’aucune consigne soit susceptible d’être donnée-par un libertaire ! - et valant pour tous. Trois cent cinquante pages me permettaient de détailler…

Les leçons quintessenciées ? Des propositions de ré appropriation de soi par soi. A chacun d’inventer sa résistance aux micro-fascismes rencontrés par lui seul ; à chacun de promouvoir ses méthodes pour s’in soumettre et ne pas collaborer aux mouvements violents du monde, s’y soustraire et construire plutôt un hédonisme politique dans sa vie propre ; A chacun de chercher et trouver sa voie pour réaliser personnellement ce projet excitant et roboratif dans son quotidien immanent ; à chacun de créer des formes de désobéissance, d’inertie, de refus, de désertion, là où il est, dans sa situation spécifique- familiale, culturelle, intellectuelle, sociale, etc. ; à chacun de pratiquer ici et maintenant le refus de suivre autant que de guider ; à chacun de ne plus consentir aux servitudes volontaires dans lesquelles se trouvent habituellement des satisfactions sociales.

Je ne m’installerai pas derrière chacun pour donner des leçons, juger, commenter, inciter, noter, distribuer des bons ou des mauvais points. Loin de moi l’idée de dire à autrui ce qu’il faut faire, comment, avec qui, et de quelle manière on peut être libertaire. Je me vois mal édicter une théorie figée de l’anarchisme, un genre de doctrine sociale valable demain, car j’ai dit mon anarchisme assimilable à un comportement libertaire individualiste (refuser de subir et d’exercer les pouvoirs) praticable dans toute société, quelle qu’elle soit, indépendamment du temps, du lieu et de l’histoire, aujourd’hui, ici et maintenant, dés qu’on décide de s’y mettre. Etre anarchiste, c’est refuser systématiquement l’exercice du pouvoir dans l’intersubjectivité, sauf pour se défendre d’une violence qui menace de nous atteindre, de nous anéantir et de réduire notre identité.

De sorte que je préfère recevoir les lettres qui me sont adressées que les écrire, et que je choisis plus volontiers d’essuyer ces critiques et ces insultes, ces attaques et ces condamnations que de les proférer. Je veux bien, aux yeux de ceux-là, être inculte, suppôt du capital, petit-bourgeois, opportuniste, mondain, imposteur, intéressé, pourri, mercantile, affairiste et, bien sûr, nazi, fasciste, stalinien et révisionniste- oui, oui, j’y aie droit aussi…Pour ma part, je n’ai jamais utilisé ces recours-là, extrêmes et perfides, pour tâcher d’en finir avec une pensée qui me résiste, m’insupporte ou m’énerve.

L’insulte, le mépris, le reproche du style, de la culture, de la syntaxe, des références, du vocabulaire, la passion pour la négativité, l’indexation de toute son identité sur le ressentiment, la haine de soi transformée en haine du monde, la culpabilité expérimentée à chaque seconde de son existence, dans le détail, la culture militante grégaire, le jeu des adoubements et des excommunications, le rituel sectaire et le doctrinal conceptuel, tout ceci infecte la vie et trahit une étrange dilection pour ce qui détruit, salit. Je n’entends pas l’anarchisme comme une position nocturne, mais comme une proposition solaire.

Au contraire des anarchistes libertaires- et solaires- dont j’aime l’affranchissement et l’incapacité à s’occuper de la vie des autres, à les contraindre et à les blâmer, les anarchistes autoritaires- et nocturnes- de la vieille école me fatiguent. J’ai autant envie de les fréquenter que les chrétiens sirupeux ou les tyrans brutaux, les capitaines d’industrie cyniques ou les journalistes imbéciles- si tout cela ne relève pas trop du pléonasme. Trop tristes, pas assez rieurs, pas assez joyeux ; trop sinistres ; trop prêtres, les gens de cette engeance sont trop soucieux de juger les autres, de les corriger, de les condamner, ils me paraissent trop pourvoyeurs de corde à pendu et de poteaux d’exécution. En fait, trop viscéralement ennemis des libertins diurnes, ils génèrent sur le terreau des civilisations décomposées la graine avec laquelle monte le commissaire du peuple. […]

( 1) In : Michel Onfray. "L’archipel des comètes"

mentionné on RIONS UN PEU...
LES DÉTRACTEURS DE L'ANARCHISME...
LEURS PAUVRES ARGUMENTS... (http://raforum.apinc.org/bibliolib/Bibliolib.html)

http://bibliolibertaire.org/liste2_des_ouvrages.htm
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Re: Onfray

Messagede willio le Dim 28 Nov 2010 19:48

Eh ben dites donc, il est en forme...

J'ai un peu du mal à savoir si je suis dans les anars nocturnes ou solaires mais en tout cas il généralise avec une facilité déconcertante.

Moralisateurs les anarchistes intégristes le sont également sur la diffusion de mes livres. Bien pour Radio-Libertaire, excellent pour le fanzine lycéen, merveilleux pour le tract de quartier, mais mal, très mal, très, très mal pour la télévision, la radio et la grande presse dites bourgeoises. La haine de la télévision travaille la plupart des individus d’une manière inversement proportionnelle à leur chance d’y passer un jour. Comme les probabilités d’y voir l’un de ces sermonneurs paraissent minces, on imagine la grandeur de leur mépris du média télévisuel. D’où leur lecture simple, sommaire et définitive : écrire un livre dans lequel on formule une proposition anarchiste contemporaine, puis en parler à la télévision, c’est se vendre, se damner, devenir une crapule méprisable, et viser les bénéfices sonnants et trébuchants consécutifs au passage dans telle ou telle émission.

Soit on écrit, on publie et l’on accepte le jeu qui consiste à rendre publiques les idées défendues dans un livre sur un plateau de télévision, devant le micro d’une radio, dans les colonnes d’un journal, à la tribune d’une chaire, au zinc d’un bar de nuit, pourvu qu’on ne se fourvoie pas dans des lieux radicalement incompatibles avec le message délivré ; soit on s’interdit par principe les médias, mais alors pourquoi publier et ne pas se contenter de conserver ses manuscrits dans des cartons ? Si l’on croit à ses idées, on doit les défendre partout ou elles peuvent être entendues, saisies, diffusées, comprises. D’où l’obligation de déborder la secte et d’aller au-devant de lecteurs nullement acquis, a priori, à ces idées. Quel intérêt de prêcher dans une chapelle de sectaires déjà convaincus ?


C'est pas tant la forme que le fond qui est critiqué chez lui... et à ça il n'y apporte pas vraiment de réponse... sauf peut-être :


Que la nation soit parfois une garantie libertaire contre la mondialisation libérale ! Que la guerre s’avère parfois nécessaire, ne serait-ce que pour en finir avec un impérialisme conquérant de type fasciste, comme avec les hitlériens occupant la France de 1940. Que l’Etat puisse devenir un instrument défendable entre les mains de ceux qui en feraient moins l’instrument du capital que celui de l’idéal libertaire ; Que le nucléaire civil a produit plus de fantasmes hystériques jusqu’alors que de morts ; Que les militants intelligents et cultivés valent mieux que des anarchistes imbéciles et incultes ; Que milles souris disséquées valent moins qu’un être humain sauvé ; Que la violence défensive est préférable à la non-violence active- ainsi de la Résistance française au nazisme ; que le capitalisme social paraît défendable comme remède au capitalisme libéral et que l’alternative n’est pas capitalisme ou soviètisme ; Que les progrès de la technique contemporaine valent mieux que les regrets nostalgiques et passéistes ; voilà qui n’effleure pas l’anarchiste intégriste.


La nation garantie libertaire, le nucléaire civil qui n'a pas fait tant de morts que ça, il n'a peur de rien. :bourre:
Ca remet un peu les choses au point sur sa pensée. Mais bordel, je dois avoir un petit coté anar intégristo-nocturne. :peur:
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Vous avez cru jusqu’à ce jour qu’il y avait des tyrans ? Et bien ! vous vous êtes trompés, il n’y a que des esclaves : là où nul n’obéit, personne ne commande.
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Re: Onfray

Messagede denis le Dim 28 Nov 2010 20:23

ahaha ! il se dévoile le bougre.

encore qu'il n'a pas trop changé, et c'est déjà Béatrice qui l'avait dénoncé à l'été 2007 !

Ourf!
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Re: Onfray

Messagede hocus le Dim 28 Nov 2010 20:57

Une leçon de mossieur onfray sur l'utilisation de l'épouvantail en rhétorique.

http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89pouv ... torique%29

merci prof.

Et j'ai l'impression que sa lecture de nietzsche est morale, ou qu'il en fait un usage de type moral : "le ressentiment, c'est MAL".

Le fait qu'une une morale soit une morale d'esclave n'est pas pour moi une objection contre celle-ci.

Et n'y a t il pas comme une contradiction entre sa condamnation de la morale chrétienne d'une part, et sa "mystique de gauche, viscéralement entendue comme un tropisme épidermique qui force à se trouver aux cotés des résistants, des insoumis et des rebelles à tout l’ordre dominant", de l'autre ?
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Re: Onfray

Messagede BlackJoker le Dim 28 Nov 2010 22:26

willio a écrit:Eh ben dites donc, il est en forme...

J'ai un peu du mal à savoir si je suis dans les anars nocturnes ou solaires mais en tout cas il généralise avec une facilité déconcertante.

Moralisateurs les anarchistes intégristes le sont également sur la diffusion de mes livres. Bien pour Radio-Libertaire, excellent pour le fanzine lycéen, merveilleux pour le tract de quartier, mais mal, très mal, très, très mal pour la télévision, la radio et la grande presse dites bourgeoises. La haine de la télévision travaille la plupart des individus d’une manière inversement proportionnelle à leur chance d’y passer un jour. Comme les probabilités d’y voir l’un de ces sermonneurs paraissent minces, on imagine la grandeur de leur mépris du média télévisuel. D’où leur lecture simple, sommaire et définitive : écrire un livre dans lequel on formule une proposition anarchiste contemporaine, puis en parler à la télévision, c’est se vendre, se damner, devenir une crapule méprisable, et viser les bénéfices sonnants et trébuchants consécutifs au passage dans telle ou telle émission.


Soit on écrit, on publie et l’on accepte le jeu qui consiste à rendre publiques les idées défendues dans un livre sur un plateau de télévision, devant le micro d’une radio, dans les colonnes d’un journal, à la tribune d’une chaire, au zinc d’un bar de nuit, pourvu qu’on ne se fourvoie pas dans des lieux radicalement incompatibles avec le message délivré ; soit on s’interdit par principe les médias, mais alors pourquoi publier et ne pas se contenter de conserver ses manuscrits dans des cartons ? Si l’on croit à ses idées, on doit les défendre partout ou elles peuvent être entendues, saisies, diffusées, comprises. D’où l’obligation de déborder la secte et d’aller au-devant de lecteurs nullement acquis, a priori, à ces idées. Quel intérêt de prêcher dans une chapelle de sectaires déjà convaincus ?


Ce sont surtout des propos élitistes ( voire phrase en gras) , puant l'idéologie bourgeoise, avec un certain mépris de classe et mépris populaire.

Quand au reste:

Que la nation soit parfois une garantie libertaire contre la mondialisation libérale ! Que la guerre s’avère parfois nécessaire, ne serait-ce que pour en finir avec un impérialisme conquérant de type fasciste, comme avec les hitlériens occupant la France de 1940. Que l’Etat puisse devenir un instrument défendable entre les mains de ceux qui en feraient moins l’instrument du capital que celui de l’idéal libertaire ; Que le nucléaire civil a produit plus de fantasmes hystériques jusqu’alors que de morts ;....


C'est juste de la pensée gauchiste classique. Et c'est même les bases de la pensée sociale démocrate.
Donc en fait il fait juste rire ( surtout son petit ton arrogant et donneur de leçons aussi). Qu'il utilise le mot libertaire ou "anarchisme" pour défendre ses idées en fait une blague à lui tout seul.
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Re: Onfray

Messagede filochard le Mar 30 Nov 2010 23:42

"La haine de la télévision travaille la plupart des individus d’une manière inversement proportionnelle à leur chance d’y passer un jour. Comme les probabilités d’y voir l’un de ces sermonneurs paraissent minces, on imagine la grandeur de leur mépris du média télévisuel. D’où leur lecture simple, sommaire et définitive : écrire un livre dans lequel on formule une proposition anarchiste contemporaine, puis en parler à la télévision, c’est se vendre, se damner, devenir une crapule méprisable, et viser les bénéfices sonnants et trébuchants consécutifs au passage dans telle ou telle émission."


Pour un "philosophe" journaliste haïssant le fascisme télévisuel c'est "surprenant".
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Re: Onfray

Messagede wayra warmi le Mar 30 Nov 2010 23:45

La haine de la télévision travaille la plupart des individus d’une manière inversement proportionnelle à leur chance d’y passer un jour. Comme les probabilités d’y voir l’un de ces sermonneurs paraissent minces, on imagine la grandeur de leur mépris du média télévisuel.

Dommage que Bourdieu soit mort, il aurait su donner du répondant à ce philosophe de comptoir ...
Impossible n'est pas français. Moi non plus.
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Re: Onfray

Messagede filochard le Mer 1 Déc 2010 01:15

Un gars m'avait dit qu'il a écrit un livre sur lui, livre qui se résumait à du """léchage de couilles""" post mortem ; Onfray est donc nécrophile. Paraitrait même qu'il avait reçu une note de soutien de Bourdieu après la sortie de "Politique du Rebelle"... Cool, mais t'aurais pu la scanner et la publier dans "ton" livre Michoo !
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Michel Onfray : Le post-anarchisme expliqué à ma grand-mère

Messagede villeban le Sam 26 Fév 2011 03:27

Le post-anarchisme expliqué à ma grand-mère

Par Michel Onfray. Un coffret de 4 CDs Audio enregistrés au Théâtre du Rond-Point à Paris les 5 novembre 2009 et 20 mai 2010 dans le cadre de la décentralisation de l’UP de Caen à Paris.

- “Le post-anarchisme expliqué à ma grand-mère”, c’est par l’humour que Michel Onfray aborde son introduction à un courant de pensée mal entendu, initié par de nombreux philosophes, qui exprime une volonté de restructurer et réorganiser l’ordre établi et non pas de promouvoir une forme de désordre.
Michel Onfray présente ce cours comme un hors-série de la “Contre-Histoire de la Philosophie” de l’UP de Caen, accueilli pour l’occasion par le Théâtre du Rond-Point de Jean-Michel Ribes, pour valoriser le travail de cette Université Populaire et promouvoir ainsi son idéal de transmission culturelle qui n’a de volonté ni qualifiante, ni diplômante, mais pour seul objectif de transmettre un ensemble de savoir et de réflexions.
Michel Onfray fait partie des philosophes qui posent des questions et donnent à la philosophie toute sa puissance dialectique pour réanimer la société dans son aptitude à débattre.
Patrick Frémeaux

Michel Onfray bouge les certitudes calcifiées dans lesquelles nous-mêmes n’arrivons parfois à ne plus bouger, pour nous dire que tout n est pas vrai et que les dogmes sont souvent des prisons.
Jean-Michel Ribes (Théâtre du Rond-Point)

•éd. Frémeaux & Associés : www.fremeaux.com
•Droits : Frémeaux & Associés
•Réf. FA 5307
•Gencod : 3561302530727
•Janvier 2011

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Re: Michel Onfray : Le post-anarchisme expliqué à ma grand-mère

Messagede tatave le Sam 26 Fév 2011 09:12

PUB -> poubelle
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Re: Michel Onfray : Le post-anarchisme expliqué à ma grand-mère

Messagede abel chemoul le Sam 26 Fév 2011 09:51

pub capitaliste=>poubelle et ban
Tu as 3 secondes, tu m'entends?! 3 secondes pour jeter ce putain de drapeau noir à la con, ou je te fais gicler les yeux des orbites, et je t'empaffe le crâne!
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Re: Michel Onfray : Le post-anarchisme expliqué à ma grand-mère

Messagede Tuxanar le Sam 26 Fév 2011 12:41

Michel Onfray = capitaliste libertaire = opportuniste => pas de pub pour son CD dont le seul but est de violer l'idée de l'anarchisme pour la pervertir avec tout et n'importe quoi.
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Re: Michel Onfray : Le post-anarchisme expliqué à ma grand-mère

Messagede fabou le Sam 26 Fév 2011 15:24

villeban a écrit:qui exprime une volonté de restructurer et réorganiser l’ordre établi et non pas de promouvoir une forme de désordre.

En gros, Michel Onfray veut OPTIMISER le rendement du système marchand.

Ce topic mérite la corbeille.
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Interview d'une militante de la FA, au sujet de vroum : " il me glace carrément le sang "
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Re: Michel Onfray : Le post-anarchisme expliqué à ma grand-mère

Messagede abel chemoul le Sam 26 Fév 2011 15:41

Pur rappel, un article d'Onfray sur le "post-anarchisme" paru dans le ML... quand Onfray réinvente la social-démocratie...
(trouvé sur le site du ML, que vroum adore par-dessus tout)
Le principe de Gulliver : le post-anarchisme ici & maintenant

La domination sans partage du libéralisme, la contamination de ce qui fut une gauche dite socialiste par cette idéologie proliférant comme une tumeur maligne dans le moindre recoin de la société civile, de la psyché de notre société, de l’âme du plus modeste des citoyens, cette domination, donc, a généré un nouveau mode d’exploitation : un mode micrologique.
Le fascisme casqué, armé, botté a fait son temps en Occident. La domination politique s’effectue plus subtilement avec des instruments plus fins et des acteurs moins repérables.
La disparition du fascisme macrologique centralisé et bureaucratique, administratif et étatique, a laissé place à des microfascismes décentralisés et rhizomiques, intersubjectifs et disséminés. Le pouvoir n’est plus dans un lieu spécifique comme l’ont cru les marxistes, il est partout. Dès lors le fascisme n’est plus ici ou là, en des lieux facilement identifiables, mais partout, dans des situations éphémères, provisoires.
Ce nouvel état des lieux contraint à modifier la stratégie politique : le marxisme a montré ses limites dans les grandes largeurs. Le communisme pour demain a surtout prouvé la dictature pour aujourd’hui – et cet aujourd’hui a duré longtemps à l’Est… Le laminage des autres socialismes par le socialisme marxiste a fait long feu. Il s’agit non pas de rompre avec l’idée socialiste mais avec sa seule formule marxiste – ou communiste autoritaire. D’où la nécessité d’aller regarder du côté du socialisme qu’on a dit utopique.
Je distingue le capitalisme du libéralisme et désespère qu’on confonde souvent les deux termes : le capitalisme est un mode de production des richesses dans lequel la rareté constitue la valeur et le libéralisme un mode de redistribution des richesses dans lequel le marché libre fait la loi. Le capitalisme est aussi vieux que le monde et durera autant que lui : nous ne sommes pas tenus de souscrire à la seule définition marxiste qui confine le mot et la chose dans une fourchette historique avec date de naissance dans la période industrielle et date de décès prévue le jour de la révolution prolétarienne…
En revanche, ce capitalisme se coefficiente : le capitalisme néolithique n’est pas le capitalisme financier, qui n’est pas le capitaliste antique des gréco-romains ni sa formule médiévale, encore moins celui qu’on prend souvent pour le seul, le capitalisme industriel. Le problème est donc moins dans le substantif que dans son épithète : capitalisme, certes, mais quel capitalisme ? Capitalisme libéral, non merci.
Proudhon avait prévu cette aventure et proposait non pas une abolition de toute propriété mais celle de ce qu’il nommait l’« aubaine », autrement dit le bénéfice fait par un propriétaire sur la spoliation d’une force de travail qui n’était pas prise en considération et rémunérée dans le salaire. Le fédéralisme, le mutalisme, l’association et autres formes de contrats synallagmatiques volontaires proposés par Proudhon constituent une solution viable pour répondre ici et maintenant, en dehors de toute considération politique millénariste, iréniste, utopiste, apocalyptique.
Un capitalisme libertaire est donc possible. Il suffit qu’on pense de façon dialectique en effectuant un droit d’inventaire sur la belle tradition anarchiste européenne. Ce qui a été pensé par les grands ancêtres afin de répondre aux problèmes posés par le XIXe siècle ne saurait fonctionner sans une réactivation de cette pensée antiautoritaire, immanente, contractuelle et pragmatique qu’est le socialisme libertaire.
Le post-anarchisme nomme aujourd’hui la pensée libertaire qui, ayant pris en considération les leçons du XIXe siècle, effectue un droit d’inventaire et propose une politique pragmatique, concrète, immanente et praticable ici et maintenant.
La politique que je propose suppose ce que je nomme le principe de Gulliver : chacun connaît l’histoire de Swift qui montre comment un géant peut être entravé par des lilliputiens si, et seulement si, le lien d’une seule de ces petites créatures se trouve associé à une multiplicité d’autres attaches. L’histoire de Gulliver illustre à ravir la leçon de La Boétie : « Soyez résolus de ne plus servir et vous voilà libres. » La domination n’existe que par le consentement de ceux qui ne la refusent pas. Si l’on refuse l’assujettissement, et que l’on est assez nombreux pour cela (leçon de l’association d’égoïstes de Stirner…), alors ce pouvoir s’effondre de lui-même, car il ne tient sa force que de notre faiblesse, il n’a de pouvoir que de notre soumission.
Concrètement, il s’agit, d’une part, de ne pas créer les microfascismes que définissent des assujettissements, des dominations, des sujétions, des dépendances, des servitudes, des pouvoirs, d’autre part, de ne pas y consentir. Car la logique domination/servitude n’existe que par la volonté de ceux qui dominent et par l’absence de détermination de ceux qui subissent cet empire. Chaque microfascisme doit être désintégré par une microrésistance.
La révolution n’est donc pas affaire idéale, destinée à produire ses effets demain et permettant aujourd’hui les pires exactions de la part de ces prétendus révolutionnaires animés la plupart du temps par le ressentiment doublé d’une forte passion pour la pulsion de mort, mais possibilité hic et nunc. Cette perspective de révolution concrète libertaire, non autoritaire, opposée au sang et aux armes, à la violence et à la terreur, présente également l’avantage de mettre le prétendu révolutionnaire au pied du mur : il n’a pas le prétexte de la négativité hégélienne pour justifier l’injustifiable dans l’instant au prétexte qu’il prépare le bonheur de demain – qui n’arrive jamais…
Dans l’ordre des choses d’un socialisme libertaire actionné selon la mécanique des microrésistances concrètes, on voit alors le féministe sur le papier, l’antiraciste sous les calicots, l’écologiste des banderoles, l’antifasciste au mégaphone, le révolutionnaire au slogan, tenus d’être féministe dans sa relation amoureuse, antiraciste au quotidien, écologiste dans ses habitudes, ses comportements, ses faits et gestes, antifasciste dans toutes ses relations intersubjectives – avec ses enfants, ses proches, sa famille, ses voisins, ses collègues de travail, ses voisins de table, de transport en commun, ses congénères dans la rue et toute autre situation concrète…
La perspective du « devenir révolutionnaire des individus » – pour citer Gilles Deleuze – trouve ici sa vérité. En politique, l’hédonisme se résume à la vieille proposition utilitariste des Lumières : il faut vouloir le plus grand bonheur du plus grand nombre. Non pas demain, trop facile, trop simple, trop confortable, mais ici et maintenant, tout de suite. Cet impératif présente l’avantage de permettre un tri redoutable dans la masse des rhéteurs. à cette aune, nombre de héros révolutionnaires de papier fondent comme neige au soleil… Restent les subjectivités dignes de considération.

Michel Onfray


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Re: Michel Onfray : Le post-anarchisme expliqué à ma grand-mère

Messagede BlackJoker le Sam 26 Fév 2011 16:59

A l'heure ou les révoltes grondent et se propagent un peu partout, il y en a encore pour nous sortir des discours """libertaires""" ( libéraux de fait ) de défense du capitalisme, parce que le néolibéralisme ne correspond pas à leur petite morale humaniste bourgeoise. Onfray est une merde de ptit intelloc bourgeois, et un ennemi politiquement. Ça doit être dit partout ou ses torchons d'articles foisonnent, histoire qu'on ne lui laisse pas le monopole de la parole """libertaire""". Je crois que je lui préfère encore l'autre con de Zemmour, réac raciste et sexiste qui s'assume comme tel. On voit bien d'ailleurs comme le ML se plait à lui donner de l'importance pour qu'il laisse libre champs à ses thèses et rhétoriques pro-capitalistes, sous couvert de "débat" ou "pluralité des avis". Le ML journal anarchiste? vraiment? Ça doit être moi qui ne suis pas anar alors en fait.

M' enfin ici on est pas en reste. A l'heure ou comme je le disais les révoltes grondent, t'en a toujours pour venir perdre du temps à te raconter leur vie et leurs "connaissances anars" ( dont on se tape éperdument, vive le nombrilisme ) ou pour oser sortir des sujets sur "la violence faite aux hommes". Je ne crois plus au fake en bon et du forme ou au "troll" un peu bêbête, c'est juste de la propagande réac et libérale directe, bien masquée sous des "salutations libertaires" genre tape dans le dos, on est des frères camarades. :gerbe:
Heureusement qu'il reste la section rubrique internationale, la seule réellement digne d'intérêt et d'infos ou points de vue intéressants, parce que hormis ça c'est vraiment du spectacle infâme.
Enfin, no-comment sur les discours sur WW pour la dé-crédibiliser, à base de jugements ad-hominem manipulatoires et puant la pensée dominante ( au lieu de débattre sur le fond en avançant des arguments sur les sujets en question) et qui ont fini par la faire partir. Je sais pas si le mot "compagnon-e" a un sens, peut être qu'il en a un ( je l'espère encore) dans la vraie vie, mais ici en tout cas certainement pas.
BlackJoker
 

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