Projet mégalomaniaque et pharaonique dont le coût réel (en plus du coût écologique inestimable) devrait s'élever à 3 milliards d'euros, soit six fois plus que l'estimation du devis fait par les promoteurs et dont une bonne partie sera payée par une population qui ne prendra jamais l'avion.
AFP, France24 - 27 nov 2010
http://www.france24.com/fr/20101127-man ... ort-nantes
Manifestation tendue contre le futur aéroport de Nantes
Près de 500 personnes, qui manifestaient à Notre-Dame-des-Landes contre le futur aéroport de Nantes, se sont opposées samedi à plusieurs reprises aux forces de l'ordre très nombreuses qui protégeaient la mairie où se déroulaient deux enquêtes publiques sur le projet, a constaté l'AFP sur place.
Après un défilé dans le calme dans les rues de la commune, manifestants et gendarmes mobiles ont échangé à plusieurs reprises des oeufs contre des gaz lacrymogènes. Près d'une demi-douzaine de personnes ont été interpellées pour des contrôles d'identité suivis de remises en liberté.
Pour protéger le déroulement des enquêtes publiques, à savoir la présence de trois commissaires enquêteurs pendant une demi-journée dans la mairie de cette commune de moins de 2.000 habitants, plus d'une centaine de gendarmes mobiles, mais aussi plusieurs dizaines de CRS avaient été mobilisés.
En face d'eux, près de 500 manifestants s'étaient déplacés, mélange hétérogène de résidents ou d'agriculteurs directement touchés par le projet d'aéroport mais aussi d'opposants venus des régions Pays de la Loire ou Bretagne ainsi que de "squatters". Ces derniers, pour la plupart âgés de moins de trente ans, sont progressivement venus s'installer dans les maisons désaffectées ou dans des habitations qu'ils ont construites, sur le site même des futures pistes. Ils revendiquent une action et une occupation militante contre l'aéroport et seraient, selon leurs propres estimations corroborées par des observateurs locaux, environ une soixantaine dans quinze lieux.
Ils sont sous le coup d'un arrêté d'expulsion pris à la demande du conseil général de Loire-Atlantique en juillet dernier, les maisons désaffectées étant la propriété du département. Certains de ces "nouveaux habitants" ont échangé des propos vifs avec des élus locaux également opposés à l'aéroport, à qui ils reprochent de n'avoir pas démissionné, compte tenu du soutien des collectivités territoriales au projet.
Mais dans le même temps, des représentants des principaux mouvements de protestation contre le projet ont pris leur défense. "Les squatters ont un rôle important à jouer dans cette lutte", a estimé le conseiller général d'Europe-Ecologie, Gilles Denigot. "Je les soutiendrai contre les expulsions", a-t-il ajouté.
Même propos chez Dominique Fresneau, coprésident de l'Association Citoyenne Intercommunale des Populations concernée par le projet d'Aéroport de Notre Dame des Landes (ACIPA), principale association d'opposants. "On les défend, nous avons le même but. S'il y a des expulsions, on ira les soutenir et s'il faut faire des veilles, on en fera", a-t-il déclaré à l'AFP, après avoir dénoncé la "Notre-Dame-des-Landes en état de siège".
L'enquête publique sur le réaménagement foncier rural des communes concernées par le projet et l'enquête parcellaire sur les zones expropriables ont démarré début novembre et mi-novembre, au rythme d'une à deux demi-journée par semaine, avec à chaque fois l'opposition des manifestants face à un impressionnant dispositif de gendarmerie. Trois dates sont encore programmées, les 3, 10 et 16 décembre.
"Le Larzac, Plogoff, Le Carnet, Notre Dame des Landes, même combat", peut-on lire sur une pancarte collée sur les panneaux d'information de la mairie.
Prévu à une trentaine de kilomètres au nord de Nantes, l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, envisagé pour 2017, a été confié fin juillet à un groupement mené par le groupe de BTP Vinci. Ses opposants le jugent inutile et dénoncent les dégats écologiques ainsi que la perte de terres agricoles qu'il occasionnerait.
Ceux que l'article appellent des squatters ont, fin 2009, retapé de vieilles baraques du lieu-dit "Les Planchettes" qui se trouvent à l'intérieur du périmètre aéromortuaire et qui étaient menacées d'être détruites pour cause d'insalubrité.
Un historique:
La lutte locale contre le projet d’aéroport
A Nantes, des tritons, pas des avions !
Près de Nantes, un projet pharaonique vieux de 40 ans menace 2 000 hectares de terres agricoles, d’une biodiversité exceptionnelle. Il s’agit de construire un nouvel aéroport gigantesque. Il n’y a aucune utilité objective à ce projet car l’aéroport actuel suffit et suffira toujours largement. La majorité des élus, droite et gauche confondues, soutiennent pourtant le projet, au nom du sacro-saint développement économique. La crise financière actuelle et les efforts d’explication des opposants au projet ont commencé à faire changer les points de vue. Rendez-vous sur place la première semaine d’août 2009 pour soutenir le mouvement pour le maintien des terres de Notre Dame des Landes !
L’aéroport de Genève a une seule piste, il accueille 10 millions de passagers par an (170 000 mouvements d’avions) et occupe… 340 hectares. Ceux de Gatewick (GB) et de San Diego (USA) ont aussi une seule piste, leurs trafics annuels sont respectivement de 31 et 17 millions de passagers (223 000 et 280 000 mouvements) et ils occupent… 270 hectares l’un comme l’autre. A Nantes Atlantique, l’aéroport actuel de Nantes, il y a aussi une seule piste, le trafic annuel est de 2,6 millions de passagers (37 000 mouvements) et la superficie est de 320 hectares. Il est prévu de remplacer cet aéroport au trafic modeste par un aéroport à Notre Dame des Landes avec deux pistes, sur 1 650 hectares. Cherchez l’erreur.
Un projet vieux de 40 ans
En 1967, le site de Notre Dame des Landes, à 15 km au nord de Nantes, est choisi pour y créer un nouvel aéroport qui remplacerait l’aéroport existant de Nantes Atlantique situé à 6 km au sud de Nantes et développerait le fret. C’est l’époque de démarrage du Concorde et les Nantais veulent pouvoir l’accueillir dignement ! Les prévisions de trafic de l’époque annoncent entre 5 et 9 millions de passagers pour l’an 2000 ..
En 1970, la population apprend l’existence de ce projet par la presse. Michel Chauty, sénateur maire de Saint Herblain, revient enthousiaste d’un séjour aux Etats Unis: « La métropole Nantes Saint Nazaire pourrait devenir le Rotterdam aérien de l’Europe par la création d’un aéroport international de fret au nord de la Loire. ». L’Association des Exploitants Concernés par l’Aéroport (ADECA) se crée, soutenue par les syndicats agricoles. En 1974, un arrêté préfectoral définit une ZAD (zone d’aménagement différé), le Conseil général de Loire Atlantique commence à acquérir des terrains ..
Dans les années 1980, le trafic stagne à Nantes Atlantique, le TGV vers Paris concurrence l’avion. A cette époque, l’arrivée d’avions plus gros nécessite une piste plus grande. La CCI, gestionnaire de l’aéroport, pose la question de construire une nouvelle piste sur Nantes Atlantique, perpendiculaire à la piste existante, beaucoup mieux orientée: les avions ne survoleraient plus du tout la ville de Nantes, il y aurait beaucoup moins de monde dans le périmètre de bruit, les trajectoires seraient rectilignes et dans le sens des vents dominants. Le Conseil général de l’époque refuse ce réaménagement: « Faisons au plus simple, de toutes façons, après, il y aura Notre Dame des Landes ». La solution retenue a été de prolonger la piste existante, très mal orientée..
1994, candidature pour le 3e aéroport parisien
Le projet de nouvel aéroport entre dans une période de sommeil dans les années 1980. Il en est de nouveau question en 1994. A cette époque, on parle d’un possible 3e aéroport parisien. Une délégation d’élus locaux monte à Paris pour proposer le site de Notre Dame des Landes (à plus de 400 km de Paris…). Dans cette délégation, on trouve Pierre Méhaignerie et Jean Marc Ayrault, symbolisant l’accord droite-gauche sur ce projet depuis le début. Là aussi, l’idée finit par faire long feu….
Le projet ressort en 2000 pour faciliter une opération de rénovation urbaine
En 2000, sous le gouvernement Jospin, le projet ressort. Il ne s’agit plus d’un aéroport de fret mais d’un aéroport international remplaçant partiellement l’existant (ce dernier restera en fonctionnement pour la société Airbus). Ajouté à l’aéroport de Saint Nazaire (pour Airbus également), le département de Loire Atlantique aurait ainsi trois aéroports. Waouh !.
La raison donnée fut d’abord la future saturation de l’aéroport actuel. Le débat public de 2003 a montré que cet argument ne tenait pas. Depuis, la raison donnée est la volonté de supprimer le survol de Nantes (sachant que l’on compte moins de 2 avions par heure à survoler Nantes et pas plus de 4 ou 5 aux heures de pointe…). La majorité des élus soutiennent le projet pour le « développement économique » de la région : « Nantes et sa région seront plus compétitives », « Cela va générer des trafics nombreux vers les endroits de la planète les plus dynamiques économiquement », « La croissance du transport aérien est inéluctable »….
En fait, la vraie motivation pour ce projet en 2000 a été de faciliter une opération de rénovation urbaine importante dont une partie se situe dans le périmètre des nuisances sonores de l’actuel aéroport. Pour ne pas s’embarrasser de contraintes d’insonorisation trop fortes, on préfère se débarrasser de l’aéroport. Cette raison n’est pas évoquée publiquement, encore moins les appétits économiques des puissants lobbies du BTP, ni la mégalomanie de quelques-uns. Jean-Marc Ayrault a une vision extrêmement grandiose de Nantes et souhaite pour sa ville « un aéroport qui réponde aux défis de notre temps ». Traduction: une vitrine qui tape à l’œil. Pensez-donc, avec 1 650 hectares (pour un trafic actuel de 37 000 mouvements et de moins de 3 millions de passagers), cet aéroport de Notre Dame des Landes serait plus gros que celui de Roissy Charles de Gaulle qui accueille, lui, sur 1 400 hectares, 540 000 mouvements d’avions et 55 millions de passagers par an !.
Depuis 2000, les opposants au projet de nouvel aéroport se sont organisés et exprimés. Une coordination regroupe une trentaine d’associations et de mouvements politiques opposés au projet. Dans les débats sur le projet, seule la forme de la démocratie a été respectée (débat public en 2003, enquête publique en 2007), mais sur le fond, la décision est prise. Un commissaire enquêteur a dit en privé « Vous ne pouvez pas imaginer les pressions que nous subissons ». La déclaration d’utilité publique est sortie en février 2008..
Malgré cela, de plus en plus de personnes, dont des élus, se posent des questions sur la pertinence de ce projet dans le contexte actuel. Les élus de la communauté de communes concernée ont pris une position unanime contre le projet, ils ont déposé un recours au Conseil d’Etat contre la déclaration d’utilité publique. Comme l’a fait la coordination..
Devant un projet si absurde et même indécent aujourd’hui, tant en termes de gaspillage de terres, d’argent public, que d’aggravation des problèmes existants (disparition de 50 exploitations agricoles, étalement urbain, déséquilibre du territoire…), la volonté de garder les terres de Notre Dame des Landes pour l’agriculture bocagère est puissante : réunions publiques d’information dans tout le département, tracts, manifestations, opposition sur le terrain aux prélèvements de terre qui ont démarré , présence continue tous les jours de deux personnes devant le Conseil général avec des panneaux « Réfléchissez encore »..
Du 1er au 9 août, une semaine de résistance est organisée sur les terres de Notre Dame des Landes: festival musical le samedi 1er août, pique nique annuel le dimanche 2, Camp Action Climat du 3 au 9, arrivée de l’Alter tour le samedi 8….
Notes
(1) En 2000, il y a eu moins de 2 millions de passagers sur l’aéroport de Nantes Atlantique actuel. En 2008, 2,7 millions.
(2) Le Conseil général détient actuellement 900 hectares sur les 1650 nécessaires à l’aéroport
(3) Il s’agit d’étudier la qualité du terrain avant l’appel d’offre destiné à trouver un partenaire privé pour le projet. A peine une dizaine de prélèvements ont été faits, sur les 450 à faire pour l’étude..
Pour que ce dossier soit complet, je colle cet article paru dans la revue Silence de mars 2009
Non à l’Ayraultport Notre-Dame des Landes !
Serons-nous en mesure de faire de la lutte contre l’aéroport de Notre-Dame Des landes, un symbole du combat contre le productivisme à l’instar de ce qu’a été le Larzac dans les années soixante-dix. Depuis plus de trente ans, la population locale se bat contre ce projet pharaonique qui n’a d’autre objet que de satisfaire les ego de quelques monarques comme Ayrault ou Fillon.
Les raisons de cette opposition sont multiples et se sont renforcées au cours des trente années de lutte. La collectif contre l’aéroport fort de plus d’une vingtaine d’associations a multiplié les débats, les informations et les espaces de sensibilisation autour de la zone où celui-ci doit se faire ainsi que sur Nantes.
« Ce projet entraînera une modification totale de l’espace. En effet au-delà des nuisances sonores, il s’accompagne de toute une infrastructure: nouvelles routes et voies rapides, échangeurs routiers, voies ferrées, entrepôts et zones industrielles « périphériques ». C’est l’invasion du béton et la disparition de la campagne et de la vie de village, ou leur transformation en enclaves cernées de « zones d’activité » d’une « banlieue industrielle et sans âme »....
Les inconvénients ne sont pas minces: le bruit, tout d’abord. On a beau dire qu’aujourd’hui les avions longs courriers sont conçus pour être moins bruyants, ils le sont tout de même beaucoup, quiconque a pu se promené près d’un aéroport a pu le constater. La pollution qu’il génère: les rejets de Kérosène, fréquents au dessus des zones survolées, qui font de l’avion, le plus gros pollueur de l’atmosphère et toute la pollution annexe d’une forte activité industrielle: poussières, fumées nocives, pollution des eaux et des nappes phréatiques par des produits divers (hydrocarbures, détergents, etc.).... On nous dit que cela va procurer une pépinière d’emplois, mais l’on sait très bien que cela va donner surtout du boulôt à de grosses entreprises de BTP et que les commerces créés au sein de l’aérogare sont liés à des chaînes internationales; et que cela se fera par un déménagement des actuels commerces installés à l’aéroport de Bouguenais. »
Un autre point essentiel est la disparition de plus de 2 000 hectares de terres cultivées. Dans le même temps où la Mairie de Nantes et le Conseil général se targue d’être des pionniers en matière de respect de l’environnement et d’agriculture de proximité, cela veut dire encore moins de terre pour nourrir la population locale; cela veut dire moins de paysans, moins de rapports entre une production et une consommation de circuit court.
Alors que l’on pourrait s’attendre à voir la Confédération paysanne très en pointe dans ce combat, et mener des actions d’éclat comme elle le fait par ailleurs dans d’autres luttes, là, elle dénonce des actions de désobéissance comme l’entartage d’un élu local. Il est vrai que financé par le Conseil général, la Confédération paysanne 44 - ou plutôt sa direction locale - malgré les pages entières de son mensuel consacré au combat pour le maintien d’une agriculture paysanne, ne veut pas couper avec celui qui la nourrit. Acheter le silence des élus au nom du progrès et de l’emploi nous laisse dire que le Parti socialiste du saigneur local Ayrault n’a toujours pas saisi la crise écologique et sociale en cours. Il est vrai que les courtisans Verts ne sont pas eux non plus très offensifs et à l’instar de la Confédération paysanne ne veulent pas soutenir les désobéissants ; on avait cru comprendre que les Verts soutenaient les actions des faucheurs volontaires et l’idée de la désobéissance civique comme moyen d’action... à Nantes, il est vrai que leur chef de file François de Rugy, est un adepte de l’économie libérale ayant voté avec la droite pour la réforme du code du travail... Alors la mobilisation malgré ses avatars se poursuit. Depuis le 22 octobre l’action des Citoyens-vigilants Notre-Dame des Landes consiste à une présence quotidienne sauf le dimanche devant le Conseil général avec banderoles et tracts pour exercer une pression permanente et rappeler aux élu-e-s que leur choix se fait sans l’avis de la population (pour des socialistes qui défendent par ailleurs la démocratie participative !). Plus de deux cent personnes ont déjà participé à cette initiative, qui, selon les initiateurs se poursuivra tant que le projet n’aura pas été stoppé.
D’autres militants ont mené des actions d’éclats pendant le tour de France 2008 lors de l’étape à Nantes (montée sur le podium de l’arrivée), accrochage d’une banderolle sur l’Eléphant de Royal de Luxe (grande attraction nantaise).
Et il est sûr que l’opposition doit savoir se faire entendre et ne pas se laisser endormir par des paroles soporiphiques des élus et experts. C’est ainsi que le mercredi 1 Octobre 2008 à la mairie de Notre Dame des Landes lors d’une présentation présidée par Claude Bricaud devant 9 maires concernés par le projet, des entreprises missionnées par le Conseil Général (géomètres et experts), 200 militants se sont mobilisés pour dire NON à l’aéroport de Notre Dame des Landes. Claude Bricaud a pris la parole avant d’entrer dans la salle de réunion, laissant entendre que cette réunion ne portait en aucun cas, sur le projet d’aéroport. Et se lavant les mains en disant que « c’est une décision d’Etat » ! Foutaise ! La foutaise s’est confirmée ! Dès le début de la présentation du diaporama , toutes les explications étaient en rapport direct avec le projet de l’aéroport.
Devant ce mépris quelques personnes de l’assistance sont sortis achetés quelques tartes qu’ils ont ensuite lancés sur Claude Bricaud: « c’était sa représentativité qui était visée: Le Conseil Général un des fanatiques du projet. Et ce pour mettre en évidence que cette réunion était grostesque voire burlesques puisque toutes les décisions étaient déjà prises au préalable ». Si ce dernier n’avait pas paru outragé de cette action, il n’en a pas été de même au sein des aficionados de l’aéroport au sein du PS qui l’ont poussé à porter plainte. Ce qui s’en suivit est maintenant classique dans notre Etat policier: perquisitions, gardes à vue et sûrement mise en examen courant janvier... Comme le dit une affiche pourtant: « l’aéroport, ce n’est pas de la tarte ! Cette répression intervient dans le même temps où les travaux de forage pour tester le terrain sont envisagés. Il n’y a pas de hasard et le message est clair: attention à vous opposant-e-s à l’aéroport si vous sortez des sentiers battus ! Pour autant, la solidarité et le refus de se laisser intimider ainsi que le refus de ce projet reste intact...
Ker Ozen