Espagne

Re: Espagne

Messagede Antigone le Sam 4 Déc 2010 07:22

AFP, La Tribune de Genève - 04 dec 2010
http://www.tdg.ch/depeches/economie/esp ... l-officiel

Espagne: contrôleurs menacés de prison s'ils ne reprennent pas le travail

Le gouvernement espagnol se réunira en séance extraordinaire samedi matin et pourrait déclarer "l'Etat d'urgence" menaçant de prison les contrôleurs aériens qui ne se présenteront pas à leurs postes de travail, a déclaré le vice-président du gouvernement, Alfredo Perez Rubalcaba.

"Le chef du gouvernement a décidé la convocation samedi matin d'un conseil des ministres extraordinaire qui déclarera, en conformité avec notre Constitution, l'Etat d'urgence, si la situation dans les aéroports ne se normalise pas complètement", a déclaré M. Rubalcaba devant la presse.
"L'Etat d'urgence suppose la mobilisation de tous les contrôleurs et la mise à la disposition immédiate de la justice de tous ceux qui ne se présenteront pas à leurs postes de travail, tombant ainsi sous le coup d'un délit pouvant entraîner de sevères peines de prison", a expliqué le ministre. Les contrôleurs aériens ont quitté leurs postes de travail vendredi vers 17H00 (16H00 GMT), entraînant la fermeture de la majeure partie de l'espace aérien espagnol.

Le gouvernement espagnol a ordonné aux militaires d'assurer le contrôle du trafic aérien, avait annoncé vendredi le ministre de l'Intérieur, après la grève surprise des contrôleurs.
Blog autonome d'un révolutionnaire sans drapeau.
L'actu internationale et économique >> http://monde-antigone.centerblog.net
Avatar de l’utilisateur
Antigone
 
Messages: 1902
Inscription: Jeu 19 Mar 2009 17:44
Localisation: Nantes (44)

Re: Espagne

Messagede fu hsang le Sam 4 Déc 2010 10:14

......
heureusement que c est ces enfoires du psoe( ça s appelle encore comme ça ??? ) qui sont au pouvoir !!!!!!
Ceux qui contrôlent leur désir, c'est que leur désir est assez faible pour être contrôlé ; et la raison qui contrôle prend la place du désir et commande à l'insoumis

W.Blake
Avatar de l’utilisateur
fu hsang
 
Messages: 2187
Inscription: Dim 25 Jan 2009 12:27

Re: Espagne

Messagede Antigone le Sam 11 Déc 2010 19:14

Echanges n°134 - 06 dec 2010
http://www.mondialisme.org/spip.php?article1590

Plan d’ajustement pour crise rampante
La grève générale du 29 septembre 2010


Grève générale et réforme du travail

Le 29 septembre 2010, les appareils de représentation syndicale [espagnols] ont subi avec succès l’épreuve de la grève générale à laquelle ils avaient été obligés d’appeler pour la forme, face à une réforme du travail qu’ils considèrent « nécessaire » pour l’essentiel, mais qu’ils ne pouvaient laisser passer sans faire un geste au risque d’accentuer leur discrédit croissant. Il leur fallait sauver la face et laisser, pour cette fois, le gouvernement courir seul tous les risques. La journée de grève s’est passée relativement normalement, mis à part une agression par balles contre un piquet de grève à Getafe, trois grévistes renversés par une voiture et une centaine d’arrestations dans toute l’Espagne, dont 43 à Barcelone. Les arrêts de travail ont été massifs dans les grands centres industriels, où les principaux syndicats, Commissions ouvrières (CCOO) et Union générale des travailleurs (UGT), continuent à être largement présents, mais beaucoup moins importants dans les commerces et petites entreprises de services où la pression des gérants, dans les supermarchés, l’hôtellerie, la restauration, le commerce de détail, etc., peut s’exercer plus fortement qu’en usine ou que dans les centres administratifs.

A signaler à Barcelone la participation de jeunes agglutinés autour de l’Assemblea, qui ont occupé l’ancien siège du Banco de Crédito, place de Catalogne, objet d’opérations de spéculation immobilière successives du fait de son emplacement privilégié. L’édifice, investi au cours d’une action spectaculaire pendant les fêtes de la municipalité, l’est resté jusque dans l’après-midi du 29 septembre, quand il fut brutalement évacué par la police catalane. Le matin de ce même jour, un piquet de quelque 3 000 personnes s’était rassem­blé à proximité de la banque occupée, et pas seulement des jeunes « anti­système », comme le crétinisme médiatique se plaît à qualifier la jeunesse prolétarisée qui ne se résigne pas au consumérisme et à l’apolitisme dont on l’affuble généralement. Dans un premier temps, la police parvint à bloquer la marche en direction du centre-ville jusqu’à ce qu’elle fût débordée ; puis, après l’arrivée de renforts, la manifestation s’est dispersée par toute la ville. Il convient de souligner que c’est autour de cette Asemblea de Barcelone que se sont exprimées pratiques et idées allant au-delà des bornes étroites de l’imaginaire syndical.

Evidemment, gouvernement et syndicats se sont félicités du bon déroulement de ce jour de fête. Il est donc inutile de s’attarder sur les déclarations des uns et des autres à propos du nombre des participants. La grève générale a avant tout servi de test dans certaines communautés autonomes, à Madrid en particulier, gouvernées par le Parti populaire (PP), dans le cadre de la lutte politique qui oppose ce parti au Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) afin de préparer le terrain pour les prochaines élections générales. L’action des syndicats a alors consisté à détourner l’attention en affrontant directement les gouvernements autonomes de droite; non sans que les syndicats majoritaires n’aient aussi avancé leurs propres cartes dans le jeu des conflits internes au PSOE, de l’affaiblissement de l’actuel chef du gouvernement et d’un éventuel remaniement à la tête du parti. Bien entendu, l’UGT, courroie de transmission du PSOE, et les CCOO étant gestionnaires d’une part de la base électorale dudit parti, il ne fut pas question d’exacerber les tensions contre celui-ci.

Implications de la réforme

Selon un aveu du chef du gouvernement fait à la Radio nationale espagnole le 1er octobre, la loi de réforme du travail, adoptée par le Parlement à une courte majorité, a pour principal objet d’éviter qu’une crise à venir ne provoque une augmentation brutale des chiffres du chômage comme lors de la crise actuelle et, en second lieu, de stimuler la création d’emplois. A cette occasion, il a exprimé son intention d’attirer des investisseurs étrangers et d’améliorer l’octroi de crédits en « assainissant » banques et caisses d’épargne qui ont reçu des milliards d’euros ces derniers mois. Concrètement, la réforme envisage, entre autres mesures, la mise en place d’incitations aux entreprises afin de soutenir l’embauche en contrats à durée indéterminée (CDI) et réduire le nombre élevé de contrats temporaires, de simplifier les formalités administratives réglementant l’emploi et l’horaire de travail tout en accordant des ristournes sur la part patronale de cotisation à la Sécurité sociale, une réduction substancielle des indemnités de licenciement par une contribution du Fonds de garantie salariale à leur paiement (ce qui veut dire moins à débourser pour l’entreprise), et la création d’agences de placement qui consacrent le prêt de main-d’œuvre.

Par ailleurs, et c’est un point sensible pour les syndicats, la loi laisse la porte ouverte aux entreprises qui voudraient s’affranchir individuellement des conventions collectives, leur abolition étant une des revendications du patronat espagnol et la raison pour laquelle il a refusé de soutenir formellement la réforme. Pour les syndicats, les conventions collectives sont l’instrument de reconnaissance pratique de leur rôle de médiateurs par rapport à la force de travail et, surtout, elles leur ouvrent l’accès à certains fonds administratifs, les fonds de formation entre autres, une source de financement non négligeable. Sans compter un droit de négociation sur les nouvelles embauches arraché au patronat qui, grâce à ces conventions collectives, étend leurs relations clientélistes au sein des entreprises.

La réforme marque une progression du processus de dérégulation du marché du travail entamé depuis plus d’une vingtaine d’années entre renoncements successifs et abandons des droits des travailleurs, au nom de la création d’emplois, qui n’a servi qu’à accroître l’accumulation du capital sans profiter aux secteurs dits « productifs »; au cours de ces dernières années, la création d’emplois s’étant principalement effectuée dans les services faiblement qualifiés, qui dépendent étroitement de la conjoncture internationale et des crédits faciles, tels que le tourisme et l’immobilier.

Aucune perspective de redressement n’est en vue, ainsi que le confirme le budget prévisionnel ordinaire de l’Etat pour 2011. Considérant les coupes qui devraient concerner plusieurs postes, on peut dire que c’est un budget de maintien de paix sociale avec injection d’argent dans les infrastructures, qui prolongent le plan E d’investissement public mis en œuvre pour faire face au premier impact de la crise, et dans le financement social au sujet duquel le chef du gouvernement affiche ostensiblement son volontarisme (58 % du budget total pour 2011). De toutes façons, il ne s’agit pas de dépenses susceptibles de dynamiser l’économie mais de simples mesures de circonstance, dans une période d’expectative où l’on invoque le vague espoir d’une amélioration de la situation économique.

C’est pourquoi, envisagée du point de vue d’une éventuelle hausse de l’accumulation du capital, cette réforme du travail n’est qu’un palliatif aux effets très limités. Il se peut qu’elle contribue à escamoter le chômage par une redistribution des postes de travail disponibles entre un plus grand nombre de travailleurs, mais il est plus que douteux que ces postes suffisent à occuper les quatre millions de chômeurs actuels. Une hypothèse fondée sur le fait que, concrètement, les conditions des nouveaux contrats fixes se rapprochent de celles des contrats temporaires grâce à des dispositions importantes, prévues par la nouvelle loi, qui touchent à la réglementation du travail et des licenciements et qui contredisent la rhétorique officielle accompagnant la réforme et ses prétentions à favoriser l’emploi en contrats à durée indéterminée.

D’autre part, la marge d’intervention sur les salaires est de plus en plus réduite si l’on ne veut pas accélérer la chute de la consommation qui, comme on le sait, est une des composantes fondamentales de l’activité économique. Il ne faut pas oublier que la frénésie de consommation de ces dernières années n’était pas tant due aux salaires qu’aux facilités de crédit et d’endettement. Le salaire minimum interprofessionnel était en 2007 de 633,30 euros par mois (451,20 euros en 2003), selon les derniers chiffres officiels disponibles de l’Institut national de la statistique. Cette année-là, le revenu annuel d’un foyer s’élevait à 26 010 euros et celui d’une personne seule à 9 560 euros; mais les conséquences de l’extension de la crise depuis le milieu de l’année 2008 a fait reculer ces chiffres, et dans le même temps, le nombre des « milleuristes » (actuellement, un peu plus de 50 % des salariés ne perçoivent pas plus de 1 000 euros par mois) s’est accru.

Faiblesse structurelle

L’éclatement de la bulle immobilière a mis en évidence, entre autres, la faiblesse structurelle du capitalisme espagnol et l’inconscience du développement de ces dernières années fondé sur l’endettement à tout va des consommateurs. Le fait est que la situation en Espagne se révèle être celle d’un pays à mi-chemin entre économies capitalistes avancées et économies des pays émergents, avec un enkystement prévisible du chômage à 20 % de la population active, touchant particulièrement les jeunes et les femmes. Rien ne prouve que les incitations à l’emploi de ces jeunes et de ces femmes promises dans l’actuelle loi de réforme du travail aient des effets plus positifs sur le chômage que les mesures allant dans le même sens adoptées dans les pactes antérieurs. Nous savons quels résultats s’en sont suivis de la rengaine que l’on nous sert à chaque fois pour justifier les pactes pour l’emploi, de compétitivité, etc. signés par le gouvernement, le patronat et les syndicats. Dans le contexte actuel de crise systémique mondiale, les potentialités de relance d’une économie dépendante comme l’est celle de l’Espagne sont peu convaincantes.

Le changement structurel en faveur des secteurs productifs préconisé par le gouverne­ment est un simple vœu pieux, une promesse peu crédible si l’on cherche à savoir quels sont ces secteurs et quelle est leur capacité à créer des emplois de masse. Des questions auxquelles, évidemment, personne ne peut répondre. Les quelques secteurs productifs espagnols jouissant d’un certain niveau de compétitivité: la fabrication de matériel ferroviaire, l’industrie pharmaceutique, la bioingénierie, l’outillage, l’alimentation, l’automobile, etc., sont soit forte­ment affectés par la concurrence asiatique, soit des secteurs à capital intensif. De surcroît, cette absence chronique de compétitivité de l’économie espagnole inspire, en général, méfiance au capital financier. C’est ainsi que les hiérarques de la banque hispanique viennent d’annoncer une hausse prévisible des types d’intérêt et un strict contrôle de l’octroi de crédits.

Les mesures de compensation mises en œuvre pour contrebalancer l’agression que la nouvelle réforme représente pour les salariés, bien qu’insignifiantes parce que quantitativement misérables, afin de ne pas aggraver le déficit, contribuent toutefois à atténuer le malaise social. Elles expliquent, en bonne partie, la faible réponse sociale au plan d’ajustement appliqué par le gouvernement conformément aux ordres des hautes sphères de la finance internationale, sous prétexte de faire face aux intérêts de la dette espagnole. D’autre part, les mesures adoptées s’inscrivent dans le cadre général d’une stratégie d’expropriation des salariés qui consiste à faire appel au patrimoine accumulé par les familles de travailleurs pour compenser l’insuffisance des dépenses sociales de l’Etat. Le chef du gouvernement espagnol en personne loue l’« effort des familles », comme le président de la Catalogne avant lui en décembre 2009. Il ne faut pas oublier que l’entretien d’une part considérable de la jeunesse prolétarisée dépend des ressources de leurs familles, totalement ou en complément des maigres revenus provenant des aides à la formation, des contrats temporaires, des débrouilles, des bourses, etc.

Qui plus est, le lance­ment d’une récente campagne médiatique incite les chômeurs à devenir entrepreneurs. On pourrait en rire si ce n’était pas grotesque. Il s’agit, finalement, d’ajouter un outil à la stratégie d’expropriation, ou de pure dilapidation, des biens familiaux accumulés qui fait son chemin dans certains esprits vulnérables aux messages de publicitaires stipendiés par l’administration. Le but en est clairement de promouvoir l’auto-entreprenariat comme moyen de masquer le chômage. Les quelques cas qui parviennent à s’en sortir ne peuvent cacher l’énorme rotation affectant les petits commerces que l’on peut constater tout simplement en se promenant dans n’importe quelle ville; une rotation qui annonce, généralement, la perte des économies familiales ou des indemnités de licenciement investies dans le négoce sur lequel on a jeté son dévolu. La prolifération de bars, restaurants, magasins de mode, salons de coiffure, cen­tres d’esthétique, écoles de danse, services de dessins graphiques, etc. atteint un tel niveau de saturation qu’il ne peut conduire qu’à prolonger sa propre exploitation ou à la faillite.

Le fait même de recourir à l’idéologie de l’entreprenariat et à l’initative individuelle, alors que l’accès au crédit est extrêmement restreint et que l’investissement nécessaire pour la bonne marche de n’importe quelle activité a atteint un niveau disproportionné par rapport aux ressources des aspirants entrepreneurs, dénote le peu de confiance que les gouvernants entretiennent vis-à-vis de leurs mesures de création d’emplois.

Pendant ce temps, les restaurants de bienfaisance ne désemplissent pas et les queues dans les paroisses et les banques alimentaires sont de plus en plus longues. Il est clair, pour le moment au moins, qu’il n’y a là aucun risque important d’instabilité sociale. Bien qu’elle ne concède pas grand-chose, la politique d’endiguement social se révèle efficace à court terme en ce qu’elle maintient le processus de dégradation générale des conditions de vie de la population laborieuse à l’intérieur de limites acceptables. La baisse même du traitement des fonctionnaires n’a entraîné aucune réaction notable de la part des personnels concernés. D’une certaine façon, l’idée s’est imposée parmi ceux qui ont un poste de travail « assuré » qu’ils font partie de ces privilégiés qui peuvent aller jusqu’à la fin du mois sans trop de heurts. La prolongation de diverses aides, l’augmentation du budget affecté aux bourses, l’extension de l’indemnisation du chômage (80 % des chômeurs), tout ce que le gouvernement qualifie de politiques sociales, sont des palliatifs dont les effets sont destinés à s’épuiser peu à peu, confinés dans des bornes de plus en plus étroites; en l’absence de mobilisations importantes, ces politiques ne sont inspirées que par la pression latente exercée par la masse croissante de ceux qui voient leurs conditions de vie empirer inéluctablement.

Maintenant les retraites

C’est en plein milieu de cette incertitude grandissante que le gouvernement a ouvert un nouveau front offensif contre les retraites. Au lendemain de la grève générale, les syndicats ont été invités à négocier la réforme du système des retraites en vue d’un allongement de deux ans de l’âge de la retraite, de 65 à 67 ans, ou de la période de cotisation donnant droit à 100 % du régime de base, qui passerait de 35 années actuellement à 40.

L’objectif du gouvernement est d’étendre la durée de cotisation selon une stratégie à moyen terme visant à freiner l’inévitable appauvrissement de cette partie de la population, les retraités, dont le nombre ne cesse de croître. Le chef du gouvernement fait fréquemment allusion à cette amélioration des retraites comme étant l’un des aspects marquants de sa gestion. Mais le fait est qu’en 2008, la pension médiane était de 719,68 euros par mois pour un peu plus de 8 390 800 retraités, et qu’un pourcentage non négligeable d’entre eux (15 %) percevaient moins de 500 euros mensuels. Il est vrai que la stratégie social-démocrate s’est orientée ces dernières années vers une augmentation des retraites les plus basses; une mesure logique du point de vue comptable de l’Etat, puisqu’il est tout simplement impossible de survivre avec 336,25 euros par mois (le minimum perçu par 432 000 retraités en 2008) sans recevoir d’autres aides sociales, qui grèvent les dépenses publiques, sans recourir aux organismes de bienfaisance ou sans prélever sur les économies accumulées au cours de sa vie active, ou bien encore sans demander de l’aide à ses enfants.

A moins d’être propriétaire ou de disposer d’économies susceptibles de compléter ses rentrées d’argent, personne ne peut vivre autrement que dans la précarité avec une retraite médiane. C’est le taux élevé du régime de propriété en Espagne (80 %) et l’accès à des ressources d’appoint qui expliquent que la misère des retraités actuels ne soit pas alarmante, sauf pour ceux qui se trouvent au plus bas de l’échelle. Toutefois, cet état de chose empire à toute vitesse à cause de l’érosion des ressources familiales consacrées à assister des enfants sans emploi ou dont les revenus ne leur permettent pas de boucler les fins de mois.

De toutes façons, l’allongement de la durée de cotisation pour obtenir une retraite à taux plein, légitime du point de vue comptable de l’Etat, entre en contradiction flagrante avec la politique suivie jusqu’alors, consistant à favoriser ou subventionner les pré-retraites ou les contrats subrogatoires dans l’espoir de libérer des postes de travail pour les jeunes. Une contradiction de plus, parmi d’autres, que les gestionnaires du capital, constamment pris en tenailles par la crise structurelle rampante, ne peuvent dissimuler, quelle que soit leur couleur partisane.

Alliance générationnelle dans une société prolétarisée ?

Au boulet économique et social que représente le nombre croissant de retraités pour le rétablissement du taux d’accumulation du capital et à l’interventionnisme de l’Etat en vue de maintenir leur paupérisation dans des limites tolérables, s’ajoute la réalité d’une jeunesse prolétarisée dont les perspectives d’épanouissement ne cessent de se rétrécir dans l’hyper-marché capitaliste. Les données officielles elles-mêmes ne peuvent occulter cette réalité qui s’impose comme qu’elle est un symptôme de plus de la décomposition larvée de la société capitaliste.

La loi de réforme du travail, votée en juin, et les mesures annoncées en faveur du régime des retraites mettent en évidence que les deux fractions de la population prolétarisée sur lesquelles reposent les conséquences immédiates d’une supposée sortie de crise sont les jeunes, par la voie de leur surexploitation ou de leur exclusion douce (bourses et aides à la formation qui repoussent leur entrée sur le marché du travail) ou dure (chômage, économie souterraine, prison), et les retraités.

Cette situation objective, concrète et immédiate, de victimes de la crise rampante du capitalisme peut-elle déboucher pratiquement sur une forme d’intervention politique contre la classe dominante ? Cela dépendra, en bonne partie, de la marge de manœuvre laissée à la classe gestionnaire du capital pour appliquer des mesures de contention sociale; ce qui, étant donné les caractéristiques de la crise actuelle, ne semble pas une tâche facile, pas seulement en Espagne. Du reste, l’expérience de la précarisation par la jeune génération prolétarisée fait germer l’idée, au moins chez une fraction d’entre elle, qu’elle n’a rien de bon à espérer de l’évolution de cette société.

Ce qui est intéressant, et à un certain point nouveau, dans cette situation, c’est que l’on n’assiste pas à une remise en cause du capitalisme s’épuisant dans l’idéologie pure; au contraire, précisément parce que cette remise en cause participe elle-même aux contradictions de la société capitaliste à son niveau actuel de développement, elle s’exprime en idées, en principes, en valeurs, en désirs, etc. et surtout en actes qui ne trouvent pas place, qui ne peuvent finalement pas se déployer, à l’intérieur des coordonnées de la société dominante.

Pour le moins, cette constellation de subjectivités que le crétinisme rémunéré de l’appareil médiatique qualifie d’« anti­système » (néoruraux, okupas [squatters (NdT)], précaires des deux sexes et de tous âges, etc.) pose d’emblée des questions auxquelles il est impérieux de répondre, car elles concernent l’existence réelle, matérielle, concrète des gens, contrairement au syndicalisme empêtré dans de vaines négociations à la remorque du capital. On touche là à une réalité vécue de jeunes exclus qui se juxtapose à la réalité quotidienne de millions de retraités également indésirables parce qu’improductifs. Pour peu probable que puisse paraître une convergence de fait entre ces deux réalités, on ne peut toutefois s’empêcher de la considérer comme possible, objectivement possible, parce que, précisément, il ne s’agit pas d’une convergence idéologique ou esthétique, mais d’une nécessité découlant directement des conditions matérielles de vie des jeunes prolétarisés et des vieux improductifs.

Cette possibilité qui – pourquoi pas ? –, pourrait être aussi celle d’une convergence éventuelle entre la vieille militance ouvrière et les pratiques de la nouvelle génération prolétarisée ne résulte pas d’une intuition intellectuelle ou doctrinaire, encore moins d’une énième illusion du discours révolutionnaire, mais du constat qu’une réalité est apparue au cours de la crise capitaliste, qui a à voir avec les conditions de vie matérielles de la fraction la plus pénalisée de la société prolétarisée.

Corsino Vela
5 octobre 2010
(traduit de l’espagnol)
Blog autonome d'un révolutionnaire sans drapeau.
L'actu internationale et économique >> http://monde-antigone.centerblog.net
Avatar de l’utilisateur
Antigone
 
Messages: 1902
Inscription: Jeu 19 Mar 2009 17:44
Localisation: Nantes (44)

Re: Espagne

Messagede spleenlancien le Ven 7 Jan 2011 15:38

Gaëlle Lucas, pour myeurop.Info, repris par Rue 89 a écrit:En Espagne, près de 300 000 enfants pourraient avoir fait l'objet d'adoptions frauduleuses depuis les années 40 jusqu'aux années 90. La justice commence à entendre les victimes de ce juteux marché.

Dans ce dossier, le traditionnel silence qui entoure les crimes du franquisme en Espagne n'a pas pu, cette fois, étouffer la clameur des victimes d'une tragédie qui brise encore des vies trente-cinq ans après la mort de Franco.

Depuis plusieurs mois, les personnes affectées par les adoptions illégales réalisées sous la dictature réclament, si ce n'est justice, au moins la vérité sur leur passé. Et les médias s'en font écho, dans une Espagne toujours divisée sur les questions de la mémoire historique.

Trente mille enfants enlevés à des mères républicaines
Le trafic d'enfants qui a sévi en Espagne des années 40 aux années 90 plonge ses racines dans la dictature franquiste.

Après la guerre civile espagnole (1936-1939), environ trente mille enfants ont été enlevés à leurs mères républicaines pour être confiés à des institutions publiques ou à des familles proches du régime du général Franco. Le but était d'éviter que les mères « contaminent » leur progéniture avec leurs idées subversives.

Dès les années 60 toutefois, ce sont des motifs purement crapuleux qui ont permis la perpétuation de ces « vols », donnant lieu à un vrai trafic. Les enfants étaient alors enlevés à des femmes vulnérables, mineures ou en situation de précarité sociale, et remis moyennant paiement à une famille adoptive.

Lorsque les mères n'avaient pas « cédé » leur enfant, on leur faisait croire qu'il était mort-né. Pour éviter tout problème, on leur affirmait que l'hôpital se chargerait des formalités administratives et de l'enterrement.

Le phénomène a été particulièrement intense entre 1960 et 1980. Le sociologue Francisco Tena, qui s'est spécialisé dans cette affaire, affirme toutefois (au quotidien El Mundo) avoir vu des cas jusqu'en 1995, soit vingt ans après la mort de Franco.

« Réserver » un bébé pour le prix d'un appartement

« Il s'agissait d'une affaire juteuse », déclarait il y a quelques mois sur le plateau de télévision d'une émission d'Antena 3, Antonio Barroso, qui a appris il y a quelques années sa condition d'enfant volé. Pour un prix équivalant à un ou plusieurs appartements, des couples en mal d'enfants « réservaient » un bébé qui leur était remis dans un lieu et à une date prévus à cette fin.

L'Association nationale des affectés par les adoptions illégales (Anadir) a calculé que 300 000 enfants pourraient avoir fait l'objet d'adoptions frauduleuses. Malgré l'ampleur du phénomène, il semble qu'il soit le fait de personnes isolées et non d'institutions hospitalières ou religieuses, bien que des bonnes sœurs et des prêtres, travaillant dans les établissement hospitaliers concernés, aient pris part au trafic.

Aujourd'hui, mères et/ou enfants victimes de ce système veulent connaître la vérité et la justice espagnole commence à les entendre. Ainsi, le parquet de Cadix a récemment accepté d'ouvrir des enquêtes sur des bébés disparus entre 1960 et 1980.

L'Anadir, créée par Antonio Barroso et Juan Luis Moreno, un autre enfant « acheté », prévoit de déposer une plainte pour enlèvement et trafic d'enfants, le 27 janvier prochain, dans l'espoir que la tragédie fasse l'objet d'une enquête nationale.

Y a-t-il prescription ? Les juristes ne se mettent pas d'accord. Pour certains, quarante ans après, il est trop tard ; pour d'autres, ce genre de délits, qui impliquent la disparition de personnes, ne se prescrit pas. Le 27 janvier, Anadir offrira à la justice l'opportunité de se pencher sur le passé encore à vif de l'Espagne.



Article original :
http://fr.myeurop.info/2011/01/06/les-e ... ustice-958
Avatar de l’utilisateur
spleenlancien
 
Messages: 537
Inscription: Mer 18 Nov 2009 17:52

Re: Espagne

Messagede denis le Lun 25 Fév 2013 20:55

Espagne: une marée humaine contre l’austérité ! (actualités du 23 Février dernier)

Des dizaines de milliers de personnes ont envahi le centre de Madrid ce samedi. Enseignants, médecins, infirnières, pompiers, mouvements féministes, associations écologistes, mineurs, groupes issus du mouvement des Indignés, ont convergé vers la place de Neptuno près du Congrès des députés. Des manifestations étaient également organisées dans des dizaines d’autres villes espagnoles.
Tous fustigent la politique de rigueur menée depuis un an par le gouvernement de droite et perçue comme un frein à la reprise économique. La grogne est accentuée par l’aide européenne de plus de 41 milliards d’euros accordée aux banques, considérées par beaucoup d’Espagnols comme les responsables de la crise.
L’Espagne, en récession, affiche un chômage à plus de 26%
Les révélations successives sur des affaires de corruption qui éclaboussent les grandes institutions du pays renforcent encore le malaise.

Avec AFP

http://fr.euronews.com/2013/02/23/espag ... austerite/

et également

http://fr.news.yahoo.com/espagne-millie ... 34870.html
Qu'y'en a pas un sur cent et qu'pourtant ils existent, Et qu'ils se tiennent bien bras dessus bras dessous, Joyeux, et c'est pour ça qu'ils sont toujours debout !

Les Anarchistes !
Avatar de l’utilisateur
denis
 
Messages: 915
Inscription: Mer 26 Jan 2011 19:48
Localisation: Oraison, Alpes de Haute Provence, le zéro-quatre

Re: Espagne

Messagede pit le Lun 4 Mar 2013 01:25

Andalousie : des centaines d’ouvriers se réapproprient des terres livrées à la spéculation
article Basta mag : http://www.bastamag.net/article2955.html
"Tu peux voter, pétitionner, débattre à la télé, ou gamberger sans te bouger, mais...C’est dans la rue qu'çà s'passe"
Avatar de l’utilisateur
pit
 
Messages: 3975
Inscription: Lun 21 Déc 2009 16:33

Re: Espagne

Messagede pit le Jeu 1 Aoû 2013 01:29

Vidéo doc
Les groupes d'extrême-droite dans l'Etat espagnol



http://alternativelibertaire22.over-blo ... 44418.html
"Tu peux voter, pétitionner, débattre à la télé, ou gamberger sans te bouger, mais...C’est dans la rue qu'çà s'passe"
Avatar de l’utilisateur
pit
 
Messages: 3975
Inscription: Lun 21 Déc 2009 16:33

Re: Espagne

Messagede pit le Mar 12 Nov 2013 13:04

À Madrid, grève illimitée dans les services du nettoiement et des espaces verts.
Depuis le 5 novembre 2013, les ouvriers du nettoiement et de l’entretien des espaces verts de Madrid sont en grève.

Le 1er août, la mairie de Madrid a annoncé vouloir économiser 10% sur le budget alloué à ces postes, mais les cinq entreprises concessionnaires du marché, voyant là une façon supplémentaire d’augmenter leurs profits ont décidé d’aller au-delà. C’est ainsi que trois d’entre elles ont décidé de procéder à 1144 licenciements sur les 6000 ouvriers travaillant dans ce secteur et obtenir ainsi une baisse de 43% de la masse salariale. Comme si cela ne suffisait pas, ces entreprises entendent également imposer le passage à 40h de travail hebdomadaires (au lieu de 35h), baisser les salaires de 40% , supprimer un certain nombre d’avantages acquis (par exemple rogner sur les congés payés), travailler les fins de semaine et les jours feriés, etc
Dans ces entreprises, les salaires les plus élevés ne dépassent pas 1000 euros mensuels et la plus grande partie se situe dans une fourchette comprise entre 700 et 900 euros. Les ouvriers font valoir que la plupart d’entre eux sont peu qualifiés et qu’en cas de licenciement, il leur serait extrêmement difficile de retrouver un travail.
Au cours des négociations, infructueuses, avec la mairie de Madrid, celle-ci a reconnu qu’avec mille ouvriers en moins, les tâches actuelles ne pourraient être effectuées.

Heureusement, 75 à 80% des ouvriers sont syndiqués et après de longues discussions, pas toujours faciles, les trois syndicats CGT, UGT et CCOO ont fini par se mettre d’accord sur le principe d’une grève illimitée.
Dans un pays très durement touché par la crise, où se multiplient licenciements massifs, baisses brutales des salaires et coupes sombres dans les budgets des services publics, la grève des ouvriers du nettoiement et des espaces verts de Madrid témoigne d’une belle résistance aux diktats du capital. Longtemps étouffé par le fascisme et la collaboration de classe des syndicats institutionnels, le syndicalisme révolutionnaire de la CGT d’Espagne ouvre la voie à d’autres espoirs.


La CNT Solidarité Ouvrière apporte son soutien à la lutte de ses camarades de Madrid et répondra à toutes les demandes de solidarité qu’ils lui feront parvenir.

http://www.cnt-so.org/?A-Madrid-greve-i ... e-dans-les
"Tu peux voter, pétitionner, débattre à la télé, ou gamberger sans te bouger, mais...C’est dans la rue qu'çà s'passe"
Avatar de l’utilisateur
pit
 
Messages: 3975
Inscription: Lun 21 Déc 2009 16:33

Re: Espagne

Messagede pit le Mer 20 Nov 2013 12:39

Fin de la grève
Dossier sur le site de l'OCL,
Une victoire en demi-teinte : http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article1438
"Tu peux voter, pétitionner, débattre à la télé, ou gamberger sans te bouger, mais...C’est dans la rue qu'çà s'passe"
Avatar de l’utilisateur
pit
 
Messages: 3975
Inscription: Lun 21 Déc 2009 16:33

Re: Espagne

Messagede Zoom le Ven 24 Jan 2014 01:49

Espagne : Exaspération populaire contre un projet immobilier

A Burgos – ville de 170.000 habitant-e-s, pourtant réputée pour sa tranquillité et sa tradition relativement conservatrice – le week-end des 18-19 janvier a été agité. En cause : le projet d’aménagement d’une rue du quartier populaire Gamonal qui a provoqué la mobilisation, pendant trois jours, de milliers de personnes révoltées contre des dépenses jugées excessives en temps de crise.

La mairie de Burgos voulait investir 8 millions d’euros dans l’aménagement de la rue Vitoria, l’une des deux principales artères de ce quartier ouvrier. Un coût ahurissant alors que la population espagnole est exsangue, avec un taux de chômage dépassant les 26% et même 45% pour les moins de 30 ans.

Le constructeur, propriétaire du journal local El Diario de Burgos, est un homme d’affaire corrompu, déjà poursuivi en justice pour d’anciens projets immobiliers négociés avec... la mairie de la ville.

Provocations et répression policières

En soutien à la mobilisation de Burgos, des manifestations de soutien ont eu lieu dans plusieurs villes d’Espagne.

A Barcelone, Grenade, Valence, des altercations ont opposé les manifestant.e.s à la police. A Saragosse, en Aragon, 8 personnes ont été arrêtées. Un dispositif policier digne d’un véritable état de siège avait été établi autour du quartier populaire la Magdalena, rendez-vous obligé de la sphère « alternative » et militante. Des contrôles systématiques étaient faits sur les passant.e.s.

En dépit de l’arrêt des travaux dans le quartier de Gamonal – la mairie ayant fait machine arrière – il ne serait pas étonnant que la mobilisation se poursuive, tant l’exaspération populaire est grande.

N’oublions pas que le contexte espagnol est particulièrement sensible en ce moment, suite au projet de loi anti-avortement.

Alternative libertaire se solidarise avec le mouvement de contestation et demande l’annulation immédiate des poursuites à l’égard des personnes arrêtées.

Nous tiendrons au courant de l’évolution de la situation sociale explosive outre-Pyrénées en maintenant un contact continu avec nos camarades anarcho-syndicalistes de la CGT espagnole.

Un coup contre l’un.e d’entre nous est un coup contre nous tous et toutes ! Résistance et solidarité internationale !

Alternative libertaire, le 22 janvier 2014

http://www.alternativelibertaire.org/?E ... -populaire
Avatar de l’utilisateur
Zoom
 
Messages: 580
Inscription: Ven 5 Nov 2010 17:48

Re: Espagne

Messagede de passage le Sam 15 Fév 2014 21:17

Espagne : Solidarité avec Noelia Cotelo Riveiro
Liberté pour Noelia Cotelo Riveiro, prisonnière torturée, violée et éloignée à cause de sa lutte dans les geôles espagnoles.

Image
Noelia Cotelo Riveiro est, depuis 5 ans, privée de liberté, sous un régime d’isolement strict (régime F.I.E.S). Elle fut emprisonnée pour effectuer une peine d’un an et demi mais son insoumission face à ses bourreaux et la courageuse dénonciation des abus et des violations dont elle eut à souffrir dans les différentes prisons de l’État espagnol, de Brieva et Picassent, ont eu pour conséquence de voir la peine initiale s’allonger de quatre ans.
Lire la suite ici http://albruxelles.wordpress.com/2014/01/21/espagne-solidarite-avec-noelia/
"Ne rien dire et surtout ne rien faire quand d'autres sont bâillonnés ou réduits au silence, c'est se faire complice de l'autoritarisme"
de passage
 
Messages: 739
Inscription: Dim 21 Sep 2008 21:26

Re: Espagne

Messagede Béatrice le Ven 21 Mar 2014 19:03

Contre les politiques d’austérité, des milliers de citoyens espagnols exaspérés convergent actuellement vers Madrid pour une grande manifestation
qui aura lieu le 22 mars :

Politiques d’austérité : des milliers d’Indignés espagnols marchent vers Madrid

Des milliers de citoyens espagnols, exaspérés par les mesures d’austérité économique et par l’incurie des politiques européens face à la crise, convergent en ce moment de tout le territoire espagnol vers Madrid pour manifester leur mécontentement ce samedi 22 mars. Depuis fin février, ces manifestants « indignés » marchent au rythme de slogans comme « Non au paiement de la dette », « Pas une coupe budgétaire de plus », « Dehors la "troïka" » (Commission Européenne, Banque Centrale européenne et Fond Monétaire International). Ou bien encore « Du pain, un travail et un toit pour tous ». Un mouvement sans précédent dans l’histoire sociale de l’Espagne démocratique.

L’initiative est partie du Syndicat andalou des Travailleurs (SAT) en septembre 2013. Le but : unir les différentes luttes sociales nationales et manifester l’exaspération collective à Madrid, à deux mois des élections européennes. « Nous exigeons le départ du gouvernement du PP [Partido Popular, la droite espagnole] et de tous les gouvernements qui répriment les droits sociaux fondamentaux et qui soutiennent la politique de la troïka », revendique la Plateforme de coordination des Marches pour la dignité sur son site web. « Dans toutes les villes, le nombre de personnes qui s’unissent aux colonnes de manifestants a largement dépassé nos prévisions ! », se félicite Marta Rodriguez, du syndicat alternatif Assemblée pour la Santé Publique.

De nouveaux campements et « occupations » prévus


Depuis fin février, plusieurs milliers de personnes sont parties de 15 provinces espagnoles et se dirigent vers Madrid à pied, en voiture, en bus ou en train. Sans compter les manifestants des îles Canaries, qui entendent exprimer leur rejet face aux prospections de pétrole sur leur territoire, mais aussi des citoyens solidaires qui manifesteront depuis l’Allemagne, la Belgique, l’Irlande, le Royaume-Uni, le Pérou, le Mexique, le Chili, le Salvador, la France, la Norvège, la République Tchèque et l’Autriche.

http://www.bastamag.net/Droits-sociaux-des-milliers-d
Avatar de l’utilisateur
Béatrice
 
Messages: 1133
Inscription: Dim 28 Nov 2010 01:13
Localisation: dans le 04

Re: Espagne

Messagede Béatrice le Sam 22 Mar 2014 21:52

Plusieurs dizaines de milliers de manifestants venus de toute l'Espagne ont convergé samedi à Madrid pour réclamer la fin de la politique d'austérité imposée par l'Union européenne.

MADRID (Reuters) - Plusieurs dizaines de milliers de manifestants venus de toute l'Espagne ont convergé samedi à Madrid pour réclamer la fin de la politique d'austérité imposée par l'Union européenne.

Les "marches de la dignité" ont réuni dans la capitale espagnole des foules en soutien à une myriade de causes, dont l'emploi, le logement, la santé, l'éducation et la lutte contre la pauvreté.

Sur leurs banderoles, les participants exhortaient le gouvernement conservateur espagnol à ne pas honorer les dettes contractées auprès des créanciers internationaux et à s'attaquer au chômage, qui touche 26% de la population active.

"Du pain, des emplois et un logement pour tous!", lisait-on sur une banderole.

Plusieurs groupes de manifestants avaient parcouru à pied plusieurs centaines de kilomètres, venant de régions comme les Asturies dans le nord de l'Espagne ou d'Andalousie dans le Sud.

http://tempsreel.nouvelobs.com/topnews/ ... erite.html

Avatar de l’utilisateur
Béatrice
 
Messages: 1133
Inscription: Dim 28 Nov 2010 01:13
Localisation: dans le 04

Re: Espagne

Messagede pit le Mer 26 Mar 2014 02:38

Ce sont des ruisseaux humains qui se sont transformés en flots et en vagues ce 22 Mars et ont envahit Madrid !


http://www.cnt-so.org/?La-marche-de-la- ... est-entree
"Tu peux voter, pétitionner, débattre à la télé, ou gamberger sans te bouger, mais...C’est dans la rue qu'çà s'passe"
Avatar de l’utilisateur
pit
 
Messages: 3975
Inscription: Lun 21 Déc 2009 16:33

Re: Espagne

Messagede Béatrice le Mar 2 Déc 2014 10:51

Espagne : des milliers de manifestants pour «du pain, un travail, un toit»

Des milliers de personnes sont descendues samedi dans la rue à Madrid, Barcelone et d'autres villes en Espagne pour protester contre l'austérité que la classe politique "corrompue" leur a imposée et la misère qui les frappe encore de plein fouet.

http://www.20minutes.fr/economie/149108 ... avail-toit
Avatar de l’utilisateur
Béatrice
 
Messages: 1133
Inscription: Dim 28 Nov 2010 01:13
Localisation: dans le 04

Re: Espagne

Messagede pit le Dim 21 Déc 2014 04:50

Vaste coup de filet des Mossos d’escuadra et des forces spéciales anti-terroristes contre le milieu anarchiste à Barcelone et aux alentours.
Plus de 500 policiers, des dizaines de véhicules de transport de pandores, des troupes en tenue anti-émeutes, des commandos cagoulés, plusieurs domiciles perquisitionnés, des centres de rencontres libertaires (Aténéo Libertario) fouillés, une dizaine d’interpellations selon la presse.
... http://juralib.noblogs.org/2014/12/17/c ... narchiste/


Communiqué du Secrétariat Permanent du Comité Confédéral de la CGT de Catalunya

La CGT de Catalunya se solidarise avec les personnes arrêtes lors d’une razzia de la police à Barcelone, et dénonce la répression des mouvements sociaux.

Mardi 16 Décembre matin, nous nous sommes réveillés avec les infos à la radio. Comme d’habitude, nous avons appris que la répression a frappé à la porte de nos maisons. Cette fois, il a été dans la Kasa de la Muntanya de Gracia, dans l’Ateneu libertaire de Poble Sec, dans le Ateneu libertaire de San Andrés, plusieurs squats, etc.

Encore une fois la police, cette fois les Mossos d’Esquadra (police catalana), ont agi sous l’égide de l’Audiencia Nacional et de la législation anti-terrorisme, si souvent dénoncé pour couvrir des actes de torture. Et une fois de plus les moyens de communication ouvrent les infos sur le diktat de la police

À ce stade, nous attendons toujours de voir comment va se concrétisé cette opération ouverte ce mardi. Nous tenons déjà clair cependant, que c’est une nouvelles action répressive contre ces lieux et les personnes qui luttent quotidiennement contre l’oppression de l’État et le capital. Une oppression qui vient de se confirmer la semaine dernière avec l’approbation de la Loi mordaza "loi du bâillon" dans le Congrès des députés et hier, le nouvel accord escroquerie CEOE-CEPYME et CCOO et UGT.

À partir de maintenant, nous appelons à toute la CGT d’être attentifs aux appels de soutien aux détenus et contre cette nouvelle escalade de la répression. A partir de maintenant nous demandons l’arrêt des actuations de la police et la liberté de toutes les personnes détenu(e)s. Et, comme nous l’avons fait, nous exigeons l’abrogation de la législation anti-terrorisme.

http://www.cnt-so.org/Communique-du-Secretariat
"Tu peux voter, pétitionner, débattre à la télé, ou gamberger sans te bouger, mais...C’est dans la rue qu'çà s'passe"
Avatar de l’utilisateur
pit
 
Messages: 3975
Inscription: Lun 21 Déc 2009 16:33

Re: Espagne

Messagede pit le Ven 23 Jan 2015 12:02

Solidarité internationale - Contre la loi du bâillon dans l’Etat espagnol

Tract Réseau syndical international de solidarité et de luttes + lettre unitaire

Image

Image
"Tu peux voter, pétitionner, débattre à la télé, ou gamberger sans te bouger, mais...C’est dans la rue qu'çà s'passe"
Avatar de l’utilisateur
pit
 
Messages: 3975
Inscription: Lun 21 Déc 2009 16:33

Re: Espagne

Messagede Zoom le Dim 8 Fév 2015 13:37

Espagne : Podemos et ses contradictions

Dans un pays où la population n’en finit pas de payer la crise chaque jour un peu plus, la vie politique est troublée par un double phénomène : une corruption qui atteint des sommets et l’émergence d’une nouvelle force qui séduit et interroge, Podemos.

Mi-octobre, une opération « mains propres » est lancée contre la corruption en Espagne : des dizaines de maires sont arrêtés – avant tout du Partido Popular, au pouvoir mais aussi du Parti socialiste (PSOE). Ils sont poursuivis pour blanchiment d’argent, falsification de documents, délits d’initiés sur des marchés du BTP et de l’énergie, trafics d’influence et réseaux d’organisations criminelles. En tout, pas moins de 250 millions d’euros auraient été détournés. Un scandale qui éclabousse une classe politique espagnole déjà profondément discréditée au sein de la population. Un discrédit, qui pourrait profiter à une nouvelle force : le parti de Pablo Iglesias, Podemos, qui avait fait une entrée fracassante sur la scène politique espagnole le 25 mai 2014 aux élections européennes. Avec 8 % des voix, Podemos avait alors envoyé cinq député-e-s au Parlement européen.

Parti créé il y a à peine un an, en janvier 2014, Podemos caracole en tête des sondages d’intention de votes (27 %) dans la perspective des élections générales de 2015, ce qui inquiète les partis institutionnels habitués à se partager le pouvoir depuis 1975.

Né des mouvements sociaux

Si l’on considère que, en dépit de ses contradictions et ses faiblesses programmatiques, par certains de ses mots d’ordre et revendications, ce parti se place sur le terrain de la gauche radicale, Podemos constitue en l’état un cas à part en Europe. Loin devant en termes de poids politique que d’autres formations s’en approchant, par certains aspects, tels le Front de gauche en France ou Siriza en Grèce. Une autre différence, et elle n’est pas des moindres, Podemos est né des mouvements sociaux de la base des comités des Indigné-e-s. Il n’est pas le fruit de discussions entre appareils comme ce fut le cas entre le PCF et le PG.

Notre intérêt sera donc d’observer de près son évolution, car à n’en point douter une victoire électorale de ce parti pourrait avoir des conséquences considérables à l’échelle de l’Union européenne.

Podemos séduit. Des personnes n’ayant jamais milité s’y engagent. Des déçus du PP et du PSOE le rejoignent. Nombre de militantes et militants du mouvement social et syndical, mais aussi de la gauche extraparlementaire, y compris dans les rangs des libertaires, se laissent convaincre par son projet.

La caste au pouvoir a peur

Podemos interpelle par son poids et son assise militante. Il propose, ce qui ne peut qu’intéresser les communistes libertaires, un fonctionnement participatif et horizontal original. Au point que pour son congrès (appelé assemblée citoyenne), cet automne, ses propositions ont été débattues et validées par pas moins de 112 070 votants, inscrits au préalable par Internet. Une pratique de vote qui peut néanmoins questionner. Podemos compte sur une base militante solide, répartie dans plus de 1 000 cercles locaux, que l’on retrouve dans toutes les provinces du pays, plus quelques cercles à l’étranger.

Un autre élément à noter : Podemos fait peur à la « caste » comme les appelle Pablo Iglesias. Aucun programme politique à la télévision ne tourne pas autour de son existence. Pas un jour, dans la presse, un article ne lui est consacré. Preuve de cette crainte nourrie par les partis de gouvernements (PP et PSOE), la campagne de calomnie à son encontre. Le Partido Popular n’hésite à pas à lui inventer des connections avec ETA ou encore à agiter le spectre d’une république soviétique, le modèle nord-coréen ou encore l’ouverture de goulags en cas de victoire électorale de Podemos. Les socialistes, par l’entremise de leur nouveau chef de ligne, Pedro Sanchez, brandissent l’accusation de « populisme », mettant sur un pied d’égalité le FN en France et Podemos.

Si Podemos comporte des aspects positifs et novateurs, nous nous devons de suivre avec attention son évolution à moyen et long terme. Déjà à l’issue du Congrès, Pablo Iglesias, qui a vu ses positions validées très largement (80 % des votes) au détriment d’un secteur critique (12 % des voix) partisan d’un programme plus clairement lutte des classes et anticapitaliste, annonçait qu’il s’agissait de tendre la main à l’électorat de centre-gauche en adoptant des propositions keynésiennes rassurantes. Condition de la victoire, avance-t-il.

Sur le modèle même du fonctionnement interne, une évolution est aussi à noter. Fondé sur la démocratie directe, le pouvoir des cercles, un des enjeux du congrès a tourné autour du fonctionnement interne et de la question de ses porte-parole. Voulant préserver sa voix et son poids au sein du parti, le secteur critique – où sont engagé-e-s les militants de Izquierda Anticapitalista (IA) équivalent espagnol du NPA – était partisan d’une direction plus collégiale, avec trois porte-parole. Mais c’est la proposition d’Iglésias d’un porte-parole unique (en l’occurrence lui) qui a été validée, mettant dans la balance un chantage sur son possible retrait du parti au cas où sa proposition était repoussée. Il s’agit là, probablement, d’une erreur politique : Podemos par son caractère éminemment démocratique rompait jusqu’alors avec les pratiques traditionnelles des autres partis. Sur cette question, Podemos semble déjà être tombé dans le panneau de la personnalisation à outrance.

Conséquence directe de ce phénomène, on constate une baisse évidente depuis quelques mois de la combativité et de la créativité des mouvements sociaux. C’est en tout cas l’analyse qu’en fait nombre d’acteurs et actrices du syndicalisme d’action directe (en premier lieu des militantes et militants de la CGT ou de Solidaridad Obrera). Agustin Cucalon, secrétaire à l’action sociale de la CGT-Aragón, regrette ce recul : « Le mouvement social et syndical sont pris en otage par les impératifs politiques de Podemos. » Vieux débat de l’autonomie du mouvement social, l’argument du « débouché électoral » à la colère sociale bat son plein. Dans les faits, il détourne du combat social et syndical, au prix d’une implication effrénée au sein de Podemos, nombre de militants actifs voire d’équipes syndicales. Résultat des courses : la dernière grève générale interprofessionnelle commence à dater (29 novembre 2012), le mouvement des Mareas (« marées » – mobilisations anti-austérité) est lui aussi en net recul.

Mobilisations en difficulté

Seule mobilisation de masse de ces derniers mois, du 24 au 29 novembre, les « Marches de la dignité ». Les mots d’ordre : « Pour le droit à un emploi et un logement dignes, contre la précarité, le chômage, la corruption, la répression et les violences à l’encontre des femmes ». Ces marches ont connu un succès certain : 1 million de personnes dans les rues de plus de 40 villes, et 200 000 à Madrid.

Au niveau des luttes ouvrières, c’est celle des salarié-e-s de Coca-Cola qui a été la plus médiatisée ces derniers mois. Initiée, le 1er avril, sur le site de production de Fuenlabrada en proie à une vague de licenciements, avec arrêt de la production et campement devant l’usine, le mouvement s’est depuis étendu à tout le groupe Coca-Cola España. En tout, 1250 postes de travail vont être supprimés sur 5000 avec la fermeture de 4 usines sur 11. Les ouvriers, en référence aux Mareas et à la couleur de la marque, promettent une « marée rouge » ces prochains mois.

Jérémie Berthuin (AL Gard)

http://www.alternativelibertaire.org/?E ... mos-et-ses
Avatar de l’utilisateur
Zoom
 
Messages: 580
Inscription: Ven 5 Nov 2010 17:48

Re: Espagne

Messagede Zoom le Jeu 19 Fév 2015 09:51

Espagne : Une loi pour mettre la résistance à genoux

Le mouvement social et syndical ibérique est victime d’une vague répressive qui fait planer le spectre des heures sombres du franquisme. En Espagne, mais aussi en France via Solidaires, la résistance s’organise.

Face à la vague répressive portée par l’État espagnol, un Réseau solidaire anti-répression a été mis sur pied à ­l’initiative de plusieurs syndicats de lutte de classe de la péninsule - CGT, LAB [1], CUT [2], Solidaridad Obrera [3], Confédéracion Intersindical [4], ASSI [5]. Une tournée de meetings et réunions publiques dans plusieurs villes a eu lieu avec pour point d’orgue une journée d’action nationale le samedi 24 novembre 2014.

Le guide antirépression présentant cette tournée précise l’ampleur de la frénésie répressive : « Il y a des dizaines de milliers de personnes avec des amendes à payer, plus de mille personnes encore poursuivies et des centaines avec des menaces de prison ferme. »

Contre la « Loi du bâillon »

La majeure partie des personnes inquiété-e-s par la justice le sont pour participation active à des faits de grève datant de l’année 2012 : grève des mineurs asturiens lors de l’été ou différentes journées de grève générale en 2012, mais aussi actions anti-expulsions de logements dans le cadre du mouvement Stop desahucios (Stop aux expulsions). Le simple fait de participer en tant que soutien à un piquet de grève devient aussi un délit et des personnes sont poursuivies pour ce motif.

Mi-décembre : une loi de sécurité citoyenne a été proposée par un député du Partido Popular au pouvoir. Cette loi dite Ley Mordaza (« Loi du bâillon ») par ses détracteurs et détractrices, sera débattue, cet hiver, au Parlement espagnol, les Cortès. Si elle est votée, l’arsenal répressif passera encore un cran au dessus. Elle prévoit des amendes de 30 000 euros pour refus de présenter les documents d’identité à la police, ou encore à ceux et celles manifestant en soutien pour s’opposer aux expulsions de domicile ou alors à toute personne qui prendrait et montrerait sur le web des vidéos de violences policières...

D’ores et déjà, l’Union syndicale Solidaires envisage une campagne nationale en France contre la répression et pour le rejet de la Ley Mordaza. À ce titre, elle envisage, dans le courant de l’hiver 2015, des rassemblements coordonnés devant les consulats d’Espagne de différentes villes de France. En effet, nombre de militants poursuivis par la justice sont membres d’organisations qui participent avec l’union Solidaires au Réseau européen des syndicats alternatifs et de base.

Jérémie Berthuin (AL Gard)


[1] Syndicat lié à la gauche nationaliste basque.

[2] La Centrale Unitaire des Travailleurs est basée essentiellement en Galice.

[3] Solidarité Ouvrière (SO) est le troisième tronçon de l’anarcho-syndicalisme ibérique avec la CGT et la CNT-AIT.

[4] Confédération Intersyndicale, née de différents syndicats de base dans la dernière période du Franquisme.

[5] Association Syndicale et Sociale Internationaliste, groupe militant libertaire de Saragosse issu de rangs CGT.

http://alternativelibertaire.org/?Espag ... -mettre-la
Avatar de l’utilisateur
Zoom
 
Messages: 580
Inscription: Ven 5 Nov 2010 17:48

Re: Espagne

Messagede pit le Sam 4 Avr 2015 18:25

Espagne: vague de perquises et d’expulsions pendant l’opération Piñata. Au moins 28 arrestations !
Le matin du lundi 30 mars 2015, l’État espagnol a lancé l’opération Piñata (faisant suite à l’opération Pandora de décembre dernier): les flics ont perquisitionné et parfois expulsé au moins 17 centres sociaux squattés et arrêté au moins 28 personnes à Barcelone, Madrid, Palencia et Grenade.
... https://fr.squat.net/2015/03/31/espagne ... on-pinata/


Espagne : Operación Piñata, nouveau coup répressif

Aujourd’hui une nouvelle assombrit le soleil matinal. La police nationale, une fois de plus, a perquisitionné divers lieux de vie et centres sociaux occupés dans les villes de Barcelone, Madrid, Grenade et Palencia, au total 17 perquisitions (dont six auraient été effectuées dans des centres sociaux et espaces libertaires), qui se sont finies par 14 arrestations, les personnes arrêtées étant accusées d’être membres d’une « organisation terroriste » et du placement de divers engins explosifs ou incendiaires, en plus de l’accusation d’avoir participé à la planification (et non l’exécution) des attaques contre la Basilique del Pilar à Zaragosa et contre la Cathédrale de la Almudena à Madrid, toutes les deux revendiquées par le dit « Commando insurrectionnel Mateo Morral », et dont sont accusé-e-s aussi les compagnon-ne-s Mónica Caballero et Francisco Solar, qui sont toujours en prison.

D’après les informations de sources proches et connues à Madrid, au moins trois centres sociaux occupés ont été perquisitionnés (La Quimera à Lavapiés, La Enredadera à Tetuán et La 13/14 à Vallecas). À La Quimera, les flics auraient fait irruption ont défonçant la porte avec un de leurs fourgons. Là, ils ont chopé 15 personnes, l’une d’elles avec un mandat d’arrêt pour cette affaire et les 14 autres pour le supposé délit de résistance (ce qui élève le nombre d’arrestations aujourd’hui à 26. Les personnes arrêtées devraient passer devant l’Audiencia Nazi-onal [1] mercredi.

Selon la presse bourgeoise (c’est-à-dire selon la police), les 14 personnes arrêtées (9 à Madrid, 3 à Barcelone et 2 à Palencia) pour appartenance à cette prétendue organisation criminelle seraient supposées membres des GAC, Groupes Anarchistes Coordonnés, un collectif éditorial ouvert et public qui, après avoir édité le livre « Contre la Démocratie » (dont une description et un lien de téléchargement sont disponibles ici [en espagnol]), a été transformée par l’Audiencia Nacional en organisation terroriste, sans preuves et sans aucune base. Non content de cela, le média bourgeois étatique TVE [télévision espagnole, NdT] définit les GAC comme (attention à ce qui va suivre) « filière espagnole des italiens de la FAI/FRI ». C’est curieux, parce que quiconque examine un petit peu les communiqués et le fonctionnement de la Fédération Anarchiste Informelle arrivera sans difficulté à la conclusion qu’il s’agit d’un nom qui peut être revendiqué par des cellules et groupes informels qui se reconnaissent dans des bases communes, de la même manière qu’avec le Front de Libération Animale. La FAI/FRI (Fédération Anarchiste Informelle / Front Révolutionnaire International) non seulement n’est pas une organisation fixe et structurée comme aiment le faire croire les journalistes [2], mais n’est pas non plus italienne. Que la proposition de la Fédération Anarchiste Informelle soit sortie en 2003 en Italie et que quelques années plus tard en Grèce soit annoncé le projet FAI/FRI, dans le but de revivifier cette idée, cela ne signifie pas que cette « organisation » soit italienne ou grecque étant donné qu’aujourd’hui ont déjà été revendiquées sous le sigle FAI/FRI des attaques dans des pays des cinq continents (Indonésie, Chili, Mexique, USA, Argentine, Bolivie, Grèce, Italie, Royaume Uni, Russie…).

On a aussi pu lire d’autres sottises dans les « nouvelles » d’autres moyens de communication comme le journal El Mundo qui affirme, dans son reportage sur cette affaire publié en version digitale, que certaines des personnes arrêtées sont (je copie-colle textuellement) « membres du groupe radical anarchiste Bloque Nero (Black Block) de Madrid ». J’aimerais bien savoir quand est-ce que le Black Block a cessé d’être une tactique militante pour les manifestations massives (utilisée par différents courants et mouvements, dont des anarchistes et autonomes mais aussi des néonazis) pour se transformer en un groupe anarchiste avec des membres et tout ça. Sérieux, expliquez moi.

Dans le même article de El Mundo, il est dit que le secrétaire d’État Francisco Martínez a annoncé que cette opération serait « une opération de plus de la lutte contre tous les types de terrorisme ». On voit qu’il a toutefois oublié de combattre le terrorisme de l’État, celui qui expulse de leurs maisons des milliers de familles, celui qui élabore des montages ridicules pour incarcérer et séparer de nous nos ami-e-s et compagnon-ne-s, celui que torture et tue dans les commissariats et les prisons, celui qui noie les migrants dans le Détroit [de Gibraltar] et légalise les expulsions expéditives, celui qui bombarde des pays étrangers en tuant des villages entiers pour du pétrole et des bénéfices, celui qui protège les infrastructures qui dévastent la Terre et achève le peu de nature qui nous reste, dans un monde aseptisé et artificiel de câblages et d’autopsies où nos rêves se précipitent à Haute Vitesse dans le vide.

Dans tous les cas, nous n’attendons rien de vous. Nous ne nous faisons pas d’illusions sur un quelconque changement qui ne sorte pas de notre auto-organisation et élévation. L’État, le Capital, l’Autorité sous toutes ses formes et expressions, internes et externes à nous-mêmes, sont nos ennemis dans une guerre qui n’a fait que commencer.

Nous ne tomberons pas dans un victimisme pathétique, ni dans la valorisation de l’innocence ou de la culpabilité de nos compagnon-ne-s. Qu’ils/elles soient « innocent-e-s » ou « coupables », nous les voulons libres. Nous les voulons à nos côtés. Nous voulons qu’elles/ils luttent et ne baissent pas la tête, qu’ils voient le sens de la solidarité et de la cohérence entre la pensée et les actes et qu’ils choisissent le chemin difficile parce que c’est celui qui est juste et qu’ils ne supportent pas ce monde encagé. Nous les voulons libres parce qu’ils/elles sont des nôtres, connu-e-s ou inconnu-e-s. Nous les voulons libres parce que ce sont eux/elles mais que ça aurait pu être nous, quiconque parmi ceux qui observent une société construite sur l’injustice et la misère et ne peuvent pas ni ne veulent détourner les yeux.

Des temps difficiles approchent, la Loi Mordaza [3] et la réforme du Code Pénal, récemment approuvées de manière définitive, nous assurent un futur plein de pénurie et de répression. Ils nous veulent silencieux/ses, à genoux, soumis-es, terrorisé-e-s, parce qu’à un moment où leur éternité chancelle et qu’ils n’ont plus ETA pour justifier leurs abus répressifs, ils ont besoin de nouvelles menaces fantômes. Les anarchistes, le fondamentalisme islamiste, peu leur importe, parce que l’objectif est de créer de nouveaux ennemis internes à la sacro-sainte Démocratie pour effrayer la population et justifier ainsi l’augmentation exponentielle de la présence policière dans les rues, des contrôles et des intrusions dans nos vies, leurs atrocités et leurs restrictions, parce qu’un fiasco comme celui-là ne peut se maintenir que par la peur et les mensonges. Goya a dit que « le rêve de la raison engendre des monstres ».

Cependant, au-delà des difficultés posées, nous nous rencontrons, nous nous connaissons, nous partageons des moments de désobéissance et de négation de l’ordre existant, et nous continuons à avancer, en nous rendant forts, en perdant la peur petit à petit et en cessant de contenir nos larmes pour transformer la tristesse et l’impuissance en rage. Parce que la lutte et la révolte sont le seul chemin…

À bas les murs des prisons !
Tout continue !
Solidarité partout avec tou-te-s les prisonnier-e-s en lutte !


[Traduit de l’espagnol par nos soins de Vozcomoarma.]


Notes

[1] Audiencia Nacional : Tribunal espagnol spécialisé pour les affaires importantes et crimes graves, par exemple relevant de la loi antiterroriste. Il siège à Madrid. NdT

[2] Ici le texte original contient un jeu de mots ironique intraduisible : le mot espagnol periodista signifiant journaliste a été déformé en « perio-listos », listo signifiant « intelligent ». NdT

[3] Littéralement « Loi Bâillon », surnom de la loi appelée par l’État espagnol « loi sur la sécurité citoyenne » établissant une série d’amendes à distribuer à tour de bras pour réprimer toute conflictualité. NdT

http://sous-la-cendre.info/3169/operati ... en-espagne
"Tu peux voter, pétitionner, débattre à la télé, ou gamberger sans te bouger, mais...C’est dans la rue qu'çà s'passe"
Avatar de l’utilisateur
pit
 
Messages: 3975
Inscription: Lun 21 Déc 2009 16:33

PrécédentSuivante

Retourner vers International

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 0 invités