Tarnac : quand la répression s’appelle anti-terrorisme

Re: Tarnac : quand la répression s’appelle anti-terrorisme

Messagede Nico37 le Jeu 15 Aoû 2013 13:37

Fin de l'instruction dans un des volets de l'affaire Alice Robinet avec AFP 14/08

Les hommes de la sous-direction antiterroriste (Sdat) de la police judiciaire et de la DCRI ont-ils menti dans un procès-verbal concernant la filature de Julien Coupat et de sa compagne Yildune Lévy ? L'instruction a été bouclée, il appartient désormais au parquet de prendre ses réquisitions.

Une juge d'instruction a notifié la fin de son enquête dans le volet de l'affaire de Tarnac ouvert à Nanterre pour faux et usage de faux concernant un procès-verbal, a-t-on appris auprès d'une avocate du groupe. "Nous avons reçu une notification de fin d'information" mais "on ne saurait clore ce dossier sans des déclassifications", a déploré Me Marie Dosé, évoquant l'obstacle du secret défense omniprésent dans l'instruction. 

En 2008, Le "groupe de Tarnac" est soupçonné d'être à l'origine de sabotages de lignes SNCF  sur des caténaires, dans l'Oise, l'Yonne et la Seine-et Marne. Mais les avocats pointent du doigt l'enquête, accusant notamment les hommes de la sous-direction antiterroriste (Sdat) de la police judiciaire et leurs collègues de la direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) d'avoir menti dans un procès-verbal sur la filature de Julien Coupat et sa compagne Yildune Lévy, crucial pour les impliquer.

Une information judiciaire avait été ouverte à Nanterre - Sdat et DCRI étant établis à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) - pour faux et usage de faux, suite à une plainte déposée par plusieurs des mis en examen du groupe de Tarnac. Le parquet doit désormais prendre ses réquisitions dans ce volet de l'affaire, dans lequel aucune mise en examen n'a été prononcée. La juge d'instruction décidera ensuite d'un renvoi en procès ou d'un non-lieu.

"Les parties civiles n'ont pas été entendues", a également souligné Me Dosé, indiquant disposer de trois mois pour faire demander des actes complémentaires au dossier d'instruction.

Julien Coupat, leader présumé du groupe de Tarnac et sa compagne, Yildune Lévy, ont été mis en examen ainsi que huit autres personnes pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste".

L'enquête sur les sabotages est toujours en cours à Paris, conduite par des juges d'instruction antiterroristes. Une information judiciaire est par ailleurs ouverte à Brive-la-Gaillarde (Corrèze) pour atteinte au secret des correspondances et atteinte à l'intimité de la vie privée, suite à une plainte déposée par ce même groupe de Tarnac.
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Re: Tarnac : quand la répression s’appelle anti-terrorisme

Messagede Nico37 le Mer 11 Sep 2013 15:22

L'enquête étouffée par le secret-défense Laurent Léger 11/09

On n’en entend plus parler, mais ceux qu’on appelait «le groupe de Tarnac », ces types d’extrême gauche que MAM et Sarkozy ont voulu rhabiller en terroristes, se battent toujours pour tenter de démontrer qu’ils ne sont absolument pour rien dans le sabotage d’une caténaire d’une ligne de TGV en 2008, au niveau de Dhuisy, en Seine-et-Marne.

La nuit des faits, du 7 au 8 novembre 2008, filés par une bonne vingtaine de flics de la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur) et de la sous-direction antiterroriste de la police judiciaire, Julien Coupat et Yildune Lévy, les plus connus d’entre eux, se baladent en voiture entre Trilport et Dhuisy, et finissent par dormir à bord de leur Mercedes, car, ont-ils expliqué, l’hôtel du coin était complet.

Un procès-verbal de la PJ, sur lequel se fonde toute l’instruction, se charge de dresser le déroulé de la nuit, minute par minute, au prix d’un certain nombre d’approximations, voire de contrevérités aux yeux de la défense, qui estime que les dés étaient pipés. Une plainte pour faux contre ce PV a donc été déposée à Nanterre en 2012, mais la juge vient de clore l’enquête, en dépit des gros traits de marqueur noir qui ponctuent le dossier.

MUETS COMME À LA DCRI
Le secret-défense est en effet passé par là... La juge, cherchant à savoir comment cette filature avait été effectuée sur Julien Coupat et Yildune Lévy, cette fameuse nuit de novembre 2008, et si les flics avaient vraiment vu quelque chose, a voulu examiner «le trafic téléphonique» intervenu dans la zone de surveillance, puis «vérifier la présence effective des policiers [...] au vu de leurs numéros de téléphone», comme il est écrit dans la commission rogatoire délivrée à l’IGPN (Inspection générale de la police nationale), chargée de l’enquête. Comme la loi protège l’identité des membres des services secrets, un protocole a été passé avec le patron de la DCRI, et douze fonctionnaires ont témoigné anonymement, se présentant grâce à des numéros de code : A 1, A 2, A 3, etc.

Résultat ? Des tableaux des numéros de téléphone qui ont fonctionné cette nuit-là, entre 5 h 10 et 6 heures du matin, ont bien été remis à la juge, mais ils étaient biffés de noir.

Impossible donc de localiser chaque flic de la DCRI dans le dispositif de surveillance, et donc impossible de poser à chacun les bonnes questions; de toute façon, les intéressés seraient restés muets ou presque. Aucun d’entre eux n’a accepté de donner son numéro de téléphone privé ou professionnel. Tous font la même réponse: «Étant tenu de protéger le secret de la défense nationale, je ne peux pas vous révéler cet élément dont la divulgation pourrait compromettre le secret de mon identité.» Bon. Alors, monsieur le membre des services secrets, pouvez-vous au moins dire si votre téléphone, cette nuit-là, était allumé ou éteint et si vous l’avez utilisé? «Je vous fais la même réponse que précédemment», ont-ils répondu à la queue leu leu. Dans quelle voiture avez-vous participé à la surveillance? «Je ne peux pas vous révéler ces éléments en raison de l’article 413-9 du CP et suivants protégeant l’organisation, le fonctionnement, les méthodes, les moyens et les personnels de la DCRI.» Instructif! Impossible également de savoir s’ils ont utilisé cette nuit-là des jumelles de vision nocturne à infrarouges. En revanche, personne n’a quoi que ce soit à redire sur la manière dont les filatures ont été menées et sur la synthèse qui en a été faite dans le PV suspect. Le rapport final, adressé le 2 juillet 2013 par l’IGPN à la juge, conclut que «les investigations menées en exécution de [sa] commission rogatoire ont permis de constater que l’ensemble des fonctionnaires présents sur le terrain ont confirmé chacun en ce qui le concerne à titre individuel, les termes du procès verbal» mis en cause. Point barre.

Cette enquête rondement menée a suffi à la juge, qui a clôturé le dossier. «Le secret-défense est une arme redoutable contre la manifestation de la vérité lorsqu’il est instrumentalisé de la sorte, s’insurge l’avocate Marie Dosé. Nous demanderons au magistrat instructeur d’en solliciter la levée compte tenu de la particulière mauvaise foi des agents de la DCRI ayant procédé à la surveillance de Julien Coupat et Yildune Lévy.» Elle prépare déjà des demandes d’acte à foison, afin de relancer les investigations.
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Messagede Nico37 le Jeu 12 Sep 2013 12:41

J. Coupat et Y. Lévy veulent une déclassification 11/09

L’affaire du groupe de Tarnac et des sabotages de lignes SNCF en 2008 refait parler d'elle. Julien Coupat et sa compagne Yldune Lévy souhaitent faire entendre à nouveau les policiers qui ont pris part à leur filature au moment des faits. Officiellement, l’enquête dans ce volet de l’affaire est terminée à Nanterre mais l’avocate du couple estime que les policiers se réfugient derrière le secret-défense pour ne pas répondre aux enquêteurs. Elle réclame la déclassification de certains documents et regrette de ne pas l’avoir encore obtenue du nouveau gouvernement.
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Re: Tarnac : quand la répression s’appelle anti-terrorisme

Messagede denis le Mer 30 Oct 2013 19:26

je sais plus si on l'avait déjà mise celle-là :

Qu'y'en a pas un sur cent et qu'pourtant ils existent, Et qu'ils se tiennent bien bras dessus bras dessous, Joyeux, et c'est pour ça qu'ils sont toujours debout !

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Re: Tarnac : quand la répression s’appelle anti-terrorisme

Messagede Nico37 le Ven 13 Déc 2013 17:44

Des nouvelles de Tarnac

Chers amis,

Cela va bientôt faire un an et demi que nous n'avons pas donné de nouvelles. Si tout suit son cours tranquillement subversif sur le plateau de Millevaches, le moins que l'on puisse dire c'est qu'à l'échelle du pays le climat politique et existentiel tend à devenir exécrable. Ce qui se cache derrière « la crise » est un phénomène si total qu'il défie manifestement nos catégories. Une fois que l'on a parlé des « ravages du néo-libéralisme », de « l'épuisement des ressources », du « néant spirituel » ou de l' « implosion du social », on sent bien que l'on rate encore l'essentiel. Tout cela ressemble fort à une civilisation qui roule droit dans le mur à tombeau ouvert, et qui cherche à s'éviter par tous les moyens la remise en cause de ses façons de vivre et de penser. Dans cet imperceptible sauve-qui-peut, le premier réflexe est de se raccrocher à tout ce qui surnage en ce coeur du naufrage qu'est l'Europe, notamment à l'Etat national. Le retour des vieilles lunes fascistoïdes exprime d'abord l'illusion que ce cadre serait une voie de salut quand il est devenu l'échelle même de notre impuissance. Le misérable petit désir d'extermination des « étrangers » qui monte dans le pays témoigne de cet auto-enfermement dans le cadre national, et des instincts de cannibalisme social qui en découlent dès que s'annonce la disette. Bref : le navire amiral fait eau de toutes parts, ça fuit de partout.

Ça fuit de partout. Voilà qui, d'un point de vue local, du point de vue de la commune, n'a rien de désastreux. Partout, des gens cherchent et expérimentent d'autres façons de s'organiser, de vivre, de se lier les uns aux autres et au territoire qu'ils habitent. Ça fuit, mais ça ne fuit pas comme des rats. Il y a une recherche à l'oeuvre, qui est à la mesure du désastre général. Seulement, ce serait une erreur que de voir là de simples « alternatives » au système économique dominant. La situation est bien plus panique que cela, et en un sens plus politique. En fait d'« alternatives », ce qu'il y a c'est bien plutôt un combat. Un combat entre une organisation sociale en restructuration violente au profit de la petite minorité nécessaire au pilotage de la machine économique mondiale depuis les métropoles, et toute la vie qui s'agence à l'écart et contre cette organisation. Ce qui se constitue, ce ne sont donc pas des îlots, des oasis, des niches existentielles au milieu du désert néo-libéral, mais de véritables mondes, une sorte de condensation territoriale de forces, d'idées, de moyens et de vies qui attirent magnétiquement tout ce qui fuit, tout ce qui déserte, tout ce qui fait sécession avec le nihilisme dominant.

Ces dernières années, c'est un tel processus de regroupement que nous voyons s'accélérer, à notre petite échelle, sur le plateau de Millevaches. Il y a là, sur cette rude terre, pas à pas, un dehors partiel à l'ordre global qui se construit. Un dehors qui ne concerne pas seulement ceux qui y vivent, mais aussi tous ceux qui pourraient être tentés, à un moment ou à un autre, de laisser derrière eux une forme d'existence devenue par trop toxique pour eux. À tel point que l'on se prend à imaginer par ici que si la politique nationale devait continuer de suivre sa pente néfaste, le plateau pourrait bien assumer en tant que tel une sorte de rupture avec cet ordre vermoulu. Au reste, une telle chose s'est déjà vue par ici dans l'histoire récente. Les maquis pourraient bien, un de ces jours, ressortir des musées.

Mais venons-en à la raison de ce courrier. Cela va faire bientôt dix ans que nous avons pris la ferme du Goutailloux à Tarnac. Depuis le premier jour, nous rêvons d'en faire un grand lieu collectif ouvert sur le plateau et sur le monde. Un lieu où l'on pourrait réunir des centaines de personnes à l'occasion de séminaires, de grands repas communaux, de fêtes, de la venue de troupes de théâtre ou de groupes de musique. Nous rêvons depuis dix ans d'une grande salle de plus de 300 m2, de granit et de bois brut, et dont l'atmosphère porterait la réconciliation du merveilleux, de l'expérimental et du populaire. Une sorte de collision architecturale, toute proportion gardée, entre le théâtre du Globe de Shakespeare, le club rock underground CBGB à New York et le saloon. Un lieu qui, par son ambiance, appellerait à lui tout ce que ne peut accueillir une salle des fêtes anonyme, carrelée et éclairée au néon. Un lieu donc, de rencontre, de réunion, de retrouvailles et de réjouissances. Jusqu'ici, et cela n'est pas tout à fait étranger à une certaine opération policière survenue le 11 novembre 2008, nous n'avons eu ni les forces, ni le temps, ni les moyens de nous lancer dans ce chantier considérable.

Or cette fois-ci, nous en avons fait les plans et une équipe d'une trentaine de compagnons bâtisseurs allemands a d'ores et déjà programmé de venir nous aider à réaliser ces travaux l'été prochain, en août. Ces compagnons font partie d'un groupe mixte de menuisiers, charpentières, tailleurs de pierre et maçonnes qui, passée leur formation, partent sur la route pour un tour de trois ans à travers l'Europe. Chaque année depuis 1982, ils interrompent leur itinérance et convergent pour un mois à l'occasion d'un chantier dans un lieu collectif qu'ils ont choisi de soutenir. Cette année, ils ont choisi le Goutailloux. Un chantier de cette ampleur coûte évidemment cher, et il nous manque encore, à ce point, quelque 70 000 euros pour financer la construction d'un bâtiment dont l'usage sera gratuit et débordera largement les seuls habitants de Tarnac. Pour tout vous dire, nous avons rarement eu autant besoin d'aide financière pour un projet qui nous tient à ce point à cœur et depuis si longtemps. Quant à ceux qui auraient le savoir-faire et du temps à consacrer, entre mars et juillet 2014, à des travaux de menuiserie, de charpente, d'électricité ou de maçonnerie, ils sont plus que les bienvenus. Il leur suffit de nous joindre, dès maintenant. Chaque semaine de ces chantiers préparatoires se concluera par un week-end consacré à la discussion politique et/ou l'élaboration théorique. Une façon d'être fidèle à ce que nous entendons par « commune » : une certaine manière de ne pas délier construction matérielle, pensée et geste politique.

À très bientôt,

Des amis de la commune de Tarnac
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Re: Tarnac : quand la répression s’appelle anti-terrorisme

Messagede denis le Jeu 19 Déc 2013 22:21

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Re: Tarnac : quand la répression s’appelle anti-terrorisme

Messagede Béatrice le Jeu 19 Juin 2014 12:05


TARNAC : dossier clôt sans preuves mais Manuel Valls ne veut pas fâcher sa police...


Le 11 novembre 2008 à l’aube, une centaine de policiers cagoulés cernent envahissent une épicerie-buvette alternative de du paisible village de Tarnac en Corrèze. Bilan de cet assaut, cinq personnes arrêtées tandis que dix autres étaient interpellés en France. Michèle Alliot-Marie, ministre de l’intérieur, la DCRI, Direction centrale du Renseignement Intérieur et la section spécialisée de la Police judiciaire annonçaient qu’ils avaient débusqué une bande de terroristes français de « l’ultragauche ». Précisant que plusieurs d’entre eux étaient responsables d’un attentat (raté) contre un TGV. Les détails furent rapidement fournis sur le chef de bande et sa compagne, Julien Coupat et Yildine Levy, présenté comme les têtes pensantes d’une « cellule invisible » ayant placé une barre de fer sur les caténaires de la ligne. Peu à peu, repris sans la moindre vérification par une grande partie de la presse, tous les éléments accusant ce groupe de « terroristes » avaient été distillés par la ministre et les policiers. Résultat : des inculpations lourdes de conséquences et neuf incarcérations. Et un juge, Thierry Fragnoli, instruisant à charge dans le sens souhaité par la ministre.

Prés de six ans après ce coup politique minutieusement préparé, les neuf inculpés sont tous libres de leurs mouvements. Ils ont récupéré leurs passeports et leurs droits de se déplacer en France et à l’étranger. Une nouvelle juge a été désignée il y a deux ans et son instruction n’a rien apporté de neuf. L’enquête a fait apparaitre que des policiers en planque ont menti, qu’une partie de leurs procédures étaient illégales et que l’essentiel de leurs informations avaient été fournies par un certain Mark Kennedy, à la fois espion anglais et affabulateur infiltré dans le groupe.

L’arrivée de la gauche au pouvoir n’a rien changé. Tout simplement, explique un syndicaliste policier qui a suivi les premières années de l’enquête avant d’en être écarté, parce que le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, s’est refusé à désavouer une police anti-terroriste sur laquelle il souhaite s’appuyer. Pourtant la juge d’instruction a clôt son dossier sans nouvel élément. Et il revient au parquet soit de prononcer un non-lieu, soit de renvoyer les inculpés devant un tribunal. Mais le problème, c’est qu’un procès ferait apparaitre l’absence de charges et surtout les incohérences et mensonges de l’enquête. Il est donc plus que jamais urgent d’attendre. Avec la perspective de l’abandon des charges pendant le grand silence médiatique de l’été…

http://www.politis.fr/TARNAC-dossier-cl ... 27465.html
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Re: Tarnac : quand la répression s’appelle anti-terrorisme

Messagede Béatrice le Jeu 7 Mai 2015 17:58

Tarnac : le parquet requiert le renvoi de Julien Coupat en correctionnelle pour terrorisme

Dans son réquisitoire, que Le Monde a pu consulter, le ministère public demande que seuls les trois principaux mis en examen – Julien Coupat, sa compagne Yildune Lévy et son ex-petite amie Gabrielle Hallez – soient renvoyés devant le tribunal correctionnel pour des sabotages « en relation avec une entreprise terroriste ». Il requiert un non-lieu pour deux de leurs compagnons, ainsi que pour trois des cinq sabotages, dont l’enquête n’a « pas permis d’identifier les auteurs ».

http://www.lemonde.fr/societe/article/2 ... _3224.html


Tarnac : quand François Hollande dénonçait une « affaire politique »
http://www.lemonde.fr/societe/article/2 ... _3224.html
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Re: Tarnac : quand la répression s’appelle anti-terrorisme

Messagede Béatrice le Sam 9 Mai 2015 21:48

La maire de Tarnac (Corrèze), Marie-Rose Bourneil, a dénoncé samedi un «acharnement» judiciaire, après la demande par le Parquet de Paris d’un procès pour huit militants libertaires, dans le dossier du groupe de Tarnac lié à des sabotages de lignes TGV en 2008.

«Cette soi-disant affaire tourne à l’acharnement!» écrit dans un communiqué l’élue corrézienne du Front de Gauche.

http://www.liberation.fr/societe/2015/0 ... re_1302367
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Re: Tarnac : quand la répression s’appelle anti-terrorisme

Messagede Béatrice le Mar 12 Mai 2015 09:04

Julien Coupat, leader présumé du groupe de Tarnac est l'invité de Léa Salamé à 7h50. Il accepte pour la première fois de s'exprimer à la radio 7 ans après le début de l'affaire dite de Tarnac

France Inter l'émission du mardi 12 mai 2015 "L'invité de 7h50" ( durée de l'entretien 13mn25 )

http://www.franceinter.fr/emission-invi ... ien-coupat
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Re: Tarnac : quand la répression s’appelle anti-terrorisme

Messagede denis le Mar 12 Mai 2015 19:28

Coupat sur l'affaire Tarnac : voici des mots qui font du bien dans le marasme politique actuel.

"Dans n'importe quel autre pays d'Europe, un dossier comme celui-ci aurait depuis longtemps donné lieu à relaxe avec de discrètes excuses des autorités."

"Depuis le jour de nos arrestations, nous avons toujours trouvé hilarantes les charges qui pèsent contre nous. Et nous trouvons toujours aussi hilarant que le parquet s'appuie dans son réquisitoire, pour étayer l'accusation de "terrorisme", sur un livre en vente à la Fnac, "L'insurrection qui vient", et le témoignage sous X d'un mythomane qui a reconnu au 20-heures de TF1 avoir été manipulé par la police antiterroriste. Les procureurs sont des écrivains de polars ratés."

"Nous ne nous sommes pas battus, et nous ne nous battons pas, pour faire reconnaître on ne sait quelle innocence, ni pour que la justice, dans sa grande mansuétude, daigne abandonner ses poursuites infondées. Nous nous battons parce que l'on a tenté et que l'on tente encore de nous détruire, de rayer définitivement de la carte la possibilité politique dont l'État a fait de nous un exemple."

"Que l'on en soit, quinze ans après le Patriot Act, après le rapport du Sénat américain sur la torture, après les révélations de Snowden, à adopter des mesures aussi exorbitantes [que la Loi sur le renseignement adoptée le 5 mai, NDLR], dit à la fois le cynisme inoxydable et le pathétique mimétisme des gouvernants français. Ils croient vraiment qu'ils vont pouvoir refaire avec quinze ans de retard le coup du néoconservatisme martial, et que nous sommes tous trop bêtes, trop lâches et trop passifs pour nous en insurger."

"Le régime social-démocrate actuel, chacun le constate, est en passe de réussir ce que Nicolas Sarkozy n'a pas réussi à faire, en matière d'"austérité" comme d'antiterrorisme, de droit du travail comme de répression de tout ce qui se trouve à sa gauche."

"La ligne de Charlie Hebdo était depuis longtemps devenue si droitière que c'est, je crois, le seul organe de presse qui ait vu ses locaux dévastés lors d'une manifestation contre le CPE. D’un autre côté, si Cabu, pour la génération de 1968, c'est L'Enragé, Hara Kiri, etc., pour la mienne, c'est Récré A2. Faut-il que la sagesse de ce monde soit devenue complètement folle pour être contemporain d'un attentat à l'arme lourde contre le Club Dorothée ?"

"Un temps, l'internet et les réseaux sociaux ont servi de soupape de sécurité, mais ils sont à présent en voie de flicage avancé. L'incrimination d''apologie du terrorisme' est là, désormais, pour produire sur toute expression téméraire la terreur requise. (…) Pour ce qui est de Snowden et Assange, que nous sommes allés rencontrer à Londres, le fait que l'un en soit réduit à se réfugier dans la Russie de Poutine et que l'autre n'ait aucun espoir de sortir un jour de l'ambassade minuscule où il est reclus, en dit long sur ce qu'il faut entendre par le mot 'démocratie'."

"Nous vivons des temps radicaux. L'état de chose ne pouvant durer, l'alternative entre révolution et réaction se durcit. Si la décomposition en cours profite essentiellement aux forces fascisantes, ce n'est pas parce que 'les gens' inclineraient spontanément vers elles, c'est qu'elles donnent de la voix, font des paris, prennent le risque de perdre. Nous autres, révolutionnaires, sommes comme retenus par les fils invisibles d'une tradition que nous craignons continuellement de trahir. (…) Mais y a-t-il de plus grand risque, dans la situation actuelle, que de ne pas prendre de risque ?"
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Re: Tarnac : quand la répression s’appelle anti-terrorisme

Messagede denis le Mar 12 Mai 2015 22:04

Coupat sur l'affaire Tarnac : voici des mots qui font du bien dans le marasme politique actuel.

Image

http://serpent-libertaire.over-blog.com ... ctuel.html
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Re: Tarnac : quand la répression s’appelle anti-terrorisme

Messagede Béatrice le Ven 15 Mai 2015 22:05

Le retour du fantôme du « groupe de Tarnac », un scandale d’Etat

Alors que la justice vient de demander le renvoi en correctionnelle de Julien Coupat pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, les députés Sergio Coronado (EE-LV) et Noël Mamère en appellent au président de la République et à sa ministre de la justice pour faire cesser ce que François Hollande appelait en 2009 « le couac de Tarnac ».

http://blogs.mediapart.fr/edition/les-i ... ale-d-etat
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Re: Tarnac : quand la répression s’appelle anti-terrorisme

Messagede denis le Sam 16 Mai 2015 19:20

Emission spéciale d’antenne ouverte du 21 janvier 2009 sur Radio Libertaire sur l’antiterrorisme comme mode de gouvernement.

Avec Alain Brossat (philosophe), Laurent Bonnelli (enseignant à Paris X) et David De Pas (Syndicat de la magistrature)

avec l'appui d'Alternative Libertaire, et interventions en direct de membres de ce forum qui se reconnaîtront ..

Rlib/Special.2009-01-20.Anti-terrorisme%20comme%20mode%20de%20gouvernement.mp3

je garde tout
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Re: Tarnac : quand la répression s’appelle anti-terrorisme

Messagede Béatrice le Jeu 4 Juin 2015 19:23

Un membre du groupe de Tarnac se confie à France 3 Limousin

Les membres du groupe de Tarnac créent un collectif, pour s'opposer à la loi sur le renseignement.
L'un d'eux, Benjamin Rosoux, nous explique ses motivations.
http://france3-regions.francetvinfo.fr/ ... 38047.html


Les mis en examen de Tarnac ouvrent le débat sur la loi sur le renseignement

http://www.lamontagne.fr/limousin/actua ... 62380.html
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Re: Tarnac : quand la répression s’appelle anti-terrorisme

Messagede pit le Sam 27 Juin 2015 01:51

«Bye-bye Saint-Eloi», la réponse du groupe de Tarnac au parquet

Les membres du groupe de Tarnac publient un document de 38 pages, véritable réquisitoire contre la justice antiterroriste.

http://www.liberation.fr/societe/2015/0 ... et_1331560
"Tu peux voter, pétitionner, débattre à la télé, ou gamberger sans te bouger, mais...C’est dans la rue qu'çà s'passe"
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Re: Tarnac : quand la répression s’appelle anti-terrorisme

Messagede Béatrice le Lun 10 Aoû 2015 20:50

Tarnac : le parquet fait appel après l’abandon de la qualification « terroriste »

" L’affaire de Tarnac est-elle un dossier terroriste ? Vendredi 7 août, la juge d’instruction chargée de l’enquête sur le sabotage de plusieurs lignes de TGV en 2008 par un petit groupe issu de la mouvance anarcho-autonome a répondu par la négative à cette question. Dans son ordonnance, la magistrate a décidé de renvoyer en correctionnelle huit membres du groupe, dont le principal accusé, Julien Coupat, mais a abandonné la qualification de « terroriste ». Une décision dont a fait appel le parquet lundi 10 août. "
http://www.lemonde.fr/enquetes/article/ ... 53553.html


Tarnac : juges et parquet se renvoient la balle


" Nouveau coup de théâtre dans l’affaire dite de Tarnac. Ce lundi, le parquet de Paris a décidé de faire appel de l’ordonnance de renvoi rendue samedi par les juges Christophe Teissier et Jeanne Duyé. Long de 95 pages, ce document, dont Libération a eu connaissance, écarte la circonstance aggravante de terrorisme à l’encontre de trois militants d’extrême gauche, dont l’intellectuel Julien Coupat, arrêtés en novembre 2008. Sept autres étaient par ailleurs poursuivis pour d’autres motifs. Un désaveu cinglant pour le ministère public, tant le groupe anarcho-autonome avait été criminalisé par les politiques de l’époque. "
http://www.liberation.fr/societe/2015/0 ... le_1361582
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Re: Tarnac : quand la répression s’appelle anti-terrorisme

Messagede denis le Ven 30 Oct 2015 22:25

Un groupe d’habitants a empêché une perquisition à Tarnac

Ambiance très tendue, mercredi matin, dans une ferme de Tarnac. Une dizaine d’enquêteurs allemands et français ont été évincés par un groupe d’individus déterminés à ce qu’ils ne mènent pas plus avant leurs investigations.

http://www.lepopulaire.fr/limousin/actu ... 43363.html

http://www.leparisien.fr/faits-divers/c ... 232381.php

http://quadruppani.blogspot.fr/2015/10/ ... -nous.html

http://www.liberation.fr/france/2015/10 ... on_1410073
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Re: Tarnac : quand la répression s’appelle anti-terrorisme

Messagede denis le Mer 28 Sep 2016 18:31

Bernard Squarcini a besoin de notre soutien (second degré)

Cher Bernard,

Faut-il que la sagesse de ce monde soit devenue folle pour qu’à ton tour, tu te retrouves en garde à vue ! Toi, l’honnête homme, toujours prêt à rendre service à un ami en difficulté. Toi, la créature secourable qui jamais ne laissait un puissant sur la touche. Toi qui t’excusais devant l’un d’entre nous qui te croisait par hasard, il y a quelques années, dans une librairie de la rue Mouffetard, du tort que tes services nous avaient fait, jurant que tu n’y étais pour rien et rejetant courageusement la faute sur Michèle Alliot-Marie et la justice antiterroriste. Décidément, quelle série noire ! Quelle malédiction ! Comme si tous ceux qui avaient touché, de près ou de loin, au dossier de Tarnac devaient finalement être punis par un destin aussi impitoyable que la malédiction de Toutankhamon. Le juge d’instruction Fragnoli : muté à Papeete. Yves Jannier, l’irréprochable chef du pole antiterroriste d’alors, devenu procureur à Pontoise : viré pour quelques petits arrangements avec la vérité sur la mort d’Adama Traoré, alors qu’il ne voulait qu’apaiser la situation. Michèle Alliot-Marie : renvoyée dans les poubelles du gaullisme pour une amitié trop sincère avec Ben Ali et ses forces de l’ordre. Christian Bichet, le RG qui nous aimait tant, tellement qu’il ne vivait que pour nous détruire : viré et en dépression. Sarkozy, n’en parlons pas : il a tant de chiens à ses basques qu’il court après le poste sans intérêt de président de la République. À ce compte, il ne manquera bientôt plus que Jean-Claude Marin, l’ex-procureur de Paris, l’homme de la « cellule invisible », qui, à l’heure qu’il est, doit être en train de préparer son réquisitoire contre nous devant la cour de Cassation, et dont le teint excessivement rougeaud nous fait craindre à toute heure une embolie cardiaque. Quel désastre ! Et quel ravage !

Mais surtout quelle catastrophe pour la République ! Comment allons-nous continuer à croire en la police de notre pays, si même le chef de la sécurité intérieure est un mafieu ? Comment allons-nous continuer à croire en la justice de notre pays, si même le chef du pôle antiterroriste est un menteur ? Comment allons-nous continuer à croire en la démocratie, si nos ministres gueuletonnent avec des dictateurs ? Tout cela n’aurait donc été qu’illusion ? La République n’aurait été qu’une mafia soigneusement entretenue, de décennie en décennie, et dont l’unique mérite aurait consisté à magouiller avec discrétion grâce à la complicité de journalistes pas trop regardants ? Imagine ce que cela peut induire dans l’esprit de tant de nos ex-codétenus d’imaginer que le chef du Quai des Orfèvres n’était qu’un corrompu parmi les autres ! Que le chef de l’OCTRIS organisait personnellement les plus grosses livraisons de cannabis du pays ! Rien ne va plus, décidément.

Permets-nous de t’adresser ce petit conseil, un conseil d’ami bien entendu, et gratuit pour une fois, car ta situation est relativement désespérée. Il n’y a plus, de nos jours, de véritable opération politique que policière et plus de grosse opération policière que politique, or ce ne sont pas exactement tes amis qui tiennent le manche actuellement. Il ne te reste donc plus qu’une seule chose à faire : par tes avocats, appelle à la constitution, partout en France, de comités de soutien à Bernard Squarcini, le crucifié du jour. Évidemment, nous ne prétendons pas qu’il s’en formera autant que ceux qui t’ont empêché de nous écraser comme des mouches au lendemain de nos arrestations. Mais enfin, ne peux-tu demander à tes amis, qui sont nombreux malgré tout, même s’ils doivent un peu se cacher en ce moment, de lancer discrètement, chacun dans leur ville, des réunions pour dénoncer l’injustice dont tu es victime et faire connaître ton cas ? N’hésite pas à utiliser le fichier des adhérents de l’UMP, qui ne manquent généralement pas de liquidités, pour abonder la caisse de soutien. Fais feu de tout bois. Et surtout ne pactise pas avec l’ennemi. Sois digne (Digne, tu sais, comme cette ville où tu allais encore passer tes vacances il n’y a pas si longtemps) ! Quitte ce petit air patibulaire et roublard, qui convenait bien au temps de ta superbe, mais joue terriblement contre toi maintenant que tu es au plus bas, en ajoutant à ta mine louche ! Cesse de faire le Corse ! Et surtout, dès ta sortie de garde-à-vue, dénonce une manœuvre politicienne visant à discréditer Nicolas Sarkozy, on ne sait jamais : sur un malentendu, ça pourrait marcher.

Voilà, tout ça en espérant que tu n’iras pas en taule, parce que la taule, c’est sympa, il y a plein de gens super chouettes, mais la bouffe est dégueulasse et pour obtenir des cigares, il faut graisser la patte aux matons. Et tu n’as pas besoin de cela en ce moment.
Allez, bonne route, mon gars. Si tu as besoin d’autres conseils, nous, on est toujours là pour aider : So-so-so-solidarité avec les prisonniers !

Des mis en examen dans l’affaire dite « de Tarnac »

https://lundi.am/Bernard-Squarcini-a-be ... re-soutien
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Re: Tarnac : quand la répression s’appelle anti-terrorisme

Messagede denis le Mer 14 Déc 2016 23:03

Tarnac : la Cour de cassation doit statuer sur la notion de terrorisme

Les inculpés écrivent au président.
paru dans lundimatin#85, le 13 décembre 2016

C’est un dossier qui n’en finit plus. Le parquet antiterroriste ne veut pas en démordre, les mis en examen dans l’affaire de Tarnac doivent être jugés pour terrorisme. Comme le relate Le Monde, la Cour de cassation doit se pencher aujourd’hui sur le 3e appel du ministère public. Le livre L’insurrection qui vient suffit-il à qualifier une entreprise politique de terroriste ?
Le choix du rapporteur interroge, il s’agit du juge Ricard, ancien bras droit de Jean-Louis Bruguières, conseiller de Michèle Alliot-Marie en terrorisme.
Si les inculpés ont choisi de ne pas se présenter ni d’être représentés lors de cette audience, ils ont par contre adressé une lettre à la cour que nous reproduisons ici.

https://lundi.am/Tarnac-terrorisme-ou-simple-delit

Paris, le 7 décembre 2016

Monsieur le Président,

Le Parquet antiterroriste qui, dans cette affaire, a fait montre d’une remarquable constance dans l’aveuglement, s’est donc pourvu en cassation contre l’arrêt de la Chambre, après avoir perdu son appel contre l’ordonnance des juges d’instruction. On peut y voir une marque de cohérence ou d’entêtement ; les observateurs les plus détachés y ont vu une folie furieuse. Nul n’ignore en France, du moins parmi ceux qui se sont un peu renseignés, que l’affaire de Tarnac est un montage politique. Des livres entiers, des centaines d’articles, des enquêtes-fleuves en ont mis à nu une bonne partie des dessous ; et ils sont tous scandaleux. Alain Bauer, l’un des initiateurs de l’affaire, en est réduit depuis des années maintenant à ironiser sur le sujet, et à railler sa qualification terroriste. La 17e chambre du TGI de Paris a relaxé notre conseil, Jérémie Assous, sur le fondement de l’offre de preuve, conformément aux réquisitions de la chef même de la section concernée du Parquet. Jérémie Assous était donc bel et bien fondé à qualifier l’OPJ Bruno Mancheron, l’auteur du faux PV D104 et de tant d’autres faux dans cette procédure, de « faussaire ». Il n’y a que du côté de la section C1 du Parquet que l’on refuse de se rendre à l’évidence : tout cela n’est qu’un immense et flagrant fiasco. À peine a-t-on réussi à sauver les meubles en faisant obstacle, au cours de l’instruction de Paris et de Nanterre, à toutes nos demandes d’actes comme, au reste, à tout ce qui aurait pu contribuer à la manifestation de la vérité. Et pour cause, cela aurait amené, tôt ou tard, à la mise en cause de parties entières des services de renseignement, de l’appareil antiterroriste et bientôt de l’appareil d’Etat. C’était en un sens eux ou nous. On a fait en sorte que ce soit nous, même si cela n’est pas allé sans quelques victimes collatérales. Un juge d’instruction, pris en flagrant délit de partialité et de manipulation, a dû déguerpir. Un agent de la SDAT, censé avoir suivi Yildune et Julien, a prétendu être à la même heure en deux points distants d’une centaine de kilomètres tandis qu’il apparaissait finalement que les présumés saboteurs étaient en fait déjà rentrés à Paris à l’heure supposée du sabotage. Et ainsi de suite. Chaque nouveau rebondissement de l’affaire a marqué aux yeux de tous un nouvelle chute de la Justice dans le ridicule. Et pour nous, nous avons quand même pu accumuler les preuves des faux successifs – ceux qu’il a fallu faire pour couvrir les faux initiaux. Mais de toute évidence, dans ce genre de procédures et sur ce terrain-là, il n’y a pas de lutte à armes égales.

Le non-lieu agrémenté d’excuses publiques de la part de l’État nous a toujours semblé être le minimum qui nous était dû. Cette affaire a suffisamment dévasté nos vies – d’une sorte de dévastation pour laquelle il n’est pas de contrepartie. Il est donc inconcevable que nous venions quémander devant vous le respect d’un arrêt de la chambre de l’instruction qui, tout en revenant sur la qualification terroriste, valide les mille autres aberrations de ce dossier. C’est un non-lieu total que nous revendiquons ; et chacun sait que nous l’aurions obtenu de longue date s’il n’avait pas fallu ici protéger des services et des intérêts auxquels on ne peut rien refuser, à commencer par la dispense d’une humiliation publique. Nous laissons donc la Cour démêler la façon dont la Justice va pouvoir se sortir du pétrin où elle s’est mise par sa propre faute.

Avec le temps, et parce que les mécanismes judiciaires sont manifestement faits pour vous exproprier de votre propre destin, nous sommes en quelque sorte devenus les observateurs de notre sort dans une affaire qui, au bout de dix ans, ne nous concerne plus vraiment. Et comme tout observateur, nous avons pris l’habitude de faire des observations. Nous vous les livrons ici.

Il n’a pas manqué, dans ce dossier, de juges d’instruction farouchement partisans, d’experts mandatés pour dire ce que l’on attend, d’auditions arrangées, de contradictions qui crèvent les yeux et sur lesquelles on se garde bien d’enquêter, de subterfuges procéduraux et autres « reconstitutions » scandaleuses. Mais, avouons-le, nous ne nous attendions pas à ce que le rapporteur, supposément « neutre », « objectif », pour l’examen de ce pourvoi devant la cour de Cassation soit le juge Jean-François Ricard en personne. On a donc confié la synthèse « impartiale » du dossier de Tarnac à un homme qui fut le bras droit du cowboy Bruguière dont la postérité retiendra autant le soin à ensabler les procédures gênantes que le rôle dans le procès Chalabi. À un homme qui, aux dires de Marc Trévidic lui-même, dans son livre Au coeur de l’antiterrorisme, voit son rôle de juge d’instruction comme un « combat » contre un « adversaire » contre lequel il faut déployer des « stratégies », avec tout ce que cela suppose d’accommodements avec le droit - « Juger un terroriste, assume-t-il, c’est certes juger un acte terroriste, mais c’est aussi juger une conviction ». Un homme qui fut le conseiller informel à l’antiterrorisme de Michèle Alliot-Marie quand elle était ministre de la Défense avant que celle-ci ne tente de se propulser au poste de Premier Ministre grâce à nos arrestations. Le juge Ricard dont les câbles américains, révélés par WikiLeaks et jamais démentis par personne, ont exposé les singulières conceptions en matière de lutte antiterroriste. Pour rappel : « Le 9 mai 2005, l’ambassade [américaine] narre une rencontre avec le juge Jean-François Ricard. Celui-ci explique que les magistrats tel que lui, spécialisés dans l’antiterrorisme, bénéficient du "bénéfice du doute". Il prend comme exemple le dossier Djamel Beghal, arrêté en 2001 et soupçonné d’un projet d’attentat contre l’ambassade américaine à Paris. "Ricard dit que les preuves [contre lui et ses complices] ne seraient pas suffisantes normalement pour les condamner, mais il estime que ses services ont réussi grâce à leur réputation." » (Le Monde, 29 novembre 2010) Le juge Ricard, donc, qui non content de goûter le flou opportun de l’incrimination d’« association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste » (AMT), se vantait à l’ambassade américaine d’avoir acquis une si rare intimité avec les RG, la DST et la DGSE que ces services lui laissaient consulter toutes sortes d’informations non judiciarisables du fait des moyens peu scrupuleux employés pour les obtenir. Un homme, enfin, qui a livré aux autorités américaines quantités d’informations sur des dossiers en cours. On a donc confié la synthèse, pour la cour de Cassation, du dossier de Tarnac, une affaire d’État, à un homme de la raison d’État. C’est à cet apôtre de l’antiterrorisme que l’on a délégué la tâche d’établir les bases du débat quant à la qualification des faits. Quelqu’un a dû juger qu’il devait manquer une pointe de scandale au scandale que n’a cessé d’être, depuis son premier jour, le traitement judiciaire de ce dossier.

Sans surprise, le parti pris du rapport du juge Ricard crève les yeux. Ce qui importe dans ce rapport de part en part hostile, est l’argumentation portant sur l’AMT. Il n’y a en effet, en droit français, besoin d’aucune infraction caractérisée pour être condamné pour terrorisme ; le fait de « participer à un groupement » ayant vocation à « troubler gravement l’ordre public par l’intimidation ou la terreur » est en soi déjà un « acte terroriste ». Et il suffit à cela d’un « élément matériel » qui peut-être un tract, un simple propos voire un silence. Et d’année en année, on voit ainsi s’étendre la liste des « actes terroristes » - consultation de site, fréquentation, train de vie « injustifié », « soutien », « apologie du terrorisme », etc. L’incrimination de terrorisme ne cesse de s’étendre, en amont, dans le potentiel, le « préventif », et en aval, dans l’infime, le quotidien. Il ne manque pas d’éléments de doctrine pour dénoncer comme une dérive voire comme un naufrage cette évolution du droit pénal, qui ne cesse de se rapprocher de ce que Günther Jakobs a théorisé comme « droit pénal de l’ennemi ». On se reportera ainsi avec profit au numéro 1 de la Revue de Science Criminelle et de droit comparé paru en 2009. On lira avec un égal intérêt le dernier numéro de la Revue de politique criminelle, et notamment l’article d’Olivier Cahn, « Cet ennemi intérieur, nous devons le combattre », ou celui de Virginie Sansico, qui rappelle que la première occurrence, dans le code pénal français, de la notion de « terrorisme » est bien évidemment le fait de Vichy. Curieusement, ce ne sont pas de tels éléments de doctrine, ni même les observations critiques de Julie Alix sur les évolutions de l’antiterrorisme, qui sont cités dans le rapport du juge Ricard. Ce dernier mentionne bien certains passages de sa thèse, mais omet, par exemple, celui-ci : « L’analyse de la criminalité terroriste met en lumière qu’en la matière, seule préside à la décision d’incrimination l’existence d’un besoin répressif. Le constat est donc celui d’une totale instrumentalisation de l’incrimination pénale au service de la politique criminelle antiterroriste ». On ne s’étonnera pas non plus que le juge Ricard ait préféré citer, pour seul philosophe, Raymond Aron plutôt que Michel Foucault, Gilles Deleuze ou Giorgio Agamben. Mais le juge Ricard ne répugne pas non plus aux falsifications mesquines, comme de mentir sur la distance entre deux villes afin de mettre en cause un non-lieu deux fois prononcé en notre faveur – non, monsieur Ricard, la distance entre Baccarat et Vigny est de 90 km par la route la plus courte et de 104 km par la route la plus rapide, et non de 70 km ! Décidément, ce monsieur a de beaux restes de ce talent inquisitorial qui fit sa fuyante gloire.

Nul doute que nous n’oeuvrions, dans la mesure de nos maigres moyens et parmi tant d’autres, à l’advenue d’une insurrection, ou du moins à la mise à l’arrêt d’une société qui va si manifestement dans le mur. Nul doute que cela puisse représenter, aux yeux de certains, un « grave trouble à l’ordre public ». Nul doute que la législation antiterroriste française soit au fond assez brumeuse pour permettre de couronner d’une cassation le monument de forfaitures qu’est ce dossier. Mais si vous deviez arguer de l’Insurrection qui vient pour nous renvoyer devant un tribunal antiterroriste, alors faites-le devant une cour d’assise, et non en catimini devant un tribunal correctionnel. Il vous est loisible de casser tous les jugements précédents, mais n’ayez pas la mesquinerie de priver notre défense d’un authentique procès où l’on peut enfin entendre juges d’instruction, policiers et politiques, que soit mis sur la place publique ce que tout le monde sait ou devine : les mensonges et les faux d’agents assermentés, les manipulations de l’instruction et toutes les intrigues politiciennes qui ont fait cette affaire. Or cela, seule la cour d’assise nous le garantit. Il est crucial que, si un écrit tel que l’Insurrection qui vient devait désormais constituer un « élément matériel » suffisant à caractériser une « entreprise terroriste », ses centaines de milliers de lecteurs à travers le monde en soient avisés. Il faut toute la publicité à une décision à ce point politique. Vous n’oublierez pas, alors, d’incriminer conjointement les lecteurs de Rimbaud :

Industriels, princes, sénats,
Périssez ! puissance, justice, histoire, à bas !
Ça nous est dû. Le sang ! le sang ! la flamme d’or !

Tout à la guerre, à la vengeance, à la terreur,
Mon Esprit ! Tournons dans la Morsure : Ah ! passez,
Républiques de ce monde ! »

En vous priant d’agréer…,

Christophe Becker
Mathieu Burnel
Julien Coupat
Bertrand Deveaud
Manon Glibert
Elsa Hauck
Benjamin Rosoux
Aria Thomas
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